dimanche 28 avril 2019

Au-delà de l'interprétation des rêves


Texte de support de l’allocution présentée au colloque « Jung d’hier à demain » le 28 avril 2019.

En décembre 2013, alors que j’étais en train de lancer ce blogue, j’ai écrit déjà un article intitulé « au-delà de l’interprétation ». C’est intéressant de se relire après quelques années, histoire de vérifier qu’on n’a pas trop dévié de la route que l’on se traçait. Je me donne un satisfecit car en effet, j’ai au cours de ces six années dans une grande mesure essentiellement approfondi la démarche que je présentais alors. Dans cet article en particulier, je disais que le travail du rêve ne se résume pas, loin de là, à l’interprétation. J’y énonçais une prémisse fondamentale à mon approche qui est que le travail avec le rêve vise à rendre conscient le mouvement intérieur dont le rêve est l’écho, la figuration ou l’annonce. Si vous prêtez attention aux mots, vous verrez que je ne parle plus désormais du « travail du rêve » mais du « travail avec les rêves » car je suis passé d’une démarche classique où le conscient cherche extraire le sens des rêves comme s’il s’agissait d’un minerai inerte à la recherche d’une coopération avec la dynamique propre au rêve. Je parlais un peu rapidement de l’inscription du travail avec le rêve dans les quatre fonctions de la conscience décrites par Carl Jung. Je suggérais l’idée que l’interprétation du rêve relève surtout d’un exercice de la pensée, mais peut mobiliser aussi l’intuition et le sentiment, et jusqu’à la sensation, pour ouvrir « un espace dans lequel le rêve se déploie comme une nouvelle expression de notre totalité psychique ». Je souris en me citant moi-même car je reconnais dans mes mots une intuition qui m’a amené bien plus tard à parler de « déployer un rêve » plutôt que de l’interpréter, et qui était donc déjà en germe…
Si je peux faire un reproche à l’article que j’ai écrit alors, c’est certainement de m’en être tenu alors à de grandes généralités un peu abstraites. J’y ai pointé aussi une direction de recherche dans laquelle l’interprétation du rêve n’est qu’une première étape allant avec la métaphore du rêve comme un message. Dans un second temps, disais-je, le rêve ouvre un espace de relation avec l’inconscient que connaissaient bien les cultures chamaniques et que Jung a remis a remis à l’ordre du jour avec l’imagination active. C’est Robert Moss qui a selon moi fourni la métaphore s’appliquant à ce niveau de travail avec les rêves en proposant que ceux-ci aient pour fonction de nous rappeler que notre âme a des ailes. Enfin, il y a un troisième étage à cette fusée du rêve qui consiste à apprendre à méditer avec et jusque dans celui-ci, et c’est l’Orient qui nous invite alors à considérer que le rêve est là pour nous aider à nous éveiller. Ces perspectives restent entièrement actuelles mais ce n’est pas ce qui m’intéressera aujourd’hui. Je veux plutôt apporter un contrepoint pragmatique à ces grandes envolées en examinant comment le travail avec le rêve peut, au-delà de l’interprétation, s’inscrire dans le senti et en particulier dans le corps, c’est-à-dire dans la sensation. Pour cela, je vous parlerai entre autres des travaux de Robert Bosnak, un analyste jungien qui a récemment publié un livre intitulé Embodiement, ce qu’on peut traduire par « incorporation », ou « incarnation », et dans lequel il parle essentiellement de « Creative imagination », de l’imagination créatrice à l’œuvre dans les rêves.



Tout d’abord, il me faut dire que je n’ai rien contre l’interprétation des rêves, bien au contraire. C’est une démarche qui a beaucoup de valeur dans certains contextes, et qui a aussi, comme toutes choses, ses limites. Je serai bien en mal de dénigrer l’interprétation des rêves car je la pratique beaucoup, tant pour mes propres rêves que dans le travail individuel avec les personnes que j’accompagne. Je crois qu’il faut bien connaître le travail d’interprétation pour pouvoir envisager toute la portée de ce qui s’ouvre au-delà de l’interprétation des rêves. Ce n’est pas un hasard selon moi si ce sont des analystes jungiens – je pense à Robert Bosnak mais aussi au regretté James Hillman – qui élargissent le champ des recherches autour du rêve dans ses liens avec l’expérience intérieure. Je suis convaincu que Jung, s’il vivait encore, serait absolument passionné par le développement de ces recherches sur les rêves, non seulement chez les jungiens mais bien au-delà, depuis une cinquantaine d’années, c’est-à-dire depuis sa mort. Je l’imagine assez bien allant se former à l’approche gestaltiste avec Fritz Perl à Esalen, et discutant avec Eugène Gendlin des apports remarquables du Focusing comme façon de faire parler le corps en résonance avec le rêve. Outre ces deux approches qui n’ont rien à voir avec l’interprétation, il aurait sans doute étudié avec voracité la multitude de méthodes qui ont fleuri au cours du dernier demi-siècle dans le travail avec les rêves. Et même si beaucoup d’entre elles réinventent le fil à couper le beurre sans citer leurs sources, il aurait eu l’immense satisfaction de voir que le rêve est devenu un champ d’études à part entière pour de nombreux chercheurs, ouvrant toutes sortes de perspectives.
La question se pose : Jung, s’il vivait encore parmi nous, serait-il jungien ?
Ce n’est pas certain, en tous cas tout dépendant de l’acception que l’on donne à ce terme « jungien ». Il a plaisanté de son vivant sur le fait qu’il n’était pas jungien, lui, car il était Jung, et il n’a eu de cesse de dénoncer cette habitude que nous avons de nous regrouper sous une bannière, dans une cohorte ou une école, derrière un « grand homme » qui est censé ouvrir la route d’un bon pas tandis que nous marchons derrière en chantant des hymnes à sa gloire. Marie-Louise Von Franz nous mettait vertement en garde contre l’impossibilité de faire de la psychologie des profondeurs de Jung un machin collectif. Et tel que j’imagine Jung, je suis certain qu’il ne se serait pas mêlé à ceux qui lui construisent une statue et l’enterrent sous le papier. Il aurait continué inlassablement à chercher, à élargir les voies d’accès à l’inconscient et derrière celui-ci, à l’âme. Quant à ce qu’il aurait fait avec toutes ces approches de travail avec les rêves, il nous le dit dans quelques mots qui sont au cœur de ce que signifie encore aujourd’hui être jungien :
« Quant à l’interprétation des rêves, étudiez tous les livres et toutes les méthodes. Mais quand vous êtes devant un rêve, écartez-les car chaque rêve est unique, tout comme chaque rêveur est unique. »
En d’autres termes, avec Jung, si nous voulons lui être fidèles, nous devons donner la primauté à l’expérience intérieure sur toutes les théories, fussent-elles jungiennes. C’est l’unicité du rêve, et du rêveur, qui doit toujours être au centre. Pour le dire autrement, il y a toujours une approche créative dans le travail avec un rêve. Ce n’est pas une science, fut-elle psychologique, c’est un art, c’est-à-dire que c’est toujours un moment de création.
C’est un espace ouvert, toujours, à l’imagination créatrice.



