samedi 22 septembre 2018

Éthique du cercle


Je me prépare à donner une nouvelle formation en facilitation de loges de rêves[1], et cela m’amène à revenir sur ce qui constitue selon moi l’élément clé de ce travail avec les rêves. Je dois dire tout d’abord que je suis très heureux de voir qu’il se trouve ainsi régulièrement des gens venant de tous les horizons, certains n’ayant même jamais participé à une loge de rêves, pour venir s’initier à cette forme de travail. Je crois que cela correspond à un besoin assez répandu d’une nouvelle approche des rêves, moins intellectuelle et analytique que ce que l’on rencontre souvent, en particulier en Europe. Ou pour être plus positif dans mes mots, le besoin se fait sentir d’une approche centrée dans le cœur. C’est un constat que je fais souvent depuis que je suis revenu sur le vieux continent, il y a de cela presque un an : il y a beaucoup de cœur ici – un cœur battant, un cœur vivant qui ne demande qu’à s’exprimer mais qui est encore bien souvent enseveli sous le poids des théories et des rationalités mortes.

Mon souhait est bien sûr de voir se multiplier les loges de rêves, qu’il y ait de plus en plus de gens qui en donnent dans des contextes très variés, parmi lesquels des cercles de paroles, de femmes ou d’hommes, en maison de retraite ou avec des adolescents, des enfants, etc. Quand on sait guider une loge de rêves, on voit que l’on peut mettre celle-ci à toutes les sauces, par exemple en commençant par partager des rêves autour d’un petit-déjeuner. Après mûre réflexion, j’ai décidé, en accord avec l’esprit même qui préside à ce travail, de laisser les loges de rêves se développer de façon complètement organique et en particulier, de ne poser aucun copyright ni chercher à en figer de quelque façon la forme. Au contraire, j’invite toutes les personnes qui veulent expérimenter avec cette forme de travail à se l’approprier et à l’enrichir de leur propre couleur, avec leur expérience et les infinies variations qu’ils pourront y apporter. Il se trouvera peut-être des gens qui croiront qu’il suffit de faire circuler une pierre de rêves selon un certain rituel pour tenir une loge de rêves, et qui chercheront à en tirer profit, mais je fais confiance au principe même du cercle pour les ramener à l’essentiel. Et s’ils saisissent l’essentiel de ce principe du cercle, qui est un principe éthique, alors peu importe quelle forme sera donnée au travail, qui sera alors effectif.

Je dois dire que je ne me sens pas moi-même propriétaire de la forme des loges de rêves, ce qui exclut donc toute appropriation. Un de mes amis, qui cherche lui-même à développer des activités dans le travail avec les rêves, me faisait remarquer que cette attitude n’est pas vraiment adaptée à notre monde marchand. Quand on a trouvé un filon d’or, on le clôture et on s’assoit dessus pour l’exploiter et le marchander, n’est-ce pas ? Si on ne fait pas cela, c’est qu’on vit au pays des Bisounours, me laissait-il entendre. Mais justement, les loges de rêves s’inscrivent dans une logique complètement différente que celle du monde marchand. Disons que cette dernière est celle du monde carré et de la rationalité sociale, dans lesquelles les choses s’inscrivent dans des angles droits et doivent être d’équerre, tandis que l’approche pour laquelle je milite ouvertement est ronde, circulaire et vise en cela à s’inscrire dans la dimension naturellement ouverte de l’existence. J’oserais dire qu’il s’agit de l’ordre naturel, a contrario de l’ordre social, et que c’est d’abord à cette nature, qui souffre dans notre monde marchand, que nous avons besoin de reconnecter. Et j’ajouterais qu’une loge de rêves qui ne respecte pas cet ordre naturel ne fonctionnera pas.

