L’écriture de mon précédent article, qui tournait autour d’un rêve apocalyptique dont on peut craindre qu’il parle de l’arrière-plan psychique de ce que nous vivons collectivement, m’a laissé avec la citation de Hölderlin que rappelait souvent Jung :
« Plus grand est le péril, plus grand est aussi ce qui sauve »
Depuis lors, j’ai cheminé avec la question, qui revêtait pour moi un caractère d’urgence : mais qu’est-ce qui sauve donc ? D’où espérer sinon un salut, du moins une aide ? Je vous partage ci-dessous mes réflexions à ce sujet, ainsi qu’un autre rêve remarquable, qui me semble mettre en évidence ce qui sauve, sans commentaire.
Mais auparavant, je veux vous donner quelques nouvelles de la communauté de recherche des "chemins de mystère" dont je vous ai parlée dans un article en janvier dernier.
Pour mémoire, les chemins de mystère sont une démarche à la croisée de l’investigation existentielle et de l’analyse jungienne classique, dans laquelle on prête une attention soutenue aux manifestations de l’inconscient, en particulier les rêves mais non seulement. J’oserai comparer ce travail à l’approche dite des lyings qu’a développé Swamiji Prajnanpad, le maître d’Arnaud Desjardins, dont je ne cacherai pas qu’il m’a fortement inspiré même si je n’ai vraiment pas la prétention d’arriver à la cheville d’un tel enseignant. Les lyings sont cependant issus de la rencontre dans l’expérience de Swamiji entre le Vedanta et la psychanalyse freudienne. Dans les chemins de mystère, d’une façon qui coulera de source pour celles et ceux qui connaissent en profondeur les travaux de Jung, la rencontre féconde est entre la psychologie analytique de ce dernier et le travail Zen du koân. Au lieu cependant de cheminer avec des questions pré-établies par la tradition comme « quelle est le son que fait une seule main qui applaudit ? », ou le fameux « qui suis-je ? » de ce qu’il est convenu d’appeler « l’investigation fondamentale », chacun.e chemine avec sa propre question existentielle, l’interrogation toute personnelle qui le ou la travaille dans ses profondeurs...
J’ai donc le plaisir de vous informer que le projet va son chemin. Une quinzaine de personnes m’ont rejoint dans cette aventure et nous nous réunissons régulièrement de façon virtuelle. Nous vérifions ensemble la profondeur que peut apporter le collectif à une démarche d’investigation individuelle, ne serait-ce que parce que l’on constate que nous ne sommes pas seul.e à risquer la recherche. Je vois ainsi prendre forme un des rêves de ma chère enseignante Paule Lebrun, décédée il y a un peu plus de 4 ans, qui appelait de ses vœux la formation de communautés de chercheurs. J’insiste sur ce terme : recherche. Nul ne connaît à notre place la réponse à notre propre koân. A la différence encore de Swamiji Prajnanpad, la démarche que je propose là n’est pas le lieu d’un enseignement mais celui d’une recherche commune, et d’un partage où tou.te.s apportent du leur. Je ne cacherai pas l’inspiration profondément libertaire, anti-autoritaire, de la démarche. Je crois qu’il est temps de dynamiter proprement toutes les figures de « maître », et surtout l’infantilisme qui entoure celles-ci : nul n’aura de réponse à nous donner aux questions les plus fondamentales qui sont les nôtres. Nous n’échapperons pas à l’obligation d’aller y voir par nous-mêmes, dans une solitude qui nous ramène à notre irréductible unicité, ce en quoi nous sommes des êtres uniques.
Il est à noter qu’aucun des véritables enseignants, des maîtres du passé, n’a jamais prétendu donner de telles réponses générales aux chercheurs, et leur faire faire l’économie de la recherche. Au contraire, ils nous ont toujours encouragé, par leur exemple et leur enseignement, à aller au fond de nos questions. C’est là, certainement, que nous avons le meilleur moyen de discerner ce qui différencie ces maîtres des faussaires qui veulent nous revendre des vérités qu’ils ont eux-mêmes mal digéré. Mais j’ai la conviction, bien enracinée dans mon expérience, de ce que nous vivons une époque fort intéressante sur le plan de l’évolution spirituelle : là où le modèle traditionnel invitait les étudiants à se regrouper autour d’un enseignant dans une communauté spirituelle qui faisait la promotion d’une certaine uniformité de pensée, nous sommes désormais invité.e.s à l’aventure de l’intelligence collective qui se manifeste quand un groupe de personnes mues par un même objectif se réunissent et s’accordent. Alors – on le voit souvent à l’œuvre dans les cercles de paroles et les loges de rêves – quelque chose de plus grand que la somme des participant.e.s se manifeste. Ce « quelque chose », on peut l’appeler l’Esprit, ou encore – et cela explicitera le nom donné aux chemins que je cherche à ouvrir – le Mystère. Et au fond, comme nous l’a rappelé une des personnes qui marche sur ces chemins, notre koân commun est :
Qu’est-ce que le Mystère ?
J’ai donné au printemps, dans ce cadre, un cours d’interprétation des rêves, ouvert aussi au public hors communauté de recherche, et je proposerai bientôt d’autres ateliers de travail approfondi avec les rêves. On me sollicite pour proposer une série de cours qui introduiront aux aspects avancés de ce travail, en particulier dans le champ de ce que j’appelle l’écoute intérieure des rêves, et dans celui, immense et encore à explorer dans une grande mesure, des constellations de rêves. J’y réfléchis mais je dois dire que pour moi, c’est la démarche des chemins de mystère qui est à la fine pointe du travail intérieur. En effet, au lieu d’instrumentaliser le rêve et l’approche de l’inconscient au service d’une simple visée thérapeutique, comme si ceux-ci devaient apporter une solution à nos problèmes conscients, la recherche existentielle touche inévitablement à la question de notre relation à notre nature essentielle. On sort de tout utilitarisme, même si la question existentielle peut concerner notre évolution professionnelle par exemple, ou ce que l’on va faire des jours qui nous restent à vivre, et l’on rejoint ainsi ce qu’indiquait Mme Von Franz à propos de l’approfondissement du travail :
« Jung disait toujours que plus longtemps quelqu’un avait été en analyse, pendant de nombreuses années, plus, s’il persévérait, les rêves devenaient difficiles et compliqués. […] Le rêve peut prendre alors un caractère d'énigme cryptique. Mais si vous parvenez à pénétrer le sens de ces rêves apparemment inutiles, vous découvrez qu'ils ne sont pas en relation avec un éclairage intérieur, mais avec le simple fait d'être; ils n'enseignent ni une connaissance intérieure ni à réaliser quelque chose, mais à exister : ils se contentent d'enseigner à vivre. »
J’ai développé ce thème dans un article intitulé « tout ça pour ça », où vous trouverez l’intégralité de la citation de Mme Von Franz. Il se trouve qu’elle évoque là aussi le lien entre cette démarche et le Zen. Bien sûr, c’est une démarche qui réclame une certaine maturité. Si elle vous intéresse, contactez-moi et nous en parlerons...
J’ai pu sembler m’éloigner de mon sujet et cependant, je ne fais que tourner autour de celui-ci car s’il y a bien quelque chose qui sauve, nous dirait Jung, c’est le contact avec le Soi. Or c’est ce qui nous préoccupe sur les chemins de mystère : le contact avec le Soi, c’est-à-dire avec le Mystère vivant… mais encore ?
Et d’abord, de quoi s’agirait-il d’être sauvé ? Où est le péril ?
Si vous me lisez régulièrement, vous connaissez ma propension à donner de longs développements (LOL) à de telles questions. Dans une première version de cet article, j’ai écrit pas moins de 6 pages pour exposer combien notre situation peut sembler désespérée si l’on considère l’accumulation des dangers auxquels nous faisons collectivement face. Je citerai pêle-mêle la psychose collective qui semble submerger le monde ces temps-ci, le désastre écologique et les dérèglements climatiques auxquels nous n’apportons aucune réponse sensée, la déshumanisation qui va avec l’envahissement de tous les aspects de nos existences par la technologie jusqu’à ce qu’on peut désigner comme la « dictature numérique », la montée en puissance des régimes dictatoriaux et de ce qu’il faut bien appeler le libéralisme autoritaire – si ce n’est même l’émergence d’un nouveau totalitarisme insidieux –, l’aggravation sensible des tensions internationales qui pourraient déboucher sur de nouvelles guerres dévastatrices, la raréfaction de ressources clés et l’atteinte de seuils sociotechniques qui préfigurent le risque d’un effondrement général de l’organisation techno-industrielle du monde…
N’en jetez plus, la cour est pleine.
Je suis pour ma part, en tant qu’ancien informaticien, particulièrement concerné par la menace que la technologie fait peser sur le futur de l’humanité. Nous croyons généralement que la technologie est neutre, et que c’est l’usage que nous en ferons qui détermine si elle sera bénéfique ou maléfique. Je crains que ce point de vue ne soit naïf car il semble qu’à partir d’un certain point d’envahissement de nos existences, la technologie ne nous coupe de notre nature humaine. Ainsi, il apparaît qu’en arrière-plan de la crise générale que nous vivons, il y a le projet fou d’une toute petite minorité richissime qui compte sur la technologie pour lui donner une forme d’immortalité, et qui, au nom de l’amélioration de l’espèce humaine, envisage purement et simplement sa disparition au profit d’un cyberanthrope, hybride de biologie et de robotique, dans laquelle ces inhumains se projettent. On peut reconnaître là l’antique projet d’égaler les dieux, de devenir Dieu soi-même. Si vous êtes intéressés à creuser ces questions sur le rôle de la technologie, je peux vous suggérer quelques lectures édifiantes :
- L’homme nu, de Marc Dugain.
- Le manifeste des chimpanzés du futur, par le collectif Pièces et main d’œuvre.
- L’obsolescence de l’homme, de Günther Anders.
J’attire aussi votre attention sur les travaux de Paul Lévy qui font ressortir que la plupart des maux évoqués ci-dessus, et la pandémie que nous vivons, sont les symptômes apparents d’un mal bien plus profond. C’est ce que Paul Levy met en évidence en nous parlant, dans un livre remarquable intitulé « Dispelling Wetiko » du virus psychique qu’il nomme, d’après une légende algonquine, comme étant le Wetiko, un esprit malfaisant qui dévore ses victimes. La traduction du terme Wetiko ou Wendigo est « cannibale maudit », et la légende veut que les hommes dominés par la cupidité se transforment en Wendigo. A ce compte, c’est toute la civilisation occidentale qui est depuis longtemps un Wetiko à l’appétit sans limite. La référence que Paul Levy fait aux amérindiens en leur empruntant ce terme ne doit rien au hasard car ceux-ci ont été, il y a plus de 500 ans déjà, victimes de cet esprit prédateur qui anime notre civilisation. Rappelons-nous, pour mémoire qui saigne encore et comme en toile de fond karmique pour la pandémie qui nous frappe, de la façon dont des couvertures infectées par la variole ont été offertes sciemment aux amérindiens… avec la volonté affichée de les exterminer. La crise sanitaire et les crispations autoritaires qu’elle suscite ont au moins une vertu. Elle amène un certains nombre de gens à prendre conscience du monde dans lequel nous vivons. Encore faut-il, pour que cette prise de conscience soit féconde, dépasser le sujet des restrictions qui nous sont imposées pour les situer dans un contexte bien plus large, qui est d’abord celui de l’Histoire et de la géographie.
