mardi 22 mars 2016

Le contact du serpent

San Giovanni Evangelista - Piero di Cosimo
J’ai entendu récemment un rêve qui m’a donné beaucoup à réfléchir sur la nature de l’inconscient et surtout du travail qu’on peut faire avec lui. C’est un rêve que je crois proprement alchimique, qui s’inscrit selon moi à rebours d’une vision romantique du travail sur soi : la culture de la croissance personnelle nous incite à croire que le travail sur soi ouvre un chemin pavé de roses, dans lequel nous progresserions vers toujours plus de bien-être. Or il ressort à l’inverse que la mesure de la conscience est précisément la souffrance que nous sommes capables d’embrasser, d’accueillir.

Jung, dans une lettre de 1941 à un pasteur, explicite ce point de vue : « Je n’essaie nullement, en tant que psychothérapeute, de délivrer mes patients de la peur. Je les mène jusqu’au fondement de leur peur [...] Si un de mes patients comprend le langage religieux, je lui dis : n’essaie pas de te dérober à cette peur que Dieu t’a donnée, mais essaie de la supporter jusqu’à ses dernières extrémités – sine poena nulla gratia[1] ! […] Je sais en outre que mon patient n’a pas inventé sa peur, qu’elle est suspendue au-dessus de lui. Par qui ou par quoi ? Le religieux appelle cet absconditus Dieu ; l’intellect scientifique le nomme inconscient. »

Le rêveur est un homme dans la quarantaine avancée, aux prises avec plusieurs addictions et qui travaille depuis longtemps ses rêves. Nous échangeons de temps à autres car nous partageons un même intérêt pour l’approche spirituelle du rêve et la spiritualité en général. Il a voulu avoir mon avis sur celui-ci qui, me dit-il en introduction, l’a effrayé et laissé avec une angoisse diffuse mais profonde qui a duré plusieurs jours :

Je suis dans un grand carré de sable, comme une arène. Au centre de celle-ci, il y a une petite caisse cubique en bois. J’accomplis une sorte de rituel en tournant trois fois autour de celle-ci dans le sens inverse des aiguilles d’une montre. La troisième fois, je ferme les yeux et je continue à avancer mais j’effleure quelque chose dans le sable ; j’ouvre les yeux et je vois que c’est un petit serpent vert couvert de sable et lové sur lui-même, qui semble dormir. J’ai très peur mais il ne bouge pas. Cependant, quand je vais pour sortir de l’arène, un homme grand et fort me dit avec un air ennuyé : « toucher ce serpent, pour la plupart des gens, c’est la mort. Il y a quelques personnes à qui cela ne fait rien, et d’autres, encore plus rares, qui en sont guéris. »

En entendant son rêve, j’ai ressenti un inconfort proche du malaise. J’ai questionné le rêveur : quelque chose de particulier dans sa vie dans les jours qui ont précédé le rêve ? Non, rien de spécial sauf peut-être une anxiété plus violente qu’à l’accoutumée avec le sentiment de s’engluer, selon ses propres termes, dans ses comportements addictifs : s’en sortirait-il un jour ? Il avoue un certain découragement : après toutes ces années de travail sur lui-même, il a le sentiment d’avoir échoué à se libérer de l’addiction et il nourrit des pensées morbides – à force de s’autodétruire, il allait bien finir par se tuer, me dit-il avec une ironie douloureuse. « Quel est le sens de tout cela ? À quoi bon ? » sont les questions qui le taraudaient au moment du rêve.

