tag:blogger.com,1999:blog-16488193122645097482024-03-14T16:15:02.235-04:00La voie du rêveUn blogue dédié au travail du rêve et à la méditation, à la pleine conscience et surtout à la beauté de vivre.Jean Gagliardihttp://www.blogger.com/profile/08229714193935289206noreply@blogger.comBlogger162125tag:blogger.com,1999:blog-1648819312264509748.post-54957621487493807332024-03-12T11:17:00.011-04:002024-03-13T12:00:52.117-04:00Le piège de la technique
<span style="font-family: georgia;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiFCMsrOOgYUqVC2hSZfv5RK1JQBNKly-GbP8e-kud7xgf_UXB19E5xUGwWDkhlxHMunUdnmjS6UQZc4joa7r_GBcIEyaAdhdvhjrNXOcQYOHEChynj4qYuGnAM1Kdc0d3DHt5T0c-6IW6bt4ShmSXhOxpoLEGJwlFZIxuQlSZ3rJrWKDWH5J3b_IAx_OQ/s2000/chaplin1.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1000" data-original-width="2000" height="210" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiFCMsrOOgYUqVC2hSZfv5RK1JQBNKly-GbP8e-kud7xgf_UXB19E5xUGwWDkhlxHMunUdnmjS6UQZc4joa7r_GBcIEyaAdhdvhjrNXOcQYOHEChynj4qYuGnAM1Kdc0d3DHt5T0c-6IW6bt4ShmSXhOxpoLEGJwlFZIxuQlSZ3rJrWKDWH5J3b_IAx_OQ/w419-h210/chaplin1.jpg" width="419" /></a></div><br /><div style="text-align: justify;">ABSTRACT : <i>Au travers de l’analyse des points de convergence entre les approches de l’inconscient développées par Viktor Frankl et Carl Jung, nous mettrons ici en évidence combien il peut être indécent de faire de la psychologie analytique de Jung une "psychanalyse", fut-elle pimentée par des archétypes. Comme le faisait remarquer Michel Cazenave, « ce n’est pas par simple coquetterie d’auteur » que Jung s’est refusé pendant des dizaines d’années à employer ce terme de psychanalyse mais bien parce qu’y disparaissait l’originalité de sa recherche et de sa pensée. C’est cependant en constatant justement les limites de cette approche technicienne de la psyché, pur produit du réductionnisme qui a marqué le début du XX<sup>ème</sup> siècle, que nous ferons ressortir, grâce aux lumières apportées par l’analyse existentielle de Frankl, la nature spirituelle de l’inconscient. Mais admettons que se placer sous le parapluie de la psychanalyse ne soit pour nombre de jungiens qu’une question de vocabulaire et une façon de s’adapter à la doxa dominante tout en préservant la nature vivante de la relation au symbole. Au-delà de la discussion sémantique et théorique, il s’agit ici de montrer comment le travail avec ce fameux inconscient, et en particulier les rêves, ne saurait se réduire à une technique...</i></div><div style="text-align: justify;"><i><br /></i></div><div style="text-align: justify;"><i>Cet article s'inscrit dans la série de mes études sur l'<a href="https://voiedureve.blogspot.com/2023/08/accompagnement-psycho-spirituel-12.html" target="_blank">accompagnement psycho-spirituel</a>, à l'usage en particulier des étudiant.e.s en <a href="https://voiedureve.blogspot.com/p/formation-eir.html" target="_blank">Ecoute Intérieure des Rêves</a>, et de toute personne intéressée par le sujet du travail avec les rêves, l'imagination créatrice, l'inconscient, etc.</i></div></span><p></p><p style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiyUOJtOr-siNDeNyzcsZYmxbWX9qAVHYTAM0_wQjDXTAWXYaArYMYEA0h30NauQYzfNiar-a5zdxa1o8DzObV7UXBqrtUnmlIKzHPcwwvVzuZerwZHixbx6sjY8PfYYhx-Dxk63aL4C89VKHFLP1cVa1RVr2l0tOtCojPaHP8hCLxiznN5AYABIWGudd8/s1000/dieu%20inconscient.jpg" style="font-family: georgia; margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1000" data-original-width="646" height="349" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiyUOJtOr-siNDeNyzcsZYmxbWX9qAVHYTAM0_wQjDXTAWXYaArYMYEA0h30NauQYzfNiar-a5zdxa1o8DzObV7UXBqrtUnmlIKzHPcwwvVzuZerwZHixbx6sjY8PfYYhx-Dxk63aL4C89VKHFLP1cVa1RVr2l0tOtCojPaHP8hCLxiznN5AYABIWGudd8/w226-h349/dieu%20inconscient.jpg" width="226" /></a></p><span style="font-family: georgia;"><div style="text-align: justify;">J’ai lu récemment un petit livre passionnant intitulé <i>Le dieu inconscient</i>, de Viktor Frankl, le fondateur de l’analyse existentielle et de la logothérapie. L’apport de Frankl au champ de la psychothérapie est indéniable. Son histoire personnelle est l’exemple même de ce qu’il est convenu désormais d’appeler une résilience inspirante. Dès l’âge de 15 ans, il a correspondu avec Sigmund Freud dont il est devenu un des élèves. Jeune médecin psychiatre, il a dirigé le pavillon des femmes suicidaires de l’hôpital psychiatrique de Vienne et il a refusé d’exécuter les ordres donnés par les nazis d’euthanasier les malades. Il a été envoyé à Auschwitz puis en camp de travail, où il a constaté que c’était l’ancrage dans une vie intérieure, et non la force physique, qui permettait de survivre à l’horreur :</div></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« Face à l'absurde, les plus fragiles avaient développé une vie intérieure qui leur laissait une place pour garder l'espoir et questionner le sens. »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Il raconte dans son autobiographie comment lui-même était porté par le projet de publier un livre qu’il avait déjà écrit, et dont le manuscrit lui a été confisqué dans la chambre de désinfection du camp. Dans les conditions extrêmes de survie qu’il a traversé, il est resté fixé sur l’idée qu’il publierait ce livre, dont il a reconstitué l’essentiel pendant son internement, à la fin de la guerre. Il raconte cette traversée de l’Enfer dans son best-seller <i>Découvrir un sens à sa vie avec la logothérapie</i>. Il y écrit : </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« Rien au monde ne peut aider une personne à survivre aux pires conditions mieux que ne peut le faire sa raison de vivre. Nietzsche a raison quand il dit que celui qui a une raison de vivre peut endurer n’importe quelle épreuve, ou presque. Dans les camps de concentration nazis, les plus aptes à survivre étaient les prisonniers qui avaient un projet à réaliser après leur libération. »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitesEarFJVX_g8NcOHy92C5uiH8o7Y3Te0lAfZ9Duu5HnflJjefB4rBZ5gGMT30ZmcLS8pHycS3dQeDKMnkncm1_9_9gu8ikZwK28_MM0fJ5P10dHVTrvITu_d9say4CTfBFsB9Q1Mvqs9TWuLhYRsHruTLU9g8QjxWXHkPaWAUEow-FwEEIOxks1bB5I/s4032/livre-viktor-e-frankl.jpeg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="4032" data-original-width="3024" height="345" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitesEarFJVX_g8NcOHy92C5uiH8o7Y3Te0lAfZ9Duu5HnflJjefB4rBZ5gGMT30ZmcLS8pHycS3dQeDKMnkncm1_9_9gu8ikZwK28_MM0fJ5P10dHVTrvITu_d9say4CTfBFsB9Q1Mvqs9TWuLhYRsHruTLU9g8QjxWXHkPaWAUEow-FwEEIOxks1bB5I/w259-h345/livre-viktor-e-frankl.jpeg" width="259" /></a></span></div><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;">Cette expérience l’a amené à développer une approche psychothérapeutique centrée sur la recherche par l’individu du sens de sa vie dans une démarche holistique. Il a ainsi fondé la troisième école viennoise de psychothérapie focalisée sur le besoin de sens, alors que la psychanalyse freudienne était centrée sur le principe de plaisir et que celle d'Alfred Adler se cristallisait sur la volonté de puissance individuelle. Nous verrons qu’il méconnaissait dans une grande mesure les travaux de Jung, ce qui est bien dommage car ces deux grands esprits auraient sans doute eu beaucoup de choses à se dire…</div></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Dans <i>le dieu inconscient</i>, sous-titré « psychothérapie et religion », il avance et étaye fortement l’idée qui veut que l’inconscient, loin d’être seulement un ramassis de pulsions chaotiques menaçant toujours le conscient, est fondamentalement spirituel, c’est-à-dire concerné par la question du sens de l’existence. Il affirme dans la préface qu’« un homme qui a trouvé une réponse au sens de la vie est un homme profondément religieux ». Bien sûr, il se trouvera toujours des esprits chagrin pour confondre ce qui a trait à la religion et aux confessions religieuses, et qui préféreront que l’on parle ici de « spirituel » plutôt que de « religieux ». C’est attacher trop d’importance à une question de vocabulaire que de s’enferrer dans cette discussion. Nous pouvons en revenir quant à cela à la définition de Paul Tillich que Frankl cite à l’appui de son affirmation :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« Être religieux signifie s’interroger passionnément sur le sens de notre vie et être ouvert aux réponses, même si elles nous ébranlent en profondeur. »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">La réflexion de Frankl l’amène à proposer l’idée que, loin d’aller vers une religion universelle, au sens d’une croyance partagée par tous qui établirait le règne d’une confession qui aurait triomphé des autres ou les synthétiserait, nous allons « plutôt vers une religion personnelle – une religion profondément personnalisée, une religiosité qui permette à chacun de trouver son langage propre; son langage personnel, le langage qui n’appartient qu’à lui quand il s’adresse à Dieu. »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Cela n’exclue pas des rituels et des symboles communs, ajoute-t-il, de la même façon que l’humanité connaît une pluralité de langues dont beaucoup utilisent cependant le même alphabet. Laissons de côté, justement au motif de cette pluralité de langages, ce qu’il entend ici par « Dieu », ce serait nous enferrer dans une autre discussion sans issue que de prétendre le définir. Peut-être s’agit-il simplement de ce qui, précisément, donne sens à l’existence de l’homme religieux dont il était question plus haut. Et il faut mentionner qu’il indique Einstein comme un exemple de cet homme religieux, et non le pape ou quelque prêtre que ce soit. D’une façon fort intéressante, alors qu’il a publié ce texte en 1975, la sociologie des mouvements spirituels contemporains semble lui donner raison puisque l’on constate dans la multiplicité des propositions aujourd’hui accessibles sous le registre des « nouvelles spiritualités » – du yoga au chamanisme en passant par le tantra, la méditation, l’astrologie, etc – une forte cohérence en train de se dégager autour de la primeur de l’expérience individuelle et le refus de toute autorité. C’est cela même qui fait refuser le terme de religion perçu comme « une norme créée par quelqu’un d’autre pour vous » tandis que « la spiritualité est la religion créée par vous et pour vous. » Je renvoie les personnes intéressées par ce phénomène socio-spirituel aux travaux du journaliste Marc Bonomelli qui explore les nouvelles spiritualités pour <i>le Monde des Religions</i>, et au livre de Galen Watts, <i>The Spiritual Turn, The Religion of the Heart and the Making of Romantic Liberal Modernity</i> (Oxford University Press, 2022).</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Ce qui est encore plus frappant pour le jungien que je suis, c’est que Carl Jung est arrivé par d’autres voies aux mêmes conclusions. En fait, cette perspective de l’émergence d’une religion individuelle a traversé toute l’œuvre de Jung. Il en parle en particulier dans un échange avec Henri Corbin à propos de Friedrich Schleiermacher, un théologien du début du XIX<sup>ème</sup> siècle qui prônait une relation intime et strictement individuelle avec Dieu, et qui a été une grande source d’inspiration pour Jung. Il va jusqu’à dire dans une lettre à Corbin que toute l’atmosphère intellectuelle de sa famille paternelle était influencée par Schleiermacher, qui en était inconsciemment le <i>spiritus rector</i>, et que ce dernier a été pour lui un ancêtre spirituel. Schleiermacher introduit, bien avant les réflexions de Jung sur l’image de Dieu – seul objet d’intérêt du psychologue loin de la métaphysique – l'idée que la doctrine n'est pas une vérité révélée par Dieu, mais la formulation faite par des êtres humains de la conscience qu'ils ont de Dieu. Pour lui, le sentiment religieux n'est ni savoir ni morale, mais conscience intuitive et immédiate de l'infini. On pourrait dire : conscience vivante et toujours singulière de l’Infini...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgf_q5eZTpa-ZeA7jTY75i_sTHh2hU-mXvbPSHoRKpweDXqAY0Q0E0U6rDvApQcZZgBzYp-YzTOkQv_eYCww-GoQcuS3AxBkO98mP3MWS9Mzp3oiqmRV78DjRdRqsy0BKeJ8VHq_8A8DEvOYbBAgmqZOpQRmwzNbO9OVpS5uw45b2TiPqOIGTTslWrUkko/s800/Babel.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="602" data-original-width="800" height="275" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgf_q5eZTpa-ZeA7jTY75i_sTHh2hU-mXvbPSHoRKpweDXqAY0Q0E0U6rDvApQcZZgBzYp-YzTOkQv_eYCww-GoQcuS3AxBkO98mP3MWS9Mzp3oiqmRV78DjRdRqsy0BKeJ8VHq_8A8DEvOYbBAgmqZOpQRmwzNbO9OVpS5uw45b2TiPqOIGTTslWrUkko/w365-h275/Babel.jpg" width="365" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: x-small;">La tour de Babel - l'Œil (Dmitri Prigov) </span></td></tr></tbody></table><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;">Cette intuition de l’émergence d’une religion individuelle n’est pas le moindre des points de rencontre entre Jung et Frankl. Pour mettre en lumière comment leurs approches de l’inconscient convergent sans se confondre, mais peut-être en s’éclairant mutuellement, il faut nous intéresser à la critique sévère que Frankl a fait de la psychanalyse freudienne. Il démontre ainsi magistralement que :</div></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« La psychanalyse n’a pas seulement cultivé l’objectivité, elle en a aussi été victime. Cette objectivité a conduit en fin de compte à tout ériger en objet, à traiter en objet ce que nous appelons une personne. La psychanalyse considère le patient comme une entité régie par des mécanismes, et le médecin, dans cette perspective, est celui qui s’entend à manier ces mécanismes, qui possède la technique permettant de remettre en ordre ces mécanismes quand ils sont détraqués. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Quel cynisme derrière cette conception de la psychothérapie comme une psycho-technique ! Ou bien, si nous admettons de faire du médecin un technicien, cela ne veut-il pas dire que nous regardons le malade comme une machine ? Seul un homme-machine peut appeler un médecin technicien...»</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Ceux qui me connaissent bien comprendront que j’ai sursauté en lisant ces mots. Il n’est pas rare que je plaisante avec mes analysant.e.s en leur signalant que le travail que nous faisons n’a rien à voir avec l’intervention d’un garagiste sur une voiture. Cependant, c’est souvent ainsi qu’est abordée la psychothérapie : j’ai un problème docteur, que faut-il que je change en moi ? Une durite, ou le carburateur ? Cependant, cela ne marche pas ainsi. Mieux, des études ont montré que lorsque quelqu’un vient en psychothérapie avec une telle attitude, amenant son « problème » au thérapeute pour que celui-ci le règle sans sa participation active, cela ne donne rien de bon. Au-delà de la psychanalyse dont il est question ici, c’est l’ensemble du paradigme dans lequel nous nous trouvons qu’il est nécessaire de questionner là. James Hillman fait remarquer que la psychothérapie était, à l’époque de Freud et Jung, l’enfant naturel des humanités, mais qu’elle a très vite tendu, avec le neurologue Freud en particulier, à chercher à se couler dans le moule des sciences dures. Il y avait là une question de légitimité en regard de ce que les humanités avaient de subjectives. Et cette tendance s’est renforcée avec l’approche de la psychologie par les méthodes expérimentales, avec les neurosciences pour modèle, qui l’ont soumise à des critères d’objectivité, d’efficacité et de répétabilité des méthodes…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjUGqAfbo55h55dkZsBm2346rl8RROWwOKemukxAB6Ykmfp4OwOEfaR2nItRRZaLrFfHArhyphenhyphenucxwjfAFfpaz0fMQj95y3EnqSi4Idi9HHObI7-5Gs8-3LqXzuu2KDmrl5GkckIFilvnhbWgczJTUtu4MPvAacIy62lQgV2l4fibvxyFkBLmHOvgG-vC3nk/s832/Chaplin2.webp" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="609" data-original-width="832" height="257" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjUGqAfbo55h55dkZsBm2346rl8RROWwOKemukxAB6Ykmfp4OwOEfaR2nItRRZaLrFfHArhyphenhyphenucxwjfAFfpaz0fMQj95y3EnqSi4Idi9HHObI7-5Gs8-3LqXzuu2KDmrl5GkckIFilvnhbWgczJTUtu4MPvAacIy62lQgV2l4fibvxyFkBLmHOvgG-vC3nk/w352-h257/Chaplin2.webp" width="352" /></a></span></div><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;">Non que l’objectivité n’ait aucune valeur. Avec ces critères d’objectivité, d’efficacité et de répétabilité, nous sommes au cœur du paradigme scientifique fondé sur la recherche expérimentale et qui s’applique merveilleusement bien aux sciences naturelles. Et l’être humain a bien sûr une dimension physique et biologique auxquelles cette approche dite objective s’applique fort bien, mais lorsque nous en arrivons à la psyché, à la personne humaine et à son vécu, l’objectivité pure rencontre une limite. Cela va avec le fait, que souligne Jung, qui veut que l’être humain est toujours unique, et doit être rencontré dans son unicité. Je souligne le terme « rencontré » car il implique une relation. Quand l’être humain est considéré comme un objet, objectivé comme un ensemble de mécanismes psychiques qui seraient entièrement explicables, il n’y a plus de relation vivante. C’est cette approche de l’humain, dominante dans notre société depuis le début du XXème siècle, qui fait le lit des totalitarismes. Et aujourd’hui, à un moment où l’on privilégie surtout les « techniques thérapeutiques » brèves, avec pour objectif d’évacuer toute souffrance et de nous endormir dans la dictature du confortable bien-être, nous arrivons souvent ainsi dans une impasse qui ne s’attache qu’à traiter le symptôme et passe à côté de l’humain, c’est-à-dire – nous y reviendrons avec Frankl – de la dimension du sens.</div></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Von Franz, dans son analyse du conte « la jeune fille aux mains coupées », où un père meunier vend sa fille au diable pour s’enrichir, fait ressortir que le travail du meunier est régi par la mécanique, ce qui le rend susceptible de succomber au diable. En effet, c’est d’une certaine façon le premier capitaliste qui profite du travail des autres en fixant le prix du grain et en sacrifiant à une technique – les moulins ont toujours été le lieu de l’esclavage des hommes et des ânes. Elle souligne que c’est d’une certaine façon par la technique que le démon prend le pouvoir sur la vie des hommes en nous rappelant que le grec <i>mêchanê</i>, dont vient le mot « mécanique », signifie « artifice ». Elle donne l’exemple, pour illustrer ce que cela signifie sur le plan psychologique, d’une infirmière ou une mère « devenue une automate au sourire figé, qui apporte la soupe et donne les soins mais dont l’efficacité n’est plus qu’une habitude et une technique. » La jeune fille qui, dans le conte,</span><span style="font-family: georgia;"> </span><span style="font-family: georgia;">est</span><span style="font-family: georgia;"> sacrifiée au diable symbolise dès lors la capacité de relation humaine. Un thérapeute qui regarde son patient au travers d’une grille le réduisant à « une entité régie par des mécanismes » et qui applique aux symptômes de ce dernier une méthode, des techniques, visant à remettre en ordre ces mécanismes, n’est plus en relation avec l’humain qui vient le consulter. Jacques Ellul, un philosophe protestant qui s’est particulièrement intéressé au défi que la technique, tant matérielle qu’immatérielle, lance à notre temps, éclaire ce qui se passe là. Il montre que la technique, qui a toujours partie liée avec la rationalité et qui est fondée sur la recherche du moyen le plus efficace dans tous les domaines, manifeste toujours une volonté de puissance, de domination. Au début du <i>Système technicien</i> il écrit : « […] la Technique est puissance, faite d’instruments de puissance et produit par conséquent des phénomènes et des structures de puissance, ce qui veut dire de domination. » Il y a toujours, dans la recherche d’une technique efficace, l’idée sous-jacente de soumette la nature. Mais quand il s’agit de la nature humaine, c’est à notre âme que nous infligeons ainsi des mutilations...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjQwTuYz6I7gFDPy6RAncxKQ1VDls5GwrhCXDtgPZ7-2jx5v1hhLBLtpq_AmRCzLKBRrNSWjIyFGQrR7IV2_3byj7_tE7hOEhwuSlZz-WYR-rU-uMtkCE2L4t3hlL8TeL9CYeRLa-x-hEZLVVtQVfZPL6uJSNOk2vXJTjSV4OpWAVaR-0hCufuzgPBRlec/s1280/chaplin4.webp" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="720" data-original-width="1280" height="203" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjQwTuYz6I7gFDPy6RAncxKQ1VDls5GwrhCXDtgPZ7-2jx5v1hhLBLtpq_AmRCzLKBRrNSWjIyFGQrR7IV2_3byj7_tE7hOEhwuSlZz-WYR-rU-uMtkCE2L4t3hlL8TeL9CYeRLa-x-hEZLVVtQVfZPL6uJSNOk2vXJTjSV4OpWAVaR-0hCufuzgPBRlec/w361-h203/chaplin4.webp" width="361" /></a></span></div><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;">James Hillman, par ailleurs, met en cause le modèle médical dans lequel se situent encore Jung et Frankl : il n’est pas question de malade et de médecin, mais d’êtres humains aux prises avec la difficulté de vivre. Il s’agit donc même de sortir de l’autorité impliquée par ce modèle médical, et finalement de toute technique, pour rencontrer l’humain. Si cela s’applique en particulier à la psychothérapie, c’est essentiel à l’art du travail avec les rêves, matière vivante par excellence, qui reconduit toujours à l’unicité de l’individu. Et dans le contexte de l’accompagnement psycho-spirituel par les rêves, c’est jusqu’au modèle de la psychothérapie dont nous sortons pour ouvrir la porte à la relation avec un facteur transcendant dont Ellul nous dit qu’il est le seul antidote aux maux engendrés par l’esprit technicien dans sa recherche d’efficacité déshumanisante. Nous continuons à nous intéresser au soin de l’âme, mais dans le contexte de la vie de l’âme plutôt que celui du thérapeute traitant un problème. D’ailleurs, Jung nous le dit :</div></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« Nous ne devons pas essayer de nous "débarrasser" d'une névrose, mais plutôt chercher à expérimenter ce qu'elle signifie, ce qu'elle a à nous apprendre, quel est son but. Nous devrions même apprendre à en être reconnaissants, sinon nous passons à côté et manquons l'occasion d'apprendre à nous connaître tels que nous sommes vraiment. Une névrose ne disparaît vraiment que lorsqu'elle a éliminé la fausse attitude de l'ego. Nous ne guérissons pas la névrose, c'est elle qui nous guérit. Un homme est malade, mais la maladie est la tentative de la nature de le guérir. »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Il ajoute, à quelques années-lumière de la psychanalyse freudienne :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« Une technique est toujours un mécanisme sans âme, et celui qui prend la psychothérapie pour une technique et la vante comme telle risque, à tout le moins, de commettre une faute impardonnable. Un médecin consciencieux doit pouvoir douter de toutes ses compétences et de toutes ses théories, sinon il se laisse abuser par un système. Mais tout système est synonyme de bigoterie et d'inhumanité. La névrose - n'en doutons pas - peut être beaucoup de choses, mais jamais un "rien que". C'est l'agonie d'une âme humaine dans toute sa vaste complexité - si vaste, en effet, que toute théorie de la névrose ne vaut guère mieux qu'une esquisse sans valeur, à moins qu'il ne s'agisse d'une image gigantesque de la psyché que même une centaine de Faust ne pourraient concevoir. »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiAJl0qU8lGy57SmvWyNibVvzLZ6r-K_lncTvpoMSgLCmSfs2rTFAzetNjuJay80GqeFlmC_peY6_8TUTre3zplsKxHP-zWdnJRBnCxELl1dtKfPNBCD02mU4A4tldU4EVhyphenhyphenfQd6Qt2nqgFsZsPhswpLckInXuwtLOZNZw8XRM4aCJPcVyIfCQy-Jlnyy4/s1200/microcosmos.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1148" data-original-width="1200" height="306" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiAJl0qU8lGy57SmvWyNibVvzLZ6r-K_lncTvpoMSgLCmSfs2rTFAzetNjuJay80GqeFlmC_peY6_8TUTre3zplsKxHP-zWdnJRBnCxELl1dtKfPNBCD02mU4A4tldU4EVhyphenhyphenfQd6Qt2nqgFsZsPhswpLckInXuwtLOZNZw8XRM4aCJPcVyIfCQy-Jlnyy4/s320/microcosmos.jpg" width="320" /></a></span></div><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;">Poursuivant son analyse sans merci, Frankl montre que la psychanalyse est « un pur produit du réductionnisme, cette idéologie de la fin du XIX<sup>ème</sup> siècle et du début du XX<sup>ème</sup> siècle ». Il l’inscrit dans le prolongement des idées défendues au siècle des Lumières par Julien Offray de la Mettrie qui a écrit <i>l’Homme machine</i>, qui prolongeait lui-même la conception purement matérialiste et mécaniste de l’animal que proposait Descartes. Ce point est d’importance quand on voit que nous sommes encore enfermés dans le dualisme corps-psyché – cette dernière étant réduite à tout sauf une âme capable de transcendance – que Descartes a énoncé. Or Frankl, qui sait ce qu’il dit pour avoir fréquenté de près Freud et son école, nous dit que « pour la psychanalyse, la totalité de l’homme n’est qu’un agrégat d’atomes, un composé de particules séparées, de diverses pulsions (…). Ainsi le spirituel, la personne humaine, le tout qu’elle constitue se trouve d’une certaine façon détruit. La psychanalyse dépersonnalise littéralement l’être humain. »</div></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Quand on connaît l’importance que Jung accorde à la totalité de l’être humain, dont la réalisation consciente constitue le but du processus d’individuation, on ne peut qu’être frappé par la concordance des pensées. Et il importe ici de souligner que si la psychanalyse en tant que système idéologique est ici démontée, il ne faudrait pas pour autant tomber dans le réductionnisme qui conduirait à condamner tous les psychanalystes et toutes les pratiques psychanalytiques. Je soulignerais simplement par exemple comment Françoise Dolto, toute psychanalyste qu’elle était, s’est toujours tenue du côté de l’humain. Mais ce qui nous intéresse ici, c’est de faire ressortir en quoi l’analyse existentielle de Frankl et la psychologie analytique de Jung diffèrent de ce cadre théorique mécaniste. Frankl nous dit encore : « La psychanalyse détruit ainsi la personne humaine, sa globalité et son unicité, et finalement se retrouve devant la tâche délicate de la reconstruire à partir de pièces et de morceaux. » Ces mots résonnent de façon extraordinaire avec ce que nous dit l’Ange des <i>Dialogues avec l’Ange</i> :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><i>(Entretien 17 du 15 octobre 1943</i>) Lili interroge :</span></p>
<blockquote style="border: none; margin: 0px 0px 0px 40px; padding: 0px; text-align: left;"><p style="text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia;">L. La psychanalyse me gêne tellement. Qu’y a-t-il de faux en elle ?</span></i><br /><i><span style="font-family: georgia;">(A Budapest, on pratiquait la psychanalyse freudienne)</span></i><br /><i><span style="font-family: georgia;">Je sens ce quelque chose de faux, mais je ne peux pas dire pourquoi.</span></i></p><p style="text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia;">- Elle démonte, mais ne peut pas remonter.</span></i><br /><i><span style="font-family: georgia;">C’est cela qui te trouble. Démonter est facile.</span></i></p><p style="text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia;">L. Ceux qui le comprennent mieux que moi m’assurent que la psychanalyse reconstruit.</span></i></p><p style="text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia;">- Oui, ils reconstruisent, mais comme les enfants</span></i><br /><i><span style="font-family: georgia;">le font sans raison avec leur jeu de cubes.</span></i><br /><i><span style="font-family: georgia;">Ils jouent avec la tâche la plus sacrée.</span></i><br /><i><span style="font-family: georgia;">Ils sont plus coupables que tous les autres,</span></i><br /><i><span style="font-family: georgia;">Car ils trompent ceux qui leur font confiance.</span></i><br /><i><span style="font-family: georgia;">Ils déchirent le vivant,</span></i><br /><i><span style="font-family: georgia;">Celui qui est en train de prendre forme</span></i><br /><i><span style="font-family: georgia;">Et ils le pétrissent, ils l’écrasent.</span></i><br /><i><span style="font-family: georgia;">C’est partout ainsi.</span></i><br /><i><span style="font-family: georgia;">Ils collent ensemble les débris tombés, déchiquetés, morts.</span></i></p></blockquote>
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Voilà bien ce qui arrive quand on réduit l’humain à une mécanique pulsionnelle objectivable. Il ne reste que des fragments épars, désertés par le vivant. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgOrrMZIstQ1JqrMOkiJNEpqV608GkKpxYxjWnPBondI4t5fnPXj5L8O_pUoCtFNEHO54Qai5gc5yzglB2DOy88A8uZ3thV-s0i4hljTq_JrYV5jpHi7GHnt82sPdtunihnuMPyeMR4E5VSW7zZekKJZ3z-CBlr6Xd8P1PXjsvHYUWbEKiALHvA7nc_HOk/s1000/fragmented.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1000" data-original-width="1000" height="340" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgOrrMZIstQ1JqrMOkiJNEpqV608GkKpxYxjWnPBondI4t5fnPXj5L8O_pUoCtFNEHO54Qai5gc5yzglB2DOy88A8uZ3thV-s0i4hljTq_JrYV5jpHi7GHnt82sPdtunihnuMPyeMR4E5VSW7zZekKJZ3z-CBlr6Xd8P1PXjsvHYUWbEKiALHvA7nc_HOk/w340-h340/fragmented.jpg" width="340" /></a></span></div><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;">Frankl fait ressortir l’originalité de l’analyse existentielle en posant que « la psychanalyse interprète d’emblée le fait d’être homme comme le fait d’être déterminé. » On pourrait ajouter qu’elle ne s’intéresse, comme bien souvent la psychologie inscrite dans la doxa dominante à notre époque, qu’à l’horizontalité de l’humain, son historique, la dimension personnelle et le « problème » auquel il faut apporter une « solution », ce qui justifie la technique efficace, la méthode maîtrisée par la conscience. Or, « en lieu et place de la mécanique d’une entité spirituelle, l’analyse existentielle discerne l’autonomie de l’existence spirituelle. » Elle fait ressortir pour sa part « la vertu du sentiment de responsabilité. En effet, elle comprend l’homme, au plus profond de son être, comme un être responsable, elle se comprend elles-même comme une analyse centrée sur la responsabilité. (…) Ainsi la responsabilité est bien, pour l’analyse existentielle, le caractère fondamental de l’existence humaine. » </div></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je ferais bien volontiers ressortir cette phrase – <b>la responsabilité est (…) le caractère fondamental de l’existence humaine</b> – au stabilo jaune fluo clignotant pour attirer l’attention sur son importance. La responsabilité est bien au cœur de la vision de la psychothérapie que nous propose Jung mais ne ressort peut-être pas assez clairement de l’enseignement de sa psychologie. Les jungiens aussi sont portés à chercher des explications dans la dimension historique et personnelle, ou encore dans les archétypes, en négligeant souvent la dimension de responsabilité de la conscience devant ces dimensions. Or si la guérison recherchée est bien une réconciliation dans l’unité de l’être avec toute l’existence, elle passe nécessairement par une prise de responsabilité de celle-ci. C’est là d’ailleurs qu’il faut entendre ce mot « responsabilité » non pas comme un avatar de la culpabilité, mais comme la capacité à répondre (<i>response able</i>). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Mais avant de montrer comment Jung met la responsabilité au cœur de sa façon d’envisager la psychothérapie, je ne résiste pas au plaisir de vous citer ces mots de Frankl qui font ressortir son génie :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« Ce n’est pas l’homme, disions-nous, qui pose la question du sens de la vie, c’est bien plutôt la vie qui interroge, en sorte que c’est à l’homme de répondre aux différentes questions que la vie lui pose, et toute réponse est toujours une réponse en acte. L’action seule peut être une vraie réponse aux questions de l’existence. Répondre à ces questions revient à répondre de notre existence. Le « oui » à la vie ne peut être notre « oui » que dans la mesure où c’est le « oui » à une vie dont nous devons répondre. »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Or Jung dit quelque chose de tout à fait similaire. Pour lui, l’existence consiste dans une grande mesure en répondre à la question posée par le Soi.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« En analyse existentielle, ce n’est pas la pulsion mais la vie spirituelle qui est appelée à devenir consciente. (…) Son but ultime est d’amener l’homme (et particulièrement le névrosé) à prendre conscience de sa responsabilité devant la vie ».</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Cherchant à mettre en lumière l’importance de la responsabilité dans un échange avec des étudiants, Jung raconte qu’un jeune homme en proie à une névrose compulsive est venu le voir avec un manuscrit de 140 pages retraçant une analyse freudienne complète de son cas. Celle-ci était entièrement selon les règles de l’art, elle aurait pu être publiée dans le Jahrbuch. Il demanda à Jung de la lire et de lui dire pourquoi il n’était pas guéri alors qu’il avait fait une psychanalyse complète. Au cours de leur échange, il est ressorti que ce jeune homme se faisait entretenir par une femme amoureuse de lui, une enseignante dans une école élémentaire au maigre salaire dont il prenait l’argent sans scrupule. Il exploitait l’amour qu’elle lui portait comme un proxénète dépourvu de conscience. Pour Jung, la cause de sa névrose était claire. Il lui a dit que c’était « une compensation et une punition pour une attitude immorale », et il a ajouté au profit de ses étudiants qu’il méritait sa névrose de compulsion et serait aux prises avec elle jusqu’à la fin de ses jours s’il continuait à se comporter comme un porc. Le commentaire de Jung, au-delà du moralisme que le jeune homme vexé lui a renvoyé à la figure, mettait en lumière que la psychanalyse ne pouvait le guérir sans faire ressortir sa responsabilité. Ici, Frankl ajoute qu’en « stricte opposition à la théorie psychanalytique, être spécifiquement et essentiellement un être humain, c’est ne pas être déterminé par des pulsions, c’est nien plutôt (…) « décider ce que l’on choisira d’être » ». </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCOi-baxMOAEKAyXKBw_0TyRMaH6NfBNJnkJvG2CIkW5wmYoCc-Vh2_L6Lt2NKXWXg5nnnFdROgBVISu5zGfFB0dkYwBtiqlusj4lfozSFjUkYHJLGMRB-vqs25xRC4gMSjG2igYKuwzxYGpT3PGyg0yAfTRVifYFA27O5Qnt0p3jlUQDAFvj9HTmiAPo/s1000/cerveau-d-un-empathe.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="750" data-original-width="1000" height="264" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCOi-baxMOAEKAyXKBw_0TyRMaH6NfBNJnkJvG2CIkW5wmYoCc-Vh2_L6Lt2NKXWXg5nnnFdROgBVISu5zGfFB0dkYwBtiqlusj4lfozSFjUkYHJLGMRB-vqs25xRC4gMSjG2igYKuwzxYGpT3PGyg0yAfTRVifYFA27O5Qnt0p3jlUQDAFvj9HTmiAPo/w351-h264/cerveau-d-un-empathe.jpg" width="351" /></a></span></div><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;">A partir de là, Frankl fait ressortir la nécessité de considérer ce qu’il appelle un « inconscient spirituel ». Il explique : « l’inconscient ne comprend pas seulement un aspect pulsionnel, il inclut aussi une dimension spirituelle. » Et de façon remarquable, il sort par le haut du dualisme corps-psyché en soulignant que la totalité humaine est physique, psychique et spirituelle. « Nous ne saurions trop souligner que cette totalité trinitaire fait, seule, l’homme total ». Pour illustrer cette notion de l’inconscient spirituel, il s’intéresse tour particulièrement à une analyse existentielle de la conscience morale, celle-là même qui était à l’origine de la compulsion du jeune homme dont il est question plus haut. Il montre que cette conscience morale se révèle « être une fonction essentiellement intuitive » antérieure à toute morale explicite. En effet « l’ethos est en fait un phénomène irrationnel, rationalisable seulement après coup, » qu’il compare à l’éros, autre phénomène irrationnel, également intuitif. La conscience dont il parle ici est « quelque chose d’absolument individuel, d’un devoir être individuel que ne pourrait désigner aucune loi générale, aucune loi morale formulée en principe général (…). C’est au contraire une loi individuelle. » Il nous parle à partir de là d’un « instinct éthique » qui s’affirme justement dans le fait qu’il ne vise pas le général mais toujours uniquement l’individuel. »</div></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Relevons au passage comment les idées formulées ici par Frankl pourraient servir de base à un solide anarchisme individualiste. Il présente dans son livre le dieu inconscient un ensemble de rêves fort intéressants, et qu’il interprète d’une façon que Jung n’aurait pas reniée. Il fait ressortir sans le dire en tant que tel que « l’instinct éthique » dont il parle a quelque chose à voir avec « l’instinct spirituel » qui intéresse les jungiens. Malheureusement, quand il en vient à parler de Jung, il fait preuve d’une profonde méconnaissance de ses idées. Ainsi lui reproche-t-il d’avoir « chosifié en "Ça" la religiosité inconsciente », c’est-à-dire qu’il assimile le Soi jungien au Ça freudien, ce qui est une énorme erreur. Le Soi n’est pas un chaos de pulsions, bien au contraire – c’est un principe ordonnateur de l’ensemble de la psyché. Il croit que Jung évacue la responsabilité du moi en faisant de sa spiritualité quelque chose qui est déterminé par des éléments archaïques, toujours collectifs, du fait de l’importance accordée par Jung aux archétypes. Il ignore visiblement qu’en face de l’inconscient collectif, il faut qu’il y ait un individu, une conscience individuelle, qui prend ses responsabilités pour que le processus d’individuation ait lieu. De façon assez risible, il attaque la notion d’instinct spirituel mis en avant par certains jungiens en oubliant qu’il a lui-même parlé d’un instinct éthique pour décrire l’émergence du Soi en tant que conscience morale. C’est dommage, car encore une fois, nous aurions eu tout à gagner que ces deux grands esprits qu’était Jung et Frankl discutent, mais il n’est pas trop tard, en ce qui nous concerne, pour voir comment convergent analyse existentielle centrée sur la dimension du sens de la vie et psychologie des profondeurs jungiennes, qui n’a encore une fois rien à voir avec la psychanalyse telle que l’entendait Frankl. Pour mettre encore en valeur la convergence entre ces approches du mystère au cœur de l’humain, je citerai enfin un passage remarquable de l’écrit de ce dernier où il dit :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« En réalité, Dieu n’est pas une image du père, mais le père est une image de Dieu. Pour nous, le père n’est pas le prototype de toute divinité, mais c’est bien plutôt le contraire qui est vrai. Dieu est le prototype de toute paternité. C’est seulement d’un point de vue ontogénétique, biologique, biographique que le père est premier. Mais ontologiquement, c’est Dieu qui est premier. »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Évitons l’écueil encore une fois de la théologie, et de discuter de ce que Frankl entend par « Dieu », et remplaçons éventuellement ce mot par « Soi », au sens jungien, en admettant que ce dernier n’est jamais qu’un archétype renvoyant à une dimension transcendante au cœur de la psyché, et nous avons là du pur Jung, qui insistait sur le fait que l’archétype du père précède l’expérience du père. Et le Soi lui-même est l’archétype dont procèdent tous les archétypes en tant que modalités relationnelles avec le mystère auquel il renvoie.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh6c332lDAchForWtluJfWkPqSBiauRzAh7M86S8CzSjJ8EDhlOMzEjqSC6kYkQV9_UsJeIB-14_IchXRg-PIAAue1JzOz1bDv0ei7x_OnT6Mp-vbPTCgv1jTvMlPd7BxE-N6OJSbl4ixg9zvK57Ow_TvSlpEAvTDjtScVGOaQMIRNbY4G8oqlxs6O5ypc/s1820/Galaxie.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="948" data-original-width="1820" height="241" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh6c332lDAchForWtluJfWkPqSBiauRzAh7M86S8CzSjJ8EDhlOMzEjqSC6kYkQV9_UsJeIB-14_IchXRg-PIAAue1JzOz1bDv0ei7x_OnT6Mp-vbPTCgv1jTvMlPd7BxE-N6OJSbl4ixg9zvK57Ow_TvSlpEAvTDjtScVGOaQMIRNbY4G8oqlxs6O5ypc/w462-h241/Galaxie.jpg" width="462" /></a></span></div><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;">Ces discussions, pour théoriques qu’elles peuvent sembler, conduisent à d’importantes conclusions pratiques dans la relation avec l’inconscient en particulier au travers des rêves et de l’imagination active. Bien sûr, nous ne saurions nous passer intégralement de tout modèle conceptuel de la psyché mais nous devons garder à l’esprit que tout modèle que nous utilisons n’est jamais qu’un moyen d’entrer en relation avec la psyché vivante. Le conscient et l’inconscient ne sont pas des objets, non plus que l’ombre, l’anima et l’animus, le Soi. Ce sont des modalités du vivant qui ne se laissent pas enfermer dans des concepts, ou objectiver sans qu’on les réduise à l’état de cadavres. Une rêveuse m’a confié qu’un jour, l’ombre lui a parlé dans un de ses rêves en lui disant de se souvenir qu’elle est une réalité vivante. Nous devons avoir la réserve qu’a tout scientifique devant un modèle qu’il utilise pour appréhender une réalité mystérieuse – il sait que ce modèle est toujours provisoire, pourra être remis en question par une expérience qui révélera un nouvel aspect de cette réalité. Sinon, ce n’est plus de la science mais de la bigoterie, pour reprendre le terme employé par Jung. Et dès lors, il est inévitable que nous ayons des méthodes, des techniques et des protocoles dans notre façon d’appréhender les rêves, ou d’aborder l’inconscient, par exemple avec l’hypnose ou l’imagination active, mais nous devons garder à l’esprit que l’essentiel n’est pas là, mais dans la relation que nous établissons ainsi avec la psyché vivante. </div></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">L’écoute n’est pas une technique. L’amour, la bienveillance, ne sont pas une méthode, une technique. L’imagination créatrice n’est pas une technique, et ne relève pas d’une méthode. La relation avec l’être humain dans sa quête de sens, qui seul peut le sauver, n’a rien à voir avec la technique, et celle-ci serait plutôt un piège quand on aborde l’humain. Car elle déshumanise. Nous devons toujours nous garder, dans la relation avec l’inconscient, de toute volonté de puissance, et donc de tout projet, de toute certitude, de toute volonté d’aller quelque part. Alors, nous ouvrons la porte à un facteur impossible à décrire et à contrôler, que l’on qualifiera volontiers de transcendant. Jung en parlait quand il disait : </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« Ce qui m’intéresse avant tout dans mon travail n’est pas de traiter les névroses mais de me rapprocher du numineux. Il n’en est pas moins vrai que l’accès au numineux est la seule véritable thérapie et que, pour autant qu’on atteigne les expériences numineuses, on est délivré de la malédiction que représente la maladie. La maladie elle-même revêt un caractère numineux... »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">De grâce, ne travestissons donc pas ce travail en en faisant une "psychanalyse", fut-elle symbolique, archétypale ou imaginale. Les mots désignent des choses précises, et nous n’avons rien à gagner à brouiller les frontières qu’ils dessinent, sinon de mettre ainsi en évidence la confusion qui règne dans les esprits.</span></p><span style="font-family: georgia;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgY18a-uJ-gDkxwZyTj0o81AXH4cWSXB4za1WU77gb_e7gzE4lSjgw7f4OrdLhonv2FzowHXBpTnbHBhkR5wNGH2SzIGO2GkSMAdbJdaFanzYIrpD8an6EkSrd8rqykEoFqhbrrax4fS5cM0AWigx5mcSj9LNvlCS-dZ_K4q6jOkis3WpOHx3bFyfI75oA/s400/Rilke.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="400" data-original-width="281" height="363" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgY18a-uJ-gDkxwZyTj0o81AXH4cWSXB4za1WU77gb_e7gzE4lSjgw7f4OrdLhonv2FzowHXBpTnbHBhkR5wNGH2SzIGO2GkSMAdbJdaFanzYIrpD8an6EkSrd8rqykEoFqhbrrax4fS5cM0AWigx5mcSj9LNvlCS-dZ_K4q6jOkis3WpOHx3bFyfI75oA/w255-h363/Rilke.jpg" width="255" /></a></div><br /><div style="text-align: justify;">En conclusion, je rappellerai les mots du poète Rainer Maria Rilke, qui me sont revenus fort opportunément sous les yeux alors que je rédigeais cet article, et qui nous donnent une idée claire de la direction dans laquelle marcher :</div></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« Soyez patient en face de tout ce qui n'est pas résolu dans votre cœur. Efforcez-vous d'aimer vos questions elles-mêmes, chacune comme une pièce qui serait fermée, comme un livre écrit dans une langue étrangère. Ne cherchez pas pour l'instant des réponses qui ne peuvent vous être apportées, parce que vous ne sauriez pas les mettre en pratique, les "vivre". Et il s'agit précisément de tout vivre. Ne vivez pour l'instant que vos questions. Peut-être simplement en les vivant, finirez-vous par entrer insensiblement, un jour, dans les réponses. (…) Peut-être tous les dragons de notre vie sont-ils des princesses qui n’attendent que le moment de nous voir agir un jour, juste une fois, avec beauté et courage. Peut-être que toutes les choses qui nous font peur sont au fond des choses laissées sans secours qui attendent notre amour. Pensez qu’il se produit quelque chose en vous, que la vie ne vous a pas oublié, qu’elle vous tient dans sa main ; elle ne vous abandonnera pas. Pourquoi voulez-vous exclure de votre vie toute inquiétude, toute souffrance, toute mélancolie alors que vous ignorez leur travail en vous. »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Le dernier mot reviendra cependant à Viktor Frankl qui nous livre le grand secret du travail avec l’âme, auquel aucune technique ne donnera accès, quand il écrit, dans son récit de sa traversée de l’enfer :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« J’avais enfin découvert la vérité, la vérité telle qu’elle est proclamée dans les chants des poètes et dans les sages paroles des philosophes : l’amour est le plus grand bien auquel l’être humain peut aspirer. Je comprenais enfin le sens de ce grand secret de la poésie et de la pensée humaine : l’être humain trouve son salut à travers et dans l’amour. Je me rendais compte qu’un homme à qui il ne reste rien peut trouver le bonheur, même pour de brefs instants, en contemplant l’image de sa bien-aimée. Pour la première fois, je comprenais le sens de cette parole : </span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">"les anges sont perdus dans l’éternelle contemplation d’une gloire infinie". »</span></p><p style="text-align: center;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg98pz_ZWbgvfpJkpDZ7-4g6HDhlV6JJBWnjLypng2wlzifhqHQZJd8eYvXKvDuVB2LZEnSIx9lJc37YFsb2qGIBxIrGr0DQjGMCV48-UkIHDubHAOBABPVhogIm6FGUHSmHU2iaQDwMJCvbSnSV9EPwaKcA6kpU-G67WX84cYtF5eE_cNd0KX30T3USdI/s1024/ange-soleil-crepuscule-statue-1024x685.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="685" data-original-width="1024" height="255" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg98pz_ZWbgvfpJkpDZ7-4g6HDhlV6JJBWnjLypng2wlzifhqHQZJd8eYvXKvDuVB2LZEnSIx9lJc37YFsb2qGIBxIrGr0DQjGMCV48-UkIHDubHAOBABPVhogIm6FGUHSmHU2iaQDwMJCvbSnSV9EPwaKcA6kpU-G67WX84cYtF5eE_cNd0KX30T3USdI/w381-h255/ange-soleil-crepuscule-statue-1024x685.jpg" width="381" /></a></div><br /><span style="font-family: georgia;"><br /></span><p></p>Jean Gagliardihttp://www.blogger.com/profile/08229714193935289206noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-1648819312264509748.post-43260512371505032802024-02-20T12:14:00.010-05:002024-02-21T09:00:45.456-05:00Tour qui penche<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj1Z1Z8cna6cep9-FXbMLPuk2eCcWhLWzMdR2L90U9dAHM2MxRuXSSvnHnQcIhHr0UANnVgpfXKFkVJ5pTy1sv1u2qttj_ySDL1kai5SpWxhHlZbKBr7zSBXXOZ4BSfmG3JzV9ienHA6ECN-N1wcDahHrIli0XJXNyy1rJMPeALfuOXh3gET3JncoQxXrE/s1330/Friedda%20Harris%20-%20The%20Tower.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1330" data-original-width="894" height="439" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj1Z1Z8cna6cep9-FXbMLPuk2eCcWhLWzMdR2L90U9dAHM2MxRuXSSvnHnQcIhHr0UANnVgpfXKFkVJ5pTy1sv1u2qttj_ySDL1kai5SpWxhHlZbKBr7zSBXXOZ4BSfmG3JzV9ienHA6ECN-N1wcDahHrIli0XJXNyy1rJMPeALfuOXh3gET3JncoQxXrE/w295-h439/Friedda%20Harris%20-%20The%20Tower.jpg" width="295" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: x-small;">Frieda Harris - the Tower</span></td></tr></tbody></table><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;">Je vais vous raconter aujourd’hui, à l’usage de nos étudiant.e.s en EIR et de toutes les personnes intéressées par le travail avec les rêves et l’imagination active, une écoute intérieure que je considère comme exemplaire. Nous y verrons plusieurs aspects du processus, avec en particulier le défi de travailler avec plusieurs rêves dans une même session tout en respectant le cadre temporel, ce qui met souvent en difficulté les praticien.ne.s. C’est un travail selon moi exemplaire en ce qu’il montre comment la psyché continue à processer un deuil après de nombreuses années, et ramène naturellement à la vie, à la liberté et à l’amour. J’espère mettre en évidence comment le rêve est spontanément thérapeutique. Il suffit de l’écouter et de laisser parler l’imagination créatrice !</div></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">La rêveuse est une femme dans la cinquantaine. Dans les jours qui ont précédé la rencontre, un incident est venu lui rappeler la façon dont son mari est décédé une quinzaine d’années auparavant. Elle a dans la même semaine reçu trois rêves. Elle ne sait pas bien lequel privilégier pour notre séance. Je l’ai alors invitée à me raconter les trois rêves, et nous verrions bien. Les voici :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><b>Rêve 1</b> : M<i>on compagnon actuel vient de faire une chute de vélo. Sa tête a heurté l’angle d’un trottoir et elle est ouverte, on en voit le squelette, une orbite…</i></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><b>Rêve 2</b> : <i>Je suis dans un appartement tout en haut d’une tour. Il y a beaucoup de gens dans cet appartement, dont certaines personnes sur des canapés en train de parler. C’est un moment social, une fête. Quelqu’un monte les escaliers de la tour à toute vitesse pour venir prévenir la rêveuse : la tour va s’effondrer. En effet, elle repose sur 4 pylônes or l’un d’eux est en train de s’affaisser. L’alerte est donnée. La tour penche mais s’arrête en déséquilibre. La rêveuse se demande ce qu’elle peut faire. Elle est aux prises avec la certitude de ce qu’ils vont tous mourir…</i></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><b>Rêve 3</b> : <i>Je me rends compte qu’à certains moments, je suis dans un corps d’adulte, et à d’autres moments, je suis dans un corps d’enfant, tout petit, de moins d’un an. C’est une découverte incroyable, cela se matérialise : je suis les deux.</i></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Avant d’entrer dans l’écoute intérieure proprement dite, j’ai interrogé la rêveuse sur ce qu’elle ressentait au contact des images du premier rêve. Il y avait là en effet quelque chose de traumatique qui réclamait d’être accueilli immédiatement. Elle m’a dit en effet que c’était une image terrorisante. Elle avait la gorge serrée et pouvait identifier clairement un fond d’inquiétude. Nous n’avons pas élaboré ce ressenti plus que cela à ce point – dans une approche thérapeutique classique, nous aurions pu nous en servir comme d’un point d’entrée en considérant que nous devions travailler cette angoisse. Pour ma part, ce qui m’importait était d’offrir un espace d’expression immédiate à celle-ci, qu’elle soit simplement accueillie sans que l’on en fasse un « problème » – elle me semblait tout à fait naturelle compte tenu de l’image et de l’arrière-plan évoqué par la rêveuse. Et c’était aussi l’occasion de vérifier que, malgré la charge d’angoisse soulevée par l’image et, auparavant, par le rappel du décès de son mari, la rêveuse était en contact avec ses ressentis, en particulier corporels. Elle aurait pu en être dissociée, auquel cas l’approche du rêve aurait réclamé de grandes précautions. Mais là, le simple fait qu’elle puisse nommer son inquiétude et le fait qu’elle avait la gorge serrée me laissait savoir que l’angoisse elle-même était prête à entrer en travail, à emmener la rêveuse plus loin. Et dès lors, nous n’avions pas besoin d’en faire un objet de thérapie, mais nous pouvions simplement faire confiance au processus du rêve...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">A partir de là, nous sommes entrés dans l’écoute intérieure. J’ai proposé à la rêveuse que nous allions visiter les 3 rêves en considérant qu’ils étaient liés et qu’ils s’éclaireraient probablement les uns les autres. L’écoute intérieure nous donne une grande liberté : nous ne sommes pas obligés de commencer par le début. Nous pouvons faire des allers et retours dans un ou plusieurs rêves en allant d’un point saillant à un autre. Nous ne sommes pas contraints par une logique ou une stratégie pré-définies. Il s’agit plutôt, pour la personne qui facilite, de se mettre à l’écoute elle aussi des images pour observer quelles sont celles qui appellent. Ici, il me paraissait évident que nous n’aborderions pas d’emblée le premier rêve, la charge traumatique qui lui était associée étant clairement identifiée. Le troisième rêve amenait aussi un élément extrêmement important mais il fallait sans doute que nous ayons fait déjà un bout de chemin pour en tirer vraiment parti. La « logique des rêves » nous amenait donc à l’évidence à commencer par aborder le second rêve qui présentait l’avantage aussi d’être fortement symbolique, et donc potentiellement riche de significations inconscientes.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">J’ai déjà parlé ailleurs (voir mon article <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2023/03/naufrages.html" target="_blank">Naufrages</a>) du cadre symbolique de la « maison du rêve ». Dans l’écoute intérieure d’images de rêve, nous mettons généralement en place, au travers de cette métaphore, un espace sécuritaire pour rencontrer l’inconscient associé au rêve, borné par un seuil d’entrée – la porte de la maison – et un seuil de sortie – une autre porte. Quand les rêveurs sont habitués à glisser dans une imagination active et qu’on a pu vérifier qu’ils en ressortent aussi facilement, et qu’ils ont donc un bon contact avec la réalité matérielle (je dis « matérielle », pour la distinguer de la réalité psychique, tout aussi "réelle"), on peut se permettre d’entrer directement dans l’écoute intérieure d’une image de rêve. D’ailleurs, les rêveurs le font souvent par eux-mêmes : on le voit au fait qu’au lieu de spéculer intellectuellement sur ce que signifie un symbole, ils nomment immédiatement le ressenti associé à l’image et lui donnent la parole, la laisse s’exprimer. Mais dans les premières plongées en écoute intérieure, mais aussi, quel que soit le degré d’expérience, si le rêve semble conduire à aborder des éléments traumatiques, il faut proposer le cadre contenant de la maison du rêve (ou un autre, à la guise de la personne qui facilite, à condition que la métaphore délimite clairement des seuils d’entrée et de sortie) à l’inconscient. C’est une façon de lui offrir un espace de jeu dans lequel il pourra se déployer sans risque pour la personne.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Après un temps de retour à soi, c’est-à-dire de reprise de contact avec ses ressentis dans l’instant présent – strictement nécessaire quand le récit des images de rêves et la discussion qui l’a accompagné a déjà soulevé beaucoup d’idées – j’ai proposé à la rêveuse de se présenter devant la porte de la maison du rêve, et je lui ai demandé de me décrire celle-ci. C’est une façon d’activer l’imagination. La rêveuse m’a alors parlé d’un escalier qui débouchait dans une cave ronde, dans laquelle elle descendait en se tenant à une rampe et avec une lampe frontale. Elle était frappée par l’odeur particulière qui régnait dans cette cave. Quand je l’ai interrogée sur son ressenti émotionnel, elle m’a dit qu’elle avait peur et qu’elle était cependant curieuse. Mais elle ne s’est pas attardé sur ces ressentis car le fil de l’imagination a continué à l’emmener : il y avait là, en bas, plusieurs entrées voûtées, dont une laissait passer de la lumière. Derrière celle-ci, il semblait y avoir la lumière du jour. Quand elle l’a ouverte, elle s’est trouvée dans une clairière faisant partie d’un sous-bois tranquille. Elle m’a parlé d’un havre de paix et a été prise d’une envie soudaine de faire la sieste. J’ai pris note de ce qu’elle était sur une frontière hypnagogique, dans un état de transe légère proche du sommeil, induite directement par l’imagination active et l’approche des images du rêve.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgh9NmEqTMO6LW6aHWgQu6z4tU1vmxxa85iiN-8dnffdnLs3aZB33o_Bjifw6l-uDri0wM0BOu16rZDvpi6Osz8cTGq_vEKooif7zE2ilJxjHNjy9oQKFeFYag3_Eu1usBcIb9GlVZ0Cwue-awL16luPqigvnJ3DMcBnqwbZe1TcOIThiPiBX8q2geYJ7I/s3072/Clairi%C3%A8re.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2304" data-original-width="3072" height="286" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgh9NmEqTMO6LW6aHWgQu6z4tU1vmxxa85iiN-8dnffdnLs3aZB33o_Bjifw6l-uDri0wM0BOu16rZDvpi6Osz8cTGq_vEKooif7zE2ilJxjHNjy9oQKFeFYag3_Eu1usBcIb9GlVZ0Cwue-awL16luPqigvnJ3DMcBnqwbZe1TcOIThiPiBX8q2geYJ7I/w381-h286/Clairi%C3%A8re.jpg" width="381" /></a></span></div><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;">Un piège dans lequel les néophytes peuvent facilement tomber ici consiste en vouloir élaborer les images qui surgissent dans l’espace intermédiaire, à l’entrée de l’écoute intérieure. Ici bien sûr, c’est tentant : la rêveuse descend dans une cave qui symbolise volontiers l’inconscient. Elle est curieuse, déterminée à explorer, ce dont témoigne sa lampe frontale. La peur est un bon ingrédient à ce point aussi car il indique qu’elle fera preuve de prudence. Mais le piège ici serait de vouloir savoir ce qu’il y a derrière les autres portes, de commencer à l’interroger à ce sujet. Ou de commencer à élaborer autour de la clairière, pour explorer le sous-bois environnant – une autre symbolisation de l’inconscient. Mais le fil conducteur de notre travail est le rêve, et le temps limité dont nous disposons, bien qu’il pose souvent un défi aux praticien.ne.s en formation, est notre allié car il nous oblige à aller à l’essentiel…</div></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Nous sommes donc, à partir de là, entrés dans le second rêve. La rêveuse s’est retrouvée dans cet appartement au sommet de la tour. Elle décrit ce dernier comme étant spacieux, chaleureux, avec une décoration épurée. Il y a une belle luminosité, il y a du soleil qui entre par les fenêtres. L’atmosphère est festive, joyeuse : on fête quelque chose. Il y a beaucoup de femmes, surtout des jeunes femmes, et peu d’hommes. Il ressort que c’est un moment léger, où il n’y a pas de stress. Les canapés sont associés à une invitation à s’y lover. J’interroge alors la rêveuse sur son ressenti corporel à ce point d’entrée dans le rêve. Elle a le bas du dos un peu douloureux et une tension dans le poignet gauche.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Nous allons à partir de là à la rencontre de la personne qui grimpe les escaliers de la tour. C’est un jeune garçon. Tout de suite, la rêveuse note qu’elle n’est plus disponible : dès qu’elle a perçu son approche, elle attend qu’il arrive avec une certaine inquiétude, en vigilance. Elle entre en état d’alerte. Ramenée alors à ses sensations corporelles, elle relève que quelque chose lui enserre la tête et qu’elle ressent une pression sur le front et la nuque. Quand je jeune garçon arrive, il a un regard terrorisé et il semble très agité, il manque de souffle. La rêveuse éprouve le besoin de le toucher, de le prendre par les épaules pour l’inviter à se calmer. Elle l’aide à tenir debout. Il reprend son souffle. Elle me dit alors qu’il faut qu’elle soit ancrée pour deux, solide. J’attire à nouveau son attention sur ses sensations corporelles : elle ressent une pression sur les épaules. Elle éprouve aussi la solidité de son dos : il faut, me dit-elle, qu’il puisse supporter ce qui arrive. Ce n’est pas le moment de s’affaisser. Quand je l’interroge sur ce qui se passerait si elle s’affaissait, elle me dit tout net que c’est interdit, que cela l’amènerait dans le néant.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">A ce point, je relève pour moi-même le parallélisme entre les sensations éprouvées dans l’imagination au contact de ce jeune garçon qui vient donner l’alerte, et les images subséquentes du rêve : tout semble tourner autour du danger d’effondrement, de l’interdiction de s’affaisser. Je ne peux éviter de faire le lien avec le fait que la rêveuse a récemment subi une chirurgie du dos : aurait-elle résisté de toutes ses forces à un danger d’effondrement qui s’est cristallisé dans son dos en tensions jusqu’à ce que celles-ci finissent par requérir une chirurgie ? Ce n’est pas le moment de commencer à élaborer autour de tout cela. J’aurais pu lui demander si elle avait ressenti cet interdit de s’affaisser dans la vie diurne, et peut-être même l’ai-je fait sans conserver de note à ce sujet, mais de toute façon, la suite de l’imagination avec les éléments du rêve nous a amené précisément au bon endroit. J’ai proposé à la rêveuse de simplement laisser résonner ces mots : « tout va s’effondrer » et de me partager ses ressentis. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Elle a parlé d’abord de sidération… puis c’est une violente colère qui a émergé. Elle a éprouvé le besoin d’engueuler le pylône en lui disant « tu n’as pas le droit de flancher comme ça ! ». Après avoir donné libre cours à cette colère, l’avoir ressentie profondément, elle m’a soudainement indiqué qu’elle comprenait, comme une évidence qui lui sautait aux yeux, que les quatre pylônes représentaient son mari, leurs deux enfants et elle-même. A partir du moment où cela est devenu clair, la colère a mué en grande fatigue avec l’idée « il va falloir tenir » qui a fait peser une chape de plomb sur ses épaules. Elle m’a indiqué ressentir encore plus de pression dans la tête. Tout son corps était devenu lourd…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je n’insisterai jamais assez sur l’importance à donner au corps dans la présentation de l’approche du rêve par l’écoute intérieure – prenez note s’il-vous-plaît de ce que je ne parle pas de « méthode » ou de « technique », qui sont autant de termes qui renvoient à une maîtrise par le conscient du processus. Nous approchons le rêve à pas légers, sans prétendre diriger ou maîtriser ce qui va se passer, sans même bien savoir où cela va nous emmener ni prétendre que cela va régler un problème, contribuer au bien-être de la personne – c’est ce qui arrive généralement, mais nous ne voulons pas en faire un objectif conscient et asservir l’écoute du rêve à cet objectif. Et c’est le ressenti qui guide, et tout particulièrement le ressenti corporel. Une erreur ici serait de vouloir aller contre le ressenti de lourdeur par exemple en interrogeant : de quoi avez-vous besoin pour vous sentir légère ? A quelle ressource pouvez-vous faire appel pour échapper à cette chape de plomb qui s’est abattue sur vous ? Mais ce n’est pas ce à quoi invite le rêve, bien au contraire : comment se sentir légère, comme au début du rêve, quand tout menace de s’effondrer ? A l’inverse, aussi bien la colère que la fatigue qui ont été rencontrées, et finalement la pression et la lourdeur, réclament d’être ressenties en profondeur. La clé est toujours de suivre l’énergie, la pente que nous indique le ressenti, sans résistance. Notre seul but est de laisser couler l’énergie du rêve, qui nous emmènera bien où elle voudra. Cela implique bien sûr une confiance entière dans le processus.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgaol3tqeQZf4pr9q99u8tMvOj5JGTjvFH6JmVGlkbZdhXEbK-vQRNgvAbytq-qfuZoDSFC93U3oHEn1TH1ONwSgwz9nv837673gVZDxKCnOoGFbyLffTCCAnlgDCng8hn6sVl2m6HBBT8j6A2hAezTf_EoRi67VS6n6AHtO97LBL4lI50wQ6gfPkKOq_8/s2120/rocher.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1414" data-original-width="2120" height="286" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgaol3tqeQZf4pr9q99u8tMvOj5JGTjvFH6JmVGlkbZdhXEbK-vQRNgvAbytq-qfuZoDSFC93U3oHEn1TH1ONwSgwz9nv837673gVZDxKCnOoGFbyLffTCCAnlgDCng8hn6sVl2m6HBBT8j6A2hAezTf_EoRi67VS6n6AHtO97LBL4lI50wQ6gfPkKOq_8/w430-h286/rocher.jpg" width="430" /></a></span></div><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;">Nous avons donc exploré où l’emmenait cette lourdeur si elle se laisser aller à celle-ci. La rêveuse me dit alors qu’elle est devenue un rocher. Elle est dure, elle est lourde, on ne peut pas la bouger ou la démolir – ce sont ses mots. Il n’y a pas de mouvement, elle est inerte. Quand on a une image comme cela, dans laquelle il n’y a aucune dynamique apparente avec laquelle aller, on risque fort de rester bloqué pendant quelques temps. C’est aussi à accepter, tout en tenant compte du temps objectif dont on dispose. On peut ainsi prendre le temps de simplement respirer dans ce ressenti, d’observer ce qui bouge. Il peut, dans l’imagination, se passer n’importe quoi : par exemple un animal peut avoir élu domicile dans le rocher et apparaître, ou un chien venir tourner autour de ce rocher, un oiseau venir se poser dessus. Nous pouvons faire confiance dans le fait que l’énergie psychique entrera toujours en mouvement d’une façon ou d’une autre une fois la situation profondément ressentie – à noter qu’il n’est pas nécessaire à ce point de l’élaborer intellectuellement, de l’analyser ou de chercher à faire un lien avec le vécu de la rêveuse. Nous pouvons aussi élargir l’image, lui donner un contexte en imagination, en demandant simplement : et il est où, ce rocher ? Qu’y-a-t-il autour ? La parole à l’imagination...</div></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">C’est ce que j’ai fait. Et nous avons alors appris que ce rocher est en bord de mer. Il émerge du sable, est recouvert à marée haute. Naturellement, la rêveuse a alors éprouvé le besoin de venir s’asseoir sur le rocher, ce qui lui a donné un sentiment de reliance. On peut penser qu’elle s’est alors différentiée du rocher, ce qui lui a permis d’établir une relation consciente avec lui, c’est-à-dire avec ce qu’il symbolise. Elle a mis son inertie, la lourdeur existentielle qui lui a servi de stratégie de survie devant le risque d’effondrement, hors d’elle, c’est-à-dire qu’elle a cessé de s’identifier inconsciemment à ce schéma énergétique qui allait avec l’exigence de "tenir" à tous prix. Ce faisant, elle s’en est libérée et elle a pu établir une relation consciente avec cette structure de défense. Bien sûr, ce n’est pas le moment à ce point du travail d’élaborer intellectuellement autour de tout cela, mais j’en parlerai lors du debriefing en sachant que la rêveuse a une expérience de l’accompagnement thérapeutique, saura quoi en faire. Ce qui est remarquable dans l’immédiat, c’est que l’atmosphère de la séance a radicalement changé.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">La rêveuse me dit qu’elle se sent maintenant « à nouveau vivante ». Elle prend le temps, assise sur son rocher, d’écouter les bruits de la mer, de humer les embruns. Enfin, elle glisse dans l’eau et s’en va nager. Elle dit ressentir une grande détente. Elle est frappée par la luminosité sur la mer. C’est sécurisant, me dit-elle. Elle peut se laisser aller à flotter sans chercher à diriger le mouvement. Sans chercher quoi que ce soit. Elle fait simplement confiance au courant…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">La détente est contagieuse. Dans la facilitation d’une écoute intérieure, nous sommes nous aussi pris à partie par les images, dans une transe légère. Ce n’est pas comme si nous restions au sec sur le bord de la rivière pendant que la rêveuse se mouille. On peut ici parler de l’inévitable contre-transfert de la personne facilitante, qui est nécessairement affectée par ce que vit la personne écoutée au cours de l’exploration de son rêve. Il se peut même que nous ressentions ce que la personne ne parvient pas, pour sa part, à ressentir. Autant pour la prétention à rester en tous temps dans une posture de neutralité bienveillante ! Nous devons donc être dans une double attention, d’une part aux ressentis de la personne écoutée, et d’autre part, à nos propres ressentis, tout en restant fidèle à la règle édictée par Jung de non-interférence par la conscience. Je vous renvoie si ce point vous intéresse à la discussion de la posture de facilitation dans l’article Naufrages que j’ai cité plus haut. Mais donc, il est intéressant de relever en tant que facilitateur la détente qui s’installe après une évolution comme celle que j’ai décrite ci-dessus. C’est à ce moment-là que l’on réalise comme on était soi-même en tension avec les images du rêves, inévitablement. Cependant, même s’il est clair qu’un point tournant de l’écoute a été franchi dans le mouvement intérieur auquel nous avons assisté, le travail n’est pas terminé. Il reste maintenant à observer quelles sont les conséquences de ce mouvement.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">J’ai donc ramené, après quelques temps, la rêveuse dans le rêve. Ce dernier est notre fil conducteur, qui permet de ne pas se perdre dans les méandres de l’imagination, infinies. Nous sommes retournés dans la tour en déséquilibre. D’emblée, la rêveuse m’a dit que c’est inconfortable d’être là mais que cela tient ! Elle a ponctué ce constat en affirmant « jusque là, tout va bien ». Il y a moins de monde dans l’appartement; elle n’y est pas seule mais presque. Elle a relevé que le temps s’est désormais arrêté, et qu’elle ressentait la nécessité d’un effort pour réorganiser l’espace. Il y a une inquiétude latente que cela tombe davantage. Cette inquiétude et cet effort requis se traduisent dans une tension qui tire sur le bas de son dos, et jusque dans son bras gauche – elle note qu’il y a dans cette tension, qu’elle décrit comme permanente, une compensation du déséquilibre. Il pourrait y avoir là des indications précieuses pour elle dans ce moment où elle relève encore, en convalescence, de cette chirurgie du dos qu’elle a subie. Nous en reparlerons lors du debriefing mais je fais de toute façon confiance à l’intelligence du corps qui enregistre tout, même ce dont nous ne conservons pas le souvenir conscient.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Nous sommes parvenus à la fin du rêve, mais non du travail car les deux autres rêves nous attendent – je vérifie qu’il reste encore un peu de temps objectif pour aller les visiter.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">A ce point, j’ai demandé à la rêveuse comment elle prolongerait le rêve en imagination, si celui-ci se continuait dans une nouvelle scène. Il faut noter, sans en parler, que la rêveuse n’est plus aux prises avec l’angoisse mortelle qui transpirait à la fin du rêve. Dès lors, le prolongement du rêve nous indique comment le mouvement intérieur qui a été réveillé par l’écoute tend à s’intégrer. A nouveau, il s’agit de laisser parler l’imagination qui ouvrira la voie. Ici, la rêveuse a parlé d’une envie de descendre l’escalier et de sortir de la tour, ce qu’elle a associé avec une tension qui relâche. Elle a parlé de la sensation de remettre du mouvement dans les choses, d’un déverrouillage. Et une fois parvenue en bas, elle a constaté que le pylône effondré avait réduit, rapetissé, mais n’était pas inexistant. Elle a été touchée, émue et remplie de gratitude. Elle a ressenti une connexion profonde qui lui a permis de dire qu’elle réalisait que son mari, même décédé, avait été présent au cours de ces années qui avait suivi le drame, et jusqu’à ce jour…</span></p><span style="font-family: georgia;"><div style="text-align: justify;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi5kqKKnaR1him1HTj6abRfquENIM9-zHDCOEc1FCtxJ7o5dxlqukTi-urvE3MwULprnNfRBZaGmVCR_2BNKA5mf7p59fKKr2ljOPZVpCXCsiRB27GyImnvTf-laDfpVugqx4WD9QYO1RxdDE9BPxYCHXWyAknUjhLem4db_yQj9DQbKGlQoOHg8RL3GOQ/s778/tour.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="778" data-original-width="443" height="409" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi5kqKKnaR1him1HTj6abRfquENIM9-zHDCOEc1FCtxJ7o5dxlqukTi-urvE3MwULprnNfRBZaGmVCR_2BNKA5mf7p59fKKr2ljOPZVpCXCsiRB27GyImnvTf-laDfpVugqx4WD9QYO1RxdDE9BPxYCHXWyAknUjhLem4db_yQj9DQbKGlQoOHg8RL3GOQ/w233-h409/tour.jpg" width="233" /></a></div><br />A partir de là, voyant que nous commencions à manquer de temps objectif, je l’ai ramenée vers le troisième rêve. Intuitivement, il était clair pour moi qu’il fallait terminer par le premier rêve, car c’était là qu’était l’image traumatique que l’on pourrait aborder avec un regard transformé par le travail. Nous avons donc rapidement exploré les ressentis associés à ces deux positions, celle de l’adulte et celle de l’enfant à un stade pré-verbal, qu’elle expérimentait dans le rêve. Et puis je me suis permis d’interférer avec une suggestion qui s’imposait par le fait qu’elle expérimentait ces deux positions en mode « ou », soit l’une, soit l’autre. Quand on travaille avec une polarité énergétique, l’enjeu est toujours de passer du « ou » ou « et ». En effet, elles sont présentes toutes les deux dans la psyché, et leur alternance indique seulement que l’une est renvoyée dans l’inconscient quand l’autre devient consciente. Alors je lui ai proposée de tenir simplement les deux positions ensemble. Le mouvement intérieur a été immédiat. Elle s’est dite pleine, entière tout à coup, et elle a eu cette phrase remarquable pour la relation avec l’enfant que nous sommes tous en quelque part, qui vit en nous :</div></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« Cet enfant, je le porte et il m’apporte... »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Nous n’avions pas le temps d’élaborer plus autour de ces images. Avec un temps indéfini, j’aurais pu lui demander ce qui se passait en elle, comment elle ressentait les différentes parties de cette phrase : qu’est-ce que c’est que porter l’enfant ? Et qu’est-ce c’est qu’il vous apporte ? Comment c’est de sentir qu’il apporte ? Nous aurions pu continuer à jouer autour de ces mots et interroger qui supporte l’autre, au sens premier de lui donner du support, et secondaire, de celle qui doit supporter l’autre dans ses humeurs, ses inconsciences, ses vulnérabilités, etc. Enfin, nous aurions pu nous arrêter sur le fait qu’il y a un trait commun entre ces mots « je le porte » et « il m’apporte », et qu’il ramène à l’image d’une porte. Nous aurions donc pu interroger ce qui se passait si l’enfant était vu comme une porte à ouvrir, au-delà de laquelle aller. Quand on rentre les jeux avec l’imagination créatrice, les possibilités sont infinies. Mais le temps ne l’est jamais, lui, et il faut savoir terminer un travail…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Quand on manque de temps objectif, il faut compter avec le fait qu’un simple contact avec les images saillantes du rêve fera le travail, qui continuera dans l’inconscient de la personne écoutée. En fait, bien souvent, le désir d’explorer à fond toutes les images est le fait de la personne qui facilite et croit que c’est ce qu’elle doit faire pour appliquer la technique. Souvent, elle poursuit l’idée qu’il faut qu’elle récolte le plus d’information possible pour fournir une interprétation éclairée, mais ce faisant, elle ne fait pas vraiment confiance au processus et à l’inconscient. Bien souvent, quand on a très peu de temps, par exemple parce qu’un rêve surgit à la fin d’une séance d’analyse, on ne peut qu’aller effleurer une ou deux images chargées d’intensité émotionnelle, ce qui déclenche déjà un mouvement intérieur. On peut alors se dire que l’inconscient de la personne sait très bien ce qu’il fait en amenant ce rêve dans ce cadre temporel, et que notre travail en temps que personne facilitante est simplement de tenir le cadre et de faire confiance.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Sans transition, nous sommes donc passés de l’intégration de la dualité adulte / enfant à l’image du crâne ouvert du compagnon de la rêveuse. Elle a alors découvert qu’il était vivant, mais aussi qu’il pouvait mourir, ce qui l’a amenée à reconsidérer le présent de leur relation. Elle a émis l’envie d’aller vers lui. Elle lui a parlé en disant « je vais t’aider, tu vas t’en sortir... ». Enfin, elle est arrivée à l’idée très claire de que l’on peut choisir la vie, ce qui a provoqué, m’a-t-elle dit, le réveil de toutes les cellules de son corps.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Dès lors, juste avant de sortir de l’écoute intérieure, elle a mentionné que le cadeau de ce travail était tout simplement la vie, à savoir la prééminence de la vie au-delà de la mort. Je l’ai invitée à imaginer la porte de sortie de la maison du rêve. Il s’agissait d’une porte de sous-marin. Ses derniers mots, avant de revenir à la surface, ont été : « je sors à l’air libre. » J’ai été traversé pour ma part par une pensée qui m’a renvoyé, sans connotation politique, au slogan qui porte le combat des femmes en Iran – pensée qui m'a intrigué, dont j'ai pris note :</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">Femme, Vie, Liberté !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6eaT7tGq0tV2sRPOHnfepjFbXqeJZWBWfdPAReGoZaU2JnAJFjgtBD_diomOFDrSrg75IQRqNwTn8Zn6A3HNIIqbKZ4zN5xy31b_9lPvuvGDosYVZElLb-c0Q9OtgJDadlPyPPhW0i2tV8_IxrkqNIb3b0SGXQVP41JcDnCqjuWkm3HG_PVC6179kN9g/s600/femme_vie_liberte.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="400" data-original-width="600" height="250" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi6eaT7tGq0tV2sRPOHnfepjFbXqeJZWBWfdPAReGoZaU2JnAJFjgtBD_diomOFDrSrg75IQRqNwTn8Zn6A3HNIIqbKZ4zN5xy31b_9lPvuvGDosYVZElLb-c0Q9OtgJDadlPyPPhW0i2tV8_IxrkqNIb3b0SGXQVP41JcDnCqjuWkm3HG_PVC6179kN9g/w376-h250/femme_vie_liberte.jpg" width="376" /></a></span></div><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;">Il faut toujours garder au moins dix minutes, et mieux vingt, pour le temps de débriefing qui est aussi un temps d’intégration. Il est arrivé que des rêveurs aient besoin de prendre une pause au sortir d’une écoute intérieure tant le mouvement intérieur qu’ils ont vécu dans ce moment était puissant. Quand les personnes me rendent visite pour un travail en présentiel, je ménage toujours un espace pour qu’elles puissent reprendre un contact assuré et solide avec la réalité matérielle avant de reprendre leur voiture. En présentiel ou en virtuel, je veille à toujours, autant que possible, ménager ce sas dans lequel on parle un peu de ce qui ressort du rêve. Il ne s’agit pas tant alors de fournir une interprétation que de faire part de nos observations. Bien souvent, la personne écoutée n’a plus un souvenir bien clair de ce qui est arrivé – rappelons encore une fois que c’est une transe légère et cependant puissante. Mais le véritable but du debriefing est simplement de faciliter l’intégration en offrant un espace intermédiaire dans lequel nous pouvons vérifier que la personne est bien revenue, qu’elle est capable d’être en relation. </div></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Cette nécessité de ménager un temps pour le debriefing, et tout simplement de mener l’écoute dans un temps défini, pose un sérieux défi aux praticien.ne.s, en particulier dans leurs débuts, car il faut donc gérer le temps, ne jamais le perdre de vue. C’est notre tâche, et cela fait partie de la tenue du cadre : une personne facilitante qui n’arrive pas à gérer le temps, se laisse déborder, est d’une certaine façon débordée par l’inconscient…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je n’entrerai pas dans le détail de ce dont la rêveuse et moi avons discuté pendant le debriefing car il y a là surtout des éléments personnels auxquels nous pouvions arrimer le travail des rêves. Il suffira de dire qu’à l’évidence, elle traversait ainsi une nouvelle étape du deuil dans lequel le décès de son mari l’avait plongée. Elle s’en est dite étonnée car elle avait déjà beaucoup travaillé cette perte, mais a-t-on jamais fini un tel deuil, dont la violence traverse et teinte toute une vie ? On pouvait penser qu’elle arrivait maintenant dans une nouvelle étape de vie où, après avoir tenu bon dans la catastrophe pour offrir une sécurité à ses enfants et leur permettre de grandir, elle pouvait enfin se détendre et s’ouvrir à une nouvelle vie heureuse et aimante. Même s’il n’était jamais question directement de sa féminité, on peut penser d’un point de vue interprétatif que celle-ci était convoquée dans ce renouveau par la présence de son compagnon – sur un plan subjectif, porteur de l’Animus – et la façon dont ces rêves tournaient autour de la question infiniment délicate de l’amour. Cette dernière ressortait ici en regard de notre mortalité, du risque toujours de la perte qui rend les occasion de vivre l’amour, dans l’instant présent, si précieuses. Décidément, ce slogan qui m’avait traversé l’esprit à la sortie de l’écoute intérieure – femme, vie, liberté ! – prenait, au moins pour moi, tout son sens.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgcAg7YPFKbl8cgcwh5IeexuZSejaVMrtJ8wR-iFK9cdEqPmTmfXF3bWDp9s44V0VzlnNKJnFnC_qrlT9Exs3fLUmlb_XfC4SS-lJVaTOH8dvexo5k1YcR-QCuJr1rErFXGoMd3PuYmBD_ZVSwKQvWQ3vxdxG-F5Xo3-aRTQs7OJgG4wUuDrOQMDpJmrXY/s1536/Beautiful-Detailed-Tower-Tarot-Card-Style-Vector-Abstract-Portrait-47376576-1.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1536" data-original-width="1024" height="453" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgcAg7YPFKbl8cgcwh5IeexuZSejaVMrtJ8wR-iFK9cdEqPmTmfXF3bWDp9s44V0VzlnNKJnFnC_qrlT9Exs3fLUmlb_XfC4SS-lJVaTOH8dvexo5k1YcR-QCuJr1rErFXGoMd3PuYmBD_ZVSwKQvWQ3vxdxG-F5Xo3-aRTQs7OJgG4wUuDrOQMDpJmrXY/w301-h453/Beautiful-Detailed-Tower-Tarot-Card-Style-Vector-Abstract-Portrait-47376576-1.png" width="301" /></a></span></div><span style="font-family: georgia;"><br />Vos propositions d’interprétation de ces rêves intéresseront sans doute tout autant la rêveuse que moi-même. Et je serai bien sûr intéressé par vos commentaires et vos questions s’il y en a. </span><span style="font-family: georgia; text-align: justify;">Pour ma part, je conclurai en citant Von Franz qui disait :</span><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« L’imagination active est l’outil par excellence, le plus puissant de la psychologie jungienne, le plus puissant pour atteindre la totalité – beaucoup plus efficace que la seule interprétation des rêves. »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Cet article a été écrit chez Philippe Roux et Laurence Cailler, qui ont eu la gentillesse de m’accueillir en résidence d’écriture. Il me faut mentionner la convergence de l’écoute intérieure des rêves avec le travail de Philippe et Laurence, qui ont ouvert <a href="https://www.ecole-imaginale.fr" rel="nofollow" target="_blank">l’école imaginale</a> pour « sensibiliser, initier et former à l’hypnose imaginale ou imagination de pleine conscience. »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://www.ecole-imaginale.fr" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;" target="_blank"><img border="0" data-original-height="288" data-original-width="999" height="132" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh4A2zP07YZS9SFf2ocFr54385o7K5-te_jHj-mo6MsjfA8uZhD2xTlK8KnMcvtkMSuHStercD2oA9cFunrAxF668MvT0B5jwsYgk3PLvIE6GwRSQCCb4V5ufTaq-lCmtsPOe1XcqZl-iatcjcL4IaJ_BOhSBfLiFJgVYPYt4xjT1W9pl88x49eEvWTFyU/w459-h132/bandeau-et-logo-ecole.jpg" width="459" /></a></span></div><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;">Laurence et moi nous étonnions dans une conversation à bâtons rompus sur les merveilles ouvertes par l’exploration de la sphère imaginale, de combien le pouvoir de l’imagination est méconnu. Pourtant, il pourrait y avoir là un ingrédient essentiel pour notre futur collectif car c’est par l’imagination que nous pouvons réclamer notre pouvoir créateur, pouvoir de re-créer nos vies et qui sait, peut-être de ré-enchanter le monde dans lequel nous vivons. Car, pour reprendre les mots de Laurence, « peut-être sommes-nous allés au bout de notre pouvoir destructeur sur cette planète, et sommes-nous prêt à apprendre à nous servir de notre pouvoir créateur. » C’est dans cet esprit, avec l’espérance bien vivante que cela pourra servir au moins à quelques un.e.s, que je communique ce travail avec les rêves et l’imagination, qui n’a de cesse pour ma part de m’émerveiller...</div></span><p></p>Jean Gagliardihttp://www.blogger.com/profile/08229714193935289206noreply@blogger.com5tag:blogger.com,1999:blog-1648819312264509748.post-14688248195163599792024-01-25T12:53:00.000-05:002024-01-25T12:53:50.468-05:00Incendies<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEingMvcJeCqHdFg0tZ_IxSWDiGmRVcmbMW05mMUvxO9_tcXxJVKNiSeMBO3Yhb_KFua99YPCqz_XWXfMHpG01LbP4pjGw6p2nzij1aoxUN1j4s7qAoyFQBMNbFhV5WObD8fia3rAHMerQRvkm1py9vE1NarxRfE3aj8TZq6HHSpjkP5jsjS4T3EV35oWYg/s953/peinture%20Archan%20Nair.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="953" data-original-width="843" height="422" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEingMvcJeCqHdFg0tZ_IxSWDiGmRVcmbMW05mMUvxO9_tcXxJVKNiSeMBO3Yhb_KFua99YPCqz_XWXfMHpG01LbP4pjGw6p2nzij1aoxUN1j4s7qAoyFQBMNbFhV5WObD8fia3rAHMerQRvkm1py9vE1NarxRfE3aj8TZq6HHSpjkP5jsjS4T3EV35oWYg/w373-h422/peinture%20Archan%20Nair.jpg" width="373" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: x-small;">Une peinture de <a href="https://www.archannair.com" rel="nofollow" target="_blank">Archan Nair</a></span></td></tr></tbody></table><span style="font-family: georgia;"><br /></span><p></p>
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
M'en revenant d'Assise (voir mon <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2023/12/men-revenant-dassise.html" target="_blank">post précédent</a>), je ramène quelques histoires dans mon escarcelle. J'ai déjà dit <a href="https://voiedureve.blogspot.com/p/ecriture.html" target="_blank">ailleurs </a>comment l'écriture de fictions est une façon pour moi, proche du travail avec les rêves, d'explorer l'inconscient. Je vous propose ici une de ces histoires, peut-être la plus brûlante...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Elle m'est venue alors que je marchais dans les Alpes françaises, près de la frontière italienne. Il m'a fallu en enregistrer la trame sur le champ sans que je ne vois vraiment comment cela pouvait se conclure. L'histoire se terminait alors sur un accès de rage de mon personnage narrateur. En décembre dernier, elle a réclamé de s'écrire et a coulé pour l'essentiel en deux jours. La fin est apparue comme une évidence qui se déroulait au cours de l'écriture. Par la suite, j'y ai apporté des corrections en tenant compte des commentaires qu'elle recevait des personnes, assez nombreuses, qui l'ont lue après que je l'ai partagée sur Facebook. Mais ce sont surtout les suggestions de quelques jeunes à qui je l'ai donnée à lire qui m'ont amené des éléments pour l'affiner. J'étais conscient que mon histoire était écrite par un "vieux" à propos des jeunes et de leur désespoir, et j'avais besoin de vérifier que je n'étais pas trop à côté de la plaque en en parlant. Ils ont plutôt bien accueilli ma nouvelle et j'en suis heureux.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Avec le temps, il m'est apparu que cette nouvelle avait été inspirée par ma lecture en 2016, dans les colonnes du Monde, d'un texte de </span><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Serge Rezvani, un poète iranien à qui je rends ici hommage. Je le crois visionnaire quand il déclare que <a href="https://www.almendron.com/tribuna/la-jeunesse-va-se-soulever-joyeuse-dangereuse-folle-impitoyable-sanguinaire" target="_blank">l</a></span></span><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://www.almendron.com/tribuna/la-jeunesse-va-se-soulever-joyeuse-dangereuse-folle-impitoyable-sanguinaire" target="_blank">a jeunesse va se soulever « joyeuse, dangereuse, folle, impitoyable, sanguinaire ! »</a>. Ma nouvelle explore une des voies par laquelle ce soulèvement pourrait arriver. Il suffit, c'est le cas de le dire, d'une étincelle qui mettra le feu aux poudres. Elle parle aussi de la possibilité pour certains, dont le jeune homme que j'ai été, de transformer le feu du désespoir et de la rage en intériorité aimante et féconde.</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je vous offre plusieurs possibilités pour voyager avec moi dans ce futur imaginaire : voici ci-dessous un extrait pour vous donner une idée de quoi il s'agit, au bout duquel vous trouverez un lien vers un PDF que vous pouvez lire à l'écran ou télécharger. Je l'ai aussi enregistrée en audio avec des extraits musicaux correspondant aux musiques mentionnées dans le texte, et vous trouverez donc en bas des liens pour l'écouter en MP3 ou sur Youtube.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Vos commentaires m'intéresseront.</span></p><p style="text-align: left;"></p>
<hr />
<blockquote style="border: none; margin: 0px 0px 0px 40px; padding: 0px; text-align: left;"><blockquote style="border: none; margin: 0px 0px 0px 40px; padding: 0px; text-align: left;"></blockquote><blockquote style="border: none; margin: 0px 0px 0px 40px; padding: 0px; text-align: left;"><blockquote style="border: none; margin: 0px 0px 0px 40px; padding: 0px; text-align: left;"><blockquote style="border: none; margin: 0px 0px 0px 40px; padding: 0px; text-align: left;"><blockquote style="border: none; margin: 0px 0px 0px 40px; padding: 0px; text-align: left;"><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><i>Un jour, nous aurons maîtrisé les vagues, les marées et la pesanteur, nous exploiterons l’énergie de l’amour. Alors, pour la seconde fois dans l’histoire du monde, l’homme aura découvert le feu.</i></span></p></blockquote></blockquote></blockquote></blockquote><blockquote style="border: none; margin: 0px 0px 0px 40px; padding: 0px; text-align: left;"><blockquote style="border: none; margin: 0px 0px 0px 40px; padding: 0px; text-align: left;"><blockquote style="border: none; margin: 0px 0px 0px 40px; padding: 0px; text-align: left;"><blockquote style="border: none; margin: 0px 0px 0px 40px; padding: 0px; text-align: left;"><p style="text-align: right;"><span style="font-family: georgia;"><i>Pierre Teilhard de Chardin</i><span style="white-space: pre;"> </span></span></p></blockquote></blockquote></blockquote></blockquote></blockquote><blockquote style="border: none; margin: 0px 0px 0px 40px; padding: 0px; text-align: left;"><blockquote style="border: none; margin: 0px 0px 0px 40px; padding: 0px; text-align: left;"></blockquote></blockquote><blockquote style="border: none; margin: 0px 0px 0px 40px; padding: 0px; text-align: left;"><blockquote style="border: none; margin: 0px 0px 0px 40px; padding: 0px; text-align: left;"></blockquote></blockquote><blockquote style="border: none; margin: 0px 0px 0px 40px; padding: 0px; text-align: left;"><blockquote style="border: none; margin: 0px 0px 0px 40px; padding: 0px; text-align: left;"></blockquote></blockquote>
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">C’est ce grand benêt de Niels qui m’a prévenu par un de ces sms idiot dont il avait le secret. Il avait écrit simplement « elle l’a fait ! » en y adjoignant une émoticône de flamme et un lien vers une vidéo stockée dans le cloud. J’ai suivi machinalement le lien et j’ai vu des images confuses, tournées par un téléphone tremblotant sans doute de froid. On y voyait la place du Parlement de nuit, vaguement éclairée par les lampadaires qui l’entourent et les guirlandes de Noël accrochées aux façades. Un petit groupe de personnes discutait avec animation. On entendait des exclamations, des affirmations indistinctes et des négations un peu véhémentes. Le brouhaha un peu excité se calmait tout à coup, pour basculer dans un silence qui semblait presque inquiétant, quand une forme sombre se détachait du groupe pour s’avancer vers les grilles qui protègent l’auguste bâtiment. Elle s’immobilisait quelques instants avant de faire un geste étrange : elle levait une main vers le ciel et la secouait. On distinguait vaguement qu’il en coulait une eau noire qui ruisselait sur l’épaule et la tête qui se dessinaient dans l’ombre, avant de se répandre sur le sol. Il y avait quelque chose au bout de ce bras, de cette main. J’ai mis du temps à distinguer que c’était un bidon. Une fille a crié « non, Greta, non ! » d’une voix déchirante qui m’a tordu le cœur, mais je ne comprenais pas encore ce que j’étais en train de regarder. La silhouette obscure a eu alors un geste rageur du bras, comme si elle intimait le silence à ce cri en envoyant promener le bidon qui a roulé à ses pieds. Puis elle a semblé se recueillir deux secondes avant qu’une lueur dansante ne brille soudainement devant elle. Elle l’a levée vers les étoiles, comme en offrande muette, et elle l’a ramenée vers sa tête avant de s’embraser. Une grande flamme est montée vers le ciel. Elle a titubé et s’est tordue sur le sol. Le téléphone qui filmait a alors tressauté, sans doute bousculé par quelques personnes qui se précipitaient, et j’ai entendu la voix de Niels dire « oh my God ! ». Ensuite, cela a été le chaos. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">La caméra, après qu’elle ait fixé le sol une dizaine de secondes, a continué à filmer de longues minutes, tentant de se rapprocher mais une petite foule entourait déjà le sujet de son obscène curiosité. Ce n’était plus qu’affolement, voix excitées, interjections et jurons, et bientôt sirènes d’ambulance et de police, portières qui claquaient, course et précipitation. Une forte voix d’homme a interrogé : « Mais qu’est-ce qui se passe ? Qui est-ce ? » et une voix de fille, je pense que c’était Clara, a répondu dans un cri mêlé de larmes : « C’est Greta Thunder, vous comprenez ! Greta... » Et c’est à ce moment-là, à ce moment seulement, que j’ai compris. Greta, ma grande amie Greta, venait de s’immoler par le feu devant l’Assemblée du Peuple endormi. Elle espérait ainsi le réveiller. Vous connaissez la suite, tous les journaux en ont parlé et les réseaux sociaux se sont à leur tour enflammés, si je peux oser cette métaphore éculée. Greta a été transportée à l’hôpital où elle a succombé le lendemain dans l’après-midi à des brûlures au troisième degré sans reprendre connaissance, tandis qu’un cordon de policiers protégeait le complexe hospitalier d’une foule énorme, chavirée par l’émotion. Un photographe de ce torchon qui l’insultait encore la veille avait trouvé le moyen de prendre à sa sortie de l’ambulance quelques clichés de son beau visage désormais sans sourcils, sans cheveux, comme à moitié fondu. Ces images du « dernier coup de tonnerre de Greta Thunder » ont fait le tour du monde en même temps que se répandait sa revendication vidéo qu’elle avait postée sur le site de notre mouvement Youth4Earth quelques secondes avant de passer à l’acte. Il en circulait désormais des milliers de copies sous-titrées en toutes les langues du monde, accompagnées de toutes sortes de commentaires, souvent affligés... </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je l’ai regardée dans un état de sidération avancé. Toute droite devant la caméra qu’elle regardait avec un regard farouche, enveloppée dans ce châle vert liseré de noir que je lui avais offert l’année dernière pour ses dix-sept ans, elle disait sacrifier sa vie dans un geste symbolique pour que les adultes comprennent enfin qu’ils n’offraient aucun avenir à notre jeunesse, que le monde qu’ils nous dessinaient dans leur inconscience criminelle ne valait pas la peine d’être vécu. J’ai été saisi d’entendre en arrière-plan de ses paroles un morceau de musique que je lui avais fait découvrir, que je chérissais particulièrement. Il s’agissait de Mémorial, une pièce que Mychael Nyman avait composé en hommage aux victimes du Heysel. Je pouvais entendre là tout un message à propos de la folie humaine. Mon attention est revenue à elle. Dans une longue litanie, elle rappelait avec des yeux fixes tout ce qui lui tenait à cœur à propos du réchauffement climatique, de la pollution galopante et de la biodiversité en voie d’effondrement, des ravages de l’exploitation minière, de l’esclavage de peuples entiers, des guerres et des ventes d’armes. Elle a conclu en disant qu’elle ne voulait pas de ce monde là, qu’elle préférait le déserter. Ses mots frappaient, secs et durs, comme des balles lancées à la face des dirigeants, mais aussi des parents de tous ces jeunes qui se reconnaissaient en elle, des simples citoyens qui croyaient en être quitte parce qu’ils posaient leur petit bulletin de vote dans l’urne tous les cinq ans, de monsieur et madame tout-le-monde au visage de qui elle crachait son désespoir. Enfin, vers la fin de son allocution, elle s’est adoucie et elle a dit espérer que son geste réveillerait les consciences, que c’était tout ce qu’elle pouvait faire désormais. Elle a ajouté qu’elle était consciente que sa médiatisation lui donnerait un retentissement que n’avait pas le même passage à l’acte quand il était commis par un adolescent anonyme, et qu’elle pensait que cela relevait de sa responsabilité d’user de sa célébrité pour faire passer un message que toute sa génération voulait faire entendre. Elle a demandé à ses parents, à sa petite sœur et à son chien Jolly de lui pardonner. Elle a dit penser à ses amis, nombreuses et nombreux, et qu’elle allait regretter les bons moments passés avec nous. Elle a terminé avec une larme au coin de l’œil en disant « je vous aime ». J’ai arrêté la vidéo sur cette image où l’on pouvait voir se dessiner un sourire, peut-être même l’esquisse d’un baiser, sur ses lèvres. Dans ses yeux, il y avait un intense désir de vivre, me suis-je dit. Et j’ai enfin pleuré. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je me suis abîmé dans un océan de larmes avec un long hululement. Longtemps.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je comprenais son désespoir. C’était le mien. (...)</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">* * *</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Lire ou télécharger en PDF : <a href="https://jeangagliardi.com/Incendies.pdf" rel="nofollow" target="_blank">Incendies (PDF)</a></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Ecouter ou télécharger en MP3 : <a href="https://jeangagliardi.com/Incendies.mp3" rel="nofollow" target="_blank">Incendies (audio)</a></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Ecouter en vidéo :</span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><iframe allowfullscreen="" class="BLOG_video_class" height="350" src="https://www.youtube.com/embed/siwZPurTPPE" width="420" youtube-src-id="siwZPurTPPE"></iframe></div><div><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><span style="font-family: georgia;">ou sur Youtube : <a href="https://www.youtube.com/watch?v=siwZPurTPPE" rel="nofollow" target="_blank">Incendies (MP4)</a><br /></span><p style="text-align: justify;"><br /></p>Jean Gagliardihttp://www.blogger.com/profile/08229714193935289206noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1648819312264509748.post-87240255915578981322023-12-14T13:50:00.005-05:002023-12-16T13:28:29.509-05:00M'en revenant d'Assise<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgznAUuir4K8DYP3EkI1C8iwjv6GJyX5hxEdzjZ_7yvNPu_QKDH7b9u8Bc5hv8OxNcaUUAr6KGv8XeXXIwQ3VoSRW9gkDefqQ6kp7tyEyjLJpbHdB4H7B2scLOUb2zuMEMELWTGo_1KVf5HHvXfCY15CqRS8Ad2djY41D1qp2kCM-fJgqIvAnD7_Po94II/s4608/20231013_164908.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="4608" data-original-width="3456" height="397" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgznAUuir4K8DYP3EkI1C8iwjv6GJyX5hxEdzjZ_7yvNPu_QKDH7b9u8Bc5hv8OxNcaUUAr6KGv8XeXXIwQ3VoSRW9gkDefqQ6kp7tyEyjLJpbHdB4H7B2scLOUb2zuMEMELWTGo_1KVf5HHvXfCY15CqRS8Ad2djY41D1qp2kCM-fJgqIvAnD7_Po94II/w298-h397/20231013_164908.jpg" width="298" /></a></span></div><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;">Au début de l’automne, ma compagne Marie-Anne et moi sommes partis marcher sur les chemins d’Assise. En près de 3 semaines, nous avons parcouru environ 300 kilomètres avec chacun un sac à dos, et tout le nécessaire pour camper en pleine nature. Nous sommes partis de San Miniato, près de Florence, et nous sommes passés par les Apennins toscans, la magnifique réserve naturelle de la forêt du Casentino et le sanctuaire de La Verna avant de parvenir enfin à la cité du bienheureux François. C’était un rêve longuement mûri qui, c’est le cas de le dire en souriant, prenait corps. On ne revient pas indemne d’un tel voyage, bien sûr. On n’en revient peut-être pas du tout d’ailleurs. Quelque chose en moi a rejoint sur la route ces vagabonds qu’évoque Sylvain Tesson dans son beau <i>Petit traité sur l’immensité du monde</i> et a continué depuis lors à arpenter les sentiers de traverse, tant est vrai qu’il n’y a de liberté qu’en chemin, qu’en marche…</div></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je ne vous raconterai pas le voyage par le menu. Cela prendrait un roman que je n’ai pas envie d’écrire car je préfère garder les souvenir vivants plutôt que de les fixer en mots. Je vous parlerai plutôt ici de la dimension intérieure du chemin, où je suis parti à la rencontre de questions qui vous concernent peut-être aussi. Ou pas.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi1z09X9iuhqhzO-kCp-SbTq6DyCi9-4OnT0HCkhoqvIdqQbaAKdpDt3bFxCUE_MaSltxAy88BgSuVuFdbFJKlrZpSPndwMcJ4AK5Gw4kfK-roOYTq6XLo5sa7_Vq4FbYJXkoZq0okNilgONLeyU1yMbp_TJsmj3HuiiccSSbUJajxVGQ2ZystK-s9kGck/s4608/20231004_145529.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="4608" data-original-width="3456" height="366" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi1z09X9iuhqhzO-kCp-SbTq6DyCi9-4OnT0HCkhoqvIdqQbaAKdpDt3bFxCUE_MaSltxAy88BgSuVuFdbFJKlrZpSPndwMcJ4AK5Gw4kfK-roOYTq6XLo5sa7_Vq4FbYJXkoZq0okNilgONLeyU1yMbp_TJsmj3HuiiccSSbUJajxVGQ2ZystK-s9kGck/w275-h366/20231004_145529.jpg" width="275" /></a></span></div><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;">Il ne s’agissait pas pour moi dans ce périple d’une visite touristique. Je ne pourrais pas dire non plus que c’était un pèlerinage, du moins au sens classique des croyants se rendant sur un lieu consacré par leur foi car je ne peux pas dire que je sois chrétien, à moins de mettre d’amples réserves à ce mot. Il s’agissait cependant dans mon esprit d’honorer et de me relier en esprit à la grande figure de Francesco, il Poverello. Cependant, ce n’était pas le saint revendiqué par l’Église qui m’intéressait là mais le visionnaire qui a été proclamé « patron des écologistes » en 1979 par le pape Jean-Paul II. J’emportais dans mes bagages la <i>Lettre à un religieux</i> de Simone Weil, et c’était à cette dernière aussi que je voulais rendre hommage : c’est à San Damiano, l’église que François a rebâti de ses mains, qu’elle a connu un renversement intérieur qui l’a conduite des Brigades Internationales avec lesquelles elle était partie combattre en Espagne – sort que j’aurais pu partager à l’époque – à une sorte d’illumination mystique. Dans sa <i>Lettre</i>, elle posait à un prêtre un ensemble de questions sur des points l’empêchant de rejoindre l’Église – questions qui sont restées sans réponses, et avec lesquelles j’ai marché, les faisant dans une grande mesure miennes. </div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgBks2jevriqgQ9mBBcT6du2mOCKO-g6gh9paHQdEQFcTIHEGSOrdFQKpRxHm4WiuhJuKXjjCkKc2xZPQ4vKRr9zFFuVQ1si27XrgJn_edtE0sIouxRNX_l6w702xKaeahHQxQ3b1bZ_uH5atacsoXzPhcba-qi-hHX0cJCJLI8T9zFiM7Hbtn374L1g24/s272/SimoneW.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="272" data-original-width="244" height="207" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgBks2jevriqgQ9mBBcT6du2mOCKO-g6gh9paHQdEQFcTIHEGSOrdFQKpRxHm4WiuhJuKXjjCkKc2xZPQ4vKRr9zFFuVQ1si27XrgJn_edtE0sIouxRNX_l6w702xKaeahHQxQ3b1bZ_uH5atacsoXzPhcba-qi-hHX0cJCJLI8T9zFiM7Hbtn374L1g24/w185-h207/SimoneW.jpg" width="185" /></a></div><br />Au fond, j’étais pour ma part en quête de vision sur les chemins d’Assise. Ou plutôt, donc, en marche de vision. La quête de vision (<i>hamblechya </i>en langage Lakota) est un rite de passage que l’on retrouve sous différentes formes à peu près chez tous les peuples premiers et qui consiste en s’isoler en nature pendant plusieurs jours pour « pleurer pour un rêve ». J’en ai parlé dans un article de 2014 : <i><a href="https://voiedureve.blogspot.com/2014/07/en-quete-dunevision.html" target="_blank">En quête d’une vision</a></i>. Mon enseignante Paule Lebrun, auteure d’un très beau livre sur ce sujet, guidait des quêtes de vision au Québec et en Arizona. C’est là qu’en 2003, j’ai goûté pour la dernière fois à ce formidable rituel de ressourcement au contact de l’âme. Dans la tradition lakota, on part en quête tous les sept ans. Il était temps que j’y retourne. Mais cette fois, à ma façon, c’est-à-dire en marchant sur un chemin pavé de rêves. Car finalement, nous disait le compagnon de Paule peu avant qu’elle ne décède, quand on connaît la façon de procéder, on pourrait faire une quête de vision dans une salle de bain. Pour ma part, je crois donc qu’il n’y a pas mieux pour s’ouvrir à la vision du dedans que de mettre un pied devant l’autre en avançant dans la beauté du monde, époustouflante.</div></span><p style="text-align: justify;"></p><div style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjxiI-iqCjPUfa33NcQEmqmfaZskYXqKGD2J-DbCHjf4pak5emQPX4zMOWtLxnZl6JJhrJGaPGaPEG49h274XqRwjYkp1otb-tcE31Hg53-CTTehSRoh-p5SUpmcdoXC0GM2AqNQFiZ0ccIgwMnBwG7W5eMVu7n49E6jtcLZKS0dvMOc8oTmeyzsPpxvng/s4608/20231010_072156.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="3456" data-original-width="4608" height="273" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjxiI-iqCjPUfa33NcQEmqmfaZskYXqKGD2J-DbCHjf4pak5emQPX4zMOWtLxnZl6JJhrJGaPGaPEG49h274XqRwjYkp1otb-tcE31Hg53-CTTehSRoh-p5SUpmcdoXC0GM2AqNQFiZ0ccIgwMnBwG7W5eMVu7n49E6jtcLZKS0dvMOc8oTmeyzsPpxvng/w364-h273/20231010_072156.jpg" width="364" /></a></div><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je marchais avec plusieurs ordres de questions qui se recoupaient. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Au premier chef, je cherchais comment je pourrais répondre au désespoir ambiant tandis que les nuages noirs s’accumulent sur notre horizon collectif. Tout mon travail avec les rêves est orienté dans ce sens : de même que la fréquentation des images intérieures tisse un filet de protection autour d’une psyché en crise, je crois qu’il est essentiel à ce point de notre histoire de puiser aux sources de l’âme pour affronter, les yeux et le cœur ouverts, la formidable crise que traverse notre monde. Mais je ressentais aussi les limites de cette démarche au fond très individuelle et confidentielle, et la nécessité d’aller plus loin. J’étais particulièrement préoccupé par le spectre de la guerre qui plane sur nous depuis que la Russie a choisi de renouer en Ukraine avec la politique de conquête impériale qui prévalait au XX<sup>ème</sup> siècle. Plus que jamais depuis 1945, les conditions sont réunies pour une conflagration générale qui pourrait embraser simultanément l’Europe, la mer de Chine, le Proche-Orient. Et pendant ce temps, la crise environnementale ne cesse de s’aggraver : notre maison brûle ! Mais ce qui me préoccupait surtout en marchant, c’est comment les esprits sont de plus en plus polarisés et comment moi-même peut me surprendre à être parfois contaminé par le poison qui alimente les guerres. Je me trouvais donc réduit à appeler le bon François au secours : comment ne pas céder à cette fièvre qui échauffe l’inconscient collectif ? Comment éviter de contribuer, ne serait-ce qu’en pensée, à cette psychose générale que l’on appelle la guerre ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjP1lE9M97OWp7vhqKgLLHtHAhuDRHv8kZQbTVK5_z_ucVqs8rw0u9EqmVUAE3gvRF4CGvKiFHWfh5VvvMRCWmjnmC62HsjS4wg17PknKQdCoZ4o9ShK03KHuvXyt05q_VaOGTSrr1qKm49C0bMCivC6KNZ3UqwQyQlzdD7roM9AFOWm03Px7hImjdMcDo/s4608/20231009_101417.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="4608" data-original-width="3456" height="377" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjP1lE9M97OWp7vhqKgLLHtHAhuDRHv8kZQbTVK5_z_ucVqs8rw0u9EqmVUAE3gvRF4CGvKiFHWfh5VvvMRCWmjnmC62HsjS4wg17PknKQdCoZ4o9ShK03KHuvXyt05q_VaOGTSrr1qKm49C0bMCivC6KNZ3UqwQyQlzdD7roM9AFOWm03Px7hImjdMcDo/w283-h377/20231009_101417.jpg" width="283" /></a></span></div><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;">Francesco, c’est pour moi ce jeune homme qui partit un jour en grand arroi, avec une armure étincelante, à la guerre que menait Assise contre sa voisine Pérouse. Défait, il a mordu la poussière et il a été emprisonné, malade, pendant plusieurs années avant de revenir dans sa cité d’origine. En complet désarroi, il s’est alors interrogé, il a erré, l’âme en peine : que faire de sa vie ? Il était sensible à la misère généralisée autour de lui. Elle lui était insupportable. Il se pourrait bien qu’il ait pleuré lui aussi pour un rêve. Et il a reçu une vision… qui l’a conduit bientôt à tout abandonner, à déposer aux pieds de son père ses habits et toute la richesse qui lui revenait par héritage. Il a d’une certaine façon choisi de ne collaborer en aucune façon aux jeux de pouvoir de son époque, sans entrer pour autant dans une posture d’opposition qui lui eut valu d’être qualifié d’hérétique, et de finir sur un bûcher. En cela, au-delà de la canonisation par laquelle l’Église l’a finalement récupéré, il a peut-être ouvert une voie qui vaut encore pour nous, plus que jamais.</div></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Plus profondément, j’étais aux prises avec un questionnement auquel aucun jungien, du moins en Occident – car il y a des jungiens aussi ailleurs, par exemple en Iran, qui s’inscrivent dans un autre contexte spirituel – ne peut selon moi échapper. Il faut en effet avoir à l’esprit que l’œuvre de Jung, au-delà de l’effort scientifique accompagnant l’essor de la psychologie naissante, s’enracine dans une profonde interrogation concernant le devenir du christianisme. C’est ainsi qu’à un moment crucial qu’il rapporte dans <i>Ma vie</i>, il a entendu une voix intérieure lui demander :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- Es-tu encore chrétien ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Et Jung d’avouer, à son corps défendant :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- Non…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« Alors, en quoi crois-tu ? Quel est ton mythe ? » a encore demandé la voix, et Jung de garder le silence, embarrassé. Toute son œuvre subséquente peut être comprise comme une tentative pour répondre à cette question et jeter les bases de ce qu’Edward Edinger, poursuivant sa réflexion, a appelé le « nouveau mythe ». </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjR33JSygtpKIaCxrwmDSg88LLXa_YY0EgUQMK3vKm-UUZRRYidIHHMlevqWLFoOMlg02Y0YIjDXFhZtJurBUJwp-vPHthfcWw5CORIyzTXSloqIGcrC0_-fqpwuK_K-XVkZnrpOPhNFROSRqGFg_9S9oj8vWT97egqaRHgY5Hk7GeN2UP_LU6hqvQ5qxU/s4608/20231008_125727.