mercredi 5 mars 2025

Vivre en vivance

Dans mon travail, au-delà de l'écoute des rêves, j'accompagne souvent des projets et des élaborations créatives. Je vous partage ci-dessous un texte d'Emmanuelle Bollens qui présente son remarquable travail sur la vivance, auquel je suis heureux de donner une place dans ce blogue : 


Comment va votre vivance aujourd'hui ?

En cette période où le chaos du monde s’intensifie encore et encore, Valérie Mass Delmotte, coprésidente du GIEC, écrit que "nous entrons dans un âge d'or de l'ignorance". Et si l'ignorance prenait sa source dans l'oubli intime de ce que c'est qu'être en vie?

Pouvons-nous nous traverser ces évolutions qui secouent notre monde en nous reconnectant à notre origine? 

Si nous nous offrions la possibilité, en profondeur et vérité, de contacter ce qu'est notre existence humaine, qu'est-ce que cela changerait? 

Depuis plusieurs mois, je me suis lancée dans la création d'un modèle que je souhaite simple et accessible pour éclairer ce questionnement. Nourrie de multiples auteurs, penseurs, philosophes qui ont travaillé ce thème, j'aspire à me souvenir des lois fondatrices de notre vie humaine.

L'expérience que chacun en fait est éminemment personnelle et impermanente. Comment créer un espace d'observation de la vie vivante qui me traverse en un instant donné?

Alors ce matin, il me semble devenu impératif de partager ce qui m'anime comme une manière de contribuer, d'offrir une respiration, un espace au milieu des flots tumultueux de l'actualité tonitruante. 

Ma proposition : se mettre à l'écoute d'un message silencieux à la fois subtile et infime qui a le pouvoir de nous ramener à l'essentiel.

Il s'agit d'une invitation à découvrir sa vivance en un moment précis. 

Oser soulever le voile pour contacter la manière dont la vie s'exprime en moi.

Par vivance, je désigne ce qui me permet de me sentir exister, d’être en contact avec la manière dont je danse la vie souverainement. 

La vivance esquisse les contours de mon être à un instant donné.

Comment ce moment résonne-t-il en moi, qu’est-ce que cela permet? 

Quelle expérience je fais dans cette démarche?

Comment je laisse ma vivance parfois s’étioler ? 

Comment j’en prends soin? Comment j'y suis attentif(ve)? 

Des lois universelles nous précèdent et nous survivront. Non pas érigées par les hommes pour structurer la société et le vivre ensemble, il s'agit des principes invisibles fondateurs et incontournables de notre vie humaine ; ce que les philosophes appellent les lois ontologiques. Ces lois structurent la création du vivant.

Quand nous les oublions, nous nous perdons nous-mêmes, piétinant le respect et la protection de la vie. 

C'est un peu comme si le vase de notre existence se vidait faisant du quotidien un expérience mécanique. 

"La transgression de ces lois ne peut que conduire à des désordres de toutes sortes" nous disait Annick de Souzenelle.

Ces lois nous relient au placenta de notre terre-mère. Elles sont logées là au plus profond de nous-mêmes. Nous les connaissons depuis toujours par notre voix intérieure. Quand nous nous mettons à leur écoute, elles peuvent nous guider comme elles guident toutes vies.

Il ne s'agit pas de les apprendre mentalement, mais de les approcher avec curiosité et tendresse, de les apprivoiser pour s'en nourrir et amplifier le vivant et la clarté en soi. Laissons-nous enseigner par ce qui vit en notre sein que je propose de découvrir en parcourant ces quatre espaces intérieurs.

Si ces quelques mots suscitent votre intérêt, je vous invite à me contacter par mail : e_boelens(at)hotmail.comJe serai ravie de partager davantage sur ce travail que je façonne et d'expérimenter avec vous.

Je remercie Jean de son écoute, de son regard, de sa posture si ajustée et ouverte, de son soutien dans mon travail.





jeudi 6 février 2025

Pas de vie sans âme


Cela fait quelques temps que je n'ai pas écrit dans ce blogue. Les circonstances collectives que nous traversons me semblent appeler à une certaine retenue. J'ai choisi de m'en tenir jusque maintenant au silence ici car il me semble observer la montée d'une psychose générale, assez proche à ce que Jung a décrit dans son article "après la catastrophe" (1945). Plus que jamais, il me semble donc nécessaire de méditer les mots du vieux sage de Küsnacht qui disait :