Du point de vue de cette dernière, on ne peut dissocier ce qui nous arrive de ce qui se passe à Hong Kong, en Biélorussie, en Russie et au Xinjiang ainsi qu’au Tibet en Chine, pour ne nommer que les exemples les plus flagrants. Du point de vue de l’Histoire, il faut nous rappeler qu’il n’y a pas bien longtemps qu’on tirait à balles réelles sur des manifestations d’ouvriers qui réclamaient simplement la journée de 8 heures et une paie décente. Encore tout récemment, dans une démocratie pour le moins avancée – au sens je le crains que l’on donne à ce mot quand on parle d’une viande faisandée –, on gazait au lacrymogène des foules pacifiques et on éborgnait sans vergogne des manifestants. Mais l’exemple historique le plus édifiant que je connaisse à ce point est sans doute ce qu’on appelle la croisade albigeoise, où comment le pape Alexandre III a donné des ordres qui ont débouché sur l’extermination d’un million de personnes, des hérétiques qui avaient le malheur de contester le pouvoir spirituel de Rome. Quand on sait qu’à l’époque, le seigneur de guerre à qui les prélats ont confié l’Occitanie avait ordonné que les juifs soient distingués des chrétiens en portant la rouelle jaune, ancêtre de la fameuse étoile jaune, on voit d’où s’origine le totalitarisme endémique à notre civilisation. Pour ma part, je ne peux que rejoindre les cathares dans leur conviction de ce que ce n’était le Christ qui guidait l’Église mais bien celui qu’on appelle le Prince de ce monde, le Diable...
De quoi avons-nous donc besoin d’être sauvés, si tant est qu’il y ait quelque chose qui puisse voler à notre secours, sinon de ce qu’il faut bien appeler le Mal ? Or ce n’est pas un hasard de langage qui fait que nous disions de ce qui nous fait souffrir que cela nous fait mal – il s’agit toujours, dans le fond du problème moral que nous pose le Mal, de trouver une issue au problème de la souffrance, incontournable, inévitable.
Pour beaucoup, ces exemples de la violence impitoyable des maîtres du monde que je donne, en parlant des amérindiens et des cathares, des biélorusses et des ouïghours… paraîtront lointains. Ils ne nous concernent pas vraiment, et ne nous empêcheront pas de continuer à consommer tout ce que nous pouvons dans « le meilleur des mondes ». L’allusion au livre prophétique d’Aldous Huxley qui porte ce titre ne doit rien au hasard. Le Mal, à moins qu’il ne nous frappe dans notre chair, n’est jamais à notre porte. On sait que la plus grande ruse du diable est de nous faire croire qu’il n’existe pas. Cela va avec le fait que nous cultivons généralement, plus ou moins consciemment, le désir infantile de nous abandonner à une autorité bienveillante. C’est une des marques même de la présence dans notre psyché du fameux « enfant intérieur » que la psychologie populaire magnifie en oubliant qu’il s’agit bien souvent d’un petit tyran qui nous ramène à des états de dépendance affective et autres. Cela va avec le fait qu’il n’est pas facile d’être libre, c’est-à-dire pleinement adulte, et de prendre l’entière responsabilité de son existence sans jouer à la victime. Les mots terribles d’Étienne de la Boétie, dans "le discours de la servitude volontaire", n’ont pas fini d’être encore et toujours vérifiés :
« Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. »
C’est donc surtout de nous-mêmes que nous avons besoin d’être sauvé.e.s. De notre inconscience et de notre démesure, de notre hubris, de notre folie. Ces choses ne sont pas faciles à entendre et à rendre conscientes, ce qui explique d’ailleurs un certain aveuglement généralisé : notre système neurologique ne serait pas capable, sauf exceptions, de composer avec des problèmes tellement énormes qu’ils apparaissent comme clairement insolubles, sinon dans l’alcool ou autres anesthésiants. Notre cerveau est ainsi fait qu’il ne réagit qu’à des problèmes tangibles, immédiats, et qu’il entre dans une espèce de sidération quand il s’agit de questions qui dépassent ses capacités d’entendement. Il n’a pas, bien souvent, la capacité de se représenter la complexité de la situation. C’est ce qui explique fort bien pourquoi nous ne réagissons pas en masse à l’urgence environnementale et climatique malgré les alertes qui laissent entrevoir une catastrophe en regard de laquelle la pandémie de COVID-19 apparaîtra comme une plaisanterie. C’est cette impossibilité de penser le problème qui peut nous conduire à espérer en l’intervention d’un sauveur extérieur, qu’il s’agisse de l’armée des Anges menée par le généralissime archange Michaël ou des extraterrestres, qui vont bien sûr venir nous tirer de ce mauvais pas. Or ce faisant, nous passons à côté d’une fantastique opportunité spirituelle, c’est-à-dire d’une possibilité de conscience.
C’est à ce prix qui consiste en au moins tenter de regarder la réalité en face sans échappatoire que nous pourrons chercher ce qui sauve du gouffre qui se dessine devant nous. Nous sommes dans la même situation qu’un malade aux prises avec un diagnostic fatal. Tant qu’il place encore ses espoirs dans un médicament ou un nouveau protocole pour lui sauver la vie, il ne regarde pas la mort dans le blanc des yeux. Il n’est pas acculé à l’essentiel. Or il s’agit, à partir d’un certain point, de prendre conscience que « l’espoir est de la peur qui a mal tourné », pour reprendre les mots de Daniel Odier, car l’espoir nous amène à toujours différer vers le futur et l’extérieur la « solution » à notre problème, au lieu d’aller où la situation nous conduit. Tout comme un malade qui sait qu’il va mourir, nous sommes clairement invités à abandonner tout espoir pour aller « au-delà du désespoir », comme nous le propose le philosophe André Comte-Sponville dans un livre remarquable. J’ai parlé longuement de ce point, et de ce livre, dans un autre article intitulé « du bon usage du désespoir ». Car il y a un bon usage du désespoir. C’est le chemin le plus court vers la conscience de l’essentiel, de « ce qui sauve ».
Mais alors, qu’est-ce donc qui sauve ?
Je m'efforcerai d'être bref pour en parler, même si cela ne saurait tenir en 140 caractères... et je laisserai la place à un rêve qui nous emmènera plus loin que tout ce que je saurai dire.
D’abord, soyons clairs. Je crois qu’il faut commencer par admettre que rien ne nous sauvera de la réalité du Mal, de la souffrance et de la mort. Rien ne nous évitera ces expériences qui font intrinsèquement partie de la vie. Nous mourrons tou.te.s un jour. Nous souffrirons nécessairement, et rien ne pourra ne nous l’épargner. Jung sur ce point était très clair :
« L’être humain doit gérer le problème de la souffrance. L’oriental cherche à supprimer la souffrance en s’en débarrassant. L’homme occidental essaie de supprimer la souffrance par la drogue. Mais la souffrance doit être surmontée et la seule façon de la surmonter est de l’endurer. »
Si nous admettons enfin que rien ne nous sauvera de l’expérience de la souffrance, du Mal et la mort, alors nous pouvons commencer à envisager une autre perspective. Puisque ceux-ci sont inévitables, se pourrait-il que cette expérience nous conduise à découvrir quelque chose qui vaille « la peine » de les rencontrer, qui les relativise car cela les dépasse absolument ?
Rappelons-nous le logion de l’Évangile de Thomas qui dit :
« Si vous donnez forme à ce qui est en vous
ce à quoi vous donnerez forme vous sauvera.
Si vous ne donnez pas forme à ce qui est en vous,
ce à quoi vous n’aurez pas donné forme vous détruira. »
Il y a là une Bonne Nouvelle, au sens premier du mot Évangile : ce qui sauve est en nous, et la seule chose que nous ayons à faire est de lui donner forme, de lui permettre d’accéder à l’existence. C’est au fond ce autour de quoi tourne tous les enseignements spirituels et que l’on pourrait formuler ainsi :
Il y a en chacun.e de nous quelque chose d’absolument inaltérable, de toujours intact quoi qu’il arrive. On pourrait dire que c’est notre part divine, la Présence de Dieu, notre dimension d’éternité qui réaffirme sans cesse les mots d’introduction au Cours en Miracles, à savoir que « rien de réel ne peut être menacé ».
Les thérapeutes le savent bien : dans l’accompagnement d’une personne vers la guérison, on ne peut compter que sur le fait que, quoi que cette personne ait subi, il y a quelque chose d’intact en elle. C’est ce noyau inaltérable qui enclenche le processus d’auto-guérison dont le thérapeute n’est que l’assistant. C’est de ce lieu que viennent les rêves, les intuitions, les prises de conscience qui changent tout, tout à coup.
Nous sommes trop, et moi le premier, focalisés sur le Mal. Ce qui nous permet de toujours rejeter la responsabilité de ce qui arrive, car bien sûr, ce sont toujours les autres – les dirigeants, les actionnaires, Big Pharma, les électeurs de …, les nazis, etc – qui font le mal, qui amènent le Mal dans ce monde. Nous évitons toujours de nous regarder dans le miroir, de voir comment nous participons à ce que nous appelons le Mal. C’est dommage, car si nous osions vraiment nous regarder en face, nous pourrions faire une étonnante découverte. En contemplant le Mal en nous, nous pourrions découvrir le Bien à l’œuvre, en nous et tout autour de nous, toujours là, silencieusement. J’ai pour ma part été longtemps obsédé par ce que Hannah Arendt a appelé « la banalité du mal », avant de réaliser que celle-ci était comme un écrin qui fait ressortir l’omniprésence du Bien, de ce qui est bon, que ce soit l’air qu’on respire, la lumière qui nous éclaire, l'amour qui nous entoure, les jeux des enfants ou le fait qu’il y a toujours eu des justes. Et que même au plus profond du désespoir, il y a une Présence aimante pour nous murmurer à l’oreille intérieure :
« Traverse, noble fils ! Traverse, noble fille ! »
Christiane Singer
Traverse, car il y a quelque chose au-delà du passage obscur. Quelque chose qui vaut la peine de s’engager dans l’obscurité du passage. C’est peut-être bien cela que nous sommes venus expérimenter en nous incarnant sur cette terre. Encore faut-il que nous disions « oui » au passage, « oui » à l’aventure, « oui » à l’incarnation… et que nous donnions forme à ce qui sauve. Mais de quoi s’agit-il, encore une fois ?
Pour bien le comprendre, il faut revenir à la racine grecque du mot soteria, qui est traduit par « salut » et dont découle le mot soter, le sauveur. Or soteria se traduit aussi, et avant la notion de salut qui est une christianisation tardive, comme référant à la « santé », au sens de la grande santé, de la plénitude et de l’intégrité retrouvées. Il s’agit là de libérer le mouvement de vie de tout ce qui l’entrave, et de passer dès maintenant de l’existence étriquée dans les rets du mental à la grande Vie, éternelle car elle nous dépasse. Dès lors, le Sauveur n’est pas un dieu qui descendrait du ciel pour nous sauver mais cela même qui, en nous, est toujours intact, virginal, inaltérable – en santé.