Ce travail s’inscrit dans une tradition millénaire. Cela fait très longtemps qu’il y a, dans toutes les cultures qui sont restées enracinées dans la nature, des gens qui s’assoient en cercle pour tenir des conciles, palabrer, raconter des histoires et écouter des rêves. Nos ancêtres, sans qu’ils n’aient d’universités ni de psychologues pour analyser leurs rêves avec l’aide de grands concepts, semblent avoir souvent très bien compris ceux-ci. De nombreuses cultures, qu’il s’agisse des Sumériens ou des Égyptiens, ou encore des peuples amérindiens du Québec, en particulier les Haudenossee (Iroquois) et les Wendat (Hurons), étaient centrées sur l’écoute des rêves. J’ai ainsi relevé ces mots du professeur Eric Hornung, un égyptologue, qui remettent en perspective notre psychologie des profondeurs :

« Les Égyptiens ont été assurément les premiers à pratiquer la psychologie des profondeurs et à ressentir l'inconscient comme fondement porteur et régénérateur de l'univers. Ils savaient que le dormeur, le rêveur séjourne lui aussi dans ces profondeurs qui peuvent à tout le moins être vécues comme réalité psychique dans laquelle il devient effectivement possible de rencontrer les dieux et les défunts. »

C’est le premier point implicite mais fondateur de l’éthique des loges de rêves : nous nous inscrivons dans un long continuum qui remonte par nos ancêtres aux origines de l’humanité, sans prétendre que notre fameux progrès qui est en train de détruire la planète nous ait apporté quoi que ce soit qui nous permettrait de nous supérioriser vis-à-vis de ces ancêtres. Au contraire, nous les invitons dans le cercle. Nous leur demandons de venir soutenir notre travail et de nous enseigner. C’est pourquoi le travail est ancré dans une forme rituelle simple dans laquelle nos ancêtres aurait pu se retrouver, et qui met gentiment à mal nos prétentions intellectuelles. En effet, par la forme même du cercle et l’utilisation d’une pierre de rêve qui circule comme un bâton de paroles et seule donne le droit de s’exprimer, en son temps, à toutes les personnes présentes, nous brisons toute forme de hiérarchie tout en respectant l’unicité de chacun(e). Car finalement, ce qu’il nous faut examiner ici, c’est comment la forme du cercle s’oppose à toute structure pyramidale ou d’échelle permettant à qui que ce soit de prendre de la hauteur « au-dessus » du rêve, sur lequel il pourrait alors gloser, et des autres participants, qu’il pourrait enseigner ou à qui il pourrait expliquer le rêve.

À contrario, j’ai vu trop souvent de prétendus cercles de rêves qui était l’occasion pour un expert de faire la démonstration de sa technique d’analyse du rêve en dialoguant à sens unique avec le rêveur pour finir par assener son interprétation qui a toujours quelque chose d’un peu abstrait, tirée par des cheveux conceptuels, fut-ce en se gargarisant de grands noms comme celui du Soi. Cela peut attraper les néophytes impressionnés qui en ressortent avec l’impression qu’ils ne seraient décidément pas capables d’offrir une telle interprétation et qu’ils ont beaucoup à apprendre. Au lieu de les connecter avec leur propre capacité intuitive à entendre les rêves, ils en sont dépossédés par ces experts. Et ceux-ci ont souvent bien du mal à accepter qu’un autre point de vue soit proposé sur le rêve, ce qui démontre qu’ils ont perdu contact avec la réalité vivante de celui-ci, qu’ils l’enferment dans une théorie, quand ce n’est pas une pensée totalisante qui prétend tout expliquer, au lieu de le laisser vivre.

Les loges de rêves sont une forme particulière de cercles de rêves, qui sont eux-mêmes une forme de concile. Les Conciles, en tant que structure formelle de communication, nous viennent plus particulièrement de la tradition amérindienne. Le terme « concile » lui-même nous vient du latin « concilium », qui signifie « rassemblement, assemblée », et se retrouve dans la notion de conciliabule. Un concile repose sur quelques éléments : une communauté qui forme un cercle, avec généralement un centre symbolique, et qui utilise un objet symbolique (bâton de parole ou pierre de rêves, etc…) pour tenir une conversation autour d’un sujet ou d’une question bien définis. Le mot « conversation », étymologiquement, signifie « se tourner vers, être en relation autour de… ». Cette conversation est ritualisée : seule la personne qui a en main l’objet symbolique est habilitée à parler à un moment donné, et les autres écoutent dans une attitude de neutralité bienveillante. Le bâton de parole invite à la parole du cœur, ancrée dans le senti, l’intuition et l’expérience vécue, en parlant au « je » plutôt que de discuter des idées, de polémiquer avec ce qui a été dit précédemment. Il est ainsi suggéré d’apposer son point de vue plutôt que de l’opposer aux autres, de façon que se dégage une vision globale par l’adjonction de multiples angles de vue. Si une décision doit être prise, l’unanimité est recherchée, et il est fait en sorte, dans tous les cas, de ne laisser personne hors du cercle.