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="4608" data-original-width="3456" height="373" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjR33JSygtpKIaCxrwmDSg88LLXa_YY0EgUQMK3vKm-UUZRRYidIHHMlevqWLFoOMlg02Y0YIjDXFhZtJurBUJwp-vPHthfcWw5CORIyzTXSloqIGcrC0_-fqpwuK_K-XVkZnrpOPhNFROSRqGFg_9S9oj8vWT97egqaRHgY5Hk7GeN2UP_LU6hqvQ5qxU/w280-h373/20231008_125727.jpg" width="280" /></a></span></div><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;">On pourrait dire que Jung a dévoilé l’inconscient du christianisme en explorant l’alchimie. A la fin de sa vie, il se disait chrétien, mais hors de toute confession et particulièrement attentif à la façon dont l’idée chrétienne prouve sa vitalité en étant en évolution constante. Il aurait sans doute pu dialoguer en profondeur avec Simone Weil, qui écrivait dans sa <i>Lettre </i>qu’elle avait « vocation d’être une chrétienne hors de l’Église. » Or Jung, s’il reconduisait volontiers tous ceux qui l’approchaient à la foi de leurs ancêtres, s’ils le pouvaient, disait qu’il œuvrait surtout pour ceux qui sont frappés par la malédiction « hors de l’Église, point de salut ». Je crois depuis longtemps que cette question « Quel est ton mythe ? » nous concerne tous – elle est posée, à travers Jung, à toute notre modernité. Quand on étudie son œuvre en profondeur, on voit se dessiner les contours de ce nouveau mythe qui s’organise autour de la valeur centrale de la conscience – une notion essentiellement ignorée par les théologiens... </div></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Cependant, Jung pointe qu’aucun occidental ne saurait faire l’économie d’une confrontation avec le symbole majeur du Soi dans notre culture, à savoir le Christ. Pour ma part, je me suis longtemps débattu avec cette proposition. J’ai fait un tour du monde des spiritualités et j’en ai gardé une affinité certaine avec le bouddhisme zen et avec le soufisme. J’étais parvenu à un certain confort philosophique en m’inscrivant dans la lignée des existentialistes et en me définissant comme un agnostique spirituel, c’est-à-dire en m’en tenant à un « je-ne-sais-pas » ouvert sur le mystère de l’existence. Plus avant, j’élaborais un anarchisme mystique qui devait beaucoup aux réflexions de Tolstoï, lui-même reconnu comme un anarchiste chrétien. Cependant, j’avoue une certaine aversion pour le christianisme dans sa façon de parler à tout bout de champ de Dieu sans se laver la bouche – comme si l’on pouvait en savoir quelque chose ! Mais j’étais attiré de longue date par l’<i>évangile selon Thomas</i> que j’ai commencé à étudier à fond voilà quelques années. Et j’ai dû me rendre à l’évidence pointée par Jung : au-delà d’un certain point allant avec un éclairage et une pacification relative de l’inconscient personnel, il est nécessaire de se confronter au symbole central de notre inconscient culturel, à savoir la haute figure de Yeshua Ha-Nozri, Jésus le Nazoréen. Et c’est justement parce que cela m’était difficile, que je ressentais une profonde répulsion devant certaines professions de foi chrétienne, qu’il m’était nécessaire d’aller y voir. Pour me donner un peu de courage dans cette entreprise, je songeais aux répugnances de Jung se confrontant au galimatias de l’Alchimie : c’était justement parce qu’il pataugeait là dans des images qui lui semblaient incompréhensibles qu’il lui fallait s’y plonger... </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWJwsvOKvezA2djR1yTVjD421CzDIrCJmZiPrXe5kURRZkqU5svHywiyp8ngJHVU9LlOgya7C-e3RW_bZxbMMIKnf_50NkjvO-gGoj9ss8rnkEKhM-qqOWYa5jd7Mp85WkMxuseiYEGr2Yb3xac6dFlJ15RQtBKOSDwc7oBGGH_dP0YWhHV3L_2nmjV3k/s4608/20231012_113101.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="3456" data-original-width="4608" height="298" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjWJwsvOKvezA2djR1yTVjD421CzDIrCJmZiPrXe5kURRZkqU5svHywiyp8ngJHVU9LlOgya7C-e3RW_bZxbMMIKnf_50NkjvO-gGoj9ss8rnkEKhM-qqOWYa5jd7Mp85WkMxuseiYEGr2Yb3xac6dFlJ15RQtBKOSDwc7oBGGH_dP0YWhHV3L_2nmjV3k/w398-h298/20231012_113101.jpg" width="398" /></a></span></div></div><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;">Dans les mois qui ont précédé notre départ, je me suis lancé dans une étude approfondie de la dimension historique de la vie de Yeshua et des tout débuts du christianisme. Il en est ressorti que nous ne savons pas grand-chose, sinon que l’individu a existé et qu’il n’avait aucune prétention à la divinité. C’était un Juif qui amenait une nouvelle lumière au sein de sa propre religion, et il semble ne pas avoir eu d’autre ambition. A partir de là, il est bien certain que le christianisme doit beaucoup plus aux visions de Paul, qui a écarté les témoins directs, qu’à l’enseignement du Maître lui-même. Nous devons renoncer au fantasme qui consisterait en retrouver avec certitude ses paroles authentiques sous les couches de ré-écriture qui se sont succédées au cours des siècles. Mais si nous ne pouvons pas savoir avec précision ce qu’il a dit, nous pouvons identifier dans une grande mesure ce qu’il n’a pas dit. Dans une démarche proprement jungienne, nous devons donc distinguer très clairement entre la dimension historique d’un homme et de son enseignement d’une part, et le mythe qui s’est construit autour de lui. Quand je dis « mythe », je n’en dévalue pas pour autant la valeur, contrairement à des esprits fort imbus de leur rationalité comme Michel Onfray. J’invite simplement à entrer en relation avec ces images produites par l’inconscient collectif pour ce qu’elles sont : des productions symboliques qui ont un sens qu’il nous faut entendre pour le comprendre. Et non diluer dans des croyances dogmatiques mélangeant l’historique et le symbolique, l’humain et le mythique. </div></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Mais c’est là, bien sûr, que le bat blesse dans le dialogue entre jungiens et chrétiens. Quand Jung par exemple écrit dans <i>Aïon </i>que Jésus-Christ – c’est-à-dire l’image collective que nous en avons – est un symbole du Soi, ces derniers se mettent à hurler à la mort et rétorquent avec hargne que c’est le Soi qui est un symbole du Christ. Je suis désolé de devoir dire que c’est idiot et que cela témoigne de l’incompréhension de la nature du symbole en tant qu’image vivante qui permet d’approcher une dimension incommensurable, incompréhensible, inconnaissable directement. La notion de Soi est elle-même un concept limite pour parler de la réalité éternelle dont notre existence et notre conscience jaillissent. En désignant le Christ comme un symbole du Soi, Jung ne lui retire rien. Il le met seulement – et c’est ce qui est insupportable à nombre de chrétiens, mais heureusement pas tous<a class="sdfootnoteanc" href="https://voiedureve.blogspot.com/2023/12/men-revenant-dassise.html#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc" style="font-size: 16px; text-align: justify;"><sup>1</sup></a><span style="font-size: 16px; text-align: justify;"> </span>– sur le même plan que d’autres représentations du mystère transcendant que l’on rencontre au cœur de l’existence, et par exemple de ce représente Krishna pour un hindou, Shiva pour un shivaïte. Cela n’empêche pas, bien au contraire, un dialogue et une relation vivante avec cette image, ou plus précisément, avec le mystère qui transparaît au cœur de l’image. Cependant, il faut bien comprendre que si l’on s’arrête à une représentation du Réel en la déclarant seule équivalente au Réel, on arrête tout processus d’évolution de cette image. C’est une forme d’idolâtrie qui fait confondre le doigt et la lune qui montre le doigt. A un certain point de ma méditation autour de ces interrogations, une voix intérieure a énoncé ce qui a pris force pour moi d’une évidence :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« Le Christ, soit il rassemble toutes les couleurs de l’arc-en-ciel spirituel, toutes les religions… soit il n’est rien. »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Et répondant à ce que je ressens bien souvent comme l’insupportable arrogance de nombre de chrétiens à l’égard des autres religions :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« Il se tient tout en bas. C’est ainsi, et ainsi seulement, qu’il les embrasse tous. »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je pouvais commencer à m’inquiéter pour ma santé mentale si je commençais à entendre des voix commenter ces sujets. Heureusement, cela n’a pas duré (lol). </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitDsKMkw0WuQPVVtc8ElQ80n1SFOOxotuO8tdGGnjcfkxyHCKpoRjtZUZMZF3Zmy9GqDNYj1CcTOiLS5m9NIiJ-TEnHv5uM6-7Jxl9kZ2a1Slp_NDH2ODKHhP08Cr7hF_Xy1hHPSBeh__gXTCYGh02X6lQF61nSutiMrLoC9fKTzGA-HUuafogSdqUDR0/s4608/20231001_095203.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="4608" data-original-width="3456" height="378" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitDsKMkw0WuQPVVtc8ElQ80n1SFOOxotuO8tdGGnjcfkxyHCKpoRjtZUZMZF3Zmy9GqDNYj1CcTOiLS5m9NIiJ-TEnHv5uM6-7Jxl9kZ2a1Slp_NDH2ODKHhP08Cr7hF_Xy1hHPSBeh__gXTCYGh02X6lQF61nSutiMrLoC9fKTzGA-HUuafogSdqUDR0/w284-h378/20231001_095203.jpg" width="284" /></a></span></div><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;">Au cours de l’année qui a précédé notre départ vers l’Italie, j’ai eu l’occasion d’une plongée prolongée en milieu chrétien. J’y ai ressenti beaucoup de tristesse. J’étais entouré de gens très gentils mais qui semblaient vivre dans un autre monde. Cela ressortait encore de ma lecture d’un beau livre de marche, <i>les chemins des estives</i> de Charles Wright, récit du parcours de deux apprentis jésuites dans le centre de la France. Partout où ils passaient, ils constataient que les églises et autres hauts lieux de la chrétienté étaient abandonnés, vides. Il n’y a plus de vocations pour les faire vivre. Le christianisme appartient, au moins pour la plupart d’entre nous dont je suis, à un passé révolu. Je ne veux pas dire là que tous les chrétiens vivent dans le passé; cela dépend encore de la façon dont ils vivent leur foi. Jung disait que les gens qui vivent dans le passé y trouvent un certain confort car ils peuvent se reposer sur les réponses que d’autres ont apportées aux questions de leur temps. Mais ceux qui vivent dans le présent, ajoutait-il, sont assis sur des questions brûlantes. </div></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Et me voici donc marchant sur les chemins d’Assise, avec pour signe de reconnaissance du chemin un Tau qui n’était pas sans me rappeler dans un clin d’œil appuyé la présence de mon cher Thomas, en araméen <i>Tauma</i>, le Jumeau… avec une question incandescente entre les mains : que pouvons-nous sauver, en terme de valeur spirituelle, du christianisme ? Ou pour le formuler autrement : en admettant qu’il y a quelque chose d’infiniment précieux dans l’enseignement et la voie ouverte par Yeshua Ha-Nozri, mais que ce joyau spirituel a été enfoui et peut-être même caché… comment jeter l’eau du bain et récupérer le bébé, le sécher et en prendre soin ? C’est un enfant… numineux, divin.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj3SA9MklKyZ125xTDyCtI7DBcxQ5oFKLJKugMg921iSYvxdWdBdejLCYrqb8mVUJmOZ5bMh7XaLJrPo6qEAw9_OuLsre7BcTItmaLhnYlgS0eOCtjwpJMGSNXf0FJazZBnU9qvtnzocbkAiv7gme_fm_d6-b3lzuOUAvBCgmCjr0HwUVkXF39QKMbvanE/s4608/20231011_153841.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="4608" data-original-width="3456" height="295" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj3SA9MklKyZ125xTDyCtI7DBcxQ5oFKLJKugMg921iSYvxdWdBdejLCYrqb8mVUJmOZ5bMh7XaLJrPo6qEAw9_OuLsre7BcTItmaLhnYlgS0eOCtjwpJMGSNXf0FJazZBnU9qvtnzocbkAiv7gme_fm_d6-b3lzuOUAvBCgmCjr0HwUVkXF39QKMbvanE/w221-h295/20231011_153841.jpg" width="221" /></a></span></div><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;">Il y a eu des rêves, bien sûr, trop nombreux pour que j’en fasse état ici. Ce serait un autre roman à écrire. Plusieurs rêves, au tout début du chemin, dénotaient un violent conflit intérieur, dans lequel par exemple deux hommes se battaient pour une femme qui le déplorait. Et puis, alors que nous marchions en Chartreuse pour un galop d’essai de quelques jours sur le chemin, il y a eu deux rêves remarquables. Dans l’un d’eux, il me fallait ramasser des paillettes d’or qui étaient tombées à terre et étaient ordonnées par le magnétisme d’un aimant. Cela m’a rappelé ce que dit Jung de l’action du Soi qui agit comme un Aimant, dans tous les sens du mot – c’est l’Amour ordonnateur qui agit. Et j’étais bien sûr sensible au fait que plusieurs rêves, dont celui-ci était l’apogée, évoquait l’or qui symbolise la lumière incarnée. Mais l’autre rêve était encore plus interpellant. Il m’était simplement annoncé que Yeshua serait présent autour de la table à ma fête d’anniversaire. J’étais impressionné et me demandais bien comment je pourrais me sentir en une telle Présence…</div></span><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_AiyaC8X1l3DGR6yBqhp2509BWGZ_8NMS3rUXymoGbBcXXZ67uSrpeBL3Z2vH287dSfGK4MURqBBjz19z-ZxFbxkk5Z3n3pmoPuxlG_fs2R6NMarejTJ_zxyK1wgIHFkf1HOn4dG3A5sj2kafaXNSYwxjo6oW8rtP7amw9VEdFi7A5jjmxd49xwATzG0/s4608/20230814_155058.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="3456" data-original-width="4608" height="297" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi_AiyaC8X1l3DGR6yBqhp2509BWGZ_8NMS3rUXymoGbBcXXZ67uSrpeBL3Z2vH287dSfGK4MURqBBjz19z-ZxFbxkk5Z3n3pmoPuxlG_fs2R6NMarejTJ_zxyK1wgIHFkf1HOn4dG3A5sj2kafaXNSYwxjo6oW8rtP7amw9VEdFi7A5jjmxd49xwATzG0/w395-h297/20230814_155058.jpg" width="395" /></a></div><br />Pendant un certain temps, j’ai marché en me demandant si, en bout de ligne, je n’allais pas devoir m’avouer que j’étais devenu chrétien. Je pouvais en particulier voir en Yeshua un anarchiste mystique selon mon cœur et endosser complètement son refus de toute volonté de puissance, sa non-violence et sa façon de subvertir l’ordre établi dans son hypocrisie pour ramener ses interlocuteurs à l’essentiel. Mais cette simple idée de me rallier en esprit au christianisme déclenchait un tumulte à l’intérieur qui n’était pas sans me rappeler les mots de Jung à l’ouverture des <i>Sept sermons aux morts</i> : </div></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« Les morts s’en revenaient de Jérusalem où ils n’avaient pas trouvé ce qu’ils cherchaient... »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">La seule issue pour moi était d’admettre qu’il pouvait bien y avoir un chrétien en moi – et plutôt d’ailleurs un de ces disciples de Yeshua des premiers temps qui ne voyaient pas en lui un dieu, un Messie... mais un homme par qui parlait l’Esprit. Cependant, j’étais bien obligé d’admettre qu’il y avait aussi un soufi, un bouddhiste zen, et aussi un agnostique qui comprend très bien les athées, et encore beaucoup d’autres points de vue. Dès lors que je suis revenu à cette perception d’une diversité intérieure à embrasser en conscience, le tumulte s’est apaisé et bientôt, une autre idée s’est imposée à mon esprit : la question n’est en réalité pas tellement de savoir si l’on est chrétien, musulman, agnostique ou anarchiste, ou quoi que ce soit… mais comment on l’est. Quoi que nous soyons, quoi que nous croyons ou pensions, nous pouvons le faire d’une façon ouverte à l’altérité, à la différence et au fait que nous sommes beaucoup plus que cela, ou d’une façon fermée. Et si nous le faisons de façon fermée, alors nous desservons même l’idée que nous croyons servir en alimentant les conflits qui déchirent l’humanité. Au fond, ces identités sont collectives, et dans une certaine mesure, nous ne les choisissons pas vraiment consciemment – on naît dans telle ou telle culture, telle ou telle famille, et on se retrouve à suivre ce fil collectif. Tout comme on est français, israélien ou bantou. De là à s’en péter les bretelles en se croyant dépositaire d’une vérité universelle… Il y a donc une façon complètement inconsciente de s’identifier à un de ces courants collectifs, en se constituant par-là une identité, un égo… mais il y aussi une possibilité de mettre de la conscience dans cette situation. Alors, on prend soin de ce que les musulmans appellent « <i>al-amâna</i> », le dépôt divin qui se trouve en chaque être humain – la vérité vivante, qui ne se laisse emprisonner dans aucune forme...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Notre tâche, du point de vue jungien, est la conscience. L’effort de la conscience.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhnXwXD518l3rZlGv6SO-m2IGgAA21AA8IHikhZ9A_W8wrk1fLL96-o91Mgqwm1jitrrtBGBbzTavOzrDjSSDFWqsSlvr188ttWx3ATxx1dbxoUKcaqYZauPe0aS_qv0Sf5EGy8ImEAHfqiEfw-Ym7fGKLgpAeid3OugsOa69hd13EyIkHqVj3bfcIc8l4/s3096/20231013_135644.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="3096" data-original-width="2322" height="397" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhnXwXD518l3rZlGv6SO-m2IGgAA21AA8IHikhZ9A_W8wrk1fLL96-o91Mgqwm1jitrrtBGBbzTavOzrDjSSDFWqsSlvr188ttWx3ATxx1dbxoUKcaqYZauPe0aS_qv0Sf5EGy8ImEAHfqiEfw-Ym7fGKLgpAeid3OugsOa69hd13EyIkHqVj3bfcIc8l4/w298-h397/20231013_135644.jpg" width="298" /></a></span></div><span style="font-family: georgia;"><br />A mon secours, j’invoquerai la poésie de Rûmi qui chantait :</span><p></p><p style="text-align: justify;"></p><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">« Ni chrétien, ni juif, ni musulman.</span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">Ni hindou, ni bouddhiste, ni soufi, ni zen.</span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">Sans religion ni système culturel.</span></div><p></p><p></p><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">Je ne suis ni de l’est, ni de l’ouest</span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">ni surgi de l’océan, ni sorti de la terre.</span></div><p></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">(…)</span></p><p></p><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">Ma place est sans place, une trace</span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">de ce qui ne laisse pas de trace,</span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">ni corps, ni âme.</span></div><p></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">J’appartiens à l’Aimé.</span></p><p></p><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">J’ai vu les deux mondes comme un seul,</span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">et c’est lui que j’appelle et connais.</span></div><p></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">Premier et dernier, interne et externe.</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">Rien qu’un souffle !</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">Le souffle d’un être humain qui respire ! »</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia; font-size: x-small;">(Traduction Coleman Barks)</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi1_s2inWjrT9MBHtVQDOMDLonJXuwfp429xnx7Vh1Vgg3jGoi2PbttYcq9vmdI61fBHcTK5LEcDlf6bdRDAvbh9lsg5FfYA_e1xAvX2W8GU6COwLoJrP6F2g7hmP83gACaDJG7kCVCxwiww7FQisimQmy2GfzDaWgaLa1J9oJzL-2GdPiqbnB9yqENq74/s4608/20231009_093951.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="4608" data-original-width="3456" height="372" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi1_s2inWjrT9MBHtVQDOMDLonJXuwfp429xnx7Vh1Vgg3jGoi2PbttYcq9vmdI61fBHcTK5LEcDlf6bdRDAvbh9lsg5FfYA_e1xAvX2W8GU6COwLoJrP6F2g7hmP83gACaDJG7kCVCxwiww7FQisimQmy2GfzDaWgaLa1J9oJzL-2GdPiqbnB9yqENq74/w279-h372/20231009_093951.jpg" width="279" /></a></span></div><span style="font-family: georgia;"><br />A partir de là, que vous dire ? </span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Dans un rêve qui a ponctué ces réflexions, j’adoptais un petit chat rose que je nommais Skywalker - c’était le compagnon de ma petite chatte nommée d’après la princesse Leïa de la Guerre des Étoiles. Bien sûr, il y avait une grande satisfaction à les voir réunis, mais surtout, il ressortait que ce petit chat était capable donc de « marcher dans le ciel »…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Avec ce rêve, une autre évidence s’est imposée à mon esprit. J’interrogeais ce qui sauve devant la noirceur des nuages qui s’accumulent sur notre horizon, et comme souvent en quête de vision, la simplicité de la réponse m’a laissé pantois. Ce qui sauve, m’a dit un autre rêve qui parlait anglais – souvent pour moi, depuis que j’ai vécu au Canada, le langage de l’inconscient – ce n’est rien d’autre que « <i>Love and kindness </i>» :</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">L’amour et la gentillesse.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Han Ryner, un philosophe anarchiste du début du XX<sup>ème</sup> siècle auquel on doit un <i>Cinquième évangile</i>, disait que le Christ n’est pas un homme mais une parole. On peut penser qu’il s’agit d’une parole empreinte d’amour et de gentillesse, hors de tout dogme. Quoi d’autre ? On peut chercher plus loin… mais c’est la porte d’entrée, et ce qu’il ne faut surtout pas perdre en route. Que serait un monde où régnerait l’amour et la gentillesse ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjiE1fV2hkjIpu3DG55izyseRnZLq7OWbJJFRQOZht70SM3VSm2VKVCBpN7UUgnGC_UVGtaoporrHZJktHO3lQvY-LGm85ud2xTrjL4r6gUN7iK8j2vVe4Q367cixrv5OV2poN7q75Ie7Q-mZy_YbhYaoirT2MY0iLt_0hr4S78Njb4l7t_E6TtFjDxdrg/s3264/20230815_131228.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="3264" data-original-width="2448" height="390" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjiE1fV2hkjIpu3DG55izyseRnZLq7OWbJJFRQOZht70SM3VSm2VKVCBpN7UUgnGC_UVGtaoporrHZJktHO3lQvY-LGm85ud2xTrjL4r6gUN7iK8j2vVe4Q367cixrv5OV2poN7q75Ie7Q-mZy_YbhYaoirT2MY0iLt_0hr4S78Njb4l7t_E6TtFjDxdrg/w293-h390/20230815_131228.jpg" width="293" /></a></span></div><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;">L’étude d’un texte chrétien qui me dérangeait beaucoup au prime abord m’a éclairé sur la compréhension archétypale que nous pouvons avoir du mythe chrétien. L’auteur, un prêtre qui a longtemps tâté du bouddhisme zen, expliquait que nous devons partir du postulat qu’il y a une seule nature humaine – et donc tous les humains ont la même nature humaine que Jésus. Ouf, ai-je noté en marge de cette lecture, celui-ci n’est pas un extra-terrestre ! Dès lors, il y a en tout humain « par l’incarnation du Fils de Dieu, cette nature humaine du Christ, homme et Dieu. Et cette nature, l’être humain doit la faire sienne. » C’est-à-dire, ai-je encore noté en marge, la rendre consciente. Mais j’avoue que toutes les allusions au « Fils de Dieu » qui nous laissent entendre que Yeshua – l’être humain que je différencie du mythique Jésus – serait né avec des pouvoirs de super-héros en arrivant tout droit de la planète Krypton, m’irritaient au plus haut point…</div></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Jusqu’à ce qu’après une étude sémiotique du texte, je parvienne à le reformuler en termes psychologiques accessibles à tout le monde sans passer par un credo :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« Tout être humain est, dans sa nature, humain et divin en potentiel, et cette nature, il doit la rendre consciente. »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">La sémiotique m’a éclairé en me montrant que l’énoncé « par l’incarnation du Fils de Dieu » est ce que l’on appelle une figure d’espace. On pourrait aussi bien dire « au travers de... » et dès lors, ce texte obscur s’est éclairé ainsi :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« Ce qui rend cette nature consciente en nous, c’est l’archétype du Fils/Fille incarné(e), c’est-à-dire vécu, rendu conscient. C’est notre relation consciente au Mystère créateur de l’existence et de la conscience en tant que Ses enfants. »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Pour moi, c’est conscience – la petite conscience relative – prenant conscience d’être fille de Conscience – la grande Conscience absolue, le seul Réel. On peut penser que c’est précisément ce qu’enseignait Yeshua, ou encore ce que dit le mythe chrétien si on l’écoute hors de tout credo – je dis « on peut penser » car au fond, chacun a le Yeshua / Jésus qu’il crée dans son esprit. C’est à chacun(e) de prendre la responsabilité des images mentales qu’il ou elle entretient et au travers desquelles ielles est en relation avec la réalité…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6dP3I6OQLcmcYRWg4r3OZf6lizsYDqWC7t0L8qmzA9dHhbPv1c_GGtywUPaVhMOmxrc5DjRjT7sbGz6vecsJQZx9KeVbupjYo7Js9uxdybIMMsLgSconDny-dYc_7itjYoEMgTlCkRNN4hrecSEccjl0IbLt0YT8a85ERwMhhxkffiAS2fwx27pRwF0g/s4608/20231002_103702.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="4608" data-original-width="3456" height="363" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg6dP3I6OQLcmcYRWg4r3OZf6lizsYDqWC7t0L8qmzA9dHhbPv1c_GGtywUPaVhMOmxrc5DjRjT7sbGz6vecsJQZx9KeVbupjYo7Js9uxdybIMMsLgSconDny-dYc_7itjYoEMgTlCkRNN4hrecSEccjl0IbLt0YT8a85ERwMhhxkffiAS2fwx27pRwF0g/w272-h363/20231002_103702.jpg" width="272" /></a></span></div><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;">Finalement, il me faut vous raconter comment j’ai repris contact avec le monde après plus de deux semaines sans regarder les actualités – ce qui relève pour moi des grandes vacances car j’ai une relation plutôt obsessionnelle aux nouvelles. J’étais donc bien loin des soubresauts qui agitent notre belle planète, me régalant plutôt de paysages bucoliques où les oliviers succédaient aux vignes et aux forêts. Jusqu’à ce que j’ai "le malheur", le 10 octobre, de regarder mes courriels et de prêter attention à une alerte mentionnant la percée des lignes de défense israéliennes par les commandos du Hamas. Je ne vous cacherai pas que cela a été un choc. En quelques minutes, j’ai été jeté dans un profond trouble car je pouvais comprendre la rage et la douleur des deux côtés. Il se trouve que j’ai dû aller chercher de l’eau à quelques kilomètres du lieu où nous avions établis notre campement pour la nuit, et j’ai été frappé de constater que je marchais dans un état d’agitation extrême. C’était comme si, ayant abaissé mes défenses immunitaires en jeûnant de toute actualité, j’avais tout à coup importé le conflit proche-oriental dans toute sa violence. J’ai pleuré. Et puis j’ai réalisé que j’étais revenu à la question initiale avec laquelle j’étais parti en marche de vision. Alors, j’ai médité et j’ai tendu l’oreille.</div></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">J’ai retrouvé mon centre et ma paix intérieure avec deux idées qui se sont imposées encore une fois à mon esprit comme des évidences. Ce n’était pas tout à fait des idées d’ailleurs mais plutôt des ressentis profonds. Le premier, c’était que la nature relativement sauvage qui nous environnait n’avait rien à faire de ces conflits qui agitent le mental humain, et qu’il est toujours possible de nous y relier, nous y ressourcer. Nous oublions trop facilement, trop rapidement, que nous faisons partie de cette nature et que, quelle que soit la haute opinion que nous avons de nous-mêmes et de l’humanité, au fond nous revenons toujours à cette nature, ne serait-ce que par les fonctions naturelles de notre corps. Les rêves, du point de vue de Jung, sont aussi une expression de cette nature vivante en nous. Or cette nature, quand on contemple par exemple les étoiles dans le ciel loin de la pollution lumineuse des villes, est tellement plus vaste que notre petit mental. On peut facilement se perdre, s’abandonner, dans cette immensité vivante. Et quand la folie humaine nous submerge momentanément, il est toujours possible de revenir à cette nature en nous en respirant. Par notre respiration consciente, nous rejoignons un grand souffle qui traverse l’Univers...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Ce même souffle qu’évoque Rûmi !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiJXhXiI0v6al2iGjT_5zzdaSwAWdu_QRv26kMAUJHRp4f47A2UelbKZ0MhaIZEKO2HX_2t1_rShP7bOLDS86vZm5L1uBIOEsAgcIKDjNxlILE-RbX43ig_wbZgiFVeLuP2jhE6I_T0w5qyorkPNWog_iMU1WwSlfogUJrWBMV04EJoy33fpyqLsrJqbl8/s4608/20230924_092124.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="4608" data-original-width="3456" height="369" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiJXhXiI0v6al2iGjT_5zzdaSwAWdu_QRv26kMAUJHRp4f47A2UelbKZ0MhaIZEKO2HX_2t1_rShP7bOLDS86vZm5L1uBIOEsAgcIKDjNxlILE-RbX43ig_wbZgiFVeLuP2jhE6I_T0w5qyorkPNWog_iMU1WwSlfogUJrWBMV04EJoy33fpyqLsrJqbl8/w277-h369/20230924_092124.jpg" width="277" /></a></span></div><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;">Une fois que je suis revenu à cette quiétude qui baigne la nature – j’emploie ce mot « quiétude » en songeant à un merveilleux petit livre portant ce titre, écrit par Eckhart Tollé, un sutra pour notre temps qui a été republié comme étant <i>l’art de la paix intérieure</i> – une autre évidence s’est faite jour sous mon crâne. J’ai longtemps été obsédé par l’omniprésence du mal, au sens non pas moral de ce mot mais pragmatique de ce qui cause de la souffrance. Ou comme l’écrivait Hannah Arendt, l’insoutenable « banalité du mal ». Quoi de neuf en effet dans les actualités ? Rien n’a changé depuis que Carthage et Jérusalem ont été rasées par les troupes romaines. L’Empire n’a jamais pris fin – cet empire dont Simone Weil dit dans sa Lettre qu’il a injecté sa nature totalitaire à la religion chrétienne. J’ai, comme beaucoup d’entre nous, désespéré devant cette omniprésence du mal, qui pour moi est fondamentalement lié à la volonté de puissance – aux rapports de domination et de pouvoir que les êtres humains cherchent à exercer les uns sur les autres. Mais je me rendais compte en méditant dans la nuit non loin d’Assise que ce n’était pas la façon dont le mal occupe tout notre espace mental qui est vraiment important, mais le fait qu’il y a toujours eu des Justes – des gens qui ont fait ce qu’il faut en face de ce mal. Qu’ils aient sauvé des juifs au risque de leurs vies, ou refusé de combattre, au prix de la prison ou pire encore. Il y a toujours eu des Etty Hillesum refusant l’engrenage de la haine, des Francesco di Assisi déposant les armes, des Yeshua et des Gautama Bouddha pointant par leur exemple vers la véritable liberté. Et la beauté, c’est que c’était des êtres humains, et non des dieux descendus du ciel. En étant profondément humains, totalement humains, ils nous ont montré ce qu’est une humanité accomplie…</div></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">C’est avec cette vision que je suis revenu d’Assise.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je me suis rendu compte qu’en fait, c’est aussi avec elle que j’étais parti mais qu’il m’avait fallu marcher patiemment pour la tirer au jour. Cela venait confirmer ma conviction qu’il faut toujours aller au bout des questions qui nous travaillent car au fond, elles sont enceintes de leurs réponses. Il faut simplement un travail patient de conscience pour donner naissance à ces réponses. En ce qui me concerne, il y avait une interrogation subsidiaire : tout cela étant clair, qu’allais-je faire avec ça ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi43AfT5uwo6vbstxL4UyCP9ELjnkSDIjsi4GGXJtICffVxZc07JMyy3tUUAcJm0SsZZu3oJ6tdENed0y5IawXT9L_1yD7FJUj0F1UTQnLyykseZWag4c2hklpg9Ysx-0pN9C3hen7Ia5GpRdMewjtNFqE82KS-asdHvPvZDHMHODp2DvzVJINjL9RaRYQ/s4128/20231013_135613.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="3096" data-original-width="4128" height="274" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi43AfT5uwo6vbstxL4UyCP9ELjnkSDIjsi4GGXJtICffVxZc07JMyy3tUUAcJm0SsZZu3oJ6tdENed0y5IawXT9L_1yD7FJUj0F1UTQnLyykseZWag4c2hklpg9Ysx-0pN9C3hen7Ia5GpRdMewjtNFqE82KS-asdHvPvZDHMHODp2DvzVJINjL9RaRYQ/w366-h274/20231013_135613.jpg" width="366" /></a></span></div><span style="font-family: georgia;"><br />La réponse intérieure a fusé : certainement pas un machin collectif. </span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je vais faire ce que j’ai toujours fait et que je continuerai à faire : je vais simplement écrire, en espérant que ce que je communique par-là puisse en inspirer quelques autres. Ne serait-ce qu’un seul individu, qui osera aller à la rencontre de sa propre vision, ce sera bien suffisant. Alors, nous nous rencontrerons, comme dit Rûmi, dans ce champ qui est « au-delà du bien et du mal »...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhkS5Q3j619juCDICdHaueu2kizcDvMjFqN2YxPWy1KB73lU9mi98w46APfVQ-LEFpQblCkBGkd9Ojt_zc8Ow2fOpCq8Ahc7w87wPc72BNEmRXynuancYKYUw1nYt4Ce-xNyljnkfX-xJYoXiRiFjXg4ph14ePnuUt2pWW4xzkLmR1JlzuzgW-Ncp1X6j4/s4128/20231013_151715.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="4128" data-original-width="3096" height="364" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhkS5Q3j619juCDICdHaueu2kizcDvMjFqN2YxPWy1KB73lU9mi98w46APfVQ-LEFpQblCkBGkd9Ojt_zc8Ow2fOpCq8Ahc7w87wPc72BNEmRXynuancYKYUw1nYt4Ce-xNyljnkfX-xJYoXiRiFjXg4ph14ePnuUt2pWW4xzkLmR1JlzuzgW-Ncp1X6j4/w273-h364/20231013_151715.jpg" width="273" /></a></span></div><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;">Dans les jours qui ont précédé notre arrivée à Assise, Marie-Anne m’a fait remarquer que nous ne marchions pas que pour nous-mêmes; nous marchions aussi pour la communauté. Cela m’a inspiré une idée : j’ai demandé aux personnes qui suivaient notre périple sur Facebook de nous communiquer, si elles le voulaient, une prière personnelle que nous nous engagions à déposer en temps et lieu appropriés lors de notre séjour dans la ville du bon François. Nous avons été surpris par l’ampleur de la réponse : plus d’une vingtaine de prières nous sont parvenues. Lors de notre visite à l’église de San Damiano, nous nous sommes isolés dans la nature proche pour faire un petit rituel dédié « à toutes nos relations ». Nous avons nommé chacune des personnes et nous avons lu les prières à haute voix avant de chanter le prénom de la personne. Puis, à la fin, nous avons adjoint nos prières personnelles à l’ensemble et nous sommes allés les déposer dans la boîte prévue à cet effet à l’entrée de l’église. Cela a complété notre « pèlerinage » avec un sentiment de grande satisfaction. J’ai pris alors conscience d’une nouvelle dimension de ma marche de vision : on ne pleure pas pour un rêve seulement pour soi, mais aussi pour la communauté. Les peuples premiers le savaient fort bien. Nous sommes tous reliés.</div></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiGFZZuIn4defYYt-sqhvhrWpyu2j-tTZgmvyI8Md9Z-f4wWY17puxyuUCjg4xbRkeq05imbt5zh7hijqhRn_XOYOK0PNb-JnGOkWe5EfGMJjeQeQG4PF8EIe7SNyZnLskz4sluuRdjPqO0lXYLF713tSGi0SQoynI3OOQFkmbLyO6GfhNirvNvvfyDyxE/s4608/20231013_164500.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="4608" data-original-width="3456" height="351" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiGFZZuIn4defYYt-sqhvhrWpyu2j-tTZgmvyI8Md9Z-f4wWY17puxyuUCjg4xbRkeq05imbt5zh7hijqhRn_XOYOK0PNb-JnGOkWe5EfGMJjeQeQG4PF8EIe7SNyZnLskz4sluuRdjPqO0lXYLF713tSGi0SQoynI3OOQFkmbLyO6GfhNirvNvvfyDyxE/w263-h351/20231013_164500.jpg" width="263" /></a></span></div><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;">J’ai été frappé enfin de constater au travers de mes lectures que les premiers disciples de Yeshua à Jérusalem s’appelaient eux-mêmes « les pauvres » – on les connaît désormais sous le nom des ébionites, de l’hébreu <i>ebyonim </i>qui signifie « pauvres », et certains les désignent comme étant les nazoréens fidèles à l’enseignement du Maître vivant. Ils ne croyaient pas que Yeshua Ha-Nozri était un Fils de Dieu descendu du ciel; pour eux, c’était un prophète venu accomplir la Torah et la reconduire à l’Esprit en la libérant de la lettre. Ils ont bien sûr été marginalisés par la grande Église et désignés comme hérétiques avant de disparaître vers le IVème siècle. Du moins en apparence, car on en retrouve la trace dans l’entourage du prophète Muhammad, aux sources du Coran. Mais le plus frappant donc, c’est que spontanément, le bienheureux François cherchant à revenir aux sources de l’enseignement de son Jésus s’est fait à son tour pauvre, c’est-à-dire a renoncé à toute volonté de puissance dans notre monde ravagé par le poison du pouvoir.</div></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">C’est peut-être bien par-là qu’il y a un chemin pour répondre au désespoir qui étreint notre monde. Une voie de liberté radicale.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjx-c1muA-97uNQR0oUZ383xWC9Z61UIWnMfKUitj_XGO6so2temvOkmtSMwHhfqekl33YQsOFKGziRVEMjXdkpGN3OWL3-ZskqePcgxZEZiChN2KR-7KYhUePdPW7irKNsMaeU2llDgdU8U2nyaJ92ioNXO-Xkxip64ch7cwCzyYfitMivh7zCvtCKi8s/s3096/20231013_135640.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="3096" data-original-width="2322" height="383" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjx-c1muA-97uNQR0oUZ383xWC9Z61UIWnMfKUitj_XGO6so2temvOkmtSMwHhfqekl33YQsOFKGziRVEMjXdkpGN3OWL3-ZskqePcgxZEZiChN2KR-7KYhUePdPW7irKNsMaeU2llDgdU8U2nyaJ92ioNXO-Xkxip64ch7cwCzyYfitMivh7zCvtCKi8s/w287-h383/20231013_135640.jpg" width="287" /></a></span></div><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;">Un dernier mot. Alors que j’avais commencé à écrire cet article, et que je me demandais bien franchement si mes questionnements spirituels pouvaient intéresser quelqu’un parmi mes lecteurs, j’ai reçu un rêve fort significatif. Dans celui-ci, je revenais chez moi, sur une petite colline, après être allé cherché "en bas" un grand jerrican d’eau. Je trouvais un ami affalé contre un mur, la bouche ouverte, semblant mort. Je lui ai donné de l’eau, et il est revenu à la vie. Ce qui était frappant, c’est que cet ami, qui ne ressemblait à personne que je connais dans la vie diurne, s’appelait Pierre. Et je me demandais un moment comment nous allions faire car Pierre, qui vivait aussi en haut de cette colline, aurait dû lui aussi aller chercher de l’eau pour pourvoir à ses besoins, mais il en était incapable. Je me rendais donc à l’idée qu’il n’y avait pas d’autre solution que de simplement partager l’eau…</div></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Quand j’ai examiné ce rêve, j’ai vu que Pierre symbolise à l’évidence pour moi la religion chrétienne, en tant que l’apôtre et le premier pape de l’église de Rome. Elle est moribonde, ce que constatait déjà Jung en son temps. On peut le constater au nombre de lieux de la chrétienté que la vie a déserté, qui rappellent un passé qui ne ressuscitera pas. J’ai souri. Il est bien possible que mes élucubrations n’intéressent personne mais l’inconscient, au moins, est intéressé et me demande de partager l’eau que je suis allée chercher en descendant "en bas" dans mes profondeurs. Et c’est bien ce à quoi nous enjoignait Jung : il nous faut aller au bout de nos questions car nos questions ne sont pas nôtres, elles nous traversent. Il ne s’agit pas d’élaborer de nouvelles certitudes auxquelles nous accrocher mais simplement de nous mettre au service du processus créatif de l’inconscient en nous. Et ainsi allumer une petite lumière de conscience dans la nuit.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgsdLc-vgJMuj16Vj5EiVmiCQQ9PYJN7SJYjV9rkf8Iur8pdgDkpirsWv_1-xTrJvCcX09aQXTtLfmmBuhwa1aozATNFU-DrSlt-uBDFzC9P_j5qV_-AGdQ2nPgRu9a-Gvzr49Av1V2SsQS0k1uPDAvqLxv9T4nMtEEFmD4NUDVw6DPeyDqbPnEHb0vHJE/s4608/20231013_140023.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="4608" data-original-width="3456" height="359" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgsdLc-vgJMuj16Vj5EiVmiCQQ9PYJN7SJYjV9rkf8Iur8pdgDkpirsWv_1-xTrJvCcX09aQXTtLfmmBuhwa1aozATNFU-DrSlt-uBDFzC9P_j5qV_-AGdQ2nPgRu9a-Gvzr49Av1V2SsQS0k1uPDAvqLxv9T4nMtEEFmD4NUDVw6DPeyDqbPnEHb0vHJE/w269-h359/20231013_140023.jpg" width="269" /></a></span></div><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;">Merci de m’avoir lu jusque-là. J’espère n’avoir blessé personne dans ses convictions religieuses en exposant cet itinéraire intérieur tout personnel. Ce n’était vraiment pas dans mes intentions, qui étaient plutôt de partager matière à réflexion avec celles et ceux qui, comme moi, se demandent comment récupérer l’enfant divin en jetant l’eau du bain.</div></span><p></p><p style="text-align: justify;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgwcfJxcg0qKmkqz8rc5qxJtZ8hzq95MeAsZoXE_2ypQL7ZCVQuhvdu6vfOGMOEL_NE3QKcJBGtmhwHBxUdYG-b5jU6p2HwFg7KVgc9GdaFqPdlUbKldWlsgE_cOtKfHPCbs9HP8g_yP8trLUvkwz2p8WIOOhkzIyl-4bR9-uyJikd3wvp_b7Ct7wpI5u4/s4608/20230813_170807.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="4608" data-original-width="3456" height="379" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgwcfJxcg0qKmkqz8rc5qxJtZ8hzq95MeAsZoXE_2ypQL7ZCVQuhvdu6vfOGMOEL_NE3QKcJBGtmhwHBxUdYG-b5jU6p2HwFg7KVgc9GdaFqPdlUbKldWlsgE_cOtKfHPCbs9HP8g_yP8trLUvkwz2p8WIOOhkzIyl-4bR9-uyJikd3wvp_b7Ct7wpI5u4/w284-h379/20230813_170807.jpg" width="284" /></a></div><br /><span style="font-family: georgia;"><br /></span><p></p><p><span style="font-family: georgia;">
<a class="sdfootnotesym" href="https://voiedureve.blogspot.com/2023/12/men-revenant-dassise.html#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym" style="text-align: justify;">1</a> <span style="text-align: justify;">Je songe en particulier à Robert Vachon, un prêtre qui a exploré la dimension inter-culturelle de la spiritualité. Il faut lire son remarquable texte: </span><a href="http://agora.qc.ca/documents/une_spiritualite_pour_le_xxe_siecle" target="_blank"><i style="text-align: justify;"><i>une spiritualité pour le XXe siècle</i></i></a>.</span></p>Jean Gagliardihttp://www.blogger.com/profile/08229714193935289206noreply@blogger.com13tag:blogger.com,1999:blog-1648819312264509748.post-61183195197239958092023-10-05T09:26:00.011-04:002023-10-05T12:43:01.626-04:00Joyeux anniversaire !<p></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQ-fsYKPPTtWcWSNob2_7PLIh8JBQc-0Wimc-_j-YzrBPmXJcApu0D-xnx6eyhQRz94-E-njGhLQDf91tTQfeaJy5jICRsBCjBVo4w4VXme38E3W9_zRm-Hs3Zp8ChvxqdvvYEU0cGvAdG_TkO8rqvpmSrJXCGUYB4ojulA42OigE2f65WfQFW-JcB7qk/s1140/Unalome.webp" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: georgia;"><img border="0" data-original-height="1140" data-original-width="1140" height="383" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhQ-fsYKPPTtWcWSNob2_7PLIh8JBQc-0Wimc-_j-YzrBPmXJcApu0D-xnx6eyhQRz94-E-njGhLQDf91tTQfeaJy5jICRsBCjBVo4w4VXme38E3W9_zRm-Hs3Zp8ChvxqdvvYEU0cGvAdG_TkO8rqvpmSrJXCGUYB4ojulA42OigE2f65WfQFW-JcB7qk/w383-h383/Unalome.webp" width="383" /></span></a></div><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;">Le blogue "la voie du rêve" a 10 ans ! Le 5 octobre 2013, en effet, je publiais mon premier article ici, où j'esquissais la direction donnée au chemin qui s'est cherché, et dans une grande mesure trouvé, dans ces pages. Dix ans après, ce blogue, c'est 157 articles, plus de 500000 vues, des vidéos, des audios... je n'aurais jamais cru aller aussi loin avec cette idée de simplement publier quelques idées libres à propos des rêves, de la méditation, la pleine conscience et surtout, comme le précise l'entête, la beauté de vivre...</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">L'objectif du blogue n'a jamais varié, n'a fait que s'approfondir avec le temps : communiquer ma passion pour les rêves, et par-delà celle-ci, inviter à explorer le mystère de la conscience et à "traverser le rêve", c'est-à-dire sortir de l'hypnose dans laquelle nous plongent nos projections pour nous éveiller à la Vie. </div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">La recherche dont ces pages témoignent a abouti dans une approche du rêve qui emmène au-delà de l'interprétation, que j'ai appelée l'écoute intérieure du rêve. On pourra voir, en parcourant ce blogue, qu'elle était en germe dès le début et ne cesse de s'enrichir.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Je n'en dirai pas plus aujourd'hui car ces mots vous parviennent alors que je suis en train de marcher sur les chemins d'Assise. C'est un temps pour moi de méditation et non d'écriture...</div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div style="text-align: justify;">Voici une sélection des articles que je considère comme étant les plus représentatifs de ce que j'ai cherché à communiquer jusqu'ici dans ce blogue, et que je vous propose ici comme autant de jalons sur le chemin parcouru, pour qui aura la curiosité de (re)visiter ce parcours :</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2013/10/la-voie-du-reve.html" target="_blank">la voie du rêve</a> (octobre 2013) : l'énoncé initial de la direction. </div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2013/10/fleur-de-conscience.html" target="_blank">fleur de conscience</a> (octobre 2013) : une vision du rêve me porte depuis le début.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2014/01/le-grand-jeu.html" target="_blank">le grand jeu</a> (janvier 2014) : à quel jeu essentiel jouez-vous ?</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2014/02/un-cauchemar-cest-un-cadeau-des.html" target="_blank">précieux cauchemar</a> (février 2014) : un cauchemar est un cadeau qu'il faut savoir déballer...</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2014/02/rever-la-terre-de-demain.html" target="_blank">rêver la terre de demain</a> (février 2014) : et si nous rêvions ensemble un futur heureux ?</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2014/02/rever-mediter-vivre.html" target="_blank">rêver, méditer, vivre</a> (févier 2014) : il faut abattre les cloisons en nous.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2014/03/symphonicites.html" target="_blank">symphonicités</a> (mars 2014) : peut-être une nouvelle façon d'envisager les synchronicités.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2014/03/le-chemin-des-flammes.html" target="_blank">le chemin des flammes </a>(mars 2014) : qui a dit que le chemin serait facile ?</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2014/05/quatre-perles-de-jade.html" target="_blank">quatre perles de jade</a> (mai 2014) : un rêve qui a changé ma vie, l'éclairant de l'intérieur...</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2014/06/le-secret-de-jung.html" target="_blank">le secret de Jung </a>(juin 2014) : Jung puisait sa force dans une image qu'il contemplait souvent.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2014/07/le-bouddha-et-le-serpent.html" target="_blank">le Bouddha et le serpent</a> (juillet 2014) : un grand, immense, rêve de Robert Johnson.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2014/08/oiseaux-de-feu.html" target="_blank">oiseaux de feu</a> (août 2014) : un rêve, un jour, m'a donné une direction de vie...</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2014/08/le-demon-du-pouvoir.html" target="_blank">le démon du pouvoir</a> (août 2014) : croyez-vous en être quitte ? Méfiez-vous alors...</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2014/10/paix-dans-le-coeur.html" target="_blank">paix dans le coeur</a> (octobre 2014) : comment amener la paix dans le monde ?</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2015/01/une-poignee-de-grains-de-riz.html" target="_blank">une poignée de grains de riz</a> (janvier 2015) : comment diriger sa vie selon le Soi ?</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2015/03/mystique-anarchie-13.html" target="_blank">Mystique anarchie</a> (mars 2015) : une vision jungienne et mystique de l'anarchisme.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2015/05/la-jeunesse-du-monde.html" target="_blank">la jeunesse du monde</a> (mai 2015) : un rêve pour des temps collectifs difficiles...</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2015/10/la-decision-la-plus-importante.html" target="_blank">la décision la plus importante</a> (octobre 2015) : l'univers est-il bienveillant ?</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2015/12/question-decisive.html" target="_blank">question décisive</a> (décembre 2015) : Jung nous a posé une question décisive...</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2016/04/une-voie-jungienne.html" target="_blank">une voie jungienne</a> (avril 2016) : y-a-t-il une voie spirituelle jungienne ?</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2016/05/reves-et-pleine-conscience.html" target="_blank">rêves et pleine conscience</a> (mai 2016) : quel est le lien entre rêves et pleine conscience ?</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2016/12/tout-ca-pour-ca.html" target="_blank">tout ça pour ça</a> (décembre 2016) ; le travail avec les rêves n'est pas utilitaire.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2017/01/celle-qui-vient.html" target="_blank">Celle qui vient</a> (janvier 2017) : le futur spirituel est féminin.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2017/03/le-coeur-de-la-montagne.html" target="_blank">le coeur de la montagne</a> (mars 2017) : j'ai trouvé un nouveau domicile, indiqué par un rêve.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2017/03/retourner-le-regard.html" target="_blank">retourner le regard</a> (mars 2017) : plutôt que de détourner le regard des horreurs du monde...</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2017/04/la-voie-du-reve_15.html" target="_blank">la voie du rêve</a> (avril 2017) : à l'occasion du centième article, précisons la voie...</div></span><span style="font-family: georgia;"><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2017/07/du-bon-usage-du-desespoir.html" target="_blank">du bon usage du désespoir</a> (juillet 2017) : au-delà du désespoir, la liberté !</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2017/08/le-secret-de-la-joie.html" target="_blank">le secret de la joie</a> (août 2017) : la joie est un choix conscient.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2017/09/le-nom-du-jeu-est-amour.html" target="_blank">le nom du jeu est amour</a> (septembre 2017) : l'amour humain est une voie spirituelle.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2019/07/constellations-de-reves.html" target="_blank">constellations de rêves</a> (juillet 2019) : on peut contacter l'inconscient collectif...</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2020/01/ecoute-interieure-du-reve.html" target="_blank">écoute intérieure du rêve</a> (janvier 2020) : au-delà de l'interprétation du rêve, une voie directe.</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2020/09/le-cadeau.html" target="_blank">le cadeau</a> (septembre 2020) : comment transmettre le Cadeau ?</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2021/12/ce-qui-sauve.html" target="_blank">ce qui sauve</a> (décembre 2021) : d'où pouvons-nous espérer une aide ?</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2022/03/le-tiers-aimant.html" target="_blank">le Tiers-aimant</a> (mars 2022) : quelle est cette force qui fait pousser les brins d'herbe ?</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;">- <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2023/01/la-perle-inestimable.html" target="_blank">la perle inestimable</a> (janvier 2023) : j'ai retrouvé un rêve précieux...</div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjhCVapm3IpAwVb1w3JSLF4NSWLAtt8aRg_GToIw91sa3J4PsT0M8qiYQt_W-oE2hs53yQNGxhPRSkamvW85EanwQFDqJwT_lW377CrJaydvBbZ4QsEtafefbMhoxSPIVUVXuZlfgw87VpTfEswfa2_lQBuTKbftAa4Vh4w1VTxivYAZN5O6dYVpC_3KHw/s400/EnfantPoussi%C3%A8re.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="280" data-original-width="400" height="272" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjhCVapm3IpAwVb1w3JSLF4NSWLAtt8aRg_GToIw91sa3J4PsT0M8qiYQt_W-oE2hs53yQNGxhPRSkamvW85EanwQFDqJwT_lW377CrJaydvBbZ4QsEtafefbMhoxSPIVUVXuZlfgw87VpTfEswfa2_lQBuTKbftAa4Vh4w1VTxivYAZN5O6dYVpC_3KHw/w389-h272/EnfantPoussi%C3%A8re.jpg" width="389" /></a></div><div><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div>J'en profite pour remercier toutes les personnes qui m'ont encouragé dans l'aventure de ce blogue. </span><div><span style="font-family: georgia; text-align: justify;"><br /></span></div><div><span style="font-family: georgia; text-align: justify;">Je vous souhaite un très beau Chemin de vie.</span><p></p></div>Jean Gagliardihttp://www.blogger.com/profile/08229714193935289206noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-1648819312264509748.post-28627010278771572642023-08-17T07:16:00.010-04:002023-08-20T14:51:32.537-04:00Accompagnement psycho-spirituel 2/2<h2 style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhBU67wEB6OoVAtlfTAxtFlFWcaMcaNQMwFmC21ycqcLrDlivMSFEv1Ihy780NLdS8ygcgudTYIVV-eht01W0qsUO89uAtjy-G2Wp9fGVs1Bke9wkjxzreSPnaUGd1aJ_FxpCruziV4hH0NdAQflpXVII09BHBc30IeKUWy1C7juPQy1vQHDKCvacAFmMQ/s600/aigles2.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="400" data-original-width="600" height="276" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhBU67wEB6OoVAtlfTAxtFlFWcaMcaNQMwFmC21ycqcLrDlivMSFEv1Ihy780NLdS8ygcgudTYIVV-eht01W0qsUO89uAtjy-G2Wp9fGVs1Bke9wkjxzreSPnaUGd1aJ_FxpCruziV4hH0NdAQflpXVII09BHBc30IeKUWy1C7juPQy1vQHDKCvacAFmMQ/w415-h276/aigles2.jpg" width="415" /></a></div><br />Accompagnement psycho-spirituel</span></h2><h3 style="text-align: center;"><i><span style="font-family: georgia;">Dans une perspective jungienne</span></i></h3><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia; font-size: x-small;">2<sup>nde</sup> partie</span></p>
<p></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><i>Je propose ici la seconde partie d'une réflexion engagée dans le précédent article sur les clés de l'accompagnement psycho-spirituel. En résumé rapide de <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2023/08/accompagnement-psycho-spirituel-12.html" target="_blank">l'épisode précédent</a> :</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><i>- l’accompagnement psycho-spirituel n’est ni de la psychothérapie, ni de la direction de conscience ou une forme d’enseignement spirituel.</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><i>- nous devons clairement distinguer ce qui est du domaine psychique et ce qui ressort du spirituel, sortir d'une confusion entre ces termes.</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><i>- il s'agit d'accompagner un processus de transformation intérieure que l'on ne peut décrire qu'en terme d'une verticalisation (sortie par le haut de l'histoire personnelle) et une nouvelle naissance.</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><i>- nous avons besoin pour cela d'une anthropologie ternaire redonnant sa place à l'Esprit, mais aussi à l'âme, envisagée ici comme le versant spirituel de la psyché.</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><h4 style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
Au-delà de l’individuation jungienne</span></h4>
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">L’accompagnement psycho-spirituel s’inscrit toujours dans une dynamique, qui est celle du vivant telle qu’elle ressort par exemple des rêves, mais aussi de la vie du corps, des symptômes, ou encore des synchronicités qui baignent nos existences dans une dimension de sens qui cherche à attirer notre attention. Ce que nous accompagnons, c’est une âme en transformation, ou pourrions-nous dire, en éclosion, en floraison. Jung a décrit ce processus comme étant d’individuation, c’est-à-dire que l’individu accomplit par là sa singularité unique en même temps que sa totalité – il devient indivis, « non-divisé », en reliant son moi conscient au Soi éternel dont il est une émanation dans le temps. On retrouve encore ici l’articulation entre l’horizontalité du moi vivant dans le temps, et la verticalité du Soi – un terme que Jung a emprunté à l’Orient, où il renvoie à l’<i>Atman</i> dans sa relation au <i>jiva</i>, faute de trouver son équivalent dans notre tradition philosophique. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">C’est un grave contresens, que commet Michel Fromaget, que d’assimiler le Soi à un archétype, et par là, à une dimension seulement psychique de l’être, mais sans doute n’a-t-il abordé l’œuvre de Jung que de façon livresque pour parler ainsi. Or Jung n’est pas un philosophe élaborant un système conceptuel; on ne peut rien y comprendre en restant à la surface de ses livres, sans plonger dans la matière brûlante. Cependant, on peut tomber d’accord avec lui sur le fait que nombre de jungiens – et rappelons que Jung ne voulaient pas de « jungiens » qui le suivraient – assimilent la réalisation du Soi à l’accomplissement du « vrai moi », ajoutant encore à la confusion en reprenant ici les propos de Winnicot sur le true Self – l’anglais, qui ne distingue pas entre le moi (<i>self</i>) et le Soi (<i>Self</i>) sinon par la majuscule est sur ce point particulièrement ambigu. Cela va sans doute avec la nécessité de défendre le vieux maître contre les accusations qui instruisaient son procès en mysticisme, et nous revoilà ainsi à nouveau avec des psychologues sans esprit. On ne s’intéressera dès lors qu’à l’histoire personnelle et transgénérationnelle en essayant de l’expliquer par les archétypes de l’inconscient collectif. Il sera facile alors de parler de la psychologie analytique de Jung comme d’une « psychanalyse jungienne », nonobstant ses efforts pour clairement distinguer l’exploration de l’inconscient qu’il préconise de l’approche freudienne. Cependant, nous sommes désormais à un moment où il faut au contraire affirmer la dimension mystique – au sens d’amoureux du mystère – de l’héritage de Jung, qui invitait à une relation directe avec la Source de sens au travers des rêves et de l’imagination créatrice. Dans ce sens, nous pouvons toujours, comme le fait Pierre Trigano, relire la Bible pour l’expliquer du point de vue de l’inconscient, mais il se pourrait bien qu’en réchauffant les anciens mythes, on mette le vin nouveau dans de vieilles outres qui ne manqueront pas d’éclater. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Von Franz nous indique que Jung a eu l’intuition à la fin de sa vie du fait qu’au-delà de la notion du Soi qu’il avait développé, il y avait encore une autre dimension. Dès lors, nous n’avons pas d’autre choix que de dépasser à notre tour la compréhension habituelle du processus d’individuation. Celui-ci, pour inscrire notre propos dans la perspective de l’accompagnement psycho-spirituel, tient de l’ascension d’une montagne jusqu’à notre propre sommet – l’individu est ainsi accompli dans son unicité et son regard embrasse la totalité. Cependant, il se pourrait que cette ascension ne constitue pas un but en soi, car il faut toujours redescendre de la montagne – la vraie question qui se pose alors est : qu’en rapportons-nous dans la vallée ? Mais on peut filer la métaphore en rappelant que nous ne sommes jamais plus près du ciel qu’au sommet de notre montagne intérieure. Et dès lors, il semble que le processus d’ascension du moi s’inverse dans la descente de l’Esprit, du Souffle créateur et inspirant – le <i>Pneuma </i>(en grec), le <i>Rouah </i>(en hébreu) – qui cherche à s’incarner, à prendre chair. Nous retrouvons là le mythe chrétien de l’Incarnation, en en faisant l’affaire de chacun(e) d’entre nous et non plus celle d’un Fils de Dieu descendu d’en-Haut une fois pour toute, et mort pour nos péchés. Rappelons, pour signaler qu’il y a d’autres lectures de ce mythe que celle qui nous ont été imposées, que l’évangile de Philippe nous signale que Jésus était ressuscité avant de mourir, hors de quoi – plaisante-t-il – il n’aurait pu ressusciter. Et c’est avec ce Souffle donc que l’individu qui est entré dans la Liberté de l’Esprit – qui souffle où Il veut – redescend de la montagne, et c’est ce Souffle qu’il véhicule, qu’il répand dans le monde. En fait, il ne fait rien, sinon laisser ce Souffle se répandre par lui, et cela clôt toutes les discussions sur le non-agir (<i>wu wei</i>) des taoïstes et du zen… </span></p>
<p></p><h4 style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0aEgUZEnEa-NvHxaH7IHv6gV3QhZrpSlDapu04NBG-V9_O3oIeYOxCy9-o1x1B8z4kQj0hMgX254jDA7HTxzeYBLHut1yKga7kkS-3e9gzkpcm9mIOdWZ2RpW5A2fHJrxMXX2njOZ2naav18RSAvoQ45jJJiOat_hZNnRqgnLv5DH4YZvW3LF0HLX2W8/s500/earth%20ocean.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="375" data-original-width="500" height="307" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi0aEgUZEnEa-NvHxaH7IHv6gV3QhZrpSlDapu04NBG-V9_O3oIeYOxCy9-o1x1B8z4kQj0hMgX254jDA7HTxzeYBLHut1yKga7kkS-3e9gzkpcm9mIOdWZ2RpW5A2fHJrxMXX2njOZ2naav18RSAvoQ45jJJiOat_hZNnRqgnLv5DH4YZvW3LF0HLX2W8/w409-h307/earth%20ocean.jpg" width="409" /></a></div><br />Une voie humide et douce </span></h4>
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Il s’agit d’une Liberté, d’une entrée dans le Nouveau qui est présent (cadeau) en chaque instant, car voilà que par la grâce de l’Esprit – c’est une grâce, non quelque chose que l’on peut obtenir volontairement, par un moyen ou un autre – s’opère une sortie par le haut de l’histoire, des conditionnements et des traumatismes. Ceux-ci s’avèrent inchangés, les blessures ne sont pas nécessairement toutes refermées et guéries, mais notre relation à celles-ci – à notre propre souffrance et à la souffrance de tous les êtres – est radicalement transformée par l’apparition d’une dimension de Sens qui l’éclaire. Quant aux conséquences dans la vie psychique de cette émergence spirituelle enfin accomplie, elle est de l’ordre de la transformation de la chenille en papillon. Cela ne veut pas dire d’ailleurs que c’est une partie de plaisir, bien au contraire, car cela implique la mort de la chenille, comme je l’ai explicité dans un autre article : <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2014/02/la-metaphore-du-papillon.html" target="_blank">la métaphore du papillon</a>. C’est une naissance, la seconde naissance – dont nous parle fort bien Michel Fromaget dans ses livres en la resituant dans le cadre de la tradition chrétienne des premiers siècles après Christ. Cependant, il faut souligner donc que nous entrons par là dans le champ de l’archétype mort-renaissance qui caractérise la transformation radicale : il faut que l’illusion dont se nourrit le mental meure pour que naisse la Vérité vivante en nous. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">C’est pour accompagner cette agonie – étymologiquement, « combat » – que le pèlerin en voie de renaissance a besoin d’un accompagnement, c’est-à-dire de la présence d’un passeur connaissant le passage, et pouvant l’assurer qu’il y a une vie après la mort. Et il faut bien dire que c’est une mort faite de mille morts, et une renaissance faites de mille renaissances, car chaque jour vécu en conscience est l’occasion d’un éveil. On peut donc abandonner l’idée d’arriver un jour quelque part, car c’est dans la façon de marcher en pleine conscience, au quotidien, en présence entière dans le maintenant toujours nouveau, que se trouve l’accomplissement.
C’est semble-t-il ce que voulait dire Sainte-Thérèse quand elle aurait dit : </span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">« Le chemin vers le ciel, c’est le ciel même. » </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">A quoi Dôgen fait écho quand il dit : </span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">« La pratique, c’est l’éveil et l’éveil, c’est la pratique. » </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"> Cette transformation radicale est une odyssée dans laquelle le pèlerin s’abandonne lui-même pour renaître, intérieurement renouvelé, ce dont témoignent toutes les histoires, tous les mythes, qui offrent un tissu de sens au processus de transformation et qui soutiennent l’accompagnement. Ces histoires, disons-le rapidement, renvoient toujours à l’aventure du héros qui répond à l’appel de l’Inconnu. Notre tâche en tant qu’accompagnant est d’abord d’aider à entendre le plus clairement possible quel est l’appel, et à identifier ce qui appelle ainsi, qui guidera sur le chemin. Dans ce processus, nous ne pouvons qu’offrir un contenant aussi solide que possible au mouvement naturel de l’âme. Cela implique de tout accueillir sans jugement, en prêtant tout particulièrement attention à ce qui est refusé, rejeté ou nié – la belle ombre qui détient souvent les réponses recherchées – et aux vulnérabilités qui se révèlent comme de véritables trésors, en interrogeant sans relâche le sens profond. Il faut trouver pour cela une posture qui soit à la fois enracinée et ouverte, complètement fluide en même temps que verticale. Le contenant doit être assez vaste pour embrasser toutes les contradictions qui déploient le jeu paradoxal des opposés, en conscience de ce que le paradoxe signe la conjonction des opposés, le dépassement de la dualité. La vastitude du contenant réclame en contrepoint un cadre clair et solide, en particulier en terme d’éthique et de confidentialité des échanges. En tant qu’accompagnant, nous avons surtout à porter l’espace, c’est-à-dire garantir l’intégrité du cadre dans lequel l’accompagné évoluera. Outre la dimension éthique, primordiale, ce contenant a aussi une dimension symbolique : l’Esprit, comme un Tiers agissant dans le dialogue, doit y être invité, ne serait-ce que par la présence discrète d’une icône, d’une bougie allumée, d’un bouddha souriant... </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Il s’agit donc d’être capable de descendre dans les vallées profondes aussi bien que remonter vers les sommets illuminés. On n’insistera jamais assez sur la nécessité d’éliminer de notre vocabulaire la notion de « résistance » pour envisager plutôt là où le mouvement de vie est freiné le besoin de protection qu’appelle une vulnérabilité. Et nous mettrons cette dernière tout particulièrement à l’honneur comme une porte d’entrée à la richesse de la sensibilité, qui nous importe bien plus que la force de la volonté et l’ascèse qui caractérisent la « voie sèche ». Car la voie de l’accompagnement psycho-spirituel est une voie féminine, humide et douce, dont le maître mot est « ne rien forcer » – laisser le mouvement prendre son temps, se déployer dans toute sa profondeur et toute sa hauteur. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Il apparaîtra alors enfin que les deux éléments essentiels qui supportent le cheminement sont l’enracinement dans le ressenti, en particulier corporel – et donc l’attention au corps, aux émotions et aux sentiments – et l’abandon en confiance au mouvement naturel de l’âme, la simple foi dans l’Amour qui guide. Les mots clés de cette démarche sont donc : </span>
</p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><b><span style="font-size: medium;">Présence, écoute, enracinement... </span></b></span></p><h3 style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZuzguamjJdEHIakQsMSrAcBGtsigCMzInYa2ExLwJsGkXR7BGe-uiNiB8ZP6Ab-1knRxhnQtzrc7DNCHekVXvEogYw-mYIZ_lpT3eJ4w4IQybx3EP7vDv4t3Eo1ZbWwW2dIQQWiJty7urSrN_jIYJlSF6PUZz6809BTs5CEWK8cOBU2ZlA8EojEqnG9g/s822/homme%20racine.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="822" data-original-width="529" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiZuzguamjJdEHIakQsMSrAcBGtsigCMzInYa2ExLwJsGkXR7BGe-uiNiB8ZP6Ab-1knRxhnQtzrc7DNCHekVXvEogYw-mYIZ_lpT3eJ4w4IQybx3EP7vDv4t3Eo1ZbWwW2dIQQWiJty7urSrN_jIYJlSF6PUZz6809BTs5CEWK8cOBU2ZlA8EojEqnG9g/s320/homme%20racine.jpg" width="206" /></a></div><br />En pratique... </span></h3><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Du point de vue des moyens, l’accompagnement psycho-spirituel utilise tout ce qui va permettre d’écouter ce que l’âme veut dire, tout ce qui permet de soulager la souffrance aussi, et tout ce qui permet de faciliter le mouvement intérieur, de le fluidifier. Dans notre approche, nous privilégions bien sûr tout particulièrement l’écoute des rêves, non pour les interpréter nécessairement selon un schéma psychologique – fut-il celui de Jung et consorts – mais plutôt pour rendre consciente et amplifier, par l’attention aux ressentis émotionnels et corporels et l’exploration des images par l’imagination active, la dynamique psychique dont ils sont l’expression. Les rêves présentent l’avantage de ne pas pouvoir être influencés, et de garantir donc l’autonomie spirituelle de la personne à condition qu’elle apprenne à faire confiance à ses ressentis profonds. C’est de la matière psychique, et cependant celle-ci est vivifiée par le souffle de l’Esprit qui, au-delà de l’analyse de l’Inconscient, fait ressortir une présence numineuse. Or c’est du contact avec le numen et de rien d’autre, nous dit Jung, que nous pouvons espérer la guérison, ou du moins la métanoïa. Le travail avec l’Inconscient – à propos de qui la pire erreur serait de croire qu’il est inconscient – dès lors fait ressortir la nature double, pour ainsi dire paradoxale, de ce dernier. D’une part, il est tissé de mémoires qui nous alourdissent et tendent à nous immobiliser, et d’autre part, il recèle un centre toujours créateur, qui amène toujours du Nouveau et se symbolise bien souvent dans une image de Dieu ou un mandala évoquant la totalité. C’est par les rêves que certains d’entre nous, orphelins de toute église du fait de la malédiction qui refusait tout salut aux mécréants que nous sommes, renouent avec la conscience du sacré. Et il faut entendre comment la langue des oiseaux révèle le sens de ce dernier mot : </span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><b>Ça crée !</b> Cela ne cesse de créer, nom de … ! </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">En bons jungiens, nous sommes bien sûrs attentifs aux synchronicités, que je préfère appeler <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2014/03/symphonicites.html" target="_blank">symphonicités </a>car elles nous mettent en contact avec l’ordre sous-jacent aux événements, que l’on peut envisager comme une grande symphonie. Nous mettons l’accent aussi sur l’imagination créatrice et le dialogue avec toutes les instances psychiques et spirituelles qui se présentent (les Anges, les dragons, les ancêtres et les animaux merveilleux et même les démons s’ils causent...), et sur un usage immodéré de toutes les formes de créativité. </span><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;"> Il s’agit en particulier d’explorer en profondeur tous nos conflits, que ce soient nos conflits internes – ce que nous rejetons ou refusons de nous-mêmes – ou nos conflits avec autrui, le monde tel qu’il est, pour en faire ressortir l’Ombre : ce que nous refusons de la vie. Il y a là une richesse qui nous reconduit à toute l’humanité que nous portons en nous. Nous pouvons aussi travailler en profondeur nos intentions pour aller identifier le désir secret de notre âme et nous mettre à son service. Cependant, n</span></span><span style="font-family: georgia;">ous insistons surtout sur les pratiques de présence à soi et aux autres, en soulignant dans la suite de Richard Moss que la conscience est relation. Pour revenir au présent, nous nous ancrons dans le corps par toutes les pratiques corporelles qui peuvent convenir et nous invitons à l’attention à la respiration, aux ressentis bien plus qu’à la discussion des idées, des concepts. Bien sûr, la lecture des textes sacrés, l’étude des mythes et des contes et toutes les formes de travail avec la dimension symbolique peuvent être bénéfiques, mais à la condition cependant d’éviter le piège de la discussion intellectuelle des symboles. Il s’agit de rencontrer ces derniers comme une réalité psychique vivante, par exemple dans les rêves, les rituels et les rites de passage qui peuvent s’imposer. S’il y a une clé qui ouvre toutes les portes de la psyché, elle est moins dans le fait de discuter des symboles que de couler avec les ressentis associés aux images intérieures. </span></p>
<p></p><h4 style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9K72kqeFL0s2Bhsg9SmH0Tj6gdr_Xtike4vVMVsjL-0NbCAdxvmJigSsVNUwj0xt9BpR9phVOFhx_IK3uxOwYw2vBk0cVcFuxZKLkIySiAxyTuxikbRlrUO3IXyk-sUsNUyCOY3wxdX9W86W9crH6txwx_4tLcWHRnlurW2YZ1ZfKjccsT7YzLCsyA7c/s600/medite.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="600" data-original-width="600" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi9K72kqeFL0s2Bhsg9SmH0Tj6gdr_Xtike4vVMVsjL-0NbCAdxvmJigSsVNUwj0xt9BpR9phVOFhx_IK3uxOwYw2vBk0cVcFuxZKLkIySiAxyTuxikbRlrUO3IXyk-sUsNUyCOY3wxdX9W86W9crH6txwx_4tLcWHRnlurW2YZ1ZfKjccsT7YzLCsyA7c/s320/medite.jpg" width="320" /></a></div><br />Méditation </span></h4>
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Au registre de la technologie spirituelle, nous privilégions la méditation avec ce qui est là dans le présent, la prière quand elle est accessible aux personnes que nous accompagnons – s’il est bien un signe de déconnexion de notre modernité avec la vie spirituelle, il est dans l’incapacité à prier de la plupart d’entre nous –, le chant en particulier de mantras, etc. La méditation n’est pas un moyen de tenter de faire le vide de nos pensées ou de chercher à atteindre l’extase en fuyant notre réalité mais plutôt, nous disait Chogyam Trungpa, une façon de « créer un espace où il est possible de déployer et défaire nos jeux névrotiques, nos auto-illusions, nos peurs et nos espoirs cachés. Nous produisons cet espace par le simple recours à la discipline consistant à ne rien faire. » Il est toutes sortes de méditations, dont certaines tout à fait actives, par exemple dans la danse ou dans la marche. C’est l’occasion de souligner qu’une des plus belles façons d’accompagner quelqu’un est de marcher avec cette personne, d’aller se promener en nature, ce qui est une façon d’impliquer le corps dans une méditation active où l’on peut être présent à ce qui est là, à tout ce qui marche avec nous. L’idéal est d’amener la méditation dans notre quotidien, ce qui est simplement une façon d’être entièrement présent en chaque instant à ce que nous faisons, pensons, ressentons. L’accompagnement psycho-spirituel nous amène aussi à identifier des questions existentielles qui travaillent l’accompagné à la façon d’un koân zen : ce sont des interrogations insolubles par le mental qui débouchent tôt ou tard, quand elles sont contemplées en profondeur, sur une nouvelle perspective. Tôt ou tard, à force de creuser ces questions essentielles qui s’imposent à nous, on goûte ce que Jung appelait un « élargissement de conscience » : notre espace intérieur s’ouvre, s’agrandit. </span></p>
<p></p><h4 style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Patience </span><span style="font-family: georgia;"> </span></h4>
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Une erreur typique dans laquelle tombent beaucoup de débutants est de vouloir tout comprendre, tout expliquer. Or il faut aussi respecter les zones obscures, humides et douces, où grouille une vie fuyante. Trop de lumière, trop vite amenée, tue. L’obscurité, quand elle est aimée et respectée, est une matrice féconde. Même la dépression, quand elle est accueillie comme une descente dans un espace de transformation, peut porter des germes de renouveau. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut pas aller chercher un secours médical si nécessaire, mais la propension à écarter l’obscurité pour « aller bien » à tout prix peut relever de l’avortement de l’âme. Nous devons nous garder de toute volonté de puissance sur cette vie intérieure, et la volonté de comprendre comme le désir de trouver des solutions comme si la vie était un problème peuvent faire violence à l’âme. Il est inévitable qu’il y ait de la souffrance, ou du moins de la douleur à certains moments, des sentiments dits « négatifs », de l’anxiété si ce n’est de l’angoisse qui signalent l’étroitesse d’un passage. Nous ne sommes pas là pour lutter contre ces aspects de l’expérience humaine mais plutôt pour inviter à une relation aussi consciente que possible avec ce qui est là, quoi que ce soit et avec la conviction que ce qui est vu, ce qui est rendu conscient, commence à se transformer, ou au moins à livrer son sens. L’accompagnant doit donner l’exemple de la patience et de la confiance, de la retenue devant les obscurités dans lesquelles nous emmène le processus. Je reviens souvent pour ma part aux mots de Rilke dans ses <i>Lettres à un jeune poète</i> : </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« Soyez patient en face de tout ce qui n'est pas résolu dans votre cœur. Efforcez-vous d'aimer vos questions elles-mêmes, chacun comme une pièce qui serait fermée, comme un livre écrit dans une langue étrangère. Ne cherchez pas pour l'instant des réponses qui ne peuvent vous être apportées, parce que vous ne sauriez pas les mettre en pratique, les "vivre". Et il s'agit précisément de tout vivre. »</span></p>
<p></p><h4 style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEga0cZsRsoZrXbIk2TGDhKw2KqJ7DoLi2NdpjSWW5PDowuCYe8aRRbvyH82PaAEwD00k-ktsNmUrMlOIXrpaBYXO2H2mszDVVpCMwoake6uG0GPWy6OdFusByXtXEWcM_9k1eVQohorBJBsOG6dUeQhMI3nER3O-PDXAQ5rKEo4Fa74FgyE2nWGmCDzqjg/s600/moine%20zen%20meditation.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="436" data-original-width="600" height="233" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEga0cZsRsoZrXbIk2TGDhKw2KqJ7DoLi2NdpjSWW5PDowuCYe8aRRbvyH82PaAEwD00k-ktsNmUrMlOIXrpaBYXO2H2mszDVVpCMwoake6uG0GPWy6OdFusByXtXEWcM_9k1eVQohorBJBsOG6dUeQhMI3nER3O-PDXAQ5rKEo4Fa74FgyE2nWGmCDzqjg/s320/moine%20zen%20meditation.jpg" width="320" /></a></div><br /><br /></div>Retrait des projections </span></h4>
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">L’accompagnement, dans sa dimension psychologique, réclame d’examiner les relations qu’entretient l’accompagné, et plus précisément les projections qui interfèrent avec celles-ci, pour déceler ici la part de rêve éveillé qui voile le réel. Bien sûr, les relations entre l’accompagnant et l’accompagné se prêtent tout particulièrement à cet examen en ayant à l’esprit que transfert et contre-transfert permettent de rejouer dans l’instant présent les nœuds relationnels fondamentaux – non sans avoir toujours en conscience que ces mécanismes psychiques concernent aussi bien l’analysant que l’analyste. Les crises sont donc bienvenues et doivent être accueillies comme porteuses d’enseignements ! Mais si un des objectifs de l’accompagnement est de favoriser le retrait des projections, et donc l’éveil hors du rêve projectif, il importe de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain et de toujours chercher à extraire, quand la projection se retire, ce qu’il y avait là de précieux qui était projeté. Une des transes à laquelle nous sommes ainsi amenés à prêter tout particulièrement attention est l’état amoureux, quel que soit l’objet de cet amour, car il y a là quelque chose qui illumine l’existence. Quand nous parlons d’état amoureux, nous pensons bien sûr d’abord à la relation avec un autre être humain mais nous pouvons en fait élargir sans ambage le champ de la projection de la lumière qui brille en dedans de nous à tout ce qui suscite l’amour. Un livre, une œuvre d’art, un morceau de musique, un poème, un paysage, un voyage, un(e) maître spirituel(le), une icône du Christ ou une représentation du Bouddha, la passion de danser ou de peindre, d’écrire ou de sculpter... tout ce qui suscite un mouvement de vie lumineuse est à prendre en considération. Ce n’est pas tant l’objet de l’élan passionné qui importe à nos yeux que d’honorer le dieu ou la déesse – en terme jungiens, l’archétype, réalité vivante – qui se manifeste à travers nos « coups de foudre » – image même de l’élection par les dieux. Dans la projection, nous nous garderons de l’exaltation qui se paye toujours au prix fort de la déconvenue pour privilégier la présence consciente à ce qui arrive. Et tout l’art est de recueillir la lumière projetée au dehors, de la ramener en dedans pour nourrir l’âme. Elle se révèle alors tissée de beauté et d’amour… </span></p>
<p></p><h4 style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiGaRG7S3GPAhSHfC8rz94jzNnRbWTrE39nmoOf6_Z2sgUhKYIOhYUHgLkXQ7LkpUxhNSv7kOSaZoHJOrsy7W8MxcMXw-Q1ot-LWN95BtvnNDpxgfR2V79bPiT2ifumPWARhOxQ8HKMd68NUY_KnWupW0PISyjB01ntA7C1McKc3PtELph9i9RDGU3dr4I/s448/coeur%20feu.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="335" data-original-width="448" height="239" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiGaRG7S3GPAhSHfC8rz94jzNnRbWTrE39nmoOf6_Z2sgUhKYIOhYUHgLkXQ7LkpUxhNSv7kOSaZoHJOrsy7W8MxcMXw-Q1ot-LWN95BtvnNDpxgfR2V79bPiT2ifumPWARhOxQ8HKMd68NUY_KnWupW0PISyjB01ntA7C1McKc3PtELph9i9RDGU3dr4I/s320/coeur%20feu.jpg" width="320" /></a></div><br />Le feu de l’amour </span></h4>
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">J’ai exploré plus en détail dans un autre article intitulé <i><a href="http://voiedureve.blogspot.com/2017/09/le-nom-du-jeu-est-amour.html" target="_blank">le nom du jeu est amour</a></i> comment la relation amoureuse est bien souvent le creuset du travail spirituel. Jung nous disait bien que l’animus et l’anima – c’est-à-dire notre partenaire intérieur – sont des passerelles vers le Soi. Dans chaque histoire d’amour se rejoue la rencontre du dieu et de la déesse, la danse de Shiva et Shakti, les jeux de l’Amant éternel et de la Bien-Aimée. Il serait criminel de chercher à forcer de quelque façon, par exemple en tentant de l’expliquer avec des théories psychologiques, le retrait de la projection qui fait de l’être aimé un porteur de la lumière. Si l’on considère la projection comme tenant du cinéma intérieur, il faut aller au bout du film pour en connaître la finalité. La vie se charge bien souvent toute seule assez vite d’amener cette marée basse du sentiment amoureux qui se retire devant une réalité qui paraît bien moins lumineuse. Au mieux, la fin de la lune de miel conduit au chemin de l’amour conscient dans lequel les projections sont écartées pour permettre une intimité de relation entre deux êtres humains. On peut penser qu’alors le fruit de l’amour est mûr et cueilli dans cette intimité que l’accompagnant doit respecter. Mais il arrive aussi souvent qu’à la transe amoureuse succède le deuil dans toute sa violence, dont la profondeur transformative est à la mesure de l’amour investi. En tant qu’accompagnants, nous nous devons d’honorer ces passages qui appellent une croissance intérieure, et parfois même ce qu’on peut appeler un « saut quantique » tant il s’agit de réorganiser toute l’existence. Du point de vue spirituel, la question qui se pose alors à celui ou celle qui passe par cette épreuve est : serons-nous capables de récolter la lumière qu’il nous a été donnée d’éprouver dans l’amour et de l’amener à un autre niveau dans notre vie qui permettrait de vivre cet état amoureux avec toute l’existence ? Saurons-nous passer d’Éros à Agapé et détacher notre amour de l’objet qui l’a réveillé en nous ? Il se pourrait bien que l’incarnation de l’Amour ne soit autre, pour beaucoup d’entre nous, que cet incendie généralisé du cœur, qui réclame une initiation dans laquelle nous sommes passés au feu pour que brûlent les scories jusqu’à ce qu’il ne reste plus que l’Or. En tant qu’accompagnants, nous pouvons être les témoins de grands mystères quand c’est l’amour qui guide les pas de nos accompagnés… </span></p>
<p></p><h4 style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhiXHmrQE2GzKkNRkahOoSlHgEjJiM0jmrDrnXMhaoggHffctBT2uDK1T3Dur_A09-u71LK3uiNLYF-2SUfMUh7bg_Wyl9PE2U6JW9hHT-ulZGl1BFquWvGwQFGNQ1Ajl_mhnxlH7xyY-eGcpE0ecTs_7MkDpArY4CC2YU5tunkLtLn7NLBviAlGYQmFss/s592/meditate%20lotus.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="592" data-original-width="500" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhiXHmrQE2GzKkNRkahOoSlHgEjJiM0jmrDrnXMhaoggHffctBT2uDK1T3Dur_A09-u71LK3uiNLYF-2SUfMUh7bg_Wyl9PE2U6JW9hHT-ulZGl1BFquWvGwQFGNQ1Ajl_mhnxlH7xyY-eGcpE0ecTs_7MkDpArY4CC2YU5tunkLtLn7NLBviAlGYQmFss/s320/meditate%20lotus.jpg" width="270" /></a></div><br />États de conscience modifiés </span></h4>
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Nous pouvons être amenés aussi, selon nos compétences, à accompagner des expériences de conscience élargie ou modifiée par différents moyens, que ce soient par exemple le travail avec des tambours, des plantes sacrées, le jeûne ou la respiration holotropique. De mon point de vue, l’accompagnant ne doit faire la promotion d’aucun moyen artificiel de modifier la conscience car c’est sous-estimer la capacité naturelle de la psyché à créer les conditions d’un passage de transformation. Et cependant, nous avons à accompagner les pèlerins où qu’ils aillent sans préjugés car c’est à eux de déterminer par quels chemins ils veulent passer. Soulignons en passant que le travail en écoute intérieure d’un rêve est sans doute une des transes les plus puissante et transformatrice que l’on puisse vivre à peu de frais. Quelle que soit la nature et la forme du passage, notre travail d’accompagnant est d’inviter à y mettre de la conscience, autant de conscience que possible. Et il importe donc de préciser qu’au fond, c’est moins le moyen utilisé pour aider la conscience à sortir du connu qui importe ici que le travail subséquent d’intégration qui permettra d’ancrer l’expérience dans la réalité de la personne. En effet, la compétence en matière d’accompagnement des processus de transformation se mesure en fait à l’attention donnée à l’intégration, qui est souvent la phase critique la plus longue de l’aventure, et reconduit si tout va bien vers la vie quotidienne, l’être humain ordinaire. Il s’agit moins là de s’extasier devant des dimensions ou des présences extraordinaires que de voir enfin l’extra-ordinaire qui éclaire de l’intérieur la réalité ordinaire. L’invitation là est rien moins que de tomber à genoux devant la Merveille qui est sous nos yeux en permanence, toujours vibrante, toujours vivante, d’une Présence généralement invisible parce qu’omniprésente. </span></p>
<p></p><h4 style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjxiv74LigvWyFn_1BgLsGJO06Z05dLdqYRWXWJC9FhP59PBjT-2XoxLH7AMA2Q_7VomdgN-o3T2ibaS29WsHG3RPfz_9nDu_J53gRGMjH_7Fa4CrSneUoF4OZyf3Y1aSUPLXk0R7UzPPkACawAK8PTEfAdMTPdD0LR8VA6-JXLuwXnAtt3L8Ee7WOaGKs/s1920/ciel%20miroir.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1200" data-original-width="1920" height="275" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjxiv74LigvWyFn_1BgLsGJO06Z05dLdqYRWXWJC9FhP59PBjT-2XoxLH7AMA2Q_7VomdgN-o3T2ibaS29WsHG3RPfz_9nDu_J53gRGMjH_7Fa4CrSneUoF4OZyf3Y1aSUPLXk0R7UzPPkACawAK8PTEfAdMTPdD0LR8VA6-JXLuwXnAtt3L8Ee7WOaGKs/w439-h275/ciel%20miroir.jpg" width="439" /></a></div><br />Gratitude, pardon et bénédictions </span></h4>
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">La gratitude pour tout ce qui arrive, la bénédiction en tant que façon de faire ressortir ce qui est bon dans tout être ou toute situation, le pardon en tant que libération du passé, le travail conscient de l’intention, l’invocation de l’Esprit pour qu’il transforme notre regard sur les choses et amène de la lumière dans nos obscurités… sont autant d’outils spirituels qui produisent ce que l’on peut envisager comme des miracles. Mais disons-le clairement : tous ces moyens cités ici n’ont de valeur qu’en regard de la fin vers laquelle ils tendent, mais qu’ils ne sauraient forcer. Il nous faut sortir de la logique de la cause et de l’effet, du moyen dont découlerait une fin, pour entrer dans une dynamique de la grâce. Cette dernière implique l’intervention d’un facteur qui est au-delà de notre contrôle conscient. On n’est pas ici dans le registre du développement personnel ou de la croissance personnelle, mais bien au contraire, dans celui de la décroissance personnelle : il s’agit pour la personne d’accepter de se pousser du chemin pour qu’autre chose, qui dépasse cette personne, puisse agir. Nous cherchons à nous ouvrir à une réalité transpersonnelle. Tous nos moyens ne servent donc qu’à préparer un terrain réceptif, et rendre disponible, à l’irruption hors de tout contrôle d’une dimension imprévisible, vivante, de conscience et de sens, dont l’apparition implique très généralement un renversement radical de perspective, une métanoïa, un éclat de rire libérateur, un surgissement dans la joie spontanée de vivre, d’être… </span></p>
<p></p><h4 style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Effondrement </span></h4>
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Il faut bien dire cependant que tout ce chemin ne mène bien souvent, avant ce renversement stupéfiant, qu’à ce qui semble bien être qu’un effondrement. Jung nous prévenait : « toute rencontre avec le Soi est une défaite pour le moi ». On retrouve ici la nécessité de la mort initiatique, prélude indispensable à la renaissance. La structure ancienne de la personnalité, dûment travaillée, ne tient plus et s’effondre sans autres signes avant-coureurs parfois que des rêves. Bien souvent, ce sont les contradictions internes à la psyché du pèlerin qui, sous le coup d’un événement éventuellement mineur, font éclater la vieille structure. Dans la perspective jungienne, nous honorons les contradictions comme indiquant la conscience de la dualité psychique des opposés. L’unilatéralisme nous semble beaucoup plus inquiétant car il indique qu’une des polarités a disparu dans l’inconscient. Dès lors, Jung nous invite à supporter nos contradictions et à aller au bout de celles-ci jusqu’à ce qu’on ne puisse plus les porter. C’est à ce moment décisif que surgit un troisième terme qui signe bien souvent l’effondrement de la structure antérieure et le dépassement de la dualité. On peut dire qu’il s’agit bien souvent là d’aller au-delà de l’espoir et du désespoir (vous pouvez lire mon article <i><a href="http://voiedureve.blogspot.com/2017/07/du-bon-usage-du-desespoir.html" target="_blank">du bon usage du désespoir</a></i>), ce qui encore une fois s’apparente à une mort. On n’y va pas volontairement, il faut y être acculé sans aucune possibilité de repli. Et pourtant, il apparaît bien souvent que ce passage est préparé depuis longtemps par le Soi, qui ne laisse aucune chance au moi de s’en sortir. J’ai déjà souligné comment c’est dans cette agonie surtout que l’accompagné peut avoir besoin de la présence de l’accompagnant, ne serait-ce que comme témoignage vivant de ce qu’il y a une autre vie, une vie renouvelée, après la mort. La tâche de l’accompagnant est donc de veiller en particulier à ce que le pèlerin ne soit pas enterré par les décombres, ou s’il l’est, que ce soit à la façon d’une graine qui, plantée dans une terre fertile, trouvera le courage – force du cœur – de risquer l’aventure de produire une jeune pousse, une nouvelle existence. </span></p>
<p></p><h4 style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgFbKSwHfeQfe7n7wtccukZE8XULE9yBA_kNMyRt4p_hDQPncD2J0l_xqIOqrz_NaScGeUePDdUwI-BHid818uECeOOyF3IGUYZ01jvehmNnD2AWonK9ho-sIrQ8jyyuVcAEz-4O_Uta6Cd5PMF_pgC8UtUhYE2f5u_96F2rynLdoQsnzt6-V7kgbf1KIE/s224/zen009Courage.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="224" data-original-width="150" height="328" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgFbKSwHfeQfe7n7wtccukZE8XULE9yBA_kNMyRt4p_hDQPncD2J0l_xqIOqrz_NaScGeUePDdUwI-BHid818uECeOOyF3IGUYZ01jvehmNnD2AWonK9ho-sIrQ8jyyuVcAEz-4O_Uta6Cd5PMF_pgC8UtUhYE2f5u_96F2rynLdoQsnzt6-V7kgbf1KIE/w220-h328/zen009Courage.jpg" width="220" /></a></div><br />Effet miroir </span></h4>
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">L’accompagnant ne saurait enfin faire l’économie dans son accompagnement de l’auto-examen et de l’utilisation de l’effet miroir qui veut que tout ce qu’expérimente son accompagné constitue un enseignement pour lui aussi. Les difficultés rencontrées en particulier par l’un ou l’autre dans la relation sont des mines d’or conscient qui réclament d’être exploitées à fond. L’art d’accompagner autrui s’enracine dans la capacité bien exercée à s’accompagner soi-même, ce qui n’exclue pas, bien au contraire, de solliciter de la supervision ou l’accompagnement d’un tiers. L’accompagnant ne peut jamais se tenir « au-dessus ». Au contraire, s’il y a une position juste, elle est en-dessous ou derrière, comme le maître taoïste – en laissant donc l’accompagné marcher devant, ouvrir le chemin – ou à côté, en marchant avec, en faisant marche commune, œuvre commune. Et la merveille de l’accompagnement, c’est qu’en tant qu’accompagnant, nous avons donc non seulement nos propres rêves qui nous amènent matière à réflexion, mais aussi les rêves de nos accompagnés. Leurs questions sont nos questions, et si nous croyons avoir la réponse qu’ils n’entendent pas, c’est que nous nous fourrons le doigt dans l’œil… </span></p>
<p></p><h4 style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Mais encore... </span></h4>
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Au moment même où je m’apprête à publier la seconde partie de ce texte, déjà passablement long (mais on m’a invité à moins condenser mon propos…), je reçois un commentaire éclairant au premier article que j’ai publié. Je vous invite à aller le lire <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2023/08/accompagnement-psycho-spirituel-12.html?showComment=1692215586285#c5319844134576228860" target="_blank">ici</a>, et j’y réponds cependant ici <i>in extenso</i> car il y a là des questions de première importance qui sont abordées. </span></p>
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Dans ce commentaire, il est souligné que « la difficulté d'un tel accompagnement est, à mon sens, le fait qu'un des outils principaux de l'accompagnant est de donner une "carte du territoire" sous la forme de concepts et de méthodes d'interprétation de l'expérience (…) en dehors du cadre du dogme d'une religion. » Pour cela, il est nécessaire de « reconnaître le caractère fabriqué de toute perception, et le rôle des <i>Logoi </i>(modèles conceptuels) dans ce processus. » Je suis entièrement d’accord, et je soulignerai simplement qu’il s’agit par là d’entrer dans la conscience de la nature de la conscience, créatrice en permanence de représentations qui sont à la fois médiatrice du réel, et un voile. Pour le dire autrement, il ne s’agit pas de s’empêcher de penser, mais de ne plus identifier nos pensées à la vérité – ce sont simplement des vecteurs relationnels avec ce qui est. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Un autre point important qui est souligné dans ce commentaire est la difficulté qui ressort de « la nécessité de va et vient entre les explorations du sacré et du mystère, d'une part, et la "vie quotidienne", d'autre part. » En effet. Et cependant, ce va et vient est strictement nécessaire pour une bonne intégration de ces explorations, à moins de choisir une voie monacale mais je crois qu’on y perd alors l’essentiel, qui est dans la relation. On pourrait dire, comme le faisait ressortir <a href="http://voiedureve.blogspot.com/2015/05/naviguer-en-suivant-la-lumiere.html" target="_blank">Richard Moss parlant d’un de ses rêves</a>, que l’homme ordinaire, notre prochain qui n’entend rien à ces mystères, est notre guide spirituel pour reprendre pied dans la réalité. Il nous aide à éviter toute forme de grandiosité et d’inflation, un des plus grands dangers qui menace le pèlerin. Dès lors, dans les difficultés de communication que nos accompagnés ou nous-mêmes pouvons rencontrer avec les proches qui ne sont pas ouverts à ces explorations, il faut se rappeler qu’il y a là une opportunité de croissance encore. Un des plus grands dangers est ce qu’on appelle la « puanteur zen » qui consiste en vouloir à tous prix partager les expériences sans tenir compte des demandes d’autrui et expliquer combien elles sont extraordinaires. Ce n’est pas à nos proches de devoir s’ajuster à nos découvertes, mais à nous de tenir compte de là où ils sont dans leur propre chemin de conscience, fut-il entièrement inconscient à ce point. Devant ce défi, il est bon de se rappeler ce que suggérait Rilke quand il disait : « ce n’est pas le chemin qui est difficile, c’est le difficile qui est le chemin. » Au fond, la question brûlante qui ressort de ces difficultés est : que valent donc nos explorations si elles ne nous amènent pas à suffisamment d’amour pour marcher le chemin avec nos proches, tels qu’ils sont ? </span></p>
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Dans le commentaire, il est enfin souligné que « l'image de soi que les autres nous renvoient peut être douloureusement en conflit avec les images encore floues résultant de nos explorations ». C’est certain, mais j’oserai dire qu’il y alors l’opportunité de chercher à se libérer du piège de l’image de soi, ne serait-ce qu’en acceptant les projections d’autrui. Un des quatre accords toltèques peut dans ce sens être très utile, nous invitant à « ne rien prendre personnel ».</span></p>
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Et comme il est dit en introduction de ce commentaire, je ne fais que gratter ici la surface de notre sujet, qui pourrait amener encore bien d’autres considérations, approfondissements... </span></p>
<p></p><h4 style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgu3_e1nH3GLqjq6hG_tJaJx1DTFEBMcYyLil-RjYV_mVfLgfKidUbZwFaLr5Udfn0Bd_ifxbdRCDl-Up4JEbF-BaDLUjg-dag7jrCbW22EoT8NtS-jJTkb9XxJtdXFOqxqBw4QsYgAiEcdP6pkFg_4aCrDacydnQMrERvRkZgqQrUGUcgmMR-DsUtMT_c/s480/Danse!.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="480" data-original-width="356" height="393" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgu3_e1nH3GLqjq6hG_tJaJx1DTFEBMcYyLil-RjYV_mVfLgfKidUbZwFaLr5Udfn0Bd_ifxbdRCDl-Up4JEbF-BaDLUjg-dag7jrCbW22EoT8NtS-jJTkb9XxJtdXFOqxqBw4QsYgAiEcdP6pkFg_4aCrDacydnQMrERvRkZgqQrUGUcgmMR-DsUtMT_c/w291-h393/Danse!.jpg" width="291" /></a></div><br />Participer au jeu créateur de la Vie </span></h4>
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Nous voyons désormais clairement ce qui différencie l’accompagnement psycho-spirituel de la psychothérapie : cette dernière insiste toujours sur ce qui ne va pas avec le motif louable, mais limitatif, d’y apporter remède. Ce n’est pas très différent de ces formes de religion qui, pour nous orienter vers le bien, s’enferrent dans une obsession du péché et du mal. Bien sûr, la porte d’entrée dans la quête de sens est la plupart du temps une souffrance, un « problème » pour lequel nous cherchons une solution. Cependant, il n’est pas rare qu’il n’y ait pas de solution et qu’il ressorte de la difficulté un enjeu existentiel qui emmène au-delà de la dichotomie problème / solution. Comme exemple, je proposerai simplement de réfléchir au fait que l’on échoue bien souvent à soigner la maladie qui conduit à la mort ; c’est là, en particulier, que la dimension spirituelle de l’accompagnement prend toute sa valeur : devant l’inévitable, l’incontournable, auquel on ne peut rien, sinon chercher à le dépasser en nous reliant à une perspective plus grande. Or, même si la porte d’entrée est donc le grain de sable dont l’huître intérieure fera une perle, l’accompagnement psycho-spirituel ne met pas l’accent sur les blessures, les traumatismes et les manquements, les inévitables déviations du mouvement de vie, mais plutôt sur la relation avec cette dimension de l’être qui est toujours intacte, quoiqu’il soit advenu, et qui se révèle être inaltérable, inviolable. C’est d’elle que vient, si elle doit venir, la guérison dans laquelle on entendra l’éclat de « gai rire » qui survient quand les choses prennent sens et contraste inévitablement avec la visée thérapeutique du « soi nier ». </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Le surgissement de ce rire est la signature la plus caractéristique du <i>satori </i>des maîtres zen, éveil ou libération qui traduit une sortie par le haut de toutes les difficultés liées à l’histoire horizontale. Ces difficultés n’ont pas nécessairement disparues, les blessures ne se sont pas refermées par magie; elles sont dépassées, transcendées dans une perspective nouvelle qui a cependant toujours été là – la perspective qu’on peut avoir sur les choses de la vie à partir d’un espace virginal, immaculé. Pour aller vers la Lumière vivante, il faut traverser les grandes eaux psychiques, ce qui implique de faire face à nos peurs les plus profondes. C’est l’illusion alors que nous traversons, et le plus grand bénéfice du travail du rêve est bien de lever ce voile de l’illusion. Mais dès lors, ce ne sont plus l’illusion ou les eaux psychiques qui importent de quelque façon mais bien l’espace libre, ouvert et lumineux que nous découvrons au-delà de celles-ci. Et c’est donc l’établissement d’une relation consciente avec ce lieu intérieur toujours libre de tout ce qui a pu ou pourrait advenir, que l’on dira aussi dans un certain vocabulaire être pur et immaculé, où la vie se crée sans cesse d’elle-même dans le Nouveau, qui est la guérison elle-même. Ce que je dis là n’empêche pas que l’approche privilégiée dans l’accompagnement psycho-spirituel puisse être appliquée par des psychothérapeutes avec une visée thérapeutique. Cela réorienterait la psychothérapie vers la dimension spirituelle, ce qui me paraît souhaitable. Nous aurions donc enfin des psychologues avec un esprit, qui pratiquerait une thérapie de l’âme qui repose toujours sur le fait que celle-ci est en relation avec une réalité créatrice inaltérable. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Dès lors, il ressort que la règle d’or de l’accompagnement psycho-spirituel, qu’auront bien du mal à saisir ceux qui veulent vivre et travailler à l’abri de la sécurité qui découle de lois et de principes établis une fois pour toute, c’est que le processus que nous accompagnons est toujours radicalement créateur. Il ne répète pas, même si l’on peut reconnaître des thèmes archétypaux qui sont déclinés de différentes façons. Il invente toujours du nouveau, et c’est au service de cette dimension créatrice que nous devons nous mettre dans la logique de l’accompagnement. Le but du Travail, si on peut lui en donner un, est – dans les mots d’Hanna Dallos, la scribe des <i>Dialogues avec l’Ange</i> – de permettre l’avènement de l’individu créateur et libre de la peur. Or l’Esprit est</span><span style="font-family: georgia;"> </span><span style="font-family: georgia;">précisément</span><span style="font-family: georgia;"> ce qui introduit un Souffle créateur dans les mécaniques du corps et de la psyché – le Souffle du Vivant. Un corollaire de cette règle d’or, à moins que ce n’en soit la formulation la plus directe et pragmatique, consiste en poser que nous devons toujours respecter entièrement la singularité de l’accompagné. Cette singularité est sa plus grande richesse. En aucun cas, nous ne pouvons nous permettre de l’enfermer dans une théorie générale, fut-elle celle de la psychologie jungienne des profondeurs, ou dans quelque lecture d’un évangile ou d’un sutra. Par définition, nous ne pouvons pas savoir pour l’autre, et nous ouvrons dans la rencontre un espace de silence où cet autre peut entendre sa propre vérité vivante, telle qu’elle se crée dans l’instant. Il s’agit au fond d’adopter la même attitude que celle que Jung recommandait en face des rêves : </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« Lisez tous les livres, étudiez toutes les méthodes, mais devant un rêve, écartez-les car le rêve est unique comme le rêveur est unique. » </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Le rêve doit lui-même être envisagé comme un processus créateur par laquelle le Soi, en termes jungiens, ou l’Esprit, cherche à chaque fois à amener une nouvelle perspective sur les choses, à donner naissance à une nouvelle conscience. Le nouveau mythe qu’a cherché Jung pour amener un remède à notre perte de contact collective avec la dimension sacrée de l’existence tourne dans une grande mesure autour de ce que Edward Edinger, un analyste jungien qui a marché dans les pas du vieux sage de Küsnacht, a appelé la création de conscience (titre de son livre sur ce point). Il ressort que la conscience pourrait bien être l’enfant chéri de l’Univers, un univers que certains physiciens qualifient d’« anthropique » car il semble n’avoir d’autre but que de créer de la conscience. Le pire que nous puissions faire est d’enfermer cette nouvelle conscience à naître au travers du rêve, et plus largement, du processus de transformation, dans du "déjà connu". Il se pourrait que l’on détienne la clé de l’accompagnement quand on comprend intimement qu’il s’agit de collaborer avec le Créateur pour lui permettre de créer quelque chose de nouveau au travers de l’aventure de notre accompagné, et <i>in fine</i>, au travers de notre propre aventure. C’est une œuvre poétique, au sens premier du mot grec <i>poiêsis </i>– création. On s’unit enfin avec l’énergie créatrice de l’Univers quand on la laisse créer librement au travers de nous, sans que la volonté consciente de l’accompagnant ou celle de l’accompagné ne s’en mêle. La question qui s’impose alors à l’un comme à l’autre dans un éclat de gai rire complice est, s’adressant à cette dimension créatrice qui amène toujours du Nouveau dans l’existence : </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Que veux-Tu créer par moi ? Quoi de neuf, Docteur ? </span></p>
<p></p><h4 style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgIFHpsK8c8pbbxQboSr-QhJbGtSLCe-k4Hm9IdLNcOj553RwP-GjwUxvQqog0elPBz1uS9912TYn97oRaF5Yq90k3ApMElgnZoxC0W61FMNADBxw52AD25wJUlsfFCyuP3sCzGJelJ8gfZmjh8N7gb3nz7QI3cOdg4cohjJb9A41QyGispeYVSkyazVOA/s591/Derviche.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="591" data-original-width="591" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgIFHpsK8c8pbbxQboSr-QhJbGtSLCe-k4Hm9IdLNcOj553RwP-GjwUxvQqog0elPBz1uS9912TYn97oRaF5Yq90k3ApMElgnZoxC0W61FMNADBxw52AD25wJUlsfFCyuP3sCzGJelJ8gfZmjh8N7gb3nz7QI3cOdg4cohjJb9A41QyGispeYVSkyazVOA/s320/Derviche.jpg" width="320" /></a></div><br />C’est le mystère qui accompagne ! </span></h4>
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">En conclusion, il faut apporter immédiatement deux compléments essentiels à ce qui vient d’être dit : </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Le premier de ces points, c’est que l’accompagnant psycho-spirituel ne saurait, au risque sinon d’interférer avec le processus, avoir aucun projet pour l’accompagné. Le but ultime est la nouvelle naissance, mais la forme et la temporalité dans laquelle celle-ci s’inscrira appartiennent entièrement au pèlerin. C’est l’œuvre de l’Esprit, dont nous sommes témoins et assistants, mais en aucun cas celle de l’accompagnant qui doit se pousser du chemin. En fait, chacune des personnes que nous accompagnons nous emmène plus loin sur ce chemin. Il n’y aurait rien de pire dans cette perspective que de croire savoir pour l’autre, et de l’enfermer dans nos croyances, qu’elles soient issues d’une tradition qui nous a nourri ou de notre minuscule expérience. Je souligne ici que l’enjeu principal de l’accompagnement du point de vue de l’accompagnant est éthique et porte directement sur la question du pouvoir, de l’autorité et de la position que lui confère sa position, et l’inévitable jeu du transfert et du contre-transfert. Nous ne saurions en aucun cas être naïfs devant cet enjeu car l’ego n’est jamais aussi puissant que lorsque l’on prétend l’avoir dépassé. Nous ne pouvons éviter d’examiner l’ombre de pouvoir à laquelle notre posture d’accompagnant nous confronte inévitablement, et c’est là, plus que nulle part ailleurs sans doute, que nous pouvons offrir un exemple à nos accompagné.e.s de capacité à regarder l’obscurité en face, et transformer la <i>materia prima</i> en conscience. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">En fait, et c’est le second point que je veux souligner ici en conclusion, l’accompagnement est un prétexte. Ce n’est pas nous qui accompagnons, c’est encore une fois l’Esprit à travers nous. Et cela va avec le fait que c’est ainsi, en accompagnant, que nous continuons à cheminer, avec l’aide des personnes que nous accompagnons. Ainsi, à partir d’un certain point, avons-nous pour nous éclairer non seulement nos propres rêves mais aussi ceux de nos accompagné.e.s, et non seulement nos propres questions existentielles, mais aussi celles des personnes que nous accompagnons dans la recherche. Pour ma part, je n’ai aucune prétention à avoir accompli la nouvelle naissance, je suis toujours en chemin. Je n’énonce pas ici des vérités définitives mais je livre les fruits provisoires de ma propre recherche sans prétendre en faire le tour de façon exhaustive, et en étant conscient d’effleurer nombre de points qui réclameraient d’être approfondis. Il me faut préciser que ces mots n’engagent que moi – ma compagne et partenaire dans la formation en écoute intérieure des rêves formulerait certainement différemment beaucoup de choses que j’ai dites ici, et y apporterait des compléments éclairants. Ce chemin sur lequel je marche implique cependant de partager ce que j’ai récolté sur la route non seulement pour la joie du partage, mais aussi pour les fins de la recherche elle-même qui s’alimente de la discussion libre et ouverte à laquelle j’invite... </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Il est en effet bien rare donc d’une part que nous trouvions un maître qui soit entièrement éveillé pour nous accompagner mais cela ne doit pas nous empêcher de nous mettre en chemin car le véritable maître est intérieur. Il saura nous nourrir de lectures, de rencontres, de rêves, d’intuitions. Et d’autre part, il ne faut surtout pas attendre d’être devenu soi-même un tel maître accompli qui marcherait sur l’eau dans sa baignoire pour accompagner autrui car si l’appel s’en fait entendre, et si on trouve en soi-même l’humilité nécessaire pour le faire, l’accompagnement est le chemin le plus direct vers la Liberté. Et si on ne trouve pas cette humilité, on peut compter sur l’Esprit pour nous mettre le nez dans l’humus et nous l’apprendre de la manière forte. Il suffit pour cela d’être honnête avec soi-même, dans une attitude de profonde écoute de l’autre et de ce que nous dit notre âme. C’est l’attitude intérieure qui détermine l’altitude à laquelle nous évoluons : plus nous saurons nous incliner devant le mystère à l’œuvre, plus le mystère pourra donc œuvrer à travers nous. Et il s’avère alors que c’est le pèlerin qui, ouvrant son propre chemin vers le cœur du Mystère, devient notre guide. Ainsi, accompagnant.e. s et accompagné.e.s se rejoignent finalement dans l’émerveillement devant les œuvres de l’Esprit, qu’on appelle à bon droit « le grand Œuvre » ! </span></p>
<p></p><h4 style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjpC1U2_rJYwUE9_T4QY1FLYVLmUlDEoVl8N7pG7xpymfgTRc_thGZQpEDWzxqWkAPix2EHrqWuDv9SW-5og_3YLrji7vs77lyIV75TKTOO3Y0wksyKdWqqZJLjOZTBX3s8Ca-WIUM3oCsrDK1yoOV06l1AuAHBfnziOBCERFTH7bRSCFfvk6Ni2fG3nQ4/s724/rose%20m%C3%A9ditative%20Dali.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="724" data-original-width="564" height="348" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjpC1U2_rJYwUE9_T4QY1FLYVLmUlDEoVl8N7pG7xpymfgTRc_thGZQpEDWzxqWkAPix2EHrqWuDv9SW-5og_3YLrji7vs77lyIV75TKTOO3Y0wksyKdWqqZJLjOZTBX3s8Ca-WIUM3oCsrDK1yoOV06l1AuAHBfnziOBCERFTH7bRSCFfvk6Ni2fG3nQ4/w270-h348/rose%20m%C3%A9ditative%20Dali.jpg" width="270" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: x-small;">Rose méditative, de Salvador Dali</span></td></tr></tbody></table><br />Le fruit de l’esprit </span></h4>