Pour revenir un moment à l’interprétation des rêves, avant d’aller bientôt au-delà, il nous faut nous demander ce qui fait qu’une interprétation est juste, ou du moins valable. D’abord, il faut clairement distinguer l’interprétation d’un rêve d’une explication de ce dernier. Les novices en travail avec les rêves tombent souvent dans ce travers en forme de « j’ai rêvé de monstres parce que j’ai vu un film d’horreur hier soir ». Oui, mais qu’est-ce que cela dit de ta vie intime ? Quel est le message du rêve ? Il n’a sans doute rien à voir avec le film, et en fait, la recherche d’une explication apparaît comme une façon d’esquiver le rêve, de le ramener à du connu. Or la règle d’or, c’est que le rêve nous dit toujours quelque chose d’inconnu, d’inconscient. C’est ce qui rend le travail avec nos propres rêves particulièrement difficile, car nous aurions bien sûr tendance à tourner en rond dans ce que nous croyons connaître de nous-mêmes. Il n’est pas facile du tout d’ouvrir en nous-mêmes la porte à l’inconscient ; un réflexe mental nous ramène toujours au connu. Nous avons donc bien souvent besoin de l’aide d’autrui, même quand on a vingt années d’expérience du travail avec les rêves, car le message du rêve est écrit dans notre dos. Un regard bienveillant peut aider donc à, sinon le déchiffrer, du moins l’entrevoir...
Cependant, la difficulté de l’interprétation, c’est qu’il est bien rare que les interprètes soient entièrement unanimes. Chacun colore nécessairement l’interprétation qu’il propose, aussi objective se veut-elle, de ses préjugés et ses projections, de son inconscient. La prétention à l’objectivité de l’interprétation peut même confiner à la tentative de prise de pouvoir sur autrui et c’est ce qui a conduit nombre de praticiens à la rejeter. C’est, pour reprendre la notion jungienne de « psyché objective », la psyché qui est objective, non le praticien. Le rêve est objectif dans le langage des images, mais l’interprétation en est toujours une reformulation subjective dans un autre langage, qui l’amoindrit. La tentation est forte de « croire savoir », et cependant, de fermer l’horizon à tout ce que l’on ne sait pas. On tombe volontiers dans ce piège chez les jungiens aussi, avec des interprétations renforcées par tout un jargon conceptuel auquel peu comprennent goutte. Comme disait James Hillman, on glose sur le Soi et en passant, on vous assène des millénaires de monothéisme judéo-chrétien qui passent comme une lettre à la poste, ne sont jamais remis en question. Bref, dès que l’interprétation tend à soutenir d’une façon ou d’une autre une position d’autorité, on peut être certain qu’on trahit au moins en partie le rêve. En effet, le rêve amène toujours du nouveau, de l’inconnu, de l’inconscient. Et c’est un des énoncés majeurs de Jung que d’avoir mis en lumière que non seulement le rêveur est inconscient du sens du rêve, mais aussi l’analyste. Si ce dernier croit savoir pour le rêveur, il se fourre nécessairement le doigt dans l’ œil, il tombe dans le piège du « ce n’est que »...
Dans cette perspective, on peut comprendre ce que disait Jung quand il affirmait que le travail d’interprétation ne trouve sa pleine valeur que dans le contexte de l’analyse, c’est-à-dire d’un dialogue soutenu autour d’une série de rêves qui offrent un fil conducteur tant à l’analyste que l’analysant. Alors, l’interprétation qui est toujours une approximation est corrigée , amendée par le rêve suivant. C’est alors un dialogue dans lequel les deux partenaires humains reconnaissent leurs limites face à l’inconscient, et auquel se mêle un Tiers, la source des rêves, qui amène toujours de nouveaux éléments pour élargir l’horizon conscient des protagonistes. Heureusement, disait Von Franz, l’inconscient veut que je comprenne le rêve, sinon comment y parviendrais-je ? L’interprétation est le fruit d’une collaboration avec l’inconscient qui veut devenir conscient, et c’est parce qu’il le veut qu’il s’est manifesté dans un rêve. Mais cette analyse, cette écoute des rêves, ne peut avoir qu’une visée et c’est celle de l’effacement de l’analyste pour que s’instaure un dialogue direct entre le rêveur et la source des rêves. Au fond, tout ce travail d’interprétation des rêves est pédagogique et vise à aider le rêveur à établir une relation intime avec lui-même, et surtout avec l’inconscient en lui. Là encore, c’est l’exemple de Jung que nous sommes tôt ou tard amenés à suivre quand il répondait en riant à Von Franz, venue le consulter pour un rêve : « mais vous savez, moi, je n’ai pas de Jung pour interpréter mes rêves ! ».
La clé du travail avec les rêves, nous la connaissons bien et nous n’insistons jamais assez dessus, c’est que seule la personne qui rêve peut connaître le sens de son rêve. Dès lors, le travail de l’interprète ou de l’analyste relève de la maïeutique, c’est-à-dire de l’art d’accoucher les bébés et les vérités. Il s’agit moins dès lors d’expliquer le rêve que de le questionner, et de l’amener jusqu’au point où ce que le rêveur ne sait pas encore qu’il sait, mais qui se dit tout de même dans le rêve, devient une évidence. Ce qui est intéressant, c’est que c’est une évidence sensible. Il y a un déclic au moment où l’élément de conscience dont le rêve était porteur devient conscient. Un « ah ah ! ». Et tant qu’il n’y a pas ce « ah ah ! », c’est qu’on n’y est pas. Le point important que je veux souligner là, c’est que ce n’est jamais une compréhension uniquement intellectuelle. La gestalt parle du « message existentiel » du rêve. On cherche idéalement à le formuler en une phrase, qui peut tenir de « le rêve me rend conscient que... ». Le message existentiel n’est pas nécessairement l’interprétation symbolique du rêve mais plutôt là où il veut amener le rêveur. Une amie a ainsi rêvé, à la veille d’un rendez-vous difficile, que le sol s’ouvrait sous ses pas et que de la lave en sortait. Elle courait avec ses enfants, à qui elle remettait un nécessaire de survie en entendant des coups de feu autour d’elle. L’interprétation du rêve pouvait difficilement dépasser le constat de l’insécurité, mais un travail d’écoute des subjectivités associées aux différents éléments du rêve l’a rapidement amenée plus loin. La lave s’est révélée être sa propre vitalité, et le message existentiel du rêve était qu’elle pouvait trouver sa sécurité à l’intérieur d’elle-même, en contrepoint donc de l’interprétation centrée sur l’insécurité.
L’extraction du message existentiel n’est donc pas qu’une question de sens ou de signification, de sémantique d’un système de signes. L’interprétation, si elle veut aller au cœur du rêve, ne peut se limiter à un exercice de la fonction pensée soutenue par l’intuition ; elle doit tenir compte aussi du sentiment et de la sensation. Et quand elle touche juste, il y a toujours une émotion, au sens d’une énergie en mouvement ; il y a un mouvement intérieur. Au fond, l’interprétation, quand elle est juste, nous emmène immédiatement au-delà de l’interprétation : dans la vie, dans l’émotion. Elle réclame une mise en acte, que nous en tirions des conséquences, que nous l’incarnions. C’est tout le problème de l’âme, ça : l’incarnation. S’incarner sur terre, dans la terre. Arriver dans un corps, le mettre en mouvement. Vivre. Dans la tradition jungienne qui ne se perd pas, on propose de chercher à incarner le rêve qui a été compris dans l’action, qu’il s’agisse d’une décision prise en conscience du rêve (un rêve ne choisit jamais pour nous) ou d’un geste rituel, simplement symbolique, pour dire « j’ai entendu, je remercie et je prends au sérieux ». Toni Wolff était réputée pour renvoyer ses analysants quand ils venaient la voir sans avoir fait quelque chose en réponse au rêve analysé dans la séance précédentes. Jung montrait parfois la porte à des patients qui ne tiraient pas de conséquences de leurs rêves.

