lundi 13 avril 2015

Cercle de rêves

Un cercle de rêves, c’est une réunion de personnes qui se rencontrent pour célébrer un Mystère au sens traditionnel du mot : le Mystère du rêve. En effet, la porte d’entrée dans le cercle est le non-savoir, c’est-à-dire ici l’absence de théories prédéfinies à propos du rêve. Le cercle offre un contenant hermétique au mystérieux déploiement du rêve au travers des intuitions et des questions des participant(e)s. C’est un cercle, c’est-à-dire que, même si je guide le travail, personne n’a de prééminence – au centre du cercle, nous plaçons toujours le rêve qui est travaillé.

Il n’y a pas besoin d’avoir étudié la psychologie ou d’avoir une expérience préalable avec les rêves pour tirer parti du travail qui s’opère dans un cercle de rêves : nous suivons une méthode simple et respectueuse qui permet à chaque personne de participer à partir de ce qu’elle sent, de ce qu’elle est. Chaque participant(e), moi y compris, offre à la personne qui propose un rêve sa résonance à ce dernier sans prétention à une « vérité du rêve ». C’est un jeu créatif qui tisse du sens avec le rêve, et généralement une expérience très révélatrice. Parfois, le travail d’interprétation est prolongé par un exercice complémentaire avec l’imagination, le corps…

Une séance de cercle dure généralement de 2 à 3 heures, avec entre 4 et 10 personnes : il n’est généralement pas possible de travailler plus de 2 ou 3 rêves. Mais il n’est pas rare qu’une personne trouve des réponses à son propre questionnement en écoutant le rêve d’autrui – en observant comment les rêves portent des images et des problématiques tout à la fois toujours singulières et cependant communes, nous touchons du doigt l’inconscient collectif sans en faire un concept : c’est une réalité vivante, agissante dans le cercle.

Le cercle de rêves n’est pas un lieu de psychothérapie de groupe, non plus qu’une formation au travail avec les rêves. C’est un laboratoire dédié à l’expérimentation directe. Les deux prémisses que je propose à cette expérimentation sont les suivantes :

– Nous sommes moins là pour « travailler le rêve », au sens de torturer le rêve (l’étymologie de travail renvoie au latin triparium, qui désigne un instrument de torture) que pour nous laisser travailler par le rêve, les images. Si travail il y a, qu’il soit plutôt celui de l’accouchement de quelque chose de nouveau, en douceur, avec attention.

– On ne peut approcher le rêve que dans l’instant présent, en étant bien ancré dans le senti des émotions et du corps, ici et maintenant. C’est pourquoi l’ouverture d’un cercle de rêves inclut toujours un temps de méditation, de retour au silence car c’est à partir de l’intérieur, d’une conscience attentive à ce qui se passe en dedans, que nous nous préparons alors à écouter des rêves.

Cela fait maintenant 7 ans que j’anime des cercles de rêves. De ce qui était des réunions conviviales entre ami(e)s autour des rêves a émergé une forme qui est désormais un de mes outils privilégiés de travail. Dans la première année, nous avons discuté et défini un cadre pour le cercle, tenant en des principes d’éthique et de sécurité du travail du rêve que je vous livre ci-dessous. Déjà le cercle y était défini comme visant « à offrir un contenant sécuritaire au déploiement du sens qui cherche à s’exprimer dans le rêve, et par le processus intérieur propre au rêveur. Un principe guidant nos travaux pourrait être le simple respect de ce que chaque rêve ainsi que chaque personne ont d’irréductiblement unique. La sécurité repose sur la présence consciente de chacun(e) des participant(e)s qui tisse, dans le groupe, un filet de neutralité bienveillante offert à l’inconscient. L’attitude intérieure importe là plus que le savoir, l’expérience ou quelque compétence. »

Éthique et sécurité du travail du rêve

·        Respect de soi et des autres, du rêve et de ce qui est présent.

Éviter la parole qui « tu… », le jugement et la critique, la polémique.

·        Responsabilité de mes sentis et pensées, de ce que j’exprime et n’exprime pas.

Parler au « je… », une émotion ou image valant toujours plus que mille mots.

·        Écoute, écoute…

En présence d’un rêve, nous gagnons plus à écouter comment il résonne en nous qu’à le discuter.

·        Accueil de ce qui est là, de l’inconscient et de l’inattendu.

Offrir neutralité bienveillante, conscience et compassion à tout ce qui se présente, incluant les peurs.

·        Protection plutôt que résistance

Ne rien forcer, même dans une question, et honorer les résistances comme signalant la vulnérabilité.

·        Vigilance devant l’inconscient.

Attention aux projections, à l’inflation et aux envahissements par l’inconscient.

·        Au service du processus intérieur de la personne qui offre un rêve.

Se pousser du chemin, ouvrir un espace sécuritaire en contenant en conscience ce qui advient.

·        Conscience du sacré

Demander permission et protection, honorer la Source des rêves qui nous réunit et favorise le travail.

·         Confidentialité

7 commentaires:

  1. Stéphane Thibodeau14 avril 2015 à 22 h 02

    J'aime beaucoup les cercles de rêves, car ce n'est même pas si fréquent de trouver d'autres personnes pour parler de vos rêves! Je parle des rêves nocturnes bien sûr.