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Quant à ce qui suit cette mort et nouvelle naissance, qui est aussi une ouverture, une entrée dans l’Ouvert sans limites, il ne sert pas à grand-chose d’en parler. Quoi que l’on dise, le mental s’en emparera et en fera une absurdité. Ainsi, on peut évoquer une libération de la souffrance, et d’un avènement de la Félicité, de la Paix et de l’Amour, mais cela n’a pas grand chose à voir avec le bien-être dont le marché spirituel tire ses arguments publicitaires. Celui qui en parle le mieux, peut-être, c’est Paul, que je répugne à nommer « saint » tant ses obsessions ont dévoyé l’enseignement originel selon moi, mais qui dit bien que « ce n’est plus moi qui vit, mais le Christ en moi. » Il indique aussi que </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« le fruit de l’esprit est amour, joie, paix, patience, serviabilité, bonté, fidélité, douceur, maîtrise de soi. » (Galates, 5, 22) </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Ce fruit, chacun peut y goûter. Maintenant. Comme dit joliment Michel Fromaget, « tout instant lui est propice, et pour l’inaugurer, un simple oui suffit. » Il n’est pas nécessaire d’attendre la Résurrection finale ou l’Éveil définitif, car finalement nous n’arrêtons pas de passer par des cycles de mort et de nouvelle naissance. C’est par là, semble-t-il, que la conscience s’élargit et se re-crée elle-même sans trêve. Dans cette liste non exhaustive, je soulignerai bien sûr tout particulièrement l’amour inconditionnel (<i>agapé</i>) et la joie qui vont avec une réconciliation entière avec tout ce qui est et tout ce qui a été, tout ce que nous sommes et tout qui a fait que nous sommes devenus ce que nous sommes. Incluant la souffrance et les mille morts que nous avons dû vivre pour arriver à cette réconciliation qui est le signe le plus certain de l’œuvre de l’esprit. Et pour ma part, en bon anarchiste mystique revendiqué (mais relativement libre de cette étiquette à laquelle je ne me limite pas), je soulignerais que le plus savoureux de ce fruit, qui résume certainement tous les autres aspects, est certainement la liberté entière qu’il confère à qui le goûte. On peut dire que c’est un tout nouvel état de conscience qui se dévoile alors, au-delà de la logique conflictuelle du mental séparateur. Richard Moss en parle brillamment dans son livre <i>le second miracle</i> : après le premier miracle consistant en l’apparition d’une conscience fondée sur l’égo, une autre possibilité de conscience surgit qui dépasse tout ce que l’égo peut envisager. Une conscience qui embrasse la Totalité vivante… </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">On peut dire enfin que cette métanoïa recherchée comme le bien le plus précieux est un simple renversement du regard. Tout a toujours été là, et apparaît soudainement sous un jour nouveau. Ainsi, il arrive que l’on s’arrête et que l’on contemple une rose pour découvrir l’infinie richesse des moindres détails de la perfection qu’elle est. On peut s’oublier pendant une éternité de temps subjectif dans cette contemplation, et cet oubli de soi – c’est-à-dire du petit moi – ouvre enfin la porte de la liberté. William Blake nous pointait cette direction quand il écrivait : </span></p>
<blockquote style="border: none; margin: 0px 0px 0px 40px; padding: 0px; text-align: left;"><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
« Voir un monde dans un grain de sable <br />
Et un Ciel dans une Fleur sauvage <br />
Tenir l'Infini dans la paume de la main <br />
Et l'éternité dans une heure. » </span></p></blockquote>
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">La recherche psychologique met en évidence qu’il est assez fréquent que des personnes qui font face à la proximité de la mort vivent un tel état d’éveil, un moment de vérité vivante. Tout à coup, chaque instant devient lumineux. Les couleurs se font plus vives, l’air que l’on respire plus vivifiant, la caresse du vent sur le visage plus sensible. Le moindre sourire, un rire d’enfant, la présence d’un être aimé deviennent des trésors. Tout ce qui nous semblait banal, acquis, indigne d’attention, devient soudainement infiniment précieux, l’expression d’une pure merveille. Il n’y a plus rien à chercher au dehors, tout est déjà là et a toujours été là. On devient pure présence à la vie, à la beauté du monde. C’est une grâce, une bénédiction que de vivre cela tant qu’il en est encore temps. On s’est simplement arrêté. On a arrêté de courir, de chercher ce qui est là, le présent, le cadeau de l’existence. Cela prend un maître implacable, la mort qui pose sa main sur notre épaule, pour que l’on s’arrête enfin, que l’on cesse de fuir notre vérité. Cependant, il n’est pas nécessaire de recevoir un diagnostic et un pronostic fatals pour pouvoir faire un tel saut dans la Vie. C’est possible en chaque instant, pour peu que nous entrions, maintenant, en pleine conscience dans le miracle de vivre. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je laisserai le dernier mot à Yeshua Ha-Nozri. Ce dernier nous donne peut-être la clé de la nouvelle naissance dans un logion cinglant de<i> l’évangile selon Thomas</i>, que devraient méditer tous les passeurs voulant accompagner autrui dans le passage : </span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">« Soyez passant. »
</span></p><p style="text-align: justify;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgqBu-fVgCXVg8Gwt6JQOjVKutTSp4hRa9KBIO7BPEbtaHZWDgeOM69NyC8oJ-xlRz95U_KI4m4PzMnudL1tZBFWN6z28nRutb-wJHnEUYNcYxC8WJQyJYF6hRtuigSntDob5N2nsNJmlpD2C03ZoGMXwX-3i9S8OUVLuE2MeV1IJzIEs_xS_k1rL3jVjQ/s500/UnifiedHeart3B.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="500" height="217" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgqBu-fVgCXVg8Gwt6JQOjVKutTSp4hRa9KBIO7BPEbtaHZWDgeOM69NyC8oJ-xlRz95U_KI4m4PzMnudL1tZBFWN6z28nRutb-wJHnEUYNcYxC8WJQyJYF6hRtuigSntDob5N2nsNJmlpD2C03ZoGMXwX-3i9S8OUVLuE2MeV1IJzIEs_xS_k1rL3jVjQ/w217-h217/UnifiedHeart3B.jpg" width="217" /></a></div><p style="font-family: georgia; font-size: small; font-style: italic; text-align: justify;"><i>Je ne saurais dire tout ce que cette réflexion doit aux personnes que j'ai eues le privilège d'accompagner jusqu'ici, qui reconnaîtront nombre d'éléments ressortant de leurs expériences et de nos discussions. Qu'ielles soient ici profondément remercié.e.s, de tout cœur.</i></p><p style="font-family: georgia; font-size: small; font-style: italic; text-align: center;">* * *</p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia; font-size: small;">Vous pouvez télécharger l'intégralité des deux articles en PDF sans illustrations ici : <a href="https://creezviedereve.com/docs/Accompagnement_psychospirituel_JG2023.pdf" target="_blank">accompagnement psycho-spirituel</a>. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia; font-size: x-small;">Ce texte est publié sous licence Creative Common BY/NC/ND : vous pouvez en copier des extraits sans demander d’autorisation à condition de citer la source, qu'il n'en soit fait aucun usage commercial et qu'ils ne soient pas modifiés. (Pour plus d’informations : <a href="https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.5/ca/deed.fr">https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.5/ca/deed.fr</a>)</span></span></p><p></p><p></p>Jean Gagliardihttp://www.blogger.com/profile/08229714193935289206noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1648819312264509748.post-33215927639241317542023-08-11T09:04:00.007-04:002023-08-17T13:48:41.623-04:00Accompagnement psycho-spirituel 1/2<h2 style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjiMciXlo8FTFBMHQ5v7ofFc0ZQSY7jjjImMC5CtRnIhmyDLOfuw5smPp_CCPEiYABivOm3DCRdnRfzc0boU8LpjVpnsQ5-w8Il5eiGA7i8n1ZWmTm721ulKVPeRiaQVrlOk-TEBo-eh2DsNoroq_pfvM94kXOMTzTlL-7VZTa3IKGeKQwEh3IwqlFjihI/s527/cygnes.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="328" data-original-width="527" height="246" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjiMciXlo8FTFBMHQ5v7ofFc0ZQSY7jjjImMC5CtRnIhmyDLOfuw5smPp_CCPEiYABivOm3DCRdnRfzc0boU8LpjVpnsQ5-w8Il5eiGA7i8n1ZWmTm721ulKVPeRiaQVrlOk-TEBo-eh2DsNoroq_pfvM94kXOMTzTlL-7VZTa3IKGeKQwEh3IwqlFjihI/w396-h246/cygnes.jpg" width="396" /></a></div></span></h2><h2 style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">Accompagnement psycho-spirituel</span></h2><h3 style="text-align: center;"><i><span style="font-family: georgia;">Dans une perspective jungienne</span></i></h3><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia; font-size: x-small;">1<sup>ère</sup> partie</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><i>Je propose ici une réflexion en deux parties sur le paradigme de l'accompagnement psycho-spirituel qui sous-tend le travail en </i></span><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;"><i>Écoute Intérieure des Rêves et le dépasse largement. Ces vues n'engagent que moi et ne prétendent pas faire un tour définitif et exhaustif des questions qu'elles soulèvent, non plus qu'elles ne se posent comme un enseignement. Ce texte se veut plutôt un énoncé de recherche et une invitation à la discussion ouverte : toutes les contributions et critiques constructives qui permettront d'approfondir et de clarifier le sujet sont bienvenues.</i></span></span><i style="font-family: georgia;"> Les partages d'expériences pertinentes seront particulièrement appréciés.</i></p><p style="text-align: justify;"><i style="font-family: georgia;">Merci d'avance !</i></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-size: x-small;">(Pour les fins d'allègement du texte, la forme masculine, en particulier pour les termes "accompagné" et "accompagnant", est privilégiée ici, sans préjuger cependant du genre et du sexe des personnes concernées, qui s'avèrent d'ailleurs plus souvent être des femmes, ou du moins avoir développé leur féminité intérieure.)</span></p><p style="text-align: justify;"></p><span style="font-family: georgia;"><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Un des objectifs pédagogiques de la formation que ma compagne et moi-même proposons en Écoute Intérieure des Rêves est de communiquer les éléments clés de l’accompagnement psycho-spirituel par le travail avec les rêves dans leur connexion avec l’imagination créatrice et le ressenti. Récemment, j’ai proposé une synthèse sur cette question au travers d’une mini-conférence aux étudiantes engagées dans la formation en présentiel. En voici, à l’usage des étudiant(e)s en distanciel et de toutes les personnes intéressées, un exposé qui reprend les éléments essentiels de cette conférence tout en l’enrichissant encore d’idées qui n’avaient pu, faute de temps, y trouver place. Si vous avez quelque intérêt pour la </span><a href="https://voiedureve.blogspot.com/p/formation-eir.html" target="_blank">formation EIR</a><span style="font-family: georgia;">, vous y verrez se dessiner le cadre dans lequel nous envisageons le travail avec les rêves, et plus largement l’accompagnement. Bien sûr, c’est un article un peu long et touffu, où je présente les conclusions provisoires de ma recherche en invitant à la discussion de chacun des points proposés. Cette longueur, bien qu’elle soit rédhibitoire pour certain.e.s qui préféreront à bon droit des exposés plus concis, me semble nécessaire pour tenter de dégager l’approche psycho-spirituelle de la confusion qui l’entoure souvent sur Internet, où l’on se contente volontiers de formules creuses et de raccourcis douteux quand on parle de spiritualité…</span></p></span><p></p><h4 style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Qu’est-ce que l’accompagnement psycho-spirituel ?</span></h4><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Il faut dire d’emblée aussi clairement que possible ce que ce n’est pas. L’accompagnement psycho-spirituel n’est ni de la psychothérapie, ni de la direction de conscience, ou une forme d’enseignement spirituel, par exemple d’une forme de méditation. Cela ne veut pas dire que le travail n’aura pas, parfois, des incidences psychothérapeutiques, mais l’accent n’est pas mis sur la thérapie. Ce n’est pas une forme de psychanalyse, même si son cadre est proche de celui de l’analyse au sens où l’entendait Jung : un dialogue dans lequel intervient un Tiers transcendant les positions respectives de l’analysant et de l’analyste, de l’accompagné et de l’accompagnant. Mais la métaphore sous-jacente à l’accompagnement est autre que celle du paradigme médical qui sous-tend la psychiatrie, mais aussi du mythe apollinien que James Hillman a mis en lumière dans son livre <i>le mythe de la psychanalyse</i>. Et pourtant, la <i>materia prima</i> inconsciente sera mise en travail dans l’athanor alchimique ! Cependant, l’image qui nous guidera dans l’accompagnement sera celle de compagnes et compagnons, c’est-à-dire de marcheurs de concert, sur le chemin existentiel de la quête spirituelle.</span></p><h4 style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhSa3TFgq5fTR1sqjzaDiXD2LuJFa1K7lOC6NcviDRh7iawNMPh6pZuQ9taWaIGg3D5QTRkIdsQqvbn3nFMG_iWcB6Au2b629USw9_mdvt2r-S7XST-eR9SqYFIpHlBGU7ZYsUYN1fi6WwfLzDjOucDcpH8rV9EHIEwMOjJmyqBzCZMhkVE-4w5LCE0Kgo/s278/220px-Roi_et_Reine_Alchimie.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="278" data-original-width="220" height="304" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhSa3TFgq5fTR1sqjzaDiXD2LuJFa1K7lOC6NcviDRh7iawNMPh6pZuQ9taWaIGg3D5QTRkIdsQqvbn3nFMG_iWcB6Au2b629USw9_mdvt2r-S7XST-eR9SqYFIpHlBGU7ZYsUYN1fi6WwfLzDjOucDcpH8rV9EHIEwMOjJmyqBzCZMhkVE-4w5LCE0Kgo/w240-h304/220px-Roi_et_Reine_Alchimie.jpg" width="240" /></a></div><br />Mais c’est quoi, le « spirituel » ?</span></h4><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">En préalable, nous rencontrons donc à l’abord de ce sujet le problème de la définition du « spirituel » : de quoi parle-t-on là ? Qu’est-ce que cela mange en hiver ? J’ai posé la question à notre groupe d’étudiantes et en première réaction, il en est ressorti que c’est un terme que plusieurs évitent d’utiliser car il est trop galvaudé. Je répugne moi aussi à employer ce mot car je suis dérangé par l’opposition implicite entre spirituel et matériel. On a trop souvent dévalué la terre, le corps – et en passant, le féminin – au nom du spirituel. Je préfère donc à ce terme la notion de travail existentiel qui renvoie d’ailleurs à une autre notion difficile à appréhender : l’essentiel – ce qui trait à l’essence, ou à ce que Kant désignait comme le noumène (l’être-en-soi), par contraste avec les phénomènes. Il reste que ce mot « spirituel » désigne quelque chose de précis, qui s’est perdu dans les brumes conceptuelles de notre époque, et sur lequel il est nécessaire de bien s’entendre pour définir la portée et la direction du travail intérieur. Voici quelques propositions de définition qui ont émergées de la discussion avec les étudiantes :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- ce qui nous dépasse, qui prend en compte la dimension totale de l’existence.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- ce qui relie au Divin, mais en même temps, le Divin est en tout…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- quelque chose qui a à voir avec là d’où on vient, la Source de vie – des qualités reliées à cette Source…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- une notion reliée à l’âme, au Divin, au sacré, à notre nature profonde, et qui renvoie au chemin intérieur que l’on peut faire pour être dans une conscience élargie.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- ce qui est relié à l’Esprit, au Souffle, à une Source inspirante, agissante.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Avant toute chose, il nous faut commencer à s’arrêter sur la confusion qui entoure ce terme « spirituel », qui est mis à toute les sauces, aussi bien dans des milieux qui s’en emplissent la bouche que d’autres, qui se veulent rationalistes sinon scientistes, et qui le rejettent, l’assimilent à une forme de folie douce. On peut penser que cette confusion participe de ce que Bernanos désignait comme « une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure », qui serait indissociable de notre civilisation moderne. Et cependant, nous sommes nombreux à sentir, le plus souvent confusément bien sûr, qu’il nous manque quelque chose. Pour éclairer ce point, il faut s’arrêter sur le fait que pour beaucoup d’entre nous, il importe de différentier « religion », assimilée à un système contraignant de dogmes et de croyances limitantes, et « spiritualité », entendue comme « vie de l’esprit », « connexion avec ce qui est plus grand que nous et qui donne sens à notre existence ». Mais il reste donc que nous n’avons donc plus de système symbolique collectif pour nous relier à la dimension sacrée de l’existence. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">En nous débarrassant de la religion qui nous assommait avec ses anathèmes du genre « hors de l’Église, point de salut », nous avons jeté le bébé avec l’eau du bain et cela engendre une profonde souffrance dans l’âme de nombre d’entre nous – et pourrait-on dire, dans l’âme de notre monde. C’est ce que Jung a mis en lumière, constatant en lui-même et autour de lui la faillite du mythe chrétien, et se mettant dès lors en quête d’un remède, une panacea alchimique, c’est-à-dire d’un nouveau mythe vivant. Il est à noter d’ailleurs, sans nous arrêter pour l’instant sur cette affirmation, que ce nouveau mythe pourrait bien être une reformulation de ce qui constituait le cœur du mythe chrétien dans de nouveaux termes – des termes parlant au cœur de notre modernité agnostique. Cependant, la quête spirituelle de ce nouveau mythe est donc devenue une aventure surtout individuelle, bien souvent solitaire, et c’est là que le rôle des rêves et de l’imagination créatrice, mais aussi des rituels et rites de passage, comme points de connexion avec la dimension de sens dans nos existences hors de tout système d’autorité, s’avère déterminant.</span></p><h4 style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrYb1Cum8CTItTMAlI8IvwzzaCXKAMJLu9Z9-lokGI7EgtgexBs9cN2j9mpFreSHz8fDM6jdv2vUe_sVnVMpjNXCSwlhs6TEFE5rfeC8uZgFo8q7mJHiJoS8jKBhR6oeGTv1Aa1iI2GhYn_4W-XKJu1A4dMQGxvlukidAZNPTSdeeJs8L6s37rMXcEfOc/s275/chemin%20solitaire.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="183" data-original-width="275" height="244" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhrYb1Cum8CTItTMAlI8IvwzzaCXKAMJLu9Z9-lokGI7EgtgexBs9cN2j9mpFreSHz8fDM6jdv2vUe_sVnVMpjNXCSwlhs6TEFE5rfeC8uZgFo8q7mJHiJoS8jKBhR6oeGTv1Aa1iI2GhYn_4W-XKJu1A4dMQGxvlukidAZNPTSdeeJs8L6s37rMXcEfOc/w366-h244/chemin%20solitaire.jpg" width="366" /></a></div><br />La confusion psychique / spirituel</span></h4><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Pour bien comprendre ce dont il est question, il faut encore observer que nous ne savons plus clairement distinguer ce qui est de l’ordre du psychique et ce qui relève du spirituel. Nous mélangeons tout. C’est ce que dénonçait par exemple le Cheikh Abdel Wahed Yahia (René Guénon), qui voyait dans cette confusion – dont Jung n’est pas exempt – la racine de nos maux. Et quand ces deux notions ne sont pas purement et simplement identifiées, gommant ainsi toute dimension de profondeur spirituelle, elles sont mises en opposition : nous avons ainsi des spiritualistes sans psychologie, qui vivent encore dans un passé révolu et n’ont souvent pas examiné les questions de relation de pouvoir et d’égo que véhiculent leur spiritualité « hors sol ». C’est ce qui alimente la peur des gourous et d’autres formes d’emprise spirituelle. Mais surtout – et c’est dramatique car c’est eux qui définissent la doxa dominante en cette matière – nous avons des psychologues sans esprit, qui vont jusqu’à considérer toute forme de spiritualité comme pathologique, ou du moins, comme une simple sublimation des pulsions libidinales. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Or cela engendre, encore une fois, une énorme souffrance. J’y suis particulièrement sensible car je travaille avec beaucoup de personnes que l’on peut dire « en émergence spirituelle » – pour reprendre là les mots du grand psychologue Stanislas Grof, qui faisait ainsi un jeu de mots intelligible seulement en anglais. Il parlait en effet (dans son livre A la recherche de Soi) de ces gens en <i>spiritual emergency</i>, ce qui s’entend non seulement comme « émergence spirituelle » mais aussi comme « urgence spirituelle », en soulignant que nombre d’entre eux se retrouvent à l’hôpital psychiatrique car ce qu’ils vivent n’est pas compris. Malidoma Somé, un enseignant issu de la tradition africaine, soulignait que cette façon de traiter les difficultés initiatiques de la naissance spirituelle s’apparente à un avortement de l’âme, et que nous nous privons ainsi de guérisseurs et de guérisseuses dont notre monde aurait besoin. Et en effet, je reçois beaucoup de personnes qui n’oseraient pas se tourner vers des psychologues de peur d’être immédiatement mises dans une case pathologique parce qu’elles vivent des choses qui sortent de l’ordinaire et marchent hors des sentiers battus. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Pour ma part, j’honore le courage de ces individus qui sortent des abris offerts par la mentalité collective et qui bien souvent risquent tout pour vivre la singularité de leur destinée, à la recherche du sens qui éclairera leur existence. Cela inclut des personnes dont la souffrance est tellement aiguë que l’on les qualifiera volontiers de « borderline » – mais il faut lire <i>living in the borderland</i> de Jerome Bernstein pour comprendre toute la richesse que ces états frontières peuvent receler, et comment les civilisations traditionnelles, par exemple les Navajos, savaient accompagner ces traversée et leur donner du sens. Disons rapidement que dans notre perspective, il est inévitable qu’il y ait une fêlure pour que la lumière entre. Krishnamurti soulignait que ce n’est pas en fait un signe de bonne santé que d’être adapté à une société malade, et du point de vue spirituel, il est clair que notre monde est malade. Nous valorisons donc la fêlure dans ce qu’elle est une occasion de conscience – c’est le travail de conscience sur la ligne de faille qui importe, et non une prétendue perfection qui s’avère bien souvent recouvrir une béance inconsciente. Il s’agit, comme nous y invitait Jung, non d’invoquer des êtres de lumière mais d’aller, avec l’aide de celle-ci, éclairer l’obscurité. Voilà donc qui, hors même d’une définition précise de cette notion polysémique de « spirituel », place l’enjeu de l’accompagnement psycho-spirituel.</span></p><h4 style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhuOzbVU97SZtazHr_QlBVT-Dl9_I2Z5XFTnUFiS3MMKYFJXR3wCfJ3pnK2XIhiT4qAO56DPboUBAVSuvs0h6eG-clnPaKA_ejy6j4BZm9g2Mix1ErG2RHTTRtNT2YacCVIkIYzSSWkzra4htUZq_q4a4a2rZZi76koCl11JCypOHbop0XTEXGq_LSHkXk/s369/Diog%C3%A8ne%20lanterne.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="369" data-original-width="369" height="276" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhuOzbVU97SZtazHr_QlBVT-Dl9_I2Z5XFTnUFiS3MMKYFJXR3wCfJ3pnK2XIhiT4qAO56DPboUBAVSuvs0h6eG-clnPaKA_ejy6j4BZm9g2Mix1ErG2RHTTRtNT2YacCVIkIYzSSWkzra4htUZq_q4a4a2rZZi76koCl11JCypOHbop0XTEXGq_LSHkXk/w276-h276/Diog%C3%A8ne%20lanterne.jpg" width="276" /></a></div><br />Un processus de verticalisation intérieure</span></h4><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Il s’agit d’accompagner un processus de transformation intérieure qui bien souvent s’impose à la personne sans qu’elle l’ait consciemment demandée, et dans lequel elle est conduite à sortir des cadres sociaux pour se lancer dans une quête irréductiblement individuelle du sens de son existence, ou du moins de l’aventure qu’elle vit. Dans cette perspective, il s’agit tout à la fois de bien distinguer ce qui est de l’ordre du psychique et de celui du spirituel – et par exemple du personnel et du transpersonnel, de l’histoire de la personne et de la verticalité qui transcende cette dernière – et cependant de bien les articuler. Car si l’Esprit ne descend pas, s’il n’est pas incarné dans la chair, s’il ne dénoue pas tous les nœuds et ne pacifie pas les souffrances, alors l’Œuvre échoue. On peut dire que le psychique constitue une marche pour accéder au spirituel, à condition de ne pas les hiérarchiser dans une linéarité illusoire : le processus est circulaire et il n’est pas rare que nous devions revenir sur une difficulté que nous croyions avoir laissé derrière nous, pour en découvrir une nouvelle dimension de sens. Le chemin intérieur est ainsi fait de <i>ups and downs</i>, de sommets illuminés et de vallées obscures, et ce sont les allers et retours des uns aux autres qui contribuent au tissage de l’âme, que certains appellent joliment le <i>soul making</i>. Nous ne cessons donc de monter cette marche qui conduit du psychologique à l'existentiel et d’en redescendre. Dès lors, le travail spirituel bien compris reconduit dans les profondeurs psychiques avec de plus en plus d’amour pour les éclairer, tandis que cet amour met le feu à l’âme qui s’embrase sous la caresse de l’Esprit.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Pour poser une première définition, nous dirons donc que ce qui tient du psychologique concerne tout ce qui tient à l’édification de notre personnalité. Le psychique est lié à l’histoire, non seulement l’histoire personnelle mais aussi collective (l’histoire de sa famille, de ses lignées, de la culture dans laquelle vit la personne) et plus largement, donc, à la dimension horizontale, dans le temps, de l’existence. On peut dire aussi du psychique ou du psychologique est relatif à la forme et aux représentations, aux images et aux concepts dans lesquelles nous prétendons enfermer le Réel, et qui nous permettent cependant d’être en relation avec ce Réel, Cela-qui-est. Tandis que ce qui relève du spirituel nous renvoie à une dimension de sens de l’existence que nous pouvons qualifier de verticale à plusieurs titres, et du fond de l’être par contraste avec la forme. Cette dimension est verticale dans ce qu’elle relie notre terre au « plus grand », que l’on appelle volontiers le Ciel – l’immensité qui nous entoure. Elle est verticale aussi dans ce qu’elle est hors du temps, dans l’éternité du moment présent – qui est la seule Éternité à laquelle nous ayons part. Or nous avons toujours accès « Maintenant » à cette Vie éternelle, immédiatement (sans intermédiaire) : elle est le sol existentiel dans lequel nous pouvons être ancrés en permanence, en Présence. A noter comment le langage même souligne la distinction entre nos représentations (qui re-présentent, présentent à nouveau le réel...) et le présent immédiat. Étant donc ainsi ancrés dans la présence à ce qui est – encore une fois, maintenant, dans l’instant cadeau (présent) immédiatement sous notre main (main tenant) – nous pouvons enfin nous redresser. Et c’est là donc encore un sens – sans prétendre d’ailleurs les épuiser tous – que nous pouvons donner à cette verticalité du spirituel : nous redressant intérieurement, nous nous libérons des chaînes des conditionnements et des mémoires, du temps, pour toucher au Ciel. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Nous accomplissons psychiquement et spirituellement ainsi le mouvement de l’hominisation qui a conduit nos ancêtres primates à se redresser sur leurs pattes arrières, qui sont devenus nos jambes. Nous complétons une étape de l’humanisation. Nous ne devenons pas des dieux, des sur-hommes, mais nous accomplissons consciemment notre humanité. Nous devenons pleinement humains.</span></p><h4 style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj2_uK-p134OzwZrK0hYAa2JAbqBBrbZqUTWD9kJQBPRJdo45_ho6wR1wKr5Ij_2XnvEh87S8bZtH87UJRx6MtobmmYZylUOGewnNV9J87JnLg0ZJv_xi_tPLDfXVhGTgxwXtllhWkTy3AgRGQq1rvyu7p6ZjrCzx-6sjRfG0iGDiLY24raREBGuln_onY/s500/yinyang%20ciel.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="500" height="252" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj2_uK-p134OzwZrK0hYAa2JAbqBBrbZqUTWD9kJQBPRJdo45_ho6wR1wKr5Ij_2XnvEh87S8bZtH87UJRx6MtobmmYZylUOGewnNV9J87JnLg0ZJv_xi_tPLDfXVhGTgxwXtllhWkTy3AgRGQq1rvyu7p6ZjrCzx-6sjRfG0iGDiLY24raREBGuln_onY/w252-h252/yinyang%20ciel.jpg" width="252" /></a></div><br />Une anthropologie qui redonne leur place à l’âme et à l’esprit</span></h4><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je n’énonce ici rien de nouveau. Les anciens connaissaient bien cette distinction entre le psychique et le spirituel – la psyché et le <i>pneuma </i>– et en tiraient des conclusions vitales. Nous sommes reconduits à la nécessité d’une anthropologie ternaire, qui distingue trois étages en l’être humain : il y a la vie du corps et celle de la psyché, mais aussi la vie de l’esprit – à ne pas confondre ici avec le mental, la pensée, que l’on désigne souvent abusivement comme « esprit ». Les écrits d’un anthropologue contemporain, Michel Fromaget, aident tout particulièrement à sortir de la vision dualiste dominante qui résume l’être humain à corps-psyché en en faisant par ailleurs un simple mécanisme producteur / consommateur dans la grande mécanique économique. Je recommande donc au plus haut point ses livres, en particulier <i>la drachme perdue</i> et, pour celles et ceux qui veulent approfondir sa pensée, <i>Corps-Âme-Esprit, introduction à l’anthropologie ternaire</i> même s’il me semble confondre psyché et âme, ce qui participe de la confusion ambiante autour de la notion d’esprit. Je ne saurais lui en vouloir car non seulement l’étymologie de ce beau mot « âme » (du latin <i>anima</i>, qui a donné animal) lui donne apparemment raison, mais Jung semble bien souvent entretenir cette confusion. Ce dernier utilise en effet souvent de façon interchangeable les termes <i>Das Seele</i> (l’âme) et <i>Psyche</i>, et cela est sans doute un indice de la confusion dans laquelle il était entre psychique et spirituel. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Il reste que, dans la perspective qui nous intéresse ici, la notion d’âme ne doit surtout pas être confondue avec celle de psyché, pas plus que celle d’esprit avec le mental (du latin <i>mens</i>, d’où vient entre autre le mensonge), au risque sinon de perdre de vue le fait que l’accompagnement psycho-spirituel s’inscrit justement à la jonction vivante entre psyché et esprit. L’étymologie permet cependant de comprendre comment s’articulent ces concepts si l’on s’arrête à la relation implicite qu’elle dessine : l’<i>anima</i> est ce qui anime d’un souffle le corps vivant. Quand l’âme a quitté ce corps, il ne demeure qu’un cadavre. Mais ce souffle qui anime le corps, d’où vient-il ? L’esprit, au sens premier, est précisément ce souffle (<i>pneuma</i>), que l’âme transmet au corps / psyché. L’âme est donc ce point de rencontre entre psyché et esprit, et véhicule le souffle dans la psyché. Et c’est Jung encore qui amène une vision de l’âme qui permet de sortir de la réduction de l’âme à la seule psyché quand il écrit, dans Psychologie et Alchimie :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« L’âme est l’œil qui voit Dieu »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Nous n’entrerons pas dans un débat théologique sur ce qu’il entendait là par ce gros mot « Dieu », qui réclame selon la tradition zen que l’on se lave la bouche après l’avoir proféré. Il n’est pas utile d’en discuter car soit l’on voit ce dont il est question, et il n’est nul besoin de l’affadir en en parlant, soit l’œil justement est obstrué, et ce ne sont pas des concepts qui rendront la vue à l’aveugle. Il suffira donc ici de dire que pour Jung, l’âme était l’organe spirituel par excellence, la dimension de la psyché qui nous permet d’aborder au mystère vivant de l’Esprit. L’âme serait, dans cette approche de son mystère, le versant spirituel de la psyché. Nous touchons là à un point essentiel dans la recherche qui nous intéresse ici car le sujet de l’accompagnement psycho-spirituel est précisément l’âme, le lieu où s’opère la jonction entre psyché et Esprit, où ce dernier s’incarne, se manifeste tout en reliant à sa dimension transcendante.</span></p><h4 style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjqZrALjS0zlq7qK7cWlYbiyhnJ3M9aR2QIcVzJc0HruGg7Q26EEuPJP1XT2cb671zYO5HKYtRFBt2WE2PyiVqnwwTNLfO9qdP8eY6oKF-wv1bgGnzSiTzWXMLJ7smGVMc0NITMvmYTe5T0pf90SEcPiDWvja_HZdEvCyBk4eAqH6UQq8f81_Hhv9b2pUA/s1024/dionysius2.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="768" data-original-width="1024" height="261" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjqZrALjS0zlq7qK7cWlYbiyhnJ3M9aR2QIcVzJc0HruGg7Q26EEuPJP1XT2cb671zYO5HKYtRFBt2WE2PyiVqnwwTNLfO9qdP8eY6oKF-wv1bgGnzSiTzWXMLJ7smGVMc0NITMvmYTe5T0pf90SEcPiDWvja_HZdEvCyBk4eAqH6UQq8f81_Hhv9b2pUA/w349-h261/dionysius2.jpg" width="349" /></a></div><br />Une approche existentialiste de l’âme</span></h4><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je dis « sujet », et non objet, car si la psyché est l’objet de la science psychologique, l’accompagnement ne se veut pas science mais démarche, marche de concert avec l’âme avec qui le bon pain de vie est partagé, ce qui est le sens profond du compagnonnage (voir l’étymologie de « compagnon » : <i>companionem</i>, proprement, « celui qui partage le pain avec un autre », de <i>cum</i>, « avec », et <i>panis</i>, « pain »). Quant à moi, j’oserai dire que nous nous fourrons le doigt dans l’œil en discutant de l’existence de Dieu – mais de quoi parlons-nous donc sinon de ce pourquoi il est quelque chose plutôt que rien, qui échappe totalement à notre mental ? - et que la véritable question qui hante notre époque est :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">L’âme existe-t-elle ? Avons-nous une âme, c’est-à-dire une possibilité, fut-elle infime, de sortir de notre <i>agnosia </i>(ignorance, inconscience) et de dé-couvrir le sens vivant de notre existence ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">C’est un point de vue existentialiste qui ne s’embarrasse d’aucune définition a-priori de « Dieu », et n’en nie aucune d’ailleurs dès lors où elle fait partie de l’expérience humaine. C’est encore un point clé de l’accompagnement psycho-spirituel : il nous faut être agnostiques, au sens d’être conscient de notre non-savoir – de notre <i>agnosia</i>, c’est-à-dire de notre ignorance, et de notre inconscience – ce qui n’empêche pas chacun d’avoir ses propres croyances. Il s’agit au fond de rester dans l’Ouvert et de respecter toutes les croyances comme étant des passerelles vers le Mystère vivant. La question n’est pas de notre point de vue le contenu des croyances, si elles sont vraies ou fausses, mais ce qu’on en fait, ce qu’elles permettent : une même croyance peut être destructrice si elle autorise à torturer autrui, ou salvatrice si elle invite à lui porter secours, à considérer l’autre avec compassion. Plus profondément, on peut envisager toutes les croyances sur le même plan que toutes les histoires que nous nous racontons, et interroger : à quoi nous servent-elles ? Que nous donnent-elles à ressentir ? Quelles postures nous amènent-elles à prendre ? Et quand je dis « posture » ici, j’implique le corps et l’énergie psychique...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Nous traitons donc les croyances et les histoires dans lesquelles notre pèlerin met sa vérité comme autant de projections, ce qui ne signifie pas que nous les dévaluons : quelque chose de très précieux s’exprime dans la projection – mais c’est la vérité qui s’exprime sous cette forme qui nous intéresse, et non les habits qu’elle revêt pour se faire entendre. Nous respectons le fait que notre pèlerin rêve les yeux ouverts, et nous pointons simplement vers la possibilité de traverser le rêve pour en extraire le sens vivant – il s’agit d’aller au-delà de la forme, du littéralisme, pour rendre le fond conscient. C’est la vertu du symbole que de permettre cette traversée de l’image, de la re-présentation, vers ce qu’elle révèle, et cependant voile en même temps. Dans cette perspective,on peut dire aussi que nos croyances comme nos projections s’avèrent être des véhicules qui nous permettent d’aller quelque part, et autant de façons d’entrer en relation avec ce qui nous est inconscient. Cela ne veut pas dire, encore une fois, que l’on puisse se passer de toute croyance mais simplement qu’on peut éviter de s’enfermer dans une certitude close, et donc parfois descendre du véhicule et marcher à pied, allégé de toute certitude.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">L’accompagnant doit donc être capable d’accompagner aussi bien les croyants que les athées, qui dans leur négation du <i>theos </i>entretiennent une autre croyance, une idée qu’ils se font du Mystère d’être et de ce que l’on désigne du nom de Dieu, qui peut beaucoup varier selon l’histoire de chacun. Si l’accompagnant n’est pas allé lui-même au-delà de sa propre croyance, il ne pourra accompagner que jusque là où il est allé, et s’il prétend limiter son accompagné à ce qu’il croit savoir, cela risque fort de s’avérer une impasse si l’accompagné veut aller au-delà. Je ne discute donc pas pour ma part de l’existence de Dieu – je laisse cela aux théologiens, dont bien souvent les énoncés me semblent être le reflet d’une anthropologie qui ne dit pas son nom. Richard Moss pose de façon particulièrement claire de quoi il est question là en déclarant que « Dieu est un concept transitionnel vers l’Infini » – je ne crois pas utile de débattre des objets transitionnels dont nous avons besoin pour appréhender ce qui nous dépasse infiniment. Ce qui est intéressant, c’est comment et au travers de quoi nous entrons en relation avec cet Infini vivant. Dans cette perspective, je peux pour ma part affirmer, en m’appuyant sur ma propre expérience de vie, l’existence de l’âme. Quant à proposer une définition de cette dernière, dont j’ai déjà dit qu’elle est à la jonction entre la psyché et l’Esprit, qu’elle permet leur relation vivante, je risquerai simplement cette idée :</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">L’âme est ce qui aime.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">On l’entend dans le mot même, qui fait participer l’âme au mystère de l’Amour, autour duquel la langue des oiseaux joue en parlant de l’Aimant des sages, qui nous ramène toujours au Bien-Aimé de l’âme. C’est dans l’amour qu’un être porte au cœur que se trouve toujours la voie qui le reconduit à la plus grande dimension de sens qui puisse éclairer, sinon illuminer, son existence. Cet amour est comme une boussole qui ne perd jamais son Nord magnétique, même si nous-mêmes avons perdu le sens, la direction – l’esprit directeur de notre vie. Denis Marquet, parmi d’autres, souligne comment dans tout ce que nous aimons se reflète un amour infini pour l’Infini. Dès lors, nous pouvons saisir hors de toute théologie conceptuelle que la Cause première de tout est un mouvement d’Amour, et que le péché originel – le premier manquement de la cible, à l’origine de tous les autres manquements – est dans le fait de perdre la relation consciente à cet Amour infini dont nous sommes issus et auquel nous retournons inévitablement. C’est à ce Mystère du déploiement du Sens à partir de l’Amour, c’est-à-dire de la vie de l’âme, que préside l’accompagnement psycho-spirituel. Il faut bien dire que c’est un privilège que nous font alors les pèlerins de l’âme en route vers l’Esprit que de nous permettre simplement d’être les témoins émerveillés de cette aventure…</span></p><h4 style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjMcK4TpHL-HLp14ii5_StZm4sa4PI_bLwbyszRamF8hpKuWv9LfFhp0g9e-_so63fH_QM6gadWpQEdaGpZZHVOz0lEJ6-X8PPkX4AoCkLh8swThPbRk37MPkFNCmWITIs5kYo0SY-2XeFRSK9GoUYRRhtWA5xgbTeGHQk4_C5oTMkoaaV2rRVLmtIK1K0/s247/d%C3%A9esse.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="247" data-original-width="204" height="337" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjMcK4TpHL-HLp14ii5_StZm4sa4PI_bLwbyszRamF8hpKuWv9LfFhp0g9e-_so63fH_QM6gadWpQEdaGpZZHVOz0lEJ6-X8PPkX4AoCkLh8swThPbRk37MPkFNCmWITIs5kYo0SY-2XeFRSK9GoUYRRhtWA5xgbTeGHQk4_C5oTMkoaaV2rRVLmtIK1K0/w278-h337/d%C3%A9esse.png" width="278" /></a></div><br />Une nouvelle naissance</span></h4><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Tout l’énoncé du processus au cœur de l’accompagnement psycho-spirituel tient dans le logion 2 de l<i>’évangile selon Thomas</i>, que je féminise ici dans ma traduction pour compenser des siècles de masculinisation de la quête spirituelle qui ont asséché celle-ci :</span></p><blockquote style="border: none; margin: 0px 0px 0px 40px; padding: 0px; text-align: left;"><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« Que celle qui cherche ne cesse de chercher<br />Jusqu’à ce qu’elle ait trouvé.<br />Quand elle aura trouvé, elle sera bouleversée.<br />Étant bouleversée, elle sera émerveillée<br />Et régnera sur le Tout. »</span></p></blockquote><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je commenterai ce logion un autre jour. Je soulignerai simplement ici que le signe de l’accomplissement n’est autre que le bouleversement qui signe le passage, c’est-à-dire la transformation radicale, et l’émerveillement qui conduit au Royaume. Dans ce dernier, la Totalité est vécue et prend sens. On peut songer en écho aux mots d’Etty Hillesum, qui, sous la botte même des nazis, écrivait :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« La vie est belle et pleine de sens dans son absurdité pour peu que l'on sache y ménager sa place pour tout et la porter toute entière en soi dans son unité; alors la vie, d'une façon ou d'une autre, forme un ensemble parfait. Dès que l'on refuse ou veut éliminer certains éléments, dès que l'on veut suivre son bon plaisir pour admettre tel aspect de la vie et en rejeter tel autre, alors la vie devient en effet absurde: dès lors que l'ensemble est perdu, tout devient arbitraire. »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Mais alors, de quoi est-il question quand nous parlons d’esprit, dans la perspective spirituelle ? C’est en fait impossible à dire, ce qui agace beaucoup nos amis rationalistes qui voudraient que leur raison puisse tout mâcher et le rendre digestible à la mesure de leur indigence, mais justement, l’esprit est la dimension de sens qui est inconcevable pour le mental, et que la psyché ne peut envisager qu’indirectement, au travers des images qui la re-présentent. L’esprit, avec une minuscule, peut dès lors être envisagé comme cette dimension qui relie notre âme à l’Esprit, avec une majuscule, le Souffle qui anime l’Univers. Nous touchons là donc au transcendant, au sens kantien du terme de quelque chose qui échappe à nos catégories mentales, et qui est cependant bien réel, bien vivant – mieux, il semble bien que ce soit la Source même de notre réalité, de notre vie. On peut l’appeler le Réel, le Vivant, la Vie éternelle, mais peu importe le nom qu’on lui donne. Ce qui est d'une importance vitale, c’est la relation vivante que nous entretenons avec cette dimension qui donne sens à notre existence. Jung le disait bien :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« Pour l'homme la question décisive est celle-ci : te réfères-tu ou non à l'infini? Tel est le critère de sa vie. C'est uniquement si je sais que l'illimité est l'essentiel que je n'attache pas mon intérêt à des futilités et à des choses qui n'ont pas une importance décisive. (...) Si nous comprenons que, dans cette vie déjà, nous sommes rattachés à l’infini, désirs et attitudes se modifient. Finalement, nous ne valons que par l’essentiel, et si on n’y a pas trouvé accès, la vie est gaspillée. Dans nos rapports avec autrui, il est, de même, décisif de savoir si l’infini s’y exprime ou pas. »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">L’Esprit se révèle donc être le Transcendant, qui dépasse toutes nos tentatives d’appréhension mentale, et cependant c’est aussi l’Immanent, qui soutient tout, qui est toujours présent. C’est le Souffle dont s’origine tous les souffles, toutes les respirations ; le mouvement qui alimente sans trêve le processus vie-mort-vie. Et justement, l’accompagnement psycho-spirituel est toujours accompagnement d’un mouvement de vie-mort-vie. Celui-ci est aussi un mouvement créateur, au sens où il va libérer le cheminant de tout ce qui est connu, conditionné, pour permettre à du nouveau d’émerger, d’apparaître. La signature de l’Esprit est précisément le surgissement du Nouveau d’une dimension virginale, au sens où elle est vierge de tout passé. Le travail psychique s’inscrit dans une continuité horizontale des événements qui reconduit des causes et des effets dans un certain déterminisme – c’est parce qu’il est arrivé ceci que je vis cela – et le thérapeute applique des outils pour remédier aux problèmes, comme un garagiste changeant une durite. Mais voilà que survient l’inattendu, l’imprévisible, un mouvement créateur, une grâce qui provoque un renversement de perspective, un retournement, une métanoïa qui fait tout paraître neuf, nouveau : l’Esprit vient de se manifester, hors de tout déterminisme... </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">On peut dire dès lors que nous accompagnons une nouvelle naissance, ce qui implique l’apparition d’une nouvelle vie, d’un nouvel être. Ce processus a été décrit aussi comme tenant de l’Éveil, c’est-à-dire de la sortie du sommeil et du rêve compris comme une illusion, et aussi de la Résurrection, du fait de se relever d’entre les morts. Mais l’image de la nouvelle naissance nous est particulièrement utile car elle permet d’envisager notre démarche d’accompagnement comme tenant d’une maïeutique, de l’art d’accoucher le bébé spirituel enfin différentié de l’eau du bain amniotique, ou pourrait-on dire encore, psychique. Dans cette image, on retrouve aussi implicitement l’union des opposés, que ce soit celle du féminin et du masculin dont est issu l’enfant, ou du Haut et du Bas, de l’humain et du Divin, de la lumière de la conscience et de l’ombre – accomplissement du Soi dans l’union des contraires, alchimie qui produit l’Or, symbole de la lumière incarnée.</span></p><p style="text-align: justify;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhlI9Nu7jwTTjtpSx_7cZddaeumhomephxfVawLriMQoYfpRiOL92dbEM4zxNSB-J2KGolRw1SZPg6UC2gYnaEZDaE2uo3R4ILszVe7-zFrzhrura-ZHf7Tow2NpVTnomNlTUtDjrmWrcTENuS9q37Y08U2hkvhM_pCE8LhJSRa5693cJUYkAi7HqilmvY/s726/Anastasis.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="726" data-original-width="529" height="379" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhlI9Nu7jwTTjtpSx_7cZddaeumhomephxfVawLriMQoYfpRiOL92dbEM4zxNSB-J2KGolRw1SZPg6UC2gYnaEZDaE2uo3R4ILszVe7-zFrzhrura-ZHf7Tow2NpVTnomNlTUtDjrmWrcTENuS9q37Y08U2hkvhM_pCE8LhJSRa5693cJUYkAi7HqilmvY/w276-h379/Anastasis.jpg" width="276" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;"><i style="font-family: georgia; font-size: small; text-align: left;"><br /></i></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;"><i style="font-family: georgia; font-size: small; text-align: left;">Lire la suite : <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2023/08/accompagnement-psycho-spirituel-22.html">accompagnement psycho-spirituel 2/2</a></i></div><p></p>Jean Gagliardihttp://www.blogger.com/profile/08229714193935289206noreply@blogger.com4tag:blogger.com,1999:blog-1648819312264509748.post-34718828433427008782023-06-05T12:01:00.007-04:002023-06-06T08:58:03.142-04:00Formation 2024 en Ecoute Intérieure des Rêves<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJin-jxwAmQG0ygeIK8s30EgXDSMi-MrBU9KNZZtTXPN0RuTXEu9RTjbTs5lrO6Jt-_CpqyNscP1bCUEq-F0FWCpBRO7Nuw7AppAFDbRmOsheeC3Fv5N8apnxycgUz83R4f9Z9QZDIZqgfQjT6h9EAMc9bEfdxCyPt9ob3OypxKnoFC-Uu4D6Skn_f/s1920/dreamcatcher2B.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1280" data-original-width="1920" height="287" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgJin-jxwAmQG0ygeIK8s30EgXDSMi-MrBU9KNZZtTXPN0RuTXEu9RTjbTs5lrO6Jt-_CpqyNscP1bCUEq-F0FWCpBRO7Nuw7AppAFDbRmOsheeC3Fv5N8apnxycgUz83R4f9Z9QZDIZqgfQjT6h9EAMc9bEfdxCyPt9ob3OypxKnoFC-Uu4D6Skn_f/w432-h287/dreamcatcher2B.jpg" width="432" /></a></span></div><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;">En janvier dernier, ma compagne Marie-Anne et moi-même lancions notre formation en Écoute Intérieure des Rêves. Un petit groupe d’étudiantes, toutes des femmes, nous ont rejoint dans cette aventure. Nous sommes maintenant à mi-chemin de ce parcours de 11 mois et le bilan que nous tirons de ces mois écoulés est très positif. Voici ce qu’en disent deux de ces étudiantes :</div></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><i>« Cette formation, j’en ai rêvé, Jean et Marie-Anne l’ont créée. C’est une chance de pouvoir bénéficier de leur expérience ainsi que de leur sensibilité. Les pratiques sont diverses mais suivent toujours le fil conducteur onirique. Cela me permet d’entrer vraiment en relation avec les rêves ainsi qu’avec le monde intérieur et ses images, d’accéder à des connaissances théoriques comme à des expériences corporelles et créatives. De plus, une communauté de rêveurs se forme permettant une émulation plus qu’inspirante, soutenante, réunie autour d’une passion commune: le rêve. </i></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><i>C’est une formation qui prend en compte les attentes, les objectifs et les individualités de chacun. Et même si le rêve est le principal enseignant, je ne peux que saluer le travail, l’investissement et la générosité de Jean et Marie-Anne. Je me sens honorée de participer à cette formation qui pourrait bien m’amener à une transformation personnelle. »</i></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">et :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><i>« Merci à Jean et Marie-Anne pour leur présence, leur accueil, leur écoute, leur générosité. Je ne viens pas du monde du rêve, et Jean sait rendre accessible cet univers du rêve. Les grands principes sont abordés de façon claire, enrichie de toute une culture autour des rêves et des mythes. C’est avec joie que j’ai plongé dedans et les rencontres en présentiel sont toujours riches, nourrissantes et éclairantes sur la façon d’accompagner dans le rêve. Merci à eux deux, leur collaboration est un bel équilibre ! »</i></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Forts de cette expérience, nous avons donc décidé de reconduire celle-ci l’année prochaine et nous ouvrons dès maintenant (juin 2023) la période d’inscription à la formation en Écoute Intérieure des Rêves qui commencera en janvier 2024.</span></p><p style="text-align: justify;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgiuk1yw_LKx3QNv4Y8W2RavBZqHmHJg2AFXJ_Gi3A1wVXW85Iw2XdnRNKAHlpUPHxYeGXmsdP1f_RDa6Mut2QgQL3DymMA5d8c5ptNKaVAXNQJbPZEqiK-PwS52ql4GDJv98xwwsS9TXTSAGhWULevk-uluAVu-hm-9GT0IZ8tvhJjZUITW0OlslCQ/s500/logoUnifiedHeart.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="500" height="171" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgiuk1yw_LKx3QNv4Y8W2RavBZqHmHJg2AFXJ_Gi3A1wVXW85Iw2XdnRNKAHlpUPHxYeGXmsdP1f_RDa6Mut2QgQL3DymMA5d8c5ptNKaVAXNQJbPZEqiK-PwS52ql4GDJv98xwwsS9TXTSAGhWULevk-uluAVu-hm-9GT0IZ8tvhJjZUITW0OlslCQ/w171-h171/logoUnifiedHeart.jpg" width="171" /></a></div><span style="font-family: georgia;"><p style="text-align: justify;">Le nombre de place est (très) limité : pour des raisons tout à la fois pratiques et tenant à notre projet pédagogique, nous n’acceptons que 6 à 8 personnes au maximum par groupe de formation. En effet, comme le soulignait un des témoignages ci-dessus, outre de transmettre les bases de l’interprétation des rêves dans la perspective de la psychologie des profondeurs de Jung, ainsi que la technique de l’écoute intérieure des rêves, cette formation se veut personnalisée et adaptée aux objectifs et attentes personnelles de chacun.e des étudiant.e.s qui s’y engagent. Elle n’est pas réservée à des thérapeutes (ou des personnes qui ont le projet de devenir thérapeute) mais s’adresse à toute personne passionnée par les rêves. Ce nombre de 6 à 8 étudiant.e.s nous paraît donc idéal pour donner à chacun.e l’attention requise pour accompagner son processus d’apprentissage, qui est aussi un processus de recherche personnelle et de transformation. Nous accueillons chaque personne qui vient dans cette formation comme répondant à un appel qui lui est propre, et nous cherchons à nourrir la démarche qui répond à cet appel…</p></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">De notre point de vue, et quoique nous proposions beaucoup de matériel tant théorique que pratique, c’est le rêve, et plus précisément la source des rêves, qui est le véritable enseignant. J’ai le plaisir pour ma part de partager sans réserves le fruit de quarante années d’exploration et d’apprentissage dans le domaine des rêves et de la conscience. Mais justement, s’il y a bien quelque chose qui ressort de ma recherche, c’est qu’aucune théorie ni aucune méthode ne saurait rendre justice à la richesse des rêves – fussent-elles celles de Carl Jung. Et je suis bien certain d’ailleurs que ce dernier aurait été bien d’accord avec moi, lui qui nous invitait à lire tous les livres, étudier toutes les méthodes, et à les écarter devant le rêve… car le rêve est à chaque fois unique.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Mon expérience tant personnelle que d’accompagnant me montre que quand quelqu’un est appelé par le rêve, avec le désir d’être capable de l’entendre et de lui servir d’intermédiaire, ou même sans désir autre que de lui donner l’attention qu’il mérite, l’inconscient a son propre projet. Notre formation se veut simplement au service de ce projet. Elle est cependant fortement structurée en 6 modules qui sont articulés selon une stratégie de formation longuement mûrie. En effet, comme je le répète souvent, pour aller au-delà de l’interprétation des rêves – ce à quoi conduit sans coup férir l’Écoute Intérieure des Rêves – il faut comprendre comment fonctionne l’interprétation...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Dans un premier temps, la formation vise donc à poser les bases de l’interprétation des rêves en introduisant à la psychologie des profondeurs de Jung ainsi qu’à des approches connexes. Les étudiant.e.s sont familiarisé.e.s en particulier avec la pratique de la Loge de Rêves et acquièrent dans le même temps une solide expérience de la posture d’écoute des rêves et de l’inconscient – il est à noter que le corps est impliqué dans cette expérimentation et cette posture. Car le travail avec les rêves s’ancre au premier chef dans le ressenti et dans la présence – ce n’est qu’en étant pleinement présent.e.s, ancré.e.s dans une attention fine aux moindres mouvements intérieurs, que nous pourrons accompagner le mouvement propre du rêve qui tend à déployer du sens…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je souligne ce dernier point, et l’importance du corps, des pratiques méditatives et d’ancrage corporel, car nous avons trop tendance en Europe à discourir intellectuellement sur le rêve et à en proposer des interprétations qui, même si elles sont très intéressantes, s’avèrent souvent hors-sol, abstraites et jargonneuses. A l’inverse, notre formation, même si elle fournit les éléments conceptuels et de vocabulaire qui permettront d’approfondir l’étude intellectuelle de la matière, vise d’abord à favoriser l’expérience, sur laquelle des mots et des idées sont ensuite apposés. Ces bases étant installées, la formation donne à expérimenter l’imagination active et l’écoute intérieure des rêves en amenant tous les éléments pour offrir un contenant sécuritaire à l’exploration de l’inconscient. C’est à chaque fois l’occasion de nous émerveiller de la richesse créative du travail avec les rêves. Ces derniers s’avèrent être vivants et porteurs de leur dynamique propre, avec laquelle nous apprenons à collaborer plutôt que de vouloir les accoucher aux forceps. Enfin, la formation vise à élargir l’horizon jusqu’à envisager l’espace grand ouvert par les constellations de rêves… et dès lors,</span><i style="font-family: georgia;"> </i><span style="font-family: georgia;">"le ciel est la limite" !</span></p><p style="text-align: justify;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj_gK21bN0ORGWt5y2uvsF_ARPYLDR4iIRHXNKDhm69QDH9pvyTckx3FlGqgQ-QpJx-G6FdNswPtlHIRBO-rwCnHb3wo7F5887BCKaEpdNCm_SrDPR-TkfOtzwR2UGG9KcMRtU9MUOnEf_fj-U9eV1jU9NNjzJ9jGw5n-VcQ1vqxwtfHeFPgh3Tm-jy/s1280/universe-2742113_1280.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="603" data-original-width="1280" height="221" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj_gK21bN0ORGWt5y2uvsF_ARPYLDR4iIRHXNKDhm69QDH9pvyTckx3FlGqgQ-QpJx-G6FdNswPtlHIRBO-rwCnHb3wo7F5887BCKaEpdNCm_SrDPR-TkfOtzwR2UGG9KcMRtU9MUOnEf_fj-U9eV1jU9NNjzJ9jGw5n-VcQ1vqxwtfHeFPgh3Tm-jy/w468-h221/universe-2742113_1280.jpg" width="468" /></a></div><span style="font-family: georgia;"><p style="text-align: justify;">Bien sûr, on ne devient pas un.e praticien.n.e chevronné.e du travail avec les rêves en 11 mois de formation. Pour celles et ceux qui veulent devenir analystes de rêves, c’est – j’en suis convaincu – une excellente introduction qui ouvrira toutes les portes. Il faudra cependant continuer à étudier et à travailler, mais cela est vrai de toutes les formations en travail avec les rêves – encore une fois, le véritable formateur, c’est le rêve. Pour celles et ceux qui ont déjà une pratique en travail avec les rêves, ou qui donnent de l’accompagnement thérapeutique, cette formation offre des outils précieux. Et si c’est simplement un intérêt personnel, ou un projet créatif, qui conduisent dans cette formation, il est bien certain que cet intérêt et ce projet seront nourris par le processus d'exploration des rêves. Il n’y a aucun pré-requis à l’entrée. Nous nous assurons cependant bien sûr au cours du processus d’inscription, qui inclut entre autres un entretien préalable avec chacun.e des enseignant.e.s, que la formation est adéquate et peut rencontrer les attentes de l’étudiant.e. La personne qui s’engage dans cette formation peut facilement se désengager dans les premiers mois s’il s’avère qu’elle et nous avons fait erreur et que cet apprentissage ne lui convient pas... </p><p style="text-align: center;"><b>Entendez-vous l'appel ?</b></p></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Concrètement, cette formation se déroulera en 6 week-ends à Faverges, en Haute-Savoie (74), répartis sur 11 mois, avec des sessions virtuelles de pratique et de théorie entre chaque module en présentiel. Si vous voulez en savoir plus, je vous invite à :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- Visiter la <b>page dédiée sur mon blogue</b> : <a href="https://voiedureve.blogspot.com/p/formation-eir.html" target="_blank">Formation Ecoute Intérieure des Rêves</a>, où vous trouverez des informations pratiques (coûts, dates, etc) ainsi que des compléments d’information sur les objectifs pédagogiques de la formation. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- Télécharger le <b>document de présentation de cette formation 2024</b> que vous trouverez ici : <a href="https://creezviedereve.com/EIR/FormationEIR2024.pdf" target="_blank">formation EIR 2024</a>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- Visionner cette <b>vidéo Youtube de présentation de la formation</b> : <a href="https://www.youtube.com/watch?v=Z6fI3fA3Ak4" target="_blank">conférence du 27 septembre 2022</a>, où Marie-Anne et moi parlons de l'approche ainsi que de la formation, et où une personne témoigne de sa pratique de l'écoute intérieure des rêves.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- Lire cet <b>article de présentation de l’approche</b> : <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2020/01/ecoute-interieure-du-reve.html" target="_blank">écoute intérieure des rêves</a>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Vous pouvez aussi bien sûr nous contacter par la boite de contact de ce blogue pour poser toutes les questions que vous voulez, demander le formulaire d’inscription...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Pour les personnes qui sont domiciliées trop loin pour pouvoir se déplacer 6 fois dans l’année jusqu’en Haute-Savoie et qui sont fortement motivées, et ont déjà une solide expérience du travail avec les rêves (quelle que soit l’école...), nous avons mis au point une formule alternative d’enseignement personnalisé à distance incluant le support d’un groupe virtuel et un stage de synthèse de 5 jours en fin de parcours. Pour plus d’information sur cette possibilité, contactez-nous.</span></p>Jean Gagliardihttp://www.blogger.com/profile/08229714193935289206noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-1648819312264509748.post-23140388323166120792023-03-27T11:00:00.004-04:002023-03-27T11:36:48.990-04:00Naufrages
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZpCb9GAoO8PcLQO6lJxu_lWzXpd2r7V5o6uoj13s7V6SeWJljlYDTdCvpNxa_UN77UVcK3qFpeMsXjUfd6Liqp7RRrYRuq80wObbC52HX5AKQgjkqEWHMdGDxnQ2pIYE_iWGGjA6qPa_j4JYM0nv_V27W_NiQXJXVGqffEJaXRlsHc_hl3fBUuYaQ/s600/Naufrage.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="600" data-original-width="442" height="467" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZpCb9GAoO8PcLQO6lJxu_lWzXpd2r7V5o6uoj13s7V6SeWJljlYDTdCvpNxa_UN77UVcK3qFpeMsXjUfd6Liqp7RRrYRuq80wObbC52HX5AKQgjkqEWHMdGDxnQ2pIYE_iWGGjA6qPa_j4JYM0nv_V27W_NiQXJXVGqffEJaXRlsHc_hl3fBUuYaQ/w344-h467/Naufrage.jpg" width="344" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="background-color: white; font-size: x-small; text-align: start;">Un tableau de Jackie MAIRE (<a href="https://galerie-creation.com/_p/tableau-art-peinture-l-naufrage/101470/" rel="nofollow" target="_blank">galerie-création.com</a>)</span></td></tr></tbody></table>
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je ne trouve pas beaucoup de temps ces jours-ci pour écrire des articles et nourrir ce blogue. Je suis très occupé en particulier par la <a href="https://voiedureve.blogspot.com/p/formation-eir.html" target="_blank">formation en Écoute Intérieure des Rêves</a> que ma compagne et moi-même donnons depuis janvier. Je m’investis aussi dans différentes recherches dont je vous parlerai en temps et lieu, mais c’est d’abord l’exploration de cette approche « au-delà de l’interprétation » du rêve, et sa transmission, qui me préoccupent à ce point. Je veux vous présenter ici un rêve et le parcours en écoute intérieure qu’il a amené car ce dernier me semble exemplaire aussi bien de la profondeur et de la puissance du travail que permet le retour en imagination active dans un rêve que de certaines difficultés que l’on peut y rencontrer. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Nous verrons en effet dans cet exemple comment travailler avec des dimensions traumatiques qui peuvent, de façon caractéristique, ressortir dans l’écoute intérieure d’un rêve. Il semble en effet que cette approche puisse avoir une incidence profonde sur la gestion de nos émotions – c’est ce qui ressortait en particulier du <a href="https://www.youtube.com/watch?v=Z6fI3fA3Ak4&t=3192s" rel="nofollow" target="_blank">témoignage d’une personne qui s’est exprimée lors de ma présentation vidéo de la formation</a> : après quelques mois de pratiques, il constatait une évolution sensible de sa façon de vivre ses émotions. Une psychologue intéressée par la démarche me faisait remarquer récemment que cela indiquait que l’écoute intérieure du rêve avait un effet sur notre programmation limbique. Or c’est précisément ce que cherchent à obtenir les psychologues grâce à des outils cognitifs comme l’EMDR. Ces derniers sont efficaces mais requièrent des protocoles complexes. Ici cependant, c’est l’action naturelle du rêve qui amène à ce résultat, et cela ouvre un champ de recherche qui devrait être investigué plus à fond. On peut penser en effet que c’est une des fonctions du rêve que de faciliter une régulation émotionnelle. Il se pourrait donc que l’écoute intérieure, qui vise à simplement faciliter et amplifier le mouvement naturel de la psyché au travers du rêve, contribue grandement à cette régulation jusque dans la résolution de nœuds traumatiques. Mais ce sont des études plus systématiques que celles que je peux mener, avec un échantillon statistique plus large et dans la durée, qui pourront l’établir. Je m’attacherai ici simplement à mettre en lumière comment cette approche mettant en lien le rêve, l’imagination et le corps, semble pouvoir permettre d’aborder les nœuds traumatiques en suivant la dynamique naturelle du vécu onirique.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Cet article s’inscrit aussi dans un débat que j’ai lancé au sein de la petite communauté de pratiques qui se développe autour de l’écoute intérieure des rêves sur la question de la posture que nous devons adopter dans cette démarche. Il ressort en effet que cette approche des rêves repose moins sur des techniques et une méthodologie, même s’il y a effectivement un protocole et des règles précises qui sont établis, que sur une posture et une éthique dans la relation aux images intérieures. C’est en gros, tel que je le comprends moi-même pour l’instant, une approche résolument non-interventionniste qui s’inscrit dans la ligne à laquelle nous appelait Jung quand il répétait à l’envie : «<i> do not interfere !</i> » N’interférez pas ! Ne contrariez pas le mouvement naturel de la psyché en cherchant à le diriger. Il nous recommandait d’écarter toutes les méthodes et tous les a-priori théoriques à l’abord d’un rêve, « car le rêve est unique comme le rêveur est unique. » Parmi les propositions qui ont émergé de la discussion dans la communauté, l’image d’un clair miroir a été suggérée avec l’idée de renvoyer avec clarté le rêve tel qu’il est. En contrepoint de cette proposition, il a été souligné que nous ne saurions écarter les interférences naturelles de l’inconscient, les projections et les ressentis du facilitateur, par une posture technique. J’ai eu l’impression de retrouver là des éléments de la <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Huineng" rel="nofollow" target="_blank">discussion emblématique entre Shénxiù et Hui-Neng</a>, le sixième patriarche du zen, à propos de la possibilité de nettoyer le miroir de la Bodhi. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhXGnemRxab2EBBxEzu2nT7Wl0gBloKwhfe-_dL_qCIWmfmSoMGKksQszAwApt8reBrlaLzHElqpkGgGSLxbRkqkJmzxC_4BH-iEbANItwcDgG4nwJtiZZmvvFYE59kTlXqhHXMOYDt5H-5dpVUJQE73M1Kfgu4dJTsSxBBlijw7i75lLfqHwruLV2r/s470/huineng-great-master-of-buddhism.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="352" data-original-width="470" height="240" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhXGnemRxab2EBBxEzu2nT7Wl0gBloKwhfe-_dL_qCIWmfmSoMGKksQszAwApt8reBrlaLzHElqpkGgGSLxbRkqkJmzxC_4BH-iEbANItwcDgG4nwJtiZZmvvFYE59kTlXqhHXMOYDt5H-5dpVUJQE73M1Kfgu4dJTsSxBBlijw7i75lLfqHwruLV2r/s320/huineng-great-master-of-buddhism.jpg" width="320" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia; font-size: x-small;">Hui-Neng, sixième patriarche du bouddhisme zen</span></td></tr></tbody></table><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"></span></div><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;">Les deux points de vue, qui me semblaient tout à fait complémentaires, ont été réconciliés pour moi dans l’invitation à aborder le rêve à partir d’un non-savoir ouvert à ce que pourrait apporter le rêve – sa phénoménologie, dirait Jung –, ce qui m’a semblé encore une fois très zen. Mais le rêve que je vais maintenant vous présenter est venu encore apporter des éléments à cette réflexion, dont pourront donc profiter en particulier les étudiant.e.s en écoute intérieure du rêve.</div></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Voici le rêve, intitulé « Naufrages » par le rêveur :</span></p><p style="text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia;">Un bateau récent construit à l’ancienne, un 3 mâts avec 5 étages, se couche sur l’Océan. Des enfants sont à son bord pour une activité de loisir. Les secours, l’hélicoptère vient récupérer les enfants. Les parents sont invités à venir les chercher, tout le monde est sain et sauf. Une maman, grande, brune, à cheveux crépus, récupère sont enfant mais contrairement aux autres parents, n’a pas l’air si émue que ça.</span></i></p><p style="text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia;">La maman de Jules vient le chercher (même contexte?). Je les vois sur une place, Jules assis sur un muret au loin. J’ai un choc lorsque je vois qu’il a les cheveux longs avec une couette sur la tête. Alors qu’il m’aperçoit au loin et qu’il est en compagnie de sa mère qui est de dos, à côté de lui, je m’en vais, je fuis. Je suis choqué.</span></i></p><p style="text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia;">J’ai l’impression que Jules me suit et je monte me cacher en grimpant la façade d’un bâtiment ancien. Je dois bien être à 5 mètres de hauteur, peut-être plus, et j’ai le vertige. Je ne peux plus bouger lorsqu’il faut redescendre. Je tente de faire un mouvement pour regagner un rebord de fenêtre en contrebas et je perds mon téléphone qui s’explose sur le sol.</span></i></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Le rêveur est un homme dans la cinquantaine qui vit une certaine souffrance d’être coupé, suite à une séparation, de son plus jeune fils Jules. Ce dernier ne lui parle plus, semble ne plus vouloir de contacts avec son père. Cette souffrance a été ravivée récemment par des circonstances de la vie extérieure. La veille du rêve, le rêveur est allé chez des amis qui ont un fils qui avait bien sympathisé avec Jules quand ils s’étaient rencontrés quelques années auparavant. Quand il s’est retrouvé en présence de ce jeune homme, qui avait les cheveux mi-longs avec une couette sur la tête, le rêveur a été submergé par l’émotion, palpable, et n’a pas su que dire, ne parvenant pas à la reconnaître, ni à l’embrasser ou lui serrer la main... </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">D’emblée, ce récit que m’a fait le rêveur au moment de la présentation du rêve, m’a alerté sur le fait qu’il y avait une dimension traumatique qui était approchée au travers de ce dernier – quand je dis « traumatique » ici, je veux dire qu’il y a une dimension de souffrance trop importante pour être intégrée directement par la psyché, qui réclame d’une certaine façon une « digestion » par celle-ci pour pouvoir être absorbée. On sait que les complexes inconscients se manifestent entre autres par une interférence avec le fonctionnement conscient habituel. C’est ce qu’a mis en lumière le test des associations élaboré par Jung encore tout jeune psychiatre : il mesure le temps de réponse à différents mots clés. La présence d’un complexe activé par l’évocation d’un mot est ainsi repérée par le fait qu’il faut plusieurs secondes à la personne testée pour répondre. Si on l’interroge, elle a simplement vécu un « blanc » momentané avant de pouvoir donner une association au mot. Quand un complexe intervient, on perd nos moyens – il y a une suspension momentanée de la conscience. Qui dit « complexe » dit « contenu psychique autonome » – on pourrait souvent dire « sous-personnalité » non intégrée – mais cette suspension de la conscience est aussi l’indice d’un système de défense qui est activé : il y a là une vulnérabilité, une souffrance, qui est trop dangereuse pour être rencontrée directement, et qui constitue un fragment psychique détaché de la conscience. Dans une définition large du traumatisme, nous pouvons donc parler ici du noyau traumatique du complexe qui est mis en évidence. La bonne nouvelle qui ressort ici, c’est que lorsque celui-ci apparaît dans un rêve, la psyché semble être prête à l’intégrer – cela en est un des indicateurs les plus sûrs car le vécu onirique lui-même amorce cette intégration. Dès lors, le travail du rêve, envisagé comme un processus naturel – l’action non entravée de l’énergie psychique – est donc un moyen privilégié pour cette intégration, comme va le montrer ce qui suit.</span></p><span style="font-family: georgia;"><div style="text-align: justify;">Le processus d’écoute intérieure d’un rêve commence toujours par un moment de retour à soi : le rêveur, après que nous ayons déjà échangé verbalement sur ce avec quoi il arrive, est invité à se ménager un sas de silence dans lequel il revient à son ressenti tant corporel qu’émotionnel. C’est l’occasion aussi de « prendre la température » du rêve, si le rêveur éprouve le besoin de s’exprimer à ce moment là – sinon, il sera interrogé sur ce qu’il ressent avant d’entrer dans "la maison du rêve". Et là, quand le rêveur a repris contact avec son ressenti, il m’a tout de suite dit que ce qu’il ne parvenait pas à comprendre, c’est qu’il fuit son propre fils dans ce rêve. Il aurait préféré, m’a-t-il encore indiqué, ne pas recevoir ce rêve. J’avais l’impression qu’une certaine colère, et peut-être une honte, perçaient dans ses mots mais j’ai préféré ne pas l’interroger plus avant sur celles-ci – le retour dans le rêve serait l’occasion d’explorer ces émotions s’il y avait lieu. Je me suis simplement pour ma part fait la remarque que c’était fort courageux de la part du rêveur de venir travailler ce rêve alors qu’il aurait préféré ne pas l’avoir rêvé – nous faisons bien souvent d’écarter le rêve quand il nous met au contact de choses désagréables, et dès lors, de ne pas saisir l’occasion d’ouvrir le cadeau qu’il nous offre (voyez mon article « <a href="http://voiedureve.blogspot.com/2014/02/un-cauchemar-cest-un-cadeau-des.html" rel="nofollow" target="_blank">précieux cauchemar</a> »). J’ai ressenti de l’admiration pour le courage dont faisait preuve le rêveur, qui venait me toucher dans certains aspects de ma vie personnelle, et je me suis senti invité à d’autant plus m’attacher à « servir le rêve ». Je mentionne ce dernier point pour mettre en lumière les éléments de contre-transfert qui peuvent être à l’œuvre dans l’accompagnement, et qu’il faut autant que possible rendre conscients. Plutôt donc que d’interroger le rêveur sur les émotions qui affleuraient, j’ai appelé son attention sur son ressenti corporel. Il m’a indiqué qu’il sentait un nœud dans son estomac qui se prolongeait jusqu’à sa gorge en formant une sorte de verrou. Je lui ai répondu que nous reviendrions souvent à cette tension pour observer comment elle évolue au cours de l’écoute intérieure du rêve. Les ressentis corporels comptent en effet parmi les indicateurs les plus fiables sur lesquels nous pouvons compter pendant le travail avec l’imagination active car le corps réagit immédiatement aux modifications de l’énergie psychique au cours du processus. Le processus que je vous détaille ici s’est révélé particulièrement exemplaire sur ce point, qui montre qu’à défaut de pouvoir nous appuyer ici sur une théorie explicative du rêve, nous pouvons nous reposer sur l’intelligence du vivant en écoutant le corps.</div></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je laisse toujours au rêveur, dans ce moment de retour à soi, le soin de m’indiquer quand il est prêt à passer à l’étape suivante. Cela permet de s’assurer que la démarche de retour dans le rêve est bien volontaire, voulue par la conscience, et qu’elle part d’un ressenti qui pose que le rêveur d’être prêt à aller à la rencontre de l’inconscient. Je n’ai jamais encore eu de rêveur qui ait préféré à ce stade renoncer à cette rencontre mais si ce cas advenait, je ne discuterais pas cette décision, le ressenti qui la fonde – il s’agit, dans ce travail, de ne jamais rien forcer. Tout au plus pourrais-je proposer de donner rendez-vous au rêve un autre jour, si le rêveur en ressent l’envie. Quand le rêveur m’a indiqué qu’il était prêt à passer à une autre étape, je l’ai invité à imaginer la porte d’entrée de "la maison du rêve".</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Le passage d’un seuil d’entrée dans l’espace de l’imagination active est en effet un élément clé du protocole complet de l’écoute intérieure, qui fait partie du cadre sécuritaire dans lequel le rêveur peut aller sans risque à la rencontre de l’inconscient. Quand un rêveur a une grande expérience du travail, et démontre une aisance dans celui-ci, on peut se passer de cette étape et plonger directement dans le bain des images intérieures en choisissant simplement l’une d’elle comme porte d’entrée, mais dans la majorité des cas, il est recommandé d’avoir un rite d’entrée dans l’espace intérieur, ce qui permet de délimiter une frontière nette avec la vie psychique dite normale, l’espace de la conscience dite éveillée (<i>waking consciousness</i>), et aussi de ménager la possibilité d’en ressortir par un rite de sortie. Ce dernier peut être particulièrement utile en cas de la nécessité de sortir le rêveur d’un mauvais pas, et de le ramener sur la terre ferme, par exemple s’il commence à perdre pied et donne des signes de dissociation sévère. Mais aussi, il permet de refermer la porte derrière soi et de protéger la vie diurne du rêveur d’un éventuel envahissement par les contenus inconscients. Il s’agit au fond de bien distinguer les espaces du rêve de ceux de la réalité ordinaire. C’est le processus, plus difficile qu’on ne croit, par lequel passe les enfants vers l’âge de raison, quand leur sommeil est troublé par de nombreux cauchemars. Il y a des adultes qui échouent à faire cette distinction, et dans ce cas, l’écoute intérieure n’est pas recommandée. Et nous devons toujours tenir compte d’une possible fragilité dans la frontière qui sépare le conscient de l’inconscient. Nous donnons donc à ce dernier les éléments symboliques constitutifs d’un <i>temenos </i>(sanctuaire, espace sacré) dans lequel il pourra se déployer tout en étant contenu par le fait de poser des repères liminaires, des bornes délimitant clairement les frontières. </span></p>
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
</span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUa7LVnGrlsbMe5CJn7F2giR5mFDoCSDbktpCkK-Cg8UmLf3pcQYOzkq07OjaWqS7FCltJZvcWkoJWkWau9Ax6BXz-hLuwRk-jAPklS0mCqKRQdgkgN9xlLeM5BdlzG2pWoV3_wHk3_o6z5Rf2JreOPNIKQqvVWWHPTePNvhk9Yx2Xfh3iUfjM10h5/s710/1200x680_dali-tapisserie.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="402" data-original-width="710" height="329" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUa7LVnGrlsbMe5CJn7F2giR5mFDoCSDbktpCkK-Cg8UmLf3pcQYOzkq07OjaWqS7FCltJZvcWkoJWkWau9Ax6BXz-hLuwRk-jAPklS0mCqKRQdgkgN9xlLeM5BdlzG2pWoV3_wHk3_o6z5Rf2JreOPNIKQqvVWWHPTePNvhk9Yx2Xfh3iUfjM10h5/w580-h329/1200x680_dali-tapisserie.jpg" width="580" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: x-small;">La "maison de rêves" de Dali, assisté par l'I.A <a href="https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/un-monde-nouveau/un-monde-nouveau-du-mercredi-07-decembre-2022-5711864" rel="nofollow" target="_blank">Dall-E</a></span></td></tr></tbody></table><span style="font-family: georgia;">
</span><p></p>
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
Dans ce sens, je propose la métaphore de "la maison du rêve" comme cadre symbolique : on entre dans cette maison par une porte et on en sortira par une autre, ce qui nous amènera « ailleurs ». Nous allons au cours de l’écoute intérieure visiter en imagination active les scènes du rêve qui se présentent comme une enfilade de pièces qui se succèdent, ce qui ne préjuge pas de la possibilité d’explorer des pièces adjacentes ou d’autres étages de la maison – tout est possible dans l’espace de l’imagination, et cependant, nous tiendrons fermement le fil du rêve pour être bien certains de parvenir à la porte de sortir, où qu’elle se trouve. Et s’il le faut, nous sortirons par une fenêtre ou par la cheminée – tout est possible, encore une fois, à condition d’y mettre de la conscience, de savoir ce que l’on fait. C’est peut-être la principale exigence de la posture qu’exige la facilitation du travail : autant que possible, être conscient et présent à ce qui se passe, en sachant que cependant, l’inconscient est au travail. Et que la nature même de l’inconscient est que nous n’en sommes pas conscients. Mais au moins lui proposons-nous un cadre contenant, et pouvons-nous dès lors lui faire confiance qu’à moins de situations extrêmes, il jouera le jeu et restera dans cadre. Présence, conscience, confiance dans le processus où l’inconscient est notre partenaire pourraient bien être les mots clés à l’entrée dans l’espace de l’imagination, les bases sur lesquelles nous appuyer…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Comme le rêveur m’avait déjà livré au cours de l’étape du retour à soi comment il se sentait à l’approche de ce temps de retour dans le rêve, je ne l’ai pas interrogé sur ce ressenti devant la porte. J’ai choisi de prendre un chemin symbolique pour entendre comment l’approche du rêve se présentait et j’ai demandé au rêveur de me dire comment il imaginait la porte d’entrée. Il a ri, car cela le déjouait un peu – il connaissait assez le processus pour ne pas s’attendre à cette question, ce qui est bon : il faut toujours surprendre nos rêveurs pour éviter qu’ils préméditent leurs réponses. Puis il m’a décrit une belle porte en bois, de menuisier m’a-t-il précisé, avec un espace vitré opaque mais qui laissait passer la lumière. J’ai été rassuré. Il y avait de la lumière dans la maison. Nous n’allions pas plonger dans une obscurité totale. Alors, je l’ai invité à ouvrir la porte et nous sommes entrés dans le rêve, en commençant donc par la première scène. Sur le seuil, il m’a indiqué que son attention était sollicitée par son bassin, son sacrum et son coccyx, où il ressentait comme un frisson signalant la mise en mouvement d’une énergie.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Nous avons alors examiné la première image du rêve : </span><span style="font-family: georgia;">«<i> </i></span><span style="font-family: georgia;"><i>Un bateau récent construit à l’ancienne, un 3 mâts avec 5 étages, se couche sur l’Océan.</i></span><i style="font-family: georgia;"> </i><span style="font-family: georgia;">»</span><span style="font-family: georgia;"> Tout de suite, il m’a dit que c’était une catastrophe car c’était un beau bateau, un chef-d’œuvre et qu’il éprouvait le sentiment d’être face à un terrible gâchis en contemplant ce naufrage. Je lui ai demandé d’élargir sa vision en me précisant si la scène se déroulait en pleine mer ou à proximité de la côte, à quel moment de la journée, dans quelle lumière. Il m’a dit que le naufrage se produisait non loin de la côte où lui-même assistait, en tant que témoin de la rive, à ce désastre qui le déroutait. C’était l’après-midi, le ciel était couvert. Je l’ai alors ramené à cette impression de gâchis dont il me parlait en lui demandant s’il pouvait faire le lien avec un tel sentiment éprouvé dans la vie diurne. Il m’a répondu que oui, il avait rencontré un tel sentiment lors de la séparation avec la mère de Jules. Leur couple avait duré une vingtaine d’années et le rêveur n’aurait jamais cru qu’il ferait naufrage. Je lui ai fait remarquer que le bateau était dit « construit à l’ancienne » et je l’ai interrogé sur les valeurs qu’il avait investi dans son couple : se pourrait-il qu’il ait envisagé ce dernier dans une perspective traditionnelle ? Il a été d’accord et il a précisé que le bateau s’avérait être plus haut que trapu, ce qui avait facilité son déséquilibre. Nous n’avons pas épilogué mais je pouvais voir qu’il voyait par lui-même l’analogie avec son couple. Il n’était pas besoin d’en dire plus. De mon point de vue, l’important était là qu’il ait pu faire le lien entre le rêve et sa vie diurne par le biais du sentiment car dès lors qu’une telle équivalence est établie, l’énergie du rêve commence à couler dans la vie. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Nous avons alors enrichi cette première image en y ajoutant l’information suivante «<i> des enfants sont à son bord pour une activité de loisir </i>», ce qui a amené le rêveur à dire immédiatement, avec un sentiment d’urgence visible : « tout de suite, il faut agir ». Nous n’avons donc pas tardé à amener l’élément suivant : « <i>les secours, l’hélicoptère vient récupérer les enfants </i>», ce qui a fait dire au rêveur avec satisfaction que tout était bien fait. Il accompagnait les secours en pensée. Je l’ai alors interrogé sur ses ressentis corporels et il a constaté que son estomac et sa gorge s’étaient détendus.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Il y aurait ici plusieurs éléments symboliques – un bateau, l’Océan, les chiffres 3 et 5... – qui pourraient être discutés, mais cette discussion analytique est renvoyée à la fin de l’écoute intérieure. Ce n’est pas que l’interprétation soit inutile mais elle n’apporte rien au travail direct du rêve que nous allons voir se déployer. Elle la complète simplement au moment où il s’agit d’intégrer ce que le mouvement intérieur du rêve a communiqué par et de lui-même…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">J’ai donc proposé que nous examinions l’image suivante : « <i>Les parents sont invités à venir les chercher, tout le monde est sain et sauf.</i> » En la rappelant au rêveur, je lui ai demandé ce que le fait d’être témoin de ces retrouvailles lui donnait à ressentir. Il a immédiatement réagi à ce mot « retrouvailles », me disant que c’était exactement de cela dont il était question. Il était ému, a parlé de soulagement. Pour ma part, je me souviens avoir pensé alors que le thème fondamental du rêve tournait autour de cette notion de retrouvailles. A posteriori, je me suis rendu compte que cet échange illustre précisément l’impossibilité pour le facilitateur en écoute intérieure d’un rêve de se cantonner dans une pure neutralité : la façon dont nous formulons les choses, et sans doute simplement le ton de notre voix, interfère avec le processus. Mais il me paraît important de préciser que je n’avais rien prémédité en employant ce terme « retrouvailles ». Il faut éviter de tenter de diriger consciemment le processus, laisser jouer les inconscients ensemble.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhqw-6LZ_60nlbGFuoAKeJcJycrbnSxZlVLk0zWdjHILN-y50G_29y3RYfQEeWwI3FthdjCiK4IRQVlrAPImujegSQ2HzePQ7Rd0l83QzCGpy3yWp1zcUOT0zLnZMMC1wLnPOzsOf0Ec0yjHyKzEjBGQdqaCfTrzcOgsM2BKceba0-WaG1vvURhX-oz/s450/sunset_dreamcatcher.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="450" data-original-width="300" height="451" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhqw-6LZ_60nlbGFuoAKeJcJycrbnSxZlVLk0zWdjHILN-y50G_29y3RYfQEeWwI3FthdjCiK4IRQVlrAPImujegSQ2HzePQ7Rd0l83QzCGpy3yWp1zcUOT0zLnZMMC1wLnPOzsOf0Ec0yjHyKzEjBGQdqaCfTrzcOgsM2BKceba0-WaG1vvURhX-oz/w300-h451/sunset_dreamcatcher.png" width="300" /></a></span></div><span style="font-family: georgia;">
<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
Et c’est alors que, sans que rien ne le laisse présager dans une lecture superficielle du rêve, nous sommes arrivés au cœur de celui-ci en évoquant cette femme qui ne manifeste aucune émotion au moment de récupérer son enfant : « <i>Une maman, grande, brune, à cheveux crépus, récupère sont enfant mais contrairement aux autres parents, n’a pas l’air si émue que ça. </i>» Le rêveur m’a immédiatement fait part du fait qu’il était révolté devant cette image, et qu’il se demandait si cette femme contrôlait ses émotions, ou était en inadéquation avec son ressenti. Il y avait beaucoup d’intensité dans l’expression du rêveur qui m’a parlé d’un feu attisé par un souffle. Je l’ai interrogé sur son ressenti corporel et il m’a indiqué que le feu montait de son thorax jusque dans ses yeux. J’ai senti qu’il se passait quelque chose d’important et je lui ai donné du temps sans commenter ou plus interroger, mais en laissant se dire tout ce qui était là. Nous verrons à la fin du travail que c’est essentiellement autour de cette incapacité à ressentir ou a exprimer l’émotion, et la violence du conflit qu’elle déclenche chez le rêveur, que s’articule tout le mouvement intérieur du rêve. C’est là que se trouve le noyau, mais l’interprétation symbolique aurait été bien en peine de le faire ressortir de l’ensemble, sauf à considérer que l’incongruité de cette image en soulignait l’importance.</span></p><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Une fois que le rêveur a été prêt à le faire, nous sommes passés à la seconde partie du rêve. Il est important de noter que la première partie a été vécue en mode dissocié, c’est-à-dire avec la distance du témoin qui permet d’aborder des choses difficiles en toute sécurité. La seconde partie se déroule en mode associé : le rêveur est directement partie prenante de l’action, et on peut penser qu’il contacte plus immédiatement la souffrance qui est au cœur du rêve. Cela réclame d’autant plus d’attention. Et en effet, nous nous sommes immédiatement heurtés à une difficulté. Dès que j’ai évoqué la présence de Jules et de sa mère sur la place, en rappelant que son fils a les cheveux longs avec une couette, le rêveur s’est retrouvé en état de choc. A posteriori, je constate que j’aurais pu m’en douter puisque il est question de choc directement dans le texte du rêve :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« <i>La maman de Jules vient le chercher. Je les vois sur une place, Jules assis sur un muret au loin. J’ai un choc lorsque je vois qu’il a les cheveux longs avec une couette sur la tête.</i> »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Il est à noter que, dans la restitution du rêve, je ne rappelle que les images – ici la mère et le fils sur une place, les cheveux longs et la couette – sans mentionner les émotions vécues dans le rêve car ce sont les émotions qui ressortent dans l’imagination qui m’intéressent au premier chef. Bien sûr, si elles diffèrent de celles du rêve, cela appelle notre attention, mais je veux donc souligner que je n’ai pas suggéré au rêveur qu’il était en état de choc dans cette image. Cela est revenu tout seul, comme découlant naturellement de l’image. Le rêveur m’a alors dit qu’il sentait que sa gorge s’était resserrée et qu’il était comme tétanisé, tout à la fois figé et tremblotant. Il était à la limite de l’incapacité à décrire ses émotions. Le temps était suspendu, m’a-t-il indiqué, comme dans un arrêt sur image. J’ai pensé alors que c’était caractéristique de l’émergence d’un contenu traumatique, dont une des signatures est le mode <i>freeze </i>de notre cerveau reptilien : quand nous sommes vraiment coincés, qu’il n’est plus possible d’attaquer ou de fuir, notre système</span><span style="font-family: georgia;"> </span><span style="font-family: georgia;">primaire</span><span style="font-family: georgia;"> de défense nous paralyse et nous empêche de ressentir quoi que ce soit. Quand on va se faire manger par un prédateur, c’est mieux. La nature fait bien les choses... </span><span style="text-align: left;">😉</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">C’est là, devant un tel état de paralysie émotionnelle, qu’en tant que facilitateur, il faut garder son sang-froid et éviter de chercher à aller trop vite – on pourrait être porté à emmener le rêveur vers l’image suivante et ce serait une erreur. On court-circuiterait le processus en évitant la difficulté. En effet, le fait que l’état de choc soit maintenant vécu consciemment est en fait une opportunité car la psyché va pouvoir y apporter sa réponse naturelle si on lui donne l’attention requise. On ne peut pas rester « gelé » perpétuellement, tôt ou tard, le mouvement de la psyché va se remettre en route. J’ai donc proposé au rêveur de rester avec ce qu’il ressentait en lui disant que nous avions tout notre temps, rien ne pressait, et que j’avais confiance dans le fait que le mouvement intérieur reprendrait en temps voulu. Et c’est ce qui s’est passé. Le rêveur m’a mentionné qu’il reprenait contact avec son corps avec une sensation dans les pieds. Il avait un sol sous ses pieds mais pas de jambes, m’a-t-il précisé. Il avait désormais un corps dissocié en trois éléments : il y avait ses pieds d’une part, une zone figée et tremblante dans sa poitrine d’autre part, et enfin son regard qui restait rivé en imagination sur la place où se trouvait Jules et sa mère. J’ai alors eu l’intuition de lui proposer de prêter attention à sa respiration. C’est une astuce qui se fonde sur le fait que la respiration est toujours présente – si le rêveur ne respire plus, il faut arrêter l’écoute intérieure (lol) – et est toujours en mouvement. Nous verrons que cela ne fonctionne pas toujours, mais en l’occurrence, la conscience de la respiration a produit immédiatement son effet. Après quelques instants, le rêveur m’a dit que le souffle descendait jusque dans la terre et qu’il avait un sentiment de complétion. Il se sentait enfin complet. Un peu plus tard, il a ajouté que le retour au souffle lui avait donné à goûter le fait qu’il était vivant. Ouf !</span></p><p style="text-align: justify;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitsxuhG7EAw7LhG0BBsEPXNRqOhDEvrZ7pE5QxLS-KO6QPkNHkIAUfbdMGjWon11FHU2tUBGMQWpf-KRwRwC_TURYInGLM134Z-TYxdM966Nssl6ncqXfo4UKesxU-isXuvbQgdPsT8E8uGptCnrM-0agwHCQW7Pv1F5nkCFoghERyco5pQdPeCkUs/s512/lotus.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="288" data-original-width="512" height="258" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitsxuhG7EAw7LhG0BBsEPXNRqOhDEvrZ7pE5QxLS-KO6QPkNHkIAUfbdMGjWon11FHU2tUBGMQWpf-KRwRwC_TURYInGLM134Z-TYxdM966Nssl6ncqXfo4UKesxU-isXuvbQgdPsT8E8uGptCnrM-0agwHCQW7Pv1F5nkCFoghERyco5pQdPeCkUs/w458-h258/lotus.jpg" width="458" /></a></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">J’ai attendu que le rêveur m’indique qu’il était prêt à passer à l’étape suivante et quand cela a été le cas, nous sommes allés voir l’image dans laquelle il fuit son fils qui vient de l’apercevoir : « <i>Alors qu’il m’aperçoit au loin et qu’il est en compagnie de sa mère qui est de dos, à côté de lui, je m’en vais, je fuis.</i> » Quand je l’ai interrogé sur ce qu’il ressentait maintenant dans cette image, le rêveur m’a dit qu’il sentait que cette fuite était l’objet d’un choix, et certainement la meilleure solution. Il avait le choix en substance entre aller vers Jules ou partir, et c’était son corps, son organisme tout entier – et non son mental, son cerveau – qui choisissait de fuir. Nous sommes allés ensuite examiner l’impression qu’il avait dans le rêve d’être suivi par Jules : « <i>J’ai l’impression que Jules me suit.</i> » Le rêveur m’a dit que ce n’était qu’une vague impression, comme si son fils le cherchait, et qu’il ne savait pas pourquoi. Il a parlé de confrontation, en disant qu’il s’interrogeait sur la possibilité que Jules veuille lui mettre son poing dans la figure, ou recherche une confrontation pacifique avec lui. Il était clair que le rêveur ne voulait pas de cette confrontation; à tout le moins, ce n’était pas le moment. J’ai alors rappelé l’image dans laquelle il grimpe en hauteur pour échapper à son fils : «<i> je monte me cacher en grimpant la façade d’un bâtiment ancien </i>». Il m’a indiqué alors qu’il volait littéralement en escaladant cette façade, comme s’il se sentait léger et rempli d’énergie. Cependant, une fois en haut, il a regardé en bas pour voir si Jules était là et il n’y avait personne, et il a été soudain pris de vertige, à nouveau paralysé, dans l’incapacité de descendre.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Le rêveur a parlé d’une sensation de vide associée avec un risque de chute. Il s’est dit sidéré, paralysé et anesthésié – il ne sentait plus rien, ni son corps, ni ses émotions, dont il était complètement coupé. La seule sensation qui demeurait était celle de ses extrémités froides agrippées à la façade tandis que ses yeux contemplaient le vide, et dans celui-ci, la mort. Après un temps, je lui ai proposé de faire attention à sa respiration mais cette fois, il ne la sentait pas du tout. Il avait seulement conscience de sa tête, et de respirer dans cette tête, mais celle-ci ne communiquait pas avec le reste du corps. Je lui ai alors demandé ce qu’il pouvait faire, ou ce qui pouvait se passer, pour sortir de là. Il a tout de suite parlé du besoin d’une aide extérieure et a commencé à imaginer qu’une fenêtre s’ouvrait et que quelqu’un l’invitait à le rejoindre. Mais ce n’était pas encore une solution viable, m’a-t-il dit, parce qu’il fallait qu’il bouge et il s’en sentait incapable. C’est alors qu’une idée lui est venue : </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« L’hélicoptère ! Quelqu’un a appelé l’hélicoptère et ils arrivent, a-t-il imaginé, et ils me lancent une échelle de corde. Ça je sais faire, une échelle de corde, je l’attrape et je grimpe à bord... » </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">J’aime autant vous dire que nous avons été deux à pousser un soupir de soulagement. On ne peut pas rester neutre dans l’écoute intérieure : la facilitateur est engagé dans l’action au même titre que le rêveur. Là, je pouvais sentir que la situation était très difficile. Le rêve n’offrait aucune issue et il était nécessaire, de toute façon, de faire appel à l’imagination pour lui donner une solution. Au fond, on peut penser que c’était le but du rêve que de mettre le rêveur devant le problème représenté par sa paralysie en hauteur en lui disant : et maintenant, que vas-tu faire ? Comment vas-tu t’en sortir une fois que tu auras pris conscience du mauvais pas dans lequel tu t’es mis ? Ou vas-tu te fracasser les os sur le sol ? Pour ma part, devant une telle difficulté, je ne vois en tant que facilitateur que trois possibilités : </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- soit le rêveur retrouve ses moyens, par exemple avec l’aide du souffle et s’en sort par lui-même, peu importe par quel moyen. Il aurait pu imaginer qu’il se mettait à voler, tout est possible en imagination...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- soit le rêveur fait intervenir une aide extérieure issue de sa propre imagination, sans que le facilitateur ne suggère quoi que ce soit, ce qui a donc été le cas ici. Il est intéressant que ce soit un élément du rêve qui ait été recyclé pour amener cette aide, opérant ainsi une jonction entre les deux parties du rêve.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- soit le rêveur avoue être incapable d’imaginer une issue satisfaisante, et le facilitateur doit intervenir dans l’imagination – le rêveur avait implicitement demandé de l’aide en mentionnant que une aide extérieure pouvait le tirer de là, et il ne faut pas oublier que l’écoute intérieure se déroule en relation. J’aurais pu donc en dernier lieu suggérer que je revêtais un costume de superman et que j’apparaissais dans le rêve pour lui tendre une main salvatrice, ou toute autre façon de venir en aide au rêveur. Encore une fois, tout est possible en imagination !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je ne pouvais pas le laisser tomber et se tuer en s’écrasant sur le sol, à moins que cela soit le fait d’une décision du rêveur, auquel cas cela pourrait symboliser une façon d’affronter sa plus grande peur et de se transformer radicalement, en imaginant mourir et renaître. Mais disons qu’en tant que facilitateur, je préfère éviter ce genre d’extrémité car une telle chute peut présager d’un sérieux effondrement psychologique. On est là devant une situation limite où il faut prendre très au sérieux le pouvoir de l’imagination : tout y est possible, mais c’est tout de même très sérieux du point de vue de la psyché.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Le rêveur m’a mentionné qu’une partie de lui aurait voulu qu’il s’en sorte seul. J’ai souligné en réponse qu’il était parfois important de reconnaître qu’on peut avoir besoin d’aide, il semble que cela fasse partie de notre humanité. Je lui ai alors demandé où l’emmenait l’hélicoptère, et c’est alors que le rêve s’est dénoué de façon surprenante. Avant même qu’il ne réponde, il a été en proie à une forte émotion et des larmes sont venues, ce qui m’a donné à penser qu’enfin le rêve entrait en mouvement. Les larmes sont l’indice d’un profond mouvement intérieur, et il n’est pas rare qu’une écoute de rêve amène à un tel moment où l’émotion déborde. Puis il m’a dit que l’hélicoptère l’avait amené sur un tertre où il avait retrouvé la grande jeune femme de la première partie du rêve, et que désormais, ils se comprenaient bien : « je la comprends et elle me comprend ». Le rêveur a pris conscience que lui aussi ne pouvait pas manifester d’émotion quand ce qu’il vivait était trop fort. Il a cessé de se juger. Ils ont parlé. J’ai été frappé par ses mots : </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« Ça se dégèle. On aime à en parler. La vie reprend. »</span></p><p style="text-align: justify;"></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihxktJOGoyfzWzQt2RWnUQ4xNdcKtGgygTxlBieRS6vCXRgxdkXXWO7tpOoPZBsztTov4hlp6bgF8nvuGUXJZpmiaoIGAJSC_Nb6UoE24MdNn0f9O2YIUhuOLFmUzLqxFkes-Box6nBjntjmB2fWJhDdrV4ViHB6LGUHNeRKJDgkkf9a8hzHEwAqqv/s1786/Amphitheatrum%20sapientiae%20aeternae%20-%20La%20rose%20cosmique.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1786" data-original-width="1750" height="425" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEihxktJOGoyfzWzQt2RWnUQ4xNdcKtGgygTxlBieRS6vCXRgxdkXXWO7tpOoPZBsztTov4hlp6bgF8nvuGUXJZpmiaoIGAJSC_Nb6UoE24MdNn0f9O2YIUhuOLFmUzLqxFkes-Box6nBjntjmB2fWJhDdrV4ViHB6LGUHNeRKJDgkkf9a8hzHEwAqqv/w417-h425/Amphitheatrum%20sapientiae%20aeternae%20-%20La%20rose%20cosmique.jpg" width="417" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: x-small;">Amphitheatrum sapientiae aeternae - La rose cosmique</span></td></tr></tbody></table><p></p><p style="text-align: justify;">J’ai emmené le rêveur vers la porte de sortie de « la maison du rêve ». Je lui ai demandé si cela était complet pour lui, si rien ne restait en suspens ou appelait son attention, et c’était le cas. Vous aurez peut-être remarqué que je n’ai pas évoqué avec lui la dernière image du rêve où son téléphone s’explose sur le sol après qu’il ait fait un mouvement. Ce n’était pas utile puisque désormais, la communication était rétablie avec cette jeune femme. Je demande souvent à la fin d’une écoute intérieure comment le rêveur prolonge le rêve en imagination pour voir où l’énergie du rêve s’en va, mais là, ce n’était pas nécessaire puisque l’hélicoptère nous avait déjà emmené ailleurs, amenant ce prolongement. Il restait donc à sortir du rêve, ce que nous avons fait, non sans demander une dernière image au rêveur : quelle est la première chose qui te vient une fois que tu es de l’autre côté de la porte ?</p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« Une sensation d’apaisement. Le corps étalé de tout son long sur l’herbe. Cela fait un bien fou. » Le rêveur a encore parlé de connexion, d’abandon, d’expansion…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Bien sûr, après un tel travail, il faut bouger le corps, le solliciter avec du mouvement, reprendre contact avec lui dans un auto-massage. Nous avons donc pris un petit break avant de discuter de l’expérience que nous venions de vivre, et poser quelques éléments d’interprétation a posteriori. Je ne développerai pas outre mesure cette interprétation dans cet article déjà très long. Il suffit pour ma part que le rêveur ait pris conscience, au travers de ce rêve et de l’écoute intérieure de ce dernier, de la force des émotions à l’œuvre dans son vécu avec son fils, et que celles-ci se soient « dégelées ». En termes analytiques, on peut dire de ce rêve qu’il appelait à rencontrer l’Anima représentée par la grande jeune femme apparemment insensible lors des retrouvailles avec son enfant. Je crois que c’est ce qu’aurait pu mettre en lumière une interprétation très fine en partant de la révolte du rêveur devant l’attitude de la femme, sans offrir de possibilité de permettre cette rencontre hors de l’imagination active, du moins dans un premier temps. Cependant l’écoute intérieure permet une telle rencontre sans même s’embarrasser du concept d’Anima...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Il peut être intéressant, je l’ai souligné, d’observer comment la première partie du rêve expose un drame en mode dissocié, avec la distance du témoin, tandis que la seconde partie élabore le vécu personnel de ce drame. Au-delà du naufrage du couple évoqué par le rêveur par association avec le sentiment de gâchis, il faut relever que les bateaux symbolisent bien souvent la conscience dans sa relation avec l’océan de l’Inconscient. Ici, le fait que le bateau se couchait symboliquement sur l’Océan – souligné par la majuscule dans le texte du rêve – fait ressortir que le théâtre de ce drame était l’Inconscient collectif. Cela signifie que le rêveur est invité à voir que le naufrage de ce qu’il avait imaginé autour de ce couple dans lequel il a beaucoup investi de lui-même, fait partie du vécu commun à toute l’humanité. Dans le même sens, le chiffre 5 répété dans le rêve pointe vers l’humain, la reconnaissance de ce qui est bien humain. Il semble que le rêve vise donc à une acceptation et une réconciliation avec ce qui s’est passé, et même avec le fait que le rêveur soit momentanément séparé de son fils. Là où, avant d’entrer dans l’imagination active, il ne pouvait comprendre qu’il soit en train de fuir ce dernier, l’écoute intérieure lui enseigne la sagesse d’une instance supérieure au mental qui indique que le temps de la rencontre n’est pas encore venu. Mais le rêve montre aussi les dangers de la fuite, en particulier dans ce qu’elle peut conduire à monter dans les hauteurs du mental pour se protéger d’un ressenti trop violent, et se retrouver paralysé, incapable de redescendre.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je donne dans cet article public – destiné au premier chef aux étudiant.e.s en EIR – à voir tous les rouages d’une écoute intérieure. Cela peut surprendre dans un monde où beaucoup croient devoir protéger leur petit fond de commerce, avouant ainsi combien leur travail est fondé sur une indigence. Pour ma part, je préfère m’ancrer consciemment dans l’abondance qui permet le partage. Je considère tout ce qui a trait au travail des rêves comme étant de l’ordre du bien commun, et je ne dépose pas de copyright sur la méthode de l’écoute intérieure, pas plus que je ne l’ai fait pour les loges de rêves. J’ai de bonnes raisons de penser que ces approches étaient intuitivement connues des anciens, et coulent en fait de source naturelle que je n’aurai pas le front de m’approprier. Je viens en outre de la tradition informatique de l’open source qui s’ancre dans l’idée que le partage des connaissances nous enrichit tous et je travaille sous l’emblème du copyleft qui invite chacun.e à s’inspirer de ce que je publie pour créer sa propre méthode, avec pour seule contrainte que je demande à celles et ceux qui utilisent mon travail de le laisser libre de copie. Si ce que je partage ici s’avère donc utile à d’autres et au service du rêve, je serai heureux que cela nourrisse les travaux d’autres chercheuses et chercheurs. Bien sûr, j’apprécierai d’en être informé car cela enrichira ma propre recherche avec de nouvelles perspectives. Merci d’avance !</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhE4RIviskpBnMHbz7-FrJCh4aM8sJJYHTUNKaRjPCf_IwiBOp1Kx7PQSOuQNPQrHfgo6pT_e8m9DtlM3e59n1ba97Zg9BNkEeiZcc1o_KCElC2sVQRiZgiJ_KvnpNr3IWbG9PZyrriNnTqgn7pxS_beOfeFbUkGfJo-x-0WJwxPTrkN-6o-ouuDkVK/s220/220px-Copyleft.svg.png" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="220" data-original-width="220" height="141" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhE4RIviskpBnMHbz7-FrJCh4aM8sJJYHTUNKaRjPCf_IwiBOp1Kx7PQSOuQNPQrHfgo6pT_e8m9DtlM3e59n1ba97Zg9BNkEeiZcc1o_KCElC2sVQRiZgiJ_KvnpNr3IWbG9PZyrriNnTqgn7pxS_beOfeFbUkGfJo-x-0WJwxPTrkN-6o-ouuDkVK/w141-h141/220px-Copyleft.svg.png" width="141" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: x-small;"><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Copyleft" rel="nofollow" target="_blank">Copyleft</a></span></td></tr></tbody></table><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"></span></div><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;">Si donc vous comprenez, sur la base des éléments que j’expose ici et ailleurs, comment l’écoute intérieure du rêve fonctionne et quelles sont les règles éthiques que ce travail réclame, je ne saurais que vous encourager à expérimenter par vous-mêmes. Si vous avez envie d’en discuter avec moi, n’hésitez pas à me contacter. Quant à celles et ceux qui veulent approfondir cette recherche avec moi et avec la communauté de pratiques qui est en train de se constituer autour de celle-ci, sachez simplement que ma compagne et moi-même préparons dores et déjà la mouture 2024 de notre formation en Écoute Intérieure du Rêve, avec différentes modalités permettant un enseignement en présentiel ou à distance pour celles et ceux qui ne peuvent se déplacer. Je vous en parle bientôt...</div></span><p></p><p></p></span>Jean Gagliardihttp://www.blogger.com/profile/08229714193935289206noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-1648819312264509748.post-40937183744180421642023-01-16T09:54:00.003-05:002023-01-16T11:26:54.932-05:00La perle inestimable<div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgGTvxNMHwRFENDNx_JYJefsgEfr1jwzBhBGrpnFp_LdpbtzzU2woRvW1yk2UsTuW1G4faO1BTfIXoF7soML95WQFiqlVOt6J76F14PBiMgwE1dep3t--g1hcQ6j3GjZkjC9z9tBpvDTl0pZCm2yzIALkuZWaLrleBu20C0cjybXmajjyswcE4kQnD/s599/perle_de_rosee%203.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="345" data-original-width="599" height="271" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjgGTvxNMHwRFENDNx_JYJefsgEfr1jwzBhBGrpnFp_LdpbtzzU2woRvW1yk2UsTuW1G4faO1BTfIXoF7soML95WQFiqlVOt6J76F14PBiMgwE1dep3t--g1hcQ6j3GjZkjC9z9tBpvDTl0pZCm2yzIALkuZWaLrleBu20C0cjybXmajjyswcE4kQnD/w472-h271/perle_de_rosee%203.jpg" width="472" /></a></div><i><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times;"><i><br /></i></span></div>J'ai écrit cet article dans les jours entourant la Pâques 2022, dans une seule coulée. Je l'ai retenu jusque ici car il expose quelque chose du cœur de ma recherche dont je répugne à parler, que je crois ressortir au domaine privé. Il s'avère cependant que pour partager l'attitude intérieure que requiert l'approche des rêves, et ce que j'entrevois de la façon dont ceux-ci travaillent en profondeur avec le temps, je ne puis échapper à la nécessité d'exposer ici ce cœur. Voici donc un grand rêve qui a fait son chemin en moi au cours de plus de 20 années, et qui pose les fondements de mon travail présent et à venir, ainsi que la longue méditation qui l'explicite...