Cependant, la recherche montre qu’on peut travailler à l’incarnation du rêve bien en amont de l’interprétation, ou indépendamment de celle-ci. La Gestalt a cherché avec brio, entre autres approches en donnant voix aux composantes du rêve, à entrer directement dans sa dimension émotionnelle. Le Focusing aide à faire dialoguer le rêve et le corps au travers des sentis. Comment, d’un point de vue jungien, intégrer au mieux les fonctions sensation et sentiment au travail avec le rêve ? Mais c’est là que la publication des travaux de Robert Bosnak sur ce qu’il appelle « l’imagination incarnée » (embodied imagination) a attiré mon attention, car il amène à une conception renouvelée du rêve et du travail avec celui-ci, en l’incarnant d’une façon très directe dans le senti du corps. En s’appuyant sur l’imagination créatrice de Henri Corbin et sur la neurologie qui relie le rêve aux facultés d’appréhension de l’espace, Bosnak propose d’approcher le rêve comme un système écologique de multiples subjectivités qui s’expriment dans la corporalité.
On retrouve quelque chose de la radicalité de James Hillman, qui a été son analyste, dans la démarche de Bosnak. Là où Hillman a dénoncé la conception du Soi de Jung comme étant « le visage psychologique du monothéisme », réintroduisant ainsi un polythéisme archétypal, Bosnak brise le monopole de la subjectivité par le moi de rêve. Il applique la théorie des systèmes au rêve pour faire ressortir le fait que ce dernier est constitué de multiples soi, qui ont tous leurs caractéristiques propres en terme de ressentis, tant émotionnels que corporels, et qui forment un ensemble cohérent ayant sa logique interne. Et comme tout système, s’il est alimenté en énergie, il arrive à un moment critique de transition de phase qui l’oblige à se réorganiser à un plus haut niveau de complexité. C’est précisément la caractéristique des écosystèmes de se réorganiser ainsi, au travers de crises. Dans le cas du rêve, il semble dans cette perspective que le rôle du conscient soit de faciliter la communication entre les différentes subjectivités, et qu’elles deviennent conscientes les unes des autres. Le moi est amené à saisir qu’il y a d’autres voix autonomes qui parlent en lui, ou plutôt en soi, et dès lors une réalité psychique plus large que celle du moi ressort de l’ensemble. Du point de vue jungien classique, on pourrait dire que le Soi est manifesté par la totalité du rêve, et donc éclairé de l’intérieur par la conscience mutuelle des subjectivités. Sous l’angle neurologique, il ressort que le rêve est constitué de plusieurs lignes narratives simultanées, qui sont l’équivalent de multiples schémas (patterns) déployés dans l’espace parmi lesquels la conscience doit s’orienter. Le travail avec le rêve consiste donc dans cette approche en prendre conscience de ces lignes narratives parallèles et les relier, les mettre ensemble et regarder ce qui en émerger de façon créative.
Il n’y a plus alors une seule ligne narrative, une seule interprétation du rêve. Tout à coup, on entend le mot « interprétation » comme en musique, quand un instrument interprète une partition. Il y a autant de lignes narratives, de récits du rêve, qu’il y a d’éléments dans le rêve, et quelque chose qui va au-delà de l’interprétation émerge de l’ensemble.