Bien sûr, on peut dire que ce Sauveur est le Christ car celui-ci évoque, dans notre culture, une incarnation de l’Amour, dont on peut comprendre aussi qu’on le dise exempt du « péché originel », c’est-à-dire complet, en santé depuis toujours, sans que rien ne l’ait altéré. Mais ce faisant, on ne parle que de l’image que l’on porte en soi de cette étincelle de divinité qui toujours nous reconduit à notre plénitude. Mais rien ne nous permet de dire que cette image est supérieure à une autre, et que quelqu’un qui verrait cette lumière dans le sourire de Gautama le Bouddha, du Prophète Muhammad, du Bab, d'Osiris et d'Isis, de Shiva, de Krishna… serait dans l’erreur. Car l’erreur, c’est de croire que cette étincelle divine pourrait être enfermé dans une image, une théorie, un concept. Et une autre erreur – au sens de ce qui nous éloigne de la Vérité qui nous rend libre, et donc nous sauve – est certainement de croire que ce qui sauve pourrait nous être extérieur alors que nous avons d’abord à nous découvrir, nous aussi, comme un lieu de l’incarnation de cette Lumière.
Et dès lors, comment lui donner forme ?
Et bien d’abord en ayant foi, c’est-à-dire en faisant confiance en la Bonté de la Vie, qui au-delà des passages obscurs que nous avons à traverser individuellement et collectivement nous amène toujours à un point d’émerveillement. Cette foi, cette confiance, sont ce qui nous permettent d’entretenir une relation permanente avec la Présence lumineuse qui est en nous, qui nous parle nuit et jour pour peu que nous lui prêtions l’oreille. Avoir confiance, ce n’est pas « ne pas perdre espoir » car alors, comment pourrions-nous recevoir le désespoir, que ce soit le notre ou ceux de nos amis, de nos jeunes… sans perdre aussi la confiance, la foi ? Il s’agit bien au contraire de préserver la lumière même au sein de la nuit noire, et donc simplement de réaffirmer que quoi qu’il arrive, la vie est bonne, l’existence vaut la peine (ou plutôt la joie) d’être vécue et d’être aimée, et que la Source de toute chose étant Amour, il ressortira un Bien encore inimaginable du Mal auquel nous faisons face…
Je rappelle à l’appui de ce je dis là les mots de Jacques Lusseyran :
« Tout ce qui fait accepter la vie est bon. Tout ce qui nous la fait refuser est médiocre et provisoire. »
Ensuite, pour donner forme à ce qui sauve, nous devons incarner dans nos existences, dans de petits gestes plus que de grandes choses, cet Amour et cette Paix dont nous savons bien que, si elles régnaient sur notre planète, celle-ci serait sauvée. Il s’agit au premier chef de nous garder de toute haine, d’alimenter quelque conflit que ce soit même avec ceux que nous considérons comme des suppôts du Mal. Nous sommes invité à trouver en nous-mêmes l’espace de paix inaltérable à partir duquel nous pouvons retourner le regard et nourrir l’amour en nous et dans le monde. C’est là que se trouve l’opportunité spirituelle de conscience, et le « combat spirituel » s’il en est. Rappelons-nous les mots d’Etty Hillesum, aux prises avec une situation bien plus désespérée que la notre :
« C'est la seule solution, vraiment la seule, Klaas, je ne vois pas d'autre issue : que chacun de nous fasse un retour sur lui-même et extirpe et anéantisse en lui tout ce qu'il croit devoir anéantir chez les autres. Et soyons bien convaincus que le moindre atome de haine que nous ajoutons à ce monde nous le rend plus inhospitalier qu'il n'est déjà. »
Pour mesurer la profondeur de l’enjeu, de la « bataille » qui se joue en chacun.e de nous, il faut avoir à l’esprit que chaque être humain donne vie d’une certaine façon la plus haute conception qu’il a du sens de l’existence et de ce qui lui donne une valeur. On pourrait dire que chacun.e permet au Dieu qu’il ou elle imagine de marcher sur terre et de l’embellir, ou de l’incendier. C’est là que s’inscrit notre responsabilité créatrice d’enfants de la divinité, et c’est ainsi que Dieu, la source de sens et de valeur, la Lumière inextinguible, se re-crée à travers nous, en permanence. Et si nous n’incarnons donc pas dès maintenant dans nos vies ces valeurs que nous voudrions voir triompher dans le futur, si nous ne leur permettons pas de marcher dès aujourd’hui sur terre et d’agir dans notre quotidien, comment pourraient-elles féconder le futur et l’emporter ?
Bien sûr, ce n’est pas facile. C’est un sacré défi… ou mieux, c’est un défi sacré. Mais qui dit que nous ne sommes pas capables de le relever ? Ne serait-ce pas cela, la maladie qui nous ronge parce qu’elle nous diminue, ce que le mal a dit... ? Il s’agit donc, tout simplement, de nous guérir, et par là de gai rire. De permettre à la Joie, à l’Amour et la Paix de triompher dès maintenant dans nos existences. Rien d’autre !
Ce qui sauve, finalement, c’est un petit cyclamen rose indien, dans les mots encore d’Etty Hillesum, à Amsterdam occupée par les nazis, en septembre 1942 :
« C'est toujours comme une petite vague qui remonte en moi et me réchauffe, même dans les moments les plus difficiles : "comme la vie est belle, pourtant !" C'est un sentiment inexplicable. Il ne trouve aucun appui dans la réalité que nous vivons. Mais n'existe-t-il pas d'autre réalité que celle qui s'offre à nous dans le journal et dans les conversations irréfléchies et exaltées des gens affolés ? Il y a aussi la réalité de ce petit cyclamen rose indien et celle du vaste horizon que l'on finit toujours par découvrir au-delà des tumultes et du chaos de l'époque. »
Et voici donc, sans commentaires, un rêve extraordinaire, qui a été offert à la communauté de recherche des Chemins de Mystère, et qui vous mettra directement en contact avec ce qui sauve :
Jouer
Gros plan sur un bâton d’encens, ligne plus ou moins verticale, et la fumée qui monte…Prends le temps de l'imaginer. L’arrière-plan, n'est pas encore défini. On est à l’intérieur mais pour le moment, l'endroit où on est ne se distingue pas encore….
Si : il y a de grands murs. La peinture est ancienne, s’écaille par endroits… d’un vert assez sombre et un peu de rouge. Là-bas sur la droite, la lumière entre : il doit y avoir une ouverture. C’est un endroit frais, probablement un temple…. Oui : on dirait un temple oublié.
Retour à l'image centrale du bâton d’encens et de la fumée qui s’élève.
Entre un lion.
Un très gros lion entre tranquillement dans ce temple et vient s'asseoir paisiblement devant l’endroit ou est posé l’encens. C’est comme quelqu’un qui viendrait prier.
Densité. Intégrité. Dignité.
Ils sont plusieurs lions maintenant qui arrivent. C’est drôle d’imaginer qu’on est dans un temple de lions ! On dirait qu'ils ont rendez-vous là… chacun vient se poser et ils finissent par former un cercle… les pattes avant à l'intérieur du cercle, autour de cet endroit où brûle l’encens. 9 lions, peut-être, en méditation.
Et voila une petite fille qui joue à sauter dans les espaces entre les lions. Ce n’est pas un événement. Elle fait ça souvent. Il n’y a pas un bruit.
Prenons de la hauteur… de haut, on s’aperçoit qu’autour, c’est la forêt.
Voilà.
C’est un sanctuaire dans la forêt. Peut être il n’y a plus que les lions qui connaissent ce lieu ?
Enfin… quelqu’un à bien allumé l’encens… et ce n’est pas la petite fille….ou bien c’est un « encens perpétuel » ?
Ah, il y a un vieux. Près de l’endroit ou entre la lumière, un vieil homme passe le balai. C’est lui qui fait ça : chaque jour mettre l’encens et balayer le sol, enlever les feuilles… .
Maintenant, si tu prêtes attention tu peux percevoir comme un ronronnement.
Je ne sais pas si ça provient de la gorge de ces lions ou bien simplement du fait qu'il sont comme ça posés en cercle.. en tout cas, ils produisent un son…. comment dire, inaudible… mais tangible… en tous cas,, il se produit qq chose qui fait comme une colonne qui montre au dessus du toit du temple, monte dans cette trouée dans la foret, continue à monter au-dessus de la canopée et semble se répandre ensuite comme une fumée. Sauf que ce serait une fumée invisible…c'est quelque chose… à défaut d'un autre mot alors disons une « énergie »..
Les lions produisent ca…. je ne sais pas s'il y a une intention quelconque, une volonté de le faire, une conscience même, mais ils le font c'est indéniable. Et ce qu’ils produisent, on peut se baigner dedans et c’est très très bon, très bénéfique, comme régénérant.
Au dessus de la canopée, cette énergie se répand loin…
Alors tout là-haut dans cette fumée invisible, arrivent comme des corps emmaillotés, flottants.
Tu sais, des sarcophages de tissus, des momies peut-être… ou encore de grandes chrysalides… enfin ça fait des formes allongées qui flottent et qui se rapprochent pour se baigner dans l énergie produite. Il y en a beaucoup, allongés en cercle, tête vers le centre et ils roulent comme pour que toutes les parties de leurs enveloppes soient complètement baignées dans cette énergie.
C’est comme une correspondance avec le cercle des lions dessous.
Tout ça se fait très silencieusement et de la même manière que le jeu de la petite fille qui saute d'espace en espace entre les lions n'a rien d'un événement, là aussi ça semble quelque chose de très commun, qui se reproduit régulièrement et qui semble n'avoir rien à voir avec une volonté, une décision : ça se fait, c'est comme ça…
Le vieux est toujours près de l’ouverture. Je crois qu’il est le seul à avoir une intention : il perçoit cet équilibre fragile... ce phénomène qui a la délicatesse d’un mobile.
Toutes ces dimensions rassemblées, comme superposées, il le sait, que c'est très délicat.
Pour la petite fille ce n’est pas du tout délicat : c’est naturel. Par exemple elle semble n’avoir aucune idée du fait que ce sont des grosses bêtes, des bêtes sauvages, entre lesquelles elle joue et que, dans un autre genre d'équilibre, les lions pourraient bien la dévorer. Mais pour elle c'est très simple. Ces grands lions sont comme en méditation, en recueillement, immobiles et elle saute par-dessus, quelques fois se retient à une oreille où à un morceau de crinière, en confiance, et c'est normal.
Je ne sais pas ce que tu en penses, toi, mais moi….tandis que je suis témoin de ça, je me dit que j’ai beaucoup à apprendre de cette légèreté, de cette confiance, et de ce jeu. Cette enfant joue ! Simplement.
Dans cet endroit qui est comme un échafaudage subtil, un équilibre délicat, elle, son travail c’est de jouer…C’est simple, facile, miraculeux.
En un quart de seconde pourtant, tout pourrait se transformer en son contraire.