</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: times;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgnRFOQC8Mhr-N5T6MRwRZ3eagVYC2DBwBg1ONOcAhic_dJci9uwRSvyG1gA05Cm4JicsG6wojFhf_t1av_bGtypKHMvM89OrYWwA-1-usJZbPWfeHSI7Mygr8ROb5nXSdEsm-O_esL_eyF4KrnpEWZhDf0q7dDBzQRfZZ5f4VGY7n9XmPVzFBNi6gL/s138/shantimayi.jpeg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="138" data-original-width="138" height="94" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgnRFOQC8Mhr-N5T6MRwRZ3eagVYC2DBwBg1ONOcAhic_dJci9uwRSvyG1gA05Cm4JicsG6wojFhf_t1av_bGtypKHMvM89OrYWwA-1-usJZbPWfeHSI7Mygr8ROb5nXSdEsm-O_esL_eyF4KrnpEWZhDf0q7dDBzQRfZZ5f4VGY7n9XmPVzFBNi6gL/w94-h94/shantimayi.jpeg" width="94" /></a></div><br /></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia; font-size: x-small;"><i>Temps de lecture : environ 25 minutes</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je vous ai partagé dans un précédent article (<a href="https://voiedureve.blogspot.com/2022/03/le-tiers-aimant.html" target="_blank">le Tiers-Aimant</a>) comment j’ai récemment remis la main sur un trésor, qui n’a cependant de valeur que pour moi, en rapatriant du Québec des carnets contenant près de 30 ans de rêves. S’il y a une raison de noter ses rêves, outre le fait que cela aide à les fixer et amène bien souvent immédiatement à la conscience des éléments de sens, c’est certainement de pouvoir les revisiter après des années. Il y alors beaucoup de ces rêves qui s’avèrent, il faut le dire, sans grand intérêt au prime abord car ils étaient surtout liés aux circonstances qui les entouraient. Cependant l’analyste y trouvera des indices fort intéressants de l’apparition progressive d’un sens qui se fait jour au travers de la récurrence et de l’évolution de certains symboles. Souvent un rêve est éclairé par la série dans lequel il se trouve, et il faut donc un certain recul pour envisager celle-ci. Et puis il y a, au milieu de ces rêves qui semblent surtout attachés à un moment de vie, des perles qui ressortent dans tout leur éclat car la lumière qu’ils amenaient alors, qui n’a pas nécessairement été reçue sur le moment, s’avère non seulement traverser les années, mais les illuminer...</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">C’est un de ces rêves que je veux vous partager aujourd’hui. Il date de l’été 2001, d’un moment où je m’interrogeais profondément sur le sens et la valeur de la démarche analytique que j’avais entrepris huit années auparavant. Il m’avait alors convaincu qu’il y avait quelque chose d’infiniment précieux à continuer à chercher là, qu’il ne fallait surtout pas que j’abandonne la quête même si je n’y comprenais rien, comme cela arrive bien souvent à qui se lance dans cette aventure. Le voici :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><i>Il y a une rivière qui traverse ma maison de part en part. Elle charrie de la boue, un limon noir dans lequel je distingue parfois des reflets rouges. Je l’observe longuement. A un moment, mon attention est attirée par une lumière verdâtre à la surface. Je me penche sur la rivière à cet endroit et je plonge mes mains dans la boue. J’en retire un objet sphérique, dur et noir, d’un centimètre de diamètre, qui luit étrangement. C’est une perle ! La lueur qu’elle émet m’inquiète un peu, je me demande si elle ne serait pas radioactive et je la laisse retomber dans la boue. Elle reste facilement repérable à la coloration verdâtre qui l’entoure. Arrive alors une équipe NBC (nucléaire-biologique-chimique) en combinaisons étanches, qui s’attelle à extraire la perle de la boue avec d’infinies précautions. Mon inquiétude grandit : je pense à mes filles qui dorment dans une chambre voisine, crains qu’elles n’aient été exposées à des radiations. Les scientifiques vont et viennent dans la maison sans prêter attention à ma présence. Ils installent un laboratoire d’analyses dans ma chambre à coucher. Finalement, on vient me chercher pour que je puisse voir la perle. Je sais qu’ils ne savent pas d’où elle vient, de quoi elle est faite – serait-ce un matériau extraterrestre ? Ils me laissent entrer seul dans la chambre à coucher. J’ai l’impression qu’ils m’observent, que je suis un cobaye et qu’ils veulent voir si je survis à la rencontre. La perle noire est posée sur un écrin rouge, sur un oreiller du côté où je dors. Elle a grossi, mesure maintenant trois ou quatre centimètres de diamètre. Elle n’émet plus de lueur verdâtre mais brille en reflétant la lumière du jour. Je la prends délicatement dans la paume de ma main et sans réfléchir, je la porte à la hauteur de mon front et la touche avec celui-ci en inclinant la tête, en fermant les yeux. Je songe pendant les quelques secondes où je ressens son contact à ce rêve où Jung se trouve devant la plus haute Présence, et s’incline devant elle mais son front ne touche pas le sol. Moi, je touche la perle, me dis-je, sans hésitation. Je me sens heureux, joyeux. J’ouvre ensuite les yeux et je la contemple dans la paume de ma main. De façon tout à fait étonnante alors, elle devient une perle bleue, d’un bleu profond, et se met à chanter tout doucement. Je sais intimement que je suis seul à voir cette transformation, à entendre ce chant qui me touche profondément…</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgH1o-APqBLCOAYmy1mNsOUk630vMfpCDh0LRr6mqULLbEiDrzcWdVKi7CYGpsx08vsjF3Wye9Ql5G3P02anhLE8DBZqEM2iZq92RFAfGBXijEz5j00bRqCudDbzTcZCRgK22GKnC4WsZCeKOiAs9vu04qKK0gU7G8_YI3GWcLrks6QoAKn3i9sE0-7/s719/perle%20bleue.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="719" data-original-width="601" height="351" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgH1o-APqBLCOAYmy1mNsOUk630vMfpCDh0LRr6mqULLbEiDrzcWdVKi7CYGpsx08vsjF3Wye9Ql5G3P02anhLE8DBZqEM2iZq92RFAfGBXijEz5j00bRqCudDbzTcZCRgK22GKnC4WsZCeKOiAs9vu04qKK0gU7G8_YI3GWcLrks6QoAKn3i9sE0-7/w293-h351/perle%20bleue.jpg" width="293" /></a></div><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">J’étais étonné en le retrouvant d’avoir oublié ce rêve : comment a-t-il pu m’échapper, se perdre dans les méandres du temps ? En fait, je ne l’avais pas complètement oublié. Il m’en était resté cette image de la perle bleue qui chante, qui m’est revenue en différentes occasions. Je suis resté attentif aussi à ce symbole de la perle, que l’on retrouve dans différentes cultures spirituelles et à propos duquel je n’ai cessé depuis ce rêve de collecter des références et des histoires. Dans mon journal, après avoir noté ce rêve, j’ai fait le lien entre ce dernier et l’évangile selon Thomas, où le logion 76 nous dit :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">«</span><span style="font-family: georgia;"><i>Le Royaume du Père est comparable à un marchand qui possédait une cargaison de marchandises. Il trouva une perle. Ce marchand était un sage : il vendit toute sa cargaison et acheta la perle unique. Vous aussi, cherchez le trésor non périssable, celui qui demeure là où la mite n’approche pas, où le ver ne ronge pas. </i></span><span style="font-family: georgia;">»</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Le commentaire que Jean-Yves Leloup donne de ce logion nous explique que la perle est, dans les textes gnostiques, un symbole du Soi. Je m’en suis alors tenu là dans mon analyse : au milieu de la rivière de boue qui traversait ma vie, il y avait la perle du Soi. J’en avais peur mais en l’analysant avec toutes les précautions nécessaires, je parviendrais – me disais-je – au point où s’opérerait une transformation étonnante.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Pas mal, ai-je souri en relisant ces notes, c’était une bonne interprétation. Elle s’est vérifiée. Et cependant, il y a tellement plus dans ce rêve ! Je suis resté, à l’époque où je l’ai reçu, à sa surface et il n’est pas étonnant, dès lors, qu’il ne m’en soit resté qu’un souvenir indistinct. Je ne me jette pas la pierre cependant : à l’époque, je balbutiais dans l’interprétation des rêves. Quelques années auparavant, je m’étais tourné vers mon analyste et je lui avais demandé si nous pouvions aller dans une analyse didactique. Il m’avait répondu qu’il pensait que j’étais dans une analyse didactique, pour apprendre le travail, depuis le début. A partir de ce moment, il m’a encouragé à lui donner, à chaque fois que je lui apportais un rêve, une interprétation de ce dernier, à laquelle il amenait un complément éclairant. C’est ainsi que j’ai appris… mais pour quelque raison que j’ignore, je ne lui ai pas parlé de ce rêve. Il est passé à la trappe, sans doute parce que j’avais beaucoup d’autres rêves, qui me semblaient encore plus obscurs, à lui soumettre. </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Il se peut aussi que j’ai éprouvé une certaine pudeur devant la nature numineuse du petit miracle avec lequel le rêve se conclut : je peux voir maintenant qu’il parle de l’émergence de ce que j’oserai appeler mon « sentiment religieux ». Or j’ai toujours eu de la difficulté à parler de ce sentiment religieux – et j’emploie à dessein ce terme « religieux » là où beaucoup, et moi le premier, préfèrent parler de « spirituel » et de « spiritualité » – car tout ce qui touche à cette dimension de ma vie me semble relever de l’intime. Nous vivons en effet une époque étrange où il est plus facile de parler de sexualité que de relation au Divin. Je retrouve ce texte que j’ai écrit quelques années plus tard en tournant autour de ce problème :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« Parler de Dieu est devenu obscène, plus obscène que la pornographie. C’est un renversement amusant après que la sexualité ait été proscrite par la religion pendant si longtemps. Il est plus facile de dénuder les corps que les âmes, et après les siècles de dogmatisme inquisitorial que nous avons subi, il y a là sans doute une pudeur salutaire, une mise à l’abri de l’essentiel dans la chambre du cœur. Notre relation au Divin doit être protégée des prêtres, des marchands, et surtout de ceux qui détiennent la vérité, sans se rendre compte que dans ces mots, ils avouent la mettre en prison, dans la petite cellule de leur esprit, de leurs croyances. Or la vérité, comme Dieu, est libre. Plus que jamais peut-être, l’exigence se fait sentir de libérer Dieu des religions. »</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhy176nnEf3a4MkK6vJ-Hl8fT0IK8nMUNxNp7mSqyqC7bhbtfaoShW9J09n-prS2EMZmNrsZyui5rs6oJoQ7kNbDm--Bjoorllih3Pp8JD2gLq8RDQhbAJMC2VU2X69AFFQkitTEs2pJAifm4sPyoZ3JCUwzuFmFb0BBGWBqZINC6yXv-bIaGuShQf8/s370/meditant.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="300" data-original-width="370" height="294" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhy176nnEf3a4MkK6vJ-Hl8fT0IK8nMUNxNp7mSqyqC7bhbtfaoShW9J09n-prS2EMZmNrsZyui5rs6oJoQ7kNbDm--Bjoorllih3Pp8JD2gLq8RDQhbAJMC2VU2X69AFFQkitTEs2pJAifm4sPyoZ3JCUwzuFmFb0BBGWBqZINC6yXv-bIaGuShQf8/w363-h294/meditant.jpg" width="363" /></a></div><span style="font-family: georgia;"><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div>Cependant, je suis donc passé à côté de l’essentiel de ce qui se disait dans mon rêve, précisément parce que je me suis contenté de dire : « Oh, ce n’est que le Soi qui est là, qui se montre sous la forme d’une perle qu’il faut extraire de la boue. » En lien avec mes préoccupations du moment, j’ai compris de ce rêve qu’il m’enjoignait de poursuivre l’analyse, ce qui n’est pas faux. Mais voilà, comme beaucoup de débutants, je me suis piégé moi-même avec un « ce n’est que » réducteur qui balaye sous le tapis tout ce qui reste irrésolu dans le rêve. Parce que j’étais capable de poser sur celui-ci un gros mot comme « le Soi », je pensais en être quitte. Je ne réalisais pas que j’employais, pour parler du mystère présent dans ce rêve, un gros mot qui évoquait quelque chose que j’ignorais encore plus. </span><i style="font-family: georgia;">Ignotum per ignotius</i><span style="font-family: georgia;">, disaient les anciens alchimistes : on désigne quelque chose que l’on ignore par quelque chose que l’on ignore encore plus...</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Jung signale comment un des maux de notre modernité est que nous attachons trop de valeur aux mots, comme si nous en avions fini avec quelque chose quand nous l’avons nommé, quand nous avons posé un concept dessus. Je songe en disant cela à certains interprètes de rêves qui se sont remplis de l’idée toute jungienne qui veut que le rêve est « une interpellation du Soi », et le forcent à entrer dans le lit de Procuste de leur conception : il leur faut voir le Soi partout, même quand le rêve invite à simplement ouvrir la fenêtre, à laisser entrer la lumière du printemps. Ce n’est pas faux, encore une fois, car le Soi est dans l’espace ouvert derrière la fenêtre… mais ce n’est pas la Vérité vivante car quand on parle du Soi, on le fait bien souvent entrer dans un concept, une idée qu’on en a. Les bouddhistes zen invitent à se laver la bouche après qu’on ait prononcé le nom « Bouddha ». Allan Watts disait, avec raison selon moi, que le christianisme se renouvellera en profondeur le jour où quelqu’un se lèvera dans une église pour demander qu’on se lave la bouche après qu’on ait prononcé le nom « Jésus ». Les jungiens pourraient bien eux aussi se laver la bouche après qu’ils aient prononcé le mot « Soi » !</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Il fallait donc sans doute que s’écoule bien de l’eau sous les ponts avant que je puisse recevoir ce rêve, l’entendre. Je me demandais ces jours-ci, en écrivant cet article, si tout mon parcours depuis 20 ans ne pourrait pas être envisagé comme un long déploiement de ce rêve. Bien sûr, c’est facile après toutes ces années d’expérience de critiquer mon interprétation d’alors. Je ne pouvais voir les choses qu’à partir de là où j’étais. Par exemple, j’étais dans ces années très préoccupé par l’impression de rencontrer un fleuve de boue dans ma vie. J’étais confronté à une remontée de l’ombre qui me montrait des aspects peu sympathiques de ma personnalité. Parler de « boue » était un gentil euphémisme car j’avais l’impression d’être dans la m…. jusqu’au cou – vous m’excuserez, j’en suis sûr, de ne pas en dire plus (lol) car chacun la sienne, n’est-ce-pas ? </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je n’ai pas vu qu’au-delà de la boue, il était question dans ce rêve de limon noir, c’est-à-dire de terre noire, d’alchimie – le terme « alchimie » vient de l'arabe <i>al-kīmiyā</i>, qui renvoie lui-même à un terme égyptien désignant les alluvions et la terre noire charriés par le Nil. J’ai pris le rêve très personnel, et je n’ai pas vu que la rivière traversait mon intérieur de part en part, venant d’ailleurs et retournant ailleurs. Je n’ai pas prêté attention au jeu des couleurs, qui renvoie justement à l’alchimie : la lumière verdâtre caractéristique du cuivre, et par là de la dimension du cœur et de la vitalité associée au <i>viriditas</i>, les reflets rouges évoquant le potentiel d’une œuvre au rouge, le <i>rubedo</i>. Cependant j’ai saisi qu’il y avait là quelque chose de dangereux, qui devait être analysé, mais devant quoi la science – c’est-à-dire la rationalité, la technique – se révélait impuissante. C’est un rêve qui aurait gagné alors à être exploré en imagination active, ou ce que j’appelle désormais en « écoute intérieure du rêve », c’est-à-dire en prêtant attention aux ressentis associés avec chaque image. Plus encore qu’une interprétation symbolique, ce rêve réclamait me semble-t-il de couler en moi comme la rivière coulait en celui-ci au travers de ma maison, l’irriguant...</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhvpZQAUattO0evp4EM5r5V2v3QGYR-mMdtwSsl6Fjn6gc2dan2dXXoPbIdg37Qkt3aQaA7zcSQfp3SZMVVcHH-qvusrIgh9ovMNBEgsYsyIgSHhHC7iT1XDdn1sfozFBz7dAVuFUJ2aTexKa5XsrCKOJSrDyb2mGtd6tPARF_oxxgh-P5n2KgdFpuO/s1200/carl-gustav-jung-d1734472593ed6e6.jpeg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1200" data-original-width="1200" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhvpZQAUattO0evp4EM5r5V2v3QGYR-mMdtwSsl6Fjn6gc2dan2dXXoPbIdg37Qkt3aQaA7zcSQfp3SZMVVcHH-qvusrIgh9ovMNBEgsYsyIgSHhHC7iT1XDdn1sfozFBz7dAVuFUJ2aTexKa5XsrCKOJSrDyb2mGtd6tPARF_oxxgh-P5n2KgdFpuO/s320/carl-gustav-jung-d1734472593ed6e6.jpeg" width="320" /></a></div></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Il y avait une clé qui m’aurait permis, si je m’étais arrêté sur ce détail, de comprendre de quoi il était question dans le fond de ce rêve quand je mentionne que j’ai pensé, alors que je portais la perle à mon front, à ce rêve où Jung est mis par son père en contact avec la plus haute Présence. Il raconte ce rêve dans « Ma vie », au chapitre sur la genèse de l’œuvre. Je le résume rapidement, en omettant nombre d’éléments et de détails pour me concentrer sur les points qui m’intéressent plus particulièrement : </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><i>Le rêve commence avec un premier tableau où le père de Jung, décédé depuis longtemps, commente avec brio un passage de l’Ancien Testament, dans une Bible en peau de poisson, devant Jung et deux psychiatres, père et fils. Ils n’y comprennent rien, et Jung note comment les psychiatres considèrent son père comme étant un peu fou, sénile. Jung lui-même est en colère de l’attitude des psychiatres et désolé de ne rien comprendre à ce que dit son père. Puis ce dernier le conduit dans une grande salle circulaire, une sorte de mandala qui rappelle la salle du Conseil où le sultan Akbar le Grand réunissait les sages et les savants qui le conseillaient. Jung avait été impressionné par la visite de cette salle en Inde. En haut d’un escalier très raide qui part du centre de la salle, il y a une petite porte derrière laquelle se tient la plus haute Présence. Le père s’incline, front contre sol, pour honorer cette présence et Jung en fait autant, mais il constate que, sans qu’il comprenne pourquoi, son front ne touche pas le sol; il se tient toujours un millimètre au-dessus de celui-ci. Pour Jung, il y a là quelque chose du sacrifice intellectuel qu’il ne peut consentir, là où son père démontre sa foi religieuse, devant la divinité.</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">A l’époque où j’ai reçu mon rêve de la perle, j’étais en train de relire « Ma vie », et j’avais été très impressionné par ce rêve de Jung. Je m’étais dit que j’étais dans une position intérieure très différente de la sienne. Lui était fils de pasteur et avait besoin de s’affranchir du poids de la tradition chrétienne fossilisée dans la foi torturée de son père. Pour ma part, je viens d’un milieu agnostique pour lequel la religion est l’opium du peuple, et j’avais alors l’intuition confuse de ce qu’on avait jeté le bébé avec l’eau du bain, qu’il y avait quelque chose de précieux à retrouver. Cette intuition s’est beaucoup précisée par la suite, et j’ai ressenti à certains moments de mon parcours depuis lors un véritable soulagement à abandonner la prétention intellectuelle à comprendre le mystère. J’ai trouvé une grande valeur dans le fait d’être capable de m’incliner devant celui-ci, et que mon front touche terre. Je ne vois pas là une image de soumission comme le suggérait la religion traditionnelle, et encore Jung, mais plutôt le rafraîchissement de l’esprit au contact de la Pacha Mama, le retour de nos prétentions à l’humus, la bonne terre. Je comprends que Jung ait eu besoin de se refuser à ce sacrifice intellectuel, sinon il n’aurait pas été Carl Gustave Jung, et cependant je crois que la roue tourne, et que l’attitude qui était juste hier ne l’est plus nécessairement à un autre moment. Notre problème, aujourd’hui en Occident, est peut-être bien que nous ne savons plus nous incliner vraiment devant le mystère.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Dans l’analyse que Jung donne de ce rêve, il dit voir un énoncé de la tâche inconsciente qui lui incombait, et qui est déléguée à son père dans le rêve car lui, Jung, est encore trop immature pour l’assumer. A posteriori, je peux aussi voir dans mon rêve un énoncé de ma propre tâche inconsciente, que je n’étais pas en mesure d’assumer consciemment à l’époque où je l’ai reçue. Jung a tiré de son propre rêve bien d’autres informations qui l’ont amené, en particulier, à l’écriture de <i>Réponse à Job</i>. Il développe en particulier le fait que, derrière la petite porte du rêve habite Urie, le général du roi David, que ce dernier a trahi en le livrant à l’ennemi pour s’emparer de sa femme. Pour Jung, Urie préfigure le Christ, « l’homme-Dieu abandonné de Dieu ». Dès lors qu’il a compris qu’il s’agissait là symboliquement de l’homme victime des caprices du Tout-Puissant, Jung s’est senti obligé, à son corps défendant, de parler publiquement de l’image ambivalente du Dieu de l’Ancien Testament. Pierre Trigano, dans le tome 3 de Psychanalyser Jung, propose une analyse fort intéressante de ce rêve, d’où il ressort que c’est en fait de son propre complexe de puissance que Jung est invité par là à se défaire, en reconnaissant que la vulnérabilité d’Urie est supérieure, plus proche du Divin, que la puissance du Sultan. Mais ce n’est pas là pour moi le point essentiel. Pour moi, la clé du rêve est dans l’impossibilité de s’incliner entièrement, cette réserve intellectuelle devant le mystère, qui s’inscrit dans la continuité de l’attitude des psychiatres du rêve de Jung, pour lui symbole d’un point de vue médical borné qui l’a également marqué en tant que médecin, devant l’inspiration divine...</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSD0qqoMvXdt4lfl2y3IIpl_3klkbicLRseJlzotRgqR6kJMu4ujxBZSUr780EABN40wjcRyJKwEUVSNOIUQoD5YbwdI1sUi6DMplFrryDkb89c-SAmcXXrXvWrDuTGprTHSZBLAZNpCJbS_h041ckoNR1HTig7xOkLA_xf75CWsWa-E4YiyPeyh4C/s854/perle.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="568" data-original-width="854" height="242" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjSD0qqoMvXdt4lfl2y3IIpl_3klkbicLRseJlzotRgqR6kJMu4ujxBZSUr780EABN40wjcRyJKwEUVSNOIUQoD5YbwdI1sUi6DMplFrryDkb89c-SAmcXXrXvWrDuTGprTHSZBLAZNpCJbS_h041ckoNR1HTig7xOkLA_xf75CWsWa-E4YiyPeyh4C/w363-h242/perle.jpg" width="363" /></a></div><br /></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Ce qui nous ramène à la Perle, sur laquelle j’ai mené une recherche approfondie, dont je vous partage les éléments principaux ci-dessous : </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je n’en avais pas conscience à l’époque où j’ai reçu mon rêve, mais nous avons là un symbole qui a une portée universelle. « La constance de ses significations est aussi remarquable que leur universalité, ainsi que l’ont montré en divers livres Mircéa Eliade et nombre d’ethnologues », nous indique le dictionnaire des symboles de Chevalier et Gheerbrant. Il précise que la perle est en particulier un symbole associé à la Lune et au féminin. C’est « le symbole essentiel de la féminité créatrice », du principe Yin. Elle est souvent considérée comme une panacée, bonne contre les hémorragies, la folie, la mélancolie, l’empoisonnement, l’épilepsie, etc. Elle est censée avoir des propriétés aphrodisiaques, fécondantes, revigorantes...</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">J’ai déjà dit plus haut comment Jean-Yves Leloup, dans son commentaire du logion 76 de l’évangile de Thomas, fait ressortir que la perle représente le Soi - « notre être incréé », dit-il. Il signale que « le terme iranien <i>qohr </i>signifie d’ailleurs "perle" aussi bien que "essence" ». La perle est en effet idéale pour symboliser le Soi : elle est sphérique, faite d’une matière très résistante, et on la trouve au profond de la mer de l’inconscient. Dans une perspective un peu différente de celle de Leloup, qui veut y voir une évocation de ce qui en nous précède le temps, la perle symbolise ce qui ressort de l’élaboration de nos souffrances, qui sont comme le grain de sable qu’enveloppe la nacre de la conscience, et qui devient ainsi précieux. On retrouve là, par une allusion subtile, la vulnérabilité d’Urie, l’homme trahi par celui-là même à qui il dévouait sa loyauté, qui le fait souffrir, et au Christ tel que l’envisageait Jung. Et il est souvent question de la perle dans les textes sacrés.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"> L’Apocalypse nous décrit la Jérusalem céleste comme étant gardée par douze perles, qui sont autant de portes, de moyens d’accéder donc au centre :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><i>« Les douze portes étaient douze perles; chaque porte était d'une seule perle. La place de la ville était d'or pur, comme du verre transparent. »</i> (Apo 21.21)</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">On connaît aussi l’injonction de L’évangile selon Matthieu 7.6 : </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><i>« Ne donnez pas les choses saintes aux chiens, et ne jetez pas vos perles devant les pourceaux, de peur qu’ils ne les foulent aux pieds, ne se retournent et ne vous déchirent. »</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Cette injonction est semble-t-il un écho du logion 93 de l’évangile selon Thomas :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><i>« Ne donnez pas ce qui est pur aux chiens, de peur qu’ils ne le jettent au fumier.</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><i>Ne donnez pas de perles aux pourceaux, de peur qu’ils n’en fassent de l’ordure. »</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Dans l’évangile de Philippe, on lit ces mots qui viennent un peu contredire Thomas et Matthieu en soulignant la valeur inaltérable de la perle :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><i>« La perle jetée dans la boue n’en perdra pas pour autant sa valeur et si on l’oint de baume, elle n’en acquerra pas davantage aux yeux de son propriétaire. »</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh95_jOyxwk6ul97qCHeAeaC25GMqpTe1expKmbU2jLhjz-oDgEzgG6_5xXiC1MZkyWu0KJC8y4y5AKhQSUG6xDyQFApaB_edMiz1DuLbzQ5GXpZydagHZevZv9yZsvbKAHPe9XY4X0PGqC_KH7x2rhaUX3Hf7sXCzpql-t1ppLIZWL5v2TyaNWzIWI/s1200/Saint-Thomas_Diego_Velasquez_1620.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1200" data-original-width="930" height="390" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh95_jOyxwk6ul97qCHeAeaC25GMqpTe1expKmbU2jLhjz-oDgEzgG6_5xXiC1MZkyWu0KJC8y4y5AKhQSUG6xDyQFApaB_edMiz1DuLbzQ5GXpZydagHZevZv9yZsvbKAHPe9XY4X0PGqC_KH7x2rhaUX3Hf7sXCzpql-t1ppLIZWL5v2TyaNWzIWI/w302-h390/Saint-Thomas_Diego_Velasquez_1620.jpg" width="302" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia; font-size: x-small;">Thomas, par Diego Velasquez</span></td></tr></tbody></table><br /></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Dans les Actes de Thomas, un texte gnostique, il y a un très beau conte syriaque qu’on appelle <i>l’hymne de la Perle</i></span><span style="font-family: georgia;"> ou </span><i style="font-family: georgia;">le chant de la Perle </i><span style="font-family: georgia;">(vous pouvez écouter sur Youtube la version que je donne de ce conte ici : <a href="https://youtu.be/ruRI-txgKQ8" target="_blank">le chant de la Perle</a></span><i style="font-family: georgia;"> </i><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc" style="font-family: georgia;"><sup>1</sup></a>)<span style="font-family: georgia;">, dont Sohawardi, le grand mystique persan du XIIème siècle, donne une version intitulée </span><i style="font-family: georgia;">le récit de l’exil occidental</i><span style="font-family: georgia;"> commentée par Henry Corbin. Il s’agit d’une métaphore de la quête intérieure. En résumé :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><i>Un jeune prince quitte son Royaume, missionné vers l’Égypte, les terres occidentales, pour y conquérir une Perle enfouie dans la gueule d’un dragon qui vit dans les profondeurs de la mer. Le prince se dépouille de son vêtement de lumière et arrive en terre d’exil comme un étranger. Il absorbe des nourritures et des boissons qui lui font oublier d’où il vient et quelle est sa mission. Il devient un errant, un clochard abandonné. Puis il est jeté en prison. Mais c’est là qu’un aigle, ou dans la version persane une huppe – oiseau de la sagesse –, lui porte un message de ses parents : « Réveille-toi ! Souviens-toi de Qui tu es, de quelle est ta mission... » Alors, la mémoire lui revient et il va chercher la Perle avant de repartir dans sa patrie originelle.</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Au sens mystique, nous disent Chevalier et Gheerbrant, la perle est vue comme un symbole de l’illumination et de la naissance spirituelle. Jean-Yves Leloup, et d’autres commentateurs, indiquent qu’elle représente ce qu’on pourrait appeler « l’état paradisiaque » de complétude. Elle est « lumière au dedans comme au dehors », et c’est l’état que nous devons retrouver « par la connaissance et par l’amour. » Plus précisément, du point de vue de la gnose, la perle symbolise la connaissance elle-même, une connaissance indissociable de l’amour. On retrouve là l’idée qui veut que connaître, c’est « s’unir à », devenir Un avec. Mais cette connaissance est aussi associée au thème de l’oubli, comme l’évoque l’hymne à la Perle : pour les gnostiques, nous sommes comme le prince de l’histoire oublieux de notre véritable nature, d’où nous venons, de qui nous sommes et de ce que nous sommes venus faire en ce monde. Le prince cherche la perle comme Perceval le Graal. « L’image archétypale de la perle évoque ce qui est pur, caché, enfoui dans les profondeurs, difficile à atteindre. » Pour Shabestari, la perle symbolise la « science du cœur : quand le gnostique a trouvé la perle, sa tâche est accomplie. »</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">L’islam, en particulier iranien, n’est pas en reste avec le symbole de la perle. Ainsi, un hadith du Prophète nous indique-t-il que les serviteurs de Dieu sont<i> </i>« comparables à la pluie; lorsqu’elle tombe sur la terre ferme, elle donne naissance au blé; lorsqu’elle tombe sur la mer, elle fait naître des perles. »</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Selon la cosmogonie des Fidèles de la Vérité en Iran: </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><i>« au commencement, il n’y avait dans l’Existence aucune créature que la Vérité suprême, unique, vivante et adorable. Sa demeure était dans la perle et son essence était cachée. La perle était dans la coquille, et la coquille était dans la mer, et les ondes de la mer recouvraient tout. »</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Cette coquille dans laquelle la perle est enfermée est souvent considérée comme étant l’enveloppe des mots, dont il s’agit d’extraire le précieux sens. C’est dans cette idée, sans doute, que Socrate disait qu’il fallait un plongeur de Délos pour trouver la perle cachée dans la parole d’Héraclite dit l’Obscur. Nous avons très généralement à faire ce travail de plongée dans les textes sacrés, ou dans les rêves, pour en comprendre le sens véritable.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">On retrouve la perle aussi dans le contexte du bouddhisme, où le Sutra du Lotus raconte par exemple l’histoire de la fille du roi-Dragon. Longnü est une enfant merveilleusement douée, pleine de sagesse et qui discerne en profondeur tous les dharmas. Cependant, un disciple du Bouddha ne veut pas croire qu’une femme puisse atteindre l’état de bouddha. En réponse, la fille du dragon offre une perle au Bouddha, symbole de sa vie et de l'ego, qu'il accepte. Elle se transforme ensuite instantanément en un parfait bodhisattva puis atteint l'illumination complète. Dans le bouddhisme Chán, cette histoire a été considérée comme un exemple qui souligne le potentiel qu’ont tous les êtres de l'éveil soudain...</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifOZHZClwsEmhxu_VYW08wB3BH3Z3c64bpgXocBcdQjV4lOpCr9S54hC096TJdA3qdg7Bqo-7sUca_AnTum44GcWKMV894MHCWA73LwquFJ_kSv_CnHyFMj-XizC5fuGRwbO79bAx48tZzEOi21a6gUuzuEsXrVMJp4rBG_ieglik7nOvNXgvpWoTq/s931/800px-One_of_the_daughters_of_the_dragon_king_who_lives_in_then_bottom_of_the_sea.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="931" data-original-width="800" height="398" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEifOZHZClwsEmhxu_VYW08wB3BH3Z3c64bpgXocBcdQjV4lOpCr9S54hC096TJdA3qdg7Bqo-7sUca_AnTum44GcWKMV894MHCWA73LwquFJ_kSv_CnHyFMj-XizC5fuGRwbO79bAx48tZzEOi21a6gUuzuEsXrVMJp4rBG_ieglik7nOvNXgvpWoTq/w342-h398/800px-One_of_the_daughters_of_the_dragon_king_who_lives_in_then_bottom_of_the_sea.jpg" width="342" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia; font-size: x-small;">la fille du roi-Dragon</span></span></td></tr></tbody></table><br /><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Mais c’est Li-Tsi, un maître zen dont j’apprécie particulièrement l’enseignement tout à fait iconoclaste, qui parle peut-être le mieux de cette fameuse perle :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><i>« Merveilleuse, insondable est la perle sacrée de la sapience ! Si dans la mer de la nature des choses, on sait la reconnaître, toujours on peut se promener au sein même des cinq agrégats, tantôt en la cachant et tantôt en la révélant. Lumineuse au-dedans aussi bien qu'au-dehors, grande est sa puissance divine ! Cette perle est sans forme, ni grande ni petite ; jour et nuit elle luit, éclairant toutes choses… »</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Alors, de quoi s’agit-il ? Voilà que ce maître zen, qui nous invitait à tuer le Bouddha si nous le rencontrions, s’accorde avec les gnostiques sur l’idée que cette perle sacrée est faite de connaissance, de gnose. Jean-Yves Leloup nous donne encore une indication éclairante quand il dit, dans son commentaire du logion 76 de l’évangile selon Thomas où le marchand vend toute sa cargaison pour acquérir la perle précieuse, que :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><i>« Pour retrouver cet état de perle, il faut savoir se désencombrer du superflu et de l’inessentiel. Sortir de notre état de négoce et de marchandage. »</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Il y a là une clé pour toute personne qui s’investit dans le travail intérieur : à un moment, il faut cesser de marchander, arrêter d’essayer d’obtenir quelque chose au moyen du travail sur soi. Chacun.e de nous a été amené à la quête essentielle par une souffrance, un manque ou un désir, qu’il s’agisse de trouver la femme de sa vie, d’obtenir une reconnaissance bien méritée, de guérir d’une maladie ou d’un traumatisme, etc. Mais, j’ai pu le constater pour moi-même et dans mes accompagnements, un retournement se produit le jour où l’on accepte simplement les choses telles qu’elles sont. C’est une libération, nous cessons de lutter avec le réel. Il semble que ce soit cela, « faire la volonté de Dieu » : accepter ce qui est, ce que le Créateur a créé, sans discuter. </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Dès lors, on abandonne tout utilitarisme : on ne s’investit plus dans la quête pour obtenir quelque chose, pour devenir une meilleure personne... mais simplement parce que la démarche est un art de vivre. Et l’on est prêt à envisager un renoncement bien plus profond, qui consiste, comme nous le dit Maître Eckhart, à devenir des « pauvres d’esprit », c’est-à-dire en ne rien vouloir, ne rien savoir, ne rien avoir. C’est à ce prix, et à ce prix seulement, que nous pouvons entrer dans le Royaume que symbolise la perle. Cependant, cette béatitude – « Heureux les pauvres en esprit car le royaume des cieux leur appartient » – n’est pas spécifique au christianisme. On la retrouve par exemple dans le bouddhisme zen, où Le recueil de la Transmission de la lumière nous dit :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><i>« Le renoncement mental signifie qu’on ne se rase pas les cheveux et qu’on ne change pas ses vêtements. Même si l’on demeure à la maison au milieu des vicissitudes du monde, on est comme un lotus qui n’est pas souillé par la boue, comme un joyau qui n’est pas recouvert de poussières. Même si, de par les circonstances, on possède femme et enfants, on ressent que ce n’est que fétu de paille et poussière : il ne demeure plus la moindre pensée d’attachement, plus rien n’est convoité. Telle la lune fixée dans le ciel, telle la perle qui roule sur un plateau, on reconnaît l’homme tranquille au milieu du marché bruyant, on voit par-delà le temps au sein des trois mondes, on sait qu’abolir les passions est aussi une maladie et que se fixer pour objectif l’ainséité relève de l’erreur. Le nirvâna et le samsâra ne sont que des irisations dans l’espace, l’éveil et les passions ne se différencient pas. Tel est celui qui renonce mentalement au monde. »</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Pour finir ce grand tour des amplifications du symbole de la perle, c’est Almaas, un enseignant spirituel contemporain, qui m’en a donné la compréhension qui me semble désormais la plus éclairante. Il se trouve qu’en lisant voilà quelques mois un de ses livres, j’ai repensé à mon rêve car il y mentionne le témoignage de Muktananda, un méditant hindou, qui raconte une vision de la Perle Bleue :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><i>« La Perle Bleue, qui s'est agrandie en une forme humaine à travers une forme ovale, se tenait devant moi. Son éclat a commencé à décliner. Puis j'ai découvert une figure humaine bleue à l'intérieur. Quelle beauté enchanteresse ! Sa forme bleue scintillait et scintillait ! (…) C’était une masse de pure conscience, la Vie de la vie intérieure de Muktananda. » </i><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc"><sup>2</sup></a> </span></div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfk4GcCcGOsdEAs7T3pnaiBlwp6VrwrtAbhnk1R1iGyUQUqWFFvU3X_T5iGNU7wIrPu-oMzK_PI13L02lFPsjECeB_mIv4d1clkReIlejbnp7HZ8sH1Fo7W2ak7R4YAWXdlAmcdNwVPxcCuQt13o3R176zlzDqq2TEEDhKOeXANuVgzQ89qv_pBlQY/s256/muktananda.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="256" data-original-width="197" height="326" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjfk4GcCcGOsdEAs7T3pnaiBlwp6VrwrtAbhnk1R1iGyUQUqWFFvU3X_T5iGNU7wIrPu-oMzK_PI13L02lFPsjECeB_mIv4d1clkReIlejbnp7HZ8sH1Fo7W2ak7R4YAWXdlAmcdNwVPxcCuQt13o3R176zlzDqq2TEEDhKOeXANuVgzQ89qv_pBlQY/w251-h326/muktananda.jpg" width="251" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia; font-size: x-small;">Muktananda</span></td></tr></tbody></table><span style="font-family: georgia;"><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div>Évidemment, cette lecture m’a rappelé quelque chose car j’avais gardé le souvenir indistinct d’une perle bleue chantante à la fin d’un rêve qui s’était lui-même perdu dans les limbes de l’oubli. Mais il a fallu encore quelques mois pour que je puisse remettre la main sur le cahier où j’avais noté ce dernier, et me rafraîchir la mémoire. D’emblée cependant, à la lecture de ce témoignage d’expérience intérieure, j’ai été frappé par les termes employés par Muktananda pour décrire la perle de pure conscience : « la Vie de la vie », qui n’étaient pas sans me rappeler la notion de la Vie éternelle que mentionne les évangiles. Un contresens nous fait croire qu’il s’agirait de notre vie éternelle, d’une sorte de pérennisation de l’égo qui aurait décroché le pompon spirituel au grand jeu de l’existence. Or quand on y regarde de plus près du terme grec Zoé (ζωή), il apparaît qu’il s’agit en fait de la « grande Vie » qui anime tous les vivants, et les dépasse entièrement. Et donc, Almaas, commentant les mots de Muktananda, met en lumière que la perle bleue représente la dimension de conscience de cette grande Vie…</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Plus loin, il cite Ira Progoff, un proche disciple de Jung, qui dit :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><i>« Dans le symbolisme alchimique, le Soi en tant que réalisation ultime est représenté comme la "perle de grande valeur", la "pierre philosophale", ou d'autres symboles qui véhiculent l’idée de l'émergence d'un petit bijou précieux comme résultat de l'intégration de la psyché. » </i><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote3sym" name="sdfootnote3anc"><sup>3</sup></a></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Par la suite, Almaas s’enferre dans l’erreur typique des gens qui n’ont abordé la psychologie jungienne que par les livres. Il éprouve le besoin d’expliquer que, pour les personnes qui en ont l’expérience, les termes « corps de diamant » et « perle » sont des réalités vivantes et non des symboles, qu’il réduit à être de simples images. Il ignore que pour Jung, et dans l’expérience de la psychologie jungienne, qui n’est surtout pas un système conceptuel, les images sont vivantes. Et bien sûr, dans la voie ouverte par Jung, le « corps de diamant » et la « perle » sont des réalités psychiques tout à fait effectives. Un puriste dira peut-être que ce sont des réalités « spirituelles » et non psychiques. Cependant, avec Jung, je lui ferai remarquer que c’est la psyché qui expérimente ces réalités spirituelles, tout comme elle expérimente la réalité matérielle. Cette expérience est donc de nature psychique, ou plus exactement du domaine de l’âme, celle-ci étant entendue comme le trait d’union entre l’esprit et la matière...</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Plus loin, dans un commentaire de l’Hymne de la Perle, Almaas explique :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><i>« L’intégration de tous les aspects de l’essence dans une nouvelle synthèse personnelle est la perle inestimable. (…) L’ego n’est rien d’autre que le grain de sable requis pour la formation et le développement de la perle. » </i><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote4sym" name="sdfootnote4anc"><sup>4</sup></a></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Il ajoute enfin :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><i>« Ce n’est pas simplement que la perle synthétise. C’est la synthèse elle-même. »</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Mais alors, une fois bien considérées toutes ces amplifications, que représentait donc la perle de mon rêve ? Car c’est bien beau de se gargariser avec la dimension universelle d’un grand symbole, mais tant qu’il n’est pas intégré dans l’expérience personnelle, cela risque fort d’être aussi vain que de se contenter de dire « c’est le Soi qui m’interpelle ». Or pour aller dans cette dimension personnelle du symbole, il faut écarter au moins momentanément toutes les définitions conceptuelles qui voilent l’image vivante; il faut aller dans le ressenti associé à l’image... </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Quand j’ai relu mon rêve dans mon carnet, la première émotion qui m’est venue a été une inquiétude sinon une petite angoisse liée à l’irradiation verdâtre de la perle, et à la présence des scientifiques, à laquelle a succédé un sentiment de gratitude quand la perle bleue se met à chanter. Cette gratitude m’a ramené à l’idée que le principal bénéfice pour moi de toutes ces années d’analyse avait été de retrouver une connexion forte avec mon ressenti, ou en termes jungiens d’avoir restauré ma « fonction sentiment ». Or le chant, justement, symbolise volontiers l’expression du sentiment. Le travail intérieur m’a dans une bonne mesure délivré de cette propension à tout intellectualiser qui caractérise l’éducation française, et cela m’a ouvert des voies que je ne pouvais pas soupçonner à l’époque où j’avais reçu le rêve. En particulier, cela m’a amené à développer des approches du rêve qui vont au-delà de l’interprétation, et une compréhension synthétique, ronde, de la Voie. Dès lors, j’ai compris l’invitation du logion de l’évangile selon Thomas à vendre tout ce que j’avais, c’est-à-dire entrer dans la pauvreté spirituelle que dit Maître Eckhart, pour acquérir la perle inestimable, le trésor sur lequel le temps n’a pas de prise. Il s’agissait de me concentrer uniquement sur la connaissance vivante que l’on trouve en dedans, en écartant tout le reste. Et c’est bien ce que j’ai fait au cours des années qui ont suivi la réception de ce rêve, en suivant ce que j’appelle « la voie du rêve ». Peu après ce rêve, j’ai rencontré mon mentor Nicolas Bornemisza qui m’a ouvert les chemins de ce qu’il appelait alors le « yoga psychologique », c’est-à-dire l’application de la psychologie des profondeurs de Jung non plus à la seule psychothérapie, mais à la recherche de la libération (<i>moksha</i>) ou encore de l’Éveil, comme tout yoga digne de ce nom. Quant à la façon dont cette perle s’incarne concrètement désormais dans mon existence, me commandant de concentrer toute ma recherche sur un point unique, et d’écarter tout le reste, j’en parlerai dans un prochain article...</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgblUy_OhDgTu8fFYeUumU_GZMfKSO861nQIG7JuGEVF-DtO27h7V6ke6sJeJtxNPMawxHFWbKYGw0uS27evWP8lQYkv7__eb_ux8irz7QYypw3vbbSEIweie2DftENstiAjwQt0LkwACjtZSgmwanS_kPmZQRJhvqWXlaxSl8pZO40C1Sq1tG-PsCK/s960/perle_de_rosee%202.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="720" data-original-width="960" height="265" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgblUy_OhDgTu8fFYeUumU_GZMfKSO861nQIG7JuGEVF-DtO27h7V6ke6sJeJtxNPMawxHFWbKYGw0uS27evWP8lQYkv7__eb_ux8irz7QYypw3vbbSEIweie2DftENstiAjwQt0LkwACjtZSgmwanS_kPmZQRJhvqWXlaxSl8pZO40C1Sq1tG-PsCK/w353-h265/perle_de_rosee%202.jpg" width="353" /></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Il m’a fallu cependant encore quelques jours pour aller au fond de ce que ce rêve m’enseignait, compréhension qui a pris la forme d’un petit satori – ce moment où un éclair illumine fugitivement l’ensemble du paysage. Je me promenais dans la campagne derrière chez moi, en laissant mon esprit flotter autour du rêve de Jung tandis que je contemplais la beauté des montagnes environnantes, quand toutes les pièces du puzzle de mon rêve se sont assemblées. Pour que la perle se mette à chanter, il avait fallu que je m’incline symboliquement devant elle en y portant mon front – il n’était pas besoin que je m’agenouille front contre terre ou que je fasse des simagrées, il suffisait que mon geste marque une profonde révérence devant le Mystère symbolisé par la perle. A la différence de Jung, je pouvais consentir le sacrifice intellectuel et reconnaître que j’étais totalement ignorant devant la nature de ce grand Mystère vivant, que l’on peut aussi bien nommer Soi, Dieu, Brahman, ou le grand Schmilblick sans que cela change quoi que ce soit à mon ignorance. De fait, cela n’a pas été pour moi un sacrifice car je ne vois pas d’autre voie possible pour aller à la rencontre de l’Inconnu que celle du non-savoir et du ressenti, qui est mon point de contact avec la réalité vivante. J’en étais là de mes réflexions quand un jeu de mots a fusé dans ma tête. Je me demandais encore : mais quel a donc été le plus grand bénéfice de toutes ces années de recherche ? </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">La réponse intérieure a été immédiate : je suis en vie…</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Oui, me suis-je alors dit : comme nous y invitait mon maître Richard Moss, je suis radicalement vivant désormais, après toutes ces années de recherche. Je suis libre. Je me félicitais moi-même d’être ainsi « en vie » sans comprendre encore ce que j’étais en train de dire. Et puis j’ai entendu ce qu’il y a dans ces mots que l’on répète sans entendre :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">Je suis en Vie.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je suis part de la Grande Vie, la Zoé, la Vie éternelle. C’est par Elle que je suis vivant, que je vis ma petite vie. Muktananda le disait clairement quand il parlait de « la Vie de la vie » qu’il voyait dans la Perle bleue. Et savez-vous donc ce que chante la Perle, que j’ai fini par entendre après tout ce temps (j’étais bien bouché :-) ? C’est simplement que vous aussi, vous êtes en Vie ! Nous sommes en Vie, ensemble. Nous sommes les enfants de la Grande Vie, qui fait de nous des vivants...</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Devant cette Vie, je m’incline bien volontiers, avec révérence.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Puissiez-vous, vous aussi, trouver votre propre perle…</span></div></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhATH-78GLO-wowAdbVm2OYAk5SYtySgGqtnKUX1CjrloePoPnEI9PwghoX0GSQGbQvieQ9zzgU9IPkFa42GtYRBQZiwQQHUaCHND_M8SeE8yIHjjq16JlfHLlrN3Z8ByflyLN2kHONVU30UrUumssLPi1QsNr9FFwFVvXIDayFpbtg5OOttmUoJ2-S/s500/UnifiedHeart3A.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="500" height="292" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhATH-78GLO-wowAdbVm2OYAk5SYtySgGqtnKUX1CjrloePoPnEI9PwghoX0GSQGbQvieQ9zzgU9IPkFa42GtYRBQZiwQQHUaCHND_M8SeE8yIHjjq16JlfHLlrN3Z8ByflyLN2kHONVU30UrUumssLPi1QsNr9FFwFVvXIDayFpbtg5OOttmUoJ2-S/w292-h292/UnifiedHeart3A.jpg" width="292" /></a></div><br /></div><hr style="text-align: justify;" />
<div id="sdfootnote1"><p class="sdfootnote-western" style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia; font-size: x-small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym">1</a> Si vous préférez écouter un audio mp3, vous pouvez l'écouter ou le télécharger ici : <a href="https://www.creezviedereve.com/jgaudio/ChantPerleTalk.mp3" target="_blank">https://www.creezviedereve.com/jgaudio/ChantPerleTalk.mp3</a>. Vous pouvez aussi écouter le conte sans mes commentaires ici : </span><span style="font-family: georgia;"><a href="https://www.creezviedereve.com/jgaudio/ChantPerleConte.mp3" target="_blank"><span style="font-size: x-small;">https://www.creezviedereve.com/jgaudio/ChantPerleConte.mp3</span></a>.</span></p>
</div>
<div id="sdfootnote2"><p class="sdfootnote-western" style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia; font-size: x-small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">2</a> A.H.
Almaas, <i>Essence</i>, Weiser 1998, p. 64 – ma traduction</span></p>
</div>
<div id="sdfootnote3"><p class="sdfootnote-western" style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia; font-size: x-small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote3anc" name="sdfootnote3sym">3</a> Ira
Progoff, <span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><i>The
d</i></span></span></span><i>eath and rebirth of psychology</i>,
1956 (cité par Almaas, Essence p 75) – ma traduction</span></p>
</div>
<div id="sdfootnote4"><p class="sdfootnote-western" style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia; font-size: x-small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote4anc" name="sdfootnote4sym">4</a> A.H.
Almaas, <i>Essence</i>, Weiser 1998, p. 164 – ma traduction</span></p>
</div><div id="sdfootnote4">
</div><div id="sdfootnote3">
</div>Jean Gagliardihttp://www.blogger.com/profile/08229714193935289206noreply@blogger.com7tag:blogger.com,1999:blog-1648819312264509748.post-38127043932562355932022-12-01T12:49:00.002-05:002022-12-01T12:59:10.161-05:00Un petit gramme de lumière<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgy_0_hCGEQTOzFWo3BPd7tip0C97SiC_7cu7IVpyrHQa9IgpkhQNgdRzg4B4Led5X5UYtmvSBoQ5-X-qtWK5utBCPPF1SeLuUYfwJsVRRn1D5K1kThSaBNI4XdM_srbTNDkcjmE7i7p-AQs85JIomkZTTcL2sVM7hwWApfa718GCX1hbwPspdDPgkr/s800/sunrise1.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="534" data-original-width="800" height="313" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgy_0_hCGEQTOzFWo3BPd7tip0C97SiC_7cu7IVpyrHQa9IgpkhQNgdRzg4B4Led5X5UYtmvSBoQ5-X-qtWK5utBCPPF1SeLuUYfwJsVRRn1D5K1kThSaBNI4XdM_srbTNDkcjmE7i7p-AQs85JIomkZTTcL2sVM7hwWApfa718GCX1hbwPspdDPgkr/w469-h313/sunrise1.jpg" width="469" /></a></span></div><span style="font-family: georgia;"><br />Je ne trouve pas le temps d'écrire ces temps-ci. En fait, ce n'est pas tout à fait vrai. J'écris des mots de silence qui trouveront leur voie vers vous le moment venu. Alors, pour vous partager quelque chose de ma recherche à ce point, je vous propose ici quelques vidéos qui, je l'espère, sauront accompagner agréablement votre descente dans "les longues nuits", vers le retour de la Lumière.</span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Pour commencer, voici l'enregistrement vidéo d'une conférence que j'ai donnée en octobre via Zoom sur le thème "le rêve, voie d'accès au monde imaginal", où j'interroge les limites du modèle psychologique occidental pour comprendre les rêves. J'y invoque les mânes d'Henry Corbin, le grand islamologue ami de Jung, pour tenter de conjurer l'Age de Plastique dans lequel nous nous enfonçons inexorablement semble-t-il. Inexorablement ? Non, car il appartient à chacun.e d'ouvrir les portes du <i>Mundus Imaginalis</i>...</span></p><p style="text-align: justify;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><iframe allowfullscreen="" class="BLOG_video_class" height="315" src="https://www.youtube.com/embed/5kQOyf0Lgeg" width="379" youtube-src-id="5kQOyf0Lgeg"></iframe></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Par ailleurs, je dois vous dire que j'ai été très touché par la disparition récente du poète Christian Bobin. C'est une perte terrible, et cependant, si nous écoutons bien les mots de l'amoureux de la vie qu'il était, nous n'avons pas à le pleurer mais plutôt à chanter ses textes, qui continuent à opposer la ferme résistance du rouge-gorge à la laideur du monde.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">De ceux-ci, je retiens deux fragments qui me semblent dessiner une trajectoire lumineuse comme celle d'une luciole dans la nuit :</span></p><p style="text-align: center;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">« </span></span><span style="font-family: georgia;">La vie c'est l'ouverture des bras en croix, la chute fleurie dans les abîmes. </span><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">»</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">et</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« </span><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Je connais le secret. Je tiens le secret au bout des doigts comme on tient un papillon fragile, entre deux doigts pincés. Il ne faut surtout pas serrer, pas appuyer, pas en dire trop. Le secret, c'est que le cœur de ceux qui meurent explose de joie. </span></span><span style="text-align: left;">»</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Voilà, nous aussi, nous connaissons le secret. Il ne faut pas le dire trop fort car cela pourrait déranger beaucoup de gens qui essaie de capitaliser sur la peur de vivre et de mourir.</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;"> Souvenons nous encore de ces mots, qui disent tout le combat à mener :</span></span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">« </span><span style="font-family: georgia; text-align: left;">Un gramme de lumière fait contrepoids à plusieurs kilos d'ombre.</span><span style="font-family: georgia; text-align: left;"> </span><span style="text-align: left;">»</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Et voici donc qu'il est désormais dans la Joie pure, le poète, où il a rejoint la plus que vive... et nous restons dans le deuil de cette lumière, l'âme palpitante de l'avoir entrevue. </span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Avec gratitude ! Merci, merci.</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="text-align: left;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjmPuoG3IQS_vZkvw4PtA7x10o2J5HaH1LgtS8F_SmSlqboHeOHp4tNVej_AFBIXX_38srRyIypsr5YvOtu11TZoubKY8KUZHlY5zkORlmG9L8qpFmznOb1WVF937o-F3oySnmJgaQK2exI59-bxr7luyljv0GmCUz_DUZnulVkMp2v-bdqE4sqa_xq/s407/bobin%20rire.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="407" data-original-width="397" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjmPuoG3IQS_vZkvw4PtA7x10o2J5HaH1LgtS8F_SmSlqboHeOHp4tNVej_AFBIXX_38srRyIypsr5YvOtu11TZoubKY8KUZHlY5zkORlmG9L8qpFmznOb1WVF937o-F3oySnmJgaQK2exI59-bxr7luyljv0GmCUz_DUZnulVkMp2v-bdqE4sqa_xq/s320/bobin%20rire.jpg" width="312" /></a></div><br /><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Si vous suivez mon travail depuis quelques temps, vous savez que je considère le travail avec le rêve comme tenant de la <i>poêsis </i>au sens grec, c'est-à-dire de l'acte créateur. Si vous avez envie de vous mettre quelques mots lus sous la dent, je vous suggère de lire cet article que je publiais voilà presque 5 ans : <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2017/12/poesie-ma-mie.html" target="_blank">poésie ma mie</a>. </span><span style="font-family: georgia;">Mais revenons à notre cher poète disparu...</span></div><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia; text-align: left;">Je lui dois encore une belle découverte. Il s'agit d'une voix, qui porte</span><span style="font-family: georgia; text-align: left;"> </span><span style="font-family: georgia; text-align: left;">des texte impérissables</span><span style="font-family: georgia; text-align: left;"> avec grâce et force. Je vous invite à visiter la chaîne youtube de <a href="https://www.youtube.com/@JulieDratwiak/videos" rel="nofollow" target="_blank">Julie Dratwiak - </a></span><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://www.youtube.com/@JulieDratwiak/videos" rel="nofollow" target="_blank">Le Jardin des Oeuvriers</a></span></span><span style="font-family: georgia; text-align: left;">, où vous trouverez de quoi régaler votre âme.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia; text-align: left;">La première lecture qui a attiré mon attention est "le Christ aux coquelicots" de Mr Bobin :</span></p><p style="text-align: justify;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><iframe allowfullscreen="" class="BLOG_video_class" height="294" src="https://www.youtube.com/embed/orIIPyMAbc0" width="354" youtube-src-id="orIIPyMAbc0"></iframe></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">J'y ai été d'autant plus sensible que j'avais moi aussi commis, quelques mois avant que ne paraisse cette vidéo, une lecture vidéo du même texte, éblouissant : <a href="https://www.youtube.com/watch?v=PmhPT9f-FG8">https://www.youtube.com/watch?v=PmhPT9f-FG8</a>. Je ne peux que me réjouir que ce poème soit ainsi porté par différentes voix à toutes les oreilles qui sauront l'entendre car il dit un message essentiel. Et j'ai trouvé bien d'autres trésors sur cette chaîne. </span><span style="font-family: georgia;">Jugez-en :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Un magnifique hommage encore à Christian Bobin au travers d'extraits de <i>la Plus que Vive</i> :</span></p><p style="text-align: justify;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><iframe allowfullscreen="" class="BLOG_video_class" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/JD6U1sgEvro" width="320" youtube-src-id="JD6U1sgEvro"></iframe></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Un message essentiel d'un grand maître soufi, Hazrat Inayat Khan :</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><iframe allowfullscreen="" class="BLOG_video_class" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/1iYuegQFOuU" width="320" youtube-src-id="1iYuegQFOuU"></iframe></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Des mots inoubliables de Carl Jung, tirés du <i>Livre Rouge</i> :</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><iframe allowfullscreen="" class="BLOG_video_class" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/mxfGrDktJbs" width="320" youtube-src-id="mxfGrDktJbs"></iframe></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Les quarante règles de la religion de l'Amour de Shams de Tabriz :</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><iframe allowfullscreen="" class="BLOG_video_class" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/e9E99uWkJUI" width="320" youtube-src-id="e9E99uWkJUI"></iframe></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Le merveilleux poème d'Ibn Arabi "écoute ô bien-aimé" :</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><iframe allowfullscreen="" class="BLOG_video_class" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/BWmN7D3hJ7o" width="320" youtube-src-id="BWmN7D3hJ7o"></iframe></div><span style="font-family: georgia;"><br /></span><div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Les poèmes mystiques de Mansûr Al-Hallaj :</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><iframe allowfullscreen="" class="BLOG_video_class" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/mdkT5mlhCns" width="320" youtube-src-id="mdkT5mlhCns"></iframe></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Le chant de l'Univers de Kabir :</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><iframe allowfullscreen="" class="BLOG_video_class" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/V8zEPIMya2U" width="320" youtube-src-id="V8zEPIMya2U"></iframe></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Les mots lumineux de Khalil Gibran sur l'Amour :</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><iframe allowfullscreen="" class="BLOG_video_class" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/6wX2h3Hs1ss" width="320" youtube-src-id="6wX2h3Hs1ss"></iframe></div><span style="font-family: georgia;"><br /></span><div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Cette merveilleuse histoire que nous raconte Christiane Singer, nous invitant à ne laisser aucune trace de notre souffrance sur cette Terre :</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;"><br /></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><iframe allowfullscreen="" class="BLOG_video_class" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/OKo1xyAE7SU" width="320" youtube-src-id="OKo1xyAE7SU"></iframe></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Ce n'est là qu'une petite anthologie de textes essentiels auxquels abreuver nos oreilles. C'est une tâche essentielle que de donner ainsi à boire à nos âmes. J'ose espérer donc que ces mots sauront vous accompagner avec un cœur joyeux dans la descente dans l'obscurité, vers l'hiver. La nuit couve les rêves qui fleuriront au printemps. La poésie, le Verbe lumineux, les nourrit. </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Les poètes sont dans la Vie éternelle, n'est-ce pas ? </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je vous souhaite donc une magnifique renaissance de la Lumière.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: right;"><span style="font-family: georgia;">Jean<span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span><span> </span></span></div><p></p>Jean Gagliardihttp://www.blogger.com/profile/08229714193935289206noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-1648819312264509748.post-26384811777117662932022-09-16T11:25:00.010-04:002022-09-27T16:44:43.997-04:00Formation en Ecoute Intérieure des Rêves<p></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia; text-align: justify;">J'ai le plaisir d'annoncer le lancement d'une formation en Ecoute Intérieure des Rêves en 2023. Cette formation axée sur l'expérience et la pratique sera donnée en 6 week-ends en présentiel répartis sur 11 mois, avec entre chaque des sessions de pratique et de synthèse théorique en distanciel.</span></div><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">L'écoute intérieure des rêves est une approche du rêve que j'ai développée au cours des dernières années. Elle va, par l'alliance entre l'imagination créatrice et l'attention aux ressentis émotionnels et corporels, au-delà de l'interprétation classique du rêve. Elle s'appuie en particulier sur la psychologie des profondeurs de Jung et la technique de l'imagination active qu'il a élaborée, mais aussi sur les apports d'autres écoles comme le Focusing, la Gestalt... </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><span>J'ai décrit</span><span> </span><span>en janvier 2020</span><span> l'approche de l'écoute intérieure des rêves dans un article de synthèse de ma recherche que vous trouverez ici : </span><a href="https://voiedureve.blogspot.com/2020/01/ecoute-interieure-du-reve.html" style="text-align: left;" target="_blank">écoute intérieure du rêve</a><span style="text-align: left;">.</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;">Voici aussi une vidéo où je présente en détail l'approche de l'écoute intérieure du rêve, et où ma compagne et moi-même parlons un peu de la formation, répondons à des questions :</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><iframe allowfullscreen="" class="BLOG_video_class" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/Z6fI3fA3Ak4" width="320" youtube-src-id="Z6fI3fA3Ak4"></iframe></span></div><span style="font-family: georgia;"><br /><span style="text-align: left;"><br /></span></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Voici le flyer de présentation publique de la formation :</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="text-align: left;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="text-align: left;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhfHK5A21z9WgkptCEnjBZ8jIOfbzpRbwiYvowCG4ar6w8QM30Qe6JLBiedWvo68Q8mz8XGfrK5SX0UFO9Octp6zZ96S5bSCGuPlNjpLbFSPLV1nd0kJAt6JzeqnP7wtCGoMN22AckZsAtiV8R1uXSR05zT8ErdJGjglBfIZRHByESZUW61rirpqyfh/s2480/FlyerEIR_2Pages_L1485xH2100-recto.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2480" data-original-width="1754" height="726" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhfHK5A21z9WgkptCEnjBZ8jIOfbzpRbwiYvowCG4ar6w8QM30Qe6JLBiedWvo68Q8mz8XGfrK5SX0UFO9Octp6zZ96S5bSCGuPlNjpLbFSPLV1nd0kJAt6JzeqnP7wtCGoMN22AckZsAtiV8R1uXSR05zT8ErdJGjglBfIZRHByESZUW61rirpqyfh/w510-h721/FlyerEIR_2Pages_L1485xH2100-recto.jpg" width="513" /></a></span></div><span style="text-align: left;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjuEo_IqZB47UGFscg7zSTTg1EhTMzjWuYaeJhs8WakzT6wD573z239ILvbrzQp5yfS__jxKyeWDG8zFtMz9Nct10DtfJ2bSBi0M--TbGVbGvaNY0Zcl2aX538U0UQtSPxJQ11AcOCld4PVWrfKE5EhtnMl0be-ENNzsygvXvhBZlJpyM5GLIb_irE_/s2480/FlyerEIR_2Pages_L1485xH2100-verso.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="2480" data-original-width="1754" height="726" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjuEo_IqZB47UGFscg7zSTTg1EhTMzjWuYaeJhs8WakzT6wD573z239ILvbrzQp5yfS__jxKyeWDG8zFtMz9Nct10DtfJ2bSBi0M--TbGVbGvaNY0Zcl2aX538U0UQtSPxJQ11AcOCld4PVWrfKE5EhtnMl0be-ENNzsygvXvhBZlJpyM5GLIb_irE_/s320/FlyerEIR_2Pages_L1485xH2100-verso.jpg" width="513" /></a></div><br /><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><br /></div><span style="font-family: georgia;"><br /></span></span><p></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Vous trouverez les dates des week-ends de formation dans la <a href="https://voiedureve.blogspot.com/p/formation-eir.html">page dédiée à la formation</a>.</span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Pour plus d'information, voyez le document de <a href="https://creezviedereve.com/EIR/FormationEIR2023.pdf" target="_blank">présentation de la formation</a>.</span></p><p style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></p>Jean Gagliardihttp://www.blogger.com/profile/08229714193935289206noreply@blogger.com7tag:blogger.com,1999:blog-1648819312264509748.post-7191507544019459222022-08-27T09:33:00.009-04:002022-08-28T16:37:28.330-04:00Un chat sauvage bleu clair<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial; font-size: x-small;"><b style="color: #2a6099;">Avertissement.</b><span style="color: #2a6099;"> Il y a quelques temps, une personne m’a fait aimablement savoir que la lecture de mes articles est
chronophage : non seulement ils sont souvent (très) longs mais en
outre, ils sont fréquemment truffés de références et de liens
pour qui veut approfondir les sujets abordés. J’ai entendu là une
invitation à écrire des articles plus courts et plus accessibles,
ce à quoi j’ai commencé à m’atteler (voir par exemple <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2022/08/le-pipeau-du-reve.html" target="_blank">mon article précédent</a>). Et puis mes articles sont aussi bien souvent des comptes-rendus de recherche qui
s’adressent à d’autres chercheurs et veulent inviter à la
méditation, et à poursuivre la recherche. Il faut donc en effet être prêt(e)
parfois à perdre son temps quand on ne se contente pas de rester à
la surface. L’article qui suit s’inscrit dans cette ligne...</span></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: arial; font-size: x-small;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: arial; font-size: x-small;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgg4c-pYc9MRPGmaUs7BbDcm3yN6WFF132Zd8Fy9ElQuZF2YvWwnXRLfjbXEvg7Sb1kXTiffxSN_tfuLj5QHyNLA7mX4Srrid-YNagSkPoomEVUyehsXPqoJ7H2eUI7lL_ZnqqfEe8Huc4LPVk16UY5q5mpgQPt09ol_4RzhYguseeaz0i9S66A2n45/s600/chat1.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="521" data-original-width="600" height="322" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgg4c-pYc9MRPGmaUs7BbDcm3yN6WFF132Zd8Fy9ElQuZF2YvWwnXRLfjbXEvg7Sb1kXTiffxSN_tfuLj5QHyNLA7mX4Srrid-YNagSkPoomEVUyehsXPqoJ7H2eUI7lL_ZnqqfEe8Huc4LPVk16UY5q5mpgQPt09ol_4RzhYguseeaz0i9S66A2n45/w371-h322/chat1.jpg" width="371" /></a></span></div><span style="font-family: arial; font-size: x-small;"></span>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: arial; text-align: left;">J’ai entendu récemment un rêve remarquable – je ne devrais pas
dire cela : tous les rêves sont remarquables. Mais celui-ci nous a
entraîné, le rêveur et moi, dans une discussion qu’il m’a
semblé bon de vous partager, avec sa permission. Voici sans autre
introduction le rêve tel que je l’ai reçu, sauf la division en
deux paragraphes qui est mienne :</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: arial;">Un Western. Nous sommes attaqués par des Indiens. Les flèches
commencent à pleuvoir. Nous nous réfugions à l’intérieur dans
une pièce où nous sommes relativement à l’abri. Je vois une
vieille indienne qui est entrée. Son costume est magnifique, il
porte des décorations dorées. Elle bande un arc, je voudrais
l’arrêter mais je me sens paralysé incapable d’agir. Elle vise
une sorte de boite en bois, la flèche fait basculer une trappe d’où
jaillit à toute vitesse un chat sauvage bleu clair. C’est une
boule d’énergie.</span></i></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: arial;">Le chat disparaît sous un meuble, l’indienne me dit : Il va
ressortir et tout détruire. Je dois l’en empêcher, je dois agir.
Je guette son apparition, vif je l’attrape et lui frappe la tête
sur le sol. Il ne bouge plus, je le pose aux pieds de l’indienne.
Elle me sourit, je lis dans son regard : le chat s’est juste
assoupi, il va se réveiller et tout détruire, lui est
indestructible.</span></i></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial;"><span style="font-style: normal;">Quand j’ai lu une première fois
ce rêve, que le rêveur m’avait envoyé en me disant qu’il
l’avait perturbé</span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">,
je l’ai envisagé tout d’abord sur un plan personnel : il me
semblait annoncer vraisemblablement une grande transformation,
inéluctable quoi qu’il fasse, dans la vie du rêveur. Mais
d’emblée, quand nous en avons parlé, ce dernier m’a dit y voir
une dimension collective. C’est de celle-ci dont je vais vous
parler. </span></span></span></span>
</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: arial;"><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">Il
se trouve que j’entends en effet beaucoup de rêves ces derniers
temps qui reflètent une profonde inquiétude devant ce qui est en train
de se passer dans le monde, et surtout devant ce qui nous attend.
Moi-même avait reçu dans les jours précédents un rêve tout à
fait significatif dans ce sens, qui a résonné fortement avec le
travail dans lequel j’ai accompagné ce rêveur – je vous en
parlerai. Le soir même, j’entendais encore un autre rêve qui se
faisait l’écho de cette tension dans l’inconscient collectif.
J’ai tourné tout cela en tous sens, et j’ai vu que cela me
faisait obligation de vous parler de ces rêves… car ils proposent
une réponse à cette inquiétude, et si ce n’est un remède à
celle-ci, une solution à notre "problème" collectif, du
moins une attitude intérieure pour y faire face…</span></span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial;"><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">Quand
je dis que ce rêve a une dimension collective que je vais faire
ressortir au travers de l’interprétation que j’en propose ici,
je ne veux pas effacer la dimension personnelle qu’il a aussi.
Celle-ci appartient au rêveur qui l’a bien comprise. Je ne dis pas
que c’est un rêve prophétique qui devrait être proclamé sur la
place publique ou devant le Sénat, comme cela se pratiquait à Rome
quand un rêve apparaissait clairement comme un message des dieux. Je
n’entrerai pas dans ces discussions à couper les cheveux
intellectuels en quatre que nous avons déjà eu ailleurs pour
distinguer si le rêve est plus personnel que collectif, où se trace
la frontière entre ces deux dimensions, et si sa profondeur
collective ne serait pas finalement projetée par le rêveur et
moi-même. En effet, il faut admettre humblement, comme nous y
invitait Von Franz, que toute interprétation d’un rêve est de
toute façon projection, et il faut poser que la frontière entre le
personnel et le collectif dans les rêves, et dans la psyché, n’est
pas tracée au cordeau : les deux s’entre-mêlent car nous ne
sommes pas séparés, isolés dans notre vie personnelle, du
collectif. </span></span></span></span>
</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial;"><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">C’est
un point de méthode très important dans le travail d’un rêve,
qu’a souligné en particulier James Hillman </span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">et
dont je parle ailleurs<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc"><sup>1</sup></a></span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">
: il nous faut toujours partir des préoccupations conscientes du
rêveur pour regarder comment elles se symbolisent dans le rêve, et
ce que ce dernier répond à ces préoccupations. Sinon, notre
interprétation risque fort d’être hors-sol. En ce qui concerne
notre rêve, j’ai été interpellé par l’affirmation du rêveur
comme quoi son rêve avait une dimension collective qu’il voulait
examiner. Je ne voyais pas bien de quoi il était question au prime
abord, mais il m’a expliqué qu’il était très inquiet devant ce
qui se passe dans le monde ces temps-ci, et qu’il cherchait comment
y répondre. Plus précisément, il était touché par la difficulté
dans laquelle se trouvent les jeunes d’imaginer un avenir viable,
et il se demandait ce qu’il pouvait leur communiquer pour les aider
dans ce défi, comment il pouvait s’impliquer dans ce monde. Il
faut préciser – cela aura son importance pour la compréhension du
rêve – que le rêveur est un homme dans la seconde moitié de la vie, plutôt
introverti et qui accorde une grande importance à la vie spirituelle.
Sa sensibilité ressortait aussi dans son trouble d’avoir cogné un
animal dans le rêve, dont il m’a parlé d’emblée...</span></span></span></span></span></p><p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: arial;"><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"></span></span></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: arial;"><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgEB7smSIL7Tbuar52_CRhbsbEp3xTntWxmyvs_34t0hnQMK2iwSpszihSZNAScZJL4BsUOdXZrV_-Tdzi7PFDysdyciRd8yMjwXA0TDkvkCLXjyCcUoNNP05Dl4q1TNK8o4lbeE3bFPhNp8S_gWfiDyJW_rEug-1hmBUeZ7HIw1XiJWpZPc05X5LsB/s657/chat2.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="657" data-original-width="500" height="448" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgEB7smSIL7Tbuar52_CRhbsbEp3xTntWxmyvs_34t0hnQMK2iwSpszihSZNAScZJL4BsUOdXZrV_-Tdzi7PFDysdyciRd8yMjwXA0TDkvkCLXjyCcUoNNP05Dl4q1TNK8o4lbeE3bFPhNp8S_gWfiDyJW_rEug-1hmBUeZ7HIw1XiJWpZPc05X5LsB/w342-h448/chat2.jpg" width="342" /></a></span></span></span></span></div>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: arial;"><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">Après
l’avoir interrogé sur comment il recevait ce rêve, je lui ai
proposé que nous le parcourions pas à pas pour en déceler la
grammaire émotionnelle. Il s’agit là simplement de se mettre à
l’écoute des émotions et des mouvements intérieurs suscités par
chacune des images du rêve, et d’observer cette dynamique, comment
ils évoluent au cours du déroulé du rêve. Dans cette approche,
nous prêtons attention aux associations suscitées par les
différents symboles qui tissent le rêve, comme dans la méthode
jungienne d’interprétation des rêves, mais avec un accent mis sur
les ressentis émotionnels et corporels qui leur sont associés. Ce
n’est pas encore ce que j’appelle « <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2020/01/ecoute-interieure-du-reve.html" target="_blank">l’écoute intérieure du rêve</a> », qui demande en outre d’entrer en relation par
l’imagination active avec les images du rêve, mais cela en est une
préliminaire. Cette méthode est fondée sur l’idée avérée par
les recherches récentes en neurophysiologie qui veut que le rêve
est un tissu d’émotions enrobées par des images qui leur donnent
une forme mentale.</span></span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: arial;"><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">Refaisons
ensemble le chemin pas à pas. Je vous invite à remarquer comment
les images de rêve sont toujours racontées au présent, de façon à
susciter les émotions associées en favorisant le revécu du rêve
par l’imagination :</span></span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: arial;"><span lang="fr-FR"><i>Un
Western. Nous sommes attaqués par des Indiens. Les flèches
commencent à pleuvoir.</i></span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial;"><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">J’ai
donc interrogé le rêveur : « alors voilà, vous êtes
attaqués par des indiens. Que ressens-tu devant cette image ? Et
d’abord, qui "nous" ? » Il m’a répondu que ce
nous était indéfini, il savait simplement qu’il n’était pas
seul… et bien sûr, cette attaque était </span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">surtout
</span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">associé</span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">e</span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">
à une sensation de danger. Il cherchait un abri. </span></span></span></span>
</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: arial;"><span lang="fr-FR"><i>Nous
nous réfugions à l’intérieur dans une pièce où nous sommes
relativement à l’abri.</i></span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: arial;"><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">Et
voilà donc qu’il trouve cet abri dans une pièce où le rêveur et
ses compagnons se réfugient – que se passe-t-il intérieurement à
ce moment-là ? Il m’a répondu qu’il ressentait que cet abri
était provisoire, temporaire – il pouvait prendre un peu de recul
là, mais le problème posé par les indiens restait entier...</span></span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: arial;"><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">J’ai
alors attiré son attention sur la façon dont son récit du rêve
était formulé : il trouvait refuge « à l’intérieur ».
C’est ce qu’on appelle « travailler avec le matériau
objectif du rêve » : la façon dont les choses sont dites a
beaucoup d’importance et dévoile souvent des sens cachés, un peu
comme des lapsus inconscients. Il ne s’agit pas seulement de prêter
attention aux jeux de mots, ce qu’on appelle « la langue des
oiseaux » – par exemple quand il est question de recueillir
l’eau qui tombe du ciel dans un saint bol – mais de prêter
attention à la structure du langage du rêve. Il y aurait moyen de
fonder une véritable sémiotique du rêve sur cette approche – je
vous en parlerai dans un autre article. Mais donc, voilà que
notre rêve opère un déplacement « à l’intérieur »
qui offre un abri tout provisoire. Le rêveur a reconnu là sa
tendance à l’introversion qui n’amène pas de véritable
solution aux questions qu’il se pose : il y trouve un répit mais
c’est aussi le lieu d’une tension que nous allons voir se
déployer tout au long du rêve.</span></span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial;"><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><i>Je
vois une vieille indienne qui est entrée. Son costume est
magnifique, il porte des décorations dorées. </i></span></span></span>
</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: arial;"><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">C’est
alors qu’apparaît, dans ce refuge même, une vieille indienne dans
un costume magnifique, porteur de décorations dorées. Au rappel de
cette image, le rêveur s’est exclamé : « c’est la Sophia
! », et m’a parlé d’une présence hiératique,
c’est-à-dire directement évocatrice du sacré. Nous sommes
convenus que son costume était à l’évidence un habit de
cérémonie, où les décorations dorées évoquent l’or, la
lumière matérialisée de la conscience. J’aurais pu alors faire
ressortir qu’il s’agissait d’une figuration de l’Anima, le
féminin de l’homme, à son stade d’évolution le plus avancé –
la Sophia, c’est-à-dire la sagesse… – mais ces lieux communs
jungiens n’auraient rien apporté : c’est bien beau de gloser sur
l’Anima, mais on risque de se perdre dans une théorisation du
rêve. Il était plus important pour mon rêveur de prêter attention
au fait que cette image lui communiquait une sensation de stabilité
: c’était un pilier, m’a-t-il dit, absolument tranquille, calme,
stable. Au cœur même de son introversion, il y avait donc une
présence sacrée accessible par la sensibilité (l’Anima) qui lui
offrait stabilité et tranquillité, un pilier – on peut relever la
verticalité associée avec cette image.</span></span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: arial;"><span lang="fr-FR"><i>Elle
bande un arc, je voudrais l’arrêter mais je me sens paralysé
incapable d’agir.</i></span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: arial;"><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">La
tension au cœur du rêve commence à prendre forme, d’une part
dans le fait que la femme tend un arc, et d’autre part dans la
paralysie du rêveur qui voudrait intervenir, mais est incapable
d’agir. Il a tout de suite fait le lien avec ce qui le préoccupait,
où il retrouvait cette tension entre un désir d’intervenir,
d’agir, et une sensation de paralysie.</span></span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: arial;"><span lang="fr-FR"><i>Elle
vise une sorte de boite en bois, la flèche fait basculer une trappe
d’où jaillit à toute vitesse un chat sauvage bleu clair. C’est
une boule d’énergie.</i></span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial;"><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">Il
se produit là un mouvement décisif. Quelque chose surgit de
l’inconscient. A noter que la flèche symbolise quelque chose qui
pointe, à la différence d’une épée qui tranche – il y a donc
un point très précis qui déclenche le surgissement de ce chat
sauvage bleu clair. Le rêveur s’est dit profondément surpris,
saisi par cette apparition. C’est de l’énergie pure, m’a-t-il
dit, qui prend la forme d’un chat – </span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">il
a évoqué un arc électrique. </span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">N</span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">ous
avons ri du fait qu</span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">e
ce chat</span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">
semblait venir tout droit d’un roman de Lewis Caroll, l’auteur
d’</span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><i>Alice
au pays des merveilles</i></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">.
C’était une façon de détendre l’atmosphère alors que la
tension du rêve commençait à approcher de son apex…</span></span></span></span></span></p><p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: arial;"><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"></span></span></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: arial;"><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGf6JCzBJUwE-2VSZnbdjQ6cWnUA_T0mOuGIQOXSEdhJi3DExWJdo-yj7LXx3oHN4MR1yGelM3glXgnOCNNG4Zm00s0t4cTMObyw1NETfqmdLNfB1fLQUsZMsyPekayrIQsbBM4dUDBNRVlsWsy4-TP7-ueyIl74L8fXHM5w2EAyK7NMBjuQ_WRhVn/s853/chat4.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="853" data-original-width="640" height="437" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhGf6JCzBJUwE-2VSZnbdjQ6cWnUA_T0mOuGIQOXSEdhJi3DExWJdo-yj7LXx3oHN4MR1yGelM3glXgnOCNNG4Zm00s0t4cTMObyw1NETfqmdLNfB1fLQUsZMsyPekayrIQsbBM4dUDBNRVlsWsy4-TP7-ueyIl74L8fXHM5w2EAyK7NMBjuQ_WRhVn/w328-h437/chat4.jpg" width="328" /></a></span></span></span></span></div>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial;"><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><i>Le
chat disparaît sous un meuble, l’indienne me dit : Il va ressortir
et tout détruire. </i></span></span></span>
</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial;"><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">A
peine est-il apparu que le voilà disparu, ce sacré chat. Il a
quelque chose de fugitif, d’insaisissable. Voilà donc quelque
chose qui effleure à peine la conscience pour retourner dans
l’inconscient aussi vite. Mais la haute figure hiératique prévient
: il va apparaître de nouveau et tout détruire. Tout ? Nous avons
commencé là à toucher au cœur de l’inquiétude qui travaille le
rêveur : est-ce que l’humanité va disparaître ? Le monde tel que
nous l’avons connu va à l’évidence être détruit, s’effondrer
sous les coups conjugués de la nature et de la folie des hommes. On
retrouve ici les accents de Pippin faisant part de son désarroi à
Gandalf tandis que Minas Tirrith est envahi par les Orcs de Sauron
(<a href="https://www.youtube.com/watch?v=Fscp6j-WeTo" rel="nofollow" target="_blank">référence geek</a> pour les amateurs du Seigneur des Anneaux) : « je
ne croyais pas que ça finirait de cette manière... ». Nous verrons
plus loin ce que la sagesse du rêve, son Gandalf, répondra à cela.
En écho à cette image du rêve, le rêveur a parlé de son désarroi
devant l’archétype de mort qui se constelle dans notre ciel
collectif. </span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">Nous
avons exploré la tension dans ses différents aspects :</span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">
tension entre l’intérieur et l’extérieur, tension entre l</span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">a
tendance à l</span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">’introversion
solitaire et le besoin d’agir dans le monde, tension entre le
souhait que le système insensé dans lequel nous vivons s’effondre
et l’effroi devant les conséquences que cela pourrait avoir pour
des millions de gens...</span></span></span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial;"><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">Bien
sûr, on peut penser qu</span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">e
le rêveur</span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">
</span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">est
travaillé par la perspective de</span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">
sa propre mort, </span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">et
</span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">que
quelque chose d’intensément sauvage pourrait surgir dans sa
psyché, provoquer un effondrement, une destruction totale. Il
pourrait y avoir là </span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">aussi
</span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">les
prémisses d’un éveil, d’une ouverture radicale de conscience,
mais cela est vrai tant sur le plan personnel que collectif – ces
deux niveaux étant encore une fois indissociables dans le rêve.</span></span></span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: arial;"><span lang="fr-FR"><i>Je
dois l’en empêcher, je dois agir. Je guette son apparition, vif je
l’attrape et lui frappe la tête sur le sol.</i></span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: arial;"><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">La
tension du rêve est à son comble, elle explose dans l’action.
Cette fois, la paralysie est dépassée. Le rêveur parvient à se
saisir du chat, lui cogne la tête sur le sol. En écho à cette
image, le rêveur a dit ressentir un soulagement. Le trouble d’avoir
frappé un animal a disparu. J’ai fait remarquer que le rêve
suggère là une attitude d’intense vigilance à l’égard de ce
qui peut surgir de l’inconscient, et qu’il s’agit de lui cogner
la tête sur le sol – c’est le mental, ici, qui est neutralisé.
Et puis j’ai souligné l’ambiguïté qui ressort dans la
formulation du rêve : « vif je l’attrape » : il n’est
pas clair si c’est le rêveur ou le chat qui est « vif »
là. Le matériau objectif du rêve laisse entendre que le rêveur
est pleinement vivant dans cette confrontation avec ce qui le
préoccupe, qui réclame toute sa vivacité…</span></span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial;"><span style="color: black;"> <span><span lang="fr-FR"><i>Il
ne bouge plus, je le pose aux pieds de l’indienne. </i></span></span></span>
</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial;"><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">Nous
parvenons au point de retournement du rêve : la tension a été
déchargée dans l’action, le chat est immobile. On peut voir là,
dans cette immobilité, comme un pivot autour duquel tourne le rêve.
C’est un peu, en regard de ce qu’annonce la suite du rêve, le
moment suspendu de calme avant la tempête, la « zone neutre »
de la transition, quand il semble que rien ne se passe. Le chat est à
nouveau inconscient, mais cette fois, il semble maîtrisé par la
conscience. Dans les associations du rêveur à cette image, c’est
la notion d’offrande qui ressort là, avec à nouveau la révérence
devant la figure hiératique, la relation consciente au sacré. Il a
remarqué : « c’est vrai, j’aurais pu le balancer, ce
chat... » mais non, il est déposé en offrande aux pieds de la
Sophia. </span></span></span></span>
</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: arial;"><span lang="fr-FR"><i>Elle
me sourit, je lis dans son regard : le chat s’est juste assoupi, il
va se réveiller et tout détruire, lui est indestructible.</i></span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial;"><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">Après
l’immobilité, voici le silence : tout se passe dans un regard et
un sourire empreint, encore une fois, de tranquillité. Il apparaît
que la destruction amenée par le chat est tout simplement
inéluctable, et que le rêveur est complètement impuissant à
l’empêcher. Mais ce n’est plus l’objet d’une tension
interne, d’une angoisse : il a fait ce qu’il avait à faire, et
surtout, il est en relation maintenant avec la dimension sacrée du
moment, qui lui communique calme et stabilité intérieure. C’est
la sensation finale qui se dégage du rêve : ce qui importe devant
ce qui semble bien être la destruction inéluctable de notre monde –
et en tous cas, l’angoisse que suscite la perspective d’un tel
effondrement de notre civilisation techno-industrielle – c’est la
connexion avec le sacré, la conscience du </span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><i>numen</i></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">
(la présence hiératique) et une attitude de révérence devant
« plus grand que nous ».</span></span></span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="color: black;"><span style="font-family: arial;"><span lang="fr-FR"></span></span></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiNJCU3glvekSoL98Lqj34nJgOITAUv6NKafZ3gKOWTC1pqG8eadk3_ECKTKvQReSjq3tEmvZpUndKKiHk618xvYj4b3oy45Tb8qoKQHTYtQHcwdrUEfsNaokGjWUubtbS2wJi-ZEbbaaBvEeStbXJg_lUmlFHRq-9bB-bc7zDaVCWw8mI1KaONIwba/s300/bastet03.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="240" data-original-width="300" height="303" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiNJCU3glvekSoL98Lqj34nJgOITAUv6NKafZ3gKOWTC1pqG8eadk3_ECKTKvQReSjq3tEmvZpUndKKiHk618xvYj4b3oy45Tb8qoKQHTYtQHcwdrUEfsNaokGjWUubtbS2wJi-ZEbbaaBvEeStbXJg_lUmlFHRq-9bB-bc7zDaVCWw8mI1KaONIwba/w379-h303/bastet03.jpg" width="379" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: x-small;">La déesse Bastet (Egypte)</span></td></tr></tbody></table><span style="color: black;"><span style="font-family: arial;"><span lang="fr-FR"><span style="text-align: left;"></span></span></span></span><p></p>
<p><span style="color: black;"><span style="font-family: arial;"><span lang="fr-FR">Le
rêve nous invite à faire offrande de l’expression de nos
angoisses.</span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial;"><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">C’était
le contact avec le </span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><i>numen</i></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">
qui, pour Jung, était le facteur décisif de guérison. Ce mot latin
signifiait littéralement « signe de tête », et il
évoquait en particulier le sourire qu’adressait un dieu ou une
déesse à l’individu auquel l’être divin voulait manifester sa
présence. On a des récits antiques faisant mention de statues qui
ont ainsi hoché la tête en souriant. C’est une des fonctions des
rêves (entre autres) de, parfois et souvent en réponse à des
questions insolubles tenant de la destinée, mettre en contact avec
cette dimension numineuse de l’existence qu’on pourra appeler
comme on voudra : le Soi, Dieu, le ou la Bien-Aimé(e) de l’Âme,
etc. C’est dans ce contact que l’on trouve le Sens vivant qui
vient répondre à nos lancinantes questions existentielles, non par
une explication de quelque ordre que ce soit mais par la connexion
vivante avec une Présence.</span></span></span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: arial;"><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">En
conclusion de notre discussion, j’ai amené quelques éléments
d’amplification symbolique au rêveur en lui signalant que les
amérindiens sont un des visages de l’Ombre collective des
occidentaux. Ils renvoient dans notre imaginaire aux « bons
sauvages » qui vivaient sans technologie, proches de la nature
et dans une spiritualité native, qui s’exprimait en particulier
dans l’importance qu’ils donnaient au cercle dans leurs activités
– le cercle symbolise une relation féminine, inclusive, à
l’environnement. Jung disait que les amérindiens font partie
intégrante de l’Ombre de tous les nord-américains car ils ont été
exterminés pour que la civilisation américaine se développe. Cela
est vrai aussi pour les européens comme mon rêveur : au Québec, on
sourit volontiers de l’image d’Épinal des amérindiens qu’ont
les immigrants français dans leurs bagages. Ils sont volontiers
idéalisés…</span></span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: arial;"><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">D’ailleurs,
le récit du rêve s’ouvre en mentionnant qu’il s’agit d’un
Western, c’est-à-dire de la projection d’un film parlant de la
conquête de l’Ouest. Il y a là une invitation à examiner les
projections du rêveur, mais aussi un clin d’œil appuyé quand on
sait que, dans la Roue de Médecine amérindienne, l’Ouest est la
direction de l’introspection et dans laquelle on fait face au
déclin, on se prépare à la mort. Je lui ai donc proposé de voir
son rêve comme parlant d’une irruption de l’Ombre sur le chemin de
l’Ouest.</span></span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial;"><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">Une
autre amplification nous a donné matière à discussion : le chat
est souvent symbole de sensualité et d’indépendance. Nous avons
tiré des liens avec la vie personnelle du rêveur, en particulier en
ce qui concerne sa créativité. Mais soudain, il s’est exclamé
que ce chat symbolisait à l’évidence pour lui la vie sauvage qui
se vengera de façon inéluctable de notre civilisation, tandis que
l’indienne en représente l’aspect féminin bienveillant,
empreint de sensibilité et de tranquillité. J’ai pour ma part
fait le lien avec l’intuition que j’ai exprimée dans mon article
intitulé « <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2017/01/celle-qui-vient.html" target="_blank">Celle qui vient</a> »</span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">,
où je parle de l’approche dans notre ciel d’une figure
archétypique en lien avec la Nature. Ici, sous la forme de cette
vieille indienne, elle pourrait représenter une sagesse millénaire
qui nous regarde en souriant tandis que nous nous agitons, en proie à
un affolement croissant…</span></span></span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: arial;"><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"></span></span></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: arial;"><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOPFy6QD0iUVpe478Qf4slJGjm_cMcg3v-bTrsgdNgYbp9mHNd4Iq6-4qQwQXKNAIg2GLRjOpr0n2_4h_MP2-UmFFT3E4B5RSxlERS5m4OkELQNbp3QHUO2MtiTd8dEu6UKFZFu4iWkGTO-vpHVM2KaXHI5-tF_9oiuJzjnNCzGTIQXQujMGuHYGbZ/s400/vieille%20indienne2.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="400" data-original-width="279" height="425" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiOPFy6QD0iUVpe478Qf4slJGjm_cMcg3v-bTrsgdNgYbp9mHNd4Iq6-4qQwQXKNAIg2GLRjOpr0n2_4h_MP2-UmFFT3E4B5RSxlERS5m4OkELQNbp3QHUO2MtiTd8dEu6UKFZFu4iWkGTO-vpHVM2KaXHI5-tF_9oiuJzjnNCzGTIQXQujMGuHYGbZ/w296-h425/vieille%20indienne2.jpg" width="296" /></a></span></span></span></span></div>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial;"><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">Comme
je vous le disais plus haut, i</span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">l
se trouve que j’avais reçu, dans les jours qui ont précédé
cette rencontre, un rêve qui parlait aussi à l’évidence de mon
inquiétude devant l’évolution du monde. Je l’ai mentionné au
rêveur dès le début de notre discussion, quand nous avons commencé
à considérer la dimension collective de son rêve, et je le lui ai
raconté. En effet, il me paraît important en tant qu’analyste de
toujours exposer quels pourraient être mes biais subjectifs dans
l’écoute du rêve d’autrui – le rêveur doit savoir à partir
de quels éléments de mon propre vécu je suis amené à proposer
une interprétation. Celle-ci est bien sûr relativisée par cette
subjectivité assumée : au lieu de prétendre à une quelconque
autorité en s’appuyant sur le cache-sexe d’une prétendue
objectivité, j’invite le rêveur à faire son chemin avec
l’interprétation pour voir ce qui fait sens pour lui, comment elle
nourrit (ou pas) son propre mouvement intérieur. C’est ce dialogue
de subjectivités qui est fécond dans l’écoute du rêve. Et puis
je crois fondamentalement à la vertu de la réciprocité dans la
relation : le rêveur me livre quelque chose de son intimité en me
parlant de son rêve, et c’est la moindre des choses que de ne pas
hésiter à en faire autant. </span></span></span></span>
</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: arial;"><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">Voici
donc mon rêve :</span></span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: arial;"><span lang="fr-FR"><i>Je
suis avec d’autres personnes (à nouveau, un « nous »
indéfini) dans un complexe de recherche, un bâtiment circulaire de
très haute technologie où des couloirs en hauteur, donnant sur des
bureaux, entourent une grande masse d’eau, un lac artificiel. Je
parle avec un homme qui cherche à alerter tout le monde de
l’inéluctabilité d’une catastrophe : une vague énorme va tôt
ou tard s’abattre sur le complexe et tout détruire, tout emporter.
Mais il n’est pas cru. Au contraire, il est moqué, ridiculisé.
Pour ma part, je le crois et sur son invitation, nous le suivons dans
son bureau. Pour y parvenir, il faut traverser plusieurs pièces
encombrées de choses en désordre, et je me dis qu’en effet, il
est bien mis à l’écart par ses confrères. Dans la grande pièce
où il nous conduit, il y a un hublot par lequel on peut voir la mer.
Une petite fille (à moins que ce soit moi-même : la petite fille et
moi semblons être confondus un instant) s’exclame en voyant une
grosse vague de plusieurs mètres se former que c’est en train
d’arriver. Mais l’homme la rassure en disant que non, ce n’est
pas encore ça, car la vague qui viendra sera immense, comme un
gigantesque mur d’eau qui ira jusqu’au ciel. Et puis, un peu plus
tard dans le rêve, cela arrive – l’eau envahit tout, nous sommes
emportés. Mais parce que nous savions que cela allait arriver, parce
que nous avions foi dans ce que disait l’homme, nous avions une
chance de nous en sortir. C’est-à-dire, de sauver les enfants…</i></span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial;"><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">Il
y a de nombreuses parallèles avec le rêve que je vous ai exposé,
et vous comprendrez sans doute que j’ai été saisi quand j’ai
pris conscience de la dimension collective de ce dernier. J’ai été
frappé en particulier par la nature à nouveau inéluctable de la
destruction, et par le contraste entre la vieille indienne et la
petite fille. A nouveau, je ne prétends pas que ce rêve soit
prophétique et j’en vois bien les dimensions personnelles, que je
n’exposerai ni ne discuterai pas ici. J’attire l’attention des
personnes intéressées sur le fait qu’il s’agit là d’un rêve
qui est en continuité avec un autre rêve que j’ai reçu il y a
quelques années, où déjà une immense vague emportait tout, et
dont j’ai parlé dans un article intitulé «</span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><i> <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2015/05/la-jeunesse-du-monde.html" target="_blank">la jeunesse du monde</a></i></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;"> »</span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;"> ainsi que dans une vidéo intitulée « </span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><i><a href="https://youtu.be/igUDnYOpcOs" rel="nofollow" target="_blank">demain la paix</a> </i></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">»</span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">.
Ce rêve disait au fond qu’au-delà de la crise que nous
traversons, nous reviendrons à des eaux tranquilles et des
lendemains souriant à partir desquels nous pourrons regarder vers
l’avenir de façon sereine. Il insistait sur la nécessité de
rester en relation les uns avec les autres au travers des
tribulations qu’entraîne la crise.</span></span></span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: arial;"><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"></span></span></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: arial;"><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTu3xLbKu3R6yigZ81Q-nhnSQ3EO_pMdTsDSzlaIloxDS4Jyy_0e_voK9ybIUPh4_GSq7CbeFw9ecMH-a4t2IUWWChIMQhYa6uroQKu8ICtho9EqvPDwYfAeGMQIdH6nRVdgG8TOMzETRmP1Ocn3xpQW0zrbKsraYxYJkIMCXrkliO5OX6J-pC831Q/s800/tsunami.jpeg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="800" height="259" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjTu3xLbKu3R6yigZ81Q-nhnSQ3EO_pMdTsDSzlaIloxDS4Jyy_0e_voK9ybIUPh4_GSq7CbeFw9ecMH-a4t2IUWWChIMQhYa6uroQKu8ICtho9EqvPDwYfAeGMQIdH6nRVdgG8TOMzETRmP1Ocn3xpQW0zrbKsraYxYJkIMCXrkliO5OX6J-pC831Q/w415-h259/tsunami.jpeg" width="415" /></a></span></span></span></span></div>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial;"><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">Ces
deux rêves – celui dont j’ai parlé au début de cet article, et
le rêve que j’ai moi-même reçu – me paraissent exemplaires
d’un grand mouvement de fond dans la psyché collective ces
temps-ci. En deux mots comme en cent : l’inquiétude grandit. Entre
les dérèglements climatiques dont les effets se sont fait de plus
en plus sentir avec la sécheresse cet été, la guerre qui se
prolonge en Ukraine avec le risque d’un dérapage nucléaire,
l’épuisement annoncé d’un certain nombre de matières
premières, les nuages s’accumulent sur l’horizon. On pourrait
dire que nous sommes collectivement frappés de solastalgie – on
désigne par ce mot une forme de détresse psychique et existentielle
devant l’énormité du « problème » écologique auquel
nous faisons face, qui entraîne une paralysie momentanée. J’ai
raconté dans un article comment j’ai vécu un choc de cet ordre
lors de l’été 2018 quand, au cours de vacances en Grèce, j’ai
pris conscience de la disparition de tous les insectes dans mon
environnement. On a l’impression de rencontrer un mur psychique, ce
qui s’accompagne nécessairement d’un</span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">e
certaine sidération, d’un effarement...</span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">
</span></span></span></span>
</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: arial;"><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"></span></span></span></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgij6OUYPU-mDCtv35ejEse9jjbUC0D-fuzJ3cN9QDYpXRs3rRmeUSnFdCSf9RvP-bukLtmvbCZKLi5hu6ojxfLaUSTkPswikRI70R8aVcGaKpzAn7KJX8XzvxglCItWUgi07sYmroJvBSmUAJuggJDEICYFkNKNRT-CmWgDAinZSmDjiRcoU7mZfXx/s728/Ecart%20%C3%A0%20la%20moyenne%20des%20temp%C3%A9ratures%20pour%20le%20mois%20de%20juillet%20en%202022%20relativement%20%C3%A0%20la%20p%C3%A9riode%201951-1980.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="526" data-original-width="728" height="297" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgij6OUYPU-mDCtv35ejEse9jjbUC0D-fuzJ3cN9QDYpXRs3rRmeUSnFdCSf9RvP-bukLtmvbCZKLi5hu6ojxfLaUSTkPswikRI70R8aVcGaKpzAn7KJX8XzvxglCItWUgi07sYmroJvBSmUAJuggJDEICYFkNKNRT-CmWgDAinZSmDjiRcoU7mZfXx/w411-h297/Ecart%20%C3%A0%20la%20moyenne%20des%20temp%C3%A9ratures%20pour%20le%20mois%20de%20juillet%20en%202022%20relativement%20%C3%A0%20la%20p%C3%A9riode%201951-1980.jpg" width="411" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: x-small;">Ecart à la moyenne des températures pour le mois de juillet en 2022 relativement à la période 1951-1980</span></td></tr></tbody></table><p></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: arial;"><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="color: black; text-align: left;"><span><span lang="fr-FR"><span>La
solastalgie est en train de devenir le mal de notre siècle, et
paradoxalement, constitue un signe de bonne santé psychique car elle
indique que l’on est en contact avec la réalité. Le déni est
beaucoup plus inquiétant. </span></span></span></span><span style="color: black; text-align: left;"><span><span lang="fr-FR"><span>L’un
et l’autre</span></span></span></span><span style="color: black; text-align: left;"><span><span lang="fr-FR"><span>
v</span></span></span></span><span style="color: black; text-align: left;"><span><span lang="fr-FR"><span>ont</span></span></span></span><span style="color: black; text-align: left;"><span><span lang="fr-FR"><span>
avec le fait que notre système nerveux a du mal à appréhender un
défi aussi immense auquel il n’y a aucune solution immédiate et
facile, ce qui conduit certains d’entre nous à encore chercher
inconsciemment à ignorer le problème, en continuant par exemple à
voler gaiement vers des vacances insouciantes, éventuellement en jet
privé, sur le mode « après moi le déluge ». D’autres
s’activent, et c’est tant mieux car il n’y a que l’implication
active qui puisse soulager la solastalgie,
mais c’est </span></span></span></span><span style="color: black; text-align: left;"><span><span lang="fr-FR"><span>généralement
</span></span></span></span><span style="color: black; text-align: left;"><span><span lang="fr-FR"><span>sans
illusion : personne ne croit sérieusement que l’on va vraiment
changer la trajectoire de notre petite planète en limitant le nombre
et la durée de nos douches et en recyclant nos déchets. </span></span></span></span><span style="color: black; text-align: left;"><span><span lang="fr-FR"><span>Il
faudrait changer tout notre mode de vie, de production et de
transport. Maintenant.</span></span></span></span><span style="color: black; text-align: left;"><span><span lang="fr-FR"><span>
Pour ma part, je suis particulièrement préoccupé par le désespoir
de notre jeunesse, qui se traduit entre autre par une montée
inquiétante des tentatives de suicide chez les jeunes, et je cherche
les voies qui permettront à nos descendants d’inventer un avenir
heureux que nous ne sommes pas capables d’imaginer.</span></span></span></span></span></span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: arial;"><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">Je
souscris entièrement aux mots d’Ariane Mouchkine :</span></span></span></span></p><p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="color: black;"><span style="font-family: arial;"><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;"><br /></span></span></span></span></p>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhoYPXf6pwkeqOkecp08SvlSRZXDGADIifeKeKKrCOZoGwNwhoT89A0C4rp5h3MNYV7ZitAMYjtwqRus-gWW460qXwr0AFoTn9n0GI3kUjScwHZADQCKzq5qoJsklDzMxjveBT7ZkYGCgbOYo39LGTsw2I9Jtkxd1U0jcSY_Rww_Zfaj7sCRJyMBg-s/s617/citation-ariane-mnouchkine%20g%C3%A9n%C3%A8se.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="617" data-original-width="456" height="478" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhoYPXf6pwkeqOkecp08SvlSRZXDGADIifeKeKKrCOZoGwNwhoT89A0C4rp5h3MNYV7ZitAMYjtwqRus-gWW460qXwr0AFoTn9n0GI3kUjScwHZADQCKzq5qoJsklDzMxjveBT7ZkYGCgbOYo39LGTsw2I9Jtkxd1U0jcSY_Rww_Zfaj7sCRJyMBg-s/w353-h478/citation-ariane-mnouchkine%20g%C3%A9n%C3%A8se.png" width="353" /></a></div><p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="color: black; font-family: arial; text-align: left;"><span><span lang="fr-FR"><span>J</span></span></span></span><span style="color: black; font-family: arial; text-align: left;"><span><span lang="fr-FR"><span>e
vous disais </span></span></span></span><span style="color: black; font-family: arial; text-align: left;"><span><span lang="fr-FR"><span>en
introduction de cet article</span></span></span></span><span style="color: black; font-family: arial; text-align: left;"><span><span lang="fr-FR"><span>
que j</span></span></span></span><span style="color: black; font-family: arial; text-align: left;"><span><span lang="fr-FR"><span>’entends
beaucoup de rêves ces derniers temps qui se font l’écho de cette
inquiétude </span></span></span></span><span style="color: black; font-family: arial; text-align: left;"><span><span lang="fr-FR"><span>généralisée</span></span></span></span><span style="color: black; font-family: arial; text-align: left;"><span><span lang="fr-FR"><span>
– ceux que j’ai cités ici sont ceux qui m’ont semblé les plus
significatifs pour soutenir mon propos mais les images de désordre collectif abondent. Je
n’insisterai pas sur le caractère souvent inéluctable pour ces
rêves de la catastrophe – on peut penser que la prospective
onirique prolonge simplement là ce que nous sommes de plus en plus
nombreux à penser : on ne pourra pas continuer longtemps comme ça...
on s’en va droit dans un mur de briques, avec l’accélérateur au
plancher et les freins coupés, et des ravins de chaque côté de la
route. S’il ne s’agissait que de cela, je ne parlerais pas de ces
rêves car il n’est pas utile d’ajouter à la morosité ambiante.