Dans son livre « embodiement », Robert Bosnak donne plusieurs exemples dans lequel le rêveur est invité, dans un état hypnagogique qui lui permet de revivre son rêve, à ressentir les postures et les physiques, le senti émotionnel, qui peuvent être associés avec un élément du rêve. On retrouve ici la distinction essentielle entre imaginatio vera (imagination vraie) et affabulations. Par exemple, il y a un ours qui traverse la salle de l’hôpital où se trouve le rêveur. Que ressent-il, l’ours ? Qu’est-ce que c’est, d’être cet ours dans une salle d’hôpital ? Qu’est-ce que cela goûte ? Il s’agit, nous dit Bosnak, de laisser une intelligence étrangère, ici celle de l’ours, entrer en nous. Dans le cas qu’il présente avec l’ours, la question a été posée trop tôt au rêveur : « que sent l’ours ? » et la réponse a été « je pense que l’ours est très curieux. Il regarde autour de lui. Il se demande où il est. Très curieux. ». La caractéristique de l’imagination fantasmagorique, c’est qu’il n’y a pas de relation aux sens. C’est une pensée à propos du senti, non le senti lui-même. Quand le rêveur a été ramené au senti de l’ours, c’est un tout autre son de cloche qui s’est présenté : tout ce que l’ours voulait, c’était sortir. Toute l’attention de l’ours était concentrée sur la porte ouverte, la possibilité de sortir au plus vite. Le travail avec l’imagination créatrice réclame de prendre le temps de rentrer en relation avec les images. Alors, nous dit Bosnak, ce ne sont pas les images qui sont en nous, c’est nous qui sommes dans les images.
Il propose un autre exemple qui différencie bien son approche de l’imagination active de Jung. Une rêveuse, qui prenait un cours en imagination active, a rêvé qu’elle était dans un hall rond de marbre et qu’elle descendait quelques marches avant de se réveiller. En imagination active, elle a poursuivi le rêve, trouvant en bas des marches un cellier où elle a trouvé plein de belles choses utiles, des ressources. Bosnak lui a proposé de revisiter son rêve dans un état hypnagogique, dans cet espace entre la veille et le sommeil où les images coulent sans que nous perdions conscience de l’environnement. Et il l’a invité à descendre marche après marche, en prenant tout le temps de ressentir ce qui se passait dans son corps, jusqu’à ressentir la distribution du poids dans son corps en descendant lentement. Plus on enregistre de détails, plus on va lentement, nous dit Bosnak, car la conscience doit se concentrer sur beaucoup de détails d’incorporation en même temps. Le point intéressant, c’est que lorsqu’elle est arrivée enfin en bas de l’escalier, que son orteil a touché le marbre, elle a ressenti un grand effroi traverser tout son corps en remontant de son doigt de pied. Elle était terrifiée de descendre et d’aller plus loin. Elle a contacté une peur paralysante de descendre, qui est sans doute ce qui l’a réveillée. Cela n’invalide pas l’imagination active : ces ressources qu’elle y a trouvé l’ont sans doute aidée à aller sur le fond du rêve, mais celui-ci s’est avéré finalement beaucoup plus incarné que ce que l’imagination active, sans être bridée par l’exigence de prêter attention au senti corporel, pouvait amener à la conscience. Le corps comme voie royale d’accès au rêve !
Un autre exemple remarquable nous présente un rêveur qui s’interroge sur son avenir au travers d’une recherche d’emploi. Il rêve de quatre personnages, dont il est autour, d’une table avec un menu offrant un seul choix, qui lui semble inintéressant et trop cher. Une interprétation symbolique s’en tient volontiers à dire que le rêve répond directement à son interrogation en lui disant qu’il n’a pas le choix, même si cela ne lui plaît guère. Mais pourquoi le rêve dispose-t-il quatre personnages autour de la table si les choses sont si simples ? L‘exploration en profondeur du rêve a conduit à aller ressentir tant corporellement qu’émotionnellement les quatre subjectivités en collectant les indicateurs corporels caractéristiques de chacune d’elle. Dans la jambe droite un élan à se lever et à partir, dans la jambe gauche la faiblesse et l’incapacité de bouger, dans la colonne vertébrale la force intérieure, dans le sternum la tristesse… Après le travail de patiente récolte des ressentis, Bosnak a demandé au rêveur de ramener tous ces ressentis simultanément dans le corps, de les tenir ensemble. Le fait remarquable est que ce dernier, après avoir gardé les ressentis en conscience un moment, a indiqué soudainement qu’il ne ressentait plus rien. Mais c’est quoi, de ressentir ce rien ? A encore interrogé Bosnak, et le rêveur a indiqué ressentir un corps complètement différent de celui dans lequel il se trouvait précédemment. Il était dans un corps plus grand, plus vaste, et dans lequel il se sentait en confiance. Même sa voix avait changée, a relevé Bosnak, et son attitude intérieure vis-à-vis de sa recherche d’emploi s’est avérée s’être transformée de façon durable. On peut dire que le rêve l’avait amené à établir une nouvelle relation sensible à la vie sans avoir amené de réponse immédiate à ses questions, mais que dès lors il n’y avait semble-t-il plus de problème…
Le travail de Robert Bosnak ouvre des perspectives importantes pour le développement du travail avec les rêves dans une direction intégrant les quatre fonctions de la conscience. Sa méthode de « l’imagination incarnée » est particulièrement précieuse pour approfondir un rêve clé. Elle ne s’oppose pas aux méthodes habituelles d’interprétation ni à l’imagination active mais elle les complète. Son livre est riche d’exemples qui touchent à différents champs d’applications, dont le théâtre et le travail avec les traumatismes. Il en ressort que le travail avec le rêve est toujours un exercice d’imagination créatrice. Cela vient rencontrer mes propres recherches dans un contexte assez différent, qui est celui des cercles de rêves, ou de ce que j’appelle les loges de rêves, où l’on travaille en-deça de l’interprétation : nous déployons le rêve en de multiples facettes. Nous faisons, en termes jungiens, de l’amplification : nous utilisons simplement la résonance subjective des images de rêves dans le sentiment et l’intuition surtout, en assumant que la plupart de celles-ci sont des projections, mais en pariant sur le fait que le cercle sert alors d’accélérateur de particules de rêve. En effet, le mouvement intérieur du rêve, dans le senti du rêveur, est stimulé par les différents angles et questionnements qui lui sont proposés, généralement surprenant, et il est fréquent que la signification profonde du rêve, qui ne s’exprime pas nécessairement en mots, émerge comme si elle avait été énergétiquement alimentée jusqu’à devenir une évidence dans le senti. Tous ces éléments vont dans le sens de mettre en lumière la nature énergétique du rêve, qui est moins un message qu’un élan de vie cherchant à s’incarner, à s’éprouver, à se vivre. C’est aussi ce qui justifie une amplification du rêve par le chant spontané, la danse, ainsi que par les constellations de rêves, dans lesquelles les multiples subjectivités sont ressenties par des représentants.
Comme dit Robert Bosnak : « l’amplification ne mène pas à la compréhension directe, mais à un processus de fermentation qui amène des images-signaux subliminaux à se renforcer, leur permettant d’émerger au-dessus de la surface de la cognition ».