Il est ressorti de la discussion qui a suivi que l’arène pourrait bien représenter le contexte professionnel et plus largement la vie dans la société, lieu d’un combat quotidien pour cet introverti intuitif. Le rêveur plaisantait lui-même souvent, me dit-il quand il devait relever un défi professionnel en faisant le salut des gladiateurs à sa compagne : « ave César, ceux qui vont mourir te saluent ! »

Le serpent est un symbole qui l’a bien sûr beaucoup intéressé, qu’il comprenait ici négativement comme étant assimilable au poison, mais sur lequel il voulait mon avis. Bien sûr, les amplifications renvoyant le serpent au mal et aussi à l’énergie de la kundalini méritent d’être examinées. Mais j’ai proposé de le regarder ici comme une image du Mercure alchimique, l’agent de la transformation par excellence, mais toujours ambigüe, double : à la fois mortel et vivifiant. C’est l’inconscient dans son aspect à la fois corrosif et créatif. Le fait que le serpent soit vert en souligne la fécondité mais son contact est mortel pour la plupart. Nous sommes tombés d’accord sur le fait que le serpent a sans doute à voir avec ses addictions, ou plutôt sur ce qu’il a touché au travers d’elles, et qu’il y a là quelque chose de numineux, de sacré – et ce sacré est à la fois le noyau fascinant mais aussi redoutable de la dépendance.

Cela nous a amené à parler du mouvement des Alcooliques Anonymes dont un des fondateurs est allé travailler avec Carl Jung mais a rechuté après un an d’abstinence. Jung lui avait alors dit qu’il ne pouvait rien pour l’aider et que l’unique chose qui pourrait le sauver serait de « vivre une expérience spirituelle ou religieuse seule capable de le remotiver. ». Il lui a aussi suggéré de partager son expérience avec d’autres alcooliques pour sortir de l’isolement. En effet, l’alcool et toutes les autres addictions nous coupent du commun de l’humanité par la honte qu’elles nous infligent, et la rencontre dans la vulnérabilité partagée permet de réintégrer une communauté. Mais seule l’expérience d’une dimension sacrée de l’existence guérit de la soif, quelle que soit sa forme. Jung soulignait que, par exemple, le problème de l’alcoolisme se résume dans la formule « spiritus contra spiritum » - l’esprit contre le spiritueux.

Le travail avec l’inconscient n’apporte pas, ou rarement, de solution aux dépendances sévères, Jung avait l’honnêteté de le reconnaitre. Son ami Wolfgang Pauli a eu des démêlés sérieux avec l’alcool auxquels la cure analytique n’a rien changé. Mais on gagne à approcher ces nœuds avec conscience du numineux qu’il peut y avoir là. Il ressort des études anthropologiques sur l’usage des substances altérant la conscience que les cultures traditionnelles ne connaissent pas l’addiction. Les substances sont toujours consommées dans un cadre sacré, qui offre un contenant au « serpent ».  Or en Occident, nous avons complètement oublié ce contexte sacré qui se retrouve dans l’inconscient, et dès lors l’aspect redoutable de l’archétype n’est pas contenu. 

J’ai demandé au rêveur de faire un petit exercice d’imagination active pour aller voir ce qu’il pourrait y avoir dans la caisse au centre de l’arène. Habitué à ce genre de pratique, cela ne lui a posé aucune difficulté et il m’a dit : « une étoile. ». Rien de particulier à dire sur cette étoile, simplement une étoile qui brillait dans le noir. Il était bien avec cette étoile. C’était son étoile. On a tous notre étoile, c’est un symbole de notre destinée en tant qu’individu unique, et aussi une image de notre double lumineux. Cette étoile est dans le rêve dans une petite boite cubique en bois d’une cinquantaine de centimètres de hauteur autour de laquelle le rêveur tourne trois fois dans le sens contraire des aiguilles d’une montre. Il se pourrait, convenons-nous, que la caisse représente le corps ou du moins la dimension matérielle de l’existence, qui lui occulte l’étoile. Et ce serait donc dans la nature même de la vie incarnée qu’il ne puisse voir l’étoile de sa destinée qu’à sa mort, quand la boite sera enfin ouverte.