Mais ce qui est intéressant, c’est que ces rêves proposent des
éléments de réponse, qui tiennent dans une attitude intérieure, à
cette situation pour le moins désespérante.</span></span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial;"><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">On
peut résumer leur</span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">s</span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">
proposition</span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">s</span></span></span></span><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">
en quelques points :</span></span></span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: arial;"><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">-
<b>Être lucides</b>, écouter les lanceurs d’alerte. Il s’agit tout
simplement de rester conscients devant ce qui se joue, qui nous
dépasse. C’est ce qui permettra de « sauver les enfants »,
disait mon rêve, c’est-à-dire de préserver l’avenir.</span></span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: arial;"><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">-
<b>Rester en relation les uns avec les autres</b>. C’est la solidarité,
l’entraide, qui permettra de répondre aux défaillances
croissantes de nos systèmes sociaux et technologiques.</span></span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: arial;"><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">-
<b>Nourrir notre relation au sacré</b>, à « ce qui est plus grand
que nous ». Il n’est pas nécessaire pour cela d’entrer en
religion, de rejoindre une église, mais simplement d’honorer la
dimension sacrée de la vie. C’est parce que nous avons
collectivement oublié cette dimension sacrée, qu’elle a disparu
des principes fondateurs de nos sociétés, que nous arrivons dans
cette impasse…</span></span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial;"><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">D’une
façon ou d’une autre, il nous faut préserver l’essentiel, qui
tient à la connexion avec plus grand que nous, la dimension sacrée
de l’existence, et la relation avec nos sœurs et nos frères en
humanité, sans exclusive. Ce sont ces deux points qui, selon ce que
Jung a dit à Bob Wilson, le fondateur des Alcooliques Anonymes,
garantissent la bonne santé psychique et la capacité de surmonter
le désespoir. Il y a un <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2017/07/du-bon-usage-du-desespoir.html" target="_blank">bon usage du désespoir</a> quand il nous conduit à abandonner l’espoir, dont Daniel Odier
disait que c’est de la peur qui a mal tourné. Pour nombre
d’enseignants spirituels, rencontrer vraiment le désespoir avec
des yeux ouverts est l’occasion d’une ouverture de conscience et
d’entrée dans l’immédiateté de l’action. Il n’y a plus de
futur, seulement le présent, et c’est là une forme d’éveil. </span></span></span></span>
</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial;"><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">Les
Alcooliques Anonymes le savent bien, il faut avoir touché le fond
pour admettre que l’on est devant quelque chose de plus grand et de
plus fort que nous, et que nous avons besoin de l’aide de quelque
chose qui nous dépasse. Il nous faut reconnaître que, comme un
alcoolique ou un drogué, nous sommes collectivement dépendants de
cela même qui est en train de nous tuer. Ce n’est qu’ainsi que
nous saurons transformer le défi qui est devant nous, tant
individuellement que collectivement, en une fantastique opportunité
spirituelle. </span></span></span></span>
</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: arial;"><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"></span></span></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: arial;"><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3YgcZ9urjUR4FfzUQUgrjMZNbiwOeDx3pDDlVW8Wkcshg30gC_fYFWyhkYQpOfQ6w3mSAXpO0w5zovXpRIVYxr70Z5A6Tmt4rqh6CJbKa3j-3lMfgjhWxOpgOHahP15qCwnOUuriTDNT9Q2A1GBJ0qQAI8enfhkrZSIuLa5DancKClErKjFnUI3Ck/s720/vieille%20indienne1.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="720" data-original-width="578" height="383" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh3YgcZ9urjUR4FfzUQUgrjMZNbiwOeDx3pDDlVW8Wkcshg30gC_fYFWyhkYQpOfQ6w3mSAXpO0w5zovXpRIVYxr70Z5A6Tmt4rqh6CJbKa3j-3lMfgjhWxOpgOHahP15qCwnOUuriTDNT9Q2A1GBJ0qQAI8enfhkrZSIuLa5DancKClErKjFnUI3Ck/w308-h383/vieille%20indienne1.jpg" width="308" /></a></span></span></span></span></div>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial;"><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">Nourrir
notre relation au sacré, c’est aussi écouter nos rêves. Nous
pouvons espérer recevoir par là l’aide de quelque chose qui nous
dépasse. Il semble que l’inconscient collectif de l’humanité –
un terme qui permet de désigner sans se mouiller quelque chose dont
nous ne savons rien, dont nous constatons l’existence mais dont
nous ne sommes généralement pas conscients – ait des projets pour
cette belle humanité. Jung, par exemple, a eu à la fin de sa vie<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc"><sup>2</sup></a>
des visions dans lesquelles il entrevoyait un futur où, après de
grandes destructions, un mariage sacré de grands archétypes nous
amenait à une autre étape d’évolution. Le père Teilhard de
Chardin a pour sa part eu l’intuition dans les tranchées de la première guerre mondiale de comment l’évolution accouche souvent dans la boue
et le sang d’une nouvelle forme de conscience<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote3sym" name="sdfootnote3anc"><sup>3</sup></a>
– il a élaboré cette intuition jusqu’à proposer l’idée
de la "noosphère", une conscience collective qui serait en
formation et peut-être bientôt capable de s’éveiller à
elle-même. </span></span></span></span>
</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: arial;"><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">Il
faut garder à l’esprit que du point de vue archétypal, il n’est
pas de mort sans renaissance. C’est pourquoi, au moment où notre
président en France parle de « la fin de l’abondance, de
l’insouciance et des évidences », il convient surtout (en
veillant à respecter les rimes) de ne pas perdre conscience et de cultiver l’espérance.</span></span></span></span></p>
<p align="center" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: arial;"><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">*
* *</span></span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial;"><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">Ceux
que ces questions intéressent pourront lire un autre article où je
parlais de rêves portant sur les mêmes sujets : « <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2014/10/paix-dans-le-coeur.html" target="_blank">Paix dans le cœur</a> »</span></span></span></span></span></p>
<p align="center" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: arial;"><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">*
* *</span></span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: arial;"><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">J’en
profite pour annoncer que je nourris le projet d’offrir à l’été
2023 un atelier qui tiendra du rassemblement festif sur le thème
«<b> rêver la terre de demain</b> ». J’ai développé les
idées qui guideront notre travail dans cet article : </span></span></span></span></span><span style="font-family: arial;">« </span><span style="font-family: arial; text-align: left;"><span style="color: black;"><span><span lang="fr-FR"><span><a href="https://voiedureve.blogspot.com/2019/02/un-reve-pour-la-terre-de-demain.html" target="_blank">un rêve pour la terre de demain</a></span></span></span></span></span><span style="font-family: arial; text-align: left;"> »</span><span style="font-family: arial; text-align: left;">.</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="color: black;"><span style="font-family: arial;"><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;">Je
cherche un lieu privé pour ce rassemblement, où nous pourrons
planter des tentes en nombre, faire des feux, jouer du tambour,
chanter et danser, etc. Si vous disposez d’un tel lieu, ou avez
connaissance de l’existence d’un lieu pouvant convenir à cette
expérience, ou si vous êtes intéressé.e.s à participer à
l’organisation pratique de cet événement, contactez-moi
s’il-vous-plaît via la boite de message de ce blogue.</span></span></span></span></p><p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="color: black;"><span style="font-family: arial;"><span lang="fr-FR"><span style="font-style: normal;"><br /></span></span></span></span></p>
<hr />
<div id="sdfootnote1"><p class="sdfootnote-western"><span style="font-family: arial; font-size: x-small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym">1</a> J’ai
exposé l’approche du rêve d<span style="color: black;"><span lang="fr-FR">ans</span></span>
la psychologie archétypale dans mon article « <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2016/09/metaphores.html" target="_blank">métaphores</a> »</span></p>
</div>
<div id="sdfootnote2"><p class="sdfootnote-western"><span style="font-family: arial; font-size: x-small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">2</a> Voyez
le livre « La prédiction de Jung : la métamorphose de la
Terre » de Christine Hardy, Editions Dervy, 2012. L’auteure
en parle aussi ici :
http://www.urantia-gaia.info/2012/04/20/la-prediction-tres-meconnue-de-jung</span></p>
</div>
<div id="sdfootnote3"><p class="sdfootnote-western"><span style="font-family: arial; font-size: x-small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote3anc" name="sdfootnote3sym">3</a> Un
livre paru récemment en parle fort bien : Patrice Van Ersel,
Noosphère, Albin Michel 2021</span></p>
</div>Jean Gagliardihttp://www.blogger.com/profile/08229714193935289206noreply@blogger.com24tag:blogger.com,1999:blog-1648819312264509748.post-53444335939123019452022-08-11T12:16:00.003-04:002022-08-12T08:36:23.953-04:00Le pipeau du rêve<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxhLKuwLmRQthBssImdRjHz8H8HxWKBD6aHlfs4immhngV6XFTEtOYGl1LaGHx_akm_t1M3Mbmp0LgWmwozb51C-Lo78DUpF7DSxkVAcxEsTadt4jB9NYJnfQ_o81AV5TDSb-Q8Rx3Bzoj2q6cF8E5F5qRE8wJ_430lQuxYFTiTLGj-9ihc9BSPKgz/s736/pipeau.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="414" data-original-width="736" height="316" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgxhLKuwLmRQthBssImdRjHz8H8HxWKBD6aHlfs4immhngV6XFTEtOYGl1LaGHx_akm_t1M3Mbmp0LgWmwozb51C-Lo78DUpF7DSxkVAcxEsTadt4jB9NYJnfQ_o81AV5TDSb-Q8Rx3Bzoj2q6cF8E5F5qRE8wJ_430lQuxYFTiTLGj-9ihc9BSPKgz/w562-h316/pipeau.jpg" width="562" /></a></span></div><span style="font-family: georgia;"><br />J’ai été interpellé récemment par une amie qui m’a invité à
me mêler d’une discussion qu’elle avait avec un de ses proches à
propos des rêves. En substance, ce dernier lui disait :</span><p></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">- Je
crois que seul le rêveur peut comprendre ses rêves.
L’interprétation des rêves par quelqu’un d’autre, c’est du
pipeau…</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Je
répugne à entrer dans ce genre de discussion où le propos manque
d’emblée de nuances. La difficulté est la suivante : la prémisse
est juste (seul le rêveur peut vraiment comprendre ses propres
rêves) mais la conclusion est erronée (l’interprétation des
rêves par un interprète qualifié, c’est du pipeau). Or il est
difficile d’introduire de la nuance quand ce genre d’affirmation
est lancée de façon péremptoire, qui n’appelle pas vraiment à
discussion. En fait, dans ce cas, soit la personne qui parle a
compris l’essentiel et cela n’est pas la peine d’en discuter,
soit elle campe sur des certitudes qu’elle ne voudra surtout pas
remettre en questions, et ce n’est pas non plus la peine d’en
discuter…</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">La
meilleure réponse est en fait de proposer de faire l’expérience
de travailler un rêve, ce qui permettra de jauger le degré
véritable d’ouverture de notre interlocuteur. C’était l’espoir
de mon amie en m’invitant dans la discussion, mais quand j’ai
lancé cette proposition, son questionneur a refusé. Il m’était dès lors impossible de répondre en deux phrases qui auraient clos le débat.
Alors, j’ai promis à mon amie que je répondrai à la question
soulevée par un (court ?) article que je publierai sur mon blogue.</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">L’affirmation
« seul le rêveur peut comprendre ses rêves » est
vraie. C’est même la base fondamentale de notre travail des rêves.
Au moins est-il admis que les rêves ont un sens, cherchent à dire
quelque chose. Cela vaut bien mieux que d’affirmer que les rêves
ne sont que l’expression de désordre dans l’activité neuronale.
Mais il est donc dommage de fermer la porte au travail avec un
interprète de rêves pour aider à les comprendre.</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Les
rêves disent en effet quelque chose dont nous n’avons pas
conscience, un peu comme un message qui serait écrit dans notre dos…
et nous avons bien souvent besoin d’un regard extérieur pour lire
ce message. Pour affiner cette métaphore, nous pourrions dire que le
message est écrit dans une langue que nous sommes seuls à pouvoir comprendre, mais il est fort utile que quelqu’un nous dise ce qu’il
lit, que nous pouvons alors traduire dans un message qui fait sens
pour nous...</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Une
des difficultés, là, est que nous croyons que l’interprète de
rêves va nous délivrer une vérité sur notre rêve. D’ailleurs,
beaucoup de gens vont voir les analystes de rêves avec cette
attitude : « dites-moi ce que mon rêve veut dire ». Or
si l’interprète de rêves est honnête, il dira qu’il n’en
sait rien mais que nous pouvons chercher ensemble. Il convient de se
méfier des gens qui mettent les rêves dans une théorie pour vous
expliquer le rêve – ils blessent le rêve. Cependant, l’interprète
pose des questions et accompagne l’exploration du rêve. Il peut
proposer des éléments d’interprétation, fondées sur le fait que
nous, les êtres humains, avons beaucoup d’éléments de langage en
commun dans notre psyché, et qu’il y a des schémas
reconnaissables.</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Jung,
entre autres, a mis en lumière que nos psychés individuelles ont,
tout comme nos corps, une structure commune, avec des organes qui
sont tous les mêmes (les archétypes) mais aussi des spécificités
culturelles, familiales – nous ne sommes pas aussi « originaux »,
« individuels », que nous aimerions le croire. Une bonne
connaissance du langage des symboles facilite la compréhension des
rêves, en sachant que le symbole a souvent une dimension universelle
mais aussi de nombreuses facettes, en particulier culturelles, et toujours
une dimension intimement personnelle – ce n’est pas tout de
dire qu’un chien peut représenter la fidélité, mais aussi une
dimension psychopompe dans la psyché; il faut interroger quelle est
la relation du rêveur aux chiens en général, et au chien du rêve
en particulier (surtout si le chien est connu)…</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">On
se heurte là à une autre difficulté de l’interprétation du rêve
: parle-t-il de la vie extérieure ou intérieure du rêveur ? S’il
met en scène des personnes connues par ce dernier, parle-t-il de la
relation objective avec ces personnes, ou ces personnes
symbolisent-elles quelque aspect subjectif de la psyché du rêveur ?
Il est impossible d’en décider à priori. Jung recommandait de
mener deux interprétations parallèles, une objective et une
subjective, en considérant que même si le rêve parle de la
situation objective, celle-ci a aussi une facette subjective que le
rêve met donc en évidence.</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Bien
sûr, l’interprète de rêves a besoin d’interroger le rêveur
sur ce qui le préoccupait au moment du rêve, car le rêve s’inscrit
dans un dialogue interne au rêveur, entre des questions qu’il se
pose et des réponses qui sont dans son inconscient, qui tentent de
lui parvenir. Et cependant, on ne réduira jamais un rêve à une
simple explication à partir de la vie consciente du rêveur, genre :
« vous avez rêvé de monstres parce que vous avez vu un film
d’horreur la veille (ou appris que votre belle-mère venait à la
maison le weekend prochain). » Il faut renverser l’explication
: « le fait de voir des monstres (ou la perspective de voir
votre belle-mère) à la télé a réveillé des monstres en vous,
une peur profonde qui se dit dans le rêve ? [Et si le rêveur opine :] Parlez-moi donc de cette peur. Et qu’est-ce que
le rêve en dit ?… »</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">La
règle d’or du travail avec le rêve, c’est que ce dernier amène
toujours quelque chose qui n’était pas conscient à la conscience.
On ne s’en tirera pas en réaménageant des éléments connus –
le rêve ne change pas les meubles de place pour faire du nouveau, il
déménage carrément. Il amène ailleurs, au-delà du connu.</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Le
travail d’interprétation du rêve réclame une analyse des
éléments et de la dynamique du rêve. Cependant, dans la notion
d’analyse, il est moins question ici d’un processus de dissection
intellectuelle qui ferait du rêve un cadavre que d’identification des éléments clés, du
problème posé par le rêve et de la solution qu’il propose. Dans
le fond, c’est un dialogue dans lequel intervient un tiers, le
fameux « inconscient », qui n’est jamais que ce qui
n’est pas conscient – et la règle d’or, c’est que non
seulement le rêveur n’en est pas conscient, mais aussi l’analyste.
Il faut donc coopérer avec l’inconscient pour qu’il accouche de
ce qu’il a à dire dans le rêve. Et quand l’interprète propose
des éléments d’interprétation, c’est le mouvement intérieur
que ces éléments déclenchent chez la personne qui a rêvé qui
sont significatifs…</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Quand
l’interprétation est juste, cela « clique ». Il y a
une petite secousse qui va avec le fait qu’un nouvel élément
vient d’entrer dans la conscience. Quand on l’a vécue au moins
une fois, on la reconnaît. C’est le signe d’un élargissement de
conscience, qui va généralement avec un afflux d’une nouvelle
énergie, l’apparition de perspectives inédites.</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Le
rêve amène à l’esprit des choses auxquelles on n’avait jamais
pensé. Et cependant, ce n’est pas l’interprète qui nous les
fourre dans le crâne. On les reconnaît, elles ont quelque chose de
curieusement familier. En effet, elles étaient à la lisière de
notre conscience, et attendaient le moment juste pour y entrer.</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Ma
définition préférée de l’inconscient, c’est ce que l’on ne
sait pas qu’on sait. Quand on le sait, cela devient une évidence.
On l’a toujours su en fait. Mais il fallait y prêter attention
pour le savoir… et c’est le travail du rêve que de nous le
mettre sous le nez.</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Dans
le fond, l'interprétation du rêve a moins à voir avec les explications
symboliques qu’on peut en donner, ou en rechercher dans des
dictionnaires de symboles ou sur Internet, qu’avec le ressenti que
le rêve donne à vivre. Quand on cherche des explications au rêve,
on passe par la tête pour parler sur le rêve au lieu de travailler directement avec le rêve, de le laisser faire son chemin en nous. La clé est
dans le ressenti car le rêve est une énergie qui cherche à
parvenir à la conscience, à se vivre.</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">En
fait, l’interprète de rêves ne délivre donc pas une explication
du rêve qui constitue sa vérité pour le rêveur, mais il aide de
dernier à accoucher de cette vérité. Dans le rêve, il y a quelque
chose qui cherche à devenir conscient – l’interprète de rêves,
s’appuyant sur son expérience et son amour des rêves, aide le
bébé de la nouvelle conscience à naître.</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Ce
n’est pas une science, c’est un art, une maïeutique.</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Ce
n’est pas une question de méthode, de technique ou même d’un
savoir particulier à propos des rêves ou de la psyché. J’aime
dire que le sens du rêve, si on lui donne de l’attention et qu’on
reste ouvert jusqu’à l’accomplissement du travail, naîtra
malgré les méthodes, les techniques et les théories, qui tiennent
des forceps que l’on cherche à lui appliquer pour l’aider à
venir à la conscience, mais qui risquent de le blesser.</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Une
preuve expérimentale de ce que j’avance à propos du fait que le
rêve a sa propre dynamique peut être vécue en amenant un rêve en
loge de rêves, où un groupe de non-spécialistes offrent simplement
une résonance sincère, à partir de l’intuition et du ressenti,
au rêve qui est proposé. Le rêve n’est alors pas interprété
mais « déployé » dans de multiples facettes de sens qui
surprennent généralement le rêveur. Il sent alors intuitivement, à
chaque proposition, ce qui lui parle et ce ne lui parle pas – la
vérité du rêve se rapproche de sa conscience. Le rêve reçoit
ainsi de l’énergie, il entre en mouvement, et le rêveur ressort
généralement de la loge de rêves en disant qu’il est bien
surpris de ce que son rêve a amené à sa conscience.</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
</p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;">La
loge de rêves est l’équivalent d’un accélérateur de
particules : c’est un accélérateur de rêves, qui atteignent
souvent la vitesse de la lumière consciente.</span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">J’ai
envie de rigoler en renvoyant ce monsieur qui affirmait que
l’interprétation des rêves, c’est du pipeau, en lui disant
qu’il ne savait pas si bien dire. L’interprète de rêves est
comme un instrumentiste qui joue une partition (le rêve) : il en
donne son interprétation, pour que le rêveur puisse en entendre la
musique. J’aime bien l’image de jouer de la flûte (le seul
instrument que j’ai jamais su jouer) car il paraît que c’est en
jouant de la flûte qu’on dresse les serpents et qu’on fait
sortir les rats de la ville…</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Il y
a beaucoup de gens qui disent qu’on peut se passer de
l’interprétation des rêves, qu’il faut aller au-delà de
l’interprétation. C’est encore une prémisse juste qui conduit à
une conclusion erronée si elle ferme la porte à l’interprétation.
Il y a en effet bien des techniques, dont l’écoute intérieure et
les constellations de rêves dont je parle dans mes articles, mais
aussi l’art-thérapie, la gestalt, le focusing... qui permettent
bien au-delà de l’interprétation du rêve. Mais pour aller
au-delà de l’interprétation du rêve, il est bon de savoir
interpréter les rêves. Alors, on peut vraiment entendre leur petite
musique.</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Mais de tout cela, on peut en parler longtemps. Le mieux, si on ne veut pas
se payer de mots, c’est simplement d’essayer et d’observer.
Pour ma part, j’offre toujours la première rencontre : la première
interprétation de rêve est gratuite et sans aucun engagement.</span></span></p><p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;"><i>Addendum (12 août 2022) :</i></span></span></p><p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;"><i>Une amie bienveillante me faisait remarquer ce matin dans une conversation privée que j'ai oublié de parler d'une dimension essentielle (c'est le cas de le dire) du travail avec le rêve. J'ajoute donc cette note pour corriger cet oubli :</i></span></span></p><p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Il faut préciser que le travail du rêve ne saurait se contenter d'être "psychologique" – il réclame une approche du rêve que l'on dira volontiers "spirituelle", ou que je préfère pour ma part dire "existentielle" pour échapper à la dichotomie habituelle entre spirituel et matériel. Car la psychologie, en tant que discours (logos) sur la psyché, court toujours le risque de s'enfermer dans une explication du rêve (vous rêvez cela parce que...). Or plutôt que de tenir un discours sur le rêve, il s'agit d'entendre le discours du rêve, ce qu'il a à dire par lui-même - son logos. Alors, nous nous relions à une sagesse qui vient à l'évidence de quelque chose de plus grand que nous, d'une conscience plus consciente que nous ne le sommes nous-mêmes, et qui nous échappe, nous est inconsciente par là-même. Chacun la nommera comme il voudra (le Soi, le grand Schmilblick, la Source des rêves, ...). Et ce qui en ressort, c'est que le sens du rêve pointe toujours vers le sens que nous donnons ou cherchons à notre existence – il parle de l'essentiel. En effet, si le rêve nous aide à éclairer nos problèmes, contribue à notre guérison et à trouver un certain équilibre, il semble qu'en dernier lieu (nous disait Von Franz, la proche collaboratrice de Jung), le rêve cherche à nous enseigner à vivre.</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgy78fU8IcqSISjTgO58EARS7EbbM8U8IZvliMWlzRIW5PAT5hiLq1CHgKJGaMs52lxjI23ahf6TvWbIraKlySbkzmWPuYVsYN8Sbg5ShZ-z_Ws3qDnypI3_Yzq_qKu1sPEpoBlyJ7w4HVhCdmgyhSONgNSM9cdWfESQRYsmzU-Vy1I1q4z0g6HET4I/s649/r%C3%AAve%20grenade.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="649" data-original-width="525" height="423" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgy78fU8IcqSISjTgO58EARS7EbbM8U8IZvliMWlzRIW5PAT5hiLq1CHgKJGaMs52lxjI23ahf6TvWbIraKlySbkzmWPuYVsYN8Sbg5ShZ-z_Ws3qDnypI3_Yzq_qKu1sPEpoBlyJ7w4HVhCdmgyhSONgNSM9cdWfESQRYsmzU-Vy1I1q4z0g6HET4I/w342-h423/r%C3%AAve%20grenade.jpg" width="342" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">Rêve grenade - Salvador Dali</span></td></tr></tbody></table><br /><span style="font-family: georgia;"></span><p></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;">Si
le sujet vous intéresse, vous trouverez matière à
approfondissement dans ce blogue.
</span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Voici
une liste de quelques articles parmi d'autres sur le rêve :</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;">-
Une des premières questions à se poser, c’est </span><a href="http://voiedureve.blogspot.com/2013/10/pourquoi-travailler-ses-reves.html" style="text-align: left;" target="_blank">pourquoi
travailler ses rêves ?</a></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;">-
Une autre question clé est : </span><a href="http://voiedureve.blogspot.ca/2013/10/se-souvenir-de-ses-reves.html" style="text-align: left;" target="_blank">comment
se souvenir de ses rêves ?</a></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;">-
Vous trouverez ici quelques considérations générales sur </span><a href="http://voiedureve.blogspot.com/2013/12/travailler-le-reve.html" style="text-align: left;" target="_blank">le
travail des rêves</a><span style="text-align: left;">.</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;">-
Parlant d’interprétation, le mieux est d’examiner un </span><a href="http://voiedureve.blogspot.ca/2014/01/un-reve-bleu.html" style="text-align: left;" target="_blank">exemple</a><span style="text-align: left;">.</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;">- Il
ne faut surtout pas négliger les cauchemars. </span><a href="http://voiedureve.blogspot.ca/2014/02/un-cauchemar-cest-un-cadeau-des.html" style="text-align: left;" target="_blank">C’est
précieux, un cauchemar</a><span style="text-align: left;">...</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Je
propose d’ailleurs tout un ensemble de rêves à la réflexion.
Parmi ceux-ci :</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;">- </span><a href="http://voiedureve.blogspot.ca/2013/10/la-cle-et-le-poisson.html" style="text-align: left;" target="_blank">La
clé et le poisson</a><span style="text-align: left;"> en particulier parle du travail des rêves.</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;">- Le
rêve, c’est bien connu, parle de la </span><a href="http://voiedureve.blogspot.com/2015/02/la-source-merveilleuse.html" style="text-align: left;" target="_blank">source
merveilleuse</a><span style="text-align: left;"> en dedans…</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;">- </span><a href="https://voiedureve.blogspot.com/2015/05/la-jeunesse-du-monde.html" style="text-align: left;" target="_blank">La
jeunesse du monde</a><span style="text-align: left;"> est un des rêves les plus précieux que j’ai
reçu.</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;">-
Les situations de transition sont souvent parsemées de rêves. En
voici un qui parle de </span><a href="http://voiedureve.blogspot.ca/2014/06/un-escalier-invisible.html" style="text-align: left;" target="_blank">l’escalier
invisible</a><span style="text-align: left;"> qui peut s’ouvrir sous les pas…</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;">- Il y a parfois de grands rêves, comme celui où l’analyse Robert
Johnson a rencontré sa vocation sous la forme du </span><a href="http://voiedureve.blogspot.ca/2014/07/le-bouddha-et-le-serpent.html" style="text-align: left;" target="_blank">Bouddha
et d’un serpent…</a></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Ce
ne sont là que quelques exemples. Vous en trouverez beaucoup
d’autres en fouillant mon blogue. Enfin, pour celles et ceux qui
veulent aller au-delà de l’interprétation des rêves, je propose
quelques articles sur mes recherches dans cette direction :</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;">-
Les </span><a href="http://voiedureve.blogspot.ca/2017/06/loges-de-reves_55.html" style="text-align: left;" target="_blank">loges
de rêves</a><span style="text-align: left;">.</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;">-
</span><a href="https://voiedureve.blogspot.com/2019/04/au-dela-de-linterpretation-des-reves.html" style="text-align: left;" target="_blank">Au-delà
de l’interprétation</a><span style="text-align: left;">…</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;">-
</span><a href="https://voiedureve.blogspot.com/2020/01/ecoute-interieure-du-reve.html" style="text-align: left;" target="_blank">L’écoute
intérieure des rêves</a></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;">-
</span><a href="https://voiedureve.blogspot.com/2019/07/constellations-de-reves.html" style="text-align: left;" target="_blank">Les
constellations de rêves</a></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia; text-align: left;">Pour
celles et ceux qui préfèrent écouter des vidéos, il y a aussi dans le blogue un
certain nombre de liens, parmi lesquels :</span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;">-
Une émission de Radio-Canada à laquelle j’ai participé : </span><a href="https://www.youtube.com/watch?v=4k5IG3aYleo" style="text-align: left;" target="_blank">à
quoi servent les rêves ?</a></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;">-
Une mini-conférence sur « </span><a href="https://www.youtube.com/watch?v=AkJUqNrVaH4" style="text-align: left;" target="_blank">pourquoi
prêter attention à nos rêves ?</a><span style="text-align: left;"> ». Elle date de quelques
années (oui, j’avais les cheveux très longs alors…).</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;">-
Une autre mini-conférence sur « </span><a href="https://www.youtube.com/watch?v=87hECNBPVPk" style="text-align: left;" target="_blank">se
souvenir de ses rêves</a><span style="text-align: left;"> ». Même remarque que précédemment…</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;">-
Une conférence donnée au Colloque Jung d’hier à demain de 2018
sur le thème «</span><a href="https://www.youtube.com/watch?v=a05WbadGhl0" style="text-align: left;" target="_blank"> rêves
et pleine conscience</a><span style="text-align: left;"> » qui m’est cher. Mes cheveux
avaient raccourci…</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;">-
Une conférence donnée au Colloque Jung d’hier à demain de 2019
sur le thème « </span><a href="https://www.youtube.com/watch?v=F6-7Ryj5_qs" style="text-align: left;" target="_blank">au-delà
de l’interprétation des rêves</a><span style="text-align: left;"> ».</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;">-
Une </span><a href="https://www.youtube.com/watch?v=se-UHbnzrk8" style="text-align: left;" target="_blank">présentation
des loges de rêves</a><span style="text-align: left;"> à ce même colloque.</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;">-
Une illustration du déroulé d’une </span><a href="https://www.youtube.com/watch?v=NAb7YRb9edM" style="text-align: left;" target="_blank">loge
de rêve</a><span style="text-align: left;"> lors d’un stage de jeu archétypal.</span></span></p><p style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Vous pouvez aussi vous procurer les enregistrements audio du <a href="https://voiedureve.blogspot.com/p/cours-dinterpretation-des-reves.html" target="_blank">cours d'interprétation des rêves </a>que j'ai donné au printemps 2021. Le premier cours, précédé de la conférence d'introduction, est disponible ici : <a href="https://creezviedereve.com/docs/AIR1_20210408.mp3" target="_blank">https://creezviedereve.com/docs/AIR1_20210408.mp3</a>.</span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia; text-align: left;">Je
signale enfin deux « blogues amis » que je recommande
tout particulièrement :</span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;">D’abord,
le blogue « </span><a href="https://carnetsdereves.eu/" style="text-align: left;" target="_blank">carnets de
rêves</a><span style="text-align: left;"> » de Michèle Le Clech, qui nous invite à nous
promener dans ses jardins de l’âme…</span></span></p>
<p align="justify" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;">Ensuite,
ce petit nouveau qui est apparu il y a quelques semaines sur la
Toile, dédié à l’</span><a href="https://www.interpretationreves.fr/blog" style="text-align: left;" target="_blank">interprétation
des rêves</a><span style="text-align: left;">, que je vous encourage à visiter. Tiens, il y est
aussi question de pipeau ! :-)))</span></span></p>Jean Gagliardihttp://www.blogger.com/profile/08229714193935289206noreply@blogger.com13tag:blogger.com,1999:blog-1648819312264509748.post-75197298287531402932022-06-26T10:27:00.004-04:002022-06-26T10:50:53.588-04:00L'arme absolue<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Il me fait plaisir d'annoncer que mon roman "l'arme absolue" vient de paraître, publié par les éditions Odes. </span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAZZ_r-FSATcOxkMqu8SSH3bmhal2EezL6rcpcGNrd_Wea6EVrDllcK-fO-N0PpFXz9eL8rqvjA6HvC_mwW7r044ocS4B_0IoKabHjjaWeVOqK5xRCRttChhuo9sWv0Y9pBQz4_WyprGp7Z_NkuvWsc3Sh-o_2gjsJ9L1RoGmP9elzcBmFN_18E7E0/s3555/L'Arme%20Absolue%201%C3%A8re.png" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: georgia;"><img border="0" data-original-height="3555" data-original-width="2183" height="640" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAZZ_r-FSATcOxkMqu8SSH3bmhal2EezL6rcpcGNrd_Wea6EVrDllcK-fO-N0PpFXz9eL8rqvjA6HvC_mwW7r044ocS4B_0IoKabHjjaWeVOqK5xRCRttChhuo9sWv0Y9pBQz4_WyprGp7Z_NkuvWsc3Sh-o_2gjsJ9L1RoGmP9elzcBmFN_18E7E0/w394-h640/L'Arme%20Absolue%201%C3%A8re.png" width="394" /></span></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">En voici le quatrième de couverture :</span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia;">Lorsque Léo, un ancien du renseignement militaire, se voit confier une mission particulière par son ancien colonel, il ne se doute pas que sa vie va prendre un tour inattendu. Il est chargé d'infiltrer un mouvement qui ressemble fort à une secte et d'approcher sa gourou, une femme qui se fait appeler l'Envoyée. Celle-ci est en effet soupçonnée d'influencer le Président dont le comportement erratique inquiètes en haut lieu : il prend de plus en plus de décisions écologiques et sociales...Au bout de ce voyage dans ses propres profondeurs, Léo fera la plus improbable des rencontres et découvrira peut-être l'arme absolue qui peut changer le monde. Un thriller spirituel qui nous questionne sur la puissance du pardon et de la bénédiction.</span></i></div><div><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Vous trouverez ici des informations sur la façon de vous le procurer, ainsi que des commentaires de lectrices et lecteurs : <a href="https://voiedureve.blogspot.com/p/arme-absolue.html">l'arme absolue</a>.</span></div><div><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div><span style="font-family: georgia;">Je vous en offre ici un extrait :</span></div><div><br /></div><div><hr /></div><div><p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;"><span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Nous étions plus
d’une trentaine à nous entasser dans le salon quand Charles est
arrivé. Il a fait le tour de son petit monde en distribuant les
accolades. Aloha par ci, aloha par là, et chacun de se toucher le
cœur de la main après l’embrassade. Il a émis un sourire en me
voyant mais n’a pas fait montre de ce qu’il voulait me donner un
câlin alors je suis tranquillement resté assis sur ma chaise. Puis,
après avoir salué tout le monde, il était allé se planter à côté
du fauteuil rouge et avait élevé un peu la voix, faisant taire tous
les murmures qui emplissaient la salle. Il avait commencé un petit
discours que j’ai enregistré en activant discrètement mon
téléphone :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Mes ami<b>e</b>s, je
vous remercie d’être venu<b>e</b>s si nombreux et nombreuses ce soir.</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Il insistait sur
les « e », voulant sans doute se montrer plus inclusif
que la papesse. A l’oral, ça écorche les oreilles, me suis-je
dit. Il a continué, environné désormais d’un grand silence. Même
les enfants, qui jouaient dans les pièces voisines, s’étaient
calmés.</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Nous allons tenir
un </span></span><span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR"><i>darshan</i></span></span><span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">
ce soir…</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Ah, nous y étions
enfin. </span></span>
</p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- … et j’ai le
plaisir de vous dire qu’Elle sera parmi nous. </span></span>
</p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Bruissements de
plaisir dans la salle. Il a souri en continuant :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Ce soir, notre
thème de méditation sera la bénédiction. La dernière fois, nous
avons travaillé avec le pardon. Est-ce que quelqu’un a quelque
chose à dire à ce sujet ?</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Une femme d’une
cinquantaine d’années a levé la main. D’un signe de tête, il
lui a donné la parole. Alors elle s’est mise debout pour nous
dire :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Jusqu’à cette
rencontre, la dernière fois, je ne comprenais pas bien de quoi il
était question quand on me parlait de pardon. Je croyais qu’il
s’agissait de lui pardonner les coups qu’il m’avait donné, de
mettre un couvercle sur ma colère et ma douleur. Et puis grâce à
vous, j’ai compris que c‘était à moi-même qu’il fallait que
je pardonne. Il fallait que je me pardonne d’avoir accepté de
vivre dans la peur pendant si longtemps et d’avoir entretenu une
telle image de moi que je pensais que je méritais ses coups. Alors
voilà, je me suis pardonné…</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Un murmure a enflé
dans la salle. Ma voisine, une femme dans la quarantaine, répétait :
bravo, ah bravo ! Un homme, devant moi, hochait la tête en
signe d’approbation. La femme a levé la main, réclamant le
silence pour ajouter avec force :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Ça n’a pas été
facile mais je me suis pardonné d’avoir appelé un connard pareil
dans ma vie pour m’obliger à retrouver ma dignité ! </span></span>
</p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Et elle s’est
rassise, cette fois sous un concert d’applaudissement. Cela m’a
interloqué : qu’applaudissaient-ils ? Le fait qu’elle
ait appelé son conjoint violent « connard » ou son
affirmation de grand pardon ? Je penchais pour la première
hypothèse ; en tous cas, c’était bien ce que j’aurais
applaudi pour ma part. Elle a continué, radoucie :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Et je me pardonne
aussi de m’être servi de lui pour nourrir mon image négative des
hommes et me vivre comme une victime – elle a écrasé une larme.</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Charles s’est
penchée un peu vers elle :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Et comment te
sens-tu, Mylène, depuis que tu t’es pardonnée ?</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Elle ne s’est pas
relevée pour dire tranquillement :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Beaucoup mieux.
Détendue. Et ce qui est curieux, c’est que ma colère est tombée.
Pour un peu, il me ferait pitié, cet imbécile qui ne savait donner
que des coups…</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Connard, imbécile,
bon au moins on parlait vrai. Charles a semblé saisir la balle au
bond pour vendre sa salade :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Alors, tu es
prête pour la bénédiction. Es-tu prête à bénir ton ex, Mylène ?</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Elle a ri :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Doucement. Je
veux bien essayer mais je ne promets rien…</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">J’étais rassuré.
Je n’étais pas le seul béotien dans la salle. Charles a fait le
tour de la salle du regard. Il était revenu dans sa peau de
professeur, j’en aurais juré :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Quelqu’un
d’autre veut nous parler de son expérience du pardon ?</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Personne ne s’est
proposé, alors il a embrayé :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Je vais vous
proposer quelques idées pour alimenter votre réflexion, puis nous
méditerons ensemble. Et d’abord, qu’est-ce que la bénédiction ?</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Une personne a
dit :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Vouloir le bien
de quelqu’un.</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Une autre a
ajouté :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Une bonne parole.
</span></span><span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR"><i>Bene
dictio</i></span></span><span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">.</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Une femme a
renchéri :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Demander à Dieu
de faire le bien d’une personne.</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Quelques autres
avis ont fusé et Charles a eu l’air satisfait du prof qui a des
élèves à peu près éveillés devant lui. Il s’est lancé, un
rien doctoral :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Pour comprendre
la véritable nature de la bénédiction, il faut avoir à l’esprit
qu’il y a du bon dans toute chose qui est dans l’univers. On peut
dire que la Source ne permettrait pas à quelque chose d’exister si
elle n’amenait quelque chose de bon, de positif, dans l’univers…</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Une main s’est
levée et Charles s’est interrompu pour permettre à un jeune homme
d’objecter :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Mais le contraire
est vrai aussi. Il y a aussi du mauvais en toute chose, puisqu’en
fait, rien n’est bon ni mauvais en soi. La réalité est au-delà
de la dualité, n’est-ce pas ?</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Un murmure
appréciateur a accompagné ces propos. Charles a repris la main :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Tout à fait. Le
Yin et le Yang dans tout, la lumière et l’ombre. Ce n’est qu’une
question de relation à ce qui est, de toute façon au-delà de la
dualité, de notre jugement. Et ce que nous appelons le mal, le
mauvais, c’est encore un bien en devenir, inaccompli…</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">J’ai froncé les
sourcils. En Afrique, j’avais croisé le mal et il avait de la
consistance, une existence propre. Je ne voyais pas quel bien en
devenir pouvait sortir des mutilations subies par de jeunes enfants
ou du massacre de villageois pacifiques, qu’on retrouvait avec
leurs testicules dans la bouche après que les milices soient venues
se servir dans leurs réserves et parmi leurs femmes. Mais Charles,
ignorant du bouillonnement sous mon crâne, en venait au fait :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- La bénédiction,
c’est l’usage de votre parole créatrice pour faire ressortir le
bien et le bon dans une personne, dans un événement, ou dans tout
ce que vous voulez. En bénissant quelqu’un, vous demandez à
l’univers que le bon, qui était peut-être caché, se manifeste
dans la vie de cette personne. Vous lui souhaitez d’être heureuse,
et mieux que cela, d’être en paix avec elle-même, et avec tout ce
qui l’entoure, tout ce qu’elle a fait…</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Une jeune femme a
interjeté :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Puissent tous les
êtres être heureux !</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Exactement. La
bénédiction, c’est la mise en pratique de cette prière d’origine
bouddhiste mais universelle. Et rappelez-vous que dans le Mahayana,
on souhaite aussi aux démons d’être heureux. Parce que les démons
ont en commun avec nous de souffrir, de désirer exister…</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">La jeune femme a
renchéri :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Et un démon
heureux n’est plus un démon, il ne fait plus de mal.</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">J’aurais aimé en
être aussi sûr qu’elle. Mais Charles ne m’a pas laissé le
temps d’y penser. Il a poursuivi sur sa lancée :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Quand vous
bénissez quelqu’un qui vous fait du mal, ce n’est pas une façon
de vous résigner et d’accepter passivement qu’il vous torture,
de l’encourager à continuer. Au contraire ! D’abord, vous
acceptez activement ce qui est, la réalité, en suivant la pente de
moindre résistance à celle-ci. Ce qui est, est. D’accord,
Mylène ?</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">La femme devant lui
a eu l’air surprise, a balbutié un « oui, mais... ».
Charles n’a pas attendu qu’elle élabore :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Voilà, cet homme
me frappe. Cela fait vingt ans qu’il me frappe. C’est la réalité,
je ne peux pas me raconter d’histoires. Alors je fais face à cette
réalité, je l’accepte entièrement comme étant ma réalité pour
l’instant…</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">La jeune bouddhiste
est intervenue :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Oui mais je dois
m’en protéger, si le mec me frappe !</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Charles a souri :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- On est d’accord.
Je dois m’en protéger, bien sûr, par amour de moi-même. Et c’est
là que cela devient subtil. Comment vais-je m’en protéger ?
Est-ce en répondant avec la même violence ou en trouvant une autre
voie pour l’empêcher de me nuire, mais sans chercher à le
détruire ?</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Brouhaha dans la
salle, ce qui a laissé le temps à Charles de rassembler ses idées
avant de continuer, adossé au fauteuil rouge :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Je me souviens
d’une très belle citation de Romain Gary, et Gary a fait de la
Résistance, s’est battu contre les nazis. Mais voilà ce qu’il
disait : ce qui est embêtant avec les nazis, c’est que quand
vous en avez tué un, vous vous apercevez que c’était un être
humain…</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">J’ai tendu
l’oreille. Il réveillait de vieilles mémoires. J’ai eu
l’occasion de ressentir ce trouble consistant en flinguer un
parfait enfoiré, et de saisir dans son regard au dernier moment une
lueur de douleur, de tristesse et de désarroi qui vous faisait
regretter un instant votre geste. Je me suis souvenu de ce type que
j’avais abattu sur le pas de sa porte car il recrutait des jeunes
pour une milice islamiste. J’étais certain que c’était un
parfait salop car plusieurs d’entre eux avaient disparu ou avaient
été retrouvés portant des traces de torture. Cependant, quand je
m’étais penché sur lui pour m’assurer qu’il ne respirait
plus, j’avais été frappé de voir dans sa main la photo d’une
femme entourée d’enfants, qu’il avait éprouvé le besoin
d’embrasser en agonisant. Charles parlait encore :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- La plus grande
victoire de votre agresseur, c’est de vous entraîner dans le
conflit de telle sorte que vous alimentez sa fréquence d’énergie.
Si une personne vous hait et veut vous détruire, il commence à y
arriver véritablement quand vous le haïssez à votre tour et voulez
le détruire. Vous gagnerez peut-être la guerre mais vous aurez
perdu votre âme en route, et votre ennemi vous possédera de
l’intérieur…</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Là, je ne pouvais
que lui donner le point. Je n’avais jamais retiré aucune
satisfaction de buter un salopard. Si, peut-être au début, parce
que je me sentais fort. Mais avec le temps, c’était le dégoût
plutôt qui s’était imposé. Le dégoût de soi, de tout ce sang,
de faire ce métier ignoble. On ne pouvait pas combattre les
salopards avec des moyens de salopard sans devenir un salopard
soi-même. Je me souvenais que Fabienne m’avait parlé de ça en me
citant son cher Jung qui disait que quand on combat notre ombre,
notre ombre nous possède par derrière. Mais alors quoi ?
Charles y venait, doucement :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- C’est là que
la bénédiction entre en jeu. Faites ce qu’il faut pour vous
protéger, bien sûr, mais sans tomber dans le piège. Comment ?
En restant conscient que l’autre, s’il se comporte ainsi avec
violence, n’a probablement pas d’autre choix dans son
inconscience que d’exprimer sa souffrance ainsi. En gardant à
l’esprit que c’est un être souffrant, comme vous, et peut-être
même plus que vous encore car il est complètement aveuglé par sa
souffrance, qu’il ne peut rien faire d’autre que de la décharger
sur vous sous forme de violence. Et vous, qu’allez-vous faire
alors ? Perpétuer le cycle de la violence en la lui retournant
ou en la déchargeant sur un tiers qui n’a rien à voir, ou choisir
le chemin de la transformation en conscience ?</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Il était assez bon
prêcheur, me suis-je alors dit. Il a repris son souffle et est
arrivé là où il voulait nous amener :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Vous avez une
ultime liberté, que nul ne saurait vous retirer. C’est la liberté
de la conscience. Et vous la démontrez si vous êtes capable de
bénir celui qui vous fait du mal, c’est-à-dire de lui donner de
l’amour, de lui souhaiter de trouver la paix et la joie, et que la
conscience grandisse en lui de façon à ce qu’il sorte de ce cycle
de violence dans lequel il vous fait du mal, et il se fait du mal.
Bien sûr, vous devez commencer par vous aimer vous-même et vous
bénir, et faire donc ce qu’il faut pour vous protéger. Mais si
vous êtes capable de véritablement bénir celui qui vous veut du
mal, alors vous avez gagné quoi qu’il arrive. Vous avez gagné sur
le plan de l’âme, sur le plan spirituel.</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Une femme de
l’autre côté de la salle a lancé d’une voix forte :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Et si l’on vous
frappe, tendez l’autre joue…</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Oui. Et ce n’est
pas un propos de faible, au contraire de ce que Nietzsche a voulu y
voir. Il faut être très fort, une immense force intérieure, pour
être capable de répondre ainsi à l’adversité, de lui offrir une
réponse créative, consciente, au lieu d’une réponse simplement
réactive, réflexe. Mais alors, si vous bénissez ainsi
l’adversaire, qui n’est même plus un adversaire alors mais un
pauvre être humain en proie à son inconscience, quelque chose
change. Vous brisez le cycle de la violence et vous donnez de
l’énergie, avec votre parole créatrice, à ce qu’il y a de
meilleur en l’autre.</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Murmures dans la
salle.</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- C’est de
l’aïkido énergétique. Plus l’autre vous oppose haine et
inconscience, plus votre bénédiction est efficace car vous lui
retournez son énergie transformée. C’est une arme imparable car
la seule chose que l’autre peut vous renvoyer efficacement, c’est
une autre bénédiction et on entre alors dans le cercle vertueux de
l’amour. Et bien sûr, c’est tout le contraire d’une arme. On
ne peut pas pratiquer la bénédiction en voulant changer l’autre
car c’est déjà une violence que de vouloir le faire changer,
obtenir un résultat…</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Une femme au visage
sévère a objecté :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Il n’y a que
Dieu qui puisse bénir, ou un prêtre…</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Charles a répondu
du tac au tac :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- C’est toujours
Dieu qui bénit en nous. C’est notre part divine. Et dans la
nouvelle ère, nous sommes tous notre propre maître et notre propre
disciple, et aussi notre propre prêtre. C’est la grâce que nous
fait le Saint-Esprit…</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">La femme a secoué
la tête. Elle n’était visiblement pas convaincue. Il a ajouté :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Voyez-vous une
objection à ce que je vous bénisse pour la sagesse qui grandit en
vous, ou mieux que je bénisse cette sagesse, tout simplement ?</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Elle a eu l’air
surprise, puis elle a souri en faisant non de la tête avant de
répondre :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Non...</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Il était fort. La
faire sourire, c’était un exploit. Mylène a levé la main, et en
bon prof, Charles lui a donné la parole :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Alors, si je
comprends bien ce que tu dis, le mieux que je puisse faire, c’est
de bénir mon ex-mari, de lui souhaiter d’arrêter de boire et de
trouver la paix. Parce qu’au fond, c’est un pauvre mec qui a
souffert, avant même de me connaître, de prendre des coups de son
père, et qui n’avait que ses poings pour s’exprimer…</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Ma voisine a dit
alors à voix assez forte pour que je l’entende :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- La violence,
c’est un manque de vocabulaire…</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Ça c’est de
Gilles Vigneault, le poète québécois. Je l’avais entendu le dire
dans une vidéo et j’étais d’accord. J’aime ses textes. Il me
donne du vocabulaire. Parce que je n’en avais pas beaucoup, surtout
quand j’étais jeune. Charles a hoché la tête et Mylène s’est
levée et nous a fait face. Elle avait des larmes dans les yeux :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Et maintenant, ce
vieux con, il est malade et il va crever tout seul parce que ses
enfants le rejettent. Et c’est à moi de le bénir…</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Elle s’est mise à
pleurer et Charles s’est approché, a mis une main sur son épaule :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Ce n’est pas
facile, n’est-ce pas ?</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Non, ce n’est
pas facile. J’ai envie qu’il crève dans des souffrances aussi
dures à vivre que celles qu’il m’a infligées…</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Les larmes ont
redoublé. La bouddhiste a tendu des mouchoirs en papier à Mylène,
qui s’est essuyée les yeux et a continué :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Mais je
comprends. Si je reste là, avec juste l’envie qu’il souffre à
son tour, il a gagné. Il m’a entraîné dans sa boue. Alors que si
j’arrive à le voir dans… dans...</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Charles a soufflé :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Dans son
humanité.</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Oui, c’est ça,
si j’arrive à le voir dans son humanité souffrante, alors c’est
moi qui ait gagné. C’est mon amour qui a gagné. Parce que…</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Elle a hoqueté de
larmes avant d’arriver à dire d’une voix étranglée :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Parce que je
l’aimais, ce con.</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Grand silence. On a
alors entendu les enfants se disputer dans la pièce d’à côté.
Et une petite fille dire d’une voix plaintive :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">- Et si je te
bénis, tu me le donnes… ?</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0.1cm; text-indent: 0.51cm;">
<span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-FR">Éclat de rire
généralisé. Mylène n’était pas en reste. (...)</span></span></p></div><div><br /></div><div><br /></div><div><br /><div><br /></div><div><br /><p><br /></p><p><br /></p><p><br /></p></div></div>Jean Gagliardihttp://www.blogger.com/profile/08229714193935289206noreply@blogger.com1tag:blogger.com,1999:blog-1648819312264509748.post-77923762899918060512022-03-24T04:31:00.012-04:002022-03-26T08:58:01.497-04:00Le Tiers-Aimant<p align="justify"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiW1EjuC1RsUoi9gU8W39sBESEiXRT-K4JmqNx725QBTduggzNKbHc5mPQDpvrYulUlDrfDYrXO12TMjfH0FYhtE3BR5MSS-weexRKRtt54jPuQudxCfMrkhrZaTDNsTED0uqHwxHrro235oyKjrRptZZtgZv3uneU93liDTRwJXu7aVtfhKWXhU89v/s500/enfant1.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="333" height="415" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiW1EjuC1RsUoi9gU8W39sBESEiXRT-K4JmqNx725QBTduggzNKbHc5mPQDpvrYulUlDrfDYrXO12TMjfH0FYhtE3BR5MSS-weexRKRtt54jPuQudxCfMrkhrZaTDNsTED0uqHwxHrro235oyKjrRptZZtgZv3uneU93liDTRwJXu7aVtfhKWXhU89v/w276-h415/enfant1.jpg" width="276" /></a></span></div><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;"><div style="font-family: "Times New Roman";"><span style="font-family: georgia; font-size: x-small;"><i>Temps de lecture : environ 30 minutes.</i></span></div><div><br /></div></div><div style="text-align: justify;">Cela
fait longtemps que je n’ai pas écrit pour ce blogue. Ce n’est
pas que je n’ai rien à dire, au contraire. Dès la publication de
mon dernier article, j’ai eu une idée assez claire du thème dont
je vais vous parler, mais je n’avais encore aucune idée de comment
j’en parlerai. Et puis il me faut à chaque fois trouver la bonne place à partir
de laquelle écrire. Ce n’est pas tout de prendre la plume ou la
parole, il faut s’assurer qu’on la prend du bon endroit. Si l’on
parle à partir du mental qui divise et qui oppose, ou d’un cœur
agité par la peur ou la colère, il vaut peut-être mieux se taire,
rester en silence. D’un article à l’autre, c’est toujours un chemin intérieur que je parcoure donc, car c’est
l’occasion d’explorer une idée, une intuition ou un rêve
jusqu’à ce que je puisse en parler. Et puis bien sûr, il y a
l’actualité qui s’en mêle et qui réclame elle aussi que je
trouve le bon endroit à partir duquel je peux m’exprimer sans
avoir l’impression d’ajouter à la cacophonie ambiante…</div></span><p></p>
<p align="justify"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Quand
je marche en silence ainsi, j’observe avec beaucoup d’amusement
comment la vie et les rêves viennent nourrir le courant de réflexion
qui me travaille. Cette fois, c’est un rêve entendu peu après le
déclenchement de la guerre en Ukraine qui a amené la compréhension
qui cherchait à se cristalliser en moi depuis plusieurs mois. La
rêveuse est une jeune femme qui s’intéresse particulièrement au
travail avec les rêves, auquel elle veut se former. Au moment où
elle m’amène ce rêve, elle vit des difficultés relationnelles
avec son conjoint et s’avoue très inquiète devant la guerre. Elle
répète à plusieurs reprises au début de notre rencontre qu’elle
ne comprend pas. Elle ne comprend pas qu’on puisse choisir délibérément de faire
la guerre ainsi et d’entraîner des milliers de personnes dans la
mort. Elle ne comprend pas ceux qui, dans son entourage, justifient
la guerre en répandant des mensonges inspirés par la propagande du Kremlin. Elle ne comprend pas son
conjoint qui l’intimide en haussant le ton dans leurs discussions.
Juste avant de me raconter le rêve, elle pleure. Et voilà le rêve
:</span></span></p>
<p align="justify"><i style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Un
homme et une femme se disputent. Ils sont debout, face à face, dans
une pièce faiblement éclairée, avec une lumière un peu
tremblotante, comme des bougies ou un feu de cheminée. La rêveuse
est observatrice, détachée de la scène qu’elle observe comme au
travers d’une vitre, d’une fenêtre. Elle n’entend pas ce
qu’ils se disent. La femme est particulièrement
virulente, furieuse. L’homme a l’air accablé mais il se
redresse, fait front et lève même la main à un moment. Cependant,
elle ne se démonte pas, elle s’approche de lui et lui crie sa
colère au visage. Il recule avec un geste qui laisse entendre qu’il
n’en peut plus. Et comme il a reculé, la rêveuse peut voir un
enfant de deux ou trois ans qui se tient debout dans l’embrasure
d’une porte et observe les adultes en train de se disputer. Il a
les yeux extraordinairement lumineux. Il semble n’être absolument
pas inquiet. Au contraire, il sourit en les regardant
alternativement. La rêveuse est touchée par la présence de
l’enfant, qui lui semble "non ordinaire", et à peine
a-t-elle pensé cela qu’elle se retrouve dans le corps de l’homme,
ce qui lui donne à ressentir un mélange de peur, de honte et de
colère, de rage rentrée. La femme prend conscience de la présence
de l’enfant et se tourne vers lui, immédiatement adoucie. Des
larmes viennent sur le visage de l’homme… et la rêveuse se
réveille.</span></i></p>
<p align="justify"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;"></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;">Dans
la résonance intuitive que j’ai proposée à la rêveuse, j’ai
tout de suite mis l’accent sur la présence du tiers, un tiers
« non ordinaire » bien sûr qui préside souvent à nos
échanges même si nous n’en sommes pas conscients. J’ai
interrogé : que s’est-il passé il y a deux ou trois ans ?
Qu’est-ce qui est né alors ? La rêveuse n’a pas hésité : elle
a découvert le travail avec les rêves il y a un peu plus de deux
ans, et elle a été tout de suite bouleversée par le sentiment de
ce que quelque chose de radicalement nouveau venait d’entrer dans
sa vie. Quelque chose de magique. Elle a sursauté et m’a demandé
en retour : « C’est l’Enfant Divin ? Dans le rêve, cet
enfant… c’est l’Enfant Divin !? » Ce n’était pas
vraiment une question, plutôt une affirmation dont elle cherchait
confirmation. Je ne pouvais pas la démentir. C’est sans doute la
meilleure façon de parler de cette présence qui manifeste
l’éternellement Nouveau que de parler de l’Enfant Divin. Pour
cette jeune femme qui a renoué avec sa foi chrétienne à peu près
au même moment qu’elle a découvert les rêves, ce n’était pas
une abstraction intellectuelle car les rêves, justement, lui avaient
amené le sentiment de ce qu’il y avait, en tous temps, une
présence aimante à l’intérieur...</span></span></span></div><p></p>
<p align="justify"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;"></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtKsRReNIFnEhiaSMSer-bUzh6Q5TKu7KhOb5TpaqjmTdKVnJ12liSDKWBEY5oTKzvV1YTsYvbKdz2ZtDenzgqhakXh2GadMpjyd1ErnTO6MiFBpwMRCOo1EUyoy0m7k4vrj3H04xQp7Ze3_QHd96uVf136n_DqY9uvkiZoWQAh7I1q1OQjGtKyg3g/s1500/namaste2.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1095" data-original-width="1500" height="225" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjtKsRReNIFnEhiaSMSer-bUzh6Q5TKu7KhOb5TpaqjmTdKVnJ12liSDKWBEY5oTKzvV1YTsYvbKdz2ZtDenzgqhakXh2GadMpjyd1ErnTO6MiFBpwMRCOo1EUyoy0m7k4vrj3H04xQp7Ze3_QHd96uVf136n_DqY9uvkiZoWQAh7I1q1OQjGtKyg3g/w307-h225/namaste2.jpg" width="307" /></a></span></span></div><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;">Nous
avons parlé cependant de la possibilité que le rêve symbolise par
là son enfant intérieur à l’âge de deux ou trois ans, mais nous
sommes convenus que c’était forcer le trait car rien ne lui
permettait de se voir dans ce garçon aux yeux lumineux. Elle n’avait
pas souvenir d'avoir été témoin de disputes dans sa famille. Et nous
sommes restés avec la numinosité qui se dégageait de l’enfant
souriant devant ces adultes – on pouvait penser que c’était ses
parents – en train de se disputer. Nous avons discuté de sa propre
colère envers son conjoint, et de la façon dont elle pouvait
« rêver » de le faire reculer ainsi en criant plus fort
quand il se montrait intimidant. Je l’ai invitée à visiter en
imagination active la position des deux protagonistes et à aller
voir ce qu’ils ressentaient. Elle en est ressortie avec beaucoup
d’admiration pour la force de la femme, « une guerrière »
m’a-t-elle dit. L’homme avait peur d’elle. Et l’enfant, que
ressentait l’enfant quand il regardait ces deux adultes ? De
l’amour. De la compassion. L’enfant, m’a-t-elle dit, est
absolument en paix, tranquille, et toute cette dispute lui semble
être un jeu. Il a envie de rire.</div></span></span><p></p>
<p align="justify"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Je
lui ai alors proposé une interprétation du rêve partant sa
difficulté avouée avec les conflits pour aller jusqu’à l’une
des clés majeures du travail avec les rêves. Dans celui-ci, elle
observe la dispute d’abord de l’extérieur, en mode dissocié.
Mais il est frappant que le rêve se termine au moment où elle
s’associe directement à la scène en se retrouvant – ô surprise
! – dans la peau de l’homme, dont elle ressent la peur, la
honte, la rage… et finalement la tristesse. Ce point, bien sûr,
l’intriguait particulièrement : pourquoi ne s’est-elle pas
retrouvée dans la peau de la femme, à qui elle s’identifierait
volontiers ? Et bien peut-être, justement, parce qu’elle serait
portée à s’identifier à la femme, à se projeter en elle… or
il se pourrait bien que le rêve veuille lui faire « toucher du
doigt » l’autre côté, la position de l’homme. Ce qui me
paraît important, c’est justement que le rêve lui donne, à partir du moment où elle prend conscience de la présence de l'enfant et de sa nature "non ordinaire", à
ressentir ce que vit l’homme. J’ai souligné que le rêve semble donc tracer un chemin qui va d’un endroit où elle est extérieure au conflit, et où elle
n’entend rien, à un autre où elle ressent profondément ce que
l’autre, qui est elle-même, ressent. Un chemin vers le ressenti profond.
Elle a reconnu qu’elle-même ressentait cette peur, cette honte et
tout particulièrement cette rage dans ses disputes avec son ami, et nous
nous sommes retrouvés à discuter de comment ces sentiments
pourraient bien être ceux de son animus, du masculin en elle, aux
prises avec l’anima de son conjoint, symbolisé par la femme. Mais
nous sommes convenus que le point clé du rêve, c’était donc le
relâchement final de la tension quand le regard de la femme se
portait sur l’enfant, qu’elle s’adoucissait, et que les larmes
coulaient sur les joues de l’homme.</span></span></p>
<p align="justify"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Notre
discussion a ensuite porté sur la présence de ce tiers qui est bien
souvent nécessaire pour que les protagonistes d’un conflit
puissent parvenir à une vision élargie de ce qui se passe, et à
une résolution de la dispute sans vainqueur ni vaincu. Et c’est à
partir de là que je lui ai proposé un autre niveau d’interprétation
du rêve en lui parlant d’un article de Pierre Trigano que je cite
souvent dans mes cours, où il est question de la présence de ce
Tiers qui intervient dans le travail avec les rêves. Mr Trigano nous
y présente un rêve qui décrit le fondement de l’analyse au
travers de la belle formule :</span></span></p>
<p align="center"><span style="font-family: georgia;">« Deux
aiment trois, et trois aime deux »</span></p>
<p align="justify"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Je
cite l’interprétation qu’en propose l’article, que vous pouvez
lire ici : <a href="https://creezviedereve.com/docs/ethique_du_reve.pdf" rel="nofollow" target="_blank">éthique du rêve</a>.</span></span></p>
<p align="justify"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">« Ces
mots me paraissent exprimer de manière subtile la "formule"
qui définit la singularité de la voie des rêves. Les "deux"
sont évidemment la rêveuse et l’analyste, et le rêve semble
enseigner que leur relation duelle, de personne à personne, n’est
nullement à elle-même son propre but. La relation spécifiquement
thérapeutique dans l’analyse des rêves n’est pas cette relation
duelle, mais la relation que les deux ouvriront, au cours de leur
travail, avec un « trois », un troisième, qui n’est
autre que le Soi (…). »</span></span></p>
<p align="justify"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Nous
avons ici la clé peut-être la plus importante du travail avec les
rêves, qui est souvent bien difficile à comprendre tant nous sommes
pétris de "méthodes", de "techniques", de
"théories" et de "savoirs" qui se voudraient
infaillibles et qui permettraient d’en finir rapidement avec le
rêve, de dire « ce n’est que... ». Or c’est l’erreur
que commettent la plupart des débutants, et même des analystes
chevronnés, de vouloir que le rêve soit réductible à une théorie, une méthode. Mais un rêve, ce n’est jamais que… et pour que le pouvoir
transformant du rêve puisse agir et amener quelque chose de nouveau
à la conscience, nous devons nous ouvrir à la présence vivante du
rêve, c’est-à-dire à la présence vivante du Soi dans le rêve.
Cela ne veut pas dire qu’il ne faille pas étudier les méthodes et
les théories, se contenter de l’intuition pure. Comme le disait
Jung :</span></span></p>
<p align="justify"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">«
Quant à l’interprétation des rêves, étudiez tous les livres et
toutes les méthodes. Mais quand vous êtes devant un rêve,
écartez-les car chaque rêve est unique, tout comme chaque rêveur
est unique. »</span></span></p>
<p align="justify"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;"></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi5mIL35063q9pjL66V2_kCSOlxL-bGcR3XQ_qFfuajpYeHTYQWNdUmg7gmuP9VlNvC8Gkk_tkBXt_WamYtTXdl0u6ZIzZqUUz3uA-CAPGhq8FEKx69CoOkHT0r5dvJybPIvdm5UdVQ2wP1-2bgdEGrxs82wtlKU4OCNqvZ59N-m8GiIWGWR5mpOIcE/s480/Jung%20dessin.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="480" data-original-width="480" height="310" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi5mIL35063q9pjL66V2_kCSOlxL-bGcR3XQ_qFfuajpYeHTYQWNdUmg7gmuP9VlNvC8Gkk_tkBXt_WamYtTXdl0u6ZIzZqUUz3uA-CAPGhq8FEKx69CoOkHT0r5dvJybPIvdm5UdVQ2wP1-2bgdEGrxs82wtlKU4OCNqvZ59N-m8GiIWGWR5mpOIcE/w310-h310/Jung%20dessin.jpg" width="310" /></a></span></span></div><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;"><br /><div style="text-align: justify;"><span>Non
seulement s’agit-il de respecter l’unicité du rêve, et du
rêveur, qui ne pourront jamais se réduire au « ce n’est
que... » d’une théorie générale. Mais il s’agit de faire
confiance dans la volonté même de l’inconscient de se faire
connaître. Von Franz s’en félicite : </span><span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-CA">«
Dieu merci, l’inconscient est intéressé à ce que le rêve soit
compris. » Mais au-delà du désir de l’inconscient d’amener
quelque chose à la conscience, nous pouvons </span></span><span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-CA">simplement
</span></span><span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-CA">établir
une relation de confiance au Soi qui préside au travail avec les
rêves. </span></span><span face="Arial, sans-serif"><span lang="fr-CA">La
rêveuse a réagi à ce que je lui proposais là en souriant et en
citant simplement l’évangile :</span></span></div></span></span><p></p>
<p align="justify"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">« Quand
deux ou trois d’entre vous sont réunis en mon nom, je serai
présent. »</span></span></p>
<p align="justify"><span style="font-family: georgia;"><span face="Arial, sans-serif" style="text-align: left;"><span lang="fr-CA">Nous
n’avons pas eu le temps d’élaborer plus sur la présence de cet
Enfant Divin dans l’embrasure de la porte du rêve, image </span></span><span face="Arial, sans-serif" style="text-align: left;"><span lang="fr-CA">ô</span></span><span face="Arial, sans-serif" style="text-align: left;"><span lang="fr-CA">
combien symbolique, car la séance était finie. Elle m’a cependant
dit qu’elle était beaucoup plus en paix à l’issue de celle-ci,
qu’elle comprenait sans pouvoir bien l’expliquer comment quelque
chose de plus grand, encore une fois de « magique », agit
à travers le rêve quand on lui prête attention, et combien il
était rassurant pour elle de sentir cette présence numineuse du
Soi… dans les rêves, dans la vie. </span></span><span face="Arial, sans-serif" style="text-align: left;"><span lang="fr-CA">Elle a rit en ajoutant qu'elle réalisait qu'il n'était pas important de "comprendre" pourquoi les gens entrent en guerre, etc... mais qu'il fallait trouver comment se positionner intérieurement devant ça. Pour cela, elle avait besoin de cette présence, du Soi. Nous avons conclu en jouant avec les mots, nous amusant de ce que quand l’âme agit… c’est la magie !</span></span></span></p>
<p align="justify"><span style="font-family: georgia;"><span face="Arial, sans-serif" style="text-align: left;"><span lang="fr-CA">Ce
rêve m’a donné beaucoup à réfléchir dans les jours qui ont
suivi car le thème qui s’était imposé à mon esprit après la
publication de « ce qui sauve » était justement celui du « Tiers
aimant », sans que je puisse dire </span></span><span face="Arial, sans-serif" style="text-align: left;"><span lang="fr-CA">donc
encore </span></span><span face="Arial, sans-serif" style="text-align: left;"><span lang="fr-CA">exactement
de quoi il retournait. Or j’avais là, avec cette image de l’enfant
contemplant avec des yeux lumineux, emplis d’amour, les adultes se
disputant, de quoi nourrir ma réflexion. Mais il a fallu qu’un
autre rêve me revienne e</span></span><span face="Arial, sans-serif" style="text-align: left;"><span lang="fr-CA">n
</span></span><span face="Arial, sans-serif" style="text-align: left;"><span lang="fr-CA">mémoire
pour que </span></span><span face="Arial, sans-serif" style="text-align: left;"><span lang="fr-CA">je
comprenne ce que représentait cet enfant, et à quel point il venait
répondre aux questions que je me posais. Avant d’en venir là, il
me faut vous parler un peu de comment l’actualité m’a fait faire
tout un chemin intérieur…</span></span></span></p><p align="justify"><span style="font-family: georgia;"><span face="Arial, sans-serif" style="text-align: left;"></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><span face="Arial, sans-serif" style="text-align: left;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg9KWmXWSU4Fkt_sOEXKMii5vV9lYstCugAvI1pY_ctx2Jmh4_uNd2qJPO8AgGo22-bKwV-wr8Gx2UnS8Ag2l1QnzDQEEdltL_jtKeJ5kIRZSVKuO4KN4MTwNEJNKKtGkhQfVDcedU57ENcuYIiQ-3muMEvb-TAURukE7nyZWtOzZ97bLQj6Jq4ITZn/s960/fillette%20ukraine.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="720" data-original-width="960" height="282" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEg9KWmXWSU4Fkt_sOEXKMii5vV9lYstCugAvI1pY_ctx2Jmh4_uNd2qJPO8AgGo22-bKwV-wr8Gx2UnS8Ag2l1QnzDQEEdltL_jtKeJ5kIRZSVKuO4KN4MTwNEJNKKtGkhQfVDcedU57ENcuYIiQ-3muMEvb-TAURukE7nyZWtOzZ97bLQj6Jq4ITZn/w376-h282/fillette%20ukraine.jpg" width="376" /></a></span></span></div><p align="justify"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Comme
beaucoup je crois, j’ai été très troublé par la déclaration de
guerre de la Russie à l’Ukraine, et à travers elle, à la
démocratie. Il me semble qu’il est difficile de ne pas être
troublé par de telles circonstances. J’ai admiré cependant
quelques amies, toutes des femmes, qui ont gardé leur cœur
complètement en paix au milieu de ce tourbillon de nouvelles, sans
pour autant s’enfouir la tête dans le sable. Pour ma part, je me
suis retrouvé déchiré entre une envie d’en découdre allant avec
l’impression d’identifier clairement un visage du Mal, et le
sentiment de la nécessité de trouver une autre réponse que celle
qui consiste en me laisser entraîner par l’atmosphère
belliqueuse. Il me fallait à la fois prendre position, et me garder
d’être submergé. Au cours d’une réunion avec d’autres
analystes, j’ai pris conscience de ce qu’il était complètement
naturel d’être ainsi troublé et déchiré dans un moment de forte
activation de l’inconscient collectif, où se sont les archétypes
eux-mêmes qui entrent en mouvement comme des plaques tectoniques qui
viennent faire trembler la terre sous nos pieds. Il m’a paru urgent
d’amener quelques éléments de réflexion pour nourrir une
perspective plus vaste…</span></span></p>
<p align="justify"><span style="font-family: georgia;"><span face="Arial, sans-serif" style="text-align: left;"><span lang="fr-CA">L</span></span><span face="Arial, sans-serif" style="text-align: left;"><span lang="fr-CA">e
premier point</span></span><span face="Arial, sans-serif" style="text-align: left;"><span lang="fr-CA">,
</span></span><span face="Arial, sans-serif" style="text-align: left;"><span lang="fr-CA">c’est
que plus que jamais il me paraît important de vérifier quelles sont
les émotions que nous nourrissons quand nous prenons la parole, en
particulier sur les réseaux sociaux. Cela nous ramène à la
nécessité, dont je parlais en introduction à cet article, de
vérifier à partir d’où nous parlons. Si nous parlons à partir
de la peur, de la colère, nous nourrissons la peur et la colère,
c’est ce que nous communiquons et nous attisons le feu dans le
monde. On peut penser – nous en discuterons un peu plus loin, - que
c’est un feu transformant, qu’il faut que notre monde brûle pour changer en mieux…
mais en attendant qu’il soit transformé, ce beau monde, cela fait
beaucoup de gens qui souffrent dans le feu. Ce que nous amenons dans
le monde relève de notre responsabilité : on ne peut pas vouloir un
monde en paix et attiser la guerre, la peur, la colère, la haine.
Envers qui que ce soit.</span></span></span></p>
<p align="justify"><span style="font-family: georgia;"><span face="Arial, sans-serif" style="text-align: left;"><span lang="fr-CA">Dans
la situation que nous vivons, et compte tenu de la caisse de
résonance qu’offre l’Internet, il me semble particulièrement
important </span></span><span face="Arial, sans-serif" style="text-align: left;"><span lang="fr-CA">aussi
</span></span><span face="Arial, sans-serif" style="text-align: left;"><span lang="fr-CA">de
veiller à ne pas réduire une situation complexe à un « ce
n’est que... » péremptoire. « </span></span><span face="Arial, sans-serif" style="text-align: left;"><span lang="fr-CA">Ce
n’est que... » est la signature d’un biais cognitif tout à
fait dommageable par les temps qui courent. Je crois que nous devons
tous veiller, à ce point, à éviter tout simplisme, toute
simplification abusive et réductrice de la complexité de la
situation. </span></span><span face="Arial, sans-serif" style="text-align: left;"><span lang="fr-CA">Quand
nous amenons des éléments de réflexion sur les réseaux sociaux ou
dans des prises de position publiques, nous avons la responsabilité
de nous assurer que ce que nous disons s’appuie sur la vérité,
et si nous ne sommes pas certains de cette vérité, qu’au moins
cela fasse du bien ou soit utile à autrui. C’est ce qu’on appelle les
filtres de Socrate, dont j’ai déjà discuté dans un autre article. Il s'agit de se demander à chaque fois qu'on avance quelque chose :</span></span></span></p>
<p align="justify"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">-
Est-ce vrai (comment peux-tu être certain.e que c'est vrai) ?</span></span></p>
<p align="justify"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">- Si
tu n'es pas sûr.e que ce soit vrai, est-ce que cela fait du bien (à
ceux qui te liront, ou t’entendront, pas seulement à toi) ?</span></span></p>
<p align="justify"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">- Si
tu ne peux répondre positivement à ces deux questions, au moins
est-ce utile ?</span></span></p>
<p align="justify"><span style="font-family: georgia;"><span face="Arial, sans-serif" style="text-align: left;"><span lang="fr-CA">Pour
plus d'informations sur les filtres de Socrate, je suggère de lire
cet article : <a href="https://nospensees.fr/les-trois-filtres-de-socrate" target="_blank">Les trois filtres de Socrate</a>.
Si le sujet vous intéresse, j'ai développé cette réflexion en
août 2020 déjà dans la seconde partie de cet article :
</span></span><span style="color: navy; text-align: left;"><span lang="zxx"><a href="https://voiedureve.blogspot.com/2020/08/trou-noir.html" target="_blank"><span face="Arial, sans-serif">Trou noir</span></a>.</span></span></span></p>
<p align="justify"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;"></span></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEioueEaMrJQPrKirH0g-V99WGFPRKJv-_yf6CyDfWV6cUHyy6c4VMYwCU3RBXpIiz9dATaPpw9OEqPVsXuvNgk_mPTcjg9qUs8wDQTd9Z28FcPrr5qWt_WNxWxPDmBqoa7hrGLMwgkNQ7vwPYgXBh7JGcV8nRKEF4WOZE1Fjt5KWMPQHe9GaZGf8DTl/s390/Socrate_silenico.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="390" data-original-width="269" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEioueEaMrJQPrKirH0g-V99WGFPRKJv-_yf6CyDfWV6cUHyy6c4VMYwCU3RBXpIiz9dATaPpw9OEqPVsXuvNgk_mPTcjg9qUs8wDQTd9Z28FcPrr5qWt_WNxWxPDmBqoa7hrGLMwgkNQ7vwPYgXBh7JGcV8nRKEF4WOZE1Fjt5KWMPQHe9GaZGf8DTl/s320/Socrate_silenico.jpg" width="221" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: x-small;">Socrate</span></td></tr></tbody></table><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;"></span></span></div><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;"><br /><div style="text-align: justify;"><span>Quant
à ce que nous pouvons faire pour répondre à la situation actuelle,
tout dépend bien sûr d’où nous sommes. Il est naturel que
certains se battent les armes à la main pour défendre leur pays, et
si nous pouvons honorer leur courage, nous pouvons penser aussi à
ces jeunes soldats qui sont engagés dans une aventure à laquelle
ils ne comprennent rien, où ils sont censés être des libérateurs
et vont cependant au devant d’une mort ignominieuse. Une des
positions les plus nobles qui soit dans une telle situation est
certainement celle des médecins et des infirmiers qui font ce qu’ils
peuvent pour soulager les souffrances engendrées par la folie des
hommes. Mais ceux-là, que ce soient ceux qui se battent ou ceux qui
sauvent des vies sur le front, ne me liront pas. Il est probable que,
comme je le suis moi-même, vous soyez simplement témoins distants et impuissants du
drame actuel. J’ai déjà dit plus haut combien il me semble important
que nous ayons une parole juste, qui n’ajoute pas au conflit en
cours. Je pourrais ajouter qu’il est de notre responsabilité
d’éviter d’être gagnés par l’ombre en participant en esprit
aux violences à l’œuvre. Pour poursuivre cette réflexion, je
vous livre </span><i>in extenso</i><span> un texte que j’ai publié sur Facebook
:</span></div></span></span><p></p>
<p align="justify"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">« Plus
que jamais, nous avons donc une responsabilité éthique dans la
façon dont nous nous exprimons devant ce qui arrive. Et cette
responsabilité nous oblige à faire un retour sur nous-mêmes plutôt
que d’accuser autrui de tous les maux. Nous sommes face à un
sérieux problème, c’est certain, que cristallise le petit tsar
Poutine et l’idéologie nationaliste qui l’inspire... mais qui
peut prétendre que nous n’y sommes pour rien ?</span></span></p>
<p align="justify"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Quand
je dis « nous », je dis nous en tant que sociétés occidentales
dites « démocratiques » mais complètement gangrenées par le
capitalisme, qui consomment plus de la moitié des ressources
mondiales en laissant crever dans la misère la plus grande partie de
la planète, tout en leur vendant des armes et en supportant des
régimes dictatoriaux comme celui du maréchal Sissi en Égypte.
Quand la Russie nous fait le coup des armes de destruction massive en
Ukraine, elle nous renvoie à la façon dont les États-Unis ont
justifié la guerre en Irak. Si l’on devait traîner la Russie
devant un tribunal international, ne conviendrait-il pas de juger les
États-Unis pour les destructions en Irak, qui ont fait au bas mot
500.000 morts…?</span></span></p>
<p align="justify"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Et
si l’élan de solidarité avec l’Ukraine est remarquable, et doit
être salué, pourquoi notre indignation est-elle à ce point
sélective que personne ne prête attention à la guerre récente du
Tigré en Éthiopie, ou encore au conflit au Yémen qui perdure
depuis plusieurs années ? Cette guerre abominable, alimentée par
les occidentaux qui fournissent l’Arabie Saoudite en armes (dont la
France), a déjà fait 400.000 morts. Mais c’est loin et cela ne
nous concerne pas, semble-t-il. Et voilà donc que nous nous
préparons à accueillir à bras ouverts les réfugiés ukrainiens…
mais pourquoi n’accueillons-nous pas ainsi les Syriens... et toutes
les victimes de la guerre économique que nous menons au reste du
monde ?</span></span></p>
<p align="justify"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;">Nous
pouvons dire que nous sommes confrontés au "mal", incarné
par l'idéologie nationaliste qui inspire Poutine (voyez l'édifiant </span><span style="color: navy; text-align: left;"><span><a href="https://www.fondapol.org/decryptage/la-russie-na-pas-seulement-defie-loccident-elle-a-montre-que-lere-de-la-domination-occidentale-mondiale-peut-etre-consideree-comme-completement-et-definitivement-revolue" target="_blank">éditorial d'Akopov</a></span></span><span style="text-align: left;">).
Ce mal, c'est aussi le mensonge qui règne partout, la falsification
systématique de la vérité, sa manipulation - et nos médias n'en
sont pas exempts. Cependant, au lieu de parler du mal qui ronge
l'autre, ne devrions-nous pas examiner le mal dont nous sommes
inconscients en nous-mêmes ? Ne devrions-nous pas tous prendre
responsabilité (</span><i style="text-align: left;">response ability</i><span style="text-align: left;"> : capacité de répondre,
qui n'est pas "culpabilité") de la situation ?</span></span></p>
<p align="justify"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Mais
alors, que faire ?</span></span></p>
<p align="justify"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">D’abord,
je crois qu’il faut que nous reconnaissions que nous sommes "en
guerre", et que cela ne date pas d’hier. Les mesures de
rétorsion économique que nous prenons contre la Russie sont des
mesures de guerre, qui pourraient appeler des répliques militaires.
Mais il faut bien comprendre que depuis longtemps, la façon dont la
mondialisation capitaliste est conduite est une guerre menée contre
les peuples. Je ne crois pas qu’ils soient bien nombreux en
Afrique, en Asie ou en Amérique Latine, à avoir envie de verser une
larme sur le sort des pauvres européens aux prises avec Poutine. Au
pire, ils risquent de penser que c’est un retour de bâton qui nous
pendait au nez, et qui pourrait nous apprendre l’humilité. Et c’est
tout notre « logiciel » qui est orienté vers la guerre. Quand
notre président bien-aimé (sic) nous explique que nous allons
gagner la guerre contre le virus, nous sommes en fait contaminés par
sa logique : nous sommes en guerre contre le virus, contre la nature,
contre la planète, et contre tout ce qui n’est pas nous…</span></span></p>
<p align="justify"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;">Si
nous voulons nous en sortir, il va falloir changer de logiciel et
sortir de la logique de guerre. Individuellement d’abord, et
collectivement autant que possible. C’est un chemin intérieur…
mais justement, il n’y a peut-être de chemin praticable qu’à
l’intérieur face à une telle situation. J’ai déjà publié par
le passé deux articles portant sur la nécessité de « retourner le
regard »
(</span><span style="color: navy; text-align: left;"><span><a href="https://voiedureve.blogspot.com/2017/03/retourner-le-regard.html" target="_blank">https://voiedureve.blogspot.com/2017/03/retourner-le-regard.html</a></span></span><span style="text-align: left;">)
et de nous ancrer dans une « paix dans le cœur » pour amener un
changement dans le monde
(</span><span style="color: navy; text-align: left;"><span><a href="https://voiedureve.blogspot.com/2014/10/paix-dans-le-coeur.html" target="_blank">https://voiedureve.blogspot.com/2014/10/paix-dans-le-coeur.html</a></span></span><span style="text-align: left;">)
mais j’aimerais amener aujourd’hui deux autres éléments de
réflexion, qui ont alimenté ma réflexion de ces derniers jours...</span></span></p>
<p align="justify"><span><span style="font-family: georgia;"></span></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhxgk_I5SM0q7wQduItLRpy1HMqetLAVZ3260eaxH5lY6y4cx_x306dB0kSqIbfJLXdf7Wxfnv9Q1DuSbtlwlqoENbmCMcav3lDGCuU0uUwMGCYS_Itzj0iPvp34VxMo5266cdWTotFxvGOU0O8qcmmuMPfPmnH-NB23FOThSzpiByii3oG91zYtSzY/s1920/Tolsto%C3%AF%20et%20Gandhi.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1080" data-original-width="1920" height="247" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhxgk_I5SM0q7wQduItLRpy1HMqetLAVZ3260eaxH5lY6y4cx_x306dB0kSqIbfJLXdf7Wxfnv9Q1DuSbtlwlqoENbmCMcav3lDGCuU0uUwMGCYS_Itzj0iPvp34VxMo5266cdWTotFxvGOU0O8qcmmuMPfPmnH-NB23FOThSzpiByii3oG91zYtSzY/w440-h247/Tolsto%C3%AF%20et%20Gandhi.jpg" width="440" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: x-small;">Tolstoï et Gandhi</span></td></tr></tbody></table><span><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;"><span><span style="font-family: georgia;">Le
premier point, c’est la nécessité devant laquelle nous sommes de
revenir aux racines de notre spiritualité occidentale pour nous y
ancrer et peut-être, à partir de là, prendre un nouveau départ.