Comme le dit fort bien Claudine Papin, qui enseigne l’art du concile à l’école Ho Rites de Passage :

« Le cercle de paroles matérialise une vision non-hiérarchique du monde : dans le cercle, tous sont égaux. Le cercle nous rappelle la valeur intrinsèque de chaque être humain. Dans le cercle, l’accent n’est pas mis sur le statut ou le rôle des personnes. »

Un des ingrédients essentiels à la bonne tenue d’un concile est le silence dans lequel s’ancre la parole, d’où elle émerge, dans lequel elle est accueillie et où elle retourne. Le silence offre un support invisible à la parole, et bien sûr à l’écoute. Ce silence nous rappelle à la nécessité d’un centrage et d’un ancrage méditatif dans l’instant présent avant de prendre la parole ou d’entendre celle-ci. Plus fondamentalement encore, il ressort que le concile est un espace sacré où la parole retrouve sa force de verbe créateur. Dans la tradition amérindienne, le concile est toujours une évocation de la Roue de Médecine dont il faut avoir à l’esprit qu’outre les 4 directions du plan spatial (Est, Sud, Ouest, Nord), elle ouvre toujours les 3 directions de la verticalité (En-Bas, En-Haut, Centre). C’est une façon de convoquer l’univers entier dans le cercle, et d’inscrire celui-ci dans le Grand Cercle qui unit tous les êtres vivants. Au centre du concile, il y a toujours une représentation plus ou moins explicite du mystère autour duquel la communauté se rassemble. C’est un mystère multidimensionnel qui sera éclairé par l’apport de chacune des personnes présentes. Quand je réfère ici au « sacré », je n’entends rien de solennel et de pompeux mais vous invite à entendre la langue des oiseaux :

Dans le cercle, ça crée ! Cela crée…


Le concile fonctionne selon des lois universelles qui agissent avec ou sans notre consentement. Le cercle est l’espace où nous sommes Un, et cette unité se manifeste dans la vie du concile. Une de ces lois est celle du mouvement, qui impulse un rythme au cercle dans lequel revient régulièrement une séquence ternaire d’ouverture, de concentration sur le cœur, et de fermeture. Une autre loi est celle de la circulation, qui nous amène à tourner autour du sujet et à l’élaborer dans un circumbulatio, comme le fait naturellement la psyché. Enfin, la loi de l’équanimité prévaut, qui rappelle que « ce qui est en haut est comme ce qui est en bas » et rapproche les extrêmes en les connectant au centre. Les ingrédients de base à la bonne tenue d’un concile sont une intention claire qui se manifeste dans l’expression du sujet de la conversation ou de la question posée à la communauté, une attention soutenue et entière à tout ce qui se manifeste dans le cercle, et finalement un respect de l’intégrité de chacun(e) et de la communauté. La notion d’intégrité pointe vers ce qui est l’objet implicite même du concile, à savoir l’état d’être entier, la totalité et l’intégration de tou(te)s à celle-ci.

Cette intégrité, décisive dans la vie d’un concile, est au premier chef celle de la personne qui facilite la tenue de ce concile. Nous touchons là à un élément essentiel qui est au cœur de l’éthique du cercle, à savoir que les formes extérieures du concile importent peu si le facilitateur porte celui-ci intérieurement, c’est-à-dire qu’il est ancré lui-même dans une intention claire, une attention ouverte et entière, une intégrité sans faille, et qu’il a conscience de la nature sacrée de l’espace ainsi ouvert ainsi que des lois qui régissent le jeu de l’énergie dans un tel espace. L’enjeu fondamental de la facilitation d’une loge de rêves est donc éthique plutôt que technique – dans notre monde social et rationnel, nous avons souvent trop de technique, visant à obtenir un certain résultat, au détriment de l’éthique, de l’attitude intérieure juste.