Pour commencer, ce temple, très facilement pourrait être une ruine : il suffirait d'arrêter d’y venir et de balayer…et puis les lions pourraient venir là pour rapporter leurs proies et les dévorer…Cet endroit pourrait être un charnier infâme.. De même là-haut ces momies, ces très grandes chrysalides c'est quand même un peu dégeu.. Sous un autre angle, dans un autre genre d’équilibre, donc tout ça pourrait être son contraire et ne parler que de violence, d’oubli, et de mort…
Mais cet équilibre impossible se fait.
Sans raison apparente, sans but évident… ça a l'air de ne servir à rien…
Mais ça existe.
Et le vieux, qui semble seul conscient de cette fragilité…semble de fait le seul point faible de cet équilibre : dès qu'il commence à s'inquiéter, à se soucier, c'est comme si son inquiétude dégradait quelque chose, physiquement, dans cet équilibre, dans ce champ de force on pourrait dire. Sa préoccupation abîme quelque chose et rend les choses plus difficiles.
Dans ce rêve, j’ai voulu m’approcher du premier lion. Et même…entrer dedans.
Alors il y eu comme un précipité chimique : en un mouvement très rapide, les lions se sont transformés. En pierre. Très vite tout se fige, ce ne sont plus des lions mais des statues de lion. C’est un temple sculpté.
Tout est pierre.
Quelqu’un aurait reproduit assez fidèlement le phénomène vivant et cet équilibre… C’est pas mal fait mais ça n’est pas vivant… C’est à la fois beau et triste.
Cette forme apporte quelque chose d'éternel mais… ça va être plus difficile maintenant.
Et maintenant c’est moi (ou toi,, imagine) qui marche entre les lions, en cercle.
Ce qui est délicat, vraiment délicat, c’est de continuer à jouer avec les lions, et de garder présent que ces statues se référent à du vivant.
Importance de faire comme si.
Jouer en réalisant de quoi ces formes parlent. À quoi elles sont reliées.
Et dans les pierres jouer tout autant,, de manière tt autant vivante, avec la même notion d’équilibre entre confiance et perception du danger vivant… C’est pas simple… Parce que entre le leurre et le geste sacré, il y a l’épaisseur d’un cheveu…
Faire, et pas se la jouer.
Parce que forcement, comme ils sont en pierre, ces lions, on ne risque rien..
Mais il y a quelque chose de vital à trouver l’équilibre.
Et jouer avec les éléments de pierre semble important.
Les sarcophages là-haut, les grandes chrysalides continuent d’attendre, suspendues.
Comment faire ? C’est expérimental.
Peut être… s’assoir prés du premier lion. Poser la main sur sa nuque, son encolure et chanter.
Essaie une voix très grave, presque inaudible, comme le ronronnement. ca fonctionne… un peu. C’est un équilibre en mouvement…quelques fois les lions deviennent transparents. C’est pas de la chair, encore, mais plus de la pierre...
Et je sens que je suis aidée !!!
Tous ces lions ont envie. Ils désirent la vie.
Et le sol lui-même. Les grandes dalles de pierre, et la terre dessous aident. Elles désirent. Un désir de s’élever. C’est aidant. Fraternel. Oh ! Que C’est bon de n’être pas seule !
Il y a là un mouvement, une transition entre deux mondes…ce qui veut s’élever…et les très grandes chrysalides qui attendent…qui sont des graines. Des graines de géants.
Des graines de quoi ? D’être géants.
Naissance et Mort. Transition entre deux mondes…
Le rêve se termine avec l’image de Vishnou, enfant a la peau bleue, assis en tailleur sur l’océan primordial, et qui conserve en lui tout ce qu’il est important de conserver entre un monde et le suivant.
Je n’avais jamais réalisé que cet être porté en lui vie et mort en ajustement constant. Il EST très exactement la destruction et l’éternité. la vie et la mort. Immobilité et mouvement.
Confiance.
Je vous souhaite, avec un peu d'avance, un très beau solstice d’hiver, une superbe descente dans l’obscurité... et surtout une merveilleuse remontée vers la Lumière !
Lorsque j’ai publié mon dernier article "le recours aux forêts", il s’est produit une série de synchronicités qui ont
retenu mon attention. J’en ai parlé rapidement en Post-Scriptum de
ce texte. Tout d’abord, à peine avais-je posté mes réflexions
que j’ai reçu une notification de publication sur un de mes
blogues favoris, en dormance depuis quelques temps, d’un texte de
Carl Jung tiré de « Présent et Avenir » qui résonnait
de façon remarquable avec mon propos. Le vieux sage de Küsnacht
nous mettait en garde, dans ce livre publié à la fin des années
1950, contre le danger d’une massification de nos sociétés,conct
c’est-à-dire la disparition de l’individu au profit d’une
masse manipulée par tous les moyens à la disposition d’une
oligarchie. Il craignait surtout l’emprise totalitaire de l’État
selon le modèle soviétique et n’envisageait pas clairement
comment le marché pourrait servir de paravent à une telle emprise,
mais son diagnostic s’avère, plus de 60 ans après sa publication,
incroyablement juste et visionnaire. Cela montre à quel point ce que
nous vivons actuellement est le fruit de tendances lourdes dans la
psyché collective et la société, et non le résultat
d’un plan élaboré sur le coin d’une enveloppe par quelques
individus mal intentionnés. Si tant est qu’il y ait un tel plan,
il s’insère dans une évolution archétypale qui est la trame même
de notre civilisation techno-industrielle. Mais
surtout Jung proposait aussi dans ce livre un
antidote à cette annihilation de l’individu, plus actuel que
jamais, sur lequel je reviendrai au cours de cet article pour
proposer des avenues de résistance à la psychose collective qui est
en train de s’emparer de notre monde...
Je ne saurais donc que vous recommander de lire très attentivement
« Présent et avenir », sans doute un des livres de Jung
les plus facilement accessibles au non spécialiste, et donc
tellement pertinent pour notre époque. A défaut, je vous invite à
aller lire le post « l’individu et l’état » sur le blogue
« Grands rêves ». En voici un extrait particulièrement
en phase avec mon propos dans « le recours aux forêts »
:
« L'individu se voit privé de plus en plus des décisions
morales, de la conduite et de la responsabilité de sa vie ; en
contrepartie il sera, en tant qu'unité sociale, régenté,
administré, nourri, vêtu, éduqué, logé dans des unités
d'habitation confortables et conformes, amusé selon une organisation
des loisirs préfabriqués, l'ensemble culminant dans une
satisfaction et un bien-être des masses qui constitue le critère
idéal.
Par une représentation suggestive de la puissance de L’État, on
cherche à susciter un sentiment collectif de sécurité qui
toutefois, à l’opposé des représentations religieuses, ne
fournit à l’individu aucune protection contre ses démons
intérieurs. C’est pourquoi il s’accrochera encore plus à la
puissance de L’État, c’est-à-dire à la masse ; et, alors qu’il
est déjà socialement dépossédé, son âme succombera aux
influences collectives, et il s’y livrera intérieurement.
La "massification" ne vise nullement à favoriser la
compréhension réciproque et les relations entre les hommes. Elle
recherche bien plus leur atomisation, je veux dire l'isolement
psychique de l'individu. »
Jung nomme ici deux composantes clés de la dynamique totalitaire à
l’œuvre dans notre monde. D’une part, il y a la puissance
suggestive des autorités qui créent tout à la fois la peur qui
ronge la masse et le sentiment de pseudo-sécurité qu’elles
offrent à partir du moment où l’on s’abandonne à elles.
D’autre part, il y a la destruction des liens sociaux qui conduit à
l’atomisation et l’isolement psychique des individus.
Dans les réactions, nombreuses, à mon article, j’ai été frappé
par la grande souffrance exprimée par plusieurs personnes qui
subissent l’énorme pression sociale dont je parlais là. Certaines
risquent de perdre leur emploi ou se font dire par des proches qu’on
refusera de les rencontrer si elles ne se font pas vaccinées.
Beaucoup se sentent stigmatisées parce qu’elles n’endossent pas
le narratif officiel et craignent d’être rejetées en étant
désignées comme de « méchant.e.s complotistes ». On
jette dans le même sac toutes celles et tous ceux dont le ressenti
profond s’insurge devant ce qui se passe, en particulier en France
les postures autoritaires de notre Président bien-aimé en quête de
réélection, et on les désigne à la vindicte populaire sans égard
pour les dommages psychiques pour des personnes qui comptent
généralement parmi les plus sensibles d’entre nous. Les chiens
sont lâchés, et gare à qui tombera sous leurs crocs…
Mais c’est une autre synchronicité qui m’a beaucoup donné à
réfléchir et travailler depuis que j’ai publié mon analyse. Dans
l’après-midi qui a suivi, j’ai reçu un rêve étonnant. La
rêveuse est une femme en émergence spirituelle avec qui j’avais
parlé quelques mois auparavant pour expliciter des rêves perturbant
mais tout à fait significatifs de son évolution intérieure. Je
n’avais plus de nouvelles d’elle depuis. Elle a reçu ce rêve
dans la nuit précédant ma publication et a ressenti une urgence à
me l’envoyer le jour même en me disant que c’était sans doute
un rêve collectif lié au COVID. Il faut préciser qu’elle ne se
sent pas vraiment concernée par la crise sanitaire, en tous cas pas
au point d’avoir ce rêve. C’est en effet un rêve à portée
collective qui cristallise de façon remarquable les angoisses qui
agitent l’Inconscient, et nombre d’entre nous. Jugez-en
vous-mêmes :
« Un phare est en feu, de l’intérieur. Un véritable
brasier… La fumée qui s’en échappe est si noir et dense qu’on
n’aperçoit plus le haut du phare. Se présentent à moi deux
personnes costumées :
Le monstre de Frankenstein, ahuri, portant dans ses bras Marilyn
Monroe qui s’est évanouie, intoxiquée par la fumée.
Je vois au loin des silhouettes humaines sur la plage, entre deux
collines. Ces gens hurlent, prennent feu alors même que certains
sont dans l’eau. L’un d’entre eux pointe son doigt vers le ciel
pour désigner le coupable de ce nouveau brasier meurtrier : un avion
noir, volant dans les nuages noirs provoqués par le feu ardent. Je
comprends alors que c’est cet avion qui a déversé le feu sur ces
gens et que ce feu n’est pas naturel puisqu’il prend même dans
l’eau et ne vise que les humains. Il s’agit donc d’une arme,
d’une attaque… La sirène d’alerte de la ville retentit pour
avertir du danger. J’hurle : « mettez-vous à couvert ! »
J’entre à la hâte par une porte dans un immeuble. Je me
retrouve dans un placard avec un petit garçon terrifié. Sous la
porte, je vois des pierres incandescentes tomber dans la rue, lâchées
par l’avion. L’enfant et moi-même commençons à tousser, à
manquer d’oxygène. Je dois ouvrir la porte alors que l’enfant me
supplie de la laisser fermée. Je sors et constate un paysage de
désolation. Tout est carbonisé par les pierres incandescentes qui
recouvrent le paysage. Je vois un homme accroupi pour observer ces
pierres, pour tenter de comprendre ce qu’il vient de se passer. Je
regarde moi aussi ces pierres et distingues, entre les grosses
pierres de feu, des cailloux plus petits, verts luisants. Je
comprends que ces pierres sont hautement radioactives. J’hurle à
cet homme de s’en éloigner. Je comprends que tout ceci est
volontaire, il s’agit d’une arme de destruction massive et
chimique destinée à détruire et à tuer l’Homme dans sa grande
majorité.