Pour conclure, je vous proposerai un dernier exemple qui illustre comment ce travail avec le senti corporel et émotif vient compléter l’interprétation, l’élargit. C’est un rêve amené par un jeune homme engagé dans la voie des rêves et passionné par Jung qui s’interroge sur son avenir. Au cours d’un stage de travail avec les rêves au cours duquel il découvre son aisance et son plaisir à parler des sujets qui lui tiennent à cœur, il rêve :
« Je suis dans un aéroport. Je rentre d’un long voyage. A l’arrivée, une jeune femme, peut-être une journaliste, me demande une interview sur l’alchimie. Je lui répond que je ne me sens pas prêt, cela me semble trop tôt. Deux jeunes maghrébins qui pratiquent la pêche, qui sont là avec leurs canne à pêche, me disent que pourtant j’ai les clés. Ils me font comprendre que j’ai les clés car j’ai compris dans un traité alchimique l’ordre du processus, en remettant dans l’ordre les paragraphes du traité, ce qui est subtil. Je leur répond que j’ai compris l’ordre du processus intuitivement, mais pas entièrement pour l’expliquer. Ils me répètent: pourtant tu as les clés. Je suis surpris de constater dans le parking de l’aéroport que beaucoup de gens sont perdus. Ils ne retrouvent pas leurs voitures, tout en pensant et me disant que c’est moi qui suis perdu. Moi, je sais où ma voiture est garée et la police m’aide en me donnant le nouveau code pour démarrer la voiture. Ce code est: 10.
Dans ma voiture, j’ai un bébé. Au début je conduis puis je laisse le volant à une jeune femme car le plus important pour moi, c’est de m’occuper et de protéger le bébé. Deux chiennes surveillent aussi le bébé avec moi.
Le rêve me dit: Voici le titre de ton rêve: « Le musée hermétique ». »
J’ai souri en entendant ce rêve car j’ai pensé au colloque en me disant : voilà donc un rêve fort jungien. Le rêveur y est interpellé par l’Anima qui lui demande de parler d’alchimie mais il ne sent pas prêt. Les maghrébins sont associés aux exclus, à de gens de peu de culture, ce qui va bien avec la façon dont le rêveur se considère lui-même : comme manquant de culture pour parler de ces choses. On retrouve là cependant l’archétype du Pêcheur qui remonte des poissons de sens de l’inconscient et les maghrébins soulignent qu’il a compris la nature (l’ordre!) de l’Œuvre. Mais le doute est là, qui exige d’être capable d’expliquer rationnellement l’intuition profonde. Cependant, il retrouve au terme de ce long voyage sa voiture, qui a changé précise-t-il, tandis qu’il constate combien les gens sont en général perdus, ne savent pas conduire leur vie. Il n’a pas à s’inquiéter : les forces de l’ordre sont là pour lui donner le code, qui en langage du Yi-King (hexagramme 10) dit simplement : « en marche ! » Et il revient donc d’un long voyage maintenant riche d’une nouvelle vie, symbolisée par le bébé, que protègent deux chiennes, symboles d’un instinct psychopompe, tandis que l’Anima conduit son existence. Le Musée hermétique nous ramène à la chaîne d’or dont il est un des héritiers et à la Muse qui l’inspire. Il est facile de parvenir à une interprétation mettant en lumière comment, bien qu’il doute, il est conduit par l’inconscient, ou dirons-nous le Soi. Mais cela n’apporte pas grand-chose au rêveur qui entend bien le message mais n’arrive pas à y croire, pour qui cela ne s’incarne pas.
Nous sommes passés tranquillement à travers tous les aspects subjectifs du rêve. En posant le pied dans l’aéroport ; le rêveur s’en senti oppressé et nous avons pris cette oppression comme guide en observant comment elle évoluait au cours du rêve. La jeune femme journaliste a amené une énergie d’ouverture qui a mis en lumière la fermeture, mais non totalement du rêveur. Les maghrébins ont commencé à amener de l’aisance, de la décontraction, tandis que le ressenti du bébé en est un de bien-être, de tranquillité qui contraste avec son oppression. Lex deux chiennes insufflent un sentiment de sécurité car elles feront tout ce qui est nécessaire pour protéger cette nouvelle vie, et il apparaît enfin que la jeune femme qui conduit sait exactement ce qu’elle fait. Nous avons noté lors de l’interprétation l’inversion qui veut que le rêveur soit sur le siège arrière tandis que l’Anima conduit, alors qu’on aurait pu penser que la position souhaitable pour le conscient soit exactement l’inverse. C’est exactement ce point d’incongruité qui s’est révélé être le point crucial du rêve. Le rêveur, en allant dans son ressenti, a touché à l’inconfort dans lequel cela le mettait d’être conduit. Il a ensuite maintenu tous les ressentis ensemble, exactement comme le recommande Bosnak. Il ne s’est rien passé d’abord. Et puis il m’a indiqué qu’il s’était allongé sur la banquette arrière de la voiture avec le bébé sur la poitrine, qui s’était endormi, et qu’il avait décidé de faire confiance. La tension entre la confiance requise par l’Anima qui conduit et le doute légitime du rêveur est allée à son paroxysme. Et puis le rêveur m’a parlé d’une curieuse sensation énergétique, à peu près indescriptible, comme d’écoulement du rêve dans un flot qu’il a figuré comme des vaguelettes avec les mains, et il m’a dit qu’il savait qu’elle allait amener le bébé dans une maison dont il avait pris possession dans un autre rêve. C’est le fait qu’il me parle de la sensation qui m’a permis d’être bien certain que le message du rêve s’incarnait enfin. Et en effet, dans les jours qui ont suivi, il m’a confirmé se sentir « porté par ce senti du courant en mouvement » et que l’exercice avait « posé une base en [lui] pour faire confiance. »