Je suis particulièrement sensible pour ma part à la compréhension
qu’a amené Tolstoï – un grand russe – du commandement du
Christ qui fonde toute la non-violence (Matthieu 5.39) : « ne
résistez pas au mal par le mal ». Cela ne veut pas dire "ne
pas résister"... mais veiller à ne pas être entraînés dans
la logique du mal. </span></span><span style="font-family: georgia;">Vous
trouverez ici un bel exposé de sa réflexion :
</span><span><span><a href="https://www.alternatives-non-violentes.org/Revue/Numeros/153_Tolstoi_precurseur_de_la_non-Violence/La_non-Resistance_au_mal_par_la_violence_chez_Tol" target="_blank">La non résistance au mal par la violence chez Tolstoï</a>.</span></span></div></span></span><p></p>
<p align="justify"><span><span style="font-family: georgia;">Si
nous opposons la violence au mal, alors le mal nous gagne de
l’intérieur. Ce n’est pas une question de morale mais de
psychologie : combattre l’ombre projetée sur autrui nous amène à
être possédé par l’ombre. C’est ainsi que la plupart des
révolutionnaires qui ont combattu des tyrans se sont révélés à
leur tour tyranniques. L'aveuglement, c'est de nous identifier au
"bien" et de rejeter tout le mal sur l'autre. Il nous faut
absolument éviter de nous laisser entraîner par la logique de
guerre, et bien au contraire, examiner comment nous contribuons à
celle-ci...</span></span></p>
<p align="justify"><span><span style="font-family: georgia;">Il
semble donc que nous soyons acculés à « choisir notre camp », et
ce n’est peut-être pas ce que l’on croit. Notre camp, c’est
celui des peuples, qu’ils soient ukrainien ou russe, et des pauvres
gens qui sont pris dans la spirale de la guerre… et il nous faut nous garder
d’être contaminés par la haine, la violence et la logique
belliciste qui nous est serinée jour après jour. Mais il y a des
raisons d’espérer. Par exemple, on sait que les habitants de
Kherson, ville occupée par les russes, multiplient les
manifestations pacifiques pour chasser les occupants. On peut «
rêver » d’un grand mouvement de masse non-violent qui mettrait en
échec la logique guerrière de Poutine. Qui sait si son hubris ne
l'entraînera pas à sa chute et sa perte ? Nous avons le droit,
sinon le devoir, d'espérer que la paix triomphe. Mais alors, il
faudra se souvenir que les russes sont nos frères et nos sœurs. Et
nous avons le devoir de réinventer la démocratie, de l'arracher des
mains des intérêts économiques qui nous conduisent droit dans le
mur, et pourraient encore tirer parti de cette guerre...</span></span></p>
<p align="justify"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;">Le
second point, c’est une expérience scientifique rapportée par le
Journal Of Conflict Resolution dans les années 1980 : un groupe de
méditants, en cultivant un sentiment de paix pendant une semaine, a
eu un effet mesurable sur le conflit israélo-libanais qui se
déroulait alors. Vous trouverez un exposé de cette recherche ici :
</span><span style="color: navy; text-align: left;"><span lang="zxx"><a href="https://inexplore.inrees.com/articles/priere-effet-maharishi" target="_blank">Des prières à l’effet Maharishi</a></span></span><span style="text-align: left;">
et je tiens l'article du JoCR à la disposition de qui cela
intéresse. Comme le fait remarquer Didier Cauwelaert dans « <i>la
bienveillance est une arme absolue</i> », où j’ai entendu parler pour
la première fois de cette expérience, qui a été confirmée à
maintes reprises et de différentes façons, ce qui est complètement
fou, c’est que personne parmi nos dirigeants n’en a tiré de
conséquence pratique. </span></span><span style="font-family: georgia; text-align: left;">S'ils
ne sont pas capables d'en tirer des conséquences, il faut peut-être
que nous nous y mettions, et vite. Individuellement, et ensemble ! »</span></p>
<p align="justify"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;"></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEheNdKwPExnGiwr55UbE-fdGDCSzWHwcW8rPRxV2KoEC5hEIphxRRCwlTetEIluoyXHOEYdIGLy9_Ju_yWQ5MXmw8XxI6n_0Dar-et4lOY7t9EY-tRI1N1Cn7CeGIPH1dZnydCXLT28s0-PChPsOLdDDgBxQftI0frgEzVPA1cfX7DVd3fV9vQQ_0KD/s461/noosphere.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="461" data-original-width="286" height="413" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEheNdKwPExnGiwr55UbE-fdGDCSzWHwcW8rPRxV2KoEC5hEIphxRRCwlTetEIluoyXHOEYdIGLy9_Ju_yWQ5MXmw8XxI6n_0Dar-et4lOY7t9EY-tRI1N1Cn7CeGIPH1dZnydCXLT28s0-PChPsOLdDDgBxQftI0frgEzVPA1cfX7DVd3fV9vQQ_0KD/w257-h413/noosphere.jpg" width="257" /></a></span></span></div><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;"><br /><div style="text-align: justify;"><span>A
ces mots, publiés sur Facebook le 9 mars dernier, j’ajouterai que
depuis cette publication, j’ai lu un livre fort intéressant qui
amène une perspective bien plus vaste sur ce que nous vivons
collectivement. Il s’agit de </span><i>Noosphère</i><span>, de Patrice Van
Eersel, où celui-ci nous présente les réflexions de Pierre
Teilhard de Chardin et de Vladimir Vernadski, deux grands esprits qui
étaient convaincus que l’évolution nous emmène nécessairement
vers l’émergence d’une conscience collective. Dans ce livre,
l’auteur cherche à répondre au désespoir d’un jeune homme qui
est convaincu de vivre l'effondrement de notre monde - réchauffement
global, dégradation de la biodiversité, pollution généralisée,
le tout aggravé par une crise sanitaire mondiale et par la
multiplication des guerres et des régimes ultra-autoritaires. Et au
fond, ces interrogations nous concernent tou.te.s, tant il semble
qu’on nous distrait du vrai problème en agitant les marionnettes
militaires sur le devant de la scène : allô, les ami.e.s, on s’en
va droit dans le mur climatique ! Et si c’était le seul problème,
on pourrait imaginer climatiser la planète, comme le font encore
quelques techno-imbéciles… mais nous sommes allègrement en train
de franchir tous les seuils qui conduisent à l’effondrement
généralisé de notre système.</span></div></span></span><p></p>
<p align="justify"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">A
cette vision d’horreur qui se dessine devant nous, Teilhard de
Chardin et Vernadski proposent une réponse nous laissant envisager
que tout cela pourrait amener une conscience collective à émerger,
et changer radicalement le paradigme. Ces savant avaient une vision
désormais obsolète du progrès : ils croyaient que la science et
l’industrialisation amèneraient à la création d’une nouvelle
forme de conscience. Certains, qui prolongent cette technophilie,
veulent croire que l’Internet est déjà d’une certaine façon
une incarnation de cette fameuse Noosphère. Pour ma part, je serai
plutôt porté à voir en elle une dimension spirituelle que l’on
retrouve de plus en plus dans les cercles qui se constituent partout
: cercles de femmes, d’hommes, de méditation, de rêves… et
j’oserai rêver pour bientôt de "cercles de paix" (je
vous en reparlerai). Une dimension qui est de l’ordre de l’évidence
de la Conscience Une dont nous parle le Védanta, qui prend
progressivement un peu plus conscience d’Elle-même à travers
nous. Dans la perspective de Jung, on pourrait aussi y voir le Soi
émergeant de l’Inconscient collectif sous la forme d’un Mariage
sacré du Féminin et du Masculin sacrés, comme certaines de ses
visions en fin de vie le laissaient entendre. Quoi qu’il en soit,
il y a donc là une perspective optimiste qu’il est très important
me semble-t-il de considérer à ce point, précisément pour ne pas
désespérer et nourrir une vision positive du futur...</span></span></p><p align="justify"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;"></span></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj2M1pFPaZeum7G6_K9V-C5ZoXo3968UPRi2M3N1NnznOhpglPMh_TdkYxvskQSNPRtti7m5-PPFrac-qx-Z2DtHqQORylcoxEKbAYkTC-pCHTdhXimNkC6jc8R5Y083bUM13QWUrVTLHNHFB9ldKq74eMTdzLe-NwS_dUBiz9XDqGCbqrCPHP-qypV/s2170/TeilhardP_1955.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="2170" data-original-width="1674" height="329" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj2M1pFPaZeum7G6_K9V-C5ZoXo3968UPRi2M3N1NnznOhpglPMh_TdkYxvskQSNPRtti7m5-PPFrac-qx-Z2DtHqQORylcoxEKbAYkTC-pCHTdhXimNkC6jc8R5Y083bUM13QWUrVTLHNHFB9ldKq74eMTdzLe-NwS_dUBiz9XDqGCbqrCPHP-qypV/w254-h329/TeilhardP_1955.jpg" width="254" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: x-small;">Pierre Teilhard de Chardin</span></td></tr></tbody></table><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;"><span><span style="font-family: georgia;">La conscience de notre responsabilité éthique dans ce que nous amenons au monde, la prévention de la possession par l'ombre psychologique, la non-violence et la non-résistance au mal par le mal, la méditation qui répand la paix, la perspective de l'émergence d'une conscience collective qui nous amènerait "ailleurs"... nous avons là tout un "arsenal" pour faire face à la crise actuelle. A quoi nous pourrions ajouter la puissance de la bénédiction et du pardon, et aussi la conscience d'une présence souriante qui nous éclaire au travers des rêves et des synchronicités. </span></span><span style="font-family: georgia;">J’en
étais là de mes réflexions quand j’ai été ramené au rêve que
je vous partageais en début de cet article. Il faut vous dire que
j’ai récupéré il y a peu un grand nombre de cahiers dans
lesquels j’ai écrit mes rêves depuis plus de trente ans. Un
véritable trésor, d’autant que bien sûr, j’ai oublié la
plupart de ces rêves. Et l’autre jour, en rangeant mes cahiers, je
suis tombé sur ce rêve qui date d’une dizaine d’années :</span></div></span></span><p></p>
<p align="justify"><i style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Je
parle avec un homme que je ne distingue pas. En effet, je suis
accroupi devant un brin d’herbe tandis que l’homme est debout à
côté de moi, à contre-jour – le soleil brille derrière lui. Je
rigole en lui montrant le brin d’herbe qui pousse sur une terre nue
et en lui rappelant un proverbe zen bien connu : on n’a jamais aidé
un brin d’herbe à pousser en tirant dessus. L’homme rit lui
aussi, et me rétorque :</span></i></p>
<p align="justify"><i style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">-
Tu sais, la force qui fait pousser les brins d’herbes, ce n’est
pas le Tout-Puissant. C’est le Tout-Aimant !</span></i></p>
<p align="justify"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Quand
j’ai relu ce rêve, j’ai eu un électrochoc. J’ai repensé à
mon « Tiers-Aimant », à cet article dont j’avais déjà
écrit une première version mais auquel il manquait encore quelque
chose. Le Tout-Aimant, bien sûr ! Cela qui aime tout. Comme le
soleil qui brille sur tout le monde, les gentils et les méchants, et
la pluie qui mouille tout le monde, avec la même générosité. Et
j’ai repensé au rêve avec le garçon aux yeux lumineux, alors
j’ai envoyé un message à la rêveuse pour lui dire que j’avais
peut-être élucidé la nature de la présence qui se symbolise dans
son rêve comme un enfant aux yeux pleins d’amour pour ces adultes
qui se disputent. Au fond, ces adultes, c’est nous tou.te.s. Ce
sont ces gens en guerre, qu’ils soient russes ou ukrainiens,
éthiopiens ou tigréens, yéménites d’un bord ou de l’autre,
etc. Et le Tiers qui nous contemple et sourit, c’est le
Tout-Aimant, qui ne prend pas parti, n’est dans aucun camp, voit la
souffrance de tous les protagonistes et les embrasse dans un regard
lumineux. Un regard souriant qui les englobe dans leur humanité
commune...</span></span></p>
<p align="justify"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">La
rêveuse m’a répondu qu’elle était parvenue à une conclusion
similaire de son côté, que mon propre rêve venait amplifier. Elle
avait pour sa part suivi le fil de ses méditations spirituelles qui
l’avaient amené à l’idée qu’il fallait redevenir comme de
petits enfants pour revenir au centre. Alors, m’a-t-elle dit, et
alors, seulement, on peut tous les aimer, aussi malades et fous
qu’ils soient à jouer à la guéguerre ! Nous avons ri ensemble
autour de l’image de la conscience poussant en nous et dans le
monde avec la vaillance d’un brin d’herbe : cela prend du temps…
et on ne peut pas l’aider en tirant dessus, mais on peut compter
sur la présence du Tout-Aimant qui multiplie les brins d’herbes et
les arrose d’amour.</span></span></p>
<p align="justify"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;"></span></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1K4Se3NGn779NlquEeHkqiY2ZN7bbkqKISIXF-iFd-lKSezm0xSNFTnc6ddeNSqiMV-Byd48d4CoKbkQprr78i2DE-lPdh0ojYJ9BYDYZez8QWf1WszuZLf6aBJMV5_i_DkXA24Fg5dsmSQiNYucXzEoBiLg2_gYk_bTWXpNn0_En87rOLvCyUDrL/s1024/nature-grass-dew-plant-field-lawn-630310-pxhere.com.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="683" data-original-width="1024" height="218" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh1K4Se3NGn779NlquEeHkqiY2ZN7bbkqKISIXF-iFd-lKSezm0xSNFTnc6ddeNSqiMV-Byd48d4CoKbkQprr78i2DE-lPdh0ojYJ9BYDYZez8QWf1WszuZLf6aBJMV5_i_DkXA24Fg5dsmSQiNYucXzEoBiLg2_gYk_bTWXpNn0_En87rOLvCyUDrL/w328-h218/nature-grass-dew-plant-field-lawn-630310-pxhere.com.jpg" width="328" /></a></span></span></div><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: justify;">Je n'ai pas de prétention à la vérité car j'endosse les mots de Albert Jacquard qui nous rappelle que : </div></span></span><p></p><p align="justify"><span style="font-family: georgia; text-align: left;">« </span><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Ceux qui prétendent détenir la vérité sont ceux qui ont abandonné la poursuite du chemin vers elle. La vérité ne se possède pas, elle se cherche.</span></span><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;"> </span></span><span style="font-family: georgia; text-align: left;">»</span><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;"> </span></span></p><p align="justify"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Alors j’espère simplement que ces considérations vous seront utiles et vous feront du bien.</span></span><span style="font-family: georgia; text-align: left;"> Je
vous souhaite un beau printemps !</span></p>Jean Gagliardihttp://www.blogger.com/profile/08229714193935289206noreply@blogger.com9tag:blogger.com,1999:blog-1648819312264509748.post-23539427328944180232021-12-09T13:26:00.003-05:002021-12-13T11:41:26.470-05:00Ce qui sauve<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEi4g6uksP9ebveXNBMJ1QphW_xAyLd39CosAefue-opGDkwxcnujVCz1J9eP8gUNeCIko3LvdHLdmekeMFPmU_tvUJZZxVypguIX9_agXOzi6ALD3iz3Sxvn_JTkx6U2_s6UXzJXUU8SsoHDJsbRbCGW-u98opcxVDEujfv3ZUQpoJwXTqlsTG1k0EX=s500" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: georgia;"><img border="0" data-original-height="299" data-original-width="500" height="324" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEi4g6uksP9ebveXNBMJ1QphW_xAyLd39CosAefue-opGDkwxcnujVCz1J9eP8gUNeCIko3LvdHLdmekeMFPmU_tvUJZZxVypguIX9_agXOzi6ALD3iz3Sxvn_JTkx6U2_s6UXzJXUU8SsoHDJsbRbCGW-u98opcxVDEujfv3ZUQpoJwXTqlsTG1k0EX=w543-h324" width="543" /></span></a></div><span style="font-family: georgia;"><br /></span><p></p><div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia; font-size: x-small;"><i>Temps de lecture : environ 30 minutes.</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">L’écriture de mon précédent article, qui tournait autour d’un rêve apocalyptique dont on peut craindre qu’il parle de l’arrière-plan psychique de ce que nous vivons collectivement, m’a laissé avec la citation de Hölderlin que rappelait souvent Jung :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">« Plus grand est le péril, plus grand est aussi ce qui sauve »</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Depuis lors, j’ai cheminé avec la question, qui revêtait pour moi un caractère d’urgence : mais qu’est-ce qui sauve donc ? D’où espérer sinon un salut, du moins une aide ? Je vous partage ci-dessous mes réflexions à ce sujet, ainsi qu’un autre rêve remarquable, qui me semble mettre en évidence ce qui sauve, sans commentaire. </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Mais auparavant, je veux vous donner quelques nouvelles de la communauté de recherche des "chemins de mystère" dont je vous ai parlée dans un article en janvier dernier. </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Pour mémoire, les chemins de mystère sont une démarche à la croisée de l’investigation existentielle et de l’analyse jungienne classique, dans laquelle on prête une attention soutenue aux manifestations de l’inconscient, en particulier les rêves mais non seulement. J’oserai comparer ce travail à l’approche dite des <i>lyings </i>qu’a développé Swamiji Prajnanpad, le maître d’Arnaud Desjardins, dont je ne cacherai pas qu’il m’a fortement inspiré même si je n’ai vraiment pas la prétention d’arriver à la cheville d’un tel enseignant. Les <i>lyings</i> sont cependant issus de la rencontre dans l’expérience de Swamiji entre le Vedanta et la psychanalyse freudienne. Dans les chemins de mystère, d’une façon qui coulera de source pour celles et ceux qui connaissent en profondeur les travaux de Jung, la rencontre féconde est entre la psychologie analytique de ce dernier et le travail Zen du koân. Au lieu cependant de cheminer avec des questions pré-établies par la tradition comme « quelle est le son que fait une seule main qui applaudit ? », ou le fameux « qui suis-je ? » de ce qu’il est convenu d’appeler « l’investigation fondamentale », chacun.e chemine avec sa propre question existentielle, l’interrogation toute personnelle qui le ou la travaille dans ses profondeurs...</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">J’ai donc le plaisir de vous informer que le projet va son chemin. Une quinzaine de personnes m’ont rejoint dans cette aventure et nous nous réunissons régulièrement de façon virtuelle. Nous vérifions ensemble la profondeur que peut apporter le collectif à une démarche d’investigation individuelle, ne serait-ce que parce que l’on constate que nous ne sommes pas seul.e à risquer la recherche. Je vois ainsi prendre forme un des rêves de ma chère enseignante Paule Lebrun, décédée il y a un peu plus de 4 ans, qui appelait de ses vœux la formation de communautés de chercheurs. J’insiste sur ce terme : recherche. Nul ne connaît à notre place la réponse à notre propre koân. A la différence encore de Swamiji Prajnanpad, la démarche que je propose là n’est pas le lieu d’un enseignement mais celui d’une recherche commune, et d’un partage où tou.te.s apportent du leur. </span><span style="font-family: georgia;">Je ne cacherai pas l’inspiration profondément libertaire, anti-autoritaire, de la démarche. Je crois qu’il est temps de dynamiter proprement toutes les figures de « maître », et surtout l’infantilisme qui entoure celles-ci : nul n’aura de réponse à nous donner aux questions les plus fondamentales qui sont les nôtres. Nous n’échapperons pas à l’obligation d’aller y voir par nous-mêmes, dans une solitude qui nous ramène à notre irréductible unicité, ce en quoi nous sommes des êtres uniques. </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Il est à noter qu’aucun des véritables enseignants, des maîtres du passé, n’a jamais prétendu donner de telles réponses générales aux chercheurs, et leur faire faire l’économie de la recherche. Au contraire, ils nous ont toujours encouragé, par leur exemple et leur enseignement, à aller au fond de nos questions. C’est là, certainement, que nous avons le meilleur moyen de discerner ce qui différencie ces maîtres des faussaires qui veulent nous revendre des vérités qu’ils ont eux-mêmes mal digéré. Mais j’ai la conviction, bien enracinée dans mon expérience, de ce que nous vivons une époque fort intéressante sur le plan de l’évolution spirituelle : là où le modèle traditionnel invitait les étudiants à se regrouper autour d’un enseignant dans une communauté spirituelle qui faisait la promotion d’une certaine uniformité de pensée, nous sommes désormais invité.e.s à l’aventure de l’intelligence collective qui se manifeste quand un groupe de personnes mues par un même objectif se réunissent et s’accordent. Alors – on le voit souvent à l’œuvre dans les cercles de paroles et les loges de rêves – quelque chose de plus grand que la somme des participant.e.s se manifeste. Ce « quelque chose », on peut l’appeler l’Esprit, ou encore – et cela explicitera le nom donné aux chemins que je cherche à ouvrir – le Mystère. Et au fond, comme nous l’a rappelé une des personnes qui marche sur ces chemins, notre koân commun est :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">Qu’est-ce que le Mystère ?</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEg6zsNITVEEiAdGGlB2RAScWI0KWkc8_WzWa4X0fFx7J6-F7aAgvy1aGM0Qy4SVtZF1FQ5Cn_gEKQllYZj9bOVEFZPpGSCzUcz4ByCJLl9wwJjQu231AHOr9h4-dVqDeVQY7JyllUdr2T-OG8xJh2t5ONrq0HVfICfSp1vXUV6U7mNF4jRYDlscAdlZ=s1024" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="400" data-original-width="1024" height="194" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEg6zsNITVEEiAdGGlB2RAScWI0KWkc8_WzWa4X0fFx7J6-F7aAgvy1aGM0Qy4SVtZF1FQ5Cn_gEKQllYZj9bOVEFZPpGSCzUcz4ByCJLl9wwJjQu231AHOr9h4-dVqDeVQY7JyllUdr2T-OG8xJh2t5ONrq0HVfICfSp1vXUV6U7mNF4jRYDlscAdlZ=w496-h194" width="496" /></a></div><br />J’ai donné au printemps, dans ce cadre, un cours d’interprétation des rêves, ouvert aussi au public hors communauté de recherche, et je proposerai bientôt d’autres ateliers de travail approfondi avec les rêves. On me sollicite pour proposer une série de cours qui introduiront aux aspects avancés de ce travail, en particulier dans le champ de ce que j’appelle l’écoute intérieure des rêves, et dans celui, immense et encore à explorer dans une grande mesure, des constellations de rêves. J’y réfléchis mais je dois dire que pour moi, c’est la démarche des chemins de mystère qui est à la fine pointe du travail intérieur. En effet, au lieu d’instrumentaliser le rêve et l’approche de l’inconscient au service d’une simple visée thérapeutique, comme si ceux-ci devaient apporter une solution à nos problèmes conscients, la recherche existentielle touche inévitablement à la question de notre relation à notre nature essentielle. On sort de tout utilitarisme, même si la question existentielle peut concerner notre évolution professionnelle par exemple, ou ce que l’on va faire des jours qui nous restent à vivre, et l’on rejoint ainsi ce qu’indiquait Mme Von Franz à propos de l’approfondissement du travail :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« Jung disait toujours que plus longtemps quelqu’un avait été en analyse, pendant de nombreuses années, plus, s’il persévérait, les rêves devenaient difficiles et compliqués. […] Le rêve peut prendre alors un caractère d'énigme cryptique. Mais si vous parvenez à pénétrer le sens de ces rêves apparemment inutiles, vous découvrez qu'ils ne sont pas en relation avec un éclairage intérieur, mais avec le simple fait d'être; ils n'enseignent ni une connaissance intérieure ni à réaliser quelque chose, mais à exister : ils se contentent d'enseigner à vivre. »</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">J’ai développé ce thème dans un article intitulé « <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2016/12/tout-ca-pour-ca.html" target="_blank">tout ça pour ça</a> », où vous trouverez l’intégralité de la citation de Mme Von Franz. Il se trouve qu’elle évoque là aussi le lien entre cette démarche et le Zen. Bien sûr, c’est une démarche qui réclame une certaine maturité. Si elle vous intéresse, contactez-moi et nous en parlerons...</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">J’ai pu sembler m’éloigner de mon sujet et cependant, je ne fais que tourner autour de celui-ci car s’il y a bien quelque chose qui sauve, nous dirait Jung, c’est le contact avec le Soi. Or c’est ce qui nous préoccupe sur les chemins de mystère : le contact avec le Soi, c’est-à-dire avec le Mystère vivant… mais encore ? </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Et d’abord, de quoi s’agirait-il d’être sauvé ? Où est le péril ? </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Si vous me lisez régulièrement, vous connaissez ma propension à donner de longs développements (LOL) à de telles questions. Dans une première version de cet article, j’ai écrit pas moins de 6 pages pour exposer combien notre situation peut sembler désespérée si l’on considère l’accumulation des dangers auxquels nous faisons collectivement face. Je citerai pêle-mêle la psychose collective qui semble submerger le monde ces temps-ci, le désastre écologique et les dérèglements climatiques auxquels nous n’apportons aucune réponse sensée, la déshumanisation qui va avec l’envahissement de tous les aspects de nos existences par la technologie jusqu’à ce qu’on peut désigner comme la « dictature numérique », la montée en puissance des régimes dictatoriaux et de ce qu’il faut bien appeler le libéralisme autoritaire – si ce n’est même l’émergence d’un nouveau totalitarisme insidieux –, l’aggravation sensible des tensions internationales qui pourraient déboucher sur de nouvelles guerres dévastatrices, la raréfaction de ressources clés et l’atteinte de seuils sociotechniques qui préfigurent le risque d’un effondrement général de l’organisation techno-industrielle du monde…</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">N’en jetez plus, la cour est pleine.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je suis pour ma part, en tant qu’ancien informaticien, particulièrement concerné par la menace que la technologie fait peser sur le futur de l’humanité. Nous croyons généralement que la technologie est neutre, et que c’est l’usage que nous en ferons qui détermine si elle sera bénéfique ou maléfique. Je crains que ce point de vue ne soit naïf car il semble qu’à partir d’un certain point d’envahissement de nos existences, la technologie ne nous coupe de notre nature humaine. Ainsi, il apparaît qu’en arrière-plan de la crise générale que nous vivons, il y a le projet fou d’une toute petite minorité richissime qui compte sur la technologie pour lui donner une forme d’immortalité, et qui, au nom de l’amélioration de l’espèce humaine, envisage purement et simplement sa disparition au profit d’un cyberanthrope, hybride de biologie et de robotique, dans laquelle ces inhumains se projettent. On peut reconnaître là l’antique projet d’égaler les dieux, de devenir Dieu soi-même. Si vous êtes intéressés à creuser ces questions sur le rôle de la technologie, je peux vous suggérer quelques lectures édifiantes :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br />- L’homme nu, de Marc Dugain.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br />- Le manifeste des chimpanzés du futur, par le collectif Pièces et main d’œuvre.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br />- L’obsolescence de l’homme, de Günther Anders.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhk0sgZE7--E8yMcwENFkxE496t-HF_ogBVfhyHBAX95rWgjy3II8IlNzEt8g9oJbnnuKtHAYx3TFJfrR-jKETWEoeWowRtCEfOF_DLixFuz88Vj_qLCXkHeq7MJbevbuk8h5oQUBsuusyyx8dRhTQMqM0iva4Xbo8LR7f2qrI79mXvx1vHX-6_jRgC=s1280" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="720" data-original-width="1280" height="290" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhk0sgZE7--E8yMcwENFkxE496t-HF_ogBVfhyHBAX95rWgjy3II8IlNzEt8g9oJbnnuKtHAYx3TFJfrR-jKETWEoeWowRtCEfOF_DLixFuz88Vj_qLCXkHeq7MJbevbuk8h5oQUBsuusyyx8dRhTQMqM0iva4Xbo8LR7f2qrI79mXvx1vHX-6_jRgC=w514-h290" width="514" /></a></div><br /><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">J’attire aussi votre attention sur les travaux de Paul Lévy qui font ressortir que la plupart des maux évoqués ci-dessus, et la pandémie que nous vivons, sont les symptômes apparents d’un mal bien plus profond. C’est ce que Paul Levy met en évidence en nous parlant, dans un livre remarquable intitulé « </span><i style="font-family: georgia;">Dispelling Wetiko</i><span style="font-family: georgia;"> » du virus psychique qu’il nomme, d’après une légende algonquine, comme étant le Wetiko, un esprit malfaisant qui dévore ses victimes. La traduction du terme Wetiko ou Wendigo est « cannibale maudit », et la légende veut que les hommes dominés par la cupidité se transforment en Wendigo. A ce compte, c’est toute la civilisation occidentale qui est depuis longtemps un Wetiko à l’appétit sans limite. La référence que Paul Levy fait aux amérindiens en leur empruntant ce terme ne doit rien au hasard car ceux-ci ont été, il y a plus de 500 ans déjà, victimes de cet esprit prédateur qui anime notre civilisation. Rappelons-nous, pour mémoire qui saigne encore et comme en toile de fond karmique pour la pandémie qui nous frappe, de la façon dont des couvertures infectées par la variole ont été offertes sciemment aux amérindiens… avec la volonté affichée de les exterminer. La crise sanitaire et les crispations autoritaires qu’elle suscite ont au moins une vertu. Elle amène un certains nombre de gens à prendre conscience du monde dans lequel nous vivons. Encore faut-il, pour que cette prise de conscience soit féconde, dépasser le sujet des restrictions qui nous sont imposées pour les situer dans un contexte bien plus large, qui est d’abord celui de l’Histoire et de la géographie.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Du point de vue de cette dernière, on ne peut dissocier ce qui nous arrive de ce qui se passe à Hong Kong, en Biélorussie, en Russie et au Xinjiang ainsi qu’au Tibet en Chine, pour ne nommer que les exemples les plus flagrants. Du point de vue de l’Histoire, il faut nous rappeler qu’il n’y a pas bien longtemps qu’on tirait à balles réelles sur des manifestations d’ouvriers qui réclamaient simplement la journée de 8 heures et une paie décente. Encore tout récemment, dans une démocratie pour le moins avancée – au sens je le crains que l’on donne à ce mot quand on parle d’une viande faisandée –, on gazait au lacrymogène des foules pacifiques et on éborgnait sans vergogne des manifestants. Mais l’exemple historique le plus édifiant que je connaisse à ce point est sans doute ce qu’on appelle la croisade albigeoise, où comment le pape Alexandre III a donné des ordres qui ont débouché sur l’extermination d’un million de personnes, des hérétiques qui avaient le malheur de contester le pouvoir spirituel de Rome. Quand on sait qu’à l’époque, le seigneur de guerre à qui les prélats ont confié l’Occitanie avait ordonné que les juifs soient distingués des chrétiens en portant la rouelle jaune, ancêtre de la fameuse étoile jaune, on voit d’où s’origine le totalitarisme endémique à notre civilisation. Pour ma part, je ne peux que rejoindre les cathares dans leur conviction de ce que ce n’était le Christ qui guidait l’Église mais bien celui qu’on appelle le Prince de ce monde, le Diable...</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">De quoi avons-nous donc besoin d’être sauvés, si tant est qu’il y ait quelque chose qui puisse voler à notre secours, sinon de ce qu’il faut bien appeler le Mal ? Or ce n’est pas un hasard de langage qui fait que nous disions de ce qui nous fait souffrir que cela nous fait mal – il s’agit toujours, dans le fond du problème moral que nous pose le Mal, de trouver une issue au problème de la souffrance, incontournable, inévitable.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Pour beaucoup, ces exemples de la violence impitoyable des maîtres du monde que je donne, en parlant des amérindiens et des cathares, des biélorusses et des ouïghours… paraîtront lointains. Ils ne nous concernent pas vraiment, et ne nous empêcheront pas de continuer à consommer tout ce que nous pouvons dans « le meilleur des mondes ». L’allusion au livre prophétique d’Aldous Huxley qui porte ce titre ne doit rien au hasard. Le Mal, à moins qu’il ne nous frappe dans notre chair, n’est jamais à notre porte. On sait que la plus grande ruse du diable est de nous faire croire qu’il n’existe pas. Cela va avec le fait que nous cultivons généralement, plus ou moins consciemment, le désir infantile de nous abandonner à une autorité bienveillante. C’est une des marques même de la présence dans notre psyché du fameux « enfant intérieur » que la psychologie populaire magnifie en oubliant qu’il s’agit bien souvent d’un petit tyran qui nous ramène à des états de dépendance affective et autres. Cela va avec le fait qu’il n’est pas facile d’être libre, c’est-à-dire pleinement adulte, et de prendre l’entière responsabilité de son existence sans jouer à la victime. Les mots terribles d’Étienne de la Boétie, dans "le discours de la servitude volontaire", n’ont pas fini d’être encore et toujours vérifiés :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">« Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. »</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhRPUXF7RFWtx7d-2wFHsATW91HDePFqX-fptmmIqmtZd7SKtAsBViGSUb4allrEOMFA7E7mC2sYwICmJM-aQqNmvfuCtoZrKYkSc1j1GD-hEP7mHIFBxjrJ4H02ZTBVZf6JOUWjz4XOawE2RurHAK0vH8sLVl05Bh1kt0RbIkCzT8igjodnKCyo0L4=s483" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="483" data-original-width="300" height="440" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEhRPUXF7RFWtx7d-2wFHsATW91HDePFqX-fptmmIqmtZd7SKtAsBViGSUb4allrEOMFA7E7mC2sYwICmJM-aQqNmvfuCtoZrKYkSc1j1GD-hEP7mHIFBxjrJ4H02ZTBVZf6JOUWjz4XOawE2RurHAK0vH8sLVl05Bh1kt0RbIkCzT8igjodnKCyo0L4=w274-h440" width="274" /></a></div><span style="font-family: georgia;"><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div>C’est donc surtout de nous-mêmes que nous avons besoin d’être sauvé.e.s. De notre inconscience et de notre démesure, de notre hubris, de notre folie. Ces choses ne sont pas faciles à entendre et à rendre conscientes, ce qui explique d’ailleurs un certain aveuglement généralisé : notre système neurologique ne serait pas capable, sauf exceptions, de composer avec des problèmes tellement énormes qu’ils apparaissent comme clairement insolubles, sinon dans l’alcool ou autres anesthésiants. Notre cerveau est ainsi fait qu’il ne réagit qu’à des problèmes tangibles, immédiats, et qu’il entre dans une espèce de sidération quand il s’agit de questions qui dépassent ses capacités d’entendement. Il n’a pas, bien souvent, la capacité de se représenter la complexité de la situation. C’est ce qui explique fort bien pourquoi nous ne réagissons pas en masse à l’urgence environnementale et climatique malgré les alertes qui laissent entrevoir une catastrophe en regard de laquelle la pandémie de COVID-19 apparaîtra comme une plaisanterie. C’est cette impossibilité de penser le problème qui peut nous conduire à espérer en l’intervention d’un sauveur extérieur, qu’il s’agisse de l’armée des Anges menée par le généralissime archange Michaël ou des extraterrestres, qui vont bien sûr venir nous tirer de ce mauvais pas. Or ce faisant, nous passons à côté d’une fantastique opportunité spirituelle, c’est-à-dire d’une possibilité de conscience.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">C’est à ce prix qui consiste en au moins tenter de regarder la réalité en face sans échappatoire que nous pourrons chercher ce qui sauve du gouffre qui se dessine devant nous. Nous sommes dans la même situation qu’un malade aux prises avec un diagnostic fatal. Tant qu’il place encore ses espoirs dans un médicament ou un nouveau protocole pour lui sauver la vie, il ne regarde pas la mort dans le blanc des yeux. Il n’est pas acculé à l’essentiel. Or il s’agit, à partir d’un certain point, de prendre conscience que « l’espoir est de la peur qui a mal tourné », pour reprendre les mots de Daniel Odier, car l’espoir nous amène à toujours différer vers le futur et l’extérieur la « solution » à notre problème, au lieu d’aller où la situation nous conduit. Tout comme un malade qui sait qu’il va mourir, nous sommes clairement invités à abandonner tout espoir pour aller « au-delà du désespoir », comme nous le propose le philosophe André Comte-Sponville dans un livre remarquable. J’ai parlé longuement de ce point, et de ce livre, dans un autre article intitulé « <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2017/07/du-bon-usage-du-desespoir.html" target="_blank">du bon usage du désespoir</a> ». Car il y a un bon usage du désespoir. C’est le chemin le plus court vers la conscience de l’essentiel, de « ce qui sauve ».</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Mais alors, qu’est-ce donc qui sauve ?</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je m'efforcerai d'être bref pour en parler, même si cela ne saurait tenir en 140 caractères... et je laisserai la place à un rêve qui nous emmènera plus loin que tout ce que je saurai dire.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">D’abord, soyons clairs. Je crois qu’il faut commencer par admettre que rien ne nous sauvera de la réalité du Mal, de la souffrance et de la mort. Rien ne nous évitera ces expériences qui font intrinsèquement partie de la vie. Nous mourrons tou.te.s un jour. Nous souffrirons nécessairement, et rien ne pourra ne nous l’épargner. Jung sur ce point était très clair :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« L’être humain doit gérer le problème de la souffrance. L’oriental cherche à supprimer la souffrance en s’en débarrassant. L’homme occidental essaie de supprimer la souffrance par la drogue. Mais la souffrance doit être surmontée et la seule façon de la surmonter est de l’endurer. »</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Si nous admettons enfin que rien ne nous sauvera de l’expérience de la souffrance, du Mal et la mort, alors nous pouvons commencer à envisager une autre perspective. Puisque ceux-ci sont inévitables, se pourrait-il que cette expérience nous conduise à découvrir quelque chose qui vaille « la peine » de les rencontrer, qui les relativise car cela les dépasse absolument ?</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Rappelons-nous le logion de l’Évangile de Thomas qui dit :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« Si vous donnez forme à ce qui est en vous</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">ce à quoi vous donnerez forme vous sauvera.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Si vous ne donnez pas forme à ce qui est en vous,</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">ce à quoi vous n’aurez pas donné forme vous détruira. »</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEj30w65d0A3GwP2IOMNW2TDkk4QglK7VBEt9JARC-9BocwJuryf1Ia1H76hSUu9SUA8pb4S39kfaWfpJapqVhc5nj3rpiqyRyPMYUqn4mvyON3pU7viCyccRjWoebQAxlnyeaBLGixnEEra3BbJpxUUjoxX9Nu16jAaBNRUC30iH2-Yx9i4_zwS6dch=s840" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="332" data-original-width="840" height="208" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEj30w65d0A3GwP2IOMNW2TDkk4QglK7VBEt9JARC-9BocwJuryf1Ia1H76hSUu9SUA8pb4S39kfaWfpJapqVhc5nj3rpiqyRyPMYUqn4mvyON3pU7viCyccRjWoebQAxlnyeaBLGixnEEra3BbJpxUUjoxX9Nu16jAaBNRUC30iH2-Yx9i4_zwS6dch=w529-h208" width="529" /></a></div><span style="font-family: georgia;"><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div>Il y a là une Bonne Nouvelle, au sens premier du mot Évangile : ce qui sauve est en nous, et la seule chose que nous ayons à faire est de lui donner forme, de lui permettre d’accéder à l’existence. C’est au fond ce autour de quoi tourne tous les enseignements spirituels et que l’on pourrait formuler ainsi :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Il y a en chacun.e de nous quelque chose d’absolument inaltérable, de toujours intact quoi qu’il arrive. On pourrait dire que c’est notre part divine, la Présence de Dieu, notre dimension d’éternité qui réaffirme sans cesse les mots d’introduction au Cours en Miracles, à savoir que « rien de réel ne peut être menacé ».</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Les thérapeutes le savent bien : dans l’accompagnement d’une personne vers la guérison, on ne peut compter que sur le fait que, quoi que cette personne ait subi, il y a quelque chose d’intact en elle. C’est ce noyau inaltérable qui enclenche le processus d’auto-guérison dont le thérapeute n’est que l’assistant. C’est de ce lieu que viennent les rêves, les intuitions, les prises de conscience qui changent tout, tout à coup. </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Nous sommes trop, et moi le premier, focalisés sur le Mal. Ce qui nous permet de toujours rejeter la responsabilité de ce qui arrive, car bien sûr, ce sont toujours les autres – les dirigeants, les actionnaires, Big Pharma, les électeurs de …, les nazis, etc – qui font le mal, qui amènent le Mal dans ce monde. Nous évitons toujours de nous regarder dans le miroir, de voir comment nous participons à ce que nous appelons le Mal. C’est dommage, car si nous osions vraiment nous regarder en face, nous pourrions faire une étonnante découverte. En contemplant le Mal en nous, nous pourrions découvrir le Bien à l’œuvre, en nous et tout autour de nous, toujours là, silencieusement. J’ai pour ma part été longtemps obsédé par ce que Hannah Arendt a appelé « la banalité du mal », avant de réaliser que celle-ci était comme un écrin qui fait ressortir l’omniprésence du Bien, de ce qui est bon, que ce soit l’air qu’on respire, la lumière qui nous éclaire, l'amour qui nous entoure, les jeux des enfants ou le fait qu’il y a toujours eu des justes. Et que même au plus profond du désespoir, il y a une Présence aimante pour nous murmurer à l’oreille intérieure :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">« Traverse, noble fils ! Traverse, noble fille ! »</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEh5duevyP3sw6pWqKHQnxPGKtNEAxLmDIGV3s42tcivqTLF-nL6GP1_IO2kkQA7esQfC9CkzfnP0TOP0kDgOTbj1_JDpBF397C9T285WBLW8lgdyybeobEMRUyrCTWrNCp_2HlRS1S1PxrSA8pX0nimf_PAnGHPNHDAL0ADM7YWLBIk_db1lqNppAQd=s500" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="346" data-original-width="500" height="327" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEh5duevyP3sw6pWqKHQnxPGKtNEAxLmDIGV3s42tcivqTLF-nL6GP1_IO2kkQA7esQfC9CkzfnP0TOP0kDgOTbj1_JDpBF397C9T285WBLW8lgdyybeobEMRUyrCTWrNCp_2HlRS1S1PxrSA8pX0nimf_PAnGHPNHDAL0ADM7YWLBIk_db1lqNppAQd=w474-h327" width="474" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: x-small;">Christiane Singer</span></td></tr></tbody></table><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Traverse, car il y a quelque chose au-delà du passage obscur. Quelque chose qui vaut la peine de s’engager dans l’obscurité du passage. C’est peut-être bien cela que nous sommes venus expérimenter en nous incarnant sur cette terre. Encore faut-il que nous disions « oui » au passage, « oui » à l’aventure, « oui » à l’incarnation… et que nous donnions forme à ce qui sauve. Mais de quoi s’agit-il, encore une fois ?</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Pour bien le comprendre, il faut revenir à la racine grecque du mot <i>soteria</i>, qui est traduit par « salut » et dont découle le mot <i>soter</i>, le sauveur. Or <i>soteria </i>se traduit aussi, et avant la notion de salut qui est une christianisation tardive, comme référant à la « santé », au sens de la grande santé, de la plénitude et de l’intégrité retrouvées. Il s’agit là de libérer le mouvement de vie de tout ce qui l’entrave, et de passer dès maintenant de l’existence étriquée dans les rets du mental à la grande Vie, éternelle car elle nous dépasse. Dès lors, le Sauveur n’est pas un dieu qui descendrait du ciel pour nous sauver mais cela même qui, en nous, est toujours intact, virginal, inaltérable – en santé. </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Bien sûr, on peut dire que ce Sauveur est le Christ car celui-ci évoque, dans notre culture, une incarnation de l’Amour, dont on peut comprendre aussi qu’on le dise exempt du « péché originel », c’est-à-dire complet, en santé depuis toujours, sans que rien ne l’ait altéré. Mais ce faisant, on ne parle que de l’image que l’on porte en soi de cette étincelle de divinité qui toujours nous reconduit à notre plénitude. Mais rien ne nous permet de dire que cette image est supérieure à une autre, et que quelqu’un qui verrait cette lumière dans le sourire de Gautama le Bouddha, du Prophète Muhammad, du Bab, d'Osiris et d'Isis, de Shiva, de Krishna… serait dans l’erreur. Car l’erreur, c’est de croire que cette étincelle divine pourrait être enfermé dans une image, une théorie, un concept. Et une autre erreur – au sens de ce qui nous éloigne de la Vérité qui nous rend libre, et donc nous sauve – est certainement de croire que ce qui sauve pourrait nous être extérieur alors que nous avons d’abord à nous découvrir, nous aussi, comme un lieu de l’incarnation de cette Lumière. </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Et dès lors, comment lui donner forme ?</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Et bien d’abord en ayant foi, c’est-à-dire en faisant confiance en la Bonté de la Vie, qui au-delà des passages obscurs que nous avons à traverser individuellement et collectivement nous amène toujours à un point d’émerveillement. Cette foi, cette confiance, sont ce qui nous permettent d’entretenir une relation permanente avec la Présence lumineuse qui est en nous, qui nous parle nuit et jour pour peu que nous lui prêtions l’oreille. Avoir confiance, ce n’est pas « ne pas perdre espoir » car alors, comment pourrions-nous recevoir le désespoir, que ce soit le notre ou ceux de nos amis, de nos jeunes… sans perdre aussi la confiance, la foi ? Il s’agit bien au contraire de préserver la lumière même au sein de la nuit noire, et donc simplement de réaffirmer que quoi qu’il arrive, la vie est bonne, l’existence vaut la peine (ou plutôt la joie) d’être vécue et d’être aimée, et que la Source de toute chose étant Amour, il ressortira un Bien encore inimaginable du Mal auquel nous faisons face…</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je rappelle à l’appui de ce je dis là les mots de Jacques Lusseyran : </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« Tout ce qui fait accepter la vie est bon. Tout ce qui nous la fait refuser est médiocre et provisoire. »</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Ensuite, pour donner forme à ce qui sauve, nous devons incarner dans nos existences, dans de petits gestes plus que de grandes choses, cet Amour et cette Paix dont nous savons bien que, si elles régnaient sur notre planète, celle-ci serait sauvée. Il s’agit au premier chef de nous garder de toute haine, d’alimenter quelque conflit que ce soit même avec ceux que nous considérons comme des suppôts du Mal. Nous sommes invité à trouver en nous-mêmes l’espace de paix inaltérable à partir duquel nous pouvons <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2017/03/retourner-le-regard.html" target="_blank">retourner le regard</a> et nourrir l’amour en nous et dans le monde. C’est là que se trouve l’opportunité spirituelle de conscience, et le « combat spirituel » s’il en est. Rappelons-nous les mots d’Etty Hillesum, aux prises avec une situation bien plus désespérée que la notre :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« C'est la seule solution, vraiment la seule, Klaas, je ne vois pas d'autre issue : que chacun de nous fasse un retour sur lui-même et extirpe et anéantisse en lui tout ce qu'il croit devoir anéantir chez les autres. Et soyons bien convaincus que le moindre atome de haine que nous ajoutons à ce monde nous le rend plus inhospitalier qu'il n'est déjà. »</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Pour mesurer la profondeur de l’enjeu, de la « bataille » qui se joue en chacun.e de nous, il faut avoir à l’esprit que chaque être humain donne vie d’une certaine façon la plus haute conception qu’il a du sens de l’existence et de ce qui lui donne une valeur. On pourrait dire que chacun.e permet au Dieu qu’il ou elle imagine de marcher sur terre et de l’embellir, ou de l’incendier. C’est là que s’inscrit notre responsabilité créatrice d’enfants de la divinité, et c’est ainsi que Dieu, la source de sens et de valeur, la Lumière inextinguible, se re-crée à travers nous, en permanence. Et si nous n’incarnons donc pas dès maintenant dans nos vies ces valeurs que nous voudrions voir triompher dans le futur, si nous ne leur permettons pas de marcher dès aujourd’hui sur terre et d’agir dans notre quotidien, comment pourraient-elles féconder le futur et l’emporter ? </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Bien sûr, ce n’est pas facile. C’est un sacré défi… ou mieux, c’est un défi sacré. Mais qui dit que nous ne sommes pas capables de le relever ? Ne serait-ce pas cela, la maladie qui nous ronge parce qu’elle nous diminue, ce que le mal a dit... ? Il s’agit donc, tout simplement, de nous guérir, et par là de gai rire. De permettre à la Joie, à l’Amour et la Paix de triompher dès maintenant dans nos existences. Rien d’autre ! </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Ce qui sauve, finalement, c’est un petit cyclamen rose indien, dans les mots encore d’Etty Hillesum, à Amsterdam occupée par les nazis, en septembre 1942 : </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« C'est toujours comme une petite vague qui remonte en moi et me réchauffe, même dans les moments les plus difficiles : "comme la vie est belle, pourtant !" C'est un sentiment inexplicable. Il ne trouve aucun appui dans la réalité que nous vivons. Mais n'existe-t-il pas d'autre réalité que celle qui s'offre à nous dans le journal et dans les conversations irréfléchies et exaltées des gens affolés ? Il y a aussi la réalité de ce petit cyclamen rose indien et celle du vaste horizon que l'on finit toujours par découvrir au-delà des tumultes et du chaos de l'époque. »</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEht0TvaFMY_5fiCausPSMKXnB0rCSSBX9CpioecIpN6EzOlG2EpmJRabC9NDY_ULWp1OIGtCFWr7kqQ_uBQMUbXXkDHPjyXr20bjMyYgfxhDUD4UYYRQTCUebPFqtirftQ2CocrRxO_9LkLrnrBasSOD9x7KGFmou-l14IjRLFx0r4Mf7w-G6rB4AHL=s400" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="400" data-original-width="400" height="382" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEht0TvaFMY_5fiCausPSMKXnB0rCSSBX9CpioecIpN6EzOlG2EpmJRabC9NDY_ULWp1OIGtCFWr7kqQ_uBQMUbXXkDHPjyXr20bjMyYgfxhDUD4UYYRQTCUebPFqtirftQ2CocrRxO_9LkLrnrBasSOD9x7KGFmou-l14IjRLFx0r4Mf7w-G6rB4AHL=w382-h382" width="382" /></a></div><span style="font-family: georgia;"><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div>Et voici donc, sans commentaires, un rêve extraordinaire, qui a été offert à la communauté de recherche des Chemins de Mystère, et qui vous mettra directement en contact avec ce qui sauve :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><hr /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: center;"><b><span style="font-family: georgia;">Jouer</span></b></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Gros plan sur un bâton d’encens, ligne plus ou moins verticale, et la fumée qui monte…Prends le temps de l'imaginer. </span><span style="font-family: georgia;">L’arrière-plan, n'est pas encore défini. On est à l’intérieur mais pour le moment, l'endroit où on est ne se distingue pas encore…. </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Si : il y a de grands murs. La peinture est ancienne, s’écaille par endroits… d’un vert assez sombre et un peu de rouge. </span><span style="font-family: georgia;">Là-bas sur la droite, la lumière entre : il doit y avoir une ouverture. </span><span style="font-family: georgia;">C’est un endroit frais, probablement un temple…. Oui : on dirait un temple oublié. </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Retour à l'image centrale du bâton d’encens et de la fumée qui s’élève.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Entre un lion. </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Un très gros lion entre tranquillement dans ce temple et vient s'asseoir paisiblement devant l’endroit ou est posé l’encens. C’est comme quelqu’un qui viendrait prier.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Densité. Intégrité. Dignité. </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Ils sont plusieurs lions maintenant qui arrivent. </span><span style="font-family: georgia;">C’est drôle d’imaginer qu’on est dans un temple de lions ! </span><span style="font-family: georgia;">On dirait qu'ils ont rendez-vous là… chacun vient se poser et ils finissent par former un cercle… les pattes avant à l'intérieur du cercle, autour de cet endroit où brûle l’encens. </span><span style="font-family: georgia;">9 lions, peut-être, en méditation.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Et voila une petite fille qui joue à sauter dans les espaces entre les lions. Ce n’est pas un événement. Elle fait ça souvent. Il n’y a pas un bruit.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Prenons de la hauteur… de haut, on s’aperçoit qu’autour, c’est la forêt. </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Voilà. </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">C’est un sanctuaire dans la forêt. Peut être il n’y a plus que les lions qui connaissent ce lieu ? </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Enfin… quelqu’un à bien allumé l’encens… et ce n’est pas la petite fille….ou bien c’est un « encens perpétuel » ? </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Ah, il y a un vieux. Près de l’endroit ou entre la lumière, un vieil homme passe le balai. </span><span style="font-family: georgia;">C’est lui qui fait ça : chaque jour mettre l’encens et balayer le sol, enlever les feuilles… .</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Maintenant, si tu prêtes attention tu peux percevoir comme un ronronnement.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"> </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je ne sais pas si ça provient de la gorge de ces lions ou bien simplement du fait qu'il sont comme ça posés en cercle.. en tout cas, ils produisent un son…. comment dire, inaudible… mais tangible… en tous cas,, il se produit qq chose qui fait comme une colonne qui montre au dessus du toit du temple, monte dans cette trouée dans la foret, continue à monter au-dessus de la canopée et semble se répandre ensuite comme une fumée. Sauf que ce serait une fumée invisible…c'est quelque chose… à défaut d'un autre mot alors disons une « énergie ».. </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Les lions produisent ca…. je ne sais pas s'il y a une intention quelconque, une volonté de le faire, une conscience même, mais ils le font c'est indéniable. </span><span style="font-family: georgia;">Et ce qu’ils produisent, on peut se baigner dedans et c’est très très bon, très bénéfique, comme régénérant. </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Au dessus de la canopée, cette énergie se répand loin… </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Alors tout là-haut dans cette fumée invisible, arrivent comme des corps emmaillotés, flottants. </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Tu sais, des sarcophages de tissus, des momies peut-être… ou encore de grandes chrysalides… enfin ça fait des formes allongées qui flottent et qui se rapprochent pour se baigner dans l énergie produite. </span><span style="font-family: georgia;">Il y en a beaucoup, allongés en cercle, tête vers le centre et ils roulent comme pour que toutes les parties de leurs enveloppes soient complètement baignées dans cette énergie.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">C’est comme une correspondance avec le cercle des lions dessous.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Tout ça se fait très silencieusement et de la même manière que le jeu de la petite fille qui saute d'espace en espace entre les lions n'a rien d'un événement, là aussi ça semble quelque chose de très commun, qui se reproduit régulièrement et qui semble n'avoir rien à voir avec une volonté, une décision : ça se fait, c'est comme ça…</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Le vieux est toujours près de l’ouverture. </span><span style="font-family: georgia;">Je crois qu’il est le seul à avoir une intention : il perçoit cet équilibre fragile... ce phénomène qui a la délicatesse d’un mobile.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Toutes ces dimensions rassemblées, comme superposées, il le sait, que c'est très délicat.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Pour la petite fille ce n’est pas du tout délicat : c’est naturel. </span><span style="font-family: georgia;">Par exemple elle semble n’avoir aucune idée du fait que ce sont des grosses bêtes, des bêtes sauvages, entre lesquelles elle joue et que, dans un autre genre d'équilibre, les lions pourraient bien la dévorer. </span><span style="font-family: georgia;">Mais pour elle c'est très simple. Ces grands lions sont comme en méditation, en recueillement, immobiles et elle saute par-dessus, quelques fois se retient à une oreille où à un morceau de crinière, en confiance, et c'est normal.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je ne sais pas ce que tu en penses, toi, mais moi….tandis que je suis témoin de ça, je me dit que j’ai beaucoup à apprendre de cette légèreté, de cette confiance, et de ce jeu. Cette enfant joue ! Simplement. </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Dans cet endroit qui est comme un échafaudage subtil, un équilibre délicat, elle, son travail c’est de jouer…C’est simple, facile, miraculeux. </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">En un quart de seconde pourtant, tout pourrait se transformer en son contraire. </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Pour commencer, ce temple, très facilement pourrait être une ruine : il suffirait d'arrêter d’y venir et de balayer…et puis les lions pourraient venir là pour rapporter leurs proies et les dévorer…Cet endroit pourrait être un charnier infâme.. De même là-haut ces momies, ces très grandes chrysalides c'est quand même un peu dégeu.. Sous un autre angle, dans un autre genre d’équilibre, donc tout ça pourrait être son contraire et ne parler que de violence, d’oubli, et de mort…</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Mais c</span><span style="font-family: georgia;">et équilibre </span><span style="font-family: georgia;">impossible </span><span style="font-family: georgia;">se fait.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Sans raison apparente, sans but évident… ça a l'air de ne servir à rien…</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Mais ça existe. </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Et le vieux, qui semble seul conscient de cette fragilité…semble de fait le seul point faible de cet équilibre : dès qu'il commence à s'inquiéter, à se soucier, c'est comme si son inquiétude dégradait quelque chose, physiquement, dans cet équilibre, dans ce champ de force on pourrait dire. Sa préoccupation abîme quelque chose et rend les choses plus difficiles.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Dans ce rêve, j’ai voulu m’approcher du premier lion. </span><span style="font-family: georgia;">Et même…entrer dedans.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Alors il y eu comme un précipité chimique : en un mouvement très rapide, les lions se sont transformés. En pierre. Très vite tout se fige, ce ne sont plus des lions mais des statues de lion. C’est un temple sculpté.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Tout est pierre.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Quelqu’un aurait reproduit assez fidèlement le phénomène vivant et cet équilibre… C’est pas mal fait mais ça n’est pas vivant… C’est à la fois beau et triste.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Cette forme apporte quelque chose d'éternel mais… ça va être plus difficile maintenant. </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Et maintenant c’est moi (ou toi,, imagine) qui marche entre les lions, en cercle.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Ce qui est délicat, vraiment délicat, c’est de continuer à jouer avec les lions, et de garder présent que ces statues se référent à du vivant.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Importance de faire comme si.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Jouer en réalisant de quoi ces formes parlent. À quoi elles sont reliées. </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Et dans les pierres jouer tout autant,, de manière tt autant vivante, avec la même notion d’équilibre entre confiance et perception du danger vivant… C’est pas simple… Parce que entre le leurre et le geste sacré, il y a l’épaisseur d’un cheveu…</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Faire, et pas se la jouer. </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Parce que forcement, comme ils sont en pierre, ces lions, on ne risque rien..</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Mais i</span><span style="font-family: georgia;">l y a quelque chose de vital à trouver l’équilibre. </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Et jouer avec les éléments de pierre semble important.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Les sarcophages là-haut, les grandes chrysalides continuent d’attendre, suspendues.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Comment faire ? </span><span style="font-family: georgia;">C’est expérimental. </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Peut être… s’assoir prés du premier lion. Poser la main sur sa nuque, son encolure et chanter.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"> </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Essaie une voix très grave, presque inaudible, comme le ronronnement. ca fonctionne… un peu. C’est un équilibre en mouvement…quelques fois les lions deviennent transparents. C’est pas de la chair, encore, mais plus de la pierre...</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Et je sens que je suis aidée !!! </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Tous ces lions ont envie. Ils désirent la vie.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Et le sol lui-même. Les grandes dalles de pierre, et la terre dessous aident. </span><span style="font-family: georgia;">Elles désirent. Un désir de s’élever. C’est aidant. Fraternel. Oh ! Que C’est bon de n’être pas seule ! </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Il y a là un mouvement, une transition entre deux mondes…ce qui veut s’élever…et les très grandes chrysalides qui attendent…qui sont des graines. Des graines de géants. </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Des graines de quoi ? D’être géants.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Naissance et Mort. Transition entre deux mondes…</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Le rêve se termine avec l’image de Vishnou, enfant a la peau bleue, assis en tailleur sur l’océan primordial, et qui conserve en lui tout ce qu’il est important de conserver entre un monde et le suivant.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je n’avais jamais réalisé que cet être porté en lui vie et mort en ajustement constant. Il EST très exactement la destruction et l’éternité. la vie et la mort. Immobilité et mouvement.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"> </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Confiance.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEjxq4wOMUYt2MBFeIiPzqD12Um_E9nLoXzvn8-0o_Uz5iBA_DQhispCFPJ38hhOG3NfyOmey-U2hv0lsaSxG-HFm6-jkJ5rFiu-kjc5EBq_FueDSRL4gKsPx_kX2VWLjZV7Lwu_I_mgseHNChFOud7ReHVLOYYvq1UulxRxbGEhc94r6Aq879dYNhbD=s858" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="282" data-original-width="858" height="156" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/a/AVvXsEjxq4wOMUYt2MBFeIiPzqD12Um_E9nLoXzvn8-0o_Uz5iBA_DQhispCFPJ38hhOG3NfyOmey-U2hv0lsaSxG-HFm6-jkJ5rFiu-kjc5EBq_FueDSRL4gKsPx_kX2VWLjZV7Lwu_I_mgseHNChFOud7ReHVLOYYvq1UulxRxbGEhc94r6Aq879dYNhbD=w476-h156" width="476" /></a></div></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><hr /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je vous souhaite, avec un peu d'avance, un très beau solstice d’hiver, une superbe descente dans l’obscurité... et surtout une merveilleuse remontée vers la Lumière !</span></div></div>Jean Gagliardihttp://www.blogger.com/profile/08229714193935289206noreply@blogger.com6tag:blogger.com,1999:blog-1648819312264509748.post-56926885287834962152021-08-11T13:04:00.017-04:002021-08-12T10:45:08.733-04:00La voie étroite<p><span style="font-family: georgia;"> </span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjcBr4EriJyKNCT9QPMtKQ-c80n1LzPiTL9WEbcqKEb3frsJ70NeTUH9qhtmbJYuSG66Vkt0vDofrZG1ik7ow9MUGRuhpN4vov5o9edvJKVdQHHjiNhM9Tq1VHT4xJ3bZ0aqiMF9YOp8c/s1024/ange.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1024" data-original-width="1024" height="346" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjcBr4EriJyKNCT9QPMtKQ-c80n1LzPiTL9WEbcqKEb3frsJ70NeTUH9qhtmbJYuSG66Vkt0vDofrZG1ik7ow9MUGRuhpN4vov5o9edvJKVdQHHjiNhM9Tq1VHT4xJ3bZ0aqiMF9YOp8c/w346-h346/ange.jpg" width="346" /></a></span></div><span style="font-family: georgia;"><br /></span><p></p><p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia; font-size: x-small;"><i>Temps de lecture : environ 30 mn.</i></span></p><p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
Lorsque j’ai publié mon dernier article "<a href="https://voiedureve.blogspot.com/2021/08/le-recours-aux-forets.html" target="_blank">le recours aux forêts</a>", il s’est produit une série de synchronicités qui ont
retenu mon attention. J’en ai parlé rapidement en Post-Scriptum de
ce texte. Tout d’abord, à peine avais-je posté mes réflexions
que j’ai reçu une notification de publication sur un de mes
blogues favoris, en dormance depuis quelques temps, d’un texte de
Carl Jung tiré de « Présent et Avenir » qui résonnait
de façon remarquable avec mon propos. Le vieux sage de Küsnacht
nous mettait en garde, dans ce livre publié à la fin des années
1950, contre le danger d’une massification de nos sociétés,conct
c’est-à-dire la disparition de l’individu au profit d’une
masse manipulée par tous les moyens à la disposition d’une
oligarchie. Il craignait surtout l’emprise totalitaire de l’État
selon le modèle soviétique et n’envisageait pas clairement
comment le marché pourrait servir de paravent à une telle emprise,
mais son diagnostic s’avère, plus de 60 ans après sa publication,
incroyablement juste et visionnaire. Cela montre à quel point ce que
nous vivons actuellement est le fruit de tendances lourdes dans la
psyché collective et la société, et non le résultat
d’un plan élaboré sur le coin d’une enveloppe par quelques
individus mal intentionnés. Si tant est qu’il y ait un tel plan,
il s’insère dans une évolution archétypale qui est la trame même
de notre civilisation techno-industrielle. Mais
surtout Jung proposait aussi dans ce livre un
antidote à cette annihilation de l’individu, plus actuel que
jamais, sur lequel je reviendrai au cours de cet article pour
proposer des avenues de résistance à la psychose collective qui est
en train de s’emparer de notre monde...</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
Je ne saurais donc que vous recommander de lire très attentivement
« Présent et avenir », sans doute un des livres de Jung
les plus facilement accessibles au non spécialiste, et donc
tellement pertinent pour notre époque. A défaut, je vous invite à
aller lire le post « <span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://grandsreves1234.blogspot.com/2021/07/lindividu-et-letat.html" target="_blank">l’individu et l’état</a></u></span></span> » sur le blogue
« Grands rêves ». En voici un extrait particulièrement
en phase avec mon propos dans « le recours aux forêts »
:</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
« <i>L'individu se voit privé de plus en plus des décisions
morales, de la conduite et de la responsabilité de sa vie ; en
contrepartie il sera, en tant qu'unité sociale, régenté,
administré, nourri, vêtu, éduqué, logé dans des unités
d'habitation confortables et conformes, amusé selon une organisation
des loisirs préfabriqués, l'ensemble culminant dans une
satisfaction et un bien-être des masses qui constitue le critère
idéal.
</i></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;"><i>
Par une représentation suggestive de la puissance de L’État, on
cherche à susciter un sentiment collectif de sécurité qui
toutefois, à l’opposé des représentations religieuses, ne
fournit à l’individu aucune protection contre ses démons
intérieurs. C’est pourquoi il s’accrochera encore plus à la
puissance de L’État, c’est-à-dire à la masse ; et, alors qu’il
est déjà socialement dépossédé, son âme succombera aux
influences collectives, et il s’y livrera intérieurement.
</i></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;"><i>
La "massification" ne vise nullement à favoriser la
compréhension réciproque et les relations entre les hommes. Elle
recherche bien plus leur atomisation, je veux dire l'isolement
psychique de l'individu.</i> »</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
</span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi2Qb-g74BN5bHSWPzpAa4VoDQcfQEym1ZGQfbgurzbbu01Ae8qparWSljh8XVWZ6RPq2YP91doxv2n-asVPB7ViyBiqFUtiUPbXEN8vKC9u7skLpbrOMIPkGrF_mvK3_bVqb1pJOJL6b8/s1440/jung+dessin.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="716" data-original-width="1440" height="197" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEi2Qb-g74BN5bHSWPzpAa4VoDQcfQEym1ZGQfbgurzbbu01Ae8qparWSljh8XVWZ6RPq2YP91doxv2n-asVPB7ViyBiqFUtiUPbXEN8vKC9u7skLpbrOMIPkGrF_mvK3_bVqb1pJOJL6b8/w396-h197/jung+dessin.jpg" width="396" /></a></span></div>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;">
<span style="font-family: georgia;"><br />Jung nomme ici deux composantes clés de la dynamique totalitaire à
l’œuvre dans notre monde. D’une part, il y a la puissance
suggestive des autorités qui créent tout à la fois la peur qui
ronge la masse et le sentiment de pseudo-sécurité qu’elles
offrent à partir du moment où l’on s’abandonne à elles.
D’autre part, il y a la destruction des liens sociaux qui conduit à
l’atomisation et l’isolement psychique des individus.
</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
Dans les réactions, nombreuses, à mon article, j’ai été frappé
par la grande souffrance exprimée par plusieurs personnes qui
subissent l’énorme pression sociale dont je parlais là. Certaines
risquent de perdre leur emploi ou se font dire par des proches qu’on
refusera de les rencontrer si elles ne se font pas vaccinées.
Beaucoup se sentent stigmatisées parce qu’elles n’endossent pas
le narratif officiel et craignent d’être rejetées en étant
désignées comme de « méchant.e.s complotistes ». On
jette dans le même sac toutes celles et tous ceux dont le ressenti
profond s’insurge devant ce qui se passe, en particulier en France
les postures autoritaires de notre Président bien-aimé en quête de
réélection, et on les désigne à la vindicte populaire sans égard
pour les dommages psychiques pour des personnes qui comptent
généralement parmi les plus sensibles d’entre nous. Les chiens
sont lâchés, et gare à qui tombera sous leurs crocs…</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
Mais c’est une autre synchronicité qui m’a beaucoup donné à
réfléchir et travailler depuis que j’ai publié mon analyse. Dans
l’après-midi qui a suivi, j’ai reçu un rêve étonnant. La
rêveuse est une femme en émergence spirituelle avec qui j’avais
parlé quelques mois auparavant pour expliciter des rêves perturbant
mais tout à fait significatifs de son évolution intérieure. Je
n’avais plus de nouvelles d’elle depuis. Elle a reçu ce rêve
dans la nuit précédant ma publication et a ressenti une urgence à
me l’envoyer le jour même en me disant que c’était sans doute
un rêve collectif lié au COVID. Il faut préciser qu’elle ne se
sent pas vraiment concernée par la crise sanitaire, en tous cas pas
au point d’avoir ce rêve. C’est en effet un rêve à portée
collective qui cristallise de façon remarquable les angoisses qui
agitent l’Inconscient, et nombre d’entre nous. Jugez-en
vous-mêmes :</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
« <i>Un phare est en feu, de l’intérieur. Un véritable
brasier… La fumée qui s’en échappe est si noir et dense qu’on
n’aperçoit plus le haut du phare. Se présentent à moi deux
personnes costumées :</i></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;">
<i><span style="font-family: georgia;">Le monstre de Frankenstein, ahuri, portant dans ses bras Marilyn
Monroe qui s’est évanouie, intoxiquée par la fumée.</span></i></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;">
<i><span style="font-family: georgia;">Je vois au loin des silhouettes humaines sur la plage, entre deux
collines. Ces gens hurlent, prennent feu alors même que certains
sont dans l’eau. L’un d’entre eux pointe son doigt vers le ciel
pour désigner le coupable de ce nouveau brasier meurtrier : un avion
noir, volant dans les nuages noirs provoqués par le feu ardent. Je
comprends alors que c’est cet avion qui a déversé le feu sur ces
gens et que ce feu n’est pas naturel puisqu’il prend même dans
l’eau et ne vise que les humains. Il s’agit donc d’une arme,
d’une attaque… La sirène d’alerte de la ville retentit pour
avertir du danger. J’hurle : « mettez-vous à couvert ! »</span></i></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;">
<i><span style="font-family: georgia;">J’entre à la hâte par une porte dans un immeuble. Je me
retrouve dans un placard avec un petit garçon terrifié. Sous la
porte, je vois des pierres incandescentes tomber dans la rue, lâchées
par l’avion. L’enfant et moi-même commençons à tousser, à
manquer d’oxygène. Je dois ouvrir la porte alors que l’enfant me
supplie de la laisser fermée. Je sors et constate un paysage de
désolation. Tout est carbonisé par les pierres incandescentes qui
recouvrent le paysage. Je vois un homme accroupi pour observer ces
pierres, pour tenter de comprendre ce qu’il vient de se passer. Je
regarde moi aussi ces pierres et distingues, entre les grosses
pierres de feu, des cailloux plus petits, verts luisants. Je
comprends que ces pierres sont hautement radioactives. J’hurle à
cet homme de s’en éloigner. Je comprends que tout ceci est
volontaire, il s’agit d’une arme de destruction massive et
chimique destinée à détruire et à tuer l’Homme dans sa grande
majorité.</span></i></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;">
<i><span style="font-family: georgia;">Nous entrons, l’homme et moi, dans une maison pour préparer
notre départ vers la forêt et s’y cacher pour un temps
indéterminé. J’entends un drone noir volant s’approcher de la
ville où nous sommes. A ce moment là, je sais qu’il vient pour
vérifier s’il y a des survivants. Je crie à l’homme de se
cacher. Je n’ai pas le temps de bien me cacher. J’entre dans une
pièce sans porte et me recroqueville dans un coin. Le drone approche
et entre dans la pièce. Je dois le détruire avant qu’il ne me
voit. Je lui donne un coup de poing pour le mettre au sol. Sa lumière
m’éblouit, je comprends que j’ai été filmée. Il est trop tard
pour moi… Alors que le drone tombe au sol, je découvre la femme
derrière, qui tient la manette pour le commander. Elle tient
également une orchidée sous son nez pour filtrer l’air et lui
éviter d’inhaler le poison ambiant qui est partout dans l’air.
Elle me regarde surprise et parle dans son talkie, sur son épaule
pour signaler ma présence (« il reste une survivante à détruire
»). Si j’ai peur au démarrage de devoir mourir bientôt, je me
rends vite compte que cela est inévitable. De colère, je la frappe.
Elle me répond en hurlant :</span></i></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;">
<i><span style="font-family: georgia;">« Mais tu ne comprends pas !? C’est un virus et il ne peut y
avoir de vaccin pour tout le monde ! »</span></i></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;">
<span style="font-family: georgia;"><i>Elle est à genoux, elle est honteuse. Je sais qu’elle est
vaccinée mais semble regretter ce qu</i><i>i</i><i> se passe. Je lui
dis alors :</i></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;">
<i><span style="font-family: georgia;">« Je préfère mourir et rejoindre mon Ange avec qui je
communique depuis toujours que vivre dans les ténèbres de
l’ignorance comme toi. »</span></i></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;">
<span style="font-family: georgia;"><i>Des hommes en noirs arrivent à bord de voitures et d’hélicoptères
noirs pour me tuer. Ma fin approche. La fin de tous ceux que j’aime
approche. Impuissance, résilience… Il va falloir mourir quoi qu’il
en soit… </i>»</span></p><p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiS3l4R3bL2oBMT7f8GoMzvWSO3THjDXHrMf4oprvitr95OdsaF2DWTykTV7mz5jVw652hopWrbk66sfnDKrrauGAEGvDw_0S0Hmuu1yKOZZaRV0Itq2udqYkdOTdnRYtr5ogIAsUjiGLY/s2048/IMG_20210807_162923.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><span style="font-family: georgia;"><img border="0" data-original-height="2048" data-original-width="1536" height="375" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiS3l4R3bL2oBMT7f8GoMzvWSO3THjDXHrMf4oprvitr95OdsaF2DWTykTV7mz5jVw652hopWrbk66sfnDKrrauGAEGvDw_0S0Hmuu1yKOZZaRV0Itq2udqYkdOTdnRYtr5ogIAsUjiGLY/w281-h375/IMG_20210807_162923.jpg" width="281" /></span></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia; font-size: x-small;">Dessin du rêve par la rêveuse</span></td></tr></tbody></table><p></p><p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;">Ce rêve m’accompagne depuis que je l’ai lu. Je l’ai emmené
marcher dans la montagne. J’ai discuté avec la rêveuse des
possibles interprétations qu’on pouvait lui donner. Je l’ai
publié dans le groupe Facebook « à l’écoute des rêves »
en exposant la synchronicité et en invitant à résonner à ces
images. J’ai été frappé par le peu de résonances qu’il a
suscité dans un premier temps, comme si la plupart étaient
tétanisés par ce qu’il évoque. J’ai reçu en privé des
messages m’exprimant l’horreur ressentie à la lecture de ce
rêve, la certitude partagée par de nombreuses personnes de ce qu’il
décrit le fond de notre situation collective, et un grand désarroi
dont je me faisais l’écho en parlant plus haut de la souffrance
psychique ressentie par nombre d’entre nous. Je n’ai pas
d’interprétation définitive à en proposer mais j’ai au prime
abord </span>compris<span style="text-align: left;">
ce rêve, et le fait qu’il me soit parvenu à ce moment précis,
comme une interpellation de l’Inconscient, en forme de :</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
- Tiens, puisque tu oses parler de cette psychose collective, voilà
de quoi aller sur le fond du problème…</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
En effet, même si nous sommes tou.te.s plus ou moins tétanisé.e.s,
moi y compris, devant la violence de ces images intérieures, c’est
notre tâche – du moins la mienne et celle des pompiers sur le
front de l’incendie des rêves – que de les regarder en face et
de chercher à les expliciter, c’est-à-dire à entendre ce que
l’Inconscient cherche à nous dire. Il y a là quelque chose qui
pourrait être psychiquement et spirituellement salvateur. En
marchant avec lui, il m’est apparu que ce rêve contenait tout à
la fois l’énoncé du problème et sa solution, qui ressort
explicitement. Bref, je remercie de tout cœur la Source des rêves
car il y a là un cadeau précieux qui m’a aidé pour ma part à
déterminer quelle réponse donner à ce que nous vivons
collectivement. En
effet, il ne suffit pas de se réfugier
dans la forêt intérieure, « lieu où quelque chose de neuf
peut grandir », me disait un commentaire à mon article. Il
faut aussi sortir du bois, et pour détourner en souriant un mot
d’actualité, il faut « manifester » la lumière
essentielle qui peut éclairer le chemin, la voie étroite…</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
Mais avant de proposer des éléments d’interprétation à ce rêve
et exposer ce que je perçois à ce point de cette voie étroite –
je fais allusion encore par ces mots à un des commentaires reçus en
réponse à mon article –, je dois expliciter plus clairement
peut-être le cadre dans lequel je travaille ces images. Plusieurs
personnes ont répondu en effet à mon analyse du rêve présenté en
introduction du « recours aux forêts » qu’elles
n’étaient pas convaincues qu’il faille entendre ces images de
façon purement symbolique. On m’a prêté là un certain
« optimisme » qui m’a fait sourire : c’est en effet
extrêmement optimiste de ma part de pointer une psychose collective
en train de déferler sur notre monde et de prévenir de la mise en
place d’une dynamique totalitaire ! Le comble, c’est en effet
qu’un tel énoncé soit finalement optimiste en regard des images
qui agitent l’Inconscient puisqu’il est question, en particulier
dans ce rêve, de destruction plus ou moins totale de l’humanité.
Et je reconnais volontiers que je me suis un peu avancé en disant :</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
« Je ne crois pas que l’inconscient cherche à nous prévenir
de ce que les vaccins contre le COVID vont tuer tous ceux qui se les
font injecter. Ici, il s’agit à l’évidence d’un symbole. »</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
Je maintiens que je ne crois pas… car je me tiens pour ma part dans
le non-savoir. Je n’achète ni le narratif officiel, ni les
fantasmes de peur de celles et ceux qui jouent aux sauveurs de
l’humanité en alimentant la psychose. Ce n’est pas la mort, pour
ma part, qui m’inquiète et je n’ai pas besoin d’imaginer un
terrible complot pour voir se profiler une destruction de ce qui fait
notre humanité, et c’est celle-ci qui m’inquiète. Tout est
possible... et peut-être allons-nous tous mourir bientôt, mais dans
ce cas, je mourrai en humain conscient de mon humanité. Et celle-ci
me semble nous commander d’éviter d’alimenter le brasier
collectif en y déversant nos peurs, notre défiance envers les
autorités et tout ce qui peut susciter encore plus de division et de
haine. Il est de notre responsabilité – <i>response ability</i> :
capacité de répondre – d’apposer autre chose à l’évolution
apparemment catastrophique, avec ou sans complot<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc"><sup>1</sup></a>,
de notre humanité. Apposer, et non « opposer »,
c’est-à-dire poser en face plutôt que d’entrer dans une lutte,
un combat « contre ». Quant à ce que nous affirmons sur
la situation, je crois que plus que jamais doit s’appliquer le
filtre de Socrate<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc"><sup>2</sup></a>,
qui consiste en quelques questions absolument nécessaires à se
poser avant de jouer les Cassandre :</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
- Est-ce vrai ? Comment puis-je m’assurer que c’est vrai ?</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
- Si je ne suis pas certain que ce soit vrai, est-ce que cela fait du
bien ? Est-ce que c’est bon à dire et à entendre ?</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
- Si ce n’est ni certainement vrai, ni vraiment bon, est-ce au
moins utile ?</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
</span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj_nu3-GM2xR8TlU9GvRVffHL7nEDvCoh3pGA0eEmO8nbks_5q5cW3HHc0s5Y9Ex7LV5XKDuIfs9PRweSfbO-1geShgrWO2ontE_4aFQVk9ZFyGUC1sOf2cxhhfBfPtPtB117TPeNM2Mlc/s684/Socrate.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="684" data-original-width="456" height="315" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj_nu3-GM2xR8TlU9GvRVffHL7nEDvCoh3pGA0eEmO8nbks_5q5cW3HHc0s5Y9Ex7LV5XKDuIfs9PRweSfbO-1geShgrWO2ontE_4aFQVk9ZFyGUC1sOf2cxhhfBfPtPtB117TPeNM2Mlc/w210-h315/Socrate.jpg" width="210" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-size: x-small;">Socrate</span></td></tr></tbody></table><span style="font-family: georgia;">
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
Si cela ne répond à aucun de ces critères, à quoi bon en parler ?
Qu’est-ce que cela apporte ? C’est là, sans doute qu’un
certain travail sur soi, et en particulier un examen de l’ombre
personnelle, s’impose avant de prendre la parole, surtout quand
celle-ci est empreinte d’émotionnalité et alimente l’angoisse,
le désarroi. Pour ma part, je n’ai pas de certitudes et je
n’éprouve pas le besoin d’en chercher ni d’en vendre. J’invite
plutôt à penser et à méditer, et non à croire ou à gober des
demi-vérités douteuses. Je propose une réflexion qui se veut
approfondie, quitte à ce que mes articles soient (très) longs
(comme celui-ci), car il me semble important d’aller toucher à la
profondeur de ce qui nous arrive. C’est de là, seulement, que
pourra jaillir une lumière.</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
Je ne crois pas… et sans doute me suis-je trop avancé en disant
« à l’évidence, il s’agit ici d’un symbole ».
Pour beaucoup, ce n’est pas une évidence, et ils ne comprennent
pas la nature du symbole. Ils ont l’impression que si c’est un
symbole, cela invalide la possibilité que ce soit une réalité.
Alors qu’en fait, si vous en référez comme je le fais à Jung, un
symbole est une réalité vivante dans la psyché, une réalité
psychique et dès lors porteuse de signification, et cela
indépendamment de la réalité physique. Par exemple, Jung a écrit
un livre sur les soucoupes volantes dans lequel il ne discute pas de
la réalité physique, ou non, des OVNIS, mais de ce que leur
observation signifie pour notre époque…</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
Il ne s’agit pas donc de « psychologiser » ou de
réduire à une dimension symbolique ce qui pour certains est une
réalité qui saute aux yeux. Il s’agit plutôt d’ouvrir à la
profondeur symbolique et archétypale des choses, et pour commencer,
de s’en tenir à une rigueur méthodologique avec les rêves. Et
puis dans tout ce qui est affirmé de tous les côtés, il y a des
choses complètement délirantes parfois, il faut le dire aussi. Je
pense par exemple à la cabale des QAnon,
que je n’achète pour ma part pas du tout, d’autant qu’elle
nous vend le Trumpinet comme un sauveur de l’humanité – non
merci ! Mais là aussi, il faut se garder d’entrer dans une
polémique pour accueillir le fond de ce qui se dit. Si même, parmi
mes ami.e.s, il peut y avoir des personnes borderline qui ont du mal
à distinguer la frontière entre leurs fantasmes et la réalité, ce
n’est pas en les rejetant qu’on les aidera à revenir sur terre
mais bien en les entendant. Jung souligne que dès qu’une personne
se sait entendue, on évite le pire qui est l’isolement psychique,
l’enfermement de quelqu’un qui ne veut même plus parler; on est
en relation, et la relation sauve. Et puis il faut savoir que, bien
souvent, les personnes qui vivent en Borderland<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote3sym" name="sdfootnote3anc"><sup>3</sup></a>
amènent dans ce qui semble être pur délire des images créatrices,
et finalement salvatrices si on sait les entendre, dont nous avons
besoin pour élargir notre vision et notre compréhension de la
réalité.</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;">Il nous faut aussi regarder le danger de céder à la psychose
collective qui est en train de s’emparer de notre monde, et
examiner en quoi nous sommes susceptibles nous-mêmes de tomber dans
une psychose paranoïaque. Dans un rêve que j’ai entendu
aujourd’hui, la rêveuse accueillait chez elle une femme atteinte
de psychose paranoïaque, et lui proposait de rester. Ce rêve
témoignait de la conscience de la rêveuse de ses propres tendances
paranoïaques et de sa capacité à composer consciemment
avec celles-ci. J’aimerais ouvertement rencontrer plus souvent des
rêves comme celui-ci, </span>car
le simple fait de voir notre propre folie permet d’éviter qu’elle
ne nous submerge<span style="text-align: left;">. On peut alors entrer en
relation consciente avec elle. La paranoïa est en effet un phénomène
naturel, qui est susceptible de tou.te.s nous affecter quand nos
peurs entraînent un décollement du réel. Mais ce qui est beaucoup
plus grave encore, c’est que le monde entier peut devenir fou et il
est alors difficile de résister à la contagion délirante. C’est
déjà arrivé en de nombreuses occasions. Je vous invite à regarder
cette vidéo pour comprendre de quoi il s’agit quand on parle de
psychose collective :</span></span></p><p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"></p><div style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><iframe allowfullscreen="" class="BLOG_video_class" height="330" src="https://www.youtube.com/embed/ALv5qm46V5E" width="397" youtube-src-id="ALv5qm46V5E"></iframe></div><br /></span></span><p></p><p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">Je ne crois donc pas… mais cela ne m’empêche pas d’être
complètement ouvert à toutes les opinions sincères, et en
particulier aux angoisses de mes ami.e.s dit.e.s « complotistes »
que j’écoute attentivement. Il se trouve que l’on peut montrer
une corrélation<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote4sym" name="sdfootnote4anc"><sup>4</sup></a>
entre le degré de spiritualité et la tendance à endosser des
théories conspirationnistes, au point que l’on peut craindre que
la spiritualité elle-même soit désignée un jour par les autorités
comme l’ennemie à abattre. Je me passionne moi-même pour la
spiritualité, j’accompagne souvent des personnes en émergence
spirituelle, et j’ai donc beaucoup d’ami.e.s qui marchent sur ces
frontières incertaines. Je me situe hors de la discussion du pour et
du contre ces théories, même si nombre cherchent à me convaincre
de rejoindre leur camp en me bombardant de références, car je m’en
tiens à la position du non-savoir ouvert, et surtout je récuse la
logique qui voudrait qu’il y ait des camps, et donc en filigrane
une guerre.
</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
J’ai assez dit que je ne croyais pas… alors je vais dire ce que
je crois, qui fonde ma réflexion devant ce rêve. Je crois que nous
sommes, archétypalement parlant, en face du Mal – le rêve le dit
clairement – et que ce Mal va grandissant. Ce n’est pas nouveau,
mais l’Ombre s’étend. Ce Mal, nous l’avons déjà contemplé
dans les yeux au moment de l’élection du Joker (le président
américain en 2016) et il coure dans notre monde depuis longtemps.
Les gnostiques parlaient déjà de la prééminence du Prince de ce
monde il y a 2000 ans. Une des vertus, et non des moindres, de la
situation est d’ouvrir les yeux d’un certain nombre de gens qui
dormaient devant leurs écrans de télé quand ce Mal a massacré une
grande partie de la population rwandaise, mis le feu aux Balkans,
jeté de l’agent orange dans les rizières vietnamiennes, pour ne
prendre que quelques exemples récents. Ce Mal, on peut le
caractériser comme l’archétype du <i>diabolos, </i><span style="font-style: normal;">celui
qui divise, qui sème la discorde, la haine et à terme, la guerre.
Il a parti lié avec un autre aspect du diable, le Satan,
c’est-à-dire l’Accusateur. Et quand je parle du niveau
archétypal, je ne dis rien de la façon dont ces archétypes
s’incarnent nécessairement pour pouvoir agir dans le monde. </span><span style="font-style: normal;">Il
faut qu’ils trouvent des relais humains pour pouvoir se manifester.
</span><span style="font-style: normal;">Il y a peut-être en effet
des gens dont l’objectif est de nous diviser et nous jeter les uns
contre les autres pour faire marcher leurs affaires.</span><span style="font-style: normal;">
</span><span style="font-style: normal;">Mais je n’ai pas à lancer
d’accusation car ce serait tomber à mon tour sous la coupe du
</span><i>diabolos</i><span style="font-style: normal;"> et du Satan,
et finalement servir le Mal. Je crois pour ma part que si nous
voulons contrer le Mal, il n’y a qu’une possibilité et c’est
de croître dans le Bien. C’est ce que nous enseigne par exemple le
Yi-King, dont le commentaire de Richard Wilhem de l’hexagramme 43
« la percée » dit explicitement : </span>
</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;">
<span style="font-style: normal;"><span style="font-family: georgia;">« La meilleure manière de
combattre le mal, c’est un progrès énergique dans le bien. »</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;"><span style="color: black; text-align: left;"><span><span lang="fr-FR"></span></span></span></span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEib_OBDdj1b31LLVj9CkbSZ3MOMkjrcBxFvlwY1AjtJvV-bEwu7m8gKurmi7ZJDsF6xTF4Q55YAvpw9mAbkDsgi80OkBZ5kONzD398jxQJP6hhe4JRZ6-c9KK5gw3OIp7q9T46mbqcskNs/s1200/1200px-Iching-hexagram-43.svg.png" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1200" data-original-width="1200" height="281" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEib_OBDdj1b31LLVj9CkbSZ3MOMkjrcBxFvlwY1AjtJvV-bEwu7m8gKurmi7ZJDsF6xTF4Q55YAvpw9mAbkDsgi80OkBZ5kONzD398jxQJP6hhe4JRZ6-c9KK5gw3OIp7q9T46mbqcskNs/w281-h281/1200px-Iching-hexagram-43.svg.png" width="281" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Hexagramme 43 - la percée (Yi King)</td></tr></tbody></table>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: justify;">
Il me faut enfin souligner que l’opposé du <i>diabolos</i>,
son antidote pourrait-on dire, c’est le symbole, du grec </span><i>sumbolon</i>
(σύμβολον) : ce qui réunit. Car entendre les symboles
réunifie la psyché. Nommer
ce Mal, mais surtout proposer un travail avec les symboles pour le
contrer, voilà ce à quoi je travaille ici et ailleurs.</span></p></span><p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">Certain.e.s me disent qu’ils détiennent des éléments probants
pour instruire le procès d’un crime contre l’humanité, contre
la Vie. Cela me fait hausser les épaules. Je ne suis pas juge et je
n’instruirai pas de procès. Ces « preuves » sont
souvent une façon d’enfermer la discussion dans une certitude, de
ne laisser aucune place au doute fécond. <span style="font-style: normal;">Et
puis je crois qu’e</span><span style="font-style: normal;">n matière
de destruction de l’humanité, </span>il
ne sert à rien de chercher un coupable à moins de se regarder aussi
dans la glace : la plupart des théoriciens du complot n’ont pas
pris conscience de notre responsabilité collective dans la
catastrophe écologique en cours qui détruira sans doute la plus
grande partie de l’humanité d’ici quelques décennies. Mais
ce n’est pas tant ce qu’on croit être la réalité qui importe
que la réponse éthique que nous donnons à celle-ci, par laquelle
nous manifestons l’essence qui est au cœur de notre croyance.
J’interroge toujours ces ami.e.s convaincus de détenir une
terrible vérité : à quoi cela te sert-il d’affirmer cela ? Et
surtout, admettant que ce soit vrai, qu’en fais-tu ? Nous savons
bien que l’horreur existe dans ce monde : Dachau et Auschwitz ont
bien existé... et depuis, il y a eu bien d’autres génocides
monstrueux et des catastrophes d’origine humaine comme Bhopal,
Seveso, Tchernobyl... des empoisonnements de masse et des
dissimulations criminelles (Enron, l’industrie du tabac...), etc.
Quoi de neuf ? Découvres-tu donc l’existence du mal ? Mais alors,
que proposes-tu de répondre à l’évolution de notre monde ? C’est
en interrogeant sincèrement la motivation fondamentale
de ces affirmations, et où elles nous amènent, que nous pouvons
arriver à leur vérité profonde, ce qu’elles disent de nous et de
notre vision
de la Vie. Et même si je ne crois donc pas à
ces théories, j’en distingue bien souvent, tout comme Charles
Eisenstein<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote5sym" name="sdfootnote5anc"><sup>5</sup></a>,
la valeur mythique : ce sont des images intérieures qui s’expriment
là et décrivent en fait le fond archétypal de ce que nous vivons
collectivement. Et même si ces accusations
s’avéraient donc vérifiables, il faudrait aussi prêter attention
à ce fond archétypal…</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
C’est le point clé pour saisir la démarche d’interprétation
d’un rêve comme celui que je vous ai présenté plus haut. Je l’ai
explicité dans ma réponse au commentaire de la Licorne, qui
interrogeait mon « optimisme » quant à l’interprétation
symbolique que je donnais « à l’évidence » de
certaines images :
</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
« Ce n'est pas vraiment "optimiste" de ma part
d'envisager la portée symbolique de certaines images, mais cela
tient de l'attention scrupuleuse à laquelle nous sommes contraints
dans l'approche des rêves. Je n'exclue pas que certains éléments
soient à comprendre littéralement mais cela n'ôte rien de les
considérer d'abord dans leur profondeur symbolique. Pour ma part, je
m'en tiens fondamentalement au "je ne sais pas" en faisant
attention à ce que je pourrais projeter, car si je commence à
alimenter l'idée d'une intention diabolique derrière ce qui arrive,
j'alimente aussi la peur, la division, l'angoisse et la violence.
Nous avons donc une responsabilité, en tant qu'oreilles tendues aux
rêves, à ne pas répercuter sans prévention les fantasmes qui
courent le monde et nourrissent la psychose. En outre, il faut
considérer que le rêve vient toujours nous révéler quelque chose
qui est inconnu à notre conscience. Si l'on envisage seulement le
rêve sur un plan littéral, comme confirmant nos pires craintes,
alors nous risquons fort de passer à côté du véritable
enseignement du rêve, de l'inconnu qu'il cherche à amener à notre
conscience. La plus grande prudence est de rigueur. »</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
La Licorne, quand j’ai écrit ces mots, n’avait pas connaissance
du rêve que je rapporte ici et à l’abord duquel la nécessité de
cette prudence redouble. Que pouvons-nous donc en dire ? Quelle
interprétation proposer à ce rêve ?</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
Avant d’entrer enfin dans l’analyse des éléments symboliques,
je vous dirai la première résonance qui m’est venue à l’esprit
en écrivant à la rêveuse. C’est une phrase bien connue de Pierre
Teilhard de Chardin, qui dit pour moi l’enjeu spirituel de notre
temps :</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
« Un jour, quand nous aurons maîtrisé les vents, les vagues,
les marées, la pesanteur, nous exploiterons l'énergie de l'amour.
Alors, pour la seconde fois dans l'histoire du monde, l'homme aura
découvert le feu. »</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
</span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLjtrl6iIwOPP0UZvG14_8pxZhsKY3Q2g8dwKVc-d88Uvn9BePDWQgSFn3qTetut77TE1MI0IF8ZrISuGcZ-KP6xqcvgRI4ue55QMRtIp0hRd2q3nrOxoE7DEmGI1V5efTZqh-hqlTNzk/s510/teihard.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="361" data-original-width="510" height="261" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgLjtrl6iIwOPP0UZvG14_8pxZhsKY3Q2g8dwKVc-d88Uvn9BePDWQgSFn3qTetut77TE1MI0IF8ZrISuGcZ-KP6xqcvgRI4ue55QMRtIp0hRd2q3nrOxoE7DEmGI1V5efTZqh-hqlTNzk/w369-h261/teihard.jpg" width="369" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Teilhard de Chardin</td></tr></tbody></table><p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;">
<span style="font-family: georgia;">
Je vous livre aussi quelques résonances recueillies à ce rêve dans
le groupe Facebook « à l’écoute des rêves » :</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
«<i> Si c’était mon rêve je l’associerais avec la
situation actuelle. Je ferais le constat que la conscience qui guide
les hommes (le phare supposé guider, orienter les marins en mer) est
annihilée par le feu (pensées, émotions destructrices) lié à
cette situation actuelle.</i></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;">
<span style="font-family: georgia;"><i>Le monde est sous l’emprise d’une crise collective. Je suis
frappée par cette phrase : </i>
</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;">
<i><span style="font-family: georgia;">« L’un d’entre eux pointe son doigt vers le ciel pour
désigner le coupable de ce nouveau brasier meurtrier : un avion
noir, volant dans les nuages noirs provoqués par le feu ardent. »</span></i></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;">
<i><span style="font-family: georgia;">Les avions volent et ne sont pas en prise avec la terre.
Pourraient-ils représenter des pensées qui deviennent destructrices
parce que déconnectées du réel, ou, parce que déconnectés de
notre intériorité, notre ombre se projette à l’extérieur,
désigne des coupables ce qui ne peut mener qu’à la guerre, qu’à
cette vision très duelle du « bien » se défendant d’un mal
extérieur.</span></i></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;">
<i><span style="font-family: georgia;">L’atmosphère est devenue en tout cas irrespirable, toxique
voire mortelle. Je me sens menacée, impuissante à me dégager de
cette psychose collective. Je cherche une porte de sortie, laquelle
semble être un retour vers l’intériorité (se dégager de
l’identification au mouvements de la masse), une prise de recul (se
retirer en forêt) pour laisser émerger une conscience plus claire
de notre situation individuelle et collective: « Je préfère mourir
et rejoindre mon Ange avec qui je communique depuis toujours que
vivre dans les ténèbres de l’ignorance comme toi. » »</span></i></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
Et :</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;">
<i><span style="font-family: georgia;">« Frankenstein, la Bête. Marilyn, la Belle. La terre en
feu, radioactive, en cendres, en violence. Nous vivons un moment de
transition, de mutation, qui exige d’aller puiser dans ses
ressources personnelles et ses propres stratégies pour trouver la
capacité de se réinventer. Se cacher en est une. Se battre en est
une autre. Il n’y a pas de jugement. Chacun fait ce qu’il peut
pour survivre ou se retrouver intérieurement. La beauté est en
nous. Grâce à elle, nous pouvons abandonner les restrictions que
nous nous sommes imposées et établir un lien avec la partie la plus
profonde de notre être. La puissance peut venir des souvenirs d’une
vie passée. Accepter la mort de ce que nous connaissons et
accueillir la possibilité de nous transformer est également une
option. Ce (grand) rêve en montre partiellement le chemin. »</span></i></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
Et :</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;">
<i><span style="font-family: georgia;">« D’abord ces trois couleurs : Rouge, Noir, Vert. Elles me
racontent quelque chose de violent, de magique, de mystérieux, de
rayonnant. Ensuite, la Direction commune brule, on perd le Nord. Des
monstres fragiles (Frankenstein, Marilyn). Ne pas montrer que je suis
vivant ? Impossible ! Derrière les machines, des hommes et des
femmes qui peuvent prendre conscience… avoir honte…changer ? Je
vais mourir et tous ceux que j’aime aussi mais j’ai trouvé un
autre phare, intérieur celui-là, et immortel : mon Ange. »</span></i></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
</span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj18EcP3MH1MguY4A1JJTFy7InDmMS8t7gRI1prp9sqQ6dLvBW4N74Cq_63jldaFJ4m8rOPs66WFk8GaXWGBy8kGcqAOiyPFtKHweW1cx9VSmpKrl-x3fgpkj0oY-94hpK09N7-zTUC_q4/s512/ange2.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: georgia;"><img border="0" data-original-height="279" data-original-width="512" height="198" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj18EcP3MH1MguY4A1JJTFy7InDmMS8t7gRI1prp9sqQ6dLvBW4N74Cq_63jldaFJ4m8rOPs66WFk8GaXWGBy8kGcqAOiyPFtKHweW1cx9VSmpKrl-x3fgpkj0oY-94hpK09N7-zTUC_q4/w364-h198/ange2.jpg" width="364" /></span></a></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></span></div><div class="separator" style="clear: both; text-align: justify;"><span style="text-align: justify;">
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">Un grand merci aux personnes qui ont résonné à ce rêve. J’ai
été bien sensible à la douleur et l’effroi qu’ont aussi
exprimé certaines personnes devant ce rêve, et c’est à elles que
je dédie cet article. Pour ma part, je veux souligner les éléments
suivants :</span></p></span></div>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
- Un phare, symboliquement, est une lumière qui guide les bateaux à
bon port. Le rêve dit clairement que ce qui est censé nous guider
collectivement à bon port est en feu. On peut penser à une faillite
des autorités, en particulier des autorités spirituelles, qui sont
censées nous guider. Deux observations s’imposent : d’abord, le
phare est un élément sémantiquement lié à la mer, c’est-à-dire
symboliquement à l’Inconscient collectif. Les bateaux symbolisent
volontiers la conscience naviguant sur les flots de l’inconscient.
Il est donc question en filigrane de la psychose collective qui met
en danger le lien entre les consciences individuelles et
l’Inconscient collectif. Celle-ci s’est symbolisée ces derniers
temps dans de nombreux rêves que j’ai entendus parlant de vagues
monstrueuses submergeant tout, ce qui n’est pas sans rappeler un de
mes grands rêves<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote6sym" name="sdfootnote6anc"><sup>6</sup></a>.
Mais il faut aussi observer que le feu, par contraste avec cette
submersion, n’est pas seulement un des plus puissants agents de
destruction. C’est aussi un agent de transformation radicale.</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
- Le couple « monstre de Frankenstein / Marilyn Monroe évanouie
» est absolument typique. Il s'agit de deux "monstres sacrés" de notre mythologie moderne (voir mon <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2021/08/la-voie-etroite.html?showComment=1628761796521#c1297759747049617706" target="_blank">commentaire</a> à ce sujet). La rêveuse me
disait son sentiment que le monstre a échappé à son créateur, ce
qui pourrait évoquer l’hypothèse que le COVID est issu d’un
laboratoire mais plus profondément, on peut y voir le monstre
technologique qui prétend reconstruire l’humanité – par exemple
avec le projet transhumaniste – qui aurait échappé à ses
créateurs. Et nous avons là une représentation du couple
archétypal de la Bête et la Belle. Cette dernière pourrait
représenter le féminin asphyxié par notre rationalité
technologique, et donc endormi – ce qui laisse espérer un réveil.
Mais il faut aussi se souvenir que Marilyn est l’icône de la
beauté suicidée par la superficialité du spectacle permanent de
notre monde, détruite par l’identification à sa seule beauté
extérieure sans égard pour son intériorité. Il y a peut-être là
donc une image terrible de l’état de notre monde...</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
- C’est un avion qui déverse le feu, la mort. Nous avons là
peut-être une évocation encore de la technologie, et comme il a été
dit dans une résonance, d’une pensée qui ne touche plus terre,
déconnectée du réel et désormais destructrice. Mais il est
frappant aussi que la mort vienne du ciel, d’en-haut. Il y a là
une profonde ambiguïté car on peut se demander si la destruction de
notre monde ne serait pas voulue par le Soi, faisant partie d’un
« plan divin ». Mais ce ne sont pas des Anges qui portent
là le feu de l’Apocalypse, mais bien un avion. Alors, le symbole
pourrait signifier que c’est notre hubris à nous prendre
collectivement pour des dieux – et je renvoie encore là en
particulier au projet transhumaniste avec sa visée d’immortalité
– qui pourrait faire tomber le feu du ciel sur nos têtes. Et quel
feu ? Un « feu ardent » qui prend même dans l’eau, ce
qui est la propriété du phosphore, mot grec φώσφορος
(<i>phosphoros</i>), qui signifie « porteur de lumière ». Bien
sûr, il n’échappera pas aux esprits vifs que c’est aussi la
signification de Lucifer, le porteur de lumière au nom terriblement
ambigu qui n’est pas sans évoquer encore une fois le Mercurius
alchimique, l’agent de transformation par excellence.</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
Ayant dit tout cela, je suppose qu’il sera clair à mes lecteurs
que ce rêve recèle des profondeurs symboliques qui interdisent de
le prendre seulement littéralement comme nous avertissant d’un
terrible complot visant à détruire l’humanité. Il doit vraiment
être pris au sérieux, c’est-à-dire écouté dans sa profondeur
archétypal. La rêveuse et moi-même nous sommes interrogés sur le
symbole de la radio-activité. J’ai commencé par faire un lien
avec notre hubris à libérer le feu emprisonné dans la matière
avec la technologie nucléaire, dont la dimension destructrice est
évidente, particulièrement en ce jour où j‘écris anniversaire
de l’holocauste de Nagasaki. Il se pourrait bien que la folie qui
nous emporte en tant que civilisation ait pris forme en croyant
percer les secrets de la matière, nous livrant par là à une fausse
alchimie. Mais il me frappe aussi que la radio-activité soit une
émission par la matière de lumière, une lumière mortelle mais
suscitant aussi des mutations. Il est encore là question du feu
transformateur...</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
</span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiDfQrSBvZXnnNb-Nerx8smeLxk1-Q4_ATBYIZPAVQSqxdlnFn_VEY44FknsiTu2FIvgxC1FcCUvkL6tojj7uRdA1eOtwsFm6ecxKfOyspSzvpSrkq0zaurwIoC7uW2W6QxSLfaB9YwVsQ/s800/rose+feu2.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="333" data-original-width="800" height="181" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiDfQrSBvZXnnNb-Nerx8smeLxk1-Q4_ATBYIZPAVQSqxdlnFn_VEY44FknsiTu2FIvgxC1FcCUvkL6tojj7uRdA1eOtwsFm6ecxKfOyspSzvpSrkq0zaurwIoC7uW2W6QxSLfaB9YwVsQ/w435-h181/rose+feu2.jpg" width="435" /></a></span></div><p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">Parmi mes ami.e.s convaincu.e.s de l’existence d’un projet
destructeur de la plus grande partie de l’humanité, plusieurs ont
réagi en me disant que ce rêve venait confirmer leur conviction de
ce qu’un génocide par empoisonnement est en cours par le
truchement de pseudo-vaccins, en réalité selon eux des agents d’une
manipulation génétique de masse. Je suis obligé de leur faire
remarquer que ce n’est pas du tout ce que dit le rêve, qui parle
bien d’un poison, le virus… mais
dit cette fois que le vaccin sert à protéger ceux qui répandent la
mort. Cette fois, à la différence notable du rêve que je
présentais dans « le recours aux forêts », ce n’est
pas, selon le rêve, le vaccin qui est le poison. Sacré inconscient,
il
nous embrouille et surtout, il nous montre que nous ne pourrons pas
lui faire dire ce qu’il ne dit pas, nous servir de lui pour
justifier nos certitudes !</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
On retrouve là au niveau symbolique selon moi le poison de la peur
associé au virus. J’en veux pour « preuve symbolique »
que la femme qui pilote le drone assassin se protège du poison en
tenant une orchidée sous son nez. Or l’orchidée est un symbole de
pureté et de perfection spirituelles. Cela pourrait désigner
clairement les gens qui jouent aux « chevaliers blancs »
de la pureté spirituelle comme des agents de l’entreprise de mort
qui nous accable. Ce sont souvent des personnes
bien intentionnées qui sont obsédées par le
Mal qu’elles voient dans le monde, chez les autres, et qu’elles
éprouvent le besoin de « combattre ». Elles s’en font
une « mission », et l’Histoire montre régulièrement à
quelle extrémité de folie destructrice cela
peut mener au nom du Bien auquel elles s’identifient. En d’autres
termes, celles
et ceux qui ne sont pas capables d’examiner
leur ombre et qui répandent des miasmes de peur en se drapant dans
leur supposée vertu seraient les complices objectifs de la psychose
collective qui nous empoisonne. Ce thème du poison est bien sûr une
des résonances étonnantes de ce rêve avec celui que j’ai
présenté en introduction du « recours aux forêts »,
qui m’a fait pour le moins sursauter. Et je maintiens que le pire
poison aujourd’hui répandu est donc celui qui nous divise et nous
dresse les un.e.s contre les autres, faisant ainsi l’œuvre du
<i>diabolos</i>, celui-qui-divise.</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
On peut interroger encore la dimension personnelle de ce rêve, en
particulier dans la présence de cet enfant que la rêveuse protège.
Je n’entrerai pas dans l’analyse de ce point. Mais je dois dire
qu’elle m’a fournit des éléments attestant encore plus
profondément de la nature collective des images de ce rêve. En
effet, au cours de notre échange, elle m’a révélé qu’en fait,
ce rêve était précédé dans son souvenir par une autre séquence
onirique qu’elle n’avait pas jugé bon de me communiquer, la
pensant toute personnelle. Dans celle-ci, elle était approchée par
un homme « physiquement déplaisant » qui lui témoignait
cependant un profond et sincère amour. Elle finissait par céder à
cet « amour véritable » et il l’entraînait alors dans
une piscine où elle avait peur de se noyer. Je passe sur un certain
nombre de détails et je n’analyserai pas ici cette portion du
rêve, qui a en effet une dimension personnelle. Mais j’ai souri
quand elle m’a parlé de « piscine » car il s’agit
précisément d’un symbole de l’inconscient collectif, qui a
confirmé la nature archétypale des images qu’elle m’a envoyées.
Et surtout, le "hasard" avec ses lunettes noires a voulu
que je tombe, en ouvrant un livre que l’on venait
juste de m’offrir, sur le passage suivant, dans lequel Jung
explique :</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
« [ Jung parle du fait que le "joyau" est
généralement méprisé ]. Personne ne voit la valeur du joyau. Si
vous revenez aux symboles chrétiens concernant le Christ, dans la
prophétie d'Isaïe, il est dit qu'il n'a aucune beauté et que son
apparence est laide. Le serviteur de Dieu passe inaperçu et sa
valeur n'est pas évidente, alors qu'il contient la valeur la plus
élevée et qu'il est lui-même, en réalité, la valeur la plus
élevée. »</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
Vous imaginez ma stupéfaction de tomber sur ces mots. Encore une
synchronicité, décidément ! L’Inconscient (ou <i>what ever</i>
se dissimule sous ce voile d’inconscience) semble vouloir à toute
force que ce qui apparaît dans ce rêve soit clair comme de l’eau
de roche. Et
voilà tout à coup que la nature de ce qui
approche la rêveuse au travers d’un tel rêve, et qui lui donne à
voir de telles images, devient limpide.
C’est le Soi, ou plus directement dit, c’est le Christ,
l’incarnation de « l’amour véritable », l’Homme
(Άνθρωπος, <i>anthropos</i>) pleinement réalisé dans sa
double dimension de Ciel et de Terre, de divin et d’humain. Ainsi
nous est-il donc montré tout à la fois le mal dans toute son
ampleur et ce qui sauve car, comme le disait Hölderlin, que citait
bien souvent Jung :</span></p>
<p align="center" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
« Plus
grand est le péril, plus grand est aussi ce qui sauve ».</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
</span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZUllxfTYrK45fq2ME50_fhlucS2DKymimRW-BOl1exRx_DGph9ne0GGiyE56ixHnK3UQzJw_QDVpZJo3jKDrMRtP90VU2ahUVQv3Eml1UK-ktnIYl6S-t8GJJvwmJhozCnYepBBGzk08/s500/500x282_friedrich_hoelderlin.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="282" data-original-width="500" height="204" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhZUllxfTYrK45fq2ME50_fhlucS2DKymimRW-BOl1exRx_DGph9ne0GGiyE56ixHnK3UQzJw_QDVpZJo3jKDrMRtP90VU2ahUVQv3Eml1UK-ktnIYl6S-t8GJJvwmJhozCnYepBBGzk08/w363-h204/500x282_friedrich_hoelderlin.jpg" width="363" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Friedrich Hölderlin</td></tr></tbody></table><span style="font-family: georgia;"><br />En
effet, le rêve nous propose très directement
l’antidote à cette entreprise infernale :</span><p></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
Il ne s’agit pas comme Don Quichotte avant nous d’attaquer les
moulins à vent de la désinformation, que ce soit le narratif
officiel ou les alertes plus ou moins crédibles qui sont déversées
sur Youtube. Il ne s’agit pas non plus d’une tisane aux aiguilles
de pin ou d’une omelette aux champignons hallucinogènes. C’est
l’attitude de la rêveuse qui nous montre très clairement le
chemin quand arrivent les hommes en noir, représentants de l’Ombre.
Elle n’a pas peur de la mort. Elle préfère rejoindre l’Ange
avec lequel elle communique plutôt que de vivre dans les ténèbres
de l’ignorance, de l’inconscience. Par là-même, elle avoue une
relation permanente avec la dimension spirituelle, l’Ange de
lumière qui l’accompagne. Au lieu de nourrir une quelconque
animosité, elle dit « oui » à ce qui est. Ses derniers
mots font singulièrement écho à un grand rêve qui m’est advenu
lors de ma propre quête de vision : « il va falloir mourir
quoi qu’il en soit. » Toute résistance est inutile. Il ne
sert à rien d’engager une lutte sans issue contre la grande
transformation qu’est la mort...</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
Ce lâcher-prise souligne à mon avis la plus grande ligne de
distinction entre les personnes engagées dans une vie spirituelle et
celles qui ne le sont pas. Quand on vit en contact avec la dimension
spirituelle de l’existence, on « sait » que la mort
n’est jamais un « accident » dû à un virus ou à une
arête de poisson. On « sait » que c’est une décision
d’âme, dont on est prévenu à l’avance – même en cas
d’accident – par un rêve<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote7sym" name="sdfootnote7anc"><sup>7</sup></a>.
Ce n’est pas que ce soit un choix conscient, ni un suicide de
l’âme, mais simplement quelque chose en nous décide que c’est
assez : Game is over. Et le virus ou l’arête de poisson sont alors
les agents bien utiles de la réalisation de cette décision. C’est
pourquoi toute l’agitation entourant le COVID semble souvent pure
folie aux personnes qui vivent avec une dimension spirituelle de
l’existence : le sens essentiel de la vie et de la mort sont
perdus. Cette agitation traduit simplement une peur de la mort. Et
comment soigner une maladie de la Terre
en renforçant encore plus ce qui rend malade notre terre ?</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
Et puis l’on « sait » donc aussi que la mort n’est
pas une fin, qu’elle est une naissance dans une autre dimension.
Comme le dit Gandalf dans <i>le Seigneur des Anneaux</i>, quand
Pippin l’interroge sur
leurs chances de sortir vivants de Minas Tirith
encerclée :</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
- Je n’aurais pas cru que cela finirait ainsi.</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
- Finir ? Non, le voyage ne s’achève pas ainsi. La mort n’est
qu’un autre chemin qu’il nous faut tous prendre...</span></p><p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><iframe allowfullscreen="" class="BLOG_video_class" height="266" src="https://www.youtube.com/embed/Fscp6j-WeTo" width="320" youtube-src-id="Fscp6j-WeTo"></iframe></span></div><p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">C’est ce qui m’interroge souvent chez mes ami.e.s spirituel.le.s
qui crient au complot comme des cochons qu’on s’apprête à
égorger : et si cela était, serait-ce vraiment un mal pour la
Terre, qui a peut-être besoin de se débarrasser de la plus grande
partie de cette humanité (nous compris) qui ne la respecte pas ? Et
toi, n’es-tu pas en train d’avouer ta peur de la mort, ton manque
de foi spirituelle ? N’as-tu
pas confiance en quelque chose de plus grand qui protège la Vie ?</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
Ce qui m’amène enfin à l’essentiel de ce que je voulais
communiquer ici. Je vous prie d’excuser la longueur (un record dans
ce blogue) de ce texte mais de telles idées ne s’énoncent pas en
500 mots. Encore une fois, c’est à une réflexion en profondeur et
une méditation au long cours à laquelle je vous invite. Quel est
donc l’antidote à la massification dont parlait Carl Jung, à
l’entreprise totalitaire que nous pouvons discerner, à la psychose
collective qui menace de nous engloutir – et à la psychose
individuelle qui menace certain.e.s d’entre nous ? Car la division
voulue par le <i>diabolos</i> est aussi intérieure…</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
Jung le dit clairement, et ce rêve lui donne un écho extraordinaire
: c’est la connexion au sacré, à la dimension spirituelle de
l’existence. On pourrait dire, en pensant à l’enseignement des
Dialogues avec l’Ange – les "quatre messagers" vivaient
un enfer autrement plus explicite que celui que nous envisageons –,
c’est notre connexion à l’Ange, au Maître intérieur qui seul
peut nous guider dans les ténèbres que nous traversons. Si nous
avons besoin d’un autre exemple inspirant, je renverrai volontiers
à Etty Hillesum se penchant sur son propre puits intérieur dans
Amsterdam occupée par les nazis, puis emmenant sa paix intérieure
dans le camp de Westerbork, et enfin à Auschwitz. Ces références
aux heures les plus sombres de notre histoire peuvent nous aider, en
allumant dans notre cœur la lumière qui éclairaient leur nuit, à
trouver l’attitude juste.</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
Madame Von Franz, dans un texte qui m’est tombé sous les yeux
encore de façon synchronistique alors que je m’interrogeais sur
les suites à donner à mon article, donne une clé quant à la façon
de rechercher en permanence cette justesse. Cela devient, comme elle
le dit merveilleusement, une aventure éthique permanente :</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
« Dans chaque situation individuelle, il n'y a qu'un seul choix, une
décision unique qui se renouvelle d'instant en instant. Si l'on
adopte cette attitude , la vie devient une constante aventure
éthique. C'est pourquoi nous pouvons être si déroutants pour ceux
qui essayent de comprendre et d'appliquer nos vues : nous n'avons ni
règles de conduite, ni méthodes thérapeutiques établies. Il nous
faut garder sans cesses ouvertes les oreilles intérieures pour
écouter les indications profondes du Soi qui nous dira de faire ceci
à cette minute, et peut être le contraire la minute d'après. C'est
pourquoi je me contredirai toujours, en toutes sincérité...»</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
Cela implique qu’il n’y a aucune règle, aucun principe, sur
lesquels nous pourrions nous appuyer en permanence, comme par
automatisme. C’est un effort de conscience permanent pour assumer
la singularité de notre être, la singularité de chaque situation,
la singularité de l’instant. Ce qui est juste pour l’un, comme
de se faire vacciner par exemple, ne l’est pas nécessairement pour
l’autre, et réciproquement. Ce qui était juste hier n’est plus
nécessairement juste. Il s’agit d’être comme la rivière et
d’épouser le lit de la situation pour sentir intérieurement ce
qu’elle exige, vers quoi coule son énergie.
</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
Cela implique donc de s’ancrer dans la conscience et dans une
profonde paix qui échappe à toutes influences extérieures, sans
cesser pour autant d’être en relation. Si conflit il y a, et il y
a nécessairement conflit, il faut ouvrir un espace assez vaste en
dedans pour le contenir au lieu de le projeter extérieurement. Il
convient en particulier d’être libre de l’émotionnalité et de
ne pas la cultiver, ni dans nos pensées, ni dans nos paroles, ni
dans nos actes. Il s’agit de travailler sur nos contradictions
internes, d’en prendre conscience et de les résoudre au lieu de
les projeter à l’extérieur. Cela implique d’entendre toutes les
voix en nous, et de chercher leur point d’accord, le lieu où nous
retrouverons l’unité intérieure, et avec elle, la paix. Le
pardon, la gratitude, la bienveillance inconditionnelle et la
bénédiction<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote8sym" name="sdfootnote8anc"><sup>8</sup></a>
de tout ce qui nous semble « mauvais » font parti de nos
armes de libération massive, mais alors il faut
le faire sans ostentation, en privé dans le secret de nos cœurs,
sans agressivité sinon notre bénédiction se révèle être une
malédiction déguisée, qui se retourne contre nous. S’il s’agit
de « manifester », il convient de le faire comme le
faiseur de pluie dont parle Richard Wilhem<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote9sym" name="sdfootnote9anc"><sup>9</sup></a>
: constatant que le monde n’est pas en ordre, il faut travailler
d’abord à remettre de l’ordre en dedans. Cela demande
en particulier d’entrer dans un certain détachement, un retrait à,
l’égard du monde, qui permet d’observer comment nos ombres
intérieures et nos émotions teintent les lunettes au travers
desquelles nous voyons les choses. Il nous faut méditer et ainsi
développer un méta-regard, c’est-à-dire un regard porté de
l’intérieur sur notre regard, de façon à éviter de prendre des
vessies pour des lanternes, et nos projections pour des réalités.</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
C’est un travail permanent de conscience, et outre le fait de se
relier au sacré, quelque forme qu’il prenne pour nous, il est
important aussi de nous relier à d’autres êtres humains. Une amie
me proposait ce triptyque salvateur : reliance, tolérance et
résilience… et je ne peux qu’abonder dans son sens. Jung le
pointait clairement : nous sommes d’autant plus susceptibles de
succomber aux suggestions que nous sommes psychiquement isolés. S’il
est quelque chose à « combattre » par les temps qui
courent, c’est cet isolement. S’il est une protection qui peut
être salvatrice, c’est donc de se relier. Se relier à la terre, à
la nature, aux animaux et aux arbres, aux rivières et aux montagnes,
au ciel, à la lumière… mais surtout aux autres êtres humains,
nos sœurs et frères en cette galère. Je parodierais donc
volontiers l’hymne national français, cette marche guerrière qui
nous appelait à « former nos bataillons » pour abreuver
de sang les sillons de nos champs (!) en proposant comme cri de
ralliement : « formons nos communautés, nos cercles... »</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
</span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiUjXU3a1QXwg8-uTa2kK5UQYxBG3K9BMxL7qUSTxErf-yLKXGBOCYJu2ni8ku7tZ4QMo9odNb1nybvCjKm6U9EHmGrcYR_kuZuXpGbrogpXj82RNq_dfwpU4jznSUqiv1_S7kGH-CU5P0/s116/love_mandala.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="116" data-original-width="116" height="238" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiUjXU3a1QXwg8-uTa2kK5UQYxBG3K9BMxL7qUSTxErf-yLKXGBOCYJu2ni8ku7tZ4QMo9odNb1nybvCjKm6U9EHmGrcYR_kuZuXpGbrogpXj82RNq_dfwpU4jznSUqiv1_S7kGH-CU5P0/w238-h238/love_mandala.jpg" width="238" /></a></span></div><p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">Car finalement, si je puis me permettre de me contredire directement
ici, il est bien un principe souverain qui devrait nous guider et
c’est l’Amour. Et plus précisément, l’Amour enraciné dans la
Paix et la Liberté – ce qu’évoque en particulier l’image du
Christ, symbole du Soi au cœur de la dimension sacrée en Occident,
mais aussi pour beaucoup d’entre nous Présence vivante, « amour
véritable » qui pave le chemin.</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
Dans ces temps d’ignorance et de ténèbres, il importe de revenir
à nos sources spirituelles et de boire sans retenue à l’eau vive
de la Parole qui étanche toute soif, quelle que soit la forme pour
nous que prend le Vivant. C’est un temps pour lire et relire les
textes sacrés – quels que soient nos textes sacrés… – et pour
méditer, contempler, et aussi pour écouter les rêves. Il est
important de nous relier à la nature, notre nature intérieure, et à
la nature vivante de notre belle planète, car alors la danse de la
lumière et de l’ombre s’inscrit dans le déploiement de quelque
chose de plus vaste, et d’inaltérable, que nous pourrions appeler
la Beauté. Face au Mal, il importe de se souvenir que le mythe de la
Génèse nous enseigne que nous avons « sombré » dans la
dualité au jour où, croquant la pomme, nous avons cru pouvoir
définir de façon définitive ce qui est le mal et ce qui est le
bien, nous permettant dès lors de juger nos frères. C’est la
fameuse chute, hors du Paradis de l’unité, du Un. Il s’agit donc
simplement, face au Mal, d’incarner ce qui nous semble être le
Bien, de lui donner vie et lui permettre de marcher sur terre,
réalisant ainsi à notre tour l’Incarnation. Mais pour cela, il
faut absolument éviter de s’identifier au Bien et de combattre le
Mal chez autrui, car c’est ainsi qu’il nous possède de
l’intérieur. Devant ce Mal, il nous faut retourner le regard vers
l’intérieur<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote10sym" name="sdfootnote10anc"><sup>10</sup></a>
en prenant nos responsabilités et en nous gardant de toute hubris,
qui nous ferait croire que nous pouvons le défaire...</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
Mais c’est donc surtout en veillant à nous ancrer dans l’amour
(ἀγάπη, <i>agapé</i>) inconditionnel, la bienveillance et la
non-violence (<i>ahimsa</i>) en particulier envers tous ces gens qui
ne pensent pas comme nous et semblent vouloir nous contraindre, que
nous trouverons l’antidote à la folie collective, que nous serons
immunisés contre le poison qui menace de tous nous détruire. A
chaque fois que nous sommes tentés de nous fermer, de nous
contracter, de juger… nous sommes invités à trouver le chemin
vers l’ouverture entière de notre être à ce qui est, dans la
vulnérabilité. C’est la seule chose qu’exige de nous la
situation en fait : ce « oui » entier à ce qui est.
Quitte à ce que ce soit un « oui » à ma tristesse, mon
désespoir, ma colère... mais alors je la prends en charge cette
colère au lieu de la déverser sur le monde. Il s’agit simplement
de nous laisser traverser en toute confiance par quelque chose qui
est plus grand que nous, qui est infiniment bienveillant et en paix.
A défaut d’un autre mot, je l’appelle avec bien d’autres
l’Amour.</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
La question de notre responsabilité essentielle – encore une fois
: <i>response ability</i>, capacité à répondre – se pose donc
ainsi désormais à chacun.e d’entre nous :
</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
- Qu’amènes-tu dans ce monde troublé ? Y déverses-tu ta peur,
ton angoisse, ton agressivité, tes ombres irrésolues, tes émotions
incendiaires… ou peux-tu te faire passage pour un sourire qui
éclaire tout, une Lumière qui fait ressortir la Beauté de la Vie,
cet Amour qui embrasse tout, une paix contagieuse... ?</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
Et si nous n’en sommes pas là, si nous ne sommes pas capables de
cet amour ? Car l’amour, la paix, le pardon, et la liberté qui en
découlent… sont le fruit d’un processus, d’un travail sur soi,
avec Soi. Et bien il faut avoir d'abord l’honnêteté de le reconnaître et
se mettre en chemin, en commençant par ne pas se juger, par s’aimer. Il ne faut rien forcer et de toute façon, il n'est pas possible d'être dans la paix et dans l'amour tout le temps. La paix absolue est une illusion elle aussi. Jung nous dit que l'individuation n'est pas une absence de conflit, mais « au contraire, implique une conscience intense du conflit ». Chaque boulette d'obscurité est l'occasion d'un travail de conscience dans lequel il s'agit simplement de trouver notre place dans la tourmente (voyez à ce sujet ma <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2021/08/la-voie-etroite.html?showComment=1628760751504#c245314218352985477" target="_blank">discussion avec AdRien</a> dans les commentaires). </span></p><p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">Mais si l'on est submergé par l'angoisse ou la rage, il faut peut-être aller chercher de l’aide. Il faut surtout avoir
confiance dans la Vie qui n’abandonne personne, simplement s’ouvrir
à la possibilité d’une transformation radicale. Car la voie
étroite, finalement, c’est la voie du
milieu qui réunifie les contraires, la
Voie de l’Amour qui appose ce qu’il y a d’éternellement bon,
beau et vrai dans l’existence, en face de ce qui toujours s’oppose…</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
C’est en cheminant, individuellement et ensemble, sur cette voie
étroite que nous transformerons le feu destructeur qui menace
d’embraser notre monde en ce feu d’amour dont parlait le père
Teilhard de Chardin. C’est ce à quoi nous appelle ce grand rêve !</span></p>
<p align="center" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;">
<b><span style="font-family: georgia;"></span></b></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><b><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJkCq_od6m9uJ6FT2DRZ8LlwR7Eo33iT6KBsBN4L6VY-ZL_PLE90_u9mCQCcwBTlo-RzAGfEbixmGC-0ZxyhlVK_dKkA6MVplHtt6JDN5u_OVjAoGU-WIhnrIDbw2pKeePgTx6ezLZTyQ/s448/coeur+feu.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="335" data-original-width="448" height="290" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjJkCq_od6m9uJ6FT2DRZ8LlwR7Eo33iT6KBsBN4L6VY-ZL_PLE90_u9mCQCcwBTlo-RzAGfEbixmGC-0ZxyhlVK_dKkA6MVplHtt6JDN5u_OVjAoGU-WIhnrIDbw2pKeePgTx6ezLZTyQ/w388-h290/coeur+feu.jpg" width="388" /></a></span></b></div><b><span style="font-family: georgia;"><br /><div style="text-align: center;"><b><span style="font-family: georgia;">Une lumière inextinguible</span></b></div></span></b><p></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
Je terminerai en évoquant les mots de Albert Chambon dans son livre
« oui je crois... », cité par Arnaud Desjardins dans
« En relisant les Évangiles »<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote11sym" name="sdfootnote11anc"><sup>11</sup></a>.
Ce monsieur nous parle de la grâce qu’il a reçu en allant à
Buchenwald. Si celles et ceux qui nous ont précédé et qui ont
traversé l’horreur nazie ont su trouver une telle lumière au fin
fond des ténèbres, de quoi avons-nous donc peur ? Qu’est-ce qui
pourrait nous effrayer ?</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
Mais écoutons donc plutôt le témoignage de ce monsieur :</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
« Six ans au-delà [d’une retraite à la Grande Trappe], je
recevais la grâce de Buchenwald qu’il "valait la peine
d’obtenir, même si l’on obtenait pas celle de la sortie",
suivant le mot du père Leloir ; et il est vrai que dans le monde
déshumanisé des camps de concentration, un extraordinaire privilège
nous était offert à tous : celui d’atteindre sans efforts les
sommets de la spiritualité. Littéralement dépouillés de tous les
bien terrestres, loin de toute amitié, de toute affection, de toute
tendresse et de tout amour, libérés des obligations auxquelles les
hommes qui vivent en société sont astreints, privés du secours que
la religion peut apporter, la foi pouvait ruisseler en nous. Tout
apparaissait si clair, l’échelle des valeurs humaines si évidente,
qu’il semblait ne plus y avoir choix pour d’autre chemin. Plus
aucun brouillard ne nous empêchait de distinguer ce qui est
essentiel ici bas de ce qui ne l’est pas. Nous ne pouvions que nous
affliger d’avoir été si longtemps aveugles. La voie de Dieu était
éclatante de lumière. Les yeux de nombre de déportés se sont
fermé, ainsi, à la vie terrestre, dans une vision aveuglante de ce
que doit être l’existence humaine pour être conforme aux desseins
de la Providence divine. Quant à ceux qui, comme moi, ont eu le
privilège de revenir de ces lieux maudits, il leur demeure comme une
étrange nostalgie de cette vérité qui, alors, nous embrasait et
nous a déserté peu à peu après notre retour parmi les vivants. »</span></p>
<p align="center" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
* * *</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">
</span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgcuwpdR_oY1psVswMeno7w1dyfO8-gj6AdkUYYfuneXSoK98aNQoxH4AFH037dHbdSQQbRDAThCBYlNpTd7K71EE9cugZ7cUbrgagWkHmuUoS1k0gb1XZMzMUbB3ovvJBqENbY1qgfQao/s853/dreamcatcher-336639__480.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="480" data-original-width="853" height="180" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgcuwpdR_oY1psVswMeno7w1dyfO8-gj6AdkUYYfuneXSoK98aNQoxH4AFH037dHbdSQQbRDAThCBYlNpTd7K71EE9cugZ7cUbrgagWkHmuUoS1k0gb1XZMzMUbB3ovvJBqENbY1qgfQao/s320/dreamcatcher-336639__480.jpg" width="320" /></a></span></div><p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;">Un projet a pris forme en marchant avec ce rêve dans la montagne. En
continuité sensible avec les mots qui précèdent, parce qu’il
faut amener tout cela dans le concret,
je vous informe que ma compagne et moi-même envisageons de créer à
l’automne un cercle de méditation qui se rencontrera
virtuellement, et d’offrir des ateliers sur le thème
</span></p>
<p align="center" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;"><span style="font-family: georgia;"><b>
Rêver la terre de demain</b></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.3cm;"><span style="font-family: georgia;">
Il s’agira :</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.3cm;"><span style="font-family: georgia;">
- D’ouvrir un espace pour entendre et accueillir les peurs, les
angoisses, et les images intérieures qui nous agitent quant à notre
devenir collectif.</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.3cm;"><span style="font-family: georgia;">
- De nous ancrer en terre par une attention amoureuse au corps, par
le chant, la danse, et tout ce qui nous aidera à nourrir la reliance
et à transformer les démons.</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.3cm;"><span style="font-family: georgia;">
- De méditer et regarder en nous-mêmes pour y déceler et éclairer
nos propres ombres.</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.3cm;"><span style="font-family: georgia;">
- De nourrir la paix, la confiance, la joie et l’amour en se
reliant dans le Cercle.</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.3cm;"><span style="font-family: georgia;">
- D’aller enfin chercher des images intérieures pour la terre de
demain, au-delà du voile noir qui nous empêche de voir le futur
d’après la crise de transformation que nous vivons.</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.3cm;"><span style="font-family: georgia;">
Pour celles et ceux qui s’en sentiront capables, il s’agira de
contacter en esprit nos descendants et de bâtir avec eux un pont de
lumière pour que nos époques se rejoignent…</span></p><p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.3cm;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></p>
<hr />
<div id="sdfootnote1"><p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0.6cm;">
<span style="font-family: georgia; font-size: x-small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym">1</a>
J’écris ces mots en ce jour (9 août 2021) qui voit la publication du dernier
rapport du GIEC, où l’avertissement est très clair : « c’est
maintenant ou jamais ».</span></p>
</div>
<div id="sdfootnote2"><p class="sdfootnote-western"><span style="font-family: georgia; font-size: x-small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">2</a> Voyez
à ce sujet mon article « <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2020/08/trou-noir.html" target="_blank">trou noir</a> ».</span></p>
</div>
<div id="sdfootnote3"><p class="sdfootnote-western"><span style="font-family: georgia; font-size: x-small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote3anc" name="sdfootnote3sym">3</a> Je
vous suggère à ce sujet de lire Jérome Bernstein, <i>Living in the
Borderland</i>.</span></p>
</div>
<div id="sdfootnote4"><p align="left" class="sdfootnote-western"><span style="font-family: georgia; font-size: x-small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote4anc" name="sdfootnote4sym">4</a> Voyez
par exemple :
<span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.reformes.ch/societe/2021/04/le-complotisme-une-nouvelle-religion-complotisme-theorie-du-complot-societe-sectes">https://www.reformes.ch/societe/2021/04/le-complotisme-une-nouvelle-religion-complotisme-theorie-du-complot-societe-sectes</a></u></span></span>
et
<span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.24heures.ca/2021/02/25/pourquoi-le-milieu-du-bien-etre-est-il-un-terreau-fertile-pour-les-theories-du-complot">https://www.24heures.ca/2021/02/25/pourquoi-le-milieu-du-bien-etre-est-il-un-terreau-fertile-pour-les-theories-du-complot</a></u></span></span>
</span></p>
</div>
<div id="sdfootnote5"><p align="left" class="sdfootnote-western"><span style="font-family: georgia; font-size: x-small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote5anc" name="sdfootnote5sym">5</a> Pour
approfondir ces questions, que vous soyez « complotiste »
ou non, je vous invite à lire « <a href="https://charleseisenstein.org/essays/le-mythe-du-complot/" target="_blank">le mythe du complot </a>»
de Charles Eisenstein.</span></p>
</div>
<div id="sdfootnote6"><p class="sdfootnote-western"><span style="font-family: georgia; font-size: x-small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote6anc" name="sdfootnote6sym">6</a> Voir
mon article «<a href="https://voiedureve.blogspot.com/2015/05/la-jeunesse-du-monde.html" target="_blank"> la jeunesse du monde</a> » et/ou ma vidéo « <a href="https://www.youtube.com/watch?v=igUDnYOpcOs" target="_blank">demain la paix</a> ».</span></p>
</div>
<div id="sdfootnote7"><p class="sdfootnote-western"><span style="font-family: georgia; font-size: x-small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote7anc" name="sdfootnote7sym">7</a> Voyez
à ce sujet mon article « <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2014/04/une-couleur-jamais-vue.html" target="_blank">une couleur jamais vue</a> »
et/ou le livre de Marie-Louise Von Franz, les rêves et la mort.</span></p>
</div>
<div id="sdfootnote8"><p align="left" class="sdfootnote-western"><span style="font-family: georgia; font-size: x-small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote8anc" name="sdfootnote8sym">8</a> A
ce sujet, vous pouvez lire mon roman « l’arme absolue »
qui explore la possibilité de transformer le monde par la
bénédiction. Ici une présentation :
<a href="https://voiedureve.blogspot.com/p/larme-absolue.html">https://voiedureve.blogspot.com/p/larme-absolue.html</a></span></p>
</div>
<div id="sdfootnote9"><p align="left" class="sdfootnote-western"><span style="font-family: georgia; font-size: x-small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote9anc" name="sdfootnote9sym">9</a> Voyez
mon article « <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2014/10/paix-dans-le-coeur.html" target="_blank">paix dans le coeur</a> ».</span></p>
</div>
<div id="sdfootnote10"><p class="sdfootnote-western"><span style="font-family: georgia; font-size: x-small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote10anc" name="sdfootnote10sym">10</a> Voyez
mon article « <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2017/03/retourner-le-regard.html" target="_blank">retourner le regard</a> ».</span></p>
</div>
<div id="sdfootnote11"><p align="left" class="sdfootnote-western"><span style="font-family: georgia; font-size: x-small;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote11anc" name="sdfootnote11sym">11</a> Arnaud
Desjardins, En relisant les Evangiles (page 240). Vous pouvez aussi
lire ce livre remarquable sur Calameo :
<span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://fr.calameo.com/books/000348612599f4534e618" target="_blank">https://fr.calameo.com/books/000348612599f4534e618</a></u></span></span></span>
</p>
</div><p></p>Jean Gagliardihttp://www.blogger.com/profile/08229714193935289206noreply@blogger.com60tag:blogger.com,1999:blog-1648819312264509748.post-64933824609582173882021-08-03T09:09:00.017-04:002021-08-12T10:47:06.236-04:00Le recours aux forêts<p><span style="font-family: georgia;"> </span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj9XNvDslqqC3X-O_7GD7fa_OZ9EZhmVFHcTwq_EH_R7qwSCPrtKk1i67tgiR4vnCOQxFg4OMUX5N-aHWrxRfhlYWqnrSx6HYKaLE8QHAAcywPt26WnSWJytMVTnzETgz4qF0MB1YtRYk0/s1280/for%25C3%25AAt.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: georgia;"><img border="0" data-original-height="853" data-original-width="1280" height="274" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj9XNvDslqqC3X-O_7GD7fa_OZ9EZhmVFHcTwq_EH_R7qwSCPrtKk1i67tgiR4vnCOQxFg4OMUX5N-aHWrxRfhlYWqnrSx6HYKaLE8QHAAcywPt26WnSWJytMVTnzETgz4qF0MB1YtRYk0/w412-h274/for%25C3%25AAt.jpg" width="412" /></span></a></div><span style="font-family: georgia;"><br /></span><p></p><p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia; font-size: x-small;"><i>Temps de lecture : environ 20 mn.</i></span></p><p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;">
Peu avant que notre Président bien-aimé nous annonce, en France, un
nouveau tour de vis sanitaire, j’ai entendu le rêve suivant :</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><i style="text-align: left;"><span style="font-family: georgia;">Je suis dans mon milieu de travail. Les contraintes se resserrent.