Voilà l’interprétation que j’ai proposée à partir de ces éléments :

Le rêve parle de la destinée du rêveur et lui donne une bonne explication pour son angoisse. Il lui montre que sa vie dans le monde professionnel et la société, qui lui semble affreusement dépourvue de sens, est du point de vue de l’inconscient le théâtre d’une circumambulation[2] rituelle. Le sens antihoraire signale un mouvement d’involution, c’est-à-dire de retour vers la source, le centre, et non d’évolution, de croissance, ou encore d’introversion plutôt que d’extraversion. On est dans le cadre d’un mandala carré, le monde, et le rêveur décrit un cercle autour d’un cube – le contexte de la réalisation du Soi est clairement évoqué. Il y a donc un sens secret, inconscient, à sa vie dans le monde et c’est bien la volonté du Soi qu’il en soit ainsi. Sa destinée, son étoile lui est cachée mais on peut penser aussi qu’elle est ainsi protégée par sa structure matérielle, et il tourne autour de son propre soleil…

Le fait qu’au troisième tour il ferme les yeux indique un retournement volontaire du regard vers l’intérieur au lieu de regarder l’extérieur. Cela correspond sans doute à son travail sur lui-même et sa recherche spirituelle qui s’est intensifiée dans les dernières années, ainsi qu’à la confiance aveugle qu’il fait à l’inconscient dans sa démarche, où il a lâché toutes les mains pour se fier seulement à sa lumière intérieure. Cette expression « confiance aveugle » l’a fait sursauter mais nous sommes convenus après discussion qu’il y  avait là peut-être un enseignement précieux sur l’équilibre à trouver entre la confiance et la vigilance. Nous sommes peut-être parfois trop naïfs vis-à-vis de l’inconscient et nous devons nous rappeler qu’il est nature, et que dans la nature, quand elle n’est pas aseptisée, il y a des dangers qu’il vaut mieux approcher les yeux ouverts.

Mais, dans son inconscience d’où il mettait les pieds, il a donc touché au serpent, c’est-à-dire au numen à la fois fascinant et redoutable, le poison illuminant. Se retrouvent là-dedans à la fois sa quête spirituelle, son désir d’un ailleurs « anywhere out of this world » (n’importe où hors de ce monde), et ses démons favoris, l’alcool et la marijuana, qui concrétisent un désir intense de dévotion et de liberté. Et le Grand Homme, l’homme intérieur ou encore le Soi, lui énonce l’oracle : « pour la plupart des gens, c’est la mort. Il y a quelques personnes à qui cela ne fait rien, et d’autres, encore plus rares, qui en sont guéris. »

Son angoisse est parfaitement justifiée : il y a quelque chose de fatal dans le chemin sur lequel il s’est engagé. Mais il y a une toute petite chance qu’en s’empoisonnant ainsi, il ait commis une felix culpa, une faute heureuse qui le conduise à la guérison de l’âme, c’est-à-dire à « gai rire ». Mais l’angoisse fait partie du chemin, est inévitable et traduit la progression du poison tout à la fois mortel et vivifiant. Mieux, le processus alchimique implique une mort et la voie spirituelle, par bien des aspects, se résume à « mourir avant de mourir ». Il se pourrait que la clé qui rende le contact du serpent vivifiante et guérissante plutôt que mortelle soit justement l’entière acceptation de cette angoisse et de cette mort comme faisant partie de la destinée.

En conclusion, je suis allé chercher dans mes notes cette citation de Jung :

« L’angoisse d’un être lui montre toujours la tâche à accomplir. Si vous l’esquivez, vous avez perdu une partie de vous-même, et une partie problématique à l’extrême, de surcroit, par laquelle le Créateur de toutes choses veut faire une expérience, à Son insondable manière. Ses voies ont de quoi provoquer de l’angoisse. Surtout tant que vous n’êtes pas en mesure de voir plus profond que la surface. »

Mon malaise s’était dissipé à la fin de la discussion, comme s’il m’avait guidé au long de l’interprétation et avait fini son travail. Mais il en est resté comme une écume pendant plusieurs jours, une vague anxiété qui m’a amené à examiner à mon tour où pourrait être le serpent dans ma vie. Il y a des rêves, comme cela, qui vous mettent au contact de quelque chose d’indéfinissable, mais qui ne vous laisse pas indemne.


