Je ne trouve pas le temps d'écrire pour le blogue ces temps-ci car je me consacre de plus en plus à l'écriture de fiction, ce qui tient d'une autre forme de travail avec l'inconscient et le rêve. Pour le solstice d'hiver, je vous offre ci-dessous une nouvelle inspirée par la lecture de la Bhagavad Gita dans la traduction remarquable qu'en a donné Stephen Mitchell, et vous souhaite une très heureuse remontée dans la lumière.
Si vous préférez lire cette nouvelle en PDF, vous la trouverez : ici.
Si vous préférez lire cette nouvelle en PDF, vous la trouverez : ici.
Le Seigneur Bienheureux dit :
Comme le vent toujours mouvant
Qui va partout mais toujours reste
Dans les limites de l’espace,
Tous les êtres restent en moi.
Ils retournent dans ma matrice
Au terme du cycle cosmique –
Ce qui fait cent cinquante mille
milliards de tes années terrestres.
Bhagavad Gita, Chant IX- 7
Ilya est heureuse. Son cœur se dilate au-delà de tout ce qu’elle
aurait pu imaginer. En regardant silencieusement le soleil se coucher
à l’ouest en compagnie de son cher et tendre, elle récapitule
cette journée qui restera dans les annales, au moins dans les
siennes mais aussi certainement celles du Peuple. Elle se félicite
intérieurement de la chance qui est la sienne, de pouvoir exercer sa
passion pour la science et les étoiles. Elle ne sait qui elle
pourrait remercier pour cela car elle n’est pas comme ces
prêtresses qui croient pouvoir tutoyer la Créatrice des mondes mais
un grand souffle de gratitude gonfle sa poitrine. Elle se félicite
elle-même pour le travail accompli. Là, elle sait à qui peut aller
sa gratitude – à elle-même au premier chef, pour vingt-cinq
années de recherches patientes, pour sa ténacité devant les
obstacles et l’absence de résultats. Et puis à ses
collaboratrices, sans qui rien n’eut été possible, pour leur
fidélité, leur diligence, le travail invisible qu’elles ont
fourni tout au long de ces années et dont elle, Ilya, allait tirer
gloire. Car bien sûr on ne se souviendra que de son nom. C’est ce
dernier qui sera inscrit sur la stèle commémorant sa découverte.
Et pourtant, elle n’aurait jamais pu y arriver sans les efforts
combinés d’une dizaine des chercheuses les plus brillantes que
compte sa génération, ni sans toutes les générations de
chercheuses qui les avaient précédées. Le résultat qu’elle avait
obtenu aujourd’hui était simplement l’apogée provisoire d’une
immense vague portée par des millénaires d’efforts pour savoir,
comprendre, envisager l’incroyable mystère d’être dans cet
univers.
La vie est merveilleusement faite, se dit-elle, encore une fois avec
la vague impression qu’elle aurait dû éprouver de la gratitude,
mais pour qui donc ? Il fallait qu’elle naisse dans un monde
où les femmes sont vouées essentiellement aux arts et aux sciences,
toutes activités qui demandent une profonde intériorité. Les plus
douées d’entre elles, celles qui ont accompli quelque chose qui
peut être dédié à la Déesse, peuvent devenir des prêtresses de
Ça, la divine Présence qui unit en Elle le Féminin et le Masculin
de l’Univers, enlacés dans une étreinte éternelle et dont la
jouissance absolue créait les mondes à l’infini. Justement, elle
détient désormais la preuve que cet infini est fini, se dit-elle.
En tout cas a-t-il eu un commencement dans le temps. Non, pas dans le
temps, corrige-t-elle en secouant la tête. Un commencement du temps.
Mais qu’y-a-t-il eu avant le commencement du temps ? Bien sûr,
cette question n’a aucun sens, décide-t-elle, puisque « avant »
fait partie du temps. Un autre univers, et encore un autre univers.
Une infinité d’autres univers. Comme une respiration d’univers.
Curieusement, cette pensée déclenche une chaleur dans son ventre
tandis qu’elle sent une humidité brûlante entre ses cuisses. Elle
en mouillerait presque sa culotte, alors elle s’attarde sur cette
pensée qui la conduit au bord d’un désir brûlant qu’elle ne
s’explique pas : notre univers n’est qu’une expiration de
quelque chose. Voilà une idée qui remet en perspective les textes
sacrés qu’elle a lu enfant sans rien y comprendre. Elle se
remémore :
Au commencement est la Parole Créatrice
La Parole Créatrice est tournée vers la Matrice originelle
La Parole Créatrice est la Matrice originelle.
D’Elle, tout. Sans Elle, rien.
Elle se moquait enfant, avec ces camarades, de ces mots qu’on les
obligeait à répéter pour qu’ils se gravent dans leurs esprits.