Mes collègues m’observent et c’est comme s’ils espéraient que
‘’je craque’’, que je me plie aux nouvelles contraintes. On
nous parle d’obligation vaccinale. Je résiste comme je peux à la
pression. Je fais mon travail avec vigilance et je garde mon
positionnent de départ. Mais quelqu’un me pousse dans la piscine.
Je n’ai rien pu faire. Je me rends compte alors qu’ils
contaminent tout, le poison vaccinal est directement injecté avec
des seringues dans l’eau que l’on boit, l’eau même du robinet.
Tout est désormais susceptible d’être contaminé. Je m’en vais
alors, je quitte ce lieu de travail avec le sentiment que de toute
façon, j’aurai bien du mal à échapper à la contamination si je
reste plus longtemps. Et même ailleurs car toute l’eau est
contaminée...</span></i></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;">Nous y voilà donc, me suis-je dit en entendant ce rêve. Où cela ?
A l’heure, bientôt, des choix décisifs. Au temps d’une prise de
position dont les conséquences pourraient être lourdes. Pour nombre
de mes ami.e.s, il s’agit de savoir s’ielles se feront vacciner,
ou non, contre le COVID</span><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote1sym" name="sdfootnote1anc" style="text-align: left;"><sup>1</sup></a><span style="text-align: left;">.
Résisteront-ielles à la pression sociale et à l’obligation
vaccinale qui se dessine ? Ce sont les mêmes qui se sont
insurgé.e.s, non sans quelques solides raisons, contre l’obligation
de porter un masque, en soulignant ce qu’elle avait de l’absurde
incantation autoritaire. Ce sont sur le fond des sujets délicats sur
lesquels je n’ai pas la compétence qui me permettrait d’émettre
un avis définitif, non sans être cependant particulièrement
sensible à ce qu’ont subi les enfants et les jeunes avec cette
obligation de se masquer et de se distancier. Mais je me demande
surtout si au fond, de même que le COVID est le symptôme d’un mal
plus profond qu’ont éclairé différentes réflexions</span><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote2sym" name="sdfootnote2anc" style="text-align: left;"><sup>2</sup></a><span style="text-align: left;">,
le masque et le vaccin ne porteraient pas eux aussi un enjeu
symbolique qu’il nous faut éclairer. C’est ce à quoi nous
invite ce rêve, me semble-t-il, qui a clairement une portée
collective et, </span><span style="color: black; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">au-delà
des préoccupations personnelles de la rêveuse qui ressortent là,
nous concerne tou.te.s. Au vu des dernières évolutions de la
situation, il a clairement un caractère annonciateur et met en
lumière, du point de vue de l’inconscient, la dimension dramatique
de ce qui est en jeu. Il convient cependant de ne pas sauter trop
vite aux conclusions et d’interroger sa dimension symbolique, et en
particulier la nature du « poison vaccinal » qui y est
évoqué...</span></span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;"><span style="text-align: left;">Remarquons d’emblée la violence qui est au cœur de ce rêve,
violence sociale dont nous avons désormais l’étalage dans les
médias et qu</span><span style="color: black; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">i
est en train de partout se généraliser, par exemple</span></span></span><span style="text-align: left;">
à l’entrée des musées, des salles de cinéma, des bars et
restaurants, </span><span style="color: black; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">des</span></span></span><span style="text-align: left;">
trains, etc. « Les contraintes se resserrent », nous dit
le rêve – et encore une fois, il me faut rappeler que l’on
semblait loin, au moment où il est survenu, de l’imposition
systématique du passe sanitaire. Et qu’attendent nos dirigeants
avec ces mesures sinon que celles et ceux qui refusent de se faire
vacciner sinon qu’ielles « craquent » sous la pression
sociale ? Ils préservent ainsi les apparences de la démocratie et
évit</span><span style="color: black; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">e</span></span></span><span style="text-align: left;">nt
d’imposer l’obligation vaccina</span><span style="color: black; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">le</span></span></span><span style="text-align: left;">
tout en faisant de tous ceux qui croient fermement que le vaccin est
la solution à la crise, et de ceux qui devront vérifier les passes
sanitaires, les vecteurs de la pression sociale, les agents de la
violence collective faite à la liberté individuelle. Cette violence
gangrène les esprits, au point que certains ténors politiques
appellent à conduire les récalcitrants aux centres de vaccination
« les menottes aux poignets ». Récemment, j’ai été
estomaqué d’entendre un de mes </span><span style="color: black; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">"</span></span></span><span style="text-align: left;">amis"
Facebook, au demeurant une personne intelligente et démontrant une
certaine conscience politique, expliquer qu’il en viendrait
volontiers aux poings pour faire entendre raison aux personnes qui
refusent de se vacciner, à défaut d’autres arguments. C’est
dire l’indigence de la pensée qui entoure ces questions. </span><span style="color: black; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">N</span></span></span><span style="text-align: left;">ous
devons imputer directement ce climat délétère à ceux qui divisent
la population en instrumentalisant la peur, et en désignant à la
vindicte populaire les antivax et autres « complotistes »,
accusés de propager l’épidémie.</span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhMDzRUxBDLzRONbGKfCA1oQsl1h6IBtScoDmXtQpWTMbcgDEGybYZ0cwPiA90DzL8WqbuPKNqGjFiz-kJhRdkiZf2J_HIN3UbVxb5tINIm-mfSSkZUcrCTk0YbvmQpMHjLKqfL9ISgYPo/s414/accusation.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="289" data-original-width="414" height="251" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhMDzRUxBDLzRONbGKfCA1oQsl1h6IBtScoDmXtQpWTMbcgDEGybYZ0cwPiA90DzL8WqbuPKNqGjFiz-kJhRdkiZf2J_HIN3UbVxb5tINIm-mfSSkZUcrCTk0YbvmQpMHjLKqfL9ISgYPo/w360-h251/accusation.jpg" width="360" /></a></div><p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;">En écho à cette violence, une forte angoisse ressort du rêve. Je
suis convaincu pour ma part que cette angoisse est saine car elle
a<span style="color: black;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">pparaî</span></span></span>t
ici comme un signal d’alarme devant la situation. Elle n’est pas
sans rappeler l’angoisse qui s’exhale des rêves présentés dans
l’excellent documentaire « rêver sous le capitalisme »,
ou encore dans les rêves rapportés dans l’étude remarquable de
Charlotte Béradt « <span style="color: black;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">rêver</span></span></span>
sous le III<sup>ème</sup> Reich » qui a inspiré la démarche
de ce documentaire. A chaque fois, on peut voir comment l’âme est
malmenée autant, sinon plus encore, que les corps par un système
dont ressort la nature intrusive, qui vise à contrôler les esprits,
et il faut bien le dire, totalitaire. Ici, <span style="color: black;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">celle-ci</span></span></span>
est clairement évoqué par le rêve quand il dit :</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia; text-align: left;">« </span><span style="color: black; font-family: georgia; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">J</span></span></span><span style="font-family: georgia; text-align: left;">e
me rends compte alors qu’ils contaminent tout (...). Tout est
désormais susceptible d’être contaminé (...) toute l’eau est
contaminée... »</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia; text-align: left;">La répétition de ce « tout(e) » dans le matériau
objectif du rêve n’est pas fortuite. Elle pointe précisément le
sentiment de la rêveuse, partagé plus ou moins consciemment par de
nombreuses personnes, de faire face à un nouveau totalitarisme fondé
sur une pensée unique qui ne tolère pas la contradiction, une
novlangue qui prétend que « la vaccination rend libre »
(paradoxe sémantique qui n’est pas sans rappeler le tristement
célèbre « Arbeit mach frei »), une société du
contrôle</span><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote3sym" name="sdfootnote3anc" style="font-family: georgia; text-align: left;"><sup>3</sup></a><span style="font-family: georgia; text-align: left;">
qui écrase ses opposants en les excluant et en tentant de les
accabler de honte</span><a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote4sym" name="sdfootnote4anc" style="font-family: georgia; text-align: left;"><sup>4</sup></a><span style="font-family: georgia; text-align: left;">.
Cette société, nous la voyons déjà à l’œuvre en Chine, où un
citoyen, scruté de tous côtés par les caméras et les systèmes de
contrôle, peut voir son portrait apparaître sur un abri bus parce
qu’il n’a pas payé ses impôts. Elle ne relève pas du fantasme,
et il semble bien que ce modèle chinois – le seul, </span><span style="color: black; font-family: georgia; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">nous
serine-t-on insidieusement</span></span></span><span style="font-family: georgia; text-align: left;">, qui ait réussi à
endiguer la pandémie – fascine nos dirigeants. Dans ce contexte
qui agite l’inconscient collectif, il est bien naturel de ressentir
de l’angoisse. C’est plutôt de n’en pas ressentir, de ne pas
être conscient.e de la peur instillée autour du virus et de la
manipulation de masse qu’elle permet, et de n’attendre que le
retour au « </span><i style="font-family: georgia; text-align: left;">business as usual</i><span style="font-family: georgia; text-align: left;"> », qui sont des
symptômes inquiétants d’inconscience…</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjli8iRvUWGQqOo-H-EIkEUtB5jvxKpi6OksRHgi6yfSOWHQfeuQ9OtTqlEbmYaJATYt29IyEFia9TZ2TBhGxVkbMQ24lNl9Y3ZWMudO-bLS0_EU6rn3z5OFGPRhT3VMCBFavpH1rZGZoo/s600/krishnamurti.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="600" data-original-width="600" height="357" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjli8iRvUWGQqOo-H-EIkEUtB5jvxKpi6OksRHgi6yfSOWHQfeuQ9OtTqlEbmYaJATYt29IyEFia9TZ2TBhGxVkbMQ24lNl9Y3ZWMudO-bLS0_EU6rn3z5OFGPRhT3VMCBFavpH1rZGZoo/w357-h357/krishnamurti.jpg" width="357" /></a></div><p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;">Il est certainement exagéré de crier à ce point en France à la
dictature – c’est faire fi de ce que subissent ceux qui subissent
justement une telle dictature, à Hong Kong <span style="color: black;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">et</span></span></span>
au Xinjiang, à Moscou <span style="color: black;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">et</span></span></span>
en Biélorussie, etc. L’évocation de l’étoile jaune ne semble
guère judicieuse non plus, tant elle attente à la mémoire des
victimes de la Shoah, qui n’étaient pas persécutés du fait d’un
choix de conscience. Mais ces excès de langage – dont le principal
défaut est de prêter le flan à une ridiculisation<span style="font-weight: normal;">
par les médias</span> des idées qu’ils veulent illustrer –
cherchent à mettre en évidence quelque chose que nous avons du mal
à cerner, que la philosophe Barbara Stiegler désigne dans son
remarquable essai « Démocratie en Pandémie » comme un
nouveau continent politique, la Pandémie. Il s’agit d’une sorte
d’état d’urgence permanent, comme nous le connaissons en France
depuis 2015, qui de crise en crise permet d’euthanasier
silencieusement la démocratie. Une des vertus de la situation est
d’avoir suscité chez beaucoup de gens une nouvelle conscience
politique, parfois empreinte de naïveté – mais qui dit
« naïveté » dit aussi fra<span style="color: black;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">î</span></span></span>cheur
bienvenue. A l’inverse de cette fraîcheur, il faut bien s’avouer
que le projet libéral autoritaire qui se dessine sous nos yeux n’a
rien de nouveau. Au contraire, il est clair que la pandémie n’aura
été qu’une aubaine pour l’accélération de tendances lourdes
du capitalisme, en particulier dans la numérisation de l’économie
et la généralisation du contrôle de masse. Quant à qui profite le
crime, il suffit pour s’en rendre compte de se pencher sur
l’énormité des profits engendrés par la crise pour les GAFA<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote5sym" name="sdfootnote5anc"><sup>5</sup></a>,
l’indécence des bénéfices réalisés par les entreprises
pharmaceutiques avec les vaccins (dont on aurait pu penser, s’ils
devaient « sauver » l’humanité, qu’ils seraient des
biens publics), mais aussi sur les 300 milliards<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote6sym" name="sdfootnote6anc"><sup>6</sup></a>
d’euros de profits supplémentaires réalisés par les ultra-riches
en France en 2020 pendant qu’un million de personnes
s’appauvrissaient...</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia; text-align: left;">L’inconscient ne fait pas de politique. Mais il sent que quelque
chose ne va pas, et il explicite l’angoisse ambiante. Dans le rêve,
il y a plusieurs évocations </span><span style="color: black; font-family: georgia; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">symboliques</span></span></span><span style="font-family: georgia; text-align: left;">
de l’inconscient. Il est ainsi frappant que quelqu’un pousse la
rêveuse dans la piscine, ce à quoi elle ne peut rien malgré le
fait qu’elle maintient son positionnement et fait son travail avec
vigilance. </span><span style="color: black; font-family: georgia; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">La
piscine</span></span></span><span style="font-family: georgia; text-align: left;"> symbolise volontiers l’inconscient
collectif dans une dimension groupale et artificielle – à la
différence par exemple de la mer qui évoque l’inconscient
collectif dans sa dimension universelle et naturelle. On pourrait
dire que la rêveuse ne peut éviter de se retrouver « dans le
bain » des émotions engendrées par la situation et que le
rêve la prévient qu’elle risque, avec cette pression collective,
de vivre une grande crise personnelle, de se trouver aux prises avec
cet inconscient groupal. Mais l’i</span><span style="color: black; font-family: georgia; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">nformation</span></span></span><span style="font-family: georgia; text-align: left;">
la plus significative du rêve nous parvient au travers de l’image
de l’eau contaminée par le poison vaccinal. C’est jusqu’à
l’eau que nous buvons, c’est-à-dire que nous amenons à
l’intérieur de nous, qui est contaminée. L’eau symbolise très
généralement l’inconscient, en particulier dans sa dimension
émotionnelle. Le rêve nous dit clairement : « toute l’eau
est contaminée ». Cela ne peut se comprendre que d’une seule
façon : le rêve nous prévient que nous sommes face à une psychose
collective – l’inconscient lui-même est empoisonné. Il est pour
ainsi dire impossible d’y échapper.</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia; text-align: left;">Mais quelle est donc la nature de ce poison partout répandu ? De
quoi le rêve veut-il nous parler quand il évoque le « poison
vaccinal » ? Je ne crois pas que l’inconscient cherche à
nous prévenir de ce que les vaccins contre le COVID vont tuer tous
ceux qui se les font injecter. Ici, il s’agit à l’évidence d’un
symbole. Il est relativement facile de comprendre de quoi il s’agit
quand on remarque que le vaccin cristallise aujourd’hui toutes les
peurs associées au virus...</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitdADUwVQvZu03tOTXU-qBRefISnkQ9K6eVgO5NdnEprx2pTdb6QkpJAMsDdpSL-xP5XA8lal1JBWL9sSiGt-Ry3K_3O7xIB5Jg2rIXGQYMrLSGrCMbxVgsRPWh1_VxYNimYTDDHg54Zo/s600/pendu.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="393" data-original-width="600" height="259" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEitdADUwVQvZu03tOTXU-qBRefISnkQ9K6eVgO5NdnEprx2pTdb6QkpJAMsDdpSL-xP5XA8lal1JBWL9sSiGt-Ry3K_3O7xIB5Jg2rIXGQYMrLSGrCMbxVgsRPWh1_VxYNimYTDDHg54Zo/w394-h259/pendu.jpg" width="394" /></a></div><p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;">D’une part, il concentre les <span style="color: black;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">fantasmes</span></span></span>
de tous ceux qui espèrent être immunisés par la petite piq<span style="color: black;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">û</span></span></span>re,
comme une espèce de remède miracle contre la mort – car
finalement, notre société pourrait bien avec le COVID simplement
être en proie à l’angoisse de notre mortalité, dans la poursuite
d’un rêve fou d’échapper à la mort. C’est là, précisément,
que ressort la dimension psychotique – c’est-à-dire niant la
réalité – de la crise actuelle. Rappelons-nous, comme le souligne
l’excellent essai (quand la psychose fait dérailler le monde) de
Renaud Girard et Jean-Loup Bonnamy, que la grippe espagnole a tué en
son temps plus de personnes que la 1ère guerre mondiale, et que la
grippe de Hong-Kong en 1968 a tué un million de personnes sans
affoler plus que cela le landerneau. Aurions-nous oublié que les
épidémies ont toujours fait partie de la réalité humaine ?
Serions-nous en proie à une ambition démente, une hubris, qui nous
fait fantasmer une immortalité technologique, obtenue grâce à une
savante combinaison de biotechnologies et de cybernétique, comme
celle que poursuivent les transhumanistes ? <span style="color: black;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">O</span></span></span>n
peut penser aussi que le vaccin symbolise l’espoir que nourrissent
beaucoup de gens d’un retour à la normale du monde d’avant,
c’est-à-dire à la consommation de masse et au business comme
toujours – un fantasme de l’immortalité du capitalisme, qui aura
toujours des solutions techniques à offrir devant la crise
écologique prévisible...</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;">
D‘autre part, le vaccin concentre les peurs de ceux qui y voient un
projet démoniaque de contrôle de l’humanité par des nano-puces,
une expérimentation génétique visant à modifier l’ADN des
receveurs ou une arme biologique conçue pour éradiquer la plus
grande partie de l’humanité. De telles <span style="color: black;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">affirmations</span></span></span>
prêtent à sourire et sont facilement rangées sous l’étiquette
de « théorie du complot » sans chercher à comprendre ce
qu’elles recouvrent. Il faut dire qu’elles sont souvent
décrédibilisées par des gens qui les professent mais ne
s’embarrassent pas trop de respect de la vérité, comme cette
pharmacienne qui est allée dire publiquement que les tests de
vaccins ARN sur les animaux avaient été arrêtés car tous les
animaux soumis à l’expérimentation étaient morts. Cette thèse
farfelue a été lancée sans aucune preuve par Bob Hall, un sénateur
américain proche de Trump, et ce qui est intéressant, c’est
qu’elle soit reprise alors qu’il existe des preuves du contraire,
accessibles à toute personne s’intéressant vraiment au sujet.
Cela fait ressortir la dimension mythique des théories du complot,
comme le souligne merveilleusement Charles Eisenstein<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote7sym" name="sdfootnote7anc"><sup>7</sup></a>,
c’est-à-dire que ces théories sont porteuses d’une vérité qui
n’est pas scientifique ou factuelle, mais symbolique. Elles
expriment des peurs, des angoisses qui agitent l’inconscient
collectif, qui nous renvoient précisément à la conscience diffuse
de la mise en place d’un nouveau totalitarisme dont je parlais plus
haut. Dès lors, les extrémistes comme ce sénateur qui pratique
allègrement la post-vérité et ceux qui répercutent ces thèses
jouent le rôle d’idiots utiles qui empêchent toute réflexion
critique en vous mettant, dès lors où vous contestez les thèses
officielles, dans le camp des trumpistes. C’est ainsi que la
démocratie est régulièrement prise en otage, selon une stratégie
désormais éprouvée, par exemple quand une élection ne laisse
d’autre choix qu’entre un représentant du néo-libéralisme
débridé et une pseudo-égérie fascisante. C’est le principe même
de la mécanique de la peur qui annihile toute réflexion en
l’enfermant entre deux fausses alternatives aussi inacceptables
l’une que l’autre.</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;">
Le vaccin symbolise donc merveilleusement ce nœud coulant de la peur
qui enserre l’âme et fait le lit d’une vision totalitaire de
l’existence. De ce point de vue, la question n’est pas tant « se
faire vacciner ou ne pas se faire vacciner ? », ce qui relève
du choix individuel, que dans quel état d’esprit poser ou non cet
acte, prendre position. Si la vaccination est une injection de peur,
elle relève du poison psychique. Mais il en va de même pour ceux
qui projettent leur angoisse sur le vaccin, comme si une injection de
ce dernier devait les transformer en zombies – leur peur fait
d’eux, sans même une piqûre, de tels zombis. A ce point où nous
devons tou.te.s, même les plus savant.e.s d’entre nous, avouer
l’impossibilité de savoir de quoi il en retourne vraiment sur le
fond de nombreuses questions, il faut examiner les émotions
attachées aux <span style="color: black;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">affirmations</span></span></span>
que nous <span style="color: black;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">lanç</span></span></span>ons,
souvent avec véhémence, dans le monde. Avec tout ce que nous
faisons, tout ce que nous disons, il convient de nous demander si
nous alimentons la peur, la colère et la division, le ressentiment
et la suspicion, ou si nous sommes capables de faire preuve
d’humanité, de compassion et de compréhension même envers les
personnes qui ne pensent pas comme nous. Car tout ce qui nous dresse
les uns contre les autres, nous sépare de nos frères humains,
relève du poison...</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia; text-align: left;">Mais alors, quelle solution s’offre-t-elle à nous devant la chape
de plomb totalitaire qui s’abat sur notre monde ? Le rêve semble
bien pessimiste quand la rêveuse quitte son milieu de travail. Elle
aura bien du mal à échapper à la contamination...</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8iKuDh2w3k3uedjaXMsUdfgWGHW5ZUqpPaEDq4jysWqF8aWCHKPVze89q6qxUPGEIqYQSYE366BmUFb0xuU0ipoh6POnTijfAbqhz505X267m1dPMJ77uFZppW2NMStFgGYyrU1O3zLY/s355/rebelle.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="355" data-original-width="210" height="431" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEj8iKuDh2w3k3uedjaXMsUdfgWGHW5ZUqpPaEDq4jysWqF8aWCHKPVze89q6qxUPGEIqYQSYE366BmUFb0xuU0ipoh6POnTijfAbqhz505X267m1dPMJ77uFZppW2NMStFgGYyrU1O3zLY/w255-h431/rebelle.jpg" width="255" /></a></div><p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;">Je ne prétends pas avoir de pistes à offrir pour une solution
collective au problème qui se pose à nous. Tout au plus puis-je
proposer des éléments pour une solution individuelle que je mûris
pour moi-même, et qui pourra en inspirer d’autres. Celle-ci repose
essentiellement sur ce que Ernst Jünger a appelé « le recours
aux forêts », faisant allusion par là au droit ancestral de
faire sécession avec la folie collective. Dans « le traité du
rebelle », il évoque ainsi la figure légendaire du <i>Waldgänger</i>
: il s’agit d’avoir la possibilité de se dégager mais sans
fuir, de se retirer du jeu social tout en l’observant, de ne plus
jouer, de ne plus y croire tout en <span style="color: black;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">s’efforçant
d’être aussi lucide que possible</span></span></span>, de rester
sur place mais en démissionnant intérieurement, de se replier. Le
« recours aux forêts » emprunte à la tradition nordique
qui permettait à un homme de faire sécession du clan pour aller
s‘établir seul dans la forêt. Il pouvait vivre libre, à
condition d’accepter de devenir une cible légitime pour les
membres de la tribu. Il assumait pleinement sa liberté, sans rien
demander à personne. Pour bien comprendre de quoi il pourrait s’agir
en terme d’attitude intérieure dans le contexte contemporain, à
l’heure où les forêts encore vouées à la vie sauvage se font
trop rares pour que nous puissions nous y réfugier, il nous faut
nous arrêter sur la nature de cette psychose collective à laquelle
nous sommes confrontés. Et pour cela, il n’y a rien de mieux que
de la mettre en perspective élargie.</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia; text-align: left;">Jung a mis en évidence dans son livre « Aspects du drame
contemporain » (en particulier l’essai « après la
catastrophe ») comment l’Allemagne avait basculé entre 1933
et 1945 dans une psychose collective. Au-delà des éléments
historiques couramment avancés pour expliquer la folie nazie, comme
l’injustice du Traité de Versailles qui a écrasé l’Allemagne
et la violence de la crise économique de 1929, Jung a souligné
comment l’éloignement de la nature instinctuelle au profit d’un
rationalisme débridé accroît « le danger d’une infection
psychique et d’une psychose des masses». A</span><span style="color: black; font-family: georgia; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">u
XX</span></span></span><span style="color: black; font-family: georgia; text-align: left;"><sup><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">ème</span></span></sup></span><span style="color: black; font-family: georgia; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">
siècle</span></span></span><span style="font-family: georgia; text-align: left;">, la psychose a ainsi frappé une des
nations les plus cultivée du monde occidental, comptant par exemple
le plus grand nombre de philosophes, de scientifiques, de musiciens…
et elle a mis l’Europe à feu et à sang. Déjà, on pouvait
observer une mise entre parenthèses de la démocratie avec la montée
de régimes autoritaires. Ce n’est pas un hasard mais bien plutôt
le signe de l’approche des limites intrinsèques à notre mode
civilisationnel de relation à la nature – notre propre nature
autant que la nature qui nous environne – et au mythe de la
croissance indéfinie, qui ne peut conduire qu’à l’effondrement
sur lui-même d’un édifice déraciné, hors de la Vie. On peut
craindre aujourd’hui que la psychose ne se généralise désormais
au monde entier, contaminé par le matérialisme et la
pseudo-rationalité économique qui caractérisent notre monde. Ainsi
la pandémie peut elle être envisagée, selon Richard Horton, le
rédacteur en chef d’une des plus prestigieuse revues
internationale de médecine, comme une syndémie, c’est-à-dire
moins le fait d’un virus qu’une maladie causée par l’état du
monde. </span><span style="color: black; font-family: georgia; text-align: left;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">L</span></span></span></span><span style="font-family: georgia; text-align: left;">’</span><i style="font-family: georgia; text-align: left;">American
Way </i><span style="color: black; font-family: georgia; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR"><i>O</i></span></span></span><i style="font-family: georgia; text-align: left;">f
Life</i><span style="font-family: georgia; text-align: left;">, dont l’universalisation est symbolisée par la présence
d’un Mac Donald sur la place Tien Anmen à Beijing – réalisant
ainsi l’hybridation redoutable du capitalisme dans sa logique de
profit immédiat avec le projet totalitaire de l’État tout
contrôlant du Parti Communiste Chinois – pourrait bien avoir été
le vecteur d’un virus autrement plus mortel que le COVID, qui n’en
serait finalement qu’un épiphénomène pour ainsi dire
anecdotique.</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;">
</p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEju1B809y5ls7mQ4hfznkX3h6ODpictp8I4FxAd2CN_M0d110RHUalGLap9qPCnFOP26H-uAIECREBsXEQVQx49FG12S3eg9F-hZWIDHPe_HakLb9zdR3cavlj8W_ViUgeJXw5g3psRMkM/s468/McDonalds_Moscow_RTR438YT_468.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="312" data-original-width="468" height="249" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEju1B809y5ls7mQ4hfznkX3h6ODpictp8I4FxAd2CN_M0d110RHUalGLap9qPCnFOP26H-uAIECREBsXEQVQx49FG12S3eg9F-hZWIDHPe_HakLb9zdR3cavlj8W_ViUgeJXw5g3psRMkM/w374-h249/McDonalds_Moscow_RTR438YT_468.jpg" width="374" /></a></div><p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia;">Ce virus, c’est selon moi l’analyste jungien Paul Levy qui en
parle le mieux, entre autre dans son livre « <i>dispelling
Wetiko</i> ». Il le désigne sous le nom a<span style="color: black;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">lgonquin</span></span></span>
de Wetiko, <span style="color: black;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">qui
fait référence à </span></span></span>un esprit cannibale animé
par l'avidité, l'excès et la consommation égoïste. Plus
généralement, ce virus mental, qui est la source d’une maladie
psycho-spirituelle généralisée dans notre culture, cultive la peur
et se nourrit du sentiment erroné de séparation. C’est une
maladie de l’esprit, une psychose au sens profond du terme, qui
nous invite à considérer tout ce qui nous entoure avec le regard du
prédateur qui cherche à exploiter la nature, les autres… comme si
nous en étions séparés. Notre monde est en proie au Wetiko depuis
longtemps, et il semble que le coronavirus mette simplement ce fait
en évidence, rendant plus clairement visible que jamais le virus
psychique qui pourrait bien nous détruire à terme. Car au-delà de
la crise du COVID, c’est la perspective de l’effondrement de
notre civilisation techno-industrielle qui se profile à l’horizon
avec des désordres climatiques grandissants, et un ensemble
d’indicateurs<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote8sym" name="sdfootnote8anc"><sup>8</sup></a>
qui signalent que notre planète est à bout de souffle. On peut même
se demander si la pandémie ne servirait pas à détourner notre
regard de problèmes bien plus létaux à moyen terme, qui requièrent
un changement radical de structure économique et sociale. On
pourrait rire, si ce n’était si triste, de ce que le principe de
précaution soit invoqué pour justifier la vaccination de masse
quand il est clairement balayé sous la table <span style="color: black;"><span face="Arial, sans-serif"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">dès
qu’</span></span></span></span>il s’agit du réchauffement
climatique. Déjà, les Allemands <span style="color: black;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">o</span></span></span>nt
vécu dans les années 1930 quelque chose qui tenait de
l’effondrement sociétal avec l’inflation engendrée par le krach
boursier de 1929. <span style="color: black;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">Il
se pourrait que ce qu’ils ont alors vécu ait tenu de la répétition
locale de ce que nous pourrions vivre de façon mondiale si le
système financier international s’effondrait. Or la psychose
collective semble aller dans des manifestations aiguës avec
l’effondrement psychique qui accompagne de tels bouleversements
sociaux. Dès lors, il me semble qu’il convient pour commencer de
nous mettre à l’écart afin de tenter de préserver notre raison
et notre santé dans ces conditions de tempête collective. </span></span></span>
</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia; text-align: left;">Un
rêve m’en avait prévenu voilà quelques années, dans lequel je
voyais le Dalaï-Lama interrogé à la télé. On lui demandait ce
qu’il convenait de faire pour changer le monde, et il souriait en
disant :</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia; text-align: left;">-
Il faut surtout éviter d’être pris sous les décombres quand le
système s’effondrera.</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="color: black; font-family: georgia; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">Ensuite,
il me semble qu’il nous faut rechercher d’autres façons de vivre
ensemble et de penser le monde que celles qui sont inspirées par le
Wetiko, et ainsi préparer l’avenir au-delà de l’effondrement.
J’ai déjà parlé d’un de mes rêves<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote9sym" name="sdfootnote9anc"><sup>9</sup></a>
qui faisait ressortir que, pour survivre à la grande vague qui
engloutit le monde, il faut prendre bien soin de nos relations –
au-delà du fait de veiller à ne pas nous isoler, il s’agit aussi
de cultiver l’état d’esprit symbolisé par la formule Lakota
« </span></span></span><span style="color: black; font-family: georgia; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR"><i>mitakuye
oyasin</i></span></span></span><span style="color: black; font-family: georgia; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR"> »
(à toutes mes relations), qui souligne l’interdépendance entre
tous les êtres. J’aimerais, avec beaucoup d’autres, croire qu’il
serait encore possible qu’un sursaut collectif fasse reculer la
machine totalitaire qui nous broie. Il faudrait une immense remise à
plat de tout notre système socio-économique, que même les tenants
de la terre plate n’osent espérer. Mais je crains que nous ayons à
nouveau surtout l’occasion de réfléchir sur le désir de
servitude volontaire<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote10sym" name="sdfootnote10anc"><sup>10</sup></a>
du plus grand nombre, sans lequel aucune tyrannie ne tiendrait. Dès
lors, le seul rempart contre le désespoir et la peur est donc de
s‘ancrer dans l’amour et la foi, c’est-à-dire dans la
certitude intérieure que tout ira bien et finira par servir un plus
grand bien que nous ne saurions imaginer aujourd’hui. Il ne s’agit
pas là de se complaire là dans un optimisme béat mais d’apposer
à la nuit la force intérieure qui nous fait voir que l’essentiel
est inaltérable, même par un poison vaccinal ou une psychose
collective, et que « rien de ce qui est réel ne peut être
menacé ». Il me semble évident à partir de là que l’enjeu
est désormais surtout personnel et spirituel, et que chacun de nous
peut voir en lui-même se dessiner la frontière entre la clarté et
l’obscurité qui pourrait l’engloutir. La résistance est d’abord
intérieure, et la nature, mieux que nous, saura abattre ce système
infernal. Je songe en disant tout cela à un rêve que rapportait<a class="sdfootnoteanc" href="#sdfootnote11sym" name="sdfootnote11anc"><sup>11</sup></a>
il y a quelques années Pierre Trigano :</span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><i style="font-family: georgia; text-align: left;">Je
suis au bord de l’océan et je vois arriver sur la côte à grande
vitesse une immense vague de tsunami. Il n’y a aucun moyen de lui
échapper. Je réalise qu’au milieu de la vague tourne sur
elle-même une immense roue en acier que l’on ne remarque pas en
premier. Je me dis qu’elle va tout broyer sur son passage. J’en
suis terrifié et j’ai l’impression qu’il ne sert à rien de
fuir : nous allons tous être rattrapés, noyés et broyés. Mais
subitement, la vague et la roue se transforment en un esprit
maléfique invisible qui efface et fait disparaître impitoyablement
à l’échelle du monde tous les livres, toutes les cultures, toutes
les traditions, j’en suis terrifié.</i></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><i style="font-family: georgia; text-align: left;">Il
y a un seul recours : pratiquer le nom divin Adonaï.</i></p><p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWybl7b_Ej0M2MWDkST0qUgxJ4SRO7pLWRAMpGIHSQJodnQRYEf5XbVtDximGei6XGvLyFcIBg2UnVpJwViNgF1lXfWnGyrlnyr7bvVNKLunwUDeIHyYH0_ZJ_DjbVTbZqwQr-2rwF5G8/s1485/Dispelling-Wetico.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="1485" height="145" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWybl7b_Ej0M2MWDkST0qUgxJ4SRO7pLWRAMpGIHSQJodnQRYEf5XbVtDximGei6XGvLyFcIBg2UnVpJwViNgF1lXfWnGyrlnyr7bvVNKLunwUDeIHyYH0_ZJ_DjbVTbZqwQr-2rwF5G8/w430-h145/Dispelling-Wetico.jpg" width="430" /></a></div><p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="color: black; font-family: georgia; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">Adonaï
est le nom qui est donné à Dieu après qu’il se soit manifesté à
Moïse au Sinaï. On le traduit généralement par « Seigneur ».
Une subtilité implicite à ce nom </span></span></span><span style="color: black; font-family: georgia; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">de
Dieu</span></span></span><span style="color: black; font-family: georgia; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">
est qu’il s’agit d’un pluriel, ce que je comprends pour ma part
comme une explicitation de la non-dualité de l’Un. On en revient
là à la non-séparation essentielle. Quant à « pratiquer
Adonaï », il faut relever d’abord qu’il s’agit d’une
pratique, comme on pratique la méditation. On peut l’entendre
comme une invitation à se relier à plus grand que soi dans une
attention constante à la non-dualité du réel, comme la seule façon
d’éviter d’être submergé par la peur, emporté par la psychose
collective. Il s’agit de de s’</span></span></span><span style="color: black; font-family: georgia; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">enraciner</span></span></span><span style="color: black; font-family: georgia; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">
dans une vision spirituelle de l’existence qui seule permet de
regarder la réalité de la mort en face </span></span></span><span style="color: black; font-family: georgia; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">sans
« perdre les pédales »</span></span></span><span style="color: black; font-family: georgia; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">.
Alors, même la vague, la roue destructrice et l’esprit maléfique
apparaissent comme des éléments du processus archétypal de
mort/renaissance dans lequel la Vie ne cesse de se transformer. La
psychose elle-même s’avère dans cette perspective être un
processus initiatique qui tourne mal, au moins apparemment, mais il
est possible à cielles qui feront le travail intérieur requis
d’intégrer l’Inconscient au lieu d’être noyé par celui-ci.
</span></span></span><span style="color: black; font-family: georgia; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">Le
signe le plus certain de cette intégration est la capacité de
concilier les opposés au lieu de s’identifier à l’un d’entre
eux, et </span></span></span><span style="color: black; font-family: georgia; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">découlant
de cette conciliation,</span></span></span><span style="color: black; font-family: georgia; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">
l’ancrage au centre du cyclone où l’on trouve une certaine paix
qui va avec le détachement. Cela n’empêche pas de ressentir la
peur, l’angoisse, la colère, et toute la gamme des émotions mais
au lieu d’être emportées par celles-ci, la conscience les intègre
comme </span></span></span><span style="color: black; font-family: georgia; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">des
mouvements intérieurs passagers, des nuages qui traversent le ciel
et se dissolvent dans l’espace grand ouvert. </span></span></span><span style="color: black; font-family: georgia; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">Dès
lors l’effondrement inéluctable se révèle être une opportunité
d’éveil, tout comme un diagnostic fatal peut l’être pour un
individu, </span></span></span><span style="color: black; font-family: georgia; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">éveil
</span></span></span><span style="color: black; font-family: georgia; text-align: left;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR">à
la réalité de ce qui demeure au-delà de la forme, à ce qui ne
meure pas. Pour réaliser cet ancrage dans l’essentiel, pour faire
ce travail intérieur salvateur, il semble, comme le souligne aussi
Pierre Levy, que l’écoute des rêves s’impose comme un des
antidotes au Wetiko. Et justement, comme je m’interrogeais
profondément sur toutes les questions que je brasse dans cet
article, et sur l’attitude intérieure qui s’impose devant cette
situation collective, un ancien rêve m’est revenu. C’est un rêve
qui m’a parlé, en le revisitant, du recours aux forêts et qui
prend tout son sens désormais.</span></span></span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia; text-align: left;">Dans
celui-ci :</span></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><i style="font-family: georgia; text-align: left;">Je
suis devant un sous-bois. A mes pieds, il y a un petit ruisseau qui
serpente. J’ai, en le contemplant, le sentiment qu’il se produira
quelque chose d’irrémédiable si je le franchis et m’enfonce
dans la forêt, qui me semble accueillante. Soudain, j’entends tout
un tumulte derrière moi et je me retourne. A une centaine de mètres,
il y a un tronçon d’autoroute qui débouche dans le vide et sur
celui-ci, des gens en train de vociférer. Il y a des banderoles, des
drapeaux de différentes couleurs, et je comprends que ces gens sont
en train de manifester. Face à eux, je distingue des véhicules
jaunes que je ne reconnais pas tout d’abord, puis dont je comprends
que ce sont des bulldozers. Derrière ceux-ci, il y a des forces
anti-émeutes en rangs serrés. J’entends des explosions sourdes,
je vois du gaz s‘élever au milieu de la foule des manifestants,
qui suffoquent. J’aperçois un groupe de jeunes gens tout en noir
courir le long du tronçon pour tenter d’approcher des forces de
l’ordre en lançant des projectiles – je me dis « ah, les
copains sont là ! » et je suis tenté de rejoindre la
manifestation. Et puis il y a une détonation et un des jeunes se
prend la tête entre les mains avant de tomber. Les autres refluent
en emmenant son corps inerte. Les bulldozers avancent
irrémédiablement. Mon cœur se serre. Je vois une jeune femme
mettre un genou en terre au premier rang des manifestants et brandir
devant elle une plume d’aigle. Un instant, cela semble arrêter les
bulldozers mais ils reprennent bientôt leur avancée. Déjà, des
gens à l’autre extrémité du tronçon tombent en hurlant dans le
vide…</i></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><i style="font-family: georgia; text-align: left;">Je
regarde à nouveau devant moi, cette fois avec un frisson dans le
dos. La forêt me paraît sombre désormais, presque menaçante. Mais
je n’ai pas le choix, me dis-je. Je ne survivrai sans doute pas
longtemps car je suis trop urbain pour vivre dans la nature sauvage,
mais alors je vais mourir là, au contact de la grande Vie naturelle,
en homme libre. Et puis même si je suis seul, s’il me faut
franchir ce seuil tout seul, j’ai l’intuition qu’il y en aura
d’autres qui choisiront la forêt. Alors, je franchis d’un pas
décidé le ruisseau.</i></p>
<p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="font-family: georgia; text-align: left;">Bien
sûr, la forêt est intérieure. Et elle est habitée de silence. J’y
retourne immédiatement, avec l’espoir de peut-être vous y
rencontrer. Nous y cultiverons des îlots de lumière et nous y
rêverons d’un autre monde, dans lequel notre humanité sera
réconciliée avec la nature. Un monde plus beau, qui est déjà
présent pour qui a les yeux et le cœur ouverts…</span></p><p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhn5v9jYL6mkoIAuwMWuGGiKQexsG0e7zpkDeTuTpIGGlbInVY4eHSpvoCuTHXzi94dk07RYZphoUsB13fAX7dOWII69bfDQxasxnW-VwHwpDeTjxD402R8PHgDy15j2-09lrHWXxdGSHM/s600/resilience-fleur-bitume.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="600" data-original-width="600" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhn5v9jYL6mkoIAuwMWuGGiKQexsG0e7zpkDeTuTpIGGlbInVY4eHSpvoCuTHXzi94dk07RYZphoUsB13fAX7dOWII69bfDQxasxnW-VwHwpDeTjxD402R8PHgDy15j2-09lrHWXxdGSHM/s320/resilience-fleur-bitume.jpg" width="320" /></a></div><br /><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">PS: A peine ai-je posté cet article que je reçois une notification à propos d'un texte de Carl Jung, tiré de Présent et Avenir, qui vient d'être posté sur le blogue "grands rêves", qui me semble étayer les réflexions que je propose ici : </span><a href="https://grandsreves1234.blogspot.com/2021/07/lindividu-et-letat.html" rel="nofollow" style="font-family: georgia;" target="_blank">L'individu et l'Etat</a><span style="font-family: georgia;">. Je reçois aussi un grand rêve qui parle d'empoisonnement... et bien sûr, je ne peux éviter de penser à de fortes synchronicités !</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je parle de ce rêve dans un nouvel article, qui fait donc suite à celui-ci : <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2021/08/la-voie-etroite.html">la voie étroite</a>.</span></div><p align="justify" class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm;"><span style="color: black;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR"><span style="font-family: georgia; font-style: normal;"></span></span></span></span></p><hr /><span style="color: black;"><span style="font-size: small;"><span lang="fr-FR"><span style="font-family: georgia; font-style: normal;">NOTES</span></span></span></span><p></p>
<div id="sdfootnote1"><p class="sdfootnote-western"><span style="font-family: georgia;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote1anc" name="sdfootnote1sym">1</a> Avec
la philosophe Barbara Stiegler et pour les mêmes raisons, je refuse
de parler de « la » COVID-19 :
<span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=DKee-NveOFw&t=701s" target="_blank">https://www.youtube.com/watch?v=DKee-NveOFw&t=701s</a></u></span></span>
(4:48)</span></p>
</div>
<div id="sdfootnote2"><p align="justify" class="sdfootnote-western"><span style="font-family: georgia;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote2anc" name="sdfootnote2sym">2</a> Parmi
ces réflexions, je recommande tout particulièrement l’article de
Charles Eisenstein intitulé « <a href="https://charleseisenstein.org/essays/le-couronnement/" target="_blank">le couronnement</a> » ainsi
que l’analyse proposée par Paul Lévy, « <a href="kosmosjournal.org/kj_article/covid-19-is-a-a-symbol-of-a-much-deeper-infection-the-wetiko-mind-virus/" target="_blank">Covid-19 is a a
Symbol of a Much Deeper Infection - The Wetiko Mind-Virus</a> »
sur laquelle je reviendrai...</span></p>
</div>
<div id="sdfootnote3"><p align="justify" class="sdfootnote-western"><span style="font-family: georgia;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote3anc" name="sdfootnote3sym">3</a> Voir
à ce sujet les réflexions de la philosophe Barbara Stiegler, par
exemple dans cet article :
<a href="https://reporterre.net/Barbara-Stiegler-Les-autorites-detournent-les-questions-sanitaires-pour-instaurer-une" target="_blank">Les autorités détournent les questions sanitaires pour instaurer une société de contrôle</a></span></p>
</div>
<div id="sdfootnote4"><p align="justify" class="sdfootnote-western"><span style="font-family: georgia;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote4anc" name="sdfootnote4sym">4</a> Voir
l’excellente tribune du socio-anthropologue Pascal Ducourneau :
<a href="https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/07/31/covid-19-le-passe-sanitaire-n-oblige-pas-a-la-vaccination-mais-en-vient-a-gener-l-individu-qui-souhaiterait-s-y-soustraire_6090127_3232.html" target="_blank">Le passe sanitaire n'oblige pas à la vaccination mais en vient à gêner...</a></span></p>
</div>
<div id="sdfootnote5"><p class="sdfootnote-western"><span style="font-family: georgia;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote5anc" name="sdfootnote5sym">5</a> Voyez
par exemple
<span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.lafinancepourtous.com/decryptages/finance-et-societe/nouvelles-economies/gafa-gafam-ou-natu-les-nouveaux-maitres-du-monde/" target="_blank">https://www.lafinancepourtous.com/decryptages/finance-et-societe/nouvelles-economies/gafa-gafam-ou-natu-les-nouveaux-maitres-du-monde/</a></u></span></span>
et
<span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/les-gafa-affichent-une-sante-insolente-1260504" target="_blank">https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/les-gafa-affichent-une-sante-insolente-1260504</a></u></span></span>
</span></p>
</div>
<div id="sdfootnote6"><p class="sdfootnote-western"><span style="font-family: georgia;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote6anc" name="sdfootnote6sym">6</a> <span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=uTfmDP3Erno" target="_blank">https://www.youtube.com/watch?v=uTfmDP3Erno</a></u></span></span>
</span></p>
</div>
<div id="sdfootnote7"><p class="sdfootnote-western"><span style="font-family: georgia;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote7anc" name="sdfootnote7sym">7</a> <span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://charleseisenstein.org/essays/le-mythe-du-complot" target="_blank">https://charleseisenstein.org/essays/le-mythe-du-complot</a></u></span></span>
</span></p>
</div>
<div id="sdfootnote8"><p class="sdfootnote-western"><span style="font-family: georgia;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote8anc" name="sdfootnote8sym">8</a> Voir
<span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/07/28/dereglement-climatique-les-signes-vitaux-de-la-terre-s-epuisent-alertent-des-scientifiques_6089808_3244.html" target="_blank">https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/07/28/dereglement-climatique-les-signes-vitaux-de-la-terre-s-epuisent-alertent-des-scientifiques_6089808_3244.html</a></u></span></span>,
et les travaux du GIEC.</span></p>
</div>
<div id="sdfootnote9"><p class="sdfootnote-western"><span style="font-family: georgia;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote9anc" name="sdfootnote9sym">9</a> Voyez
l’article « <span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://voiedureve.blogspot.com/2015/05/la-jeunesse-du-monde.html" target="_blank">la
jeunesse du monde</a></u></span></span> » que j’ai publié
en mai 2<span style="color: black;"><span style="font-size: x-small;"><span lang="fr-FR">0</span></span></span>15,
et la vidéo « <span style="color: navy;"><span lang="zxx"><u><a href="https://www.youtube.com/watch?v=igUDnYOpcOs" target="_blank">demain
la paix</a></u></span></span> » que j’ai postée en novembre
2020.
</span></p>
</div>
<div id="sdfootnote10"><p align="justify" class="sdfootnote-western"><span style="font-family: georgia;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote10anc" name="sdfootnote10sym">10</a> Plus
que jamais, il convient de méditer « le discours de la
servitude volontaire » d’Étienne de la Boétie, qui demeure
d’une actualité brûlante et devrait selon moi être étudié à
l’école.</span></p>
</div>
<div id="sdfootnote11"><p align="justify" class="sdfootnote-western"><span style="font-family: georgia;"><a class="sdfootnotesym" href="#sdfootnote11anc" name="sdfootnote11sym">11</a> Source :
« La domestication de l’humanité est-elle définitive »,
un article de Pierre Trigano dans « À l’écoute du
symbole », septembre 2006. J'ai parlé déjà de ce rêve dans un autre article : <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2014/10/paix-dans-le-coeur.html" target="_blank">Paix dans le coeur</a>.</span></p>
</div>Jean Gagliardihttp://www.blogger.com/profile/08229714193935289206noreply@blogger.com14tag:blogger.com,1999:blog-1648819312264509748.post-7699819522510626722021-07-01T12:38:00.005-04:002021-07-01T16:01:43.732-04:00Quelques nouvelles<div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgaeL4FcagV7kqT-ghZDtky4q4yccUQEVnHXwTpZyxZHmXq_z-8lnzdsGue6417eSRaFfAoknuBXwB5s5RYxp12TkkcoU6-e3f0v7fuIvp7XIV5J3H8MnKxDP-cMyaXUfxydKxTFvDjcWg/s389/funambulune2.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="389" data-original-width="389" height="392" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgaeL4FcagV7kqT-ghZDtky4q4yccUQEVnHXwTpZyxZHmXq_z-8lnzdsGue6417eSRaFfAoknuBXwB5s5RYxp12TkkcoU6-e3f0v7fuIvp7XIV5J3H8MnKxDP-cMyaXUfxydKxTFvDjcWg/w392-h392/funambulune2.jpg" width="392" /></a></div><br />Cela devient un leitmotiv quand j'écris pour ce blogue : je commence par constater que cela fait bien longtemps que je n'ai pas pris la plume pour écrire ici. Bien sûr, vous êtes en droit de vous demander si "la voie du rêve" est encore vivante. Je vous assure que oui. Elle est même tellement vivante que je ne trouve pas le temps, et l'espace intérieur, pour mettre cette vie en mots. La vie, c'est bien connu, il faut la vivre d'abord, et éventuellement, on l'écrit ensuite... et pour l'instant, "la voie du rêve" (se) marche surtout en silence. Non pas un silence sec et mort mais un silence plein, habité. Comme je m'inquiétais un peu de ce que ce silence se prolonge, une bonne amie a éclaté de rire et m'a dit :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- Ce n'est pas comme s'il n'y avait rien à lire dans ton blogue, Jean !...</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Certes. Il faudrait même que j'y mette un peu d'ordre, que je propose une carte pour s'y retrouver, rendre la navigation plus facile. Mais il y aussi ces amis bien intentionnés, experts en marketing, pour susurrer gentiment dans un coin de mon cerveau :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- Tu sais, un blogue où il n'y a pas de publication pendant plusieurs mois, c'est un blogue qui ne vit plus, que les lecteurs désertent...</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Ce sont les mêmes qui, il y a quelques années, me disaient tout aussi gentiment :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- Tes articles sont bien trop longs. Tu devrais écrire des articles de 500 mots...</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><span>A l'époque, je m'étais insurgé. Cela m'avait permis d'affirmer : il y a assez de blogues de 500 mots qui s'en tiennent bien souvent à la surface des choses. Pour ma part, j'écris pour les personnes qui veulent aller plus loin, plus profond que ce que permettent 500 mots. J'avais alors remercié ces amis car ils me permettaient au fond de préciser ce qui constitue "ma couleur". Et j'avais ajouté : ne vous en faites pas, je persisterai et j'enfoncerai toujours le même clou. Parce que je ne suis pas là pour chercher comment je pourrais plaire au plus grand nombre pour lui vendre ma camelote. </span>Parce que j'aime simplement écrire, et que je vais mon chemin...</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je me retrouve aujourd'hui dans une discussion, essentiellement intérieure, similaire. Pour nombre de mes collègues, et je ne leur jetterai pas la pierre, un blogue est surtout un élément dans une stratégie de mise en marché de leur produit. Dès lors, leur écriture est inféodée à des buts qui n'ont rien à voir avec l'écriture elle-même. Elle vise à vendre quelque chose. La communication devient moins l'art de dire ce qu'on a à dire que de le dire d'une façon telle que cela incitera la personne qui nous entend ou nous lit à acheter quelque chose. Et j'ai assez d'amis dans ces milieux pour savoir que bien souvent, cette logique mercantile ne rend pas heureux celles et ceux qui sont pris dedans, dans la pression permanente du "devoir vendre"...</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Pour ma part, je fais le choix de n'écrire que quand cela me chante, c'est-à-dire quand j'en éprouve le besoin intérieur. C'est ma liberté, que j'affirme en face de l'ordre marchand. Non contre lui, car nous vivons de toute façon dans cet ordre marchand. Pour vivre de mon travail, j'ai besoin de vendre moi aussi : des consultations, des livres, des stages... Et comment échapper à ce paradoxe qui veut qu'ainsi, j'entretienne l'image de quelqu'un qui se tient un peu à la marge du supermarché spirituel, qui privilégie une certaine forme d'authenticité, et qu'ainsi, j'ai un filon aussi vendeur que les autres (rires) ? Mais je crois que nous devons veiller à ce que l'ordre marchand ne pervertisse pas notre rapport à ce que nous avons de plus précieux, qui est justement ce que nous avons à communiquer...</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">A communiquer, non à mettre en marché. </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">C'est parce que ce qu'ils aiment le plus et qu'ils cherchent à offrir au monde devient l'objet d'une mise en marché, sous la pression permanente de la recherche d'une rentabilité, que nombre de mes collègues ami.e.s finissent par être dégouté.e.s et épuisé.e.s par leur travail. Nous avons besoin, j'en suis convaincu, de garder une certaine dimension de gratuité et finalement de liberté par rapport à l'ordre marchand dans lequel nous vivons, sinon nous finissons par devenir nous-mêmes des marchandises. C'est un rêve qui, il y a bien longtemps déjà, m'avait alerté sur ce danger. A l'époque, je me lançais en tant que tout jeune analyste de rêves et je désespérais un peu car je constatais que j'aurai bien du mal à nourrir ma petite famille avec ce travail. Je réfléchissais aux moyens de mieux rentabiliser mon temps de travail et publiciser ce dernier. Et puis j'ai rêvé :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia;">Je suis dans une cheminée obscure et je grimpe. J'aperçois un peu de lumière en haut. Je vais y arriver. Cependant, alors que je grimpe, j'ai la sensation que mon pied s'appuie sur quelque chose de mou. Alors je regarde sur quoi je prends appui et je vois alors que ma botte écrase le visage d'une femme que je reconnais immédiatement. C'est la femme qui illustre la carte Harmony du Tarot d'Osho. Je me réveille angoissé.</span></i></div><div style="text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia;"><br /></span></i></div><div style="text-align: justify;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiv_Yil2mAlLBcRm26Gvi53VXX8bcT8QkLAouf9wj7LrOqawIZw8bSMGGs7iMvMogKH0IZvmekieDdYSuTqTAaBgWeidtDEvwJSQLejyJKpcAhOXgfzzkStxyS_iAhdATE1vuYnPPp5TEM/s467/Harmony.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="467" data-original-width="315" height="411" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiv_Yil2mAlLBcRm26Gvi53VXX8bcT8QkLAouf9wj7LrOqawIZw8bSMGGs7iMvMogKH0IZvmekieDdYSuTqTAaBgWeidtDEvwJSQLejyJKpcAhOXgfzzkStxyS_iAhdATE1vuYnPPp5TEM/w278-h411/Harmony.jpg" width="278" /></a></div><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Ce rêve a été une grande leçon pour moi. Il m'a montré qu'en aucun cas, je ne pourrai "marcher sur la figure" de mon anima, écraser ma propre sensibilité, pour parvenir à mes fins. Il m'a alors enseigné la nécessité de toujours conserver une dimension de gratuité, de don et de liberté dans mon travail avec les rêves. Et c'est ce que je fais encore aujourd'hui de différentes façons, et en particulier en n'écrivant que par nécessité intérieure. Toute autre attitude consisterait en finalement prostituer mon anima...</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Dans ce silence que j'observe depuis plusieurs mois, il y a aussi un besoin de retrait devant les polémiques qui agitent notre monde. Je m'accorde un temps de réflexion en profondeur et le silence me semble bien souvent la seule réponse possible devant la situation collective que nous vivons, au risque sinon de tomber dans l'ultracrépidarianisme, c'est-à-dire l'art fort répandu ces temps-ci de donner son avis sur des sujets sur lesquels on n'est pas compétent. C'est Etienne Klein qui a élargi mon vocabulaire en me suggérant d'y ajouter ce mot - </span><span style="font-family: georgia;">ultracrépidarianisme - </span><span style="font-family: georgia;">qui sied fort bien dans les conversations de salon, et permet de clore élégamment nombre de discussions qui ne mènent nulle part. Mais c'est encore un rêve qui m'a suggéré le plus clairement l'attitude à avoir devant l'évolution actuelle de notre monde. Le rêveur qui me l'a partagé me disait au début de notre rencontre qu'il avait été frappé par le fait que, quelques jours auparavant, j'avais annoncé à mes amis Facebook que je me mettais en retrait. Cela l'avait interpellé, et voici ce qu'il a alors rêvé :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia;">Je suis à l'entrée d'une grotte avec une rivière souterraine, et de l'eau à l'entrée de la grotte. Il y a un passage à gauche qui permet d'y entrer et j'y vais, puis je me retrouve à marcher dans l'eau, d'abord peu profonde puis plus profonde. Il parait naturel d'y aller. Le débit se fait plus fort et bientôt, je suis obligé de m'immerger, puis de nager emporté par le courant. Enfin, je sors de la grotte de l'autre côté et je constate qu'il y a là un petit lac avec des rondins de bois qui flottent, et une rivière tumultueuse qui part vers la droite. Une amie est là aussi. Je saute d'un rondin à l'autre pour rejoindre la berge qui est ensoleillée, me semble paisible et lumineuse. L'amie est à l'embranchement entre le lac et la rivière. Elle semble agitée. Je lui demande si elle a besoin d'aide et elle répond, sur le ton d'une leçon :</span></i></div><div style="text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia;"><br /></span></i></div><div style="text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia;">- On peut faire des choses faciles comme rejoindre la berge ou plonger dans le tumulte de la vie...</span></i></div><div style="text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia;"><br /></span></i></div><div style="text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia;">Je lui réponds :</span></i></div><div style="text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia;"><br /></span></i></div><div style="text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia;">- Tu choisis la voie de David Guetta ? Mais que serait la vie si l'on choisissait la voie de Mozart ?</span></i></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Nous avons exploré ce rêve en écoute intérieure, c'est-à-dire en revisitant le rêve en imagination pour déceler les émotions et sentiments encapsulés par chaque image. Au début du rêve, il est clair que le rêveur est invité à une exploration d'une dimension de l'inconscient qui se révèle un peu dangereuse, soulève de la peur. Il y a cependant une profonde jubilation et un soulagement à y aller, car cela fait longtemps qu'il est appelé à entrer dans ce flux que lui présente le rêve. Surgit alors l'image tout à fait archétypique du soleil qui est régénéré par la traversée de l'obscurité. C'est donc clairement à une initiation auquel le rêveur est convié en s'engageant dans ce passage...</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">La suite du rêve s'éclaire quand il apparait que l'amie du rêveur est très engagée politiquement et déterminée à se battre. Pour elle, quand le rêveur va ressentir de l'intérieur ce qu'elle exprime, il est clair que la vie est un combat et qu'elle a pour mission de changer le monde. Le fait que le rêveur choisisse d'aller sur la berge lui donne le sentiment qu'il abandonne le combat, qu'il est perdu pour la cause et qu'il est lâche. Cependant, le choix se pose donc finalement pour le rêveur entre la vie selon David Guetta, c'est-à-dire dans un staccato mécanique qui n'a pas d'enracinement dans le cœur, ou la vie selon Mozart, dans une musique universelle qui connecte au divin en trois notes, selon les mots mêmes du rêveur. La musique est une expression intime du sentiment. Du point de l'inconscient, l'attitude juste consiste donc en se mettre à l'écart du tumulte pour aller sur la berge paisible et ensoleillée où il pourra goûter la divine musique. Ce sont la paix et la beauté qui changeront le monde.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">J'aurais pu appeler cet article "la voie de Mozart" et rester simplement sur ces derniers mots, qui font écho à ce que disait Dostoïevsky :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">« La beauté sauvera le monde. »</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Ce rêve, même si ce n'est pas moi qui l'ait rêvé, - mais quand on entend un rêve, il devient "notre" rêve car on le rêve à nouveau - m'a profondément impacté. J'ai souri de l'aller-retour avec le rêveur qui est venu me voir troublé par la position que je prenais de retrait devant les événements, et qui a son tour a alimenté mon évolution intérieure vers une position plus assumée et consciente à camper sur la berge ensoleillée au lieu de me perdre dans le tumulte du monde. C'est le privilège de l'analyste de rêves de bénéficier non seulement de la guidance de ses propres rêves, mais aussi de ce qu'éveillent les rêves qu'il entend...</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSE2_D-GHrny1qW-Fm5TVDUUGST0c2DAHzgStesB60Q48tGE6XDE_xXrHe1n5fniTnHvZtwkC9Fg4WuTmoekwW7S5qEPOuMIETfV1qTApS6KJrKdjT9l7YD-mr7XMnkiT3A0Ao0ZuXNTQ/s900/statue-de-wolfgang-amadeus-mozart-%25C3%25A0-vienne-26334132.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="900" data-original-width="600" height="493" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgSE2_D-GHrny1qW-Fm5TVDUUGST0c2DAHzgStesB60Q48tGE6XDE_xXrHe1n5fniTnHvZtwkC9Fg4WuTmoekwW7S5qEPOuMIETfV1qTApS6KJrKdjT9l7YD-mr7XMnkiT3A0Ao0ZuXNTQ/w328-h493/statue-de-wolfgang-amadeus-mozart-%25C3%25A0-vienne-26334132.jpg" width="328" /></a></div><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je ne vous cacherai pas que j'entends aussi ces derniers temps d'autres rêves qui me donnent à penser que nous allons vers des temps difficiles, dans lesquels il faudra se positionner très clairement sur le plan intérieur. En voici deux qui parlent pour ainsi dire d'eux-mêmes :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia;">La rêveuse arrive dans une clairière où elle ramasse une grande plume d’aigle contenant 7 étoiles argentées. Elle se dirige ensuite vers un pommier. Dans la clairière, il y a des hommes en toges blanches qui semblent faire un rituel. La vision de la rêveuse se dédouble et elle voit d'une part des gens étouffer dans une ville grise, et d'autre part, la cérémonie tenue par les hommes en blanc. Après avoir ramassé la plume aux 7 étoiles, elle se dirige vers le pommier (soleil couchant) et cueille une pomme rouge en s’adressant à la personne à ses côtés : « est-ce vraiment bientôt la fin ? »</span></i></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">On peut reconnaître là un ensemble de symbole archétypiques : la plume d'aigle évoque un lien à l'Esprit renforcé par les 7 étoiles argentées. Le 7 est un chiffre qui indique souvent la complétion d'un cycle temporel, comme par exemple dans les 7 jours de la semaines. Le soleil couchant est un autre élément évoquant une fin de cycle. La pomme symbolise volontiers la connaissance essentielle. La rêveuse semble placée elle aussi devant un choix, ou du moins invitée à prendre conscience de la dualité entre un monde où les gens étouffent, ne serait-ce que spirituellement, et un espace où se perpétue l'ancienne tradition. Les hommes en blanc semblent évoquer la tradition celte des druides qui célébraient des rituels autour des pommiers - cet arbre était considéré comme une des 7 essences consacrées, avec le gui, le noisetier, le chêne, etc. Mais les soufis, les esséniens, et bien d'autres lignées spirituelles sont représentées par des hommes en blanc, et on peut penser que le rêve parle donc simplement de la tradition spirituelle cachée, qui se perpétue au travers des siècles...</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">La question finale, bien sûr, est glaçante et nous pouvons tou.te.s nous la poser. Il est frappant de voir comment nous pouvons collectivement nous démener pour relancer la machine économique ralentie momentanément par la pandémie, alors que cette même machine va sans doute nous précipiter dans une catastrophe écologique bien plus meurtrière. Mais voilà donc que je risque de me faire taxer d'ultracrépidarianisme. Je m'en tiendrai donc aux rêves, qui semblent indiquer que nous approchons d'un tournant. En voici un autre qui m'a particulièrement saisi :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><i>La rêveuse est dans un désert vert et dorée qui lui fait penser à la Mongolie. Elle voit un général suivie d'une armée avancer, passer devant elle. C'est l'armée des ombres, qui va se déverser sur terre. Les morts arrivent...</i></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Quand elle me raconte son rêve, elle me dit penser à l'armée des morts que mobilise Aragorn dans le Seigneur des Anneaux pour stopper l'invasion des orcs. Elle n'a pas peur, elle est simplement témoin de quelque chose qui semble inéluctable. </span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjOn29h2g16A-HhfrTYaVirwnBOACbKiGbiZMk1d7rxDEQgglcsmsQjPOPN7gQcjHN70EDc6AtHOmsEMWpEvaXqd_v29JjqKPiZNHOdoU_gXpnXRvdJL2qnZR9Cl4jPs3uFiKNjpG2KmTI/s565/arag.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="300" data-original-width="565" height="246" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjOn29h2g16A-HhfrTYaVirwnBOACbKiGbiZMk1d7rxDEQgglcsmsQjPOPN7gQcjHN70EDc6AtHOmsEMWpEvaXqd_v29JjqKPiZNHOdoU_gXpnXRvdJL2qnZR9Cl4jPs3uFiKNjpG2KmTI/w464-h246/arag.jpg" width="464" /></a></div></div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Une partie plus personnelle du rêve, que je ne raconterai pas ici, m'a fait penser au terrible poème de William Butler Yeats "le second avènement" (que j'ai déjà cité <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2017/03/retourner-le-regard.html" target="_blank">ici</a>) qui, dès 1919, présageait des années noires qui approchaient :</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><i>Tournant, tournant dans un cercle toujours plus large,</i></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><i>Le faucon ne peut plus entendre le fauconnier.</i></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><i>Tout se disloque. Le centre ne peut tenir.</i></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><i>L'anarchie se déchaîne sur le monde</i></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><i>Comme une mer noircie de sang : partout</i></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><i>On noie les saints élans de l'innocence.</i></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><i>Les meilleurs ne croient plus à rien, les pires</i></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><i>Se gonflent de l'ardeur des passions mauvaises.</i></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><i><br /></i></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><i>Sûrement quelque révélation approche ;</i></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><i>Sûrement le second avènement approche.</i></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><i>Le second avènement ! À peine ces mots dits</i></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><i>Qu’une énorme image issue du Spiritus Mundi</i></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><i>Me trouble le regard : quelque part dans les sables du désert,</i></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><i>Une forme au corps léonin et à la tête d’un homme,</i></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><i>Une fixité aussi terne et sans pitié que le soleil,</i></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><i>Remue ses cuisses lentes, tandis que tout autour</i></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><i>Tournoient les ombres d’oiseaux indignés du désert.</i></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><i>La noirceur tombe à nouveau, mais maintenant je sais</i></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><i>Que vingt siècles de sommeil pierreux</i></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><i>Furent vexés en cauchemar par un berceau,</i></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><i>Et son heure enfin revenue, quelle bête rugueuse</i></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><i>Erre-t-elle vers Bethléem pour naître ? </i></span></div><div><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div><span style="font-family: georgia;">« Les meilleurs ne croient plus à rien, les pires se gonflent de l'ardeur des passions mauvaises » - c'est me semble-t-il ce que l'on peut observer sur les réseaux sociaux. Mais on peut espérer, comme nous le laisse entendre le poème, que la noirceur qui s'étend sur le monde présage d'une renaissance... et la musique de Mozart pourrait bien favoriser cette issue. C'est ce que je nous souhaite, en tous cas. </span></div><div><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">* * *</span></div><div><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div><span style="font-family: georgia;">Je suis resté en silence tous ces derniers mois, et cependant, je n'ai pas arrêté de parler. C'est un des paradoxes de mon existence. Voici quelques liens pour prolonger cet article et combler le silence jusqu'au prochain :</span></div><div><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div><span style="font-family: georgia;">- Dans une vidéo enregistrée sur Youtube intitulée "<b>demain la paix"</b>, je parle d'un rêve que j'ai reçu il y a déjà quelques années et qui donne des indications sur la façon de traverser la crise que nous vivons : <a href="https://www.youtube.com/watch?v=igUDnYOpcOs" target="_blank">demain la paix</a>.</span></div><div><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div><span style="font-family: georgia;">- J'adore lire de la poésie à haute voix. J'ai enregistré un texte de Christian Bobin, "<b>le Christ aux coquelicots</b>", que vous pouvez écouter sur <a href="https://www.youtube.com/watch?v=PmhPT9f-FG8" target="_blank">Youtube</a> ou en format audio <a href="https://creezviedereve.com/jgaudio/Le_Christ_aux_coquelicots.mp3" target="_blank">mp3</a>.</span></div><div><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div><span style="font-family: georgia;">- J'ai aussi enregistré un texte zen essentiel, le <b>Hsin Sin Ming</b>, ce que l'on peut traduire comme "l'écrit sur l'esprit de la confiance sereine", que vous pouvez écouter sur <a href="https://www.youtube.com/watch?v=dbN--Xg-D2g" target="_blank">Youtube</a> ou en audio <a href="https://creezviedereve.com/docs/Hsin_sin_ming.mp3" target="_blank">mp3</a>.</span></div><div><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div><span style="font-family: georgia;">- J'ai donné un <b>cours de psychologie des profondeurs (Jung) et d'interprétation des rêves</b> en 10 séances de 3 heures chacune. La partie théorique a été enregistrée en audio mp3. Vous pouvez écouter ici la présentation d'introduction et le premier cours : <a href="https://creezviedereve.com/docs/AIR1_20210408.mp3" target="_blank">grandeur et déclin du rêve</a>, et vous pouvez acheter l'ensemble du cours (16 heures d'enregistrement et un ensemble de documents de support du cours) ici : <a href="https://voiedureve.blogspot.com/p/cours-dinterpretation-des-reves.html" target="_blank">cours d'interprétation</a>.</span></div><div><br /></div><div><span style="font-family: georgia;">Enfin, j'ai le plaisir d'annoncer que je reprendrai bientôt mes ateliers en présentiel. Je donnerai <b>du 30 août (soir) au 5 septembre</b> un <b>stage résidentiel à Aniane</b> (Hérault) sur les approches des rêves qui emmènent au-delà de l'interprétation. Pour plus d'information, voyez le flyer du stage "<a href="https://creezviedereve.com/docs/StageReves0921.pdf" target="_blank">rêves, ailes de l'âme</a>".</span></div></div>Jean Gagliardihttp://www.blogger.com/profile/08229714193935289206noreply@blogger.com2tag:blogger.com,1999:blog-1648819312264509748.post-51403179952737081102021-01-29T06:12:00.000-05:002021-01-29T06:12:04.871-05:00Chemins de mystère<p style="text-align: justify;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh2Cz_LK617yfSQWpUGi-iGu7fj46gG8rNJIVhSck5795oNGyGLH5yLjMe0poCnst4hPEeTsI7Ds5jYpvP3eX8n855z_bGGkZdJeLo6iRnAA8LioFjo9iT-nn_LdQXdnDqFVmDT8bR2iws/s512/chemin0.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: georgia;"><img border="0" data-original-height="340" data-original-width="512" height="280" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEh2Cz_LK617yfSQWpUGi-iGu7fj46gG8rNJIVhSck5795oNGyGLH5yLjMe0poCnst4hPEeTsI7Ds5jYpvP3eX8n855z_bGGkZdJeLo6iRnAA8LioFjo9iT-nn_LdQXdnDqFVmDT8bR2iws/w423-h280/chemin0.jpg" width="423" /></span></a></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Cela fait bien longtemps que je n’ai rien écrit pour ce blogue, ni d’ailleurs pour mon blogue poétique ou les différents groupes Facebook que j’administre. Je marche en silence. Je me sens en cela en accord avec la saison : l’automne, et encore plus l’hiver, sont propices à l’introspection et invitent à mûrir tranquillement les projets qui fleuriront au printemps. Cela va aussi avec les temps que nous vivons : je crois qu’un certain retrait, une saine réserve, sont nécessaires dans les moments de crise que nous traversons, au risque sinon de se perdre dans l’agitation de « l’esprit du temps ». Plus je contemple notre situation collective, plus le silence s’impose à moi…</span></p><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">J’ai de bonnes raisons personnelles de m’en tenir à ce silence. J’ai déménagé en octobre et je m’installe doucement dans une nouvelle vie à l’écart de la frénésie urbaine. Je prends refuge dans la proximité des arbres, d’une charmante rivière, des montagnes… et je vous dirai que mon silence est riche des murmures échangés avec ces beaux vivants. A bien les écouter, je constate que leur silence est plus riche que la plupart des discours que j’entends ou que je pourrais prononcer. J'ai aussi été bouleversé par la disparition brutale, dans les derniers jours de 2020, de mon amie Martine Tollet, avec qui j'animais des ateliers de <a href="https://voiedureve.blogspot.com/p/jeu-archetypal.html" target="_blank">Jeu Archétypal</a>. L'école de mystère était un de nos projets communs, qui donnait une perspective à notre travail. Et puis je suis dans un moment de grande transformation personnelle avec le fait qu’après trois ans d’errance depuis que je suis revenu du Québec, je replante enfin vraiment mes racines en France, au « doux pays de mon enfance ». C’est toute une révolution, au sens premier de ce mot, qui parle d’une boucle qui se boucle, un retour à soi et un retour sur soi.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Mais c’est aussi qu’il y a un chemin de mystère qui s’est ouvert devant moi depuis que j’ai publié mon article sur <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2020/09/le-cadeau.html" target="_blank">le Cadeau</a>, annoncé mon intention de me consacrer à la transmission du cadeau reçu de mes merveilleux enseignants. C’est normal : on ne s’engage pas dans une telle démarche sans passer soi-même par les fourches caudines du processus de transformation. Annoncer une telle intention, c’est un peu provoquer la Vie et elle m’a répondu gentiment : « chiche ! » avant de m’inviter à une profonde réflexion. Je suis conscient cependant que j’ai créé quelques attentes en parlant ainsi – j’ai reçu de nombreux messages m’encourageant à aller au bout de mon projet – et c’est pourquoi je vous partagerai ici quelques éléments de cette réflexion, qui dessinent un chemin, ou peut-être simplement un petit sentier qui coure à travers bois…</span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjVzRudSC6ID7VUMBU3Mvq3UpFwR2fBBWzg0XqAwAm7256_Jdv0jyGdU1OONRWyx3eILkBds13BBCAlqcRkSTPlyna51QWqjsmm4R3A8MYPgMwe14WEu1lmT9Ke3BW7MTnwyYZ_B4UrrAE/s700/chemin4.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><span style="font-family: georgia;"><img border="0" data-original-height="574" data-original-width="700" height="308" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjVzRudSC6ID7VUMBU3Mvq3UpFwR2fBBWzg0XqAwAm7256_Jdv0jyGdU1OONRWyx3eILkBds13BBCAlqcRkSTPlyna51QWqjsmm4R3A8MYPgMwe14WEu1lmT9Ke3BW7MTnwyYZ_B4UrrAE/w376-h308/chemin4.jpg" width="376" /></span></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">Claude Carvin (1956)</span></td></tr></tbody></table><span style="font-family: georgia;"><br /></span><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">D’abord, je veux mentionner une réaction à mon article le Cadeau qui m’est venue d’une <i>médecine woman </i>à qui je demande parfois de la supervision dans ma démarche. Elle m’a dit en substance :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- Rappelle-toi, Jean : on ne peut pas transmettre le cadeau. Tout ce que nous pouvons faire, c’est créer les conditions dans lesquelles le Cadeau est reçu…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je la remercie. Ce point est extrêmement important. L’oublier, c’est tomber dans l’inflation, c’est-à-dire confondre le moi et le Soi, se gonfler comme une grenouille qui se prend pour un bœuf au risque d’éclater. Le Cadeau nous est toujours donné – d’en-Haut, oserai-je dire – et tout ce que nous pouvons faire, c’est de nous efforcer de créer les conditions dans lesquelles il peut être reçu. C’est toute la dialectique de l’effort et de la grâce, pour reprendre le titre d’un merveilleux livre d’Yvan Amar, dont la trace du passage sur cette terre est pour moi une source d’inspiration. Ainsi en est-il de la méditation : les postures, les exercices, les pratiques, ne font que créer l’opportunité d’entrer en méditation… mais la méditation, l’état d’ouverture intérieure, survient sans crier gare, sans rime ni raison.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Il faut donc se garder de toute prétention à transmettre l’essentiel. Je me désolidarise dans une grande mesure du <i>sacred business</i> qui vend du bien-être et des solutions faciles du genre « l’illumination en dix leçons ». L’exploration que je propose, qui vise à l’individuation dans l’acception que Jung donnait à ce terme, ne saurait être un produit de masse, car comme le soulignait le grand psychiatre suisse, la démarche consistant en aller éclairer l’obscurité – qui plus est, avec une lampe obscure (clin d'oeil à un rêve que j'ai entendu récemment) – ne saurait être populaire. On pourrait parler là de « voie initiatique » </span><span style="font-family: georgia;">– pour reprendre les mots de Jung à propos de l'exploration de l'Inconscient –</span><span style="font-family: georgia;">, à condition d'éviter de se gonfler la bouche avec ça et surtout de rappeler que l’initiation implique de mourir avant de mourir, ce qui est la seule façon de pouvoir ressusciter. Par l’évocation de la mort ici, je veux rappeler que le processus ne saurait être guidé par l’ego, que ce soit celui de l’impétrant ou celui de l’enseignant, car, nous dit encore Jung, « toute rencontre avec le Soi est une défaite pour le moi ». Par celle de la résurrection, je pointe vers la quête de la gnose éternelle, ou encore du </span><i style="font-family: georgia;">lapis</i><span style="font-family: georgia;">, de la pierre philosophale. Mais si, dans cette quête, nous ne sommes pas guidés par l’Esprit, alors tout est vain...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Allant plus loin dans ma réflexion, je dois dire que dans le fond, je n’ai pas du tout envie de me poser en enseignant. J'y vois un piège car cela impliquerait de laisser croire que je sais quelque chose, que je serai "arrivé" quelque part. Ce qui m’intéresse pour ma part, c’est le partage et la recherche. La recherche surtout, mais le partage est un moment important de la recherche car il consiste en « vider son sac » pour qu’il puisse être rempli de nouveau. Dans le partage, il y a la notion de réciprocité, et c’est ce qui est passionnant avec l’exploration intérieure : on n’arrête jamais d’apprendre les un.e.s des autres. Mieux, quand on se met à l’écoute du Mystère, par exemple au travers des rêves, celui-ci enseigne tous ceux qui se frottent à lui, aussi bien l’analyste que le rêveur par exemple. C’est ce qui rend absolument passionnant ce travail avec les images intérieures, ce qui en fait une joie sans cesse renouvelée : à chaque pas, il y a une nouvelle découverte, un espace qui s’ouvre, une fleur qui sourit. Et au-delà de la notion de réciprocité, il y a celle de communauté, de mise en commun.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Disons-le clairement : ces richesses auxquelles donnent accès l’écoute du Mystère vivant dans les rêves sont aussi indispensables à la vie, au moins de certain.e.s d’entre nous, que l’air que nous respirons, l’eau que nous buvons. Elles n’appartiennent à personne. Elles doivent être rendus accessibles à tou.te.s. Cela ne veut pas dire que le temps et les efforts requis pour les communiquer et les rendre accessibles ne méritent pas rémunération, mais cela implique que ce travail doit être fait dans un esprit de service à la communauté. Au fond, l’état d’esprit requis pour approcher ces choses nous est dicté par l’évocation du fait spirituel qui veut que « l’être humain ne se nourrit pas que de pain, mais il se nourrit aussi de la Parole de l’Éternel ». Toute autre approche est vaine et constitue au mieux une tartufferie, au pire une mutilation de l’âme…</span></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUSERSx4DxqB_LuREKTYl2SocglJ0S2knJD1RZMd2JJ3hIels0JQW15NMYOmf_73HLpl7XpZiHxA5VY7Kzsu_mDb7xqHsbxWy84a5kzyokldNfeKUqcDoFIQ4cAJ0bol6JxexAGMX8ESo/s720/chemin2.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><span style="font-family: georgia;"><img border="0" data-original-height="432" data-original-width="720" height="229" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhUSERSx4DxqB_LuREKTYl2SocglJ0S2knJD1RZMd2JJ3hIels0JQW15NMYOmf_73HLpl7XpZiHxA5VY7Kzsu_mDb7xqHsbxWy84a5kzyokldNfeKUqcDoFIQ4cAJ0bol6JxexAGMX8ESo/w381-h229/chemin2.jpg" width="381" /></span></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">Jean-Marc Subira - chemin vers l'infini (2017)</span></td></tr></tbody></table><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><span>Et puis je dois vous dire que je rencontre une certaine lassitude. Au fond, j’ai déjà pour ma part exprimé l’essentiel en différents endroits, par exemple quand j’ai parlé du « <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2014/06/le-secret-de-jung.html" target="_blank">secret de Jung</a> » dans un article</span>, ou du</span><span style="font-family: georgia;">« <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2017/08/le-secret-de-la-joie.html" target="_blank">secret de la joie</a> »</span><span style="font-family: georgia;"> dans un autre article, ou encore de la bénédiction dans mon roman « l’arme absolue ». Si vous vous demandez ce que je pourrais bien avoir à communiquer, à partir d'où je désire partager, je vous invite à lire ces textes. Il semble être question de secrets... mais en réalité, il n'y a rien d'ésotérique ou de secret là; ce terme est une façon d'évoquer quelque chose qui semble caché, qui est inconscient... mais est en fait aussi évident que le nez au milieu de la figure, ou comme disent les américains, un éléphant au milieu du salon. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Ces textes, et d'autres articles de mon blogue, m’ont valu des clins d’œil de quelques-un.e.s qui comprenaient parfaitement, sans plus d’explication, de quoi il est question. C</span><span style="font-family: georgia;">ependant je ne crois pas être plus qualifié qu’un autre pour en parler</span><span style="font-family: georgia;">, et je ne me sens pas particulièrement missionné pour porter « la bonne nouvelle ». C’est même l’inverse : c’est sans doute parce que j’ai la tête dure, et que j’ai besoin d’entendre encore et encore parler de l’essentiel pour l’assimiler que j’éprouve le besoin de partager. On enseigne ce qu’on a besoin d’apprendre soulignait Richard Bach, l’auteur du Messie récalcitrant. Mais j’ai dû apprendre un peu mieux ma leçon depuis quelques temps et j’éprouve moins le besoin d’en parler que de la vivre, ce qui reconduit inéluctablement au silence. Quant à mes ami.e.s chercheuses et chercheurs spirituel.le.s, j’ai envie de les renvoyer simplement au logion de l’Evangile de Thomas que je citais déjà dans mon article sur le Cadeau :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« Que celle/celui qui cherche ne cesse de chercher jusqu'à ce qu'il/elle ait trouvé… »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Il appartient à chacun.e d’aller au bout de la recherche. Nul ne peut le faire à notre place. Il n’y a pas de raccourci. On perd son temps à penser que quelqu’un d’autre que ce que nous portons déjà en nous-même peut nous communiquer la solution de l’énigme que nous sommes. La question se pose et se repose souvent ainsi :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Qu’attendez-vous pour plonger tout.e entier.e dans la recherche sans vous raccrocher à rien, et surtout à l’illusion de ce qu’il y aurait un enseignant, un livre, une école… qui pourrait vous révéler ce que vous savez de toute éternité, mais que vous avez oublié ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Kabir le dit merveilleusement bien, dans un <a href="http://jubilarium.blogspot.com/2017/11/plonge.html" rel="nofollow" target="_blank">poème</a> que nous citait souvent Paule Lebrun :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« Quand on cherche pour l’Invité, c’est l’intensité de la recherche qui fait tout le travail »</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Mon questionnement est au fond typique de l’étape du retour dont parle Joseph Campbell dans son étude du monomythe. La question se pose toujours : pourquoi tenter de transmettre à nouveau ce qui a été dit mille fois, de tant de merveilleuses façons, et si mal compris ? Il n’y a pas de réponse à cette question, que l’exigence intérieure de vider sa propre coupe pour qu’elle soit à nouveau remplie, et qu’évoque encore l’Évangile de Thomas quand il dit :</span></p><p></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">« Si vous donnez forme à ce qui est en vous</span></div><span style="font-family: georgia;"><div style="text-align: justify;">ce à quoi vous donnerez forme vous sauvera.</div></span><p></p><p></p><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Si vous ne donnez pas forme à ce qui est en vous,</span></div><span style="font-family: georgia;"><div style="text-align: justify;">ce à quoi vous n’aurez pas donné forme vous détruira. »</div></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">On retrouve là une des ambiguïtés du discours spirituel dans notre contexte mâtiné de judéo-christianisme, à savoir une eschatologie tournant toujours autour de la notion du Sauveur, etc. Derrière cette idéologie, il y a toujours la notion du péché originel dont il s’agirait d’être sauvé. Cependant, quand on y regarde de plus près, on s’aperçoit que le grec <i>soteria </i>qui est traduit par « salut » signifie aussi « santé », dans le sens de la plénitude, de l’intégrité retrouvée. Il s’agit de libérer le mouvement de vie de tout ce qui l’entrave, et de passer dès maintenant de l’existence étriquée dans les rets du mental à la grande Vie, éternelle car elle nous dépasse. C’est la motivation fondamentale de tout le travail, de toute la recherche, où que l’on en soit de celle-ci. Et donc, soyons clairs, je ne suis pas intéressé par l’illusion de délivrer un enseignement mais seulement par la recherche commune, et le fait de poursuivre ma propre recherche en accompagnant celle d’autrui. C’est ce que je fais déjà dans mon travail d’écoute des rêves mais je pressens la possibilité d’aller beaucoup plus loin en explorant avec d’autres la question de l’éducation des adultes à la conscience et à la joie.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjOiLmGM-OK-_iyUnZn8dBjAsMP8XuBc8asUTvR7eQqgazxpvxxYeSghMIEUx93wZ60oWUyvHMF_XLX_sw_cVWRlr81i7PfAcIiPkUgUUya0p8IQjT5UF7tainrRmFx1GQTPspdXld7oG0/s512/chemin3.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: georgia;"><img border="0" data-original-height="512" data-original-width="512" height="354" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjOiLmGM-OK-_iyUnZn8dBjAsMP8XuBc8asUTvR7eQqgazxpvxxYeSghMIEUx93wZ60oWUyvHMF_XLX_sw_cVWRlr81i7PfAcIiPkUgUUya0p8IQjT5UF7tainrRmFx1GQTPspdXld7oG0/w354-h354/chemin3.jpg" width="354" /></span></a></div><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">C’est une question essentielle pour notre temps : comment communique-t-on la Liberté essentielle ? Il s’agit de développer de nouvelles pédagogie, car les anciennes façons d’enseigner – ou encore une fois, de partager – semblent caduques. Plus profondément, il ne s’agit pas de « pédagogie », qui s’adresse aux enfants et où l’on retrouve le biais de supériorité de l’enseignant qui considère les étudiants de haut. On parle assez souvent pour l’éducation des adultes d’andragogie, mais il y a là encore un biais qui laisse entendre qu’on ne s’adresse qu’au masculin, <i>andros </i>en grec, et que cette andragogie a besoin d’être compensée par une gynegogie – une éducation au féminin. En fait, le terme judicieux est en fait aldanagogie, du grec <i>aldaneïn</i>, « faire croître ». S’il y a donc une question que j’ai envie d’explorer avec d’autres chercheurs, c’est :</span></p><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Comment aider un être humain à croitre ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Il n’est pas d’autres voies pour le découvrir que de chercher à croître soi-même, de préférence en relation avec d’autres. Pour faire pousser la fleur humaine, il faut l’arroser...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Ces pensées, et différentes considérations du même ordre, m’ont amené à renoncer à l’idée de créer une école de mystères proprement dite, car le terme « école » me dérange – il participe d’un modèle révolu : nous sommes à l’époque où chacun.e est « maître et disciple de soi-même ». Ou plus précisément encore « disciple de Soi », c’est-à-dire que la seule chose qui importe est d’écouter la voix du Maître intérieur qui nous guide, chacun.e, sur notre propre chemin. Je laisse donc tomber toute notion d’école pour garder, et souligner, celle de Mystère et cela me permet de dire que tout ce qui m’intéresse, c’est d’accompagner celles et ceux qui le voudront sur les chemins de mystère qui leur seront propres. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Il y a toutes sortes de chemins de mystère, qui passent par une confrontation avec les grandes questions existentielles qui traversent la vie humaine. Les chemins que je me propose d'accompagner sont bien sûr pavés de rêves et d'images intérieures, mais non point seulement. On y rencontre nécessairement aussi les questions que nous posent la solitude, le sens de la vie, l’amour, la liberté, la souffrance, Dieu, le mystère de la nature de la conscience, le miracle permanent d'exister, la mort… et il est bien d’autres voies que le rêve pour rencontrer le mystère vivant en nous.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je me propose donc de mettre en place un accompagnement à un processus d’exploration intérieure qui sera réservé à des chercheuses et des chercheurs qui ont déjà une certaine maturité dans leur recherche. Ce sera une formation, au sens du « donner forme à ce qui est en nous » et de la transmission d’un certain nombre d’outils conceptuels et pratiques, mais surtout pas un formatage. Il faut préciser que, même si nous travaillerons beaucoup avec la matière des rêves et des images intérieures, ce ne sera pas une psychothérapie. Le travail aura sans doute une incidence thérapeutique mais cela ne saurait constituer un objectif premier. Je vise à mettre en place une structure d’accompagnement qui s’adresse à des étudiant.e.s en connaissance de soi qui ont une bonne capacité d’autonomie. </span><span style="font-family: georgia;">Ce que je propose est une démarche très libre, dans laquelle il s’agit essentiellement d’accompagner la recherche de l’étudiant.e en lui amenant les nourritures spécifiques que celle-ci réclame, mais sans exclusive. Il y a une structure tout de même, qui offre un contenant solide et sécuritaire à la démarche, mais c’est une structure qui vise à la liberté, et non à en faire l’économie comme c’est si souvent le cas quand on intègre une école…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Il s’agit d’une démarche ouverte à tout le monde. Elle n’est pas particulièrement réservée aux thérapeutes ou aux personnes voulant devenir thérapeutes même si elles y trouveront bien sûr des éléments pouvant approfondir et consolider leur pratique, en particulier avec l’écoute des rêves, l'imagination active, la pratique de la présence. Les artistes et toutes les personnes à fort potentiel créatif y sont bienvenus, et non seulement : il n’y a aucune contradiction à être cuisinier, coiffeur ou policier, et à s’engager sur le chemin intérieur. Au contraire. Nous avons besoin de policiers qui font ce chemin, et ils ont certainement à en apprendre en terme de relation avec la misère du monde à tous les thérapeutes. Il n’y a aucun prérequis philosophique, spirituel ou religieux : toutes les approches du Mystère sont bienvenues, et tout particulièrement les athées et les agnostiques. Pour ma part, je ne cacherai pas que ma démarche est enracinée dans une sorte d’agnosticisme spirituel qui me fait privilégier le je-ne-sais-pas sur toute certitude qui nous couperait de l’Ouvert, et que je récuse toute forme d’autorité autre que celle du Maître intérieur en matière spirituelle.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Le point de départ est toujours une question existentielle, c’est-à-dire une question qui ne peut trouver d’autre réponse que par une révélation intérieure. Il y a toutes sortes de questions existentielles, qui toutes renvoient à ce qu’on appelle l’investigation fondamentale :</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">Qui suis-je ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Celle-ci peut se formuler de toutes sortes de façons selon ce qui appelle l’étudiant.e, par exemple comme un autre koân en forme de :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- Qu’est-ce que l’amour ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- Qu’est-ce que la vérité ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- Qu’est-ce que la conscience ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- Qu’est-ce que la mort ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- Qu’est-ce que Dieu ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- Qu’est-ce que le rêve ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Et puis il y a des questions existentielles qui sont parfois beaucoup plus concrètes :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- Je suis en réorientation professionnelle mais je n’ai aucune idée encore de ce que je vais faire. Qu’est-ce que mon âme veut pour moi ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- Je suis malade, avec un pronostic fatal ou handicapant à terme. Pourquoi ? Que veut mon âme ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- Ma vie n’a pas de sens. J’ai envie de mourir… qu’est-ce qui peut me donner le goût de vivre ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- Quelle est ma mission de vie ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Ma propre question existentielle sur le chemin de mystère que je marche ces temps-ci est : qu’est-ce que la transmission ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Il se peut aussi qu’il n’y ait pas de question explicite au niveau du conscient, mais que les rêves ouvrent le chemin ou qu'une personne traverse une crise d'émergence spirituelle. Alors, on reviendra à la question fondamentale : qui suis-je ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhl7oDl6mx5FYfhDZeFigH-mBcvNnhZLVDHU-SdvBeG9pS3eZZAMSk_kXaGuWMDE2csu4oj9BVQlyCUFogY6IbJq5wcK6ouhQWmGzsMis_xqPBA0yTonm4547-btsRIlVjjQprGwJkr1U4/s940/lac+ponton.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: georgia;"><img border="0" data-original-height="705" data-original-width="940" height="279" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhl7oDl6mx5FYfhDZeFigH-mBcvNnhZLVDHU-SdvBeG9pS3eZZAMSk_kXaGuWMDE2csu4oj9BVQlyCUFogY6IbJq5wcK6ouhQWmGzsMis_xqPBA0yTonm4547-btsRIlVjjQprGwJkr1U4/w372-h279/lac+ponton.jpg" width="372" /></span></a></div><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Pour entrer dans les chemins de mystère que je proposerai, il faudra donc venir me voir avec une question. Ce sera le point d’entrée, qui ne fermera rien: cette question pourra évoluer avec le processus. Dans un premier temps, nous discuterons donc un peu de cette question clé pour vérifier ensemble qu’il s’agit bien d’une interrogation existentielle, et non par exemple d’un questionnement intellectuel. J’aurais aussi quelques autres questions à poser au candidat ou à la candidate pour m’assurer qu’il/elle a la maturité requise pour entrer dans ces chemins de mystère. Ce n’est pas tant d’ailleurs que je m’arroge le droit de dire qui est apte ou non à cette recherche que de vérifier que je me sens capable de l’accompagner dans celle-ci… et si je suis amené à formuler un refus, il sera toujours accompagné d’une suggestion pour poursuivre sa démarche en un lieu plus approprié.</span></p><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">A partir de là, la structure proposée est très simple. La seule chose demandée est une rencontre régulière, au moins une fois par mois, pour faire le point sur la recherche de l’étudiant.e, et la participation, au moment qui conviendra à l’étudiant.e, à un stage intensif d’une semaine. Pour le reste, il y aura des stages et des conférences proposés à la carte, des rencontres régulières de groupe pour faire vivre la communauté de recherche, et surtout une grande ouverture à tout ce que l’étudiant.e voudra intégrer dans sa démarche.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">La rencontre régulière sera bien sûr l’occasion d’écouter des rêves et de proposer des exercices personnalisés qui viseront essentiellement à donner l’outillage utile pour entrer en dialogue avec la source intérieure. Il s’agira d’un dialogue analytique au sens traditionnel d’un échange qui inclut un Tiers, l’Inconscient… et cependant un travail spécifique qui tient de la confrontation avec un koân – la question existentielle de l’étudiant.e. Une de mes sources d’inspiration dans le développement de cette approche a été les <i>lying </i>qu’offrait Swamiji Prajnanpad, le maître d’Arnaud Desjardins, dont le travail procédait tout autant du Vedanta que de la psychanalyse. A sa suite, je crois que rien n’est plus fécond que la rencontre de ces deux grands fleuves que sont l’observation psychologique et l’investigation radicale...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Les stages courts, d’une journée ou d’un week-end, qui seront proposés viseront essentiellement à pratiquer les différentes formes du travail avec les rêves en les faisant se croiser avec de la méditation et des activités ancrées dans le corps, et en faisant appel à la créativité. Ils seront optionnels, et ouverts à tou.te.s, incluant donc des participant.e.s extérieur.e.s qui ne seront pas engagé.e.s dans la démarche des « chemins de mystère ». Cela a pour but de favoriser toujours un brassage et d’éviter l’enfermement dans un entre-soi. Les étudiant.e.s des chemins de mystère bénéficieront d’une priorité et d'un tarif préférentiel par rapport au publkic, et pourront ainsi constituer leur parcours à leur guise, à la carte. Je leur demanderai cependant, pour que leur stage soit validé, de rédiger un rapport d’intégration. Et en fait, comme un principe des chemins de mystère, il leur sera possible d’intégrer à leur démarche tout stage qu’ils auront fait dans une autre école, avec un autre enseignant, dès lors où ils produiront un rapport sur la façon dont ce stage vient nourrir leur recherche…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Le postulat fondateur de cette « formation » est simple : ce n’est pas moi qui forme, ce qui ne pourrait conduire – comme on le voit trop souvent – qu’à une déformation ou à un formatage. Ce qui forme est à l’intérieur et cela in-forme le chercheur. Tout ce qui vient de l’extérieur, y compris ce que je peux dire ou proposer comme exercice, n’a de valeur que dans la mesure où cela vient nourrir la recherche de l’étudiant.e en connaissance de soi. Si quelqu’un est capable de montrer comment un stage pour apprendre à faire des choux à la crème, ou la lecture des Pieds Nickelés, a alimenté sa recherche, ce stage ou cette lecture seront validés comme faisant partie de sa formation. Cela va avec une évidence fondamentale et cependant révolutionnaire :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Le chemin pour devenir entièrement soi-même, l’être unique que l’on est, ne peut être qu’unique. Et cependant, pour devenir pleinement consciente, cette unicité doit être mise en relation car c’est la relation qui fait ressortir l’unité sous-jacente à la multiplicité des unicités. Ainsi s’opère la conjonction des contraires que nous appelons individuation.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">L’approche que je propose est donc entièrement ouverte, mais n’est pas dépourvue de structure ni de focalisation. C’est ce que permettent la concentration sur la question existentielle et l’écoute intérieure du mystère vivant en dedans. Mon objectif en tant que facilitateur de cette démarche est simplement d’offrir un contenant solide au processus intérieur, en veillant en particulier à éviter toute interférence. Il y aura des enseignements théoriques aussi, portant essentiellement sur la psychologie des profondeurs, les rêves et les archétypes. Les étudiant.e.s seront invité.e.s à explorer des notions comme l’ombre, l’anima et l’animus, le Soi… mais sans perdre de vue que ce sont des réalités vivantes, agissantes, et non des concepts. Nous réfléchirons ensemble à tout ce qui peut servir des stratégies visant à la guérison, à l’éveil, à l’illumination du cœur. Je demanderai des fiches de lecture mais celles pourront aussi porter sur des livres qui ne seront pas dans la bibliographie que je propose. En effet, il s’agira encore et toujours d’aller examiner dans celles-ci ce qui alimente la recherche, ce qui nourrit l’être essentiel…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Quant à la sanction à l’issue du processus, il ne faut pas compter sur un diplôme. Tout au plus offrirai-je à qui le voudra un certificat comme quoi il a parcouru un chemin de mystère avec moi. Cela ne vaudra sans doute rien de plus que le poids du papier sur lequel ce sera écrit. Pour ma part, je sais d’expérience que la seule diplômation qui vaille est intérieure et relève de l’éclat de rire qui survient quand la question accouche de la réponse dont elle était enceinte. Nul ne peut savoir combien de temps cet accouchement pourra requérir mais la démarche que je propose sera limitée dans le temps à deux années au maximum, et valorisera au premier chef l’autonomie des étudiant.e.s. Ceux-ci seront toujours libres d’interrompre au moment qui leur conviendra le cheminement avec moi. Et de toute façon, nous pouvons compter sur les rêves pour ne pas laisser s’installer une dépendance illusoire si le processus intérieur n’est plus nourri...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Si vous êtes intéressé.e., avez des questions ou voulez plus d’information sur les modalités pratiques, vous pouvez me contacter par email à voiedureve(at)gmail.com.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Je lancerai officiellement l’aventure à partir du moment où un nombre suffisant d’étudiant.e.s se seront engagé.e.s pour constituer une petite communauté de recherche. Je n’accepterai dans un premier temps qu’un nombre limité à une dizaine, ou douzaine tout au plus, d’étudiant.e.s pour pouvoir leur accorder l’attention que leurs recherches requièrent. Et la tenue de stages dépendra de l’évolution des conditions sanitaires…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"></span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZxAxiwjsOKMVx-eFwBH1dHhD9Gx1LYGMcloMjf944wD2XHpGvTtJZz9hxE2dT7MVGUmA9laP6aqFC7NGhL6ydWgxfatSz4swJpoKSci-YkzRam1Rri18BVHFx4DB_L-UjIPNl-mieMr0/s1536/chemin1.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: georgia;"><img border="0" data-original-height="1536" data-original-width="1536" height="388" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjZxAxiwjsOKMVx-eFwBH1dHhD9Gx1LYGMcloMjf944wD2XHpGvTtJZz9hxE2dT7MVGUmA9laP6aqFC7NGhL6ydWgxfatSz4swJpoKSci-YkzRam1Rri18BVHFx4DB_L-UjIPNl-mieMr0/w388-h388/chemin1.jpg" width="388" /></span></a></div><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Pour conclure cette présentation, je vous dirai un rêve qui m’est venu alors que je marchais en montagne avec cette question de la transmission du Cadeau que j’ai évoquée dans l’article précédent. Il me suggère en fait tout autre chose que la création d’une école et dessine mon propre chemin de mystère. Dans ce rêve :</span></p><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><i>J’apprends à jouer de l’orgue. Ma compagne me soutient silencieusement par sa présence. Un homme m’interroge : pourquoi est-ce que j’apprends à jouer de l’orgue ? Je lui réponds qu’en fait, c’est parce que j’aime raconter des histoires. Et pour lui montrer que je sais raconter de bonnes histoires, j’en improvise une. C’est l’histoire de Christophe Colomb qui a prétexté qu’il allait chercher un paquet de cigarettes pour quitter son épouse et partir à la découverte du Nouveau Monde…</i></span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Comprenne qui pourra. Vos résonances m’intéressent. Pour moi, ce rêve est assez clair et je sais assez précisément ce que j’ai à faire. La transmission du Cadeau, en ce qui me concerne, passe par le fait de raconter des histoires, ce qui est ma façon de jouer de la musique sacrée. Je suis plus intéressé dans le fond par l'écriture de bonnes histoires que par l'enseignement, qui supposerait que je sache quelque chose. C'est ce que me pointait Paule Lebrun quelques temps avant sa naissance au ciel :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- Pour toi, Jean - me disait-elle - c'est simple : l'accompagnement individuel nourrit les ateliers et l'enseignement, qui à leur tour nourrissent l'écriture...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">C'était sa médecine que de nous voir ainsi en transparence.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">L’histoire que je raconte dans ce rêve est d’une certaine façon la mienne. Mais personne ne peut aller découvrir le Nouveau Monde tout seul. C’est une aventure qui réclame une communauté de recherche. Pour partir à Argos, à la conquête de la toison d'or – une histoire qu'affectionnait particulièrement ma chère amie Martine Tollet </span><span style="font-family: georgia;">–</span><span style="font-family: georgia;">, il faut une équipe d'Argonautes. Alors voilà : disons que j’ai affrété une Caravelle qui s’apprête à quitter le port pour partir vers l'horizon, à la découverte de la Nouvelle Terre. Voulez-vous être du voyage ?</span></p><p></p>Jean Gagliardihttp://www.blogger.com/profile/08229714193935289206noreply@blogger.com0tag:blogger.com,1999:blog-1648819312264509748.post-62112683979454698482020-09-22T09:30:00.002-04:002020-10-08T07:21:02.382-04:00Le cadeau<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWDvpwY058hU0ccSh_lC5BnnBm-X1-DwWfOiFb0yPM4mmkLxtASynaogQ_xr4nLJT7ov14ZFyZokSU6s3AOkTYdsg2KuySLwo0Ks368CtYkUip9LqvefJzl3rr0AlfaQe6syaF0bhTDOE/s678/Paule+Lebrun+2.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="678" data-original-width="628" height="399" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiWDvpwY058hU0ccSh_lC5BnnBm-X1-DwWfOiFb0yPM4mmkLxtASynaogQ_xr4nLJT7ov14ZFyZokSU6s3AOkTYdsg2KuySLwo0Ks368CtYkUip9LqvefJzl3rr0AlfaQe6syaF0bhTDOE/w369-h399/Paule+Lebrun+2.jpg" width="369" /></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">Paule Lebrun, <i>in loving memory</i></span><br /></td></tr></tbody></table><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"></span></div><p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
Dans les mois précédant son décès, Paule Lebrun m’a demandé de
mettre en place une école de mystère au sein de l’organisme
qu’elle avait créé, Ho Rites de Passage. Dans l’esprit de
Paule, du moins tel que j’ai compris sa demande, il s’agissait de
compléter la formation en pratiques rituelles qu’elle avait mise
en place par une autre formation qui donnerait accès à ce dont le
travail rituel n’est que la couverture extérieure. Nous
l’envisagions comme une sorte de « maîtrise » qui
serait proposée aux étudiants ayant fait le premier niveau de
formation. J’ai alors intensément réfléchi à sa demande,
m’interrogeant sur ce que pourrait être une école de mystère contemporaine, et j’ai formulé une proposition en l’étayant
avec un texte intitulé « Fondements pour une école de
mystère» que je vais rendre disponible dans un prochain
article (mais si vous êtes pressés, vous pouvez le lire ici : <a href="http://creezviedereve.com/docs/Fondements_Ecole_de_Mystere.pdf" target="blank">fondements</a>). Mais, pour différentes raisons circonstancielles, et tout
simplement parce que ni les temps, ni moi-même, n’étions mûrs
pour porter une telle proposition, celle-ci n’a pas abouti.</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
J’ai discuté de ce projet avec différentes personnes, et j’ai
retenu en particulier l’avis d’une de mes enseignantes, qui
animait elle-même une retraite méditative dont la pratique pointe
directement vers le mystère dont il est question ici. Elle
m’invitait à prendre garde à ne pas me charger de l’héritage
de l’inaccompli dans la vie d’une personne qui s’apprêtait à
partir, aussi chère me soit-elle, car cela pourrait être de nature
à m’empêcher de vivre ma vie. Alors, je suis allé vivre
celle-ci…</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
Mais voilà que quelques années après le décès de Paule et mon
retour en Europe, qui ont été concomitants, la question de la
transmission m’a rattrapé. Plusieurs personnes m’ont demandé au
début de 2020 quand je mettrai en place une formation pour
transmettre les techniques de travail avec les rêves que j’ai
apprises et élaborées. Une amie chère m’a proposé comme
objectif commun la mise en place d’une école de mystère dans la
prochaine décennie. Un autre ami, parmi les personnes les plus
qualifiées que je connaisse peut-être pour enseigner l’approche
des mystères, m’a invité à réfléchir avec lui à la mise en
place d’une telle école. Je me suis senti gentiment cerné, et ce
d’autant plus qu’au cours du confinement, j’ai eu le temps de
rêver et d’imaginer quelle forme cette aventure pourrait prendre.