[1] Sans peine, nulle grâce.,
[2] J’ai écrit un article sur le sens symbolique de la circumambulation : http://voiedureve.blogspot.ca/2015/08/circumambulation.html

samedi 5 mars 2016

OM sweet home

Le omkar :

est désormais un symbole bien connu en Occident, que l’on rencontre généralement associé à l’Inde spirituelle, au yoga et au tantra. Mais sa signification profonde demeure souvent méconnue. Cette figure calligraphique représente en sanscrit la syllabe AUM, qu’on désigne aussi comme « le OM » et qui est censée dans la cosmogonie hindoue être le son primordial qui a créé la réalité matérielle…

Mais qu’est-ce à dire ?

Pour les Hindous, le OM représente Brahman, la divinité suprême, l’Absolu impersonnel – omniprésent, omnipotent, la source de toute existence manifeste. Brahman est en lui-même incompréhensible et nous avons donc besoin d’un symbole pour l’appréhender. Le OM représente l’aspect non manifesté de la divinité en même temps que son aspect manifeste. Il est dit imprégner toute vie et traverser notre souffle, constituer l’énergie même qui nous donne vie.

Selon
la Mandukya Upanishad :

« Passé, présent, futur, tous ne sont rien sinon le déploiement de OM.
Quant à ce qui transcende les trois royaumes du temps,
Cela, en vérité est l'éclosion du son OM.
Cette création toute entière est finalement Brahman,
Et le Soi, lui aussi, est Brahman. »

Comme de nombreux énoncés métaphysiques, ces affirmations peuvent aussi être comprises de façon symbolique et psychologique. Ici, il est question en fait de la précédence de la conscience sur tout autre ordre de réalité. En effet, la Mandukya Upanishad explique en substance que le OM encapsule une carte de la conscience décrite comme pouvant être dans quatre états. Notre psychologie n’en reconnait généralement que trois pour l’instant : le sommeil profond, le rêve et la conscience ordinaire. Pour l’Orient spirituel, il y en a un quatrième, appelé turya, ce qui signifie justement « le quatrième » et qui correspond à l’état d’union avec le Divin ou la conscience absolue. Ces états de conscience sont représentés graphiquement dans le omkar. Ainsi :

Représente la conscience ordinaire.
Représente le sommeil profond
Représente le rêve
Représente turya, l'Éveil.
La graphie de ce dernier état est particulièrement significative : elle montre l’union de la lune (le croissant inférieur) et du soleil (le point supérieur), thème que l’on retrouve en Occident sous la forme de l’union alchimique de la Reine et du Roi. On peut aussi rapprocher les 4 états de la conscience des 4 éléments de la philosophie hermétiste où la terre symboliserait le sommeil profond, l’eau le rêve, l’air le mental ou la conscience ordinaire, et le feu la conscience unitive. D’un point de vue jungien, il n’est pas surprenant que nous ayons ainsi à chaque fois 4 termes pour décrire l’essence de la réalité car, comme Jung l’a démontré, le 4 est symbole de totalité.

L’énoncé apparemment ésotérique qui veut que l’Univers émerge de la vibration primordiale représentée du son AUM s’avère donc recouvrir une affirmation philosophique radicalement idéaliste : la réalité matérielle découle du déploiement de la conscience dans ses quatre états. Il a aussi une portée pratique car il indique le chemin du retour à la Source ici symbolisée comme l’union du masculin et du féminin, c’est-à-dire turya. En termes traditionnels, il s’agit de répéter ou de chanter la syllabe sacrée pour réveiller l’énergie qui reconduit alors le méditant à l’éveil. Le AUM est un mantra : prononcé de la bonne façon, il résonne dans tout le corps et est censé pénétrer jusqu’au centre de l’être, jusqu’à l’Atman, c’est-à-dire l’âme. C’est pourquoi de nombreux Hindous commencent la journée en chantant le OM, qui ponctue aussi les temps de méditation...