« C'est bel et bien l'homme qui constitue pour l'homme le plus grand des dangers. La cause en est simple : il n'existe encore aucune protection efficace contre les épidémies psychiques ; or, ces épidémies-là sont infiniment plus dévastatrices que les pires catastrophes de la nature ! Le suprême danger qui menace aussi bien l'être individuel que les peuples pris dans leur ensemble, c'est le danger psychique. À son égard, la raison a fait preuve d'une impuissance totale, explicable par le fait que ses arguments agissent sur la conscience, mais sur la conscience seule, sans avoir la moindre prise sur l'inconscient. Par suite, un danger majeur pour l'homme émane de la masse, au sein de laquelle les effets de l'inconscient s'accumulent, bâillonnant alors, étouffant les instances raisonnables de la conscience. Toute organisation de masse constitue un danger latent, au même titre qu'un entassement de dynamite. Car il s'en dégage des effets que personne n'a voulus, mais que personne n'est en état de suspendre ! »

Il semble important à ce point de se souvenir que nous sommes l'animal le plus dangereux qui vive sur Terre, le seul capable de détruire les autres espèces, et même sa propre planète. J'ai recueilli des rêves qui semblent parler de la situation que nous traversons et je vous en ferai part dans un prochain article. Il est important aussi que nous gardions foi dans la vie, et que nous ayons à l'esprit qu'avec le temps, la force qui fait pousser les brins d'herbe fait s'écrouler tous les empires, abat toutes les démesures. Le plus grand enjeu de nos jours semble être de garder nos cœurs en paix, de ne pas cultiver la haine ou la polémique, de rester ouvert.e.s à l'autre, même s'iel pense différemment de nous...

Je ne puis vous partager que mon silence donc à ce point, à l'écoute de ce que murmurent le vent, la rivière, les rêves. Je ne suis pas resté sans rien faire cependant tout au long de ces mois. Outre de poursuivre mes recherches et d'écrire des pages que vous lirez peut-être un jour, j'ai eu le plaisir et le privilège d'interviewer l'analyste jungien Pierre Willequet pour qu'il nous présente son livre "pas de thérapie sans âme". Il y a peut-être là, dans cette réflexion profonde sur l'âme qui dépasse largement le cadre de la thérapie, le début de la solution à notre problème, l'antidote à l'épidémie psychique qui menace de nous emporter. 

Et si notre monde manquait tout simplement désespérément d'âme ?

Je vous invite, si ce n'est déjà fait, à écouter Pierre Willequet parler de cette dernière :


Une des références qui m'a le plus touché dans le livre de Pierre Willequet est cette citation de Rainer Maria Rilke que je vous invite à déguster :

« … le développement naturel de votre vie intérieure vous conduira lentement, avec le temps, à un autre état de connaissance. Laissez à vos jugements leur développement propre, silencieux. Ne le contrariez pas, car, comme tout progrès, il doit venir du plus profond de votre être et ne peut souffrir ni pression ni hâte. Porter jusqu’au terme, puis enfanter : tout est là. Il faut que vous laissiez chaque impression, chaque germe de sentiment, mûrir en vous, dans l’obscur, dans l’inexprimable, dans l’inconscient, ces régions fermées à l’entendement. Attendez avec humilité et patience l’heure de la naissance d’une nouvelle clarté. »


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Je signale enfin aux personnes intéressées que nous avons décidé de repousser le début de la formation en Ecoute Intérieure des Rêves qui devait démarrer en janvier à septembre prochain. Du fait du changement de localisation des stages, désormais à l'Espace Eveil près d'Albertville, il reste encore des places. Si vous êtes intéressé.e.s à en savoir plus, vous trouverez toute l'information utile ici : formation EIR 2025-2026


Je publie ici un des témoignages que nous avons reçu à propos de cette formation :

« La formation sur l’Ecoute Intérieure des Rêves a été un véritable tremplin pour mon cheminement personnel. Jean et Marie-Anne collaborent avec le rêve, le traitant comme une énergie vivante qui cherche à être écoutée par son public : le rêvant. Leur approche rend sa souveraineté à l’individu. Elle m’a fait comprendre que je portais en moi-même les clefs de mes serrures personnelles. Merci d’avoir osé briser le mur si souvent implicite entre « enseignant » et « étudiant » dans les formations. Votre engagement est total, il en est devenu très inspirant à mes yeux. Cette formation rend hommage à la subjectivité de chacun, nous appelant dans notre singularité à forer le roc de nos certitudes. Les rêves portent en eux cet écoulement, provenant de la source jaillissante de notre créativité. Votre formation nous emmène au-delà du psychologisme asséchant qu’est l’interprétation du rêve. Les images du rêve portent en elles un Mystère qui nous appelle à la relation intérieure ; Un grand merci donc pour m’avoir ramené vers moi-même. »

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Au plaisir de vous lire dans vos commentaires ! Et vous, comment vivez-vous cette période ? Avez-vous des rêves à partager à ce sujet ?