J’ai commencé à en poser quelques jalons, ne serait-ce que dans
le monde imaginal, mais il demeurait un certain nombre de questions
avec lesquelles je suis allé marcher en montagne cet été. Ce sont
ces questions, et les réponses qui ont commencé à en émerger
comme le papillon du cocon, que je veux vous partager ici.</span></p>
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgF1K_s3e2wU0iL796_JCnNbgFye1VqrB8tzY8CBVrIeGQvAKQTbxxCwwGln37tiQnW5eR7JzF5bWw9H1qBn4Xxu5h2R0d8trcSzoewgWXeAnfw8tU1n1XJVuYNs1Zs8JNMuPRzLJ9p39Q/s1500/Eleusis+triptolomos.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><span style="font-family: georgia;"><img border="0" data-original-height="1500" data-original-width="1024" height="471" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgF1K_s3e2wU0iL796_JCnNbgFye1VqrB8tzY8CBVrIeGQvAKQTbxxCwwGln37tiQnW5eR7JzF5bWw9H1qBn4Xxu5h2R0d8trcSzoewgWXeAnfw8tU1n1XJVuYNs1Zs8JNMuPRzLJ9p39Q/w321-h471/Eleusis+triptolomos.jpg" title="Stèle des Mystères d'Eleusis" width="321" /></span></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">Stèle des Mystères d'Eleusis</span></td></tr></tbody></table>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Tout d’abord, il convient de préciser de quoi nous parlons quand
il est question d’école de mystère. Disons tout de suite qu’il
ne s’agit pas d’une école, du moins tel qu’on l’entend
habituellement, avec un cursus, des matières obligatoires et
d’autres optionnelles, des examens et une diplomation. Ce n’est
rien qui ressemble à une université, ou un lieu où est transmis un
savoir que l’on peut mettre en mots, dans un livre ou dans un
cours. C’est pour cela qu’on parle de mystère. La définition
lapidaire que j’avais formulée en réponse à la demande de Paule,
c’est qu’une école de mystère est une école dont le but est
d’initier au Mystère d’Être. Je ne développerai pas cette idée
pour l’instant, me contentant simplement dans l’immédiat de
faire remarquer qu’il est question d’initiation – j’y
reviendrai plus loin. Je poursuivais la réflexion en disant :</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
« Le modèle archétypique de la démarche initiatique de
l’École de Mystère est donné dans notre culture par la
célébration du Mystère d’Éleusis. Il s’agit d’une descente
dans les profondeurs obscures où l’initié(e) meure littéralement
à son ancienne personnalité au contact de Perséphone pour renaître
au lever du soleil avec un épi de blé symbolisant son alliance
renouvelée avec Déméter, et sa connaissance de l’Éternité
vivante. À la différence des écoles initiatiques ésotériques qui
mettent l’accent sur la discipline et l’effort, le Mystère a une
dimension proprement féminine qui préside au mystère de la mort et
de la (re)naissance, symbolisée ici par la Reine des Enfers et la
Terre Mère. »</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
Parmi les images archétypiques qui évoquent cette initiation, il y
a aussi celle de la crucifixion qui permet à l’initié(e) de
triompher de la mort, et celle du démembrement dont émerge,
renouvelé, un chaman. Jung a beaucoup élaboré autour de la
crucifixion comme symbole de l’identification aux opposés dont
émerge la totalité que nous appelons le Soi. Le démembrement est
une image typique des cultures chamaniques, symbole du démantèlement
de l’ancienne personnalité dont émerge une nouvelle relation à
la réalité. Il n’y a que les ignorants pour dresser des murs
entre ces différentes façons de parler du mystère de la
transformation de l’être humain, d’une conscience restreinte au
petit « moi » à une conscience plus vaste, embrassant le
Soi.</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
Un dénominateur commun à ces approches du mystère est qu’il est
toujours question de la mort, ne serait-ce que symbolique, comme
porte d’entrée d’une immensité océanique. Tant qu’on veut
croire que la Lumière est seulement douce et gentille, prodigue
seulement
en caresses, on n’est pas prêt(e) à risquer
cette aventure car on veut rester en enfance, on attend du Divin
qu’il se comporte comme un bon père ou une bonne mère. Or
la Lumière tue et vivifie, disaient déjà les anciens alchimistes,
soulignant par-là la nature paradoxale du processus. Celui-ci n’est
pas sans rappeler la mise à mort de la chenille par les « cellules
imaginatives » qui constitueront le papillon, et se nourrissent
du cadavre de cette dernière. Il n’y a rien de romantique là. On
voit régulièrement de telles images, par exemple de démembrement,
resurgir dans les rêves de personnes qui ignorent tout de ces
processus de mort-renaissance. On retrouve là ce qu’écrivait
Joseph Campbell :</span></p>
<p style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia;">«
Pour finir, il faut que vienne le psychanalyste qui réaffirmera la
sagesse éprouvée des anciens enseignements prospectifs que
dispensaient les danseurs masqués exorciseurs et les sorciers
guérisseurs. Nous découvrons alors que l’ancien symbolisme
initiatique est créé spontanément par le patient lui-même au
moment où il le permet. Apparemment, ces images ont quelque chose de
si nécessaire à la psyché que si le monde extérieur ne les
apporte pas, par l’entremise du mythe et du rituel, il faut
qu’elles soient retrouvées au travers du rêve, de l’intérieur,
faute de quoi nos énergies resteraient enfermées dans une banale et
anachronique chambre d’enfant au profond de la mère ».</span></i></p>
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjAX_ICf0XKcVjSQPkBmZLTWo3Oy6CvRw2etyFL80ju76gKyg1Ps4oyaw1TMVjwyhQW3l3KrpKz80VaVMkLF0KZSz52ZPuzl6wl_bHxX2qzRJGDUDkJFGem1u8mVqJjAZgFtj-CtmubACE/s2048/Osho+with+sun+glasses.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><span style="font-family: georgia;"><img border="0" data-original-height="1671" data-original-width="2048" height="301" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjAX_ICf0XKcVjSQPkBmZLTWo3Oy6CvRw2etyFL80ju76gKyg1Ps4oyaw1TMVjwyhQW3l3KrpKz80VaVMkLF0KZSz52ZPuzl6wl_bHxX2qzRJGDUDkJFGem1u8mVqJjAZgFtj-CtmubACE/w369-h301/Osho+with+sun+glasses.jpg" width="369" /></span></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">Osho</span></td></tr></tbody></table>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: georgia;">Dans l’esprit de Paule Lebrun, l’école de mystère était
centrée sur un maître, à l’image de ce qu’elle avait connu en
Inde auprès d’Osho. Mais pour ma part, je crois que ce modèle est
révolu et qu’il s’agit de développer désormais une nouvelle
pédagogie du mystère, qui reste à inventer. Celle-ci doit tenir
compte de l’exigence d’individuation qui fait que chaque chemin
est strictement unique, et de la nécessité de l’émergence d’une
nouvelle conscience collective qui caractérise l’Ère du Verseau.
Mais surtout, elle doit s’ancrer dans le fait que c’est le
Mystère lui-même, ou en termes jungiens le Soi, qui initie
l’impétrant de l’intérieur…</span></p><p></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
Ce sont là à peu près les éléments de base avec lesquels je suis
parti marcher dans la montagne pour explorer quelques
questions qui me taraudaient. La première se formulait ainsi :</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
Que transmettre ?</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
C’est-à-dire d’abord : qu’ai-je reçu, qui vaille la
peine d’être transmis ?</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
La réponse, après avoir bien transpiré en grimpant sur quelques
sommets ensoleillés, est devenue évidente. D’abord disons-le :
je ne suis pas intéressé à transmettre des techniques, des
méthodes qui ne font jamais que dessécher le sujet, ni même des
théories, un prétendu savoir qui n’épuise jamais, précisément,
le mystère. Pour cela, il y a des livres que les étudiants peuvent
lire, et quantité d’enseignants, d’écoles, qui étanchent la
soif d’informations mais ne donnent pas à boire de cette eau qui,
quand on la boit, ôte toute soif. Au fond, la seule chose qui vaille
d’être transmise, c’est ce que Paule appelait le Cadeau. Elle
l’avait reçu d’Osho, et pour ma part, je l’ai reçu de Paule,
mais aussi de ses complices Ma Premo et Chandra Kala... et surtout de
Richard Moss, que je considère comme mon maître spirituel. Lui-même
l’a reçu d’un papillon noir...</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
Qu’est-ce que le Cadeau ?</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
C’est difficile à dire. Vaut pour le Cadeau, comme pour toutes les
réalités existentielles importantes comme l’amour, la vie, etc...
ce que Saint-Augustin disait du temps : « tant que l’on
ne m’interroge pas sur ce qu’est le temps, je sais très bien ce
que c’est, mais si l’on m’interroge, je ne le sais plus. »</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
Le cadeau est insaisissable par le mental. Mais essayons tout de même
d’en dire quelque chose. D’abord, remarquons la dimension de
gratuité qui est attachée à la notion de cadeau. Cela ne s’achète
pas, un cadeau. C’est un don. On ne peut pas dire ce qu’est le
Cadeau mais on peut en décrire les effets : une liberté, une
joie, une paix intérieure avec ce qui est, ce qui a été, ce qui
sera…</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
Une unité intérieure.</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
Une connexion à l’essentiel, à la dimension créatrice de l’Être,
à l’Ouvert…</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
L’Évangile de Thomas dit merveilleusement de quoi il est
question :</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
« S’ils vous demandent : quel est le signe du Père qui
est en vous ? Dites-leur : c’est un mouvement et un
repos. »</span></p><p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></p>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><img border="0" data-original-height="540" data-original-width="960" height="224" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiY-ud-KfMK1aomLZ6fHYke52OHFaKFkWhP24fsHDb-hzM2uRPpXlEwMtKax0v2c2lNrPwhJOrgy_GyeGVNX_3yoL3zt359alu7_K7G4tgO1HKTkT7GD7H_3UglrtxokaSpwWy2zTQX0-E/w399-h224/Dreamind+Bouddha.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;" width="399" /></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">Un mouvement et un repos...</span><br /></td></tr></tbody></table><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiY-ud-KfMK1aomLZ6fHYke52OHFaKFkWhP24fsHDb-hzM2uRPpXlEwMtKax0v2c2lNrPwhJOrgy_GyeGVNX_3yoL3zt359alu7_K7G4tgO1HKTkT7GD7H_3UglrtxokaSpwWy2zTQX0-E/s960/Dreamind+Bouddha.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: georgia;"></span></a></div>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;">
<span style="font-family: georgia;">Yvan Amar a fort bien éclairé ce sujet en montrant que ce qu’on
appelle communément les Dix Commandements ne sont des commandements
que pour l’esprit qui veut être commandé, mais pour les esprits
libres, ce sont des indicateurs qui peuvent se comprendre ainsi, dans
ma formulation :</span></p><p></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
Quand on a reçu le Cadeau, on aime l’Éternel, son Dieu, que l’on
reconnaît dans tous les dieux. On honore ses parents, quoi qu’ils
aient fait, qui qu’ils aient été. On ne vole plus car nul ne peut
rien s’approprier. On ne tue pas car la vie est sacrée. On ne
convoite pas la femme de son voisin car on est un avec son voisin, et
avec sa femme... Etc.</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
Voilà ce qu’en disait Paule dans une interview donné au magazine
Vivre :</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
« J’ai actuellement un sentiment d’achèvement. Je me suis
inscrite dans plus grand que moi et c’est dans ce plus grand que
moi que j’ai trouvé une force. Ce changement de perception m’a
amené beaucoup de joie. »</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
« J’ai été quelques années en Inde dans une école de
mystère qui a chambardé ma conception de l’existence, m’a mise
au monde une seconde fois et a allumé une flamme dans mon cœur. J’y
ai reçu un grand cadeau que je formulerais ainsi :</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><b>
La vie n’est pas un problème à résoudre mais un mystère à
vivre.</b></span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
Mine de rien, on se retrouve devant un changement radical de
perspectives, surtout pour moi qui venait du monde de la psychologie.
J’ai pour ainsi dire basculé personnellement dans ce paradigme là.
J’avance dans ce mystère. »</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
Paule formule ici deux éléments importants qui permettent de mieux
saisir la nature du Cadeau.</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
Elle évoque l’inscription dans plus grand que soi, et par là ce
qui constitue sans doute notre plus grand besoin existentiel. C’est
l’inscription dans plus grand que soi qui donne un sens à
l’existence – un sens qui ne tient pas dans une explication de
l’existence, qui demeure un mystère, mais comme le disait Jung,
dans la conscience qu’a la main d’être reliée au corps. Par
cette inscription dans plus grand que soi, la séparation est abolie
car la main sait bien qu’elle n’est rien si elle s’imagine
coupée du corps. Avec la fin de la séparation vient la fin du
conflit permanent avec soi-même et le monde, ainsi
que la réconciliation avec ce qui est, avec
notre destinée – quelle qu’elle soit.</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
C’est la seule guérison véritable.</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
Et puis elle souligne qu’il s’agit d’une seconde naissance. Ce
qui n’est pas sans évoquer en filigrane que pour renaître, il a
fallu mourir – l’ancienne personnalité accrochée à ses
breloques a du mourir. Un des signes les plus certains de ce qu’on
a reçu le Cadeau est d’ailleurs dans la façon de mourir, quand la
mort physique se présente. Tous ceux qui ont côtoyé Paule dans sa
dernière année de vie peuvent en témoigner : elle marchait
son enseignement. Elle savait intimement qu’elle était autre chose
que ce corps physique en train de mourir, et sa liberté nous
irradiait…</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
On pourrait dire enfin du Cadeau, en jouant avec
les mots, que c’est le Présent. Un présent, c’est en effet un
cadeau, mais le présent, c’est tout ce que nous avons en réalité.
C’est ce qui est. Quand on a reçu le Cadeau, on ne chiale plus sur
les circonstances de l’existence car tout, finalement, fait partie
du Cadeau. On est en accord intime avec soi-même, avec la Vie, parce
qu’il est évident que nous ne sommes autres que la Vie, ou pour le
dire autrement, que la Vie nous est – et que cette forme que la Vie
adopte en nous, dans l’instant présent, n’est que temporaire, se
dissoudra… mais la Vie continuera.</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
Toutes ces considérations peuvent sembler bien abstraites à qui les
examine sans les vivre, et c’est ce qui, marchant dans la montagne,
m’a obligé à faire un pas de plus dans la direction de la
transmission à laquelle m’invitait Paule. Tout d’abord, je
me dois de revendiquer d’avoir reçu le
Cadeau. C’est une responsabilité à laquelle je ne peux me
dérober. Responsabilité envers Paule…</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
Un rêve, récemment, me pointait cette nécessité. Dans celui-ci,
j’étais dans la mer tout habillé au milieu d’autres gens, eux
aussi habillés, et je parlais avec Marie-Lise Labonté. Outre que
son nom évoque la bonté qui est au cœur de toute chose, ce qui
fait que la vie est bonne... il faut vous dire que mon mentor de
rêves, Nicolas Bornemisza, et Marie-Lise travaillent ensemble de
longue date et ont élaboré ensemble une méthode de guérison par
le travail avec les images intérieures. Marie-Lise représente donc
pour moi le féminin, de nature très spirituelle, de ce travail avec
les profondeurs auxquels introduisent les rêves, et elle y ajoute
d’ailleurs la dimension du corps et une remarquable intuition. Or
elle me disait dans le rêve qu’elle avait décidé de dissiper le flou
qui entourait son travail, ce qui me réjouissait grandement. En
méditant ce rêve, j’ai bien compris que l’anima me faisait
obligation de dissiper le flou dans lequel moi-même je dissimule la
nature spirituelle de mon travail. J’étais au beau milieu d’un
stage intensif dans lequel j’assemblais toutes les pièces du
puzzle – le travail des rêves, la méditation, le corps, … –
et il était clair que je ne pouvais plus échapper à la nécessité
de montrer l’image qui émergeait de ce puzzle assemblé. Mais si
je puis et je dois dire que j’ai reçu le Cadeau, cela ne veut pas
dire que je sois arrivé où que ce soit. On reçoit le Cadeau, mais
encore faut-il le déballer… et cela prend une vie. Yvan Amar
exprimait cela fort bien en disant que ce n’était pas l’Éveil
qui était difficile à atteindre, mais c’est l’incarnation de
l’Éveil qui est difficile, le véritable défi.</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
J’ai donc bien reçu le Cadeau – merci ! Merci… – mais
j’en suis encore à le déballer. Et la question de la transmission
fait partie justement du papier cadeau...</span></p>
<br />
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><img border="0" data-original-height="320" data-original-width="315" height="344" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiTT775TRCIMxUUUQsYMkvkKAV9at7-iVNhtSxelBgBiYhNfPh3yTMYseLBGP5DR9biHv3eyCmkeULGCucDO27FwZrX1Z0Y46JmOCJfox81nigJw5s2j4AJw5yV2yE6sioPNanEpnR8Qcs/w339-h344/oiseauspirale.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;" width="339" /></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">Le Sigmarillion</span><br /></td></tr></tbody></table>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
Quant à la nature du Cadeau que j’ai reçu, car il a toujours une
couleur personnelle, il y a deux rêves en particulier que j’ai
déjà exposé dans ce blogue qui la mettent en évidence. Il s’agit
en premier lieu du <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2014/08/oiseaux-de-feu.html" target="_blank">rêve des oiseaux de feu</a>, où j’entrevoyais
l’oiseau merveilleux des contes mais désespérais car j’étais
le seul à le voir. Dans le second rêve, je trouvais « <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2017/03/le-coeur-de-la-montagne.html" target="_blank">le cœur de la montagne</a> », un appartement où j’étais chez moi dans
la nature, et je me confrontais à un homme en cravate qui riait des
légendes amérindiennes évoquant cet endroit. Dans l’un et
l’autre cas, je n’étais pas encore prêt à assumer la solitude
qui va avec le Cadeau. Or le rêve avec Marie-Lise Labonté se
terminait avec le fait que je rentrais seul chez moi. Ma relation à
la solitude existentielle a changé depuis les rêves que je
rappelais et c’est ce qui me permet d’assumer d’avoir reçu le
Cadeau. C’est une charge en réalité car il me faut maintenant le
transmettre. En effet, comme le dit l’Évangile de Thomas :</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">
« Nul n’allume une lampe pour la mettre sous le boisseau. »</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
Mais ce n’est pas moi en réalité qui porte la charge. C’est le
Soi, car la transmission n’a de sens qu’en s’inscrivant encore
une fois dans la relation avec ce qui est plus grand que soi. Mieux,
c’est à partir d’un certain point la meilleure façon de
continuer à apprendre que de transmettre. Non seulement faut-il
vider sa tasse pour qu’elle soit à nouveau remplie, mais il est
bien connu qu’on enseigne jamais que ce que l’on a besoin
d’apprendre. A chaque fois que je donne un stage, les questions des
participant.e.s me font approfondir la matière. Si charge il y a,
elle n’est donc pas un fardeau mais plutôt de l’ordre de la
responsabilité. Et finalement, c’est un privilège que de
transmettre ce qui nous est le plus cher, ce qui nous semble être de
la plus haute valeur…</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
Comme me l’a souligné ma compagne, avec qui je marchais dans la
montagne, quand je lui ai partagé
ces réflexions : que transmettre d’autre
que la joie et la légèreté ?</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
Une autre question redoutable avec laquelle je suis allé marcher en
montagne me faisait simplement me demander en quoi j’étais
qualifié pour essayer de transmettre le Cadeau. Ce qui me
préoccupait là n’est pas tant le problème de l’égo qui se
pète les bretelles avec n’importe quoi, de toute façon, car la
vie, quand il s’agit du Cadeau, nous ramène toujours au fait qu’on
ne sait rien, on ne possède rien, on n’est rien. Et on peut
toujours rire de l’égo, de ses prétentions. Mais dans le fond, il
s’agit surtout là de
relever le défi du retour dont parle Joseph
Cambell dans son analyse du monomythe du héros : in fine, le
véritable challenge
n’est pas vraiment d’aller chercher le trésor caché, même si
cela implique de triompher de quelques dragons qui jouent bien leurs
rôles d’épouvantails. La véritable difficulté, devant laquelle
beaucoup ont reculé – car pourquoi troubler sa paix avec
des gens qui, quoi qu’ils en disent, ne veulent rien entendre (ce
que Jodorowsky formule en disant que la thérapie consiste en se
battre avec son client pour l’amener là où il a réclamé
d’aller) – est d’incarner l’enseignement reçu, de ramener le
Cadeau à la communauté que l’on a dû quitter pour aller le
chercher.</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
C’est un rêve, encore, qui m’a donné la réponse la plus
profonde à cette question. Je l’ai reçu en décembre 2018, dans
les mois qui ont suivi mon retour en France. J’y voyais une grande
flamme sous cloche, et à côté de celle-ci, une petite flamme
jaillissait. Gordon – le compagnon de Paule – se réjouissait en
disant : « ça y est ! Elle est repartie ! ».
Je me retrouvais avec cette flamme dans les mains, que je tenais
devant moi, et j’allais la porter dans un cercle de gens qui se
trouvaient dans l’obscurité.</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
Ce rêve n’appelle pas grand commentaire. Disons que j’ai reçu
mon ordre de mission par ce rêve, et ma feuille de route. Il
prend tout son sens quand on se souvient que Paule signait ses emails
avec une devise :</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><b>
Keep the flame alive !</b></span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"><b>
Gardez la flamme vivante !</b></span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
Le fait que la grande flamme soit sous cloche signale qu’elle a
besoin d’être préservée, protégée, et c’est ce que fait Ho
Rites de Passages. Je me retrouve avec une petite flamme entre les
mains, et celle-ci n’ôte rien à la grande flamme. C’est
simplement la flamme qui essaime, et me fait obligation de faire le
nécessaire pour qu’elle demeure vivante. Ainsi, nous sommes
nombreux et nombreuses à avoir été allumé.e.s par Paule et il
apparaît qu’il est temps que la flamme essaime entre les mains de
toutes celles et de tous ceux qui peuvent la porter. Cela répond à
un besoin d’époque, qui rejoint la préoccupation de Paule de
semer les germes pour un ré-enchantement du monde. Une autre façon
de le formuler, c’est la nécessité collective dans laquelle nous
sommes, remarquablement bien exposée par Charles Eisenstein dans
« Notre cœur sait qu’un monde plus beau est possible »,
de sortir de la vieille histoire de la séparation.</span></p><p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"></p><table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><tbody><tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgwbJWw33BCw49EgeVYf6gXa24UEf1oScHkpbNwJ8ob6SsxmYNIR41e79q0d31PbQ-NcTw0dWiy3AYR5ZDUAF9qs-C4ZubPmlhtUD-ffGKQHvogAWRfetJJW2kwcGOpfoVOXWNVYgX5ukM/s500/mondeplusbeau.jpg" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><span style="font-family: georgia;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="342" height="386" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgwbJWw33BCw49EgeVYf6gXa24UEf1oScHkpbNwJ8ob6SsxmYNIR41e79q0d31PbQ-NcTw0dWiy3AYR5ZDUAF9qs-C4ZubPmlhtUD-ffGKQHvogAWRfetJJW2kwcGOpfoVOXWNVYgX5ukM/w264-h386/mondeplusbeau.jpg" width="264" /></span></a></td></tr><tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">Un cadeau à lire...<br /></span></td></tr></tbody></table>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
La responsabilité qu’implique le fait d’avoir reçu le Cadeau,
et de devoir dès lors le transmettre, a été dès lors éclairée
sous un nouveau jour. Il ne s’agit pas seulement d’honorer mes
maîtres et de leur témoigner ma gratitude. C’est aussi par là
que je trouve la réponse au questionnement qui m’a amené à
m’éloigner des réseaux sociaux au début de l’été :
comment contribuer au monde sans ajouter à la confusion ambiante en
y amenant notre agitation intérieure ? Comment s’ancrer dans
la paix, la joie et l’amour, pour faire face aux défis de la
transition collective que nous traversons tou.te.s ensemble ?
Dans cet espace se rencontrent le militant et le méditant… et cela
prend d’autant plus de sens qu’il semble, au vu de nombreux
indices, que notre civilisation sinon notre planète soient appelées
à vivre une grande initiation collective, une mort-renaissance. Dès
lors, il y a urgence à répandre cette paix et cette joie qui
entourent le Cadeau. Saurons-nous faire de cette fin d’un monde une
opportunité spirituelle ?</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
Ce qui m’amène à la dernière question avec laquelle j’ai
marché dans la montagne, et qui était :</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
Comment transmettre le Cadeau ?</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
Pour moi, il y a là une évidence. Cela ne peut être que par le
vécu expérientiel partagé (les concepts viennent après), et ce
vécu, en ce qui me concerne, c’est comment la Source de toute
sagesse nous guide au travers des rêves et des synchronicités.
Comme le formule le zen depuis longtemps, ce n’est pas une question
de méthode ou de technique, mais cela se transmet seulement d’âme
à âme, <i>I shin den shin</i>. Cela passe par une relation
interpersonnelle qui accompagne une recherche intense, complètement
individuelle. C’est l’Évangile de Thomas encore qui décrit le
mieux le processus :</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
« Que celui qui cherche ne cesse de chercher<br />Quand il aura trouvé, il sera bouleversé.<br />Étant bouleversé, il sera émerveillé<br />Et il régnera sur le Tout. »</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
Pour accompagner la recherche, il faut aussi des pratiques. Il est
bien connu que « l’illumination est un accident et la
pratique renforce les chances d’avoir un accident ». Osho
lui-même racontait qu’il s’était éveillé en tombant d’un
arbre, et que par conséquent, il ne pouvait pas transmettre
l’illumination. Il pouvait seulement reconnaître qui la vivait, et
qui ne la vivait pas encore. Il y a beaucoup de pratiques radicales –
au sens de « qui vont à la racine » – de méditation
et d’investigation fondamentales qui peuvent favoriser la réception
du Cadeau.
L’erreur commune est de croire qu’il pourrait y avoir là une
relation de cause à effet, et que telle ou telle pratique confère
automatiquement le Cadeau. Tout au plus, une bonne pratique nous
rend-elle réceptif, disponible… pour recevoir l’Invité. Mais
s’il est donc une chose que l’on peut transmettre, c’est la
pratique, et l’esprit dans lequel faire la pratique pour qu’elle
ouvre une brèche dans nos défenses. Car finalement, le Cadeau
est toujours là, et c’est nous qui nous en défendons, qui ne
voulons pas le voir, le recevoir.</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
J’ai donc le plaisir de vous annoncer en conclusion de mes
promenades en montagne que je vais mettre en place dans les prochains mois une formation qui
sera complètement individualisée (si vous voulez en savoir plus, contactez-moi), dans laquelle je demanderai
essentiellement aux étudiant.e.s de travailler une question
existentielle avec le support des rêves et de la méditation. Ils
recevront pour cela un accompagnement par l’écoute des rêves et
la méditation, ainsi qu’un étayage théorique de la démarche et
le support de la communauté de chercheurs qui s’engageront dans
celle-ci avec moi. Il y aura des pratiques radicales et des ateliers
qui seront proposés à la carte, bien sûr, mais cette
dernière sera ouverte à toutes sortes de
propositions, même extérieures à l’équipe que j’envisage de
constituer pour accompagner la recherche des étudiant.e.s...</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
Car finalement, à notre époque, une école de mystère digne de ce
nom ne saurait être centrée sur un enseignant, une méthode, une
approche particulière… mais est une aventure collective, émergeant
d’une communauté. C’est cette communauté de pratiques qu’il
nous faut bâtir, dans l’ouverture à toutes les visions
nourrissant la foi dans la bonté de la Vie, pour traverser les temps
que nous vivons., Ce que nous avons en commun, ce qui nourrit la
communauté issue de Paule et de beaucoup d’autres enseignant.e.s,
sans exclusive d’approches ou d’horizons spirituels, ce qui
finalement enseigne et transforme celles et ceux qui cherchent
jusqu’à ce qu’ils aient trouvé, c’est-à-dire qu’ils
deviennent eux-mêmes le Cadeau, c’est cette flamme que Paule nous
enjoignait de garder vivante.</span></p>
<p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">
Le feu sacré.</span></p><p class="western" style="line-height: 115%; margin-bottom: 0cm; text-align: justify;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFgdRicXVWeP8eFQ1ySVAh5SNIQ7lv7Lh0W4DFagV5a-AvrOhikPtB1jrWi0wznB2ZWVBnLps3H_76VGjZQXDBtu0chY4XOpgtRzSaNKSJR-t0mTJwklw5qB83iRhH-6ibZKur6zlEvuw/s364/flamme+%25C3%25A2me.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><span style="font-family: georgia;"><img border="0" data-original-height="364" data-original-width="317" height="320" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjFgdRicXVWeP8eFQ1ySVAh5SNIQ7lv7Lh0W4DFagV5a-AvrOhikPtB1jrWi0wznB2ZWVBnLps3H_76VGjZQXDBtu0chY4XOpgtRzSaNKSJR-t0mTJwklw5qB83iRhH-6ibZKur6zlEvuw/s320/flamme+%25C3%25A2me.jpg" /></span></a></div><p></p><p></p><p></p>Jean Gagliardihttp://www.blogger.com/profile/08229714193935289206noreply@blogger.com12tag:blogger.com,1999:blog-1648819312264509748.post-45074046537195386882020-08-19T11:22:00.004-04:002020-08-19T12:25:48.999-04:00Trou noir<p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"> </span></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><span style="font-family: georgia;"></span><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjt4KGga_viR-Yek5Dc_r5VMkM-qrDT6IpY29OZqxmUTs1HjQN6oJdlyn9BVI9xK8KTjHu7qtWlkWOOA3CfefUVl6nyrvCSaPVDmmIS7CWVoKq8SoIOk9hHJQ447qyv-hMdTm_ap-j-YTU/s1250/trou-noir-representation.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="703" data-original-width="1250" height="288" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjt4KGga_viR-Yek5Dc_r5VMkM-qrDT6IpY29OZqxmUTs1HjQN6oJdlyn9BVI9xK8KTjHu7qtWlkWOOA3CfefUVl6nyrvCSaPVDmmIS7CWVoKq8SoIOk9hHJQ447qyv-hMdTm_ap-j-YTU/w512-h288/trou-noir-representation.jpg" width="512" /></a></div><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></span></p><span style="font-family: georgia;">Au début de l’été, j’ai entendu un très beau rêve. La rêveuse est une femme qui vit une grande transition de vie avec beaucoup d’incertitudes concernant son avenir. Elle a reçu ce rêve la veille de la cérémonie funéraire célébrée pour son frère qui venait de décéder.</span><p></p><p style="text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia;">La rêveuse est avec sa fille mais elle ne voit que ses jambes, ses pieds avec des sandales toutes neuves. Il y a une flaque noire sur le bitume. Elle se dit :</span></i></p><p style="text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia;">- Elle ne va pas y aller ?</span></i></p><p style="text-align: justify;"><i><span style="font-family: georgia;">Mais si, elle y va et elle s’enfonce dans cette flaque d’eau noire jusqu’à y disparaître entièrement. La rêveuse plonge alors sa main dans l’eau pour rattraper sa fille. Elle sent la main de cette dernière prendre la sienne. C’est une main chaude. Il n’y aucune inquiétude, aucune anxiété. Curieusement, sa main n’est pas mouillée.</span></i></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Plusieurs synchronicités autour de ce rêve renvoient la rêveuse à une expérience de mort imminente qu’elle a vécue 21 ans auparavant. Elle est frappée aussi par le fait que sa fille a le même âge qu’elle lors de sa naissance. Enfin, il se trouve qu’elle a rendu visite à sa fille dans les jours précédant le rêve pour lui porter des sandales.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Lorsqu’elle m’a parlé de ce rêve, j’ai souligné le fait que nos enfants symbolisent souvent notre avenir dans les rêves. En effet, nous nous prolongeons dans nos enfants. Je me suis un peu inquiété de ce que la porteuse de cet avenir disparaisse ainsi dans une flaque d’eau noire. Du point de vue d’une interprétation psychologique, on pourrait craindre là un passage dépressif éventuellement lié au deuil ou à l’incertitude concernant l’avenir. Mais la rêveuse commentant son propre rêve insistait sur la confiance et la sérénité qui entourait celui-ci, particulièrement dans le contact avec la main de sa fille. Habituée à écouter ses propres rêves, elle parlait de descente du féminin dans les profondeurs et de contact avec l’inconnu. Nous avons discuté de sa connexion profonde avec la mort…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Quelques temps plus tard, nous avons tenu une loge de rêves avec une dizaine de personnes. C’était la première loge de rêves en présentiel que j’avais le plaisir de faciliter depuis le confinement. La rêveuse y a proposé ce rêve. Il a reçu toute sorte de résonances fort intéressantes et soudain, quand cela a été son tour de parler, un des participants a sorti un livre qu’il était en train de lire et nous l’a montré. Il s’agissait de :</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">Les trous noirs, de Jean-Pierre Luminet</span></p><p style="text-align: justify;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjp-sdxPnr3yXTroCtfdg-9YSY6OhVOtldzExs3nHMGoR0VXVwpMrUwh21dOzaraG1CUvioUQ_q-XU-LcabxqxvJrH7obPdQqPeBljGVukjkJQm9INg1O8FSGNKnsXiTI4n2URFWYGpUA/s1320/luminet.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1320" data-original-width="800" height="512" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgjp-sdxPnr3yXTroCtfdg-9YSY6OhVOtldzExs3nHMGoR0VXVwpMrUwh21dOzaraG1CUvioUQ_q-XU-LcabxqxvJrH7obPdQqPeBljGVukjkJQm9INg1O8FSGNKnsXiTI4n2URFWYGpUA/w310-h512/luminet.jpg" width="310" /></a></div><span style="font-family: georgia;"><br /></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Il y a eu une vague d’émotion dans le cercle. Tout à coup, notre perspective sur le rêve venait de changer radicalement. Nous avons exploré l’idée qui voulait que ce trou noir donne accès à une autre dimension, un autre espace. Le fait que l’eau noire du rêve ne mouille pas est apparu comme une signature de cette nouvelle dimension, de l’entrée dans l’inconnu. Le parallèle avec la mort est devenu évident mais en faisant ressortir la confiance et la sérénité régnant dans ce rêve. Le mot de la fin a été amené dans l’hilarité générale par le même participant qui avait éclairé le rêve en le connectant aux trous noirs quand il a suggéré de prolonger ce dernier en prenant le trou noir et en le posant sur un mur pour ensuite le traverser, aller voir ce qu’il y a de l’autre côté.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Décidément, c’était bien au travers de ce rêve une toute nouvelle façon de se déplacer dans la réalité, symbolisée par les sandales neuves de sa fille, qui était proposée à la rêveuse. Il m’a semblé intéressant de vous le partager car il se pourrait que les images toutes personnelles de ce rêve aient une profonde résonance collective. En effet, il semble que par bien des aspects nous soyons au bord d’un trou noir, ou peut-être déjà en train de plonger dans celui-ci. Cette métaphore vaut autant pour de nombreux individus qui vivent de grandes crises de transition que pour la planète toute entière. Mais il faut nous souvenir que ce pourrait bien être le passage vers un tout nouvel espace, le moyen d’entrer en contact avec une dimension inconnue, et garder confiance, rester ancrés dans une profonde sérénité de cœur. Ainsi, peut-être saurons-nous faire des trous noirs de nos vies des portes débouchant sur le nouveau, le jamais-vu, le jamais-entendu...</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">* * *</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">En complément de ce rêve, je vous propose une réflexion sur les filtres nécessaires à appliquer, dans les temps troublés que nous vivons, à nos prises de parole dans l’espace public, en particulier sur les réseaux sociaux. Quand je suis parti en vacances cet été, j’étais préoccupé en particulier de constater l’agitation croissante sur ces derniers, qui se traduit en expression d’anxiété et de colère, quand ce n’est pas de haine. J’étais inquiet en particulier de voir des personnes affichant des vues spirituelles contribuer à la discorde en répandant des messages empreints de peur, diabolisant les autorités en place en leur prêtant de sombres desseins. Bien sûr, je n’ai pu éviter d’y voir l’ombre à l’œuvre et c’est le danger qui guette ceux qui s’identifient à la lumière que de voir tout en noir chez d’autres. Mais surtout, le constat qui m’a donné à réfléchir, c’est que moi-même ne pouvait bien souvent éviter d’amener ma propre agitation intérieure dans l’expression de mes opinions sur ces réseaux sociaux. </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Or il me semble que nous avons tou.te.s une responsabilité à prendre dans le fait de nous garder de répandre autant que possible nos peurs, nos allergies, nos inimitiés, et tout le poison mental qui va avec, dans l’espace public. C’est une prophylaxie nécessaire, tout autant sinon plus encore que les « gestes barrière », pour éviter d’alimenter la dimension émotionnelle du chaos vers lequel nous semblons collectivement glisser ces temps-ci. Ce chaos est sans doute une étape nécessaire de la transition dans laquelle nous nous trouvons, mais il peut prendre une tournure dangereuse s’il laisse le champ libre à des opinions essentiellement émotionnelles alimentant la discorde dans la vindicte et les accusations. C’est à chacun.e de nous d’ancrer la paix dans nos esprits et nos cœurs pour que la paix l’emporte dans le monde. C’est en effet la qualité de nos relations, le soin que nous prendrons de nos liens, qui seront déterminant pour édifier le « monde d’après »...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">J’ai donc, en réponse à ces interrogations, résolu d’adopter autant que possible, dans ma parole et ma pensée, un outil simple et éprouvé que l’on appelle les filtres de Socrate – ou plus précisément, les filtres de Socrate renforcés par le Travail de Byron Katie. </span></p><p style="text-align: justify;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkIU7GS-stibXgfxmST3YMuwLvE4pfUTkBupssSTbAWRuerNrDsmb0A4kgofIQIcbHjo5EbrtcI9zo9M2RvTaYLJ0PukdhSpJnU1W4fypGqcAm88_wmfRGwTx4vcj0_aEFSB7gKppNHow/s461/trois-filtres-de-socrate-461x268.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="268" data-original-width="461" height="268" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgkIU7GS-stibXgfxmST3YMuwLvE4pfUTkBupssSTbAWRuerNrDsmb0A4kgofIQIcbHjo5EbrtcI9zo9M2RvTaYLJ0PukdhSpJnU1W4fypGqcAm88_wmfRGwTx4vcj0_aEFSB7gKppNHow/w461-h268/trois-filtres-de-socrate-461x268.jpg" width="461" /></a></div><span style="font-family: georgia;"><br /></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Pour la dimension philosophique de du dialogue prêté à Socrate par Platon qui présente ces filtres, je vous invite à lire cette page qui vous en propose un résumé : <a href="https://nospensees.fr/les-trois-filtres-de-socrate" target="_none">https://nospensees.fr/les-trois-filtres-de-socrate</a>. Pour ma part, je vous en proposerai une paraphrase adaptée à notre temps, avec un ami qui vient me voir avec une affirmation à propos de la pandémie, soit qu’il n’y jamais eu de pandémie et que c’est un canular, soit que la pandémie est finie, soit encore que la pandémie est en train de repartir en fou et qu’il faut dormir avec son masque, etc. Nous avons tous un ami comme cela, et ses opinions tranchées peuvent concerner tous les sujets...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">La première question est : </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- <b>Est-ce que c’est vrai ?</b> Es-tu absolument certain que ce que tu affirmes soit vrai ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">S’il est honnête, et même s’il est médecin épidémiologiste (alors ne parlons pas de ceux qui s’improvisent épidémiologistes…), il reconnaîtra probablement qu’il y a un doute – ou alors, il est fort probable que ce soit l’émotion qui parle. Dans ce dernier cas, les techniques d’investigation de l’histoire qu’il se raconte proposées par Byron Katie pourront être très utiles. Il importe de se rappeler que même si mon ami est à ce stade très agressif, son propos est fondé sur des émotions légitimes que nous partageons tous en temps qu’êtres humains. La Communication Non Violente peut ici être aussi très utile pour accueillir ces émotions sans nous laisser aveugler par celles-ci, ou les émotions que sa prise de position suscite en nous...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Si mon ami reconnaît qu’il y a un doute au moins raisonnable qui peut tempérer ce qu’il affirme, la deuxième question est alors : </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- Si ce n’est pas vrai, si tu ne peux pas être certain que ce soit vrai, <b>est-ce que cela fait du bien d’entendre ce que tu affirmes ? Est-ce que c’est bon ?</b> Ou plus subtilement encore : de quelle intention profonde cela part-il ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Il est bien rare ces temps-ci que les affirmations qui nous soient prodiguées visent à renforcer la paix, la confiance en l’avenir, l’amour que nous pouvons avoir les uns pour les autres. Il faut donc faire bien attention. Si ce n’est pas vrai et cela ne fait pas de bien, à quoi cela sert-il d’en parler ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Et donc si mon ami est honnête, ce que je crois que nous sommes tou.te.s pour l’essentiel, la troisième question est : </span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- <b>Est-ce utile ? Est-il nécessaire d’en parler ?</b> Ou plus profondément : que proposes-tu positivement ?…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">S’il n’est pas certain que ce soit vrai, si cela ne fait pas de bien mais contribue à la discorde et l’agitation, si ce n’est pas utile et qu’il n’y a pas de proposition positive, à quoi bon en parler ? Il vaut mieux garder le silence.</span></p><p style="text-align: justify;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAF24KfbCGTNPqBTho8dHQpacBykHe-aAqgNBJRm_yNfVdq9ejK6xHSSD77dMkszr_KLks0nS5FoEEN7smI2EJt86BT3rTjHdKvPR_O0nV3i3Ifhr0ul_hebFtrgqJ1K5foDK6VsDh_PA/s499/Byron+katie.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="499" data-original-width="326" height="499" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhAF24KfbCGTNPqBTho8dHQpacBykHe-aAqgNBJRm_yNfVdq9ejK6xHSSD77dMkszr_KLks0nS5FoEEN7smI2EJt86BT3rTjHdKvPR_O0nV3i3Ifhr0ul_hebFtrgqJ1K5foDK6VsDh_PA/w326-h499/Byron+katie.jpg" width="326" /></a></div><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Ces filtres de Socrate sont renforcés en particulier par le Travail de Byron Katie (<a href="https://thework.com/sites/francais" target="_none">https://thework.com/sites/francais</a>) qui permet de poursuivre l’investigation avec l’ami qui est absolument convaincu que ce qu’il affirme est vrai, avec les questions suivantes :</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- Comment peux-tu être absolument certain que c’est vrai ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- Comment te sens-tu, dans tes émotions, ton corps… avec cette affirmation ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">- Comment te sens-tu sans cette affirmation ?</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Le point clé de ce Travail est d’entrer en contact consciemment avec le ressenti émotionnel et corporel qui accompagne nos affirmations. Nous prenons alors conscience que nos pensées modifient notre ressenti, au point que ce n’est pas ce que dit autrui ou ce qui se passe dans le monde qui nous fait nous sentir éventuellement mal, mais ce que nous pensons à son sujet. Au lieu de rejeter la responsabilité de notre mal-être sur autrui, de vouloir le combattre, nous pouvons prendre la responsabilité de nos pensées…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Richard Moss, qui propose un travail similaire au travers du Mandala de l’Être, dit for justement que la seule vérité des histoires que nous nous racontons, c’est comment elle nous font nous sentir. C’est la base d’une hygiène psychique que de devenir conscients de l’impact de nos pensées sur nos vies, notre ressenti...</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">En outre, Byron Katie propose de retourner toutes les affirmations que l’on fait à propos d’autrui en les ramenant à nous-même. Par exemple, l’affirmation : « ils cherchent à tous nous contrôler… » pourrait se retourner en « je cherche à tous les contrôler », « je sais mieux que tout le monde de quoi il retourne et comment il faudrait faire... », etc. Ce travail, quand il est fait honnêtement en recherchant des exemples de situations dans lequel le retournement est manifeste, est un merveilleux moyen de déceler nos ombres projetées sur autrui. A moins que l’on ne soit un procureur dans l’exercice de ses fonctions, il n’y a pas beaucoup d’accusation qui ne se prête à un retournement radical.</span></p><p style="text-align: justify;"></p><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCCTvNwlWKp2OmmL_IQ99zc7a6LDwaTFzKOycpRzII0wzjsZshh_EoQt1uDoZOxrFNwCW4r7zO_cSTPi4-XIlBTxuvBR9ELmzYsDUWvU1BwLrtDcA9X0L6GsIx7CqNjYwwloOfq0sEIKU/s960/masques.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="960" data-original-width="960" height="410" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjCCTvNwlWKp2OmmL_IQ99zc7a6LDwaTFzKOycpRzII0wzjsZshh_EoQt1uDoZOxrFNwCW4r7zO_cSTPi4-XIlBTxuvBR9ELmzYsDUWvU1BwLrtDcA9X0L6GsIx7CqNjYwwloOfq0sEIKU/w410-h410/masques.jpg" width="410" /></a></div><span style="font-family: georgia;"><br /></span><p></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Qu’est-ce que de telles considérations viennent faire dans un blogue sur le rêve ? C’est que nous ne rêvons pas que la nuit. Quand nous croyons nos pensées, quand nous nous identifions à nos croyances au point que la réalité semble leur correspondre parfaitement, sans laisser un espace ouvert au non-savoir, c’est que nous rêvons les yeux ouverts. Il se trouve que quand on se promène au bord d’un précipice comme nous le faisons collectivement ces temps-ci, cela peut être dangereux…</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">J’ai suffisamment éprouvé les affirmations ci-dessus pour pouvoir affirmer qu’elles sont vraies, non d’une vérité absolue mais d’une vérité pragmatique, efficace. Je les crois vraiment utiles par les temps qui courent et en tous cas, je les propose avec la conviction que la connaissance de ces pratiques fait du bien. Quand on se libère des pensées qui suscitent une contraction dans notre corps, qu’elle soit de peur ou de colère, on se sent plus léger, on respire et la vie, quoi qu’il en soit dans le monde, est belle.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Ce n’est pas facile de faire ce travail d’investigation de nos pensées et de nos croyances. Mais il se pourrait (aucune certitude) que le nombre que nous serons à éviter de donner libre cours à nos peurs, nos fantasmes et nos colères, dans l’espace public soit déterminant pour la qualité du temps que nous avons à vivre… ensemble.</span></p><p style="text-align: center;"><span style="font-family: georgia;">* * *</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">A noter que le weekend de formation en facilitation de loges de rêves prévu les 26 et 27 septembre à Locquirec, en Bretagne, est maintenu tant que les conditions sanitaires le permettent. Pour plus d'information et pour inscription, suivez ce lien : <a href="http://creezviedereve.com/docs/FLR0920.pdf" target="_blank">formation</a>.</span></p><p style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></p>Jean Gagliardihttp://www.blogger.com/profile/08229714193935289206noreply@blogger.com31tag:blogger.com,1999:blog-1648819312264509748.post-10562520962281792272020-06-14T12:07:00.006-04:002020-06-14T13:48:22.010-04:00Le silence s'impose<div style="text-align: justify;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgStQ647RNOExiW7kN2klmV2kpFLp0PybNbI28vr4H2lOJFinhvUm4Ak_EavsJJHxXmWRx5xzFd7-AUDVxQALO-ryktkH_kAN12YkdseMbC5sERbjUTBsMreBPkcsgIe9EYSdRpfRytCSI/s500/Cyclamen-coum-881025-1.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="500" data-original-width="500" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgStQ647RNOExiW7kN2klmV2kpFLp0PybNbI28vr4H2lOJFinhvUm4Ak_EavsJJHxXmWRx5xzFd7-AUDVxQALO-ryktkH_kAN12YkdseMbC5sERbjUTBsMreBPkcsgIe9EYSdRpfRytCSI/w400-h400/Cyclamen-coum-881025-1.jpg" width="400" /></a></div><font face="georgia"><br /></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="georgia">Je n’ai pas envie d’écrire ces temps-ci. J’observe la cacophonie ambiante et je n’ai rien envie d’y ajouter. Bien sûr, ce silence est paradoxal car j’ai beaucoup parlé ces derniers temps. J’ai cru bon de donner mon avis dans différentes polémiques jusqu’au moment où je me suis rendu compte de ce que je ne faisais que contribuer à la confusion en étalant mes propres contradictions. Je ne le regrette pas car il faut passer par la confusion pour parvenir à la clarté. En disant cela, j’ai une pensée souriante pour ce cher Osho qui disait :</font></div><div style="text-align: justify;"><font face="georgia"><br /></font></div><div style="text-align: center;"><font face="georgia">« Ma méthode, c’est la confusion ».</font></div><div style="text-align: justify;"><font face="georgia"><br /></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="georgia">Et puis, comme pour réconcilier tout le monde, il y a ces mots lumineux d’Etty Hillesum faisant face, en 1942, à la réalité de l’extermination des siens par les nazis :</font></div><div style="text-align: justify;"><font face="georgia"><br /></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="georgia">« C'est toujours comme une petite vague qui remonte en moi et me réchauffe, même dans les moments les plus difficiles : "comme la vie est belle, pourtant !" C'est un sentiment inexplicable. Il ne trouve aucun appui dans la réalité que nous vivons. Mais n'existe-t-il pas d'autre réalité que celle qui s'offre à nous dans le journal et dans les conversations irréfléchies et exaltées des gens affolés ? Il y a aussi la réalité de ce petit cyclamen rose indien et celle du vaste horizon que l'on finit toujours par découvrir au-delà des tumultes et du chaos de l'époque. »</font></div><div style="text-align: justify;"><font face="georgia"><br /></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="georgia">Pour respirer la beauté de ce petit cyclamen rose indien qui nous montre la Voie, le silence s’impose pour quelques temps.</font></div><div style="text-align: justify;"><font face="georgia"><br /></font></div><div style="text-align: center;"><font face="georgia">* * *</font></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia; text-align: center;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><font face="georgia">Quand je disais que j’ai beaucoup parlé ces derniers temps, c’est aussi que, depuis le début du confinement en France, j’ai donné une série de conférences sur le travail avec les rêves et sur l’ombre psychologique. En voici les enregistrements en accès libre, que vous pourrez écouter en podcast :</font></div><div style="text-align: justify;"><font face="georgia"><br /></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="georgia">Conférence du 15 avril 2020 : <a href="http://creezviedereve.com/docs/intro_interpretation_reves_15042020.mp3" target="_blank">introduction à l'interprétation des rêves</a>.</font></div><div style="text-align: justify;"><font face="georgia"><br /></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="georgia">Conférence du 24 avril 2020 : <a href="http://creezviedereve.com/docs/suite_intro_reves_29042020.mp3" target="_blank">suite à l'introduction à l'interprétation des rêves</a>.</font></div><div style="text-align: justify;"><font face="georgia"><br /></font></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Conférence du 8 mai 2020 : <a href="http://creezviedereve.com/docs/au-dela_interpretation_08052020.mp3" target="_blank">au-delà de l'interprétation des rêves</a>.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Conférence du 6 juin 2020 : <a href="http://creezviedereve.com/docs/ombre_06062020.mp3" target="_blank">l'ombre dans les rêves et dans la vie</a>.</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">Vous pouvez enregistrer localement ces conférences pour les écouter à loisir, sans connection à Internet, en cliquant sur le lien avec le bouton droit de votre souris et en sélectionnant "enregistrer le lien sous..."</span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;"><br /></span></div><div style="text-align: justify;"><span style="font-family: georgia;">L'ensemble de ces conférences ont été données en mode contribution libre et consciente. Cela ne signifie pas "gratuité" mais c'est une invitation à sortir de l'économie marchande pour entrer dans celle du don réciproque. Pour contribuer, je vous invite à visiter ma <a href="http://voiedureve.blogspot.com/p/soutien.html" rel="nofollow" target="_blank">page de soutien</a>. Je vous remercie d'avance.</span></div><div style="text-align: justify;"><br /></div><div style="text-align: center;"><font face="georgia">* * *</font></div><div style="text-align: center;"><font face="georgia"><br /></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="georgia">En complément, je vous livre ci-dessous le récit d’une méditation que m’a transmise la rêveuse dont j’avais commenté le rêve, terrifiant, en octobre dernier dans cet article : <a href="http://voiedureve.blogspot.com/2019/10/demembrement.html" target="_blank">Démembrement</a>. Pour rappel, elle assistait dans ce rêve à la mise à mort et au démembrement par des crocodiles d’une petite fille, d’un jeune homme et d’une vieille femme. Et voici donc ce qui advient dans sa vision intérieure quelques mois après :</font></div><div style="text-align: justify;"><font face="georgia"><br /></font></div><div style="text-align: justify;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjqHsKA5UdiJ5Lbbgl7ipzfGyVQZx7t5OPrrpPjptORbZU7vqL0zJH7F1hRyJF4QmsQKee9ZMlQ9Oi-4GqJH2rdmEbHVjSP4UlhuPaSsirCPQ_T592PYWE1HqqomQjaFglS2enAy-6uqxY/s720/lotus.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="480" data-original-width="720" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjqHsKA5UdiJ5Lbbgl7ipzfGyVQZx7t5OPrrpPjptORbZU7vqL0zJH7F1hRyJF4QmsQKee9ZMlQ9Oi-4GqJH2rdmEbHVjSP4UlhuPaSsirCPQ_T592PYWE1HqqomQjaFglS2enAy-6uqxY/w400-h266/lotus.jpg" width="400" /></a></div></div><div style="text-align: justify;"><font face="georgia"><br /></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="georgia"> « Tout est silencieux, ni cris, ni pleurs...... les morceaux de corps du jeune homme, de la vieille femme et de la petite fille sont éparpillés et flottent à la surface de l'eau. Je suis entrée dans l'eau et regarde à travers elle. Elle est toujours très noire, sombre et je peux toujours voir à travers. Mes yeux ont une vision particulière, des faisceaux qui pénètrent cette eau. À l'endroit où l'enfant se tenait dans l'eau, je vois une petite flamme, comme un feu follet (pas de matériaux qui brûle), juste une flamme. Je m'approche, descends sous l'eau. La flamme s'enfance plus loin sous l'eau. Un étroit chemin, comme un sillon se forme. Il devient cordon de feu/lumière qui descend en pente douce encore plus profond sous l'eau, dans le noir total. Il me montre par où passer. Ce que je fais. Le cordon s'éteint derrière moi à chacun de mes pas, au fur et à mesure que je continue à descendre. Arrivée au bout de ce sillon/cordon lumineux, je me retrouve devant un immense brasier, comme une grotte sous-marine pleine de feu. Très proche, je pourrais le toucher, aucune sensation de chaleur, de brûlure.</font></div><div style="text-align: justify;"><font face="georgia"><br /></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="georgia">Une partie de moi veux traverser ce brasier, pour voir si il me brûlerait, voir si je peux aller plus loin. Une autre partie, celle que j'écoute rarement, me demande d'être sage, de cesser de toujours pousser plus loin cette mise en danger et me conseille de remonter me reposer et aller demander d'être accompagnée et soutenue par mes guides, mes ami.e.s........</font></div><div style="text-align: justify;"><font face="georgia"><br /></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="georgia">Pour une fois j'entends cette voix comme bienveillante et non jugeante ("tu n'es pas capable toute seule"..... qui souvent faisait que je bravais l'interdit, la limite ou le conseil). Je remonte vers la surface du lac, l'eau jusqu'à la taille, je vois autour de moi que les morceaux de corps éparpillés sont devenus des nénuphars et des lotus en pleine floraison. Je sors totalement de l'eau et vais m'asseoir sur la rive, heureuse, confiante et en paix. Je vais traverser le feu. »</font></div><div style="text-align: justify;"><font face="georgia"><br /></font></div><div style="text-align: justify;"><font face="georgia">La rêveuse a ajouté dans sa lettre qu’au moment de me l’écrire lui venaient des images de flammes descendant du ciel, évoquant la Pentecôte. Il n’y a rien à ajouter sinon que l’on voit ici le résultat du travail intérieur avec le rêve. Peut-être y a-t-il là quelque chose à méditer pour toutes celles et tous ceux qui traversent des moments difficiles ces jours-ci. Souhaitons que, pour toutes et tous, fleurissent les lotus du cœur.</font></div><div style="text-align: justify;"><font face="georgia"><br /></font></div><div style="text-align: center;"><font face="georgia">Namaste.</font></div><div style="text-align: center;"><font face="georgia"><br /></font></div><div style="text-align: center;"><div class="separator" style="clear: both; text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhqpijhwosMPdfKjSnWdaAOZ8YgnGl2v8uZn1LIFYY5SUU85_iKi9faBQMHtTJomhewSiDZxDX-OOGZtI06DBrRB6wD8iex_OB7pgBnEYiLKCcdsZOLDrj9XqWTvipX_lB-iAeZ8q7chbs/s740/namaste-child.jpg" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="300" data-original-width="740" height="163" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhqpijhwosMPdfKjSnWdaAOZ8YgnGl2v8uZn1LIFYY5SUU85_iKi9faBQMHtTJomhewSiDZxDX-OOGZtI06DBrRB6wD8iex_OB7pgBnEYiLKCcdsZOLDrj9XqWTvipX_lB-iAeZ8q7chbs/w400-h163/namaste-child.jpg" width="400" /></a></div><font face="georgia"><br /></font></div><div><br /></div>Jean Gagliardihttp://www.blogger.com/profile/08229714193935289206noreply@blogger.com14tag:blogger.com,1999:blog-1648819312264509748.post-38899008817632036302020-04-10T17:27:00.002-04:002020-04-11T04:13:48.783-04:00Rêver le futur<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEieXc5So6tyHdPIATNC3VLPdTZsCt6ylWcgYiBraiRlRw_Rpt8JpYD_V4wTwev0rVhoI7roauVAOjF0MSurOp-vb-oFFkZqeRREy8g4S-Vpn0V3253zJ_04A0xSK8RDWJDfyAlnELD9FF8/s1600/h-3000-chagall_marc_moise-et-les-fils-disrael-so-went-moses-and-aaron-and-gathered-all-the_1966_edition-originale_tirage-de-tete_4_57210.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1068" data-original-width="1600" height="266" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEieXc5So6tyHdPIATNC3VLPdTZsCt6ylWcgYiBraiRlRw_Rpt8JpYD_V4wTwev0rVhoI7roauVAOjF0MSurOp-vb-oFFkZqeRREy8g4S-Vpn0V3253zJ_04A0xSK8RDWJDfyAlnELD9FF8/s400/h-3000-chagall_marc_moise-et-les-fils-disrael-so-went-moses-and-aaron-and-gathered-all-the_1966_edition-originale_tirage-de-tete_4_57210.jpg" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Moïse - Marc Chagall</td></tr>
</tbody></table>
<br />
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Peu après le début du confinement, une initiative à été lancée
dans le groupe Facebook « <a href="https://www.facebook.com/groups/388492455406198" target="_blank">A l’écoute des rêves</a> »,
invitant à rêver le futur. La proposition était, sous la forme
d’un jeu s’étalant sur une semaine, de « nous mettre à
l’écoute d’autre chose que la peur » et de « nous
brancher une fois par jour sur "la source la plus haute
disponible pour chacun" avec cette demande : recevoir des
impressions (images, sensations, sons, idées) du futur. » Il
pouvait « s’agir de rêves nocturnes, de rêves éveillés,
de sessions d’imagination active, de méditation, la seule consigne
étant de partir à la pêche avec l’intention de rapporter des
poissons frais à partager avec ce groupe. »</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
Nous avons eu ainsi une escadrille d’un bon nombre de rêveuses qui
sont parties en formation explorer ce que l’inconscient collectif
voudrait bien nous dire de l’avenir qui se dessine. Nous avons reçu
ainsi une profusion de rêves remarquables qui sont disponibles aux
regards dans le groupe. Je n’ai pas moi-même participé
directement car je suis tout à fait nul quand il s’agit de diriger
mes rêves. A ce genre de questions, que j’ai souvent posées, la
source des rêves me répond gentiment que demain, il me faudra payer
mon loyer. Ma fonction à l‘égard de ces rêves est autre :
je m’en fais volontiers l’herméneute, c’est-à-dire que ce qui
m’intéresse au premier chef est de les interpréter, et d’en
rendre ainsi le message accessible. Je m’occupe pour ma part de
faire cuire le poisson...</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
J’ai relevé, parmi tout ce beau matériel, une série de huit rêves qui a
particulièrement attiré mon attention et que je vous présente ici
avec la permission de la rêveuse. Il y a dans ces rêves des
éléments archétypaux remarquables qui proposent une direction que
l’on peut qualifier d’alchimique car on verra que le dernier mot
revient d’une certaine façon à la production de l’or spirituel.
Nous y retrouvons le thème ancestral de l’exode, c’est-à-dire
de la sortie de l’esclavage et de la marche d’un peuple aimé de
Dieu vers une terre promise. Nous pouvons y trouver des indications
précieuses quant à la façon de diriger nos pas dans cette période
troublée.
</span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
Cette initiative s’inscrit dans l’invitation plus large que j’ai
lancée au travers d’un article (<a href="https://voiedureve.blogspot.com/2019/02/un-reve-pour-la-terre-de-demain.html" target="_blank">un rêve pour la terre de demain</a>) à cultiver des rêves pour la terre de demain, ce
que nous faisons parfois en loges de rêves et qui pourrait prendre
bientôt la forme de cercles spécifiques. Il s’agit, comme l’a
souligné la rêveuse qui a lancé l’initiative dans le groupe
d’aller « chercher des infos et de planter, avec nos rêves,
des graines pour le futur ». Cette démarche a deux aspects :</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
Le premier de ces aspects consiste, comme nous y invite Pablo
Servigne dans « une autre fin du monde est possible », à
investir le terrain de l’imaginaire avec des images positives du
futur. Il s’agit de prendre soin de la dimension spirituelle de la
transition que nous vivons. A ce point-ci, nous n’avons la plupart
du temps que des images négatives de l’avenir, comme si un voile
noir couvrait nos yeux. Il y a un risque certain que ce voile noir
couvre aussi nos cœurs et qu’ils s’atrophient dans l’anxiété
et pire encore, la haine à la recherche de coupables. Il ne faut pas
être grand clerc pour savoir que le plus important dans une période
de transformation pendant laquelle l’Ombre s’étend est de garder
une lumière allumée en dedans car il n’y a que la foi, au sens de
la confiance, qui puisse éclairer nos pas. Or nous pouvons être
certain.e.s que la crise systémique que nous vivons prendra fin un jour, fut-ce dans longtemps, et que la vie continuera d’une façon ou d’une
autre. Sans que je l’ai demandé, j’ai reçu un jour un rêve
remarquable (<a href="https://voiedureve.blogspot.com/2015/05/la-jeunesse-du-monde.html" target="_blank">la jeunesse du monde</a>) qui m’a
pour ma part profondément rassuré : le monde est jeune, et
l’horizon est ouvert…</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjrPMNAd-kNChRuNEiamMQLhdL0TcpuRnxM_-f4Im3_XlpHQ5mBTDNndk6gHY8rsqFgi5fXCbRdTxGAsbLeJwmND8gtKIXyzWkQg8P71n1ph9wEx_X3-0iscJJ2C_OZt1kilrZ5wxUEF-o/s1600/tutto+andra+bene.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="253" data-original-width="450" height="223" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjrPMNAd-kNChRuNEiamMQLhdL0TcpuRnxM_-f4Im3_XlpHQ5mBTDNndk6gHY8rsqFgi5fXCbRdTxGAsbLeJwmND8gtKIXyzWkQg8P71n1ph9wEx_X3-0iscJJ2C_OZt1kilrZ5wxUEF-o/s400/tutto+andra+bene.jpg" width="400" /></a></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
Il ne s’agit pas ainsi simplement de nous rassurer en cultivant une
vision positive de l’avenir agrémentée d’images venant du pays
des Bisounours, ou de pratiquer une forme d’auto-suggestion
anesthésiante devant les gouffres grand ouverts devant nous. Dans la
merveilleuse impossibilité de savoir à quoi nous en tenir qui
caractérise le futur et qui nous offre toujours, à titre personnel
et collectif, une opportunité spirituelle, nous avons l’occasion
de contempler ce qu’il y a au fond de notre cœur : y a-t-il
là de la foi et de l’amour, ou de la peur et une envie d’attiser
la discorde, de répandre un fil de colère et de défiance ? Nous
avons chacun.e à prendre la responsabilité des rêves que nous
plantons dans le monde en sachant que, d’une façon ou d’une
autre, c’est ce que nous manifesterons dans ce monde, par notre
intention fondamentale et dans nos comportements, nos paroles et nos
pensées. Il s’agit donc d’assumer notre participation d’êtres
créateurs au Grand Rêve du monde, et de construire un avenir à
partir de cette responsabilité assumée et partagée.</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
L’autre aspect de cette démarche, c’est que nous rejoignons par
là les peuples du rêves, par exemple les aborigènes australiens ou
les Haudenosaunee, le « peuple des maisons longues »
mieux connus sous le nom d’Iroquois, qui peuplaient mon cher
Québec. Ces derniers n’entreprenaient pas une expédition de
chasse ou de guerre sans interroger leurs rêveurs, en fait souvent
des rêveuses d’ailleurs. Robert Moss raconte dans « les
Iroquois et le rêve chamanique » comment il a eu la surprise
de rencontrer dans ses rêves une rêveuse Mohawk venant de l’époque
où ces peuples commençaient tout juste à entendre parler de brutes
à la peau blanche qui se rapprochaient pour interroger le futur. De
tous temps, dans toutes les cultures sauf la notre qui se fie plutôt
aux ordinateurs – ce qui, foi d’ancien informaticien, est
vraiment une mauvaise idée car l’ordinateur reflète les limites de
l’esprit de son programmeur –, il y a eu différentes façons
d’interroger l’inconscient collectif, qui est la matrice de notre
avenir en tant qu’humanité. Nous avons connaissance de nombreuses
prophéties qui pourraient concerner notre époque. Mais il n’y a
que les prêtres et les pharisiens qui, visant à s’arroger le
monopole de la parole divine, peuvent prétendre que Dieu se serait
arrêté de parler un jour. Or s’il est fort intéressant
d’entendre ce qu’il a pu dire hier, qui était ce qu’hier nos
ancêtres avaient besoin de savoir d’un avenir qu’ils
envisageaient comme lointain, il est encore plus pertinent d’écouter
ce qu’il pourrait avoir à nous dire aujourd’hui du présent et
de demain, si proche…</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
Dans les loges de rêves où j’ai proposé d’aller chercher une
image pour la terre de demain, j’ai observé que le plus grand
bénéfice de l’exercice était de renforcer les liens dans la
communauté éphémère du cercle. Plusieurs personnes m’ont confié
ensuite que cela faisait longtemps qu’elles n’avaient pas entendu
d’images positives de l’avenir et que cela les avait relié aux
autres, à la communauté de tou.te.s celles et ceux qui sont
embarqué.e.s dans cette grande traversée, cette aventure
collective. Et c’est ce que soulignait mon grand rêve à propos du
futur, que j’ai évoqué plus haut : pour survivre au tsunami
dans lequel l’Inconscient collectif se soulève et nous emmène
ailleurs, il faut rester en lien les uns avec les autres. Dans la
série de rêves que nous allons étudier, il est souligné que nous
devons nous regrouper par familles d’affinités spirituelles qui
iront chacune leur chemin. Dès lors, nos cercles s’entrecroisant
forment une chaîne d’or qui est aussi forte que son maillon le
plus faible, mais quand, dans le registre du féminin de l'être, la
vulnérabilité et la sensibilité sont une force…, nous sommes forts ensemble.</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhhelXsKG_BEYTt-k1y95GFTXp4BCAwc4XNVbaEJg8jJmEBuLF7sPyElSufVjfuHHjhmE7F7KB8ayKufAV49lafK26j-L-QRey6WJ_VQ91yQR1UzyaTy-3PNVNn9CAHKfhWMsfrh7IWCno/s1600/namaste-child.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="300" data-original-width="740" height="161" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhhelXsKG_BEYTt-k1y95GFTXp4BCAwc4XNVbaEJg8jJmEBuLF7sPyElSufVjfuHHjhmE7F7KB8ayKufAV49lafK26j-L-QRey6WJ_VQ91yQR1UzyaTy-3PNVNn9CAHKfhWMsfrh7IWCno/s400/namaste-child.jpg" width="400" /></a></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
Il importe enfin de souligner que cette démarche ne peut avoir comme
cadre que celui d’un jeu, cadre qui invite à ne pas se prendre au
sérieux et à renouer avec la fraîcheur de l’esprit des enfants,
ouvert au nouveau, désencombré. Il faut faire très attention, dans
la profusion des messages qui parcourent ces jours-ci l’Internet, à
la tonalité de ces messages et en particulier au ton définitif avec
lequel certains nous assènent leurs certitudes. Nous avons ainsi des
médecins improvisés qui savent mieux que quiconque ce qu’il
faudrait prescrire aux malades du COVID-19, des lanceurs d’alerte
auto-proclamés qui sont dans les secrets des dieux qui nous
concoctent un avenir terrifiant, et tellement de canaux ouverts avec
les anges ou autres qu’on s’y perd. Avec la canalisation, il
est bon de se rappeler ce qu’en dit Tom Kenyon, psychologue transpersonnel spécialisé dans ce sujet : c’est comme la pêche dans des
trous d’eau. Il arrive qu’on ramène du poisson mais on y trouve
plus souvent de vieilles chaussures et des boites de conserve. Il y a
ainsi bien généralement quelqu’un au bout du fil mais il est
difficile de savoir qui parle vraiment. Le seul indice encore une
fois pour savoir quelle est la véritable source de ces messages est
d’observer ce qu’ils suscitent : alimentent-ils la
confiance, l’amour, la paix et la gentillesse, ou au contraire la
peur, la défiance, la vindicte ? Il convient donc plus que
jamais de se méfier des égos qui s’égosillent par temps de crise
pour attirer l’attention. On les reconnaît facilement au fait
qu’ils demandent à être pris au sérieux, ce qui montre bien
qu’ils se prennent eux-même terriblement au sérieux, et qu’ils
énoncent des certitudes. Pour ma part, je préfère avec Jung à
toutes les certitudes « l’eau précieuse du doute ». Je crois intimement que, si nous voulons être capables d’entendre
la petite voix discrète qui murmure dans le vent et au creux de nos
rêves, il nous faut « redevenir comme de petits enfants »,
qui jouent et se laissent traverser par les images, le souffle de ce
qui veut prendre voix.</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
Tout ceci étant dit pour bien poser le cadre dans lequel je propose
d’écouter ces rêves, voici donc cette série remarquable que je
vous présente avec quelques commentaires qui sont le fruit de ma
méditation avec ces rêves. Bien sûr, les interprétations ici
proposées n’engagent que moi et ne prétendent à aucune certitude
définitives. Les résonances et amplifications que je propose ici
n’ont d’autre but que de vous permettre d’envisager l’ampleur
inimaginable de ce qu’évoquent ces rêves, vous inviter à vous y
ouvrir et à la laisser vous toucher. Ce sont ces images vivantes, et
non mes mots, qu’il faut écouter, laisser résonner en vous-même
pour qu’elles alimentent vos propres rêves d’avenir. J’en
offre une interprétation dont vous ferez bien ce que vous voulez,
mais c’est à chacun.e, une fois le poisson servi dans les
assiettes, d’en tirer les conclusions qu’il ou elle voudra.
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjAE_ty446nRO0_C9OxM_ETvnc0FCc62RbYjB2olgOEinoCyT77EmbhWXJjOp9twtb85h5WM2qOPWO4BTisPbFXDFLCo7c-CM_-xrnLhaYgx1pN2iBJqhOhAx7OJcoqwBPpSJlhXVEfJzI/s1600/h-3000-chagall_marc_moise-et-le-buisson-ardent-then-the-angel-of-the-lorde-appeared-unto-him-in_1966_edition-originale_tirage-de-tete_1_57207.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="1500" data-original-width="1000" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjAE_ty446nRO0_C9OxM_ETvnc0FCc62RbYjB2olgOEinoCyT77EmbhWXJjOp9twtb85h5WM2qOPWO4BTisPbFXDFLCo7c-CM_-xrnLhaYgx1pN2iBJqhOhAx7OJcoqwBPpSJlhXVEfJzI/s400/h-3000-chagall_marc_moise-et-le-buisson-ardent-then-the-angel-of-the-lorde-appeared-unto-him-in_1966_edition-originale_tirage-de-tete_1_57207.jpg" width="266" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Buisson ardent (détail) - Marc Chagall</td></tr>
</tbody></table>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
</div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<i style="font-family: georgia, "times new roman", serif;">1. 19 mars</i></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Je suis sur la terrasse de la datcha. Devant moi, dans le jardin,
se dressent une dizaine d'archanges / soldats. Ils ont de grandes
ailes repliées et portent des boucliers et des sabres. Ils disent
qu'ils viennent de l'aïon (ou eïon).</span></i></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Derrière eux, il y a un paysage assez semblable à un fond de
tableau de la Renaissance italienne traité en sfumato. Dans le ciel,
un nuage mauve de forme ovoïde me fait penser à un vaisseau spatial
mais complètement lisse, comme si ces êtres étaient descendus d'un
ailleurs (et sans doute, si j'écoute aïon, de l'éternité ou d'un
éternel présent).</span></i></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
C’est le premier rêve proposé après que l’initiative « rêver
le futur » ait été lancée. La réponse de l’Inconscient
est claire et limpide. L’armée des Anges est mobilisée et ils
nous disent : « nous sommes là, parmi vous, avec vous ».
C’est une guerre sainte qui s’engage, sans qu’il n’y ait
d’ennemi désigné. Cela résonne avec le vocabulaire guerrier
qu’on entend dans les médias, qui déclare la guerre au virus,
veut aller toujours plus loin dans la guerre à la nature. Mais on
peut penser là à l’inverse au djihad que chaque soufi doit
engager contre son <i>nafs</i>, son égo, et élargir cette image à
l’humanité entière : soit nous triomphons de notre avidité,
soit nous périrons.
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
Rappelons que les Anges sont les messagers (du grec ancien ἄγγελος,
<i>ángelos </i>: messager), et les Archanges sont leurs
supérieurs, les Archéo-Angelos; ils sont </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">l’incarnation des Archétypes,</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> une expression directe de l’Arché, le Principe. Et voilà qu’ils nous disent
venir de l’Aïon, c’est-à-dire de l’éternité. Mais « Aïon »,
titre d’un livre remarquable de Jung sur l’expression du Soi
pendant l’Ère des Poissons, est un mot grec (Αἰών) qui peut
se comprendre aussi comme l’Âge, ou encore la destinée. On peut
penser donc que nos archanges sont des messagers du futur, de l’Ere
du Verseau qui prend voix, et de la destinée collective qui prend forme
sous nos yeux.</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
La bonne nouvelle qu’ils nous amènent est : nous ne sommes
pas seul.e.s.
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
La toile de fond de cette apparition est la Renaissance, traitée en
sfumato, c’est-à-dire apparaissant avec des contours incertains.
Il est donc question d’une nouvelle Renaissance, que nous ne
pouvons encore envisager clairement. Dans le ciel, la patrie
d’origine des archanges, on peut voir leur véhicule spirituel, un
nuage mauve (couleur de la spiritualité) ovoïde (évoquant un œuf).
Le Soi se manifeste souvent dans les rêves contemporains sous la
forme d’extraterrestres, de vaisseaux spatiaux, etc. Jung a
documenté ce fait dans « un mythe moderne : signe du
ciel ». Mais je suis frappé pour ma part par les derniers mots
du rêve : ces êtres sont « descendus d’un ailleurs ».
On peut y entendre, et cela aura beaucoup de sens dans la suite de la
série, qu’ailleurs s’est fait tout proche dans notre temps
troublé, tout comme demain... et l’Invisible, présent à nos
côtés.</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjwaiH6471BFHgtY6M-r825swd-6SiNRAJ26dEIFMwkdNLgAQjAE7ex6-kmWHA9uweyCxsye-Ijq8AfRsvFdlCOaR_XxTqhZ7OsMrY9U4kVrKZQhhWznICHxDj0UoHQp1TLKqA7iYKg1N0/s1600/Mo%25C3%25AFse+recevant+tables+de+la+Loi+%2528Chagall%2529.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="861" data-original-width="840" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEjwaiH6471BFHgtY6M-r825swd-6SiNRAJ26dEIFMwkdNLgAQjAE7ex6-kmWHA9uweyCxsye-Ijq8AfRsvFdlCOaR_XxTqhZ7OsMrY9U4kVrKZQhhWznICHxDj0UoHQp1TLKqA7iYKg1N0/s400/Mo%25C3%25AFse+recevant+tables+de+la+Loi+%2528Chagall%2529.jpg" width="390" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Moïse recevant les Tables de la Loi - Marc Chagall</td></tr>
</tbody></table>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">2. 20 mars</span></i></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">La scène se passe dans la salle à manger de la maison de
campagne dans laquelle je vivais avec ma famille dans les année '70.
Autour de la table, sur les bancs de bois, sont assis les agents
immobiliers du quartier Faidherbe à Paris (mon quartier). Je suis
debout sur le côté et je les regarde. Un personnage vient face à
eux et leur dit qu'il va falloir partir sur les traces des Anciens. A
ce moment j'ai la vision d'une empreinte de pied nu géant imprimé
dans l'argile et datant peut-être du néolithique. Je m'interroge
sur ce personnage et je le regarde. C'est Moïse, tel qu'il a été
représenté par Marc Chagall, avec ses cornes sur la tête et sa
tunique jaune. Il est très grand. Il dit : " levez-vous et
venez". Les agents immobiliers se lèvent et le suivent, même
ceux qui ont un peu de mal à marcher ou qui ont mal au dos. Et puis
je vois comme un insert/image : EXODE écrit sur le sable. Ensuite
Moïse sur la plage face à la Mer Rouge qui s'ouvre pour nous
laisser passer.</span></i></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
La scène nous renvoie aux années ‘70. C’est un détail d’autant
moins anodin que nous le retrouverons dans le dernier rêve de la
série. On peut penser que le rêve nous ramène ainsi, pour donner
un contexte à ce que nous vivons, à cette époque où il était
encore permis de rêver collectivement à un autre monde, avec en
particulier le Flower Power des hippies, et où ont été planté les
rêves de la nouvelle Renaissance que nous nous apprêtons à vivre.
Les agents immobiliers ont pour fonction d’aider à trouver une
nouvelle demeure, une nouvelle maison, ce qui symbolise aussi une
nouvelle structure psychique, une nouvelle façon de voir. Je les
entends aussi comme les « agents immobilisés » que
mettront en mouvement l’injonction « levez-vous et venez »,
qui n’est pas sans rappeler le « lève-toi et marche »
du Christ à la suite duquel le paralytique a pris son grabat et
s’est ébranlé. Ces agents sont liés au quartier Faidherbe, où
l’on peut entendre qu’ils sont « faits d’herbe » : ils nous représentent bien, nous mortels guère
plus importants que l’herbe que cependant nous foulons aux pieds,
nous méprisons sans la voir.</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
Et voilà donc que se présente un personnage extraordinaire qui
évoque le Moïse peint par Marc Chagall, dont plusieurs tableaux illustrent cet article. Je ne commenterai que les détails
évoqués par le rêve : le jaune de sa tunique évoque la
créativité et la phase <i>citrinitas</i><span style="font-style: normal;">
de l’œuvre alchimique, c’est-à-dire la production de l’or, du
soleil vivant. Quant aux cornes du personnage, on peut y voir des
antennes, le symbole de la connexion avec le Ciel. Moïse est le
guide archétypique du peuple qui a la certitude d’être aimé de
Dieu, de ceux qui ont foi, qu’il tire de l’esclavage pour les
emmener à la Terre Promise. Dès le second rêve de la série, la
direction est donnée : il s’agit d’aller maintenant vers
une Nouvelle Terre. </span><span style="font-style: normal;">Et tous
se mettent en route, même ceux qui ont du mal à marcher :
c’est ensemble que nous marcherons vers demain, sans laisser
personne derrière nous...</span></span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-style: normal;">L’injonction est claire : il
va </span><span style="font-style: normal;">donc </span><span style="font-style: normal;">falloir
partir sur les traces des Anciens, </span><span style="font-style: normal;">mettre
nos pas dans les empreintes des géants qui nous ont précédé. Le
mythe des géants évoque une autre humanité, d’un autre soleil et
ayant frayée avec les Anges, tombés amoureux des filles des hommes
et qui lui ont enseigné les sciences secrètes, dont l’alchimie et
l’art d’écouter les rêves. Heureusement, ces traces sont encore
visibles dans l’argile, c’est-à-dire dans la terre vivante et
elles nous reconduisent aux origines de notre humanité, au
néolithique, c’est-à-dire à notre source, </span><span style="font-style: normal;">à
l’époque où se sont formés la plupart de nos mythes, et nombre
des structures symboliques que l’on peut retrouver dans les contes,
dans les rituels archaïques, chez les peuples premiers</span><span style="font-style: normal;">.
</span><span style="font-style: normal;">C’est le temps béni
d’avant la modernité, c’est-à-dire notre séparation d’avec
la nature : nous étions tous des primitifs, avant d’être
chassés du Paradis. Nous devons retrouver le chemin de nos ancêtres.
Ils sont géants aussi en compensation de notre </span><i>hubris</i><span style="font-style: normal;">
(démesure) moderne. Celle-ci, dans notre inflation collective nous
fait croire que nous sommes grands et que nous avons tout compris.
Mais nos ancêtres, et ceux des « gardiens de la terre »
qui demeurent encore parmi nous, nous renvoient à notre petitesse
spirituelle par la simple évocation de leur présence, ambassadrice
de la vastitude de la Nature que nous avons cru pouvoir dominer, un
autre nom du Divin. Nous sommes invités à un exercice d’humilité.</span></span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
Et voilà donc que nous – car finalement la rêveuse a donc rejoint
la cohorte des agents en mouvement – nous retrouvons devant la Mer
Rouge ouverte. C’est le temps de l’Exode, c’est-à-dire qu’il
faut quitter l’ancienne terre et s’engager dans le passage
ouvert, prodigieux. Pharaon arrive à la tête de ses armées, bien
décidé à rattraper ses esclaves et à les soumettre. C’est
l’heure du choix : l’Inconscient collectif s’ouvre et
dessine un chemin improbable sinon impossible. La question se pose à
chacun.e de nous : t’engageras-tu dans l’aventure de la
quête d’une nouvelle terre ou resteras-tu prisonnier.e de la peur
et de l’ancien monde en train de s’effondrer ?</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuaR7f065mTPEwvHqbPm-uc8ACLWhlsyUqTC433rzLi2P2xe9kx_XSdaASaCJSu-3Ta0uw5dqBj635hJGGovdv_SYLlxfGBvK9lJetqa-3-BisqZb68quDZeiQQrY9k8e6TM8Hu7nqAyM/s1600/taureau.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="392" data-original-width="580" height="270" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEiuaR7f065mTPEwvHqbPm-uc8ACLWhlsyUqTC433rzLi2P2xe9kx_XSdaASaCJSu-3Ta0uw5dqBj635hJGGovdv_SYLlxfGBvK9lJetqa-3-BisqZb68quDZeiQQrY9k8e6TM8Hu7nqAyM/s400/taureau.jpg" width="400" /></a></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">3. 21 mars</span></i></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Me levant au milieu de la nuit sans allumer de lampe, j'aperçois
dans un demi-sommeil, sur la colline de Rennes-le-Château, un
taureau blanc gigantesque et une voix me murmure: « Il va
falloir sacrifier ce taureau à Poséïdon ! »</span></i></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
L’Inconscient n’est pas hébraïque ou de quelque obédience
culturelle, ethnique ou religieuse que ce soit. Après nous avoir
parlé de Moïse, de l’Exode et de la Terre Promise que nous
trouverons en traversant le désert au-delà de la Mer Rouge, il nous
ramène à un mystère contemporain et à un ancien mythe grec.
Rennes-le-Château évoque la présence de Marie-Madeleine, l’apôtre
des apôtres, dans l’arrière-plan de notre Renaissance
spirituelle. Je ne m’étendrai pas ici sur l’importance de cette
figure féminine, la compagne de l’Enseigneur qui vient renouveler
notre mythe chrétien en soulignant que Ieshua était un être sexué,
car je l’ai déjà fait dans un autre article (<a href="https://voiedureve.blogspot.com/2017/01/celle-qui-vient.html" target="_blank">Celle qui vient</a>). Disons simplement qu’elle symbolise le retour du Féminin
sacré qui a été bafoué, à commencer par l’apôtre Pierre qui
voulait que Marie sorte du cercle des intimes de Ieshua car il lui
était intolérable de penser que les femmes pourraient entendre la
Parole divine mieux que lui peut-être. Or ce sont bien souvent les
femmes, aujourd’hui, et plus largement la Féminité spirituelle
qui se manifeste aussi chez des hommes, qui est porteuse de l’avenir
que nous pouvons envisager comme une nouvelle Renaissance.
Rennes-le-Château, c’est aussi le cœur du pays cathare, qui se
souvient des bons hommes et des bonnes femmes qui ont vécu là avant
d’être massacrés par l’Église du-dit Pierre – un des
premiers génocides systématiques, perpétré par la matrice de tous
les totalitarismes subséquents. On peut y entendre une évocation
discrète de l’<i>Ecclesia Spiritualis</i>, l’Église Spirituelle
ou « Église de Jean » qui a perpétué la gnose, dans
laquelle se rejoignaient les Cathares, les alchimistes, les Enfants
du Libre Esprit, etc.</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
Sur ce haut lieu, sorte de centre sacré de la spiritualité
occidentale contemporaine et précisément, de la nouvelle
Renaissance, apparaît une fantastique image archétypique : un
gigantesque taureau blanc, qu’il faudra donc sacrifier à Poséidon,
le dieu des profondeurs marines. Le taureau est un des animaux
consacrés à la Déesse, symbole de mâle puissance au service de la
Grande Féminité symbolisée par le croissant de lune que forment
ses cornes. Notre Moïse cornu du rêve précédent a une parenté
avec ce taureau. La blancheur du taureau évoque le lait spirituel
dont nous abreuve la Grande Mère au travers de ces rêves, la pureté
essentielle ou encore la virginité d’Artémis, amie des humains sauvages. Mais surtout, avec l’évocation du grand dieu des
profondeurs, qu’il s’agit de se concilier au moment de traverser
la Mer Rouge, nous sommes renvoyés au mythe du roi Minos, un très
ancien mythe grec. Un mythe qui parle d’une certaine façon de la
naissance de notre modernité et rappelle le souvenir d’une très
ancienne faute, qu’il ne faut pas ré-éditer.</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgL21Z5ZD3dCayTUH1VNwQP08owSzMFb2TYOUXztCqC9Y4fHmQR_0IHd3K5un1fh3EBlxBbv_5BifwaTTJOpfsaRCaxWrktewGzG2V6Zn1oNt1B-GMY-atXZ2HSyqEX8w4wa2yX2ggNibA/s1600/taureau+poseidon.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="225" data-original-width="300" height="300" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgL21Z5ZD3dCayTUH1VNwQP08owSzMFb2TYOUXztCqC9Y4fHmQR_0IHd3K5un1fh3EBlxBbv_5BifwaTTJOpfsaRCaxWrktewGzG2V6Zn1oNt1B-GMY-atXZ2HSyqEX8w4wa2yX2ggNibA/s400/taureau+poseidon.jpg" width="400" /></a></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<br /></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
Minos était le roi de la Crète, dernier bastion de la civilisation
de la Grande Déesse qui résistait à l’invasion des Doriens, les
ancêtres des Grecs. Les taureaux étaient en Crète des animaux
sacrés, consacrés à la Déesse. Les jeunes nobles, garçons et
filles, mettaient en péril leurs vies en sautant par-dessus les
taureaux sacrés lors de joutes rituelles qui sont les ancêtres de
nos corridas. Minos était un roi puissant qui, pour montrer à son
peuple qu’il avait la faveur des dieux, a demandé à Poséidon de
manifester un prodige et en effet, des flots de la mer est sorti un
magnifique taureau blanc que Minos a promis de sacrifier au dieu.
Mais le roi a voulu s’accaparer le taureau et il a cru pouvoir
tromper le dieu en sacrifiant une des bêtes de son troupeau. La
vengeance de Poséidon a été terrible. Il a induit une passion
folle chez la reine Pasiphaé pour le taureau fantastique. Elle a
demandé à Dédale de fabriquer une vache en bois dans laquelle elle
s’est glissée pour être fécondée par le taureau. C’est ainsi
qu’elle a enfanté le Minotaure, monstre mi-humain, mi-taureau, qui
se nourrissait de chair humaine et qui a été enfermé dans un
labyrinthe construit par Dédale. Par la suite, Thésée tuera ce
monstre avec l’aide d’Ariane, une des filles du roi...</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
Cette histoire nous renvoie à l’attitude faussée qui est au cœur
même de notre modernité : nous nous accaparons les cadeaux de
la nature sans rendre au dieu ce qui lui revient. Cela vaut aussi
pour les rêves et les visions que nous pouvons avoir, et qui ne
doivent pas servir à alimenter notre orgueil. Car trahir les
profondeurs engendre un monstre et ne conduit qu’à la désolation.
L’ingéniosité technique qui caractérise notre modernité est
symbolisée par Dédale, qui ayant été enfermé dans le labyrinthe
à son tour s’en échappera avec des ailes de sa fabrication. Mais
son fils Icare volera trop près du soleil et y perdra la vie, comme
pourrait le faire notre civilisation techno-industrielle. Pour
honorer le dieu qui garantira le passage de la Mer Rouge, il faut
sacrifier la puissance du taureau, c’est-à-dire toute volonté de
puissance sur les événements, tout désir de forcer les choses...
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgWWwKwOtcii8T4QoOG-O9lk9ykSHExs-x03o7IM7xsR0veF2ejnm8i4btfNbk2aJ55OXb3-h6PpmTdQaOc3Q6H5RqY_-NQ-RU0eJIKPyxIGDtPzMrmTxwBNJb2_Y4bCz534oQW98-vuOA/s1600/Mo%25C3%25AFse+buisson+ardent+%2528Chagall%2529.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="176" data-original-width="287" height="245" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgWWwKwOtcii8T4QoOG-O9lk9ykSHExs-x03o7IM7xsR0veF2ejnm8i4btfNbk2aJ55OXb3-h6PpmTdQaOc3Q6H5RqY_-NQ-RU0eJIKPyxIGDtPzMrmTxwBNJb2_Y4bCz534oQW98-vuOA/s400/Mo%25C3%25AFse+buisson+ardent+%2528Chagall%2529.jpg" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Moïse et le Buisson ardent - Marc Chagall</td></tr>
</tbody></table>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<i style="font-family: georgia, "times new roman", serif;">4. 22 mars</i></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Debout sur la rive de la Mer Rouge (elle est rouge, c'est une mer
de feu) Moïse est devenu gigantesque. Un croissant de lune est fixé
entre ses deux cornes. Il/Elle car c'est devenu un être androgyne,
lève le bras droit et fait un geste de bénédiction avec deux
doigts pour tenir les rives de feu écartées. J'observe de haut les
gens par hordes qui avancent à la queue leu leu leu, vêtus de peaux
de loups. Il y a plusieurs hordes formées chaque fois d'une
quarantaine de personnes reliées spirituellement. Puis je marche
moi-même dans une horde composée de mes amis et amies conteurs et
conteuses, de mes proches et de leurs proches. Je les identifie très
bien mais ne les nommerai pas ici. Il y a des enfants et des petits
portés dans les bras. Nous sommes tous extrêmement concentrés
parce que si un seul dans nos hordes lâche sa concentration ou tombe
dans la peur, le feu nous engloutira tous. Nous savons que nous
allons devoir marcher pendant quarante jours. Arrive un moment où
nous sommes attaqués par des drones mais alors une sorte de coupole
en plexiglas vient nous protéger.</span></i></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
Nous passons du blanc du taureau au rouge de la mer de feu,
magnifique conjonction d’opposés qui témoignent de la présence
du <i>numen</i> transformateur ; ce sont des images typiquement
alchimiques, évoquant l’œuvre au blanc et l’œuvre au rouge. La
mer symbolise généralement l’Inconscient collectif. En feu, il
est en transformation radicale. Moïse est le Grand Homme, une image
de l’Anthropos – celui-là même qui était évoqué dans
l’expression qui a caractérisé Ieshua comme étant « le
Fils de l’Homme » - </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">un Homme devenu pleinement humain, en regard duquel nous sommes simplement en voie d’humanisation. C’est une image cosmique, désormais gigantesque, dans toute son ampleur</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"> </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">archétypale. Le croissant de lune entre ses
cornes établit une connexion directe entre le taureau du rêve
précédent et Moïse : il est béni par la Déesse. C’est
devenu un être androgyne, qui unit en Lui/Elle le masculin et le
féminin – on peut reconnaître là celui que les alchimistes
appelaient le </span><i style="font-family: georgia, "times new roman", serif;">filius philosophorum</i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">,
incarnation de l’</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Œ</span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">uvre.
Par le seul pouvoir spirituel de sa bénédiction, il garde le chemin
ouvert. </span><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Et
voilà donc que le nouveau peuple que guide ce Moïse archétypal
vers une Nouvelle Terre avance…</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-style: normal;">C’</span><span style="font-style: normal;">est
le Passage, </span><span style="font-style: normal;">ce qui n’est
pas peu dire en écrivant cet article le vendredi saint de la Pâques
chrétienne, qui évoque aussi la Pessa’h juive, c’est-à-dire
</span><span style="font-style: normal;">l’Exode du peuple hébreux,
la libération des esclaves par Moïse. </span><span style="font-style: normal;">Il
est frappant que nous soyons dès lors vêtus de peaux de loups,
c’est-à-dire </span><span style="font-style: normal;">que notre
persona est désormais sauvage, liée à la nature. Les loups sont
parmi les animaux les plus persévérants et fidèles à la horde.
Nous sommes d’ailleurs revenus au mode d’organisation des
chasseurs-cueilleurs, en hordes qui se regroupent par affinités
spirituelles, formant ainsi un clan. En réalité, sous couvert de
civilisation, nous ne faisons pas beaucoup mieux avec nos équipes de
foot et nos drapeaux nationaux. Au moins, dans les hordes de loups
comme </span><span style="font-style: normal;">celles</span><span style="font-style: normal;">
d’humains naturels ne laisse-t-on jamais aucun individu en arrière,
car la perte de l’un est la perte de tous. L’enjeu est clair :
si l’un.e d’entre nous cède à la peur, perd sa relation au
centre (con-centration), nous tomberons tou.te.s dans le feu. </span><span style="font-style: normal;">Le
rêve insiste sur le nombre 40, qui renvoie en particulier à
l’hexagramme 40 du Yi Jing : la Libération. Ce nombre évoque
aussi les 40 jours que Ieshua a passé dans le désert, ou encore les
40 jours que Hafiz a passé dans un cercle avant que l’Ange Gabriel
ne lui accorde la vision libératrice. </span><span style="font-style: normal;">Il
résonne aussi bien sûr avec notre quarantaine forcée pour cause de
pandémie, et la met en perspective : c’est un chemin de
libération. A condition de ne pas céder à la peur et perdre la
relation au Centre. Même quand les drones attaquent. Nous sommes
protégés…</span></span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-style: normal;">Je dis « nous » parce
qu’évidemment, je me sens partie prenante de l’aventure et je
vous y invite aussi. Mais quel est ce peuple qui s’est mis ainsi en
marche et traverse la mer de feu ? Et bien il ne fait aucun
doute pour moi que c’est ce Peuple Arc-en-Ciel dont parlent les
anciennes prophéties </span><span style="font-style: normal;">amérindiennes,
en particulier hopi mais non seulement</span><span style="font-style: normal;">.
Il rassemble des gens de toutes les couleurs de l’humanité, venant
de toutes les cultures, toutes les religions, </span><span style="font-style: normal;">conscients
de l’unité sous-jacente à la diversité, </span><span style="font-style: normal;">en
lien avec Gaïa, notre Terre-mère</span><span style="font-style: normal;">.
L’émergence de ce peuple qui </span><span style="font-style: normal;">peuplera
une « nouvelle Terre »,</span><span style="font-style: normal;">
</span><span style="font-style: normal;">c’est-à-dire établira un
rapport nouveau à la nature, pourrait être</span><span style="font-style: normal;">
le grand mythe qui sous-tend notre époque, auquel j’ai consacré
un article : <a href="https://voiedureve.blogspot.com/2015/06/le-peuple-arc-en-ciel.html" target="_blank">le Peuple Arc-en-Ciel</a>. </span>
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><span style="font-style: normal;"><br /></span></span></div>
<div class="separator" style="clear: both; text-align: center;">
<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhX6z_tSLvh5HT0fZxYeXaXuQI9sDk0z8G1TIi7XrnU6tv19wJFbWpt9KCeyXH8_E1gWIi2Ixa7vi7MZg-nYbmt5m8vod5vtTdiLLkAFaSkpezNHk_gNxsQfqoI6QCCPDU-vKFaT7Sqyy0/s1600/peuple-arc-en-ciel-femmes_autochtones.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="292" data-original-width="443" height="262" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhX6z_tSLvh5HT0fZxYeXaXuQI9sDk0z8G1TIi7XrnU6tv19wJFbWpt9KCeyXH8_E1gWIi2Ixa7vi7MZg-nYbmt5m8vod5vtTdiLLkAFaSkpezNHk_gNxsQfqoI6QCCPDU-vKFaT7Sqyy0/s400/peuple-arc-en-ciel-femmes_autochtones.jpg" width="400" /></a></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">5. 23 mars</span></i></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Les hordes se sont séparées par cohortes d'environ 40 personnes
après un concile autour d'un grand feu et promesse de rester en
contact par télépathie par l'intermédiaire de ceux qui entendent.</span></i></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Notre horde de conteuses et conteurs du clan du loup est arrivée
dans un verger. Des arbres nains chargés de petits fruits abondants,
violets, entre la prune et la myrtille. Nous en mangeons. Continuant
à avancer nous constatons que les arbres sont à présent secs, sans
feuilles ni fruits et nous sommes envahis par des milliers de petits
papillons ravageurs, comme s'il en neigeait.</span></i></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Nous avons soif et pas d'eau. Nous demandons à celui parmi nous
qui voit par le nez de chercher l'eau. C'est un aveugle, un vieil
homme vénérable. Il marche à l'avant entouré par deux gaillards.
Il nous guide vers des rochers. Nous sommes pieds nus. Il désigne un
endroit sur un rocher. Un des gaillards donne un coup de poing à cet
endroit et l'eau jaillit en un flot qui se déverse. Une source. Une
jeune femme s'approche, mouille le visage de son bébé et le fait
boire.</span></i></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
Les choses ne seront pas simples pour autant, nous dit le rêve.
Chaque cohorte va devoir trouver son propre chemin. Nous resterons en
contact par l’Invisible. Nous trouverons à manger, des ressources,
mais nous traverserons des temps de disette avec les catastrophes
qui stérilisent la nature. Les papillons ravageurs m’évoquent
l’exemple de la pyrale du buis qui a détruit des
forêts entière de buis ; un désastre écologique allant avec
la mondialisation puisque la pyrale vient de Chine et n’a aucun
prédateur chez nous. Comme certain virus, il faut attendre que la
pyrale ait accompli son cycle, mais le buis est difficile à
confiner. Les dernières images du rêve sont remarquables de
précision : pour trouver les ressources dont nous aurons
besoin, il faudra se retourner vers l’instinct de ceux qui voient
« par le nez », qui « sentent » les choses.
Un aveugle est une personne dont la vision est désormais toute
intérieure, et son âge vénérable renvoie à la sagesse des
ancêtres. Le Vieil Homme guide vers la source et l’eau jaillit
après que le masculin lui ait frayé un chemin. Le mâle coup de
poing évoque le « frappez, et on vous ouvrira ». Enfin,
le féminin peut prendre soin de la nouvelle vie.</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhEwR3Q3UFD_rGQDWpFHpetJr0cHWHZC_ffpg4JYgJqiGvTZNZEe-sYdXJW65gk7D3ngefRWSeISIyUN7UZm0wUJqMOAiTat7rOamHqNWg5IfoXokx1iqTPD_1RsoBs91okGJ2EWR2VZ0k/s1600/rouleau+magique2.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="480" data-original-width="345" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEhEwR3Q3UFD_rGQDWpFHpetJr0cHWHZC_ffpg4JYgJqiGvTZNZEe-sYdXJW65gk7D3ngefRWSeISIyUN7UZm0wUJqMOAiTat7rOamHqNWg5IfoXokx1iqTPD_1RsoBs91okGJ2EWR2VZ0k/s400/rouleau+magique2.jpg" width="287" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">Rouleau magique éthiopien</td></tr>
</tbody></table>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">6. 24 mars</span></i></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Nous portons des masques sur le haut du visage, comme des loups
mais en carton brun léger et de forme rectangulaire sans fioriture
de découpe. Ils sont attachés derrière la tête avec des rubans
noirs. J'enlève le mien. A l'intérieur il y a un texte dense, écrit
à la main, en petit, un texte de protection poétique. Je devine que
chacun/chacune porte un texte personnel différent. (en écrivant
ceci je ne peux m'empêcher d'évoquer les rouleaux de protection
éthiopiens qui m'ont toujours tellement fascinée).</span></i></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
A mesure que nous avançons dans la série de rêves, les images réclament
moins de commentaires. Elles parlent d’elles-mêmes. Je suis porté
à penser qu’en fait, ce rêve fournit la clé de la série dans sa
simplicité qu’évoquent ces loups sans fioriture. C’est le
viatique nous nous avons besoin pour traverser les vicissitudes de la
transition. Chacun.e de nous, à l’envers du masque social que nous
portons, et donc à l’intérieur, a son propre texte dont il ou
elle doit se faire l’herméneute, l’interprète. C’est un texte
« danse », nous dit la langue des oiseaux, en langage
poétique, c’est-à-dire tissé d’images, de <i>poésis</i>
(création), qui est aussi le langage de l’âme. Pour moi, ces
textes sont les rêves et les images intérieures qui nous offrent
protection et guidance, et ils nous renvoient à notre individuation.</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<table align="center" cellpadding="0" cellspacing="0" class="tr-caption-container" style="margin-left: auto; margin-right: auto; text-align: center;"><tbody>
<tr><td style="text-align: center;"><a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgtKt_EcOMKbbIMgnh3Jwz-TbZ7jqmD_gyHZPnBOxcRxwVHLaCF5xzJKyQ6M6fq2CXID-dZR_iMS2Ue2RKHCqnLfUPEicauaCdXZNX0VFGg0mTuwD5UCa5M2G0phVh_DhP_fIu0xwgfEBM/s1600/rouleau+magique.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: auto; margin-right: auto;"><img border="0" data-original-height="373" data-original-width="512" height="291" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgtKt_EcOMKbbIMgnh3Jwz-TbZ7jqmD_gyHZPnBOxcRxwVHLaCF5xzJKyQ6M6fq2CXID-dZR_iMS2Ue2RKHCqnLfUPEicauaCdXZNX0VFGg0mTuwD5UCa5M2G0phVh_DhP_fIu0xwgfEBM/s400/rouleau+magique.jpg" width="400" /></a></td></tr>
<tr><td class="tr-caption" style="text-align: center;">rouleau magique éthiopien</td></tr>
</tbody></table>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">7. 25 mars</span></i></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Notre horde de conteuses et conteurs loups se trouve devant une
sorte d'arche formée par de grands arbres à l'entrée d'une forêt.
La lumière est très particulière, scintillante et bleutée. De
toute évidence c'est une porte énergétique vers un monde enviable.
Nous passons. Mais au lieu d'entrer dans cette forêt, nous devons
entrer dans un entrer dans un gros tube noir côtelé, semblable à
un énorme tuyau d'aspirateur. Nous sommes devenus tout petits. Nous
courons en bande vers l'issue que nous apercevons. Elle est ronde et
bleutée, en volume, comme une terre - la Terre? Nous n'avons aucun
sentiment de peur.</span></i></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Plus tard, une rencontre avec un avatar du dieu Shiva, très
coloré comme le sont les statues dans les temples en Inde. Il agite
ses quatre bras en souriant pour nous féliciter.</span></i></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
Il y a un seuil à franchir pour aller vers un autre monde, une
Nouvelle Terre, mais au-delà de ce seuil, il y aura un tunnel noir,
comme un tuyau d’aspirateur. Ce qu’il y a de beau avec un
aspirateur, c’est qu’il n’y a rien à faire ; on se laisse
aspirer, tirer par le Souffle. Il pourrait y avoir une invitation à
se faite tout petits jusqu’à ce que nous parvenions à l’issue. Encore une fois, l’inconscient
n’a pas de préférence spirituelle : Shiva, le dieu de la
libération, nous souhaite la bienvenue en souriant avec ses quatre
bras qui dénotent la totalité des mouvements. C’est de bon augure
(rire). Il faut se souvenir cependant que Shiva est le Destructeur,
c’est-à-dire qu’il a un côté impitoyable et que l’ancien est
sans doute irrémédiablement détruit...</span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br /></span></div>
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<a href="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgyH9mKBhR-GixzYx7D0-xFi0j-_Xf1DTadWzeWBj73MwuoThnD5toolbY0aLJCu6ap3Wr6ACbXWYf5P2Dr7N0ShLcANv37IH6hyphenhyphenwbY1PWkMPJByuwFU98qlgcaBY-V4Mlbom5GHDE7qZg/s1600/shiva+2.jpg" imageanchor="1" style="margin-left: 1em; margin-right: 1em;"><img border="0" data-original-height="1000" data-original-width="833" height="400" src="https://blogger.googleusercontent.com/img/b/R29vZ2xl/AVvXsEgyH9mKBhR-GixzYx7D0-xFi0j-_Xf1DTadWzeWBj73MwuoThnD5toolbY0aLJCu6ap3Wr6ACbXWYf5P2Dr7N0ShLcANv37IH6hyphenhyphenwbY1PWkMPJByuwFU98qlgcaBY-V4Mlbom5GHDE7qZg/s400/shiva+2.jpg" width="332" /></a></div>
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<i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">8. 26 mars</span></i></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
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<i><span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">Je suis sur la route devant la maison de Rofessart (campagne dans
le Brabant wallon où je vivais dans les années '70). Devant moi le
pré de la voisine, Marie-Jeanne. J'en vois surgir trois paires de
sections d'anneaux immenses qui me semblent être des os, des côtes
de baleine. Puis cette prairie devient la mer et un bateau remonte
des profondeurs. C'est un bateau à voiles, un trois-mâts. Il y a
des gens sur le pont qui jettent vers nous, vers la terre, la route
étant comme une digue, des pièces rondes et jaunes, pour nous
secourir. C'est de l'or ou de la vitamine C.</span></i></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
<div align="justify" class="western" style="font-style: normal; line-height: 150%; margin-bottom: 0cm;">
<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
Mais alors, où allons-nous ? Où cette transhumance nous
conduira-t-elle ?</span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
L’inconscient aime bien entretenir le suspense. Nous retrouvons
dans ce rêve la connexion aux années ‘70 que j’évoquais dans
le commentaire du premier rêve. Une boucle est bouclée. Les
décennies ‘60 et ‘70 ont vu fleurir une pensée qui est d’une
certaine façon le triomphe de la liberté spirituelle que
revendiquaient les gnostiques des premiers siècles après l’an
zéro. Je vous invite à lire Pacôme Thiellement là-dessus, dans
« la victoire des sans-Roi », sous-titré « révolution
gnostique ». Les côtes de baleine évoquent la présence
ancestrale de la mer,qui était là bien avant la terre. La baleine est l’animal des profondeurs
par excellence, capable des plongées les plus abyssales et cependant
proche de nous. Des auteurs de science-fiction ont non sans raisons
imaginé que les extra-terrestres volant au secours de l’espèce
intelligente de notre planète s’occuperait des baleines et non des
humains.
</span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
</span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;">
Et voilà donc que ces os n’étaient que le signe d’une remontée
des profondeurs qui transforme le pré de Marie-Jeanne en mer dont
jaillit un bateau, un trois-mâts. L’Inconscient collectif se
symbolise souvent sous la forme de la mer, ainsi qu’on l’a vu
déjà avec la Mer Rouge, tandis que la conscience apparaît alors
comme un bateau qui flotte à sa surface. Ici, la prairie devient la mer, la terre l'Inconscient... et cela permet l’apparition
d’une forme de conscience secourable. Du bord de ce bateau, pour nous venir en aide, on
nous jette de l’or c’est-à-dire la lumière rendue matérielle,
le but symbolique de l’Œuvre
alchimique. Il est à noter que pour purifier l’or, on le passe au
feu car il est inaltérable. On retrouve la couleur jaune qui était évoquée dans la tunique de Moïse au début de la série. Cet or, c’est peut-être aussi, avec cet humour qui caractérisent volontiers les rêves, de
la vitamine C, c’est-à-dire un ingrédient essentiel pour notre
vitalité qu’on retrouve dans des fruits solaires comme l’orange,
le citron. C’est une autre forme d’or, qui excite moins les
convoitises. Et pourtant, la légende veut que quand Saint-Georges et
le dragon se sont battus jusqu’à être l'un et l'autre à l'article de la mort, le chevalier s’est affaissé sous un oranger et ce sont
quelques gouttes du jus d’une orange piquée par un oiseau qui l’ont ramené à la vie.
Dans la version que je préfère pour ma part, le chevalier a donné quelques gouttes de jus d’orange au dragon qui en avait bien besoin
lui aussi et ils ont cessé de se battre. Notre série de rêve se termine
donc sur une note qui évoque l’accomplissement de l’Œuvre,
la production de la lumière incarnée et la revitalisation, la
régénérescence et même, en ces temps pascals pendant lesquels
j’écris, la Résurrection.</span></div>
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<span style="font-family: "georgia" , "times new roman" , serif;"><br />
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La Renaissance.</span></div>
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Vendredi de Pâques 2020</span></div>
<br />Jean Gagliardihttp://www.blogger.com/profile/08229714193935289206noreply@blogger.com3