Pour nous ici, l’étude de ce symbole peut être une occasion de reconsidérer notre représentation de la nature de la conscience. L’Orient a en effet une géographie de la conscience qui diffère beaucoup de la nôtre.

Nous sommes portés à penser que le sommeil profond est l’état le plus éloigné de la conscience de la réalité, que nous assimilons à la conscience ordinaire. Entre ces deux, le rêve et avec lui toutes les déclinaisons de l’illusion, la dimension de l’âme. On retrouve ici la distinction traditionnelle entre le corps, l’âme et l’esprit (le mental) qui est en charge de la réalité ordinaire, matériel. Or le sommeil profond est aussi la conscience du corps, qui fait partie du subconscient. L’âme rêve et produit des images fantasques mais symboliques et vivantes, tandis que l’esprit, le mental s’occupe des choses sérieuses. Donc, pour l’Occident, la conscience ordinaire est assez généralement juchée sur les épaules du rêve et du sommeil pour régenter son petit monde, et il n’est pas question d’autre état de conscience, d’une possibilité de pleine conscience.

Pour la Mandalukya Upanishad et d’autres textes, il n’en va pas du tout ainsi : c’est la conscience ordinaire qui est le plus loin de l’éveil, de la réalité essentielle. Il faut ensuite traverser les océans du rêve, qui sont aussi le domaine des dieux et des démons, c’est-à-dire des archétypes, pour rencontrer enfin le voile du sommeil profond. Ce dernier nous protège de la lumière rayonnante de turya qui ferait, si nous la voyions directement, disparaître toutes les illusions sur lesquelles reposent la conscience ordinaire et les différents degrés du rêve. Le sommeil profond est aussi la pure inconscience, et par extension on peut voir là figuré le voile de l’inconscient autour du Soi, qui protège le moi d’un contact trop direct avec le Soi. On a aussi un écho de cette même idée dans le tsimtsoum (en hébreu : contraction) de la Kabbale qui veut que Dieu ait dû se retirer, se contracter, pour permettre au monde d’exister. Toutes ces approches convergent pour dire qu’en fait, turya est la conscience originelle du Soi qui se limite en tirant un voile d’inconscience pour permettre à la conscience ordinaire du moi de vaquer à ses occupations et de rêver

C’est un point de vue que n’auraient pas démenti les anciens alchimistes, qui étaient préoccupés de délivrer l’âme emprisonnée dans la matière. J’indiquais plus haut la correspondance probable entre les quatre états de conscience décrits par le omkar, et les quatre éléments décrits initialement par Empédocle[1] comme constituant « la quadruple racine de toute chose ». En Occident, nous retrouvons cette quaternité fondamentale dans la croix, dont le dessin nous amène encore à une autre compréhension symbolique. En effet, les alchimistes s’intéressaient tout particulièrement à la quintessence, c’est-à-dire à la cinquième essence symbolisée par le centre de la croix. Celle-ci était conçue comme l’élément qui assurait la cohésion de l’univers en tenant ensemble les opposés. En termes psychologiques, il ne peut s’agir ici que de l’amour, qui est symbolisé aussi par l’union de la lune et du soleil dans turya.

La quintessence réunit les quatre éléments en un seul, en leur donnant un centre. Elle représente l’union des quatre, la croix toute entière, et symbolise la totalité intérieure. Nous pouvons donc en déduire que c’est la signification la plus fondamentale du omkar oriental comme de la croix occidentale : à l’origine de tout, il y a le mystère inconcevable de l’Amour qui tient tout ensemble mais de cela, on ne peut rien dire. 

C’est à cela que servent les symboles : dire l’indicible.


[1] « Connais premièrement la quadruple racine
De toutes choses : Zeus aux feux lumineux,
Héra mère de vie, et puis Aidônéus,
Nestis enfin, aux pleurs dont les mortels s'abreuvent » (Empédocle)