    Sérieusement, former un cercle pour parler de ses rêves avec d'autres personnes et écouter ceux des autres, c'est sans doute renouer avec un rite ancestral. J'écoutais un spécialiste des rêves et du sommeil l'autre jour raconter qu'il croyait que nos lointains ancêtres avaient développé le langage en se racontant leurs rêves autour d'un feu.

    Je ne sais pas si c'est le cas mais, une chose est sûre, fréquenter ce cercle de rêve donne cet étrange sentiment de renouer avec ses racines - celles de la conscience, ou peut-être même avec celles de notre espèce. Bien sûr, il y a la satisfaction de faire des connexions intéressantes à propos d'un rêve intrigant que l'on a fait, et le regard extérieur des autres, la longue expérience des rêves de Jean et ses connaissances ont ouvert au rêveur que je suis des perspectives intéressantes sur mes rêves.

    Cependant, même quand l'on ne raconte pas un rêve, participer en somme à ceux des autres a quelque chose d'étrangement satisfaisant. On y puise aussi quelque chose pour soi au passage bien sûr, mais on a le sentiment de participer à un rituel qui semble répondre à un besoin de l'âme. C'est comme ça que je le ressens pour ma part. J'en sors à chaque fois en me sentant plus « groundé », connecté à ce qui me nourrit en somme.

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    1. Jolie, Stephane, cette evocation de renouer avec ses racines en aprlant de ce quon fait dans le cercle de reve.
      C'est cexactement ce que j'ai ressenti dans le travail de constellation de reve: renouer avec des raciens humaines ancestrales, et renouver avec l'enfant joueuse, sérieuse et créative en moi.

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  2. Ce que je retiens le plus des cercles de rêve auxquels j'ai participé c'est l'incroyable vitalité des images décrites par chaque participant. Les images issues des rêves, les miens mais tout autant ceux des autres, exercent une fascination sur mon imaginaire qui n'a d'égale que les grandes oeuvres d'art ou les paysages d'une grande beauté naturelle. C'est saisissant ! Une personne qu'on ne connaît parfois pas du tout vous ouvre une fenêtre sur un rêve qu'elle a fait et vous voilà propulsé dans un voyage haut en couleurs et peuplé d'ombres et de symboles qui vous parlent - semble-t-il - tout autant qu'à elle et autres participants du cercle.

    C'est là pour moi le grand paradoxe de ces cercles de rêve: comment une vision ou une histoire peut être si fugitive et difficile à cerner quand on essaie de se rappeler d'un rêve, et puis comment une fois racontée elle nous reste collée à la mémoire avec plus de puissance que n'importe quel autre type de vision ou d'histoire.

    Merci Jean et merci chers co-aventuriers et co-aventurières pour ces beaux voyages que nous avons partagés !

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  3. Le cercle de rêves : un nourrissant potluck!

    Quel plaisir d’être invité à une rencontre où on est accueilli à bras ouverts, sans jugement, en apportant en partage notre ouverture à l’inconnu.

    Le cercle de rêves est pour moi un nourrissant potluck. Dans le mot potluck, il y a l'idée de simplicité (on met en commun) et celle de hasard (on trouve ce que chacun a apporté). J’en reviens à chaque fois ayant le sentiment d’avoir été faire un tour dans une forêt sombre avec des compagnons qui se tiennent par la main.

    Chercher à décrypter les images de l’inconscient permet d’être plus conscient. Chacun cherche son chemin. Le fait de pouvoir partager des moments où l’intuition et l’imagination sont à l’œuvre pour éclairer le langage des rêves m’aide à y voir plus clair dans les mouvements profonds de mon être.

    Merci à M. de m’avoir fait connaître le cercle. Merci à Jean d’être le phare de ces rencontres.

    Yolande Fortin

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  4. Vos témoignages donnent vraiment envie de participer à ces "cercles de rêves"...
    Dommage que ce ne soit pas une pratique plus répandue...

    J'aime beaucoup l'image choisie, Jean...
    http://fabulo.blogspot.fr/2013/01/monde-un.html

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    1. J'espère bien que cette pratique va se répandre, j'y travaille et c'est pour cela d'ailleurs que j'en parle. Oui, cette image est particulièrement parlante, et j'aime beaucoup aussi ce que tu en dis, ces citations qui l'accompagnent sur Fabulo et qui expriment précisément ce pourquoi je l'ai choisie ici...

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  5. J'ai tout apprécié du cercle de rêves: le contenu, le contenant et surtout l'ouverture de l'animateur. Ce que j'ai particulièrement apprécié c'est l'absence de théorie sur les rêves où le "je ne sais pas" est porté, reconnu, accepté et honoré. Rien n'est expliqué à partir d'une manière de voir les rêves en particulier. Tout est ouvert au possible et à la possibilité de puiser à la source de l'être. La participation invite à "être" le plus près possible de qui on est pour offrir en cadeau cette richesse au rêveur ou à la rêveuse qui à son tour dépose généreusement son rêve au centre.

    Dans le cercle, l'offrande de chacun et de chacune de vient un bassin de possibles pour le rêveur ou la rêveuse et un lieu où les participantES peuvent se nourrir de l'écho, la vibration et l'énergie qui circule. Tout est en mouvement. L'offrande circule dans l'espace qui profite autant à la personne qui offre son rêve qu'aux participantES qui jouent le jeu du "si c'était mon rêve". Une participation pleine et entière circule sur l'axe "donner / recevoir" avec respect et bienveillance. Merci d'avoir initié de merveilleux cercle de rêves.

    Francine

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