Curieuse déjà, et logique comme sont toutes les petites filles,
elle interrogeait la contradiction apparente entre le fait que ce
texte était censé parler du commencement du monde, et le présent
éternel dans lequel il était énoncé. Sa mère, qui n’était pas
encore devenue alors une des prêtresses émérites de Ça suite à
l’immense fresque qu’elle avait peinte pour raconter l’histoire
du Peuple, souriait tendrement en hochant la tête. Son père, un des
plus éloquents philosophes de son temps, clignait de l’œil devant
ses questions avec un air malicieux. Il lui disait souvent :
- Va au bout de tes questions, Ilya. Personne d’autre ne peut y
aller, que toi…
Elle a longtemps pris ces mots pour un encouragement à penser par
elle-même, et à aller au bout d’elle-même, de ce qui l’animait,
l’interrogeait, la passionnait. Une injonction à être elle-même
et à devenir la chercheuse qu’elle pressentait être. Puis plus
tard, elle avait compris qu’il refusait ainsi d’amener la moindre
réponse qui eut pu faire obstacle au cheminement de ses questions,
et qu’il la prévenait contre tout avis extérieur qu’elle
recevrait en réponse à ses interrogations. Non que ces avis
généreusement offerts soient nécessairement faux ; ils
étaient même certainement vrais, au moins pour celles et ceux qui
les lui offraient, si du moins ielles étaient allés les lire au
fond de leur être. Car s’ielles ne faisaient que répéter ce
qu’on leur avait dit, ielles ne propageaient que l’ignorance dans
laquelle ielles se complaisaient. Finalement, le message de son père,
longuement médité avec le soin qu’il accordait à l’éducation
de la génération suivante, et particulièrement de sa fille unique,
était qu’elle ne trouverait la vérité qu’au fond d’elle-même.
Elle en était encore loin, se dit-elle, mais elle avait fait un pas
décisif vers celle-ci et la réponse lui était venue des étoiles,
ou plus exactement, d’au-delà des étoiles. Une onde de tristesse
la traverse quand elle pense au plaisir qu’elle aurait eu d’en
parler avec lui, et du vide que son décès a laissé dans sa vie et
dans celle de sa mère.
Son regard revient à Arthuyr, qui se tient devant elle tandis que le
soleil jette ses derniers feux par-delà l’horizon. C’est l’heure
bénie, qui voit l’immensité de la nuit s’ouvrir et invite la
conscience curieuse, enivrée d’imagination et de questions sans
réponse, à la pénétrer. Elle a toujours préféré la nuit au
jour, le rêve à la réalité brute qui n’en est qu’une version
dégradée, limitée et limitante. Et dans l’écrin de cette nuit,
il y a un joyau, pour elle, rien que pour elle, dans la personne
d’Arthuyr dont les yeux patients indiquent qu’il attend qu’elle
sorte de sa rêverie et reprenne la discussion où ielles l’ont
laissé. Il est superbe dans sa tunique mauve avec les bras ornés de
bracelets de pierres phosphorescentes qui relâchent la lumière
solaire accumulée tout le jour. Elles éclairent son beau visage
dans la pénombre qui s’installe, en accentuant le relief et
faisant ressortir les ombres dans le pourtour de ses
yeux et dans le creux que dessinent ses lèvres. Elle aurait aimé
être capable de le sculpter pour garder ce corps intact dans sa
beauté pour l’éternité, ou du moins jusqu’à la fin de son
existence. Au milieu de son front luit une pierre rouge, le rubis
qu’elle lui a offert pour célébrer leur union. Sur sa poitrine,
un poisson d’or signale son appartenance à l’ordre des Bardes,
des poètes amants de la Beauté, au service de laquelle il a juré
fidélité. Il est voué à chanter la merveille de vivre, les
louanges de la Créatrice qui, dans son infinie bonté et sa
prodigieuse intelligence, a accouché de cet univers, leur prêtant
existence commune. Elle se rengorge en pensant que son homme est
vraiment beau, et qu’elles sont nombreuses à l’envier d’avoir
son attention. Bien sûr, il est libre, comme le sont tous les
adultes du Peuple, et elle est fière de voir que jour après jour,
il se détourne de tous les appâts odorants et colorés, pour le
moins excitants – elle-même y goûterait volontiers, elle le
reconnaît – pour lui revenir, à elle seule. Elle est magnifique,
elle le sait, et tout particulièrement ce soir, elle s’est faite
belle dans sa robe orange, à l’échancrure ouverte jusqu’au-dessus
du bas-ventre, sans bijoux comme il convient à une scientifique
vouée à la pureté de la vérité, sauf un collier de pierres de
lune scintillantes qu’il lui a offert un an après qu’ielles se
soient rencontrées.
Sa bouche fait une légère moue tandis qu’il se penche pour servir
leurs verres d’un excellent vin qu’elle a débouché pour
l’occasion, unique, de célébrer l’aboutissement de sa patiente
recherche. Elle songe qu’elle a de la chance qu’il se soit
incarné en même temps qu’elle, à moins que cela n’ait rien à
voir avec la chance, lui murmure une petite voix intérieure qu’elle
se promet d’aller interroger. Elle n’aurait pas pu en aimer un
autre que lui. C’est une évidence et elle en sourit, car elle sait
bien que c’est le genre de vérité qui caractérise justement
l’amour, c’est-à-dire que lui dictent ses hormones déchaînées,
et qu’un examen scientifique démentirait. Mais elle veut bien, en
cette matière, ne pas être une scientifique et s’abandonner au
vent lunaire qui souffle en elle. Elle a de la chance tout de même
car ils sont rares dans le Peuple les hommes qui abandonnent les
armes et renoncent à se battre pour le pouvoir, la domination sur
leurs congénères mâles. Ils entretiennent la légende de lézards
primitifs qui vivaient dans les forêts du Nord voilà quelques
millénaires, et qui pourraient resurgir, pour conserver leurs
équipements guerriers et organiser des joutes, soit-disant au motif
de l’entraînement. C’est un archaïsme qui vient de l’époque
où les meilleurs guerriers prétendaient au trône et s’arrogeaient
les plus belles femmes. Heureusement, les reines guerrières aidées
des magiciennes y avaient mis un terme car alors, c’était moins
l’ennemi déjà illusoire qui violait les femmes que les brutes
enivrées par leur propre puissance sans maîtrise. Depuis lors, ce
sont les Mères, le conseil des anciennes assistées par les
prêtresses, qui désignent ceux parmi les hommes qui exercent le
pouvoir, sous le contrôle des Gardiennes de la terre et de la vie.
Mais rares encore sont les hommes qui, ayant renoncé aux armes et au
pouvoir, deviennent poètes ou philosophes, et plus tard
éventuellement mages et guérisseurs. Ceux-là se montraient dignes
de rejoindre les rangs des femmes, c’est-à-dire en fait des êtres
conscients sans distinction de sexe, au service de la vie. Arthuyr
est un de ceux-ci, et parmi les plus brillants. Elle est décidément
flattée qu’il s’intéresse à elle, à ses recherches et plus
encore, tout simplement à elle-même, sa lune radieuse, comme il
aime à l’appeler. Il est bien son soleil, quoiqu’en fait, se
dit-elle tandis que l’astrophysicienne reprend le dessus en elle un
moment, il y a là une inversion car astronomiquement partant, la
lune reflète la lumière du soleil. Mais dans l’ordre du cœur,
tout est inversé, lui a-t-il déjà expliqué, et c’est la lune
qui rayonne, le soleil qui sert.
Il lui tend un verre et quand elle le saisit, il lève
silencieusement le sien. Elle sait ce qu’il attend, avec la douceur
et la patience qui le caractérise. A la gauche d’Ilya,
c’est-à-dire à l’Est, calcule-t-elle rapidement, une lueur
bleue commence à teinter le ciel. Les deux verres s’entrechoquent
dans un tintement, et il dit :
- A ton succès, ma chérie !
Elle opine de la tête et ielles boivent chacune une gorgée de cet
excellent vin, récolté et mis en bouteille lors de l’année même
où elle a entrepris sa recherche, vingt-cinq ans auparavant. Une
année exceptionnelle. A son tour, elle lève son verre et elle dit :
- A l’horizon incommensurable que nous ouvre le petit pas que je
viens de faire. A celles qui poursuivront la recherche après
moi !...
Il sourit en penchant la tête, visiblement ému, et les verres
s’entrechoquent à nouveau tandis qu’à l’Est commence à
apparaître une petite lune bleue qui monte rapidement au-dessus de
l’horizon. Ielles boivent à nouveau une gorgée et il lève son
verre sans mot dire en le présentant à la lune pour qu’elle le
bénisse. Elle en fait autant. Il se tourne alors vers elle et,
souriant, demande :
- Bon, explique-moi. Je n’ai encore rien compris…
Elle acquiesce de la tête et réfléchit. Où en étaient-ils avant
qu’il ne l’interrompe en attirant son attention sur le ciel
rougeoyant à l’ouest et l’invite à contempler avec lui ce
moment unique qu’est le coucher du soleil ? Ah oui, elle en
était à récapituler un peu l’histoire de l’astronomie pour
qu’il puisse situer sa découverte. Il savait, comme la plupart des
adultes du peuple, que leur planète était la troisième, en
comptant à partir du soleil, du système solaire. On lui avait
expliqué que bien que petite, cette planète était tout à fait
unique de par son atmosphère et les conditions propices qu’elle
présentait pour l’apparition de la vie, phénomène apparemment
unique dans l’univers. Il n’avait pas de difficulté à la suivre
quand elle lui expliquait que leur système solaire était somme
toute un système tout à fait banal, organisé autour d’une étoile
moyenne et relativement jeune, dans la banlieue de la galaxie,
c’est-à-dire assez loin, heureusement, d’un centre qui semblait
absorber les étoiles tourbillonnant autour de ce point aveugle que
leurs instruments ne parvenaient pas à observer. Jusque-là, il la
comprenait bien et il était même capable d’envisager, ce qui
était plus rare chez les hommes, que la mesure du temps dépendait
de la vitesse de la lumière.
Ils avaient longuement discuté de cette idée une autre fois et elle
enthousiasmait Arthuyr, qui se l’était figurée en imaginant qu’il
chevauchait un rayon de lumière qui croisait un autre rayon de
lumière qu’elle aurait chevauché, et qu’ielles se seraient fait
alors alors signes. Son imagination et sa façon de penser la
déroutait. Les hiérarques bien avant elle étaient parvenues à
cette conclusion de la relativité du temps et de l’espace en
fonction du seul invariant de la vitesse de la lumière au prix de
savants calculs qui lui avaient réclamé plusieurs années d‘étude
pour les assimiler entièrement. Et voilà que le poète, en un
éclair d’intuition, avait embrassé tout le problème, ce qu’elle
avait vérifié en deux jours intensifs de calcul. Elle étudiait la
possibilité de présenter cette démonstration au Collège des
Aînées de la Science, mais il restait à surmonter la difficulté
de faire valoir que c’était un homme qui avait amené cette
approche inédite de la question, ce qui serait discuté plus encore
que la démonstration en elle-même. Mais elle ne pouvait passer la
contribution d’Arthuyr sous silence et en prendre le crédit pour
elle. Elle s’attellerait à ce problème un autre jour. Pour
l’instant, il attend, souriant. Le mieux est de repartir de là, se
dit-elle. La lune bleue est maintenant toute ronde au-dessus de
l’horizon. Elle parle enfin :
- Tu te souviens de ce que je t’ai expliqué à propos de la
constance de la vitesse de la lumière dans toutes les directions et
dans tous les milieux, et des conséquences que cela a sur notre
perception relative de l’espace et du temps ?
Il hoche la tête.
- Bien sûr. C’est prodigieux. D’ailleurs, ne m’as-tu pas dit
qu’il est dès lors impropre de séparer le temps des trois
dimensions de l’espace, et que nous devrions parler plutôt
d’espace-temps, comme un continuum quadridimensionnel ?
Elle sourit d’aise. C’est vraiment un bonheur pour elle d’avoir
un interlocuteur de ce niveau pour discuter et réfléchir à haute
voix, ce qui ne les empêchait pas d’ailleurs d’arrêter de
penser à d’autres moments. A nouveau, cette chaleur dans le
bas-ventre et comme une poussée dans ses reins. Il lui faut se
concentrer pour garder le fil de son idée :
- En effet. Et te souviens que notre doyenne, la grande Ludyana, a
établi que nous sommes dans un univers courbé par la gravitation,
un peu comme si nous étions des fourmis à la surface d’une
sphère ?
- Absolument. Quelle idée ! Aucun poète, aucun philosophe
n’aurait pu arriver à une telle conclusion…
- D’autant que nous savons que cette sphère se contracte. Les
étoiles se rapprochent les unes des autres, et les galaxies en font
autant…
- Mais ne m’as-tu pas dit que vous soupçonnez, sans pouvoir le
prouver entièrement, qu’en un autre temps, un autre âge de notre
univers, la sphère se dilatait ?
Elle frétille d’excitation. Il la devance, comme souvent, dans son
raisonnement, par cette merveille de l’intuition pure.
- Oui, précisément. Et c’est là que ma découverte intervient
justement, en amenant un élément décisif en faveur de cette
hypothèse. Car tu comprends bien qu’il ne s’agit là que
d’hypothèses validées par des expériences, pas des certitudes
mystiques révélées par Ça ou qui que ce soit d’autre ?
Il sourit.
- Oui, j’ai bien compris cela et c’est là que je vous admire,
vous autres scientifiques, de pouvoir regarder les vérités que vous
avez sous les yeux comme des modèles provisoires, des lunettes au
travers desquelles vous regardez la réalité… sans jamais vous
arrêter.
Elle le regarde avec indulgence. Elle sait de quoi il veut parler,
ils en ont déjà discuté. Lui, tout émotionnel qu’il est en tant
que mâle, ne peut qu’aller d’une vérité à l’autre en la
prenant à chaque fois pour un absolu. C’est un peu comme avec les
femmes, l’avait-elle blagué : quand il est amoureux de l’une
d’elles, elle éclipse toutes les autres et voilà qu’elle est
l’unique amour de sa vie. Alors qu’elle peut accueillir plusieurs
amants, et jouir de chacun d’eux, conservant de chacun quelque
chose d’unique. Ainsi en va-t-il des théories scientifiques, qui
sont autant de vêtements posés sur l’incroyable mystère qu’est
la réalité. Il avait accepté, en même temps que la relativité de
l’espace-temps, la relativité des vérités scientifiques, ce en
quoi il rejoignait les plus brillants philosophes, dont le père
d’Ilya était. Ils étaient tombés d’accord que le poète et la
scientifique qu’ils étaient se rejoignaient dans l’émerveillement
devant la beauté et l’immensité du mystère. Il l’avait ému,
lui laissant pressentir qu’il entrevoyait quelque chose qu’elle
ne saisissait pas encore, quand il lui avait dit que seul un amant
éperdu d’amour pouvait contempler la Réalité dans sa nudité,
sans vêtement, sans théorie. Alors, avait-il ajouté, c’est la
Créatrice Elle-même, la Divine, la Radieuse, que contemplerait
l’amant. Mais dès lors, il n’y avait plus d’amant car il était
consumé par ce feu d’amour, comme le papillon s’offrant à la
flamme. Que l’amour puisse être un moyen de connaissance, cela
continuait à échapper à Illya. Et cela l’émouvait profondément
de penser qu’il avait peut-être là quelque chose à lui
enseigner, à lui montrer, qui pourrait la combler au-delà de toute
mesure. Car si la vérité et l’amour pouvait s’unir dans son
expérience et sa compréhension comme elle et lui s’unissaient
parfois dans leurs corps, elle le sentait obscurément : tout en
elle et dans l’univers, serait réuni. Un.
- Pour en finir avec les préliminaires, tu te souviens de la
conséquence remarquable de la courbure de l’espace, à savoir que
si tu partais dans l’univers en suivant une ligne droite, au bout
d’un temps très long mais non infini, tu reviendrais à ton point
de départ ?
- Oui, c’est clair. Et cela introduit une étrange question,
n’est-ce pas ? Dans quel espace sur-jacent se déploie cette
sphère à la surface tridimensionnelle dans laquelle nous, petites
consciences prises dans les rets de la relativité, vivons si
brièvement ?
- Exactement.
C’était mieux formulé qu’elle n’aurait pu le faire. Avec la
touche poétique renvoyant à la brièveté toute relative de leurs
existences. Ils avaient déjà discuté du fait que, même s’ils
avaient été voués à vivre aussi longtemps que le soleil, cela
leur aurait paru bref. Que c’était la nature du temps et de la
conscience. Bon, elle peut maintenant tout lui dire car elle sait
qu’il aura tous les éléments pour comprendre la portée de ce
qu’elle va lui annoncer. Elle commence donc par le commencement :
- Bon, alors voilà. Comme tu sais, je suis en charge, avec beaucoup
d’autres, de l’analyse des résultats obtenus par l’Œil,
qui est en fait une immense oreille car il nous permet d’écouter
le rayonnement de l’univers en captant sa lumière dans toutes les
directions et toutes les fréquences accessibles, et d’observer les
galaxies lointaines...
Il acquiesce de la tête en resservant le verre qu’elle tient
encore en main, presque vide, et il lève la bouteille vers le ciel
en disant avec emphase :
- Oui. Gloire aux deux générations de physiciennes qui t’ont
précédée et se sont attelées à la tâche prodigieuse de
construire l’Œil par lequel
nous pouvons percer les secrets de l’univers lointain ! Gloire
à elles, et à toi qui recueille les fruits de leurs efforts !…
Elle est touchée. Elle lève son verre. Il a raison. L’Œil
est un prodige de technologie, la plus avancée du Peuple, et ce
projet n’a été rendu possible que par la collaboration de
milliers de chercheuses anonymes, et aussi par l’établissement de
la paix sur l’ensemble de la planète, permettant la multiplication
des observatoires tout autour du globe et le partage de l’ensemble
des résultats, au bénéfice de toutes les académies de recherche.
Il se ressert à son tour. Elle continue :
- Plus précisément, ce que tu ne sais peut-être pas, c’est que
je suis chargée, avec beaucoup d’autres, de travailler à la
correction des erreurs et l’élimination des interférences qui
peuvent venir de différentes sources. Par exemple…
Elle montre de la main les lumières dans la vallée qui sont
maintenant allumées. Elle jouit de vivre dans les hauteurs, dans la
pureté de la nuit qui les enveloppe désormais, avec les étoiles
toutes proches qui commencent à poindre. Elle apprécie qu’il
n’éprouve pas plus qu’elle le besoin d’allumer les feux
éclairants et qu’il goûte la douceur de l’obscurité bleutée
dans laquelle ils parlent.
- Par exemple, la pollution lumineuse des villes peut être une
source d’interférence, et quantité d’autres facteurs. Or
Thuryana, qui m’a formée et dont j’ai pris la relève, et son
équipe, étaient parvenues en leur temps à une conclusion
étonnante, que nous prenions cependant encore alors pour résultant
d’une anomalie : il y a un bruit de fond dans l’univers. Ou
plutôt, devrais-je dire, il y a un rayonnement de fond.
Elle se tait quelques instants, le laissant apprécier ce qu’elle
avance. Il a le front plissé, ce qui l’amuse. Il interroge :
- Tu veux dire que vous vous attendiez à ce que le rayonnement que
vous observez soit seulement celui des étoiles que vous voyez avec
votre Œil
?
Elle est surprise de la rapidité avec laquelle il va au cœur du
problème, encore une fois.
- Oui, c’est cela. Nous nous serions attendu à ce que la lumière
observée le soit sur un fond entièrement neutre, comme une note de
musique se détachant sur le silence...
Il poussa un léger grognement appréciateur, l’invitant à
poursuivre.
- J’ai passé quinze ans à me battre contre cette anomalie en
cherchant toujours à améliorer la technologie, que je soupçonnais
d’être la cause de ce bruit de fond. Je suis devenue la
spécialiste incontestée du problème. Et puis j’ai dû me rendre…
à l’évidence. Une évidence que j’ai mis encore dix ans à
établir sans aucune contestation possible.
Elle marque une pause. Ce qu’elle va dire fera date dans l’histoire
de la science, elle le sait. Il est le premier, hors de son équipe
avec qui elle a validé et revalidé tous les résultats, les
observations et les calculs, à entendre ce qui va suivre :
- Les filles et moi avons tout tenté, et nous sommes arrivés à la
conclusion que quelle que soit la technologie employée, quelles que
soient les conditions, et quelle que soit la direction dans laquelle
nous écoutons – sa voix s’étrangle – il y a un bruit de fond
dans l’univers. C’est-à-dire qu’il y a un rayonnement fossile,
qui nous vient des temps les plus lointains qu’ait connu l’univers…
Il s’agite tout à coup, semblant tout aussi remué qu’elle par
ce qu’elle vient d’énoncer :
- Un rayonnement fossile, dis-tu ? Comme ces fossiles que nous
retrouvons dans le sol, et qui nous parlent du passé lointain de
notre terre, des espèces végétales et animales qui nous ont
précédé, qui ont disparu depuis longtemps ?
- Oui.
- Mais alors… ?
Elle ne peut que hocher la tête devant l’énormité de ce qu’il
est en train de comprendre, comme elle a fini par le comprendre. Il
interroge encore :
- D’où vient ce rayonnement fossile ? De quel événement
universel, en avez-vous une idée ? Le début d’une idée, une
hypothèse ?
Elle sourit. Il ferait un parfait petit scientifique si les hommes
étaient admis dans ces domaines de la pensée pure. Elle boit une
gorgée avant de répondre avec une voix qui tremble un peu :
- Oh, nous avons mieux qu’une hypothèse. Une certitude, pour une
fois. Il n’y a qu’une explication possible…
Elle ménage son effet, le suspense, en songeant quelques instants à
l’ironie de la chose. Il fallait que ce soit elle, qui agaçait son
père en lui disant que toutes ces histoires de création de
l’univers et de commencement du temps n’étaient que des
fariboles bonnes pour des hommes en proie à leurs rêveries
émotives, s’accrochant à des croyances dépassées depuis
longtemps par la science, qui assène au Peuple cette vérité :
- Ce rayonnement fossile vient du commencement de l’univers, d’une
gigantesque explosion de lumière dont tout est né…
La réaction d’Arthuyr ne la déçoit pas. Il saisit immédiatement
les implications les plus profondes de ce qu’elle vient d’énoncer.
Il porte la main à son cœur en s’exclamant :
- Oh ! Ça…
- C’est cela. Ça, dans toute sa magnificence !…
Un moment de silence ému les réunit tous les deux. Elle en profite
pour finir son verre tandis que lui boit à petite lampée, la tête
penchée et le regard perdu dans le vide. La lune bleue, maintenant
haute dans le ciel, éclaire son visage empreint de gravité. Il
relève la tête et la regarde intensément :
- Mais alors, tu viens donc de prouver que l’univers a été créé
un jour ?
Elle réplique immédiatement :
- Non, j’ai seulement prouvé que l’univers a commencé un jour,
ou peut-être plutôt une nuit d’ailleurs – elle rit – car il
n’y avait pas grande lumière avant que l’univers n’apparaisse…
dans une explosion de lumière.
Il s’esclaffe avec elle avant de lever un sourcil interrogateur :
- Avant ?
Il a saisi le paradoxe au vol, avec la légèreté de celui qui
attrape un papillon en veillant à ne pas le blesser. A la différence
de tous ceux qui veulent clouer le papillon sur un tablette, il
supporte de rester avec une interrogation insoluble.
- On ne peut pas dire « avant » puisqu’il n’y a pas
de temps mesurable, la mesure du temps dépendant de la lumière…
- Je vois…
- Voir dépend aussi de la lumière…
Elle plaisante, car ils ont tous deux besoin de détendre
l’atmosphère. Il reste sérieux :
- Au commencement, quoi alors ?
- Une concentration prodigieuse d’énergie en un seul point
infinitésimal, sans aucun espace-temps. Et puis boom ! Ou
plutôt bang. Un bang tellement grand et tellement fort que nous
l’entendons encore… en prêtant l’oreille, en écartant tout le
reste.
- Oh mon Ça !…
A nouveau, il a la main sur le cœur. A quoi pense-t-il, lui, le
poète ? Peut-être à ces mots qui viennent des voyants des
âges les plus anciens :
Si mille soleils se levaient
Et resplendissaient dans l’azur,
Leur éclat aurait la féroce
Splendeur de ce tout-puissant Soi.
Splendeur. C’est le mot. Elle a médité ces paroles, se demandant
comment les anciens avaient pu entrevoir la vérité, l’évoquer
poétiquement. C’était à une époque légendaire où les hommes
étaient tous poètes et les femmes toutes prêtresses du Mystère
d’Être. Alors, pour le rejoindre dans sa rêverie, elle récite
les vers sacrés et il incline la tête, en révérence. Et quand le
silence revient, il demande encore :
- Tu as une idée de combien de temps s’est écoulé depuis le
début… du temps ?
- Oui, une idée précise, avec un pourcentage d’erreur de moins de
0,001 %.
Cela l’amuse de le faire languir. Elle a l’entre-jambes trempé.
Il faudra qu’elle vérifie si ce n’est qu’en sa présence que
parler de tout cela l’excite ainsi, car ce serait du plus mauvais
effet devant le Collège. Il n’y tient pas :
- Et alors ?
- Cent vingt-et-un mille milliards de nos années, et des poussières…
Il reste un moment silencieux, sans doute à tenter comme elle
d’envisager la grandeur de ce nombre, et ne serait-ce que la
multitude confinant à l’infini d’existences comme la leur. Pour
l’aider à remettre tout cela en perspective, elle ajoute :
- Je te rappelle, pour te donner une idée des proportions en jeu,
que nous avons établi que notre soleil existe depuis neuf milliards
d’années, et notre planète a environ huit milliards d’années...
Il ne bronche pas. Il regarde le ciel au-dessus d’elle. Elle tend
son verre, qu’il ne voit pas, alors elle prend la bouteille et se
ressert. Deux vers du chant des anciens voyants lui reviennent encore
à l’esprit. Elle les cite à voix haute :
Je suis la mort qui broie les mondes
Et anéantit toutes choses.
Il sursaute, la regarde, un peu interdit. C’est ce qu’elle
voulait, avoir son attention pour lui amener un dernier élément de
réflexion :
- Nous sommes parvenus à une conclusion aussi. Une conclusion
pessimiste, même si nous avons encore tout le temps d’y penser...
Il ne dit rien alors elle continue :
- L’univers est passé par une phase d’expansion puis de
stabilité, et maintenant, comme je te le disais, nous savons qu’il
est en contraction. Nous pouvons prévoir qu’il va progressivement
s’effondrer sur lui-même sous la pression gravitationnelle qu’il
engendre.
Il reformule cela poétiquement, comme elle pouvait s’y attendre :
- L’univers va mourir, alors ?
- C’est cela. L’univers est né une nuit, et il mourra une autre
nuit.
- Comme chacune de nous…
Elle admire le flegme avec lequel il prend cela. Mais c’est vrai,
les poètes et les philosophes, et les hommes en général,
envisagent plus volontiers la mort que les femmes, qui se tiennent du
côté de la vie. Quoique la Déesse soit la Maîtresse des mystères
de la naissance et de la mort, leur répétait-on depuis l’enfance.
Il questionne encore :
- Combien de temps ? Je veux dire, combien de temps avons-nous
avant que l’univers ne meurt, et si je comprends bien, redevienne
un point infinitésimal, sans espace-temps ?
- Nous avons évalué qu’il nous reste environ vingt-neuf mille
milliards d’années.
Il rit :
- Alors, il faut se dépêcher d’aller à l’Essentiel…
Elle secoue la tête, ne comprenant pas. Puis sérieusement, il
revient au point clé :
- Et tu imagines quoi, alors, « avant » ?
Elle ose lui livrer ses plus folles réflexions :
- Un autre univers. En expansion, puis en contraction. Une infinité
d’autres univers. Vie, mort, vie…
Il lit dans ses pensées :
- Une respiration. Comme nous. Expiration, inspiration. Jour, nuit.
Naissance, mort, et renaissance. Explosion de lumière et
effondrement. Ça respire !..
Elle tique. Elle n’a jamais voulu admettre ces idées de
réincarnation dont il est friand. Il est convaincu qu’il l’a
connue dans une autre vie, que c’est pour cela que leurs corps et
leurs âmes s’accordent si bien. Il plaisante avec ça en disant
qu’il a souvent été une femme et qu’elle, en tant qu’homme,
le faisait jouir en le prenant dans toutes sortes de positions qui
lui reviennent en mémoire, et qu’il aimerait expérimenter avec
elle… de l’autre coté. Bon voilà, une onde de plaisir vient
allumer son bas-ventre qui prend à nouveau feu. Ce n’est pas
sérieux, ils sont dans une discussion scientifique tout de même.
Alors elle lance l’interrogation qui la travaille depuis qu’elles
ont calculé l’âge de l’univers :
- Mais il me reste une question. Une énorme question. Qu’en
penses-tu ? Je me demande pourquoi l’univers a attendu près
de cent vingt-et-un mille milliards d’années pour créer de la
conscience. Je veux dire, une conscience comme la notre, capable de
l’envisager dans sa splendeur, de le comprendre au moins en partie,
de chanter sa beauté. Pourquoi ? C’est absolument illogique…
Il la regarde. Ses yeux brillent passionnément. Derrière lui, au
Sud, une lueur orangée commence à apparaître dans le ciel,
accentuant les ombres autour d’eux. Ils passent un long moment en
silence, qu’il rompt finalement alors qu’elle n’attendait plus
rien :
- Il faut bien que tu sois femme pour poser une telle question, qui
déjà dépasse le plus hardi de nos philosophes. Peut-être la seule
hypothèse qui tienne est-elle que la conscience était là depuis le
début, et que c’est elle, la matrice dont naît l’univers et
dans laquelle il se résorbe…
Il se lève alors et, contournant la petite table entre eux sur
laquelle il dépose son verre, vient s’asseoir à côté d’elle.
Elle a le cœur qui bat la chamade. La chaleur envahit tout son corps
tandis qu’il s’approche d’elle. Sans un mot, il se penche sur
elle et l’embrasse doucement, longuement, puis il se recule pour la
regarder, et d’un geste l’invite à se tourner avec lui vers le
Sud, où se lève maintenant une énorme lune orangée dont la
lumière embrase tout. Elle a beau être habituée à ce spectacle
majestueux, il l’émeut toujours autant, surtout quand Arthuyr est
avec elle, si proche. Elle a l’impression alors que la grande lune
vient allumer un incendie en elle. C’est alors qu’il dit :
- Ce que je sais avec certitude, car je l’ai lu au fond de mon
cœur, c’est qu’il suffit d’un instant de conscience à quelque
moment que ce soit de l’éternité, dans une existence aussi brève
soit-elle, pour que celle-ci, la conscience, embrasse l’univers
tout entier, et au-delà de l’univers, l’Être tout entier avec
ses myriades d’univers aussi nombreux que les étoiles, et
l’Éternité qui contient tout…
Elle a un peu de mal à le suivre. La conscience qui embrasse tout,
elle veut bien, il va falloir qu’elle y pense, mais là, elle a
surtout envie qu’il l’embrasse, elle. Il la devine bien. Il
s’approche, effleure sa bouche du bout de ses lèvres puis se
retire encore pour ajouter d’un ton un peu sentencieux, en
souriant :
- Et ce que je sais encore plus clairement, parce que je le vis à
chaque fois, c’est qu’un instant d’amour vrai s’inscrit dans
l’Éternité au-delà de la naissance et de la mort des univers,
comme la seule lumière impérissable.
Elle opine doucement de la tête, puis elle se penche pour poser son
verre sur la table, et se redressant, elle le toise un peu. Puis elle
caresse son beau visage du bout de ses griffes qu’elle a laissé
sortir et qui brillent maintenant comme des lames d’acier dans la
lumière des deux lunes. Elle pourrait le déchirer, le dévorer, et
elle sait qu’il se laisserait faire, qu’il s’offrirait encore à
elle tout entier. Elle admire l’impassibilité tranquille avec
laquelle il contemple sa puissance de femme accomplie, sans trembler
une seconde, sans se soumettre non plus, tout dans sa puissance
d’homme. Ses écailles à lui se colorent de rosé, de rouge et
d’orangé tandis qu’elle passe par toutes les teintes du bleu au
vert. Alors, elle baisse la tête et offre son cou en murmurant :
- Montre-moi…
Pour comprendre les implications philosophiques de cette nouvelle, il faut savoir que sur Gaïa (notre terre), nous avons découvert le rayonnement fossile de l'univers, ou fonds diffus cosmologique, en 1965 grâce aux travaux de A. Penzias et R. Wilson, ce qui nous a permis de dater le Big Bang à environ 14 milliards d'années. Notre soleil aurait 4.6 milliards d'années et Gaïa, 4.571 milliards d'années. Toutes les citations, sauf les premières lignes du prologue de l’Évangile de Jean reformulées à ma façon, sont extraites de la Bhagavad Gita dans la traduction de Stephen Mitchell.
Par ailleurs, les lunes bleue et orange sont un clin d’œil en forme d'hommage à Haruki Murakami, qui évoque dans 1Q84 le fait que leur apparition soit l'indice de l'entrée dans un univers parallèle, ou peut-être ce qu'on pourrait appeler le temps du rêve. Le poisson d'or que porte Arthuyr est un autre clin d’œil en forme d'hommage à Philip K. Dick, mon maître éternel en fictions délirantes. Autant d'indices que vous pouvez retrouver dans la plupart de mes écrits.