26 commentaires:

  1. Bonjour,

    Beaucoup d’informations et de réflexions bien intéressantes à méditer dans ce nouveau billet !

    Et je souhaite poser quelques questions :

    Bien qu’il me semble juste de dire que, d’une façon générale, le plus souvent, la subjectivité de l’interprète oriente peu ou prou l’interprétation qu’il propose d’un rêve, peut-on exclure que l’interprète soit parfois assez (ou très) objectif dans l’interprétation ? Si l’on admet, comme tu le fais, Jean, et comme le faisait M.L. von Franz, que l’inconscient est très intéressé à la bonne interprétation des rêves parce qu’il souhaite devenir conscient et qu’il fournit parfois à l’interprète en panne d’inspiration - c’est ce dont témoignait M.L von Franz - l’information qui lui manquait pour saisir le message du rêve ; ne doit-on pas envisager la possibilité qu’une interprétation soit parfois plus caractérisée par l’objectivité que par la subjectivité de l’interprète.

    Et puis, si l’on songe au oracles, aux personnes très ouvertes et très réceptives à la voix de l’au-delà, à la voix de l’inconscient, peut-on exclure que tels ou tels interprètes de rêves seraient suffisamment ouverts à cette voix, qu’ils auraient développé – ou, pour certains, auraient nativement ? - une telle transparence, une telle porosité, les mettant en capacité de parler objectivement d’un rêve ?

    Ne serait-ce pas alors une généralisation abusive d’affirmer qu’une interprétation de rêve n’est jamais objective ? Et ne serait pas un déni de la possibilité qu’un individu soit parfois - même si ce n’est pas en permanence - le porte-parole d’un savoir qui ne s’origine pas en son moi limité, et qui le dépasse ?

    Amezeg

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    1. Merci Amezeg pour ce commentaire, ces judicieuses questions.

      Tu as raison, c'est sans doute une généralisation abusive que d'affirmer qu'une interprétation de rêves n'est jamais objective, ou pour le formuler positivement, qu'une interprétation de rêves est toujours (seulement) subjective - qu'elle n'est que subjective. Nous retrouvons là le "ce n'est que" caractéristique des réductions abusives, et ce n'est pas ce que je veux dire. Encore une fois, je reconnais beaucoup de valeur au travail d'interprétation, et cette valeur tient selon moi au fait que l'interprétation est une des voies permettant d'approcher de la vérité du rêve. Il faut bien alors qu'elle ait une part d'objectivité...

      La difficulté me semble venir de ce que nous opposons subjectivité et objectivité, comme s'il n'était pas possible sinon probable que ces deux se rencontrent et s'allient dans l'interprétation d'un rêve, et que finalement la vérité du rêve se dise objectivement au travers de la subjectivité de l'interprète. Mon hypothèse de travail est, avec Jung, que le rêve est la meilleure expression de ce qu'il cherche à dire au rêveur - ce que j'appelle "la vérité du rêve". Le rêve est objectif : il dit ce qui est. L'interprétation est une tentative de reformulation de cette vérité du rêve. Elle peut être dans une grande mesure objective, c'est-à-dire refléter cette vérité du rêve, tant du fait de l'effort de l'interprète pour se faire la voix du rêve que grâce à l'aide de l'inconscient, des guides, etc. Mais je crois que l'interprète, ne serait-ce que par humilité et prudence, ne peut jamais prétendre à une totale objectivité de son interprétation. Celle-ci peut toujours être améliorée, nuancée, reformulée, et laisse toujours un aspect dans l'ombre, ou plus précisément, dans l'inconscient. C'est au rêveur, ou à celui qui entend l'interprétation, toujours, d'aller chercher cette part manquante à l'intérieur de lui-même, dans la rencontre vivante avec le rêve. Et puis l'interprète qui n'a pas de prétention à l'objectivité, qui reconnait et assume sa subjectivité, met celle-ci au service de la vérité du rêve. Comme tu dis : il se fait "le porte-parole d'un savoir qui le dépasse", en acceptant que cela le dépasse et qu'au travers de sa subjectivité même, de son inspiration momentanée, quelque chose d'essentiel transparaîtra et parviendra à l'intelligence du rêveur.