Nous entrons, l’homme et moi, dans une maison pour préparer
notre départ vers la forêt et s’y cacher pour un temps
indéterminé. J’entends un drone noir volant s’approcher de la
ville où nous sommes. A ce moment là, je sais qu’il vient pour
vérifier s’il y a des survivants. Je crie à l’homme de se
cacher. Je n’ai pas le temps de bien me cacher. J’entre dans une
pièce sans porte et me recroqueville dans un coin. Le drone approche
et entre dans la pièce. Je dois le détruire avant qu’il ne me
voit. Je lui donne un coup de poing pour le mettre au sol. Sa lumière
m’éblouit, je comprends que j’ai été filmée. Il est trop tard
pour moi… Alors que le drone tombe au sol, je découvre la femme
derrière, qui tient la manette pour le commander. Elle tient
également une orchidée sous son nez pour filtrer l’air et lui
éviter d’inhaler le poison ambiant qui est partout dans l’air.
Elle me regarde surprise et parle dans son talkie, sur son épaule
pour signaler ma présence (« il reste une survivante à détruire
»). Si j’ai peur au démarrage de devoir mourir bientôt, je me
rends vite compte que cela est inévitable. De colère, je la frappe.
Elle me répond en hurlant :
« Mais tu ne comprends pas !? C’est un virus et il ne peut y
avoir de vaccin pour tout le monde ! »
Elle est à genoux, elle est honteuse. Je sais qu’elle est
vaccinée mais semble regretter ce qui se passe. Je lui
dis alors :
« Je préfère mourir et rejoindre mon Ange avec qui je
communique depuis toujours que vivre dans les ténèbres de
l’ignorance comme toi. »
Des hommes en noirs arrivent à bord de voitures et d’hélicoptères
noirs pour me tuer. Ma fin approche. La fin de tous ceux que j’aime
approche. Impuissance, résilience… Il va falloir mourir quoi qu’il
en soit… »
Dessin du rêve par la rêveuse
Ce rêve m’accompagne depuis que je l’ai lu. Je l’ai emmené
marcher dans la montagne. J’ai discuté avec la rêveuse des
possibles interprétations qu’on pouvait lui donner. Je l’ai
publié dans le groupe Facebook « à l’écoute des rêves »
en exposant la synchronicité et en invitant à résonner à ces
images. J’ai été frappé par le peu de résonances qu’il a
suscité dans un premier temps, comme si la plupart étaient
tétanisés par ce qu’il évoque. J’ai reçu en privé des
messages m’exprimant l’horreur ressentie à la lecture de ce
rêve, la certitude partagée par de nombreuses personnes de ce qu’il
décrit le fond de notre situation collective, et un grand désarroi
dont je me faisais l’écho en parlant plus haut de la souffrance
psychique ressentie par nombre d’entre nous. Je n’ai pas
d’interprétation définitive à en proposer mais j’ai au prime
abord compris
ce rêve, et le fait qu’il me soit parvenu à ce moment précis,
comme une interpellation de l’Inconscient, en forme de :
- Tiens, puisque tu oses parler de cette psychose collective, voilà
de quoi aller sur le fond du problème…
En effet, même si nous sommes tou.te.s plus ou moins tétanisé.e.s,
moi y compris, devant la violence de ces images intérieures, c’est
notre tâche – du moins la mienne et celle des pompiers sur le
front de l’incendie des rêves – que de les regarder en face et
de chercher à les expliciter, c’est-à-dire à entendre ce que
l’Inconscient cherche à nous dire. Il y a là quelque chose qui
pourrait être psychiquement et spirituellement salvateur. En
marchant avec lui, il m’est apparu que ce rêve contenait tout à
la fois l’énoncé du problème et sa solution, qui ressort
explicitement. Bref, je remercie de tout cœur la Source des rêves
car il y a là un cadeau précieux qui m’a aidé pour ma part à
déterminer quelle réponse donner à ce que nous vivons
collectivement. En
effet, il ne suffit pas de se réfugier
dans la forêt intérieure, « lieu où quelque chose de neuf
peut grandir », me disait un commentaire à mon article. Il
faut aussi sortir du bois, et pour détourner en souriant un mot
d’actualité, il faut « manifester » la lumière
essentielle qui peut éclairer le chemin, la voie étroite…
Mais avant de proposer des éléments d’interprétation à ce rêve
et exposer ce que je perçois à ce point de cette voie étroite –
je fais allusion encore par ces mots à un des commentaires reçus en
réponse à mon article –, je dois expliciter plus clairement
peut-être le cadre dans lequel je travaille ces images. Plusieurs
personnes ont répondu en effet à mon analyse du rêve présenté en
introduction du « recours aux forêts » qu’elles
n’étaient pas convaincues qu’il faille entendre ces images de
façon purement symbolique. On m’a prêté là un certain
« optimisme » qui m’a fait sourire : c’est en effet
extrêmement optimiste de ma part de pointer une psychose collective
en train de déferler sur notre monde et de prévenir de la mise en
place d’une dynamique totalitaire ! Le comble, c’est en effet
qu’un tel énoncé soit finalement optimiste en regard des images
qui agitent l’Inconscient puisqu’il est question, en particulier
dans ce rêve, de destruction plus ou moins totale de l’humanité.
Et je reconnais volontiers que je me suis un peu avancé en disant :
« Je ne crois pas que l’inconscient cherche à nous prévenir
de ce que les vaccins contre le COVID vont tuer tous ceux qui se les
font injecter. Ici, il s’agit à l’évidence d’un symbole. »
Je maintiens que je ne crois pas… car je me tiens pour ma part dans
le non-savoir. Je n’achète ni le narratif officiel, ni les
fantasmes de peur de celles et ceux qui jouent aux sauveurs de
l’humanité en alimentant la psychose. Ce n’est pas la mort, pour
ma part, qui m’inquiète et je n’ai pas besoin d’imaginer un
terrible complot pour voir se profiler une destruction de ce qui fait
notre humanité, et c’est celle-ci qui m’inquiète. Tout est
possible... et peut-être allons-nous tous mourir bientôt, mais dans
ce cas, je mourrai en humain conscient de mon humanité. Et celle-ci
me semble nous commander d’éviter d’alimenter le brasier
collectif en y déversant nos peurs, notre défiance envers les
autorités et tout ce qui peut susciter encore plus de division et de
haine. Il est de notre responsabilité – response ability :
capacité de répondre – d’apposer autre chose à l’évolution
apparemment catastrophique, avec ou sans complot1,
de notre humanité. Apposer, et non « opposer »,
c’est-à-dire poser en face plutôt que d’entrer dans une lutte,
un combat « contre ». Quant à ce que nous affirmons sur
la situation, je crois que plus que jamais doit s’appliquer le
filtre de Socrate2,
qui consiste en quelques questions absolument nécessaires à se
poser avant de jouer les Cassandre :
- Si je ne suis pas certain que ce soit vrai, est-ce que cela fait du
bien ? Est-ce que c’est bon à dire et à entendre ?
- Si ce n’est ni certainement vrai, ni vraiment bon, est-ce au
moins utile ?
Socrate
Si cela ne répond à aucun de ces critères, à quoi bon en parler ?
Qu’est-ce que cela apporte ? C’est là, sans doute qu’un
certain travail sur soi, et en particulier un examen de l’ombre
personnelle, s’impose avant de prendre la parole, surtout quand
celle-ci est empreinte d’émotionnalité et alimente l’angoisse,
le désarroi. Pour ma part, je n’ai pas de certitudes et je
n’éprouve pas le besoin d’en chercher ni d’en vendre. J’invite
plutôt à penser et à méditer, et non à croire ou à gober des
demi-vérités douteuses. Je propose une réflexion qui se veut
approfondie, quitte à ce que mes articles soient (très) longs
(comme celui-ci), car il me semble important d’aller toucher à la
profondeur de ce qui nous arrive. C’est de là, seulement, que
pourra jaillir une lumière.
Je ne crois pas… et sans doute me suis-je trop avancé en disant
« à l’évidence, il s’agit ici d’un symbole ».
Pour beaucoup, ce n’est pas une évidence, et ils ne comprennent
pas la nature du symbole. Ils ont l’impression que si c’est un
symbole, cela invalide la possibilité que ce soit une réalité.
Alors qu’en fait, si vous en référez comme je le fais à Jung, un
symbole est une réalité vivante dans la psyché, une réalité
psychique et dès lors porteuse de signification, et cela
indépendamment de la réalité physique. Par exemple, Jung a écrit
un livre sur les soucoupes volantes dans lequel il ne discute pas de
la réalité physique, ou non, des OVNIS, mais de ce que leur
observation signifie pour notre époque…
Il ne s’agit pas donc de « psychologiser » ou de
réduire à une dimension symbolique ce qui pour certains est une
réalité qui saute aux yeux. Il s’agit plutôt d’ouvrir à la
profondeur symbolique et archétypale des choses, et pour commencer,
de s’en tenir à une rigueur méthodologique avec les rêves. Et
puis dans tout ce qui est affirmé de tous les côtés, il y a des
choses complètement délirantes parfois, il faut le dire aussi. Je
pense par exemple à la cabale des QAnon,
que je n’achète pour ma part pas du tout, d’autant qu’elle
nous vend le Trumpinet comme un sauveur de l’humanité – non
merci ! Mais là aussi, il faut se garder d’entrer dans une
polémique pour accueillir le fond de ce qui se dit. Si même, parmi
mes ami.e.s, il peut y avoir des personnes borderline qui ont du mal
à distinguer la frontière entre leurs fantasmes et la réalité, ce
n’est pas en les rejetant qu’on les aidera à revenir sur terre
mais bien en les entendant. Jung souligne que dès qu’une personne
se sait entendue, on évite le pire qui est l’isolement psychique,
l’enfermement de quelqu’un qui ne veut même plus parler; on est
en relation, et la relation sauve. Et puis il faut savoir que, bien
souvent, les personnes qui vivent en Borderland3
amènent dans ce qui semble être pur délire des images créatrices,
et finalement salvatrices si on sait les entendre, dont nous avons
besoin pour élargir notre vision et notre compréhension de la
réalité.