Il s’agit de s’ancrer dans une relation juste avec le mystère du rêve et avec chacun des membres de la communauté éphémère que forme la loge de rêves. C’est selon moi une relation nécessairement faite de respect et d’ouverture, dans laquelle personne ne prétend à la vérité du rêve au travers d’une interprétation qui serait finale. Une confiance entière est faite dans la capacité du rêve à se déployer et révéler son sens au travers des résonances sensibles que lui offriront les participant(e)s à la loge. Nous considérons implicitement le rêve comme un être vivant avec qui nous entrons en relation pour qu’il porte son message, et non comme une chose morte qu’il conviendrait de disséquer symboliquement. C’est un travail qui tient de la maïeutique, c’est-à-dire de l’art d’accoucher et de faire venir au monde le sens du rêve, en pariant sur le fait qu’il y a dans le rêve quelque chose qui cherche de lui-même à devenir conscient, et qui y parviendra si nous lui laissons l’espace ouvert. Cette attitude vis-à-vis du rêve en tant qu’être vivant ayant son autonomie vaut non seulement pour les loges de rêves mais aussi pour les consultations individuelles et toute relation avec les rêves.

J’ai choisi le terme de « facilitateur » (qui est souvent une facilitatrice) pour les loges de rêves, plutôt que meneur / directeur / leader, car son rôle est précisément de faciliter le travail, d’ouvrir un espace à la dynamique propre au cercle, qu’il sert comme étant une entité vivante qui est plus que la somme de ses parties. Ainsi, les conciles en général, et tout particulièrement les loges de rêves, réclament une nouvelle forme de leadership, que l’on pourrait définir comme étant un leadership centré dans le cœur. En anglais, langue qui offre parfois des raccourcis facilitants, on parle d’un « heart-minded leadership ». Mme Connie Cokrell-Kaplan, auteure du livre « les femmes et la pratique spirituelle du rêve », avec qui j’ai discuté de ces questions éthiques, dit fort justement :

« Le cercle doit être guidé par une personne qui a un ferme engagement envers cette forme et cependant la cérémonie doit sembler "sans leader" »

Elle définit ainsi les caractéristiques de ce leadership dans ses cercles de rêves :

- Vision holistique : toutes les personnes font partie de l’ensemble, et tous les rêves composent une seule histoire.
- À l’écoute de chaque personne et d’elle-même, avec toutes les fibres de sa peau, de ses cellules, de son cœur (émotions, intuitions, images intérieures, synchronicités…).
- Donne l’exemple de la vulnérabilité, de l’ouverture, du respect et de la bienveillance.
- Sécurise en interdisant fermement tout commentaire psychologique (théorie générale), jugement, avis (correction), conseil et toute forme de prise de pouvoir sur autrui.
- Évoque la conscience de l’unité : elle ancre l’unité intérieurement.
- Conscience de sa responsabilité : elle veille tout particulièrement à la qualité de ce qu’elle exprime dans le verbal et le non-verbal car les projections des participant(e)s sur sa personne démultiplient l’impact de ses interventions…
- Invite à la responsabilité de chacune des personnes présentes.
- Remercie ouvertement et intérieurement.
- Laisse libre tout en protégeant l’espace…
- Tolérance à tous les points de vue, toutes les opinions, tout en veillant à ce qu’elles ne ferment pas le débat, n’excluent personne.
-  Souplesse : les choses suivent leur propre cours sans qu’on les dirige…
-  Aligne sa vie sur ses paroles, autant que possible et sans se juger de ne pas toujours y arriver.


Le rôle de la personne qui facilite est d’ouvrir et de fermer l’espace, de contenir le cercle avec équanimité, et d’inviter chacune des personnes présentes à entrer dans le mouvement, sans rien forcer. Traditionnellement, elle est la gardienne de la tradition et garante du respect des règles qui protègent l’intégrité de chacune des personnes présentes – elle doit avoir la capacité de s’interposer fermement en cas de tentative de prise de pouvoir d’une personne sur une autre ou dans le cercle. Cependant, paradoxalement, sa plus grande force est dans sa capacité de s’effacer devant la dynamique du cercle. C’est un leadership que l’on dira volontiers être « féminin » car il contient et facilite plutôt que dirige et ordonne ; il marche derrière plutôt que devant et s’efface pour laisser le Mystère agir et mener la danse. Car ce qui est vraiment intéressant dans une loge de rêves, c’est que si le contenant est bien défini et ouvert, alors quelque chose de mystérieux, de plus grand que la somme de toutes les personnes présentes, entre en action et commence à jouer avec les rêves, à amener à chaque personne ce dont elle a besoin. On peut appeler ce quelque chose l’Esprit du cercle, ou comme j’aime le faire avec un clin d’œil à Jung, le Mercurius alchimique, mais quelque nom qu’on lui donne, c’est dans la présence de ce Mystère que nous reconnectons à chaque fois avec la magie du cercle et la dimension sacrée qui en est la source implicite.