      Il ne faut donc pas, selon moi, opposer subjectivité et objectivité de l'interprétation, mais plutôt considérer comment ces contraires apparents se conjoignent dans une interprétation juste, c'est-à-dire qui respecte le rêve.

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    2. Merci pour ta réponse, Jean.

      Je suis bien d’accord avec toi pour dire que l’interprète de rêves ne doit pas « prétendre à une totale objectivité de son interprétation », toujours et partout en quelque sorte. Mais si cette modestie et cette prudence sont indispensables, je trouve qu’on pourrait dévaloriser le travail avec les rêves si on se focalisait trop sur la part de subjectivité qui participe généralement, sinon toujours, à une interprétation, et si l’on négligeait de rappeler suffisamment la part d’objectivité qui en fait, de mon point de vue, l’intérêt principal. Tant de gens sont encore aujourd’hui portés à croire que l’interprétation des rêves n’est qu’une sorte de fumisterie menée par des élucubrations mentales, des émotions, des imaginations fantaisistes, etc., que le rappel de cette part objective dans l’interprétation me semble, en notre temps de science régnant encore sur les esprits occidentaux et les fascinant trop souvent, être favorable au retour de la bonne prise en compte des rêves dans la vie de chacun-e.

      Amezeg

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    3. Merci Amezeg pour ce commentaire avec lequel je suis bien d'accord. Il faut veiller en effet à ne pas dévaluer l'interprétation des rêves, et c'est pourquoi j'ai bien souligné dans mon article que je n'ai rien contre celle-ci, et que pour pouvoir la critiquer, il faut d'abord bien la comprendre. Ta remarque est tout à fait juste s'agissant de présenter les rêves au grand public, et dans ce cas il faut souligner ce qu'ils peuvent porter de vérité à la conscience, et comment une interprétation "juste" peut mettre en lumière cette vérité. Mais mon article servait de base à une communication à un public averti, au fait dans une grande mesure des subtilités de l'interprétation.

      Je ne crois pas en outre utile de se cramponner à l'idée d'une "objectivité" de l'interprétation, ce qui est justement ce que les tenants de la science régnante discuteront toujours du fait de l'impossibilité de prouver avec un appareillage expérimentale cette objectivité, qui est en réalité existentielle. Je crois qu'en fait, ce qui est désolant, c'est précisément la dévalorisation de la subjectivité, et particulièrement du sentiment, dans ses capacité à exprimer des vérités existentielles. Sans me focaliser trop donc sur la subjectivité, c'est-à-dire sans jeter le bébé avec l'eau du bain, je milite donc pour qu'on rende à la subjectivité, ainsi qu'au rêve, à la poésie et à l'imagination créatrice, leurs lettres de noblesse.

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  2. « Je suis dans un aéroport. Je rentre d’un long voyage. A l’arrivée, une jeune femme, peut-être une journaliste...

    Si le rêveur est passionné par Jung il doit croire sérieusement à ce que dit ses rêves, si le rêve dit qu'il a les clefs c'est qu'il a les clefs, à un moment donné il faut arrêté de douter. Nisargadatta a viré de chez lui un disciple comme ça, il lui a dit qu'il avait compris et que maintenant il n'avait plus besoin de lui et lui a indiqué la porte, le disciple déçu a pourtant du partir pour ne jamais revenir...
    Le 10 dans le tarot indique le passage vers le niveau supérieur et spirituel ( carte 11 a la 21 ) contrairement au niveau inférieur et plutôt matériel ( carte 1 a 9 ).
    Le chiffre 2 a lui seul indique encore la dualité de la compréhension en raison du doute et du manque de confiance en lui même qui persiste chez le rêveur.

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  3. Bonjour Jean !

    Très intéressante cette approche...
    Elle rejoint effectivement, d'une certaine façon, le travail de Perls et de la Gestalt, que j'avais évoqué dans un de mes articles:
    https://grandsreves1234.blogspot.com/2018/05/gestalt-therapie-revivre-le-reve.html

    J'aime aussi beaucoup cette phrase :
    "Tous ces éléments vont dans le sens de mettre en lumière la nature énergétique du rêve, qui est moins un message qu’un élan de vie cherchant à s’incarner, à s’éprouver, à se vivre."

    Plus j'avance, et plus je me dis que le rêve ne se limite pas à un "massage" et qu'on a sans doute tort de trop focaliser, sur le sens de ce message.

    Le rêve est d'abord un "événement" et comme tout événement, il convient tout d'abord de le vivre et ensuite, il y a autant "d'interprétations" (ou de ressentis) de ce rêve vécu qu'il y a d'"interprétations" ou de ressentis d'un événement de la vie réelle.

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  4. Hum...lire "message" au lieu de "massage", évidemment ! :-)

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    1. Et bien moi je l'aime bien ce terme "massage", oui le rêve c'est un massage de l'intérieur,pour nous assouplir de l'intérieur;)

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    2. Merci dame Licorne pour ce commentaire. Oui, moi aussi je l'aime beaucoup, ce terme "massage", et j'y vois un lapsus significatif, comme Marie (merci de l'éclairage que tu amènes). C'est cela, un bon massage de l'intérieur... :-)))

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  5. Alors...massons, massons...l'intérieur de nous-même, avec "l'huile" des rêves ! :-))

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  6. mmm...j'aime bien les massages ..coquine va !

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  7. Sinon j'ai rêvé que j'étais avec Trump et qu'il me laissait appuyer sur le bouton rouge dans le bunker , du coup je dis : ouai pourquoi pas ca mange pas de pain ce truc c'est gratuit ? Trump sourit et me répond que oui. Et la y'a des tas de missiles qui partent dans tous les sens vers le liban et l'Europe et le Liban envoi aussi des tas des missiles qui explosent sur Paris , Londres...c'est grave ???
    Mais non je déconne, vous êtes bêtes...