Il nous faut aussi regarder le danger de céder à la psychose
collective qui est en train de s’emparer de notre monde, et
examiner en quoi nous sommes susceptibles nous-mêmes de tomber dans
une psychose paranoïaque. Dans un rêve que j’ai entendu
aujourd’hui, la rêveuse accueillait chez elle une femme atteinte
de psychose paranoïaque, et lui proposait de rester. Ce rêve
témoignait de la conscience de la rêveuse de ses propres tendances
paranoïaques et de sa capacité à composer consciemment
avec celles-ci. J’aimerais ouvertement rencontrer plus souvent des
rêves comme celui-ci, car
le simple fait de voir notre propre folie permet d’éviter qu’elle
ne nous submerge. On peut alors entrer en
relation consciente avec elle. La paranoïa est en effet un phénomène
naturel, qui est susceptible de tou.te.s nous affecter quand nos
peurs entraînent un décollement du réel. Mais ce qui est beaucoup
plus grave encore, c’est que le monde entier peut devenir fou et il
est alors difficile de résister à la contagion délirante. C’est
déjà arrivé en de nombreuses occasions. Je vous invite à regarder
cette vidéo pour comprendre de quoi il s’agit quand on parle de
psychose collective :
Je ne crois donc pas… mais cela ne m’empêche pas d’être
complètement ouvert à toutes les opinions sincères, et en
particulier aux angoisses de mes ami.e.s dit.e.s « complotistes »
que j’écoute attentivement. Il se trouve que l’on peut montrer
une corrélation4
entre le degré de spiritualité et la tendance à endosser des
théories conspirationnistes, au point que l’on peut craindre que
la spiritualité elle-même soit désignée un jour par les autorités
comme l’ennemie à abattre. Je me passionne moi-même pour la
spiritualité, j’accompagne souvent des personnes en émergence
spirituelle, et j’ai donc beaucoup d’ami.e.s qui marchent sur ces
frontières incertaines. Je me situe hors de la discussion du pour et
du contre ces théories, même si nombre cherchent à me convaincre
de rejoindre leur camp en me bombardant de références, car je m’en
tiens à la position du non-savoir ouvert, et surtout je récuse la
logique qui voudrait qu’il y ait des camps, et donc en filigrane
une guerre.
J’ai assez dit que je ne croyais pas… alors je vais dire ce que
je crois, qui fonde ma réflexion devant ce rêve. Je crois que nous
sommes, archétypalement parlant, en face du Mal – le rêve le dit
clairement – et que ce Mal va grandissant. Ce n’est pas nouveau,
mais l’Ombre s’étend. Ce Mal, nous l’avons déjà contemplé
dans les yeux au moment de l’élection du Joker (le président
américain en 2016) et il coure dans notre monde depuis longtemps.
Les gnostiques parlaient déjà de la prééminence du Prince de ce
monde il y a 2000 ans. Une des vertus, et non des moindres, de la
situation est d’ouvrir les yeux d’un certain nombre de gens qui
dormaient devant leurs écrans de télé quand ce Mal a massacré une
grande partie de la population rwandaise, mis le feu aux Balkans,
jeté de l’agent orange dans les rizières vietnamiennes, pour ne
prendre que quelques exemples récents. Ce Mal, on peut le
caractériser comme l’archétype du diabolos, celui
qui divise, qui sème la discorde, la haine et à terme, la guerre.
Il a parti lié avec un autre aspect du diable, le Satan,
c’est-à-dire l’Accusateur. Et quand je parle du niveau
archétypal, je ne dis rien de la façon dont ces archétypes
s’incarnent nécessairement pour pouvoir agir dans le monde. Il
faut qu’ils trouvent des relais humains pour pouvoir se manifester.
Il y a peut-être en effet
des gens dont l’objectif est de nous diviser et nous jeter les uns
contre les autres pour faire marcher leurs affaires.Mais je n’ai pas à lancer
d’accusation car ce serait tomber à mon tour sous la coupe du
diabolos et du Satan,
et finalement servir le Mal. Je crois pour ma part que si nous
voulons contrer le Mal, il n’y a qu’une possibilité et c’est
de croître dans le Bien. C’est ce que nous enseigne par exemple le
Yi-King, dont le commentaire de Richard Wilhem de l’hexagramme 43
« la percée » dit explicitement :
« La meilleure manière de
combattre le mal, c’est un progrès énergique dans le bien. »
Hexagramme 43 - la percée (Yi King)
Il me faut enfin souligner que l’opposé du diabolos,
son antidote pourrait-on dire, c’est le symbole, du grec sumbolon
(σύμβολον) : ce qui réunit. Car entendre les symboles
réunifie la psyché. Nommer
ce Mal, mais surtout proposer un travail avec les symboles pour le
contrer, voilà ce à quoi je travaille ici et ailleurs.
Certain.e.s me disent qu’ils détiennent des éléments probants
pour instruire le procès d’un crime contre l’humanité, contre
la Vie. Cela me fait hausser les épaules. Je ne suis pas juge et je
n’instruirai pas de procès. Ces « preuves » sont
souvent une façon d’enfermer la discussion dans une certitude, de
ne laisser aucune place au doute fécond. Et
puis je crois qu’en matière
de destruction de l’humanité, il
ne sert à rien de chercher un coupable à moins de se regarder aussi
dans la glace : la plupart des théoriciens du complot n’ont pas
pris conscience de notre responsabilité collective dans la
catastrophe écologique en cours qui détruira sans doute la plus
grande partie de l’humanité d’ici quelques décennies. Mais
ce n’est pas tant ce qu’on croit être la réalité qui importe
que la réponse éthique que nous donnons à celle-ci, par laquelle
nous manifestons l’essence qui est au cœur de notre croyance.
J’interroge toujours ces ami.e.s convaincus de détenir une
terrible vérité : à quoi cela te sert-il d’affirmer cela ? Et
surtout, admettant que ce soit vrai, qu’en fais-tu ? Nous savons
bien que l’horreur existe dans ce monde : Dachau et Auschwitz ont
bien existé... et depuis, il y a eu bien d’autres génocides
monstrueux et des catastrophes d’origine humaine comme Bhopal,
Seveso, Tchernobyl... des empoisonnements de masse et des
dissimulations criminelles (Enron, l’industrie du tabac...), etc.
Quoi de neuf ? Découvres-tu donc l’existence du mal ? Mais alors,
que proposes-tu de répondre à l’évolution de notre monde ? C’est
en interrogeant sincèrement la motivation fondamentale
de ces affirmations, et où elles nous amènent, que nous pouvons
arriver à leur vérité profonde, ce qu’elles disent de nous et de
notre vision
de la Vie. Et même si je ne crois donc pas à
ces théories, j’en distingue bien souvent, tout comme Charles
Eisenstein5,
la valeur mythique : ce sont des images intérieures qui s’expriment
là et décrivent en fait le fond archétypal de ce que nous vivons
collectivement. Et même si ces accusations
s’avéraient donc vérifiables, il faudrait aussi prêter attention
à ce fond archétypal…
C’est le point clé pour saisir la démarche d’interprétation
d’un rêve comme celui que je vous ai présenté plus haut. Je l’ai
explicité dans ma réponse au commentaire de la Licorne, qui
interrogeait mon « optimisme » quant à l’interprétation
symbolique que je donnais « à l’évidence » de
certaines images :
« Ce n'est pas vraiment "optimiste" de ma part
d'envisager la portée symbolique de certaines images, mais cela
tient de l'attention scrupuleuse à laquelle nous sommes contraints
dans l'approche des rêves. Je n'exclue pas que certains éléments
soient à comprendre littéralement mais cela n'ôte rien de les
considérer d'abord dans leur profondeur symbolique. Pour ma part, je
m'en tiens fondamentalement au "je ne sais pas" en faisant
attention à ce que je pourrais projeter, car si je commence à
alimenter l'idée d'une intention diabolique derrière ce qui arrive,
j'alimente aussi la peur, la division, l'angoisse et la violence.
Nous avons donc une responsabilité, en tant qu'oreilles tendues aux
rêves, à ne pas répercuter sans prévention les fantasmes qui
courent le monde et nourrissent la psychose. En outre, il faut
considérer que le rêve vient toujours nous révéler quelque chose
qui est inconnu à notre conscience. Si l'on envisage seulement le
rêve sur un plan littéral, comme confirmant nos pires craintes,
alors nous risquons fort de passer à côté du véritable
enseignement du rêve, de l'inconnu qu'il cherche à amener à notre
conscience. La plus grande prudence est de rigueur. »
La Licorne, quand j’ai écrit ces mots, n’avait pas connaissance
du rêve que je rapporte ici et à l’abord duquel la nécessité de
cette prudence redouble. Que pouvons-nous donc en dire ? Quelle
interprétation proposer à ce rêve ?
Avant d’entrer enfin dans l’analyse des éléments symboliques,
je vous dirai la première résonance qui m’est venue à l’esprit
en écrivant à la rêveuse. C’est une phrase bien connue de Pierre
Teilhard de Chardin, qui dit pour moi l’enjeu spirituel de notre
temps :
« Un jour, quand nous aurons maîtrisé les vents, les vagues,
les marées, la pesanteur, nous exploiterons l'énergie de l'amour.
Alors, pour la seconde fois dans l'histoire du monde, l'homme aura
découvert le feu. »
Teilhard de Chardin
Je vous livre aussi quelques résonances recueillies à ce rêve dans
le groupe Facebook « à l’écoute des rêves » :
« Si c’était mon rêve je l’associerais avec la
situation actuelle. Je ferais le constat que la conscience qui guide
les hommes (le phare supposé guider, orienter les marins en mer) est
annihilée par le feu (pensées, émotions destructrices) lié à
cette situation actuelle.
Le monde est sous l’emprise d’une crise collective. Je suis
frappée par cette phrase :
« L’un d’entre eux pointe son doigt vers le ciel pour
désigner le coupable de ce nouveau brasier meurtrier : un avion
noir, volant dans les nuages noirs provoqués par le feu ardent. »
Les avions volent et ne sont pas en prise avec la terre.
Pourraient-ils représenter des pensées qui deviennent destructrices
parce que déconnectées du réel, ou, parce que déconnectés de
notre intériorité, notre ombre se projette à l’extérieur,
désigne des coupables ce qui ne peut mener qu’à la guerre, qu’à
cette vision très duelle du « bien » se défendant d’un mal
extérieur.
L’atmosphère est devenue en tout cas irrespirable, toxique
voire mortelle. Je me sens menacée, impuissante à me dégager de
cette psychose collective. Je cherche une porte de sortie, laquelle
semble être un retour vers l’intériorité (se dégager de
l’identification au mouvements de la masse), une prise de recul (se
retirer en forêt) pour laisser émerger une conscience plus claire
de notre situation individuelle et collective: « Je préfère mourir
et rejoindre mon Ange avec qui je communique depuis toujours que
vivre dans les ténèbres de l’ignorance comme toi. » »
Et :
« Frankenstein, la Bête. Marilyn, la Belle. La terre en
feu, radioactive, en cendres, en violence. Nous vivons un moment de
transition, de mutation, qui exige d’aller puiser dans ses
ressources personnelles et ses propres stratégies pour trouver la
capacité de se réinventer. Se cacher en est une. Se battre en est
une autre. Il n’y a pas de jugement. Chacun fait ce qu’il peut
pour survivre ou se retrouver intérieurement. La beauté est en
nous. Grâce à elle, nous pouvons abandonner les restrictions que
nous nous sommes imposées et établir un lien avec la partie la plus
profonde de notre être. La puissance peut venir des souvenirs d’une
vie passée. Accepter la mort de ce que nous connaissons et
accueillir la possibilité de nous transformer est également une
option. Ce (grand) rêve en montre partiellement le chemin. »
Et :
« D’abord ces trois couleurs : Rouge, Noir, Vert. Elles me
racontent quelque chose de violent, de magique, de mystérieux, de
rayonnant. Ensuite, la Direction commune brule, on perd le Nord. Des
monstres fragiles (Frankenstein, Marilyn). Ne pas montrer que je suis
vivant ? Impossible ! Derrière les machines, des hommes et des
femmes qui peuvent prendre conscience… avoir honte…changer ? Je
vais mourir et tous ceux que j’aime aussi mais j’ai trouvé un
autre phare, intérieur celui-là, et immortel : mon Ange. »
Un grand merci aux personnes qui ont résonné à ce rêve. J’ai
été bien sensible à la douleur et l’effroi qu’ont aussi
exprimé certaines personnes devant ce rêve, et c’est à elles que
je dédie cet article. Pour ma part, je veux souligner les éléments
suivants :
- Un phare, symboliquement, est une lumière qui guide les bateaux à
bon port. Le rêve dit clairement que ce qui est censé nous guider
collectivement à bon port est en feu. On peut penser à une faillite
des autorités, en particulier des autorités spirituelles, qui sont
censées nous guider. Deux observations s’imposent : d’abord, le
phare est un élément sémantiquement lié à la mer, c’est-à-dire
symboliquement à l’Inconscient collectif. Les bateaux symbolisent
volontiers la conscience naviguant sur les flots de l’inconscient.