Une erreur dans laquelle tombent souvent les tenants du New Age est de croire qu’il faut ne pas avoir d’ego pour faciliter un tel cercle. Au contraire, il faut avoir un ego suffisamment solide et fort pour supporter de se retirer du devant de la scène sans souffrir d’insécurité ou du besoin de se mettre en avant. Cela réclame une vigilance de tous les instants au facilitateur qui doit être attentif à ses propres petits jeux de pouvoir plus encore qu’à ceux des autres. Il ne faut donc pas être dupe de son ombre, et surtout ne pas se faire accroire que l’on est quitte du démon du pouvoir[2]. Enfin, il faut avoir suffisamment de leadership pour laisser les choses se faire, quitte à ce que rien ne se fasse, plutôt que de chercher à faire quelque chose, à obtenir un résultat. Il ne faut rien prendre personnel, ni la réussite d’une loge de rêves et la satisfaction qu’en retirent les personnes qui y ont participé, ni son éventuel échec dans des dissensions, le fait que des personnes quittent ou ne reviennent pas, etc.

Le facilitateur n’est pas là pour diriger le cercle, enseigner ou soigner, amener les participants à une compréhension ou une réalisation particulière. Il n’y a pas de thérapeute ou de coach dans le cercle. Il s’agit simplement de laisser faire le Rêve qui amènera à chacun ce dont il a besoin. Il y a bien quelque chose qui éclaire et qui guérit, qui est à l’œuvre dans le cercle, mais ce n’est pas le facilitateur et il n’en détient pas l’exclusivité. Il est comme les autres témoin de ce mystère qui se déploie avec chaque rêve. Jean-Yves Leloup nomme très bien ce dont il s’agit en le replaçant dans un cadre thérapeutique (remplacez « thérapeute » par « facilitateur ») :

« Le thérapeute ne guérit pas, il prend soin et c'est le vivant qui guérit. Le thérapeute n'est là que pour mettre le patient dans les meilleures conditions possibles pour que le vivant agisse et que la guérison advienne. »

Le facilitateur est donc  dans une attitude de service. Il agit comme passeur en servant la communauté, le rêve et le Mystère qui est à l’œuvre dans le cercle. Mais plus fondamentalement encore, il importe qu’il n’ait pas donc de projet pour le cercle, pas d’objectif pour celui-ci ni d’enjeu dans sa tenue. Il doit absolument éviter d’interférer. C’est ce qui rend cette forme de leadership très difficile à exercer pour des occidentaux dressés à l’affirmation de soi comme des roquets à aboyer quand quelqu’un passe dans la rue. C’est pour le facilitateur toujours une occasion merveilleuse de travailler sur lui-même et de s’ouvrir plus avant à la présence de ce Mystère qui danse dans les rêves. Il doit à chaque fois réapprendre à danser avec le vide, le rien, le « je ne sais pas » qui est à l’œuvre et qui cependant, si la place lui est donnée, emplit tout l’espace du cercle et l’éclaire de l’intérieur de chacune des personnes présente, comme par magie – car c’est alors, et alors seulement, dans l’Ouvert, que l’âme agit.



[1] Pour une description plus précise des loges de rêves, je vous invite à lire cet article : target=_blank">Loges de rêves
[2] J’ai publié un article à propos du demon du pouvoir en 2014 : ¸Le démon du pouvoir


3 commentaires:

  1. On peut faire du business ou pas avec la spiritualité, au niveau absolu çaa n'a aucune importance.

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  2. Techniquement il n'y a rien a guérir, Dieu, l'Univers, le Soi ne peut pas faire d'erreur mais comme disait Dogen si il y a la moindre faille dans notre esprit ( un doute ) alors la pratique, la thérapie, l'analyse est nécessaire mais on prendra un chemin pour finalement un jour revenir à soi- même.

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  3. Le Soi est soi même, ça ne peut pas être quelque chose d'extérieur. Tout ce qui est extérieur est impermanent. Même si Dieu apparait dans un rêve c'est extérieur, ce n'est pas le Soi.

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