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  8. Je dois dire que je suis agréablement surpris par ce blog depuis un certain temps car en dépit de mes commentaires engagés, je rarement censuré et j'y vois la la marque des sages qui ont compris que tout est bon dans le cochon contrairement à certain ( e s ) qui sont trop riches et qui aime gaspiller et qui ne veulent pas voir l'oasis dans le désert et qui continue leur chemin en rêvassant candidement à de vastes cités d'or qui n'existent pas et qui finiront tôt ou tard par mourir de soif car ce qu'ils ne veulent apprendre du sage et bien la vie leur apprendra.

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    1. Ou alors on peut y voir une grande lassitude face à des propos inconséquents, un abandon du dialogue car il est en fait inexistant... une reconnaissance de l'ego tout puissant qui ne laissera rien passer, une overdose de la mauvaise fois sidérante qui est à l'oeuvre...

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    2. Parce que tu crois que les sages immortels des montagnes sacrés et des îles bienheureuses qui sont immunisés contre le mal et qui ne se nourrissent que d'air vont t'envoyer une lettre d'invitation avec un billet d'avion dedans et un mot qui dira : " Marie , voici un billet d'avion en première + 100 balles et un bounty parce que vous le valez bien ainsi qu'une invitation VIP tout frais payé pour nous rencontrer, buffet a volonté, plage paradisiaque et open bar " ?

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  9. Exemple typique de bouillie verbale que tu pourrais avoir la décence de nous épargner... tu t'ennuies donc à ce point pour remplir autant d'espace avec autant de bruit? Qu'en est-il de ton annonce de quitter ce blog pour fonder le tien, c'était cohérent pourtant comme démarche...

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  10. Et l'inconscient ne remplit pas l'espace pur de mon esprit de sa bouillie ?

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  11. Mmmmh... je dirais plutôt que l'inconscient agit comme une pierre qu'on lance dans une mare, il fait ressortir la vase qui ce cache au fond, la clarté et la pureté de surface se révèlent alors comme factices.

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    1. Tu comprendras quand même, je pense, qu'une mare pour fonctionner à besoin que la vase soit au fond et que la clarté soit à la surface...il n'y a donc rien de factice et cela reflète plutôt un ordre naturel des choses. Si la vase est sans cesse remuée les tétards par exemple ne pourront pas grandir confortablement. C'est justement quand on lance une pierre que tout se dérègle d'ou le non agir des taoistes par exemple qui savent que l'univers se gouverne seulement très bien tout seul, quand l'homme n'essaye pas d'agir sur lui.

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    2. Tu as entièrement raison, une mare pour fonctionner a besoin que la vase reste au fond.L'égo pour fonctionner a également besoin que la vase reste au fond.
      Tu as entièrement raison, lorsqu' on jette une pierre cela dérègle l'écosystème. De même l'inconscient vient mettre a mal le système bien roder de l'égo, je ne lui connaît pas d'autre fonction.


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    3. L'inconscient met a mal trois fois rien, l'ego c'est le je, la personne et elle sera toujours la même jusqu'a sa mort mais et si l'Univers à fait l'ego c'est pour quelque chose, ce n'est pas une erreur, c'est pour se donner un ego , une personne justement.
      Par contre tu peux découvrir que tu es plus qu'une simple personne...mais c'est une autre histoire.
      Et puis les rêves c'est surtout un monde, un monde comme le monde de veille mais différent, ça fait parti de la richesse de l'Univers.

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  12. Certes l'égo n'est pas une erreur, cependant je ne crois pas à sa fonction purement decorative genre il est juste là pour donner une contenance à l'Indefinissable. Il y a une dynamique dans l'ego, et l'inconscient et les rêves y participent.L'égo n'est pas trois fois rien, l'égo c'est le passage pour decouvrir,comme tu dis, que nous sommes plus l'égo.

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    1. L'ego permet à l'Indefinissable ( le Soi ) de s'incarner en humain c'est quand même pas rien mais plus encore, l'Indefinissable dit " je " et paf le corps et le monde de l'état de veille apparait aussi, c'est le réveil du matin. Et quand le Soi retire le " je " c'est le sommeil profond ou le rêve donc le Soi crée le monde tridimentionnel de l'état de veille avec l'ego, la simple conscience de "je".
      Alors oui on peut faire un travail sur l'ego pour ceux qui ne peuvent pas s'empêcher de faire quelque chose et sont incapables de rester tranquille...mais ça c'est le karma de ton mental, si ton mental es hyperactif par nature il va chercher à travailler etc...ce qui ne pose aucun problème, on peut bien mettre le mental en automatique et le laisser s'eclater, se faire peur et assouvir ses caprices.

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  13. Tu connais certainement le sophisme suivant: les chats aiment le lait, Socrate aime le lait, donc Socrate est un chat....
    Ton "donc le Soi crée le monde tridimentionnel de l'état de veille avec l'ego, la simple conscience de "je" me fait le même effet...
    Quand tu pars comme ça dans une compilation de tout ce que tu as entendu et lu, c'est pour moi vite fatiguant je t'avoue.
    Je rebondirais simplement sur le fait que justement, de tout temps le mental EST en automatique, et que c'est bien ça qui pose problème.
    Et en passant merci de ne pas déformer mes propos, si j'utilise "Indéfinissable " et non "Soi" c'est qu' il y a une raison.

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  14. Je rectifie une erreur de frappe, dans mon commentaire précédent il fallait bien sûr comprendre "L'égo est le passage pour découvrir que nous sommes plus QUE l'égo "

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  15. Le mental ou l'ego est peut être un problème pour toi mais pas pour moi, c'est une des différences entre toi et moi. Une autre différence est que tu te fatigues bien vite et que je ne vais pas perdre plus de temps à parler à quelqu'un qui baille et tu t'affales sur mes propos au lieu de rebondir comme un chat, c'est dommage ...

    Bonne chance pour la suite !

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