Il est donc question en filigrane de la psychose collective qui met
en danger le lien entre les consciences individuelles et
l’Inconscient collectif. Celle-ci s’est symbolisée ces derniers
temps dans de nombreux rêves que j’ai entendus parlant de vagues
monstrueuses submergeant tout, ce qui n’est pas sans rappeler un de
mes grands rêves6.
Mais il faut aussi observer que le feu, par contraste avec cette
submersion, n’est pas seulement un des plus puissants agents de
destruction. C’est aussi un agent de transformation radicale.
- Le couple « monstre de Frankenstein / Marilyn Monroe évanouie
» est absolument typique. Il s'agit de deux "monstres sacrés" de notre mythologie moderne (voir mon commentaire à ce sujet). La rêveuse me
disait son sentiment que le monstre a échappé à son créateur, ce
qui pourrait évoquer l’hypothèse que le COVID est issu d’un
laboratoire mais plus profondément, on peut y voir le monstre
technologique qui prétend reconstruire l’humanité – par exemple
avec le projet transhumaniste – qui aurait échappé à ses
créateurs. Et nous avons là une représentation du couple
archétypal de la Bête et la Belle. Cette dernière pourrait
représenter le féminin asphyxié par notre rationalité
technologique, et donc endormi – ce qui laisse espérer un réveil.
Mais il faut aussi se souvenir que Marilyn est l’icône de la
beauté suicidée par la superficialité du spectacle permanent de
notre monde, détruite par l’identification à sa seule beauté
extérieure sans égard pour son intériorité. Il y a peut-être là
donc une image terrible de l’état de notre monde...
- C’est un avion qui déverse le feu, la mort. Nous avons là
peut-être une évocation encore de la technologie, et comme il a été
dit dans une résonance, d’une pensée qui ne touche plus terre,
déconnectée du réel et désormais destructrice. Mais il est
frappant aussi que la mort vienne du ciel, d’en-haut. Il y a là
une profonde ambiguïté car on peut se demander si la destruction de
notre monde ne serait pas voulue par le Soi, faisant partie d’un
« plan divin ». Mais ce ne sont pas des Anges qui portent
là le feu de l’Apocalypse, mais bien un avion. Alors, le symbole
pourrait signifier que c’est notre hubris à nous prendre
collectivement pour des dieux – et je renvoie encore là en
particulier au projet transhumaniste avec sa visée d’immortalité
– qui pourrait faire tomber le feu du ciel sur nos têtes. Et quel
feu ? Un « feu ardent » qui prend même dans l’eau, ce
qui est la propriété du phosphore, mot grec φώσφορος
(phosphoros), qui signifie « porteur de lumière ». Bien
sûr, il n’échappera pas aux esprits vifs que c’est aussi la
signification de Lucifer, le porteur de lumière au nom terriblement
ambigu qui n’est pas sans évoquer encore une fois le Mercurius
alchimique, l’agent de transformation par excellence.
Ayant dit tout cela, je suppose qu’il sera clair à mes lecteurs
que ce rêve recèle des profondeurs symboliques qui interdisent de
le prendre seulement littéralement comme nous avertissant d’un
terrible complot visant à détruire l’humanité. Il doit vraiment
être pris au sérieux, c’est-à-dire écouté dans sa profondeur
archétypal. La rêveuse et moi-même nous sommes interrogés sur le
symbole de la radio-activité. J’ai commencé par faire un lien
avec notre hubris à libérer le feu emprisonné dans la matière
avec la technologie nucléaire, dont la dimension destructrice est
évidente, particulièrement en ce jour où j‘écris anniversaire
de l’holocauste de Nagasaki. Il se pourrait bien que la folie qui
nous emporte en tant que civilisation ait pris forme en croyant
percer les secrets de la matière, nous livrant par là à une fausse
alchimie. Mais il me frappe aussi que la radio-activité soit une
émission par la matière de lumière, une lumière mortelle mais
suscitant aussi des mutations. Il est encore là question du feu
transformateur...
Parmi mes ami.e.s convaincu.e.s de l’existence d’un projet
destructeur de la plus grande partie de l’humanité, plusieurs ont
réagi en me disant que ce rêve venait confirmer leur conviction de
ce qu’un génocide par empoisonnement est en cours par le
truchement de pseudo-vaccins, en réalité selon eux des agents d’une
manipulation génétique de masse. Je suis obligé de leur faire
remarquer que ce n’est pas du tout ce que dit le rêve, qui parle
bien d’un poison, le virus… mais
dit cette fois que le vaccin sert à protéger ceux qui répandent la
mort. Cette fois, à la différence notable du rêve que je
présentais dans « le recours aux forêts », ce n’est
pas, selon le rêve, le vaccin qui est le poison. Sacré inconscient,
il
nous embrouille et surtout, il nous montre que nous ne pourrons pas
lui faire dire ce qu’il ne dit pas, nous servir de lui pour
justifier nos certitudes !
On retrouve là au niveau symbolique selon moi le poison de la peur
associé au virus. J’en veux pour « preuve symbolique »
que la femme qui pilote le drone assassin se protège du poison en
tenant une orchidée sous son nez. Or l’orchidée est un symbole de
pureté et de perfection spirituelles. Cela pourrait désigner
clairement les gens qui jouent aux « chevaliers blancs »
de la pureté spirituelle comme des agents de l’entreprise de mort
qui nous accable. Ce sont souvent des personnes
bien intentionnées qui sont obsédées par le
Mal qu’elles voient dans le monde, chez les autres, et qu’elles
éprouvent le besoin de « combattre ». Elles s’en font
une « mission », et l’Histoire montre régulièrement à
quelle extrémité de folie destructrice cela
peut mener au nom du Bien auquel elles s’identifient. En d’autres
termes, celles
et ceux qui ne sont pas capables d’examiner
leur ombre et qui répandent des miasmes de peur en se drapant dans
leur supposée vertu seraient les complices objectifs de la psychose
collective qui nous empoisonne. Ce thème du poison est bien sûr une
des résonances étonnantes de ce rêve avec celui que j’ai
présenté en introduction du « recours aux forêts »,
qui m’a fait pour le moins sursauter. Et je maintiens que le pire
poison aujourd’hui répandu est donc celui qui nous divise et nous
dresse les un.e.s contre les autres, faisant ainsi l’œuvre du
diabolos, celui-qui-divise.
On peut interroger encore la dimension personnelle de ce rêve, en
particulier dans la présence de cet enfant que la rêveuse protège.
Je n’entrerai pas dans l’analyse de ce point. Mais je dois dire
qu’elle m’a fournit des éléments attestant encore plus
profondément de la nature collective des images de ce rêve. En
effet, au cours de notre échange, elle m’a révélé qu’en fait,
ce rêve était précédé dans son souvenir par une autre séquence
onirique qu’elle n’avait pas jugé bon de me communiquer, la
pensant toute personnelle. Dans celle-ci, elle était approchée par
un homme « physiquement déplaisant » qui lui témoignait
cependant un profond et sincère amour. Elle finissait par céder à
cet « amour véritable » et il l’entraînait alors dans
une piscine où elle avait peur de se noyer. Je passe sur un certain
nombre de détails et je n’analyserai pas ici cette portion du
rêve, qui a en effet une dimension personnelle. Mais j’ai souri
quand elle m’a parlé de « piscine » car il s’agit
précisément d’un symbole de l’inconscient collectif, qui a
confirmé la nature archétypale des images qu’elle m’a envoyées.
Et surtout, le "hasard" avec ses lunettes noires a voulu
que je tombe, en ouvrant un livre que l’on venait
juste de m’offrir, sur le passage suivant, dans lequel Jung
explique :
« [ Jung parle du fait que le "joyau" est
généralement méprisé ]. Personne ne voit la valeur du joyau. Si
vous revenez aux symboles chrétiens concernant le Christ, dans la
prophétie d'Isaïe, il est dit qu'il n'a aucune beauté et que son
apparence est laide. Le serviteur de Dieu passe inaperçu et sa
valeur n'est pas évidente, alors qu'il contient la valeur la plus
élevée et qu'il est lui-même, en réalité, la valeur la plus
élevée. »
Vous imaginez ma stupéfaction de tomber sur ces mots. Encore une
synchronicité, décidément ! L’Inconscient (ou what ever
se dissimule sous ce voile d’inconscience) semble vouloir à toute
force que ce qui apparaît dans ce rêve soit clair comme de l’eau
de roche. Et
voilà tout à coup que la nature de ce qui
approche la rêveuse au travers d’un tel rêve, et qui lui donne à
voir de telles images, devient limpide.
C’est le Soi, ou plus directement dit, c’est le Christ,
l’incarnation de « l’amour véritable », l’Homme
(Άνθρωπος, anthropos) pleinement réalisé dans sa
double dimension de Ciel et de Terre, de divin et d’humain. Ainsi
nous est-il donc montré tout à la fois le mal dans toute son
ampleur et ce qui sauve car, comme le disait Hölderlin, que citait
bien souvent Jung :
« Plus
grand est le péril, plus grand est aussi ce qui sauve ».
Friedrich Hölderlin
En
effet, le rêve nous propose très directement
l’antidote à cette entreprise infernale :
Il ne s’agit pas comme Don Quichotte avant nous d’attaquer les
moulins à vent de la désinformation, que ce soit le narratif
officiel ou les alertes plus ou moins crédibles qui sont déversées
sur Youtube. Il ne s’agit pas non plus d’une tisane aux aiguilles
de pin ou d’une omelette aux champignons hallucinogènes. C’est
l’attitude de la rêveuse qui nous montre très clairement le
chemin quand arrivent les hommes en noir, représentants de l’Ombre.
Elle n’a pas peur de la mort. Elle préfère rejoindre l’Ange
avec lequel elle communique plutôt que de vivre dans les ténèbres
de l’ignorance, de l’inconscience. Par là-même, elle avoue une
relation permanente avec la dimension spirituelle, l’Ange de
lumière qui l’accompagne. Au lieu de nourrir une quelconque
animosité, elle dit « oui » à ce qui est. Ses derniers
mots font singulièrement écho à un grand rêve qui m’est advenu
lors de ma propre quête de vision : « il va falloir mourir
quoi qu’il en soit. » Toute résistance est inutile. Il ne
sert à rien d’engager une lutte sans issue contre la grande
transformation qu’est la mort...
Ce lâcher-prise souligne à mon avis la plus grande ligne de
distinction entre les personnes engagées dans une vie spirituelle et
celles qui ne le sont pas. Quand on vit en contact avec la dimension
spirituelle de l’existence, on « sait » que la mort
n’est jamais un « accident » dû à un virus ou à une
arête de poisson. On « sait » que c’est une décision
d’âme, dont on est prévenu à l’avance – même en cas
d’accident – par un rêve7.
Ce n’est pas que ce soit un choix conscient, ni un suicide de
l’âme, mais simplement quelque chose en nous décide que c’est
assez : Game is over. Et le virus ou l’arête de poisson sont alors
les agents bien utiles de la réalisation de cette décision. C’est
pourquoi toute l’agitation entourant le COVID semble souvent pure
folie aux personnes qui vivent avec une dimension spirituelle de
l’existence : le sens essentiel de la vie et de la mort sont
perdus. Cette agitation traduit simplement une peur de la mort. Et
comment soigner une maladie de la Terre
en renforçant encore plus ce qui rend malade notre terre ?
Et puis l’on « sait » donc aussi que la mort n’est
pas une fin, qu’elle est une naissance dans une autre dimension.
Comme le dit Gandalf dans le Seigneur des Anneaux, quand
Pippin l’interroge sur
leurs chances de sortir vivants de Minas Tirith
encerclée :
- Je n’aurais pas cru que cela finirait ainsi.
- Finir ? Non, le voyage ne s’achève pas ainsi. La mort n’est
qu’un autre chemin qu’il nous faut tous prendre...
C’est ce qui m’interroge souvent chez mes ami.e.s spirituel.le.s
qui crient au complot comme des cochons qu’on s’apprête à
égorger : et si cela était, serait-ce vraiment un mal pour la
Terre, qui a peut-être besoin de se débarrasser de la plus grande
partie de cette humanité (nous compris) qui ne la respecte pas ? Et
toi, n’es-tu pas en train d’avouer ta peur de la mort, ton manque
de foi spirituelle ? N’as-tu
pas confiance en quelque chose de plus grand qui protège la Vie ?
Ce qui m’amène enfin à l’essentiel de ce que je voulais
communiquer ici. Je vous prie d’excuser la longueur (un record dans
ce blogue) de ce texte mais de telles idées ne s’énoncent pas en
500 mots. Encore une fois, c’est à une réflexion en profondeur et
une méditation au long cours à laquelle je vous invite. Quel est
donc l’antidote à la massification dont parlait Carl Jung, à
l’entreprise totalitaire que nous pouvons discerner, à la psychose
collective qui menace de nous engloutir – et à la psychose
individuelle qui menace certain.e.s d’entre nous ? Car la division
voulue par le diabolos est aussi intérieure…
Jung le dit clairement, et ce rêve lui donne un écho extraordinaire
: c’est la connexion au sacré, à la dimension spirituelle de
l’existence. On pourrait dire, en pensant à l’enseignement des
Dialogues avec l’Ange – les "quatre messagers" vivaient
un enfer autrement plus explicite que celui que nous envisageons –,
c’est notre connexion à l’Ange, au Maître intérieur qui seul
peut nous guider dans les ténèbres que nous traversons. Si nous
avons besoin d’un autre exemple inspirant, je renverrai volontiers
à Etty Hillesum se penchant sur son propre puits intérieur dans
Amsterdam occupée par les nazis, puis emmenant sa paix intérieure
dans le camp de Westerbork, et enfin à Auschwitz. Ces références
aux heures les plus sombres de notre histoire peuvent nous aider, en
allumant dans notre cœur la lumière qui éclairaient leur nuit, à
trouver l’attitude juste.
Madame Von Franz, dans un texte qui m’est tombé sous les yeux
encore de façon synchronistique alors que je m’interrogeais sur
les suites à donner à mon article, donne une clé quant à la façon
de rechercher en permanence cette justesse. Cela devient, comme elle
le dit merveilleusement, une aventure éthique permanente :
« Dans chaque situation individuelle, il n'y a qu'un seul choix, une
décision unique qui se renouvelle d'instant en instant. Si l'on
adopte cette attitude , la vie devient une constante aventure
éthique. C'est pourquoi nous pouvons être si déroutants pour ceux
qui essayent de comprendre et d'appliquer nos vues : nous n'avons ni
règles de conduite, ni méthodes thérapeutiques établies. Il nous
faut garder sans cesses ouvertes les oreilles intérieures pour
écouter les indications profondes du Soi qui nous dira de faire ceci
à cette minute, et peut être le contraire la minute d'après. C'est
pourquoi je me contredirai toujours, en toutes sincérité...»
Cela implique qu’il n’y a aucune règle, aucun principe, sur
lesquels nous pourrions nous appuyer en permanence, comme par
automatisme. C’est un effort de conscience permanent pour assumer
la singularité de notre être, la singularité de chaque situation,
la singularité de l’instant. Ce qui est juste pour l’un, comme
de se faire vacciner par exemple, ne l’est pas nécessairement pour
l’autre, et réciproquement. Ce qui était juste hier n’est plus
nécessairement juste. Il s’agit d’être comme la rivière et
d’épouser le lit de la situation pour sentir intérieurement ce
qu’elle exige, vers quoi coule son énergie.
Cela implique donc de s’ancrer dans la conscience et dans une
profonde paix qui échappe à toutes influences extérieures, sans
cesser pour autant d’être en relation. Si conflit il y a, et il y
a nécessairement conflit, il faut ouvrir un espace assez vaste en
dedans pour le contenir au lieu de le projeter extérieurement. Il
convient en particulier d’être libre de l’émotionnalité et de
ne pas la cultiver, ni dans nos pensées, ni dans nos paroles, ni
dans nos actes. Il s’agit de travailler sur nos contradictions
internes, d’en prendre conscience et de les résoudre au lieu de
les projeter à l’extérieur. Cela implique d’entendre toutes les
voix en nous, et de chercher leur point d’accord, le lieu où nous
retrouverons l’unité intérieure, et avec elle, la paix. Le
pardon, la gratitude, la bienveillance inconditionnelle et la
bénédiction8
de tout ce qui nous semble « mauvais » font parti de nos
armes de libération massive, mais alors il faut
le faire sans ostentation, en privé dans le secret de nos cœurs,
sans agressivité sinon notre bénédiction se révèle être une
malédiction déguisée, qui se retourne contre nous. S’il s’agit
de « manifester », il convient de le faire comme le
faiseur de pluie dont parle Richard Wilhem9
: constatant que le monde n’est pas en ordre, il faut travailler
d’abord à remettre de l’ordre en dedans. Cela demande
en particulier d’entrer dans un certain détachement, un retrait à,
l’égard du monde, qui permet d’observer comment nos ombres
intérieures et nos émotions teintent les lunettes au travers
desquelles nous voyons les choses. Il nous faut méditer et ainsi
développer un méta-regard, c’est-à-dire un regard porté de
l’intérieur sur notre regard, de façon à éviter de prendre des
vessies pour des lanternes, et nos projections pour des réalités.
C’est un travail permanent de conscience, et outre le fait de se
relier au sacré, quelque forme qu’il prenne pour nous, il est
important aussi de nous relier à d’autres êtres humains. Une amie
me proposait ce triptyque salvateur : reliance, tolérance et
résilience… et je ne peux qu’abonder dans son sens. Jung le
pointait clairement : nous sommes d’autant plus susceptibles de
succomber aux suggestions que nous sommes psychiquement isolés. S’il
est quelque chose à « combattre » par les temps qui
courent, c’est cet isolement. S’il est une protection qui peut
être salvatrice, c’est donc de se relier. Se relier à la terre, à
la nature, aux animaux et aux arbres, aux rivières et aux montagnes,
au ciel, à la lumière… mais surtout aux autres êtres humains,
nos sœurs et frères en cette galère. Je parodierais donc
volontiers l’hymne national français, cette marche guerrière qui
nous appelait à « former nos bataillons » pour abreuver
de sang les sillons de nos champs (!) en proposant comme cri de
ralliement : « formons nos communautés, nos cercles... »
Car finalement, si je puis me permettre de me contredire directement
ici, il est bien un principe souverain qui devrait nous guider et
c’est l’Amour. Et plus précisément, l’Amour enraciné dans la
Paix et la Liberté – ce qu’évoque en particulier l’image du
Christ, symbole du Soi au cœur de la dimension sacrée en Occident,
mais aussi pour beaucoup d’entre nous Présence vivante, « amour
véritable » qui pave le chemin.
Dans ces temps d’ignorance et de ténèbres, il importe de revenir
à nos sources spirituelles et de boire sans retenue à l’eau vive
de la Parole qui étanche toute soif, quelle que soit la forme pour
nous que prend le Vivant. C’est un temps pour lire et relire les
textes sacrés – quels que soient nos textes sacrés… – et pour
méditer, contempler, et aussi pour écouter les rêves. Il est
important de nous relier à la nature, notre nature intérieure, et à
la nature vivante de notre belle planète, car alors la danse de la
lumière et de l’ombre s’inscrit dans le déploiement de quelque
chose de plus vaste, et d’inaltérable, que nous pourrions appeler
la Beauté. Face au Mal, il importe de se souvenir que le mythe de la
Génèse nous enseigne que nous avons « sombré » dans la
dualité au jour où, croquant la pomme, nous avons cru pouvoir
définir de façon définitive ce qui est le mal et ce qui est le
bien, nous permettant dès lors de juger nos frères. C’est la
fameuse chute, hors du Paradis de l’unité, du Un. Il s’agit donc
simplement, face au Mal, d’incarner ce qui nous semble être le
Bien, de lui donner vie et lui permettre de marcher sur terre,
réalisant ainsi à notre tour l’Incarnation. Mais pour cela, il
faut absolument éviter de s’identifier au Bien et de combattre le
Mal chez autrui, car c’est ainsi qu’il nous possède de
l’intérieur. Devant ce Mal, il nous faut retourner le regard vers
l’intérieur10
en prenant nos responsabilités et en nous gardant de toute hubris,
qui nous ferait croire que nous pouvons le défaire...
Mais c’est donc surtout en veillant à nous ancrer dans l’amour
(ἀγάπη, agapé) inconditionnel, la bienveillance et la
non-violence (ahimsa) en particulier envers tous ces gens qui
ne pensent pas comme nous et semblent vouloir nous contraindre, que
nous trouverons l’antidote à la folie collective, que nous serons
immunisés contre le poison qui menace de tous nous détruire. A
chaque fois que nous sommes tentés de nous fermer, de nous
contracter, de juger… nous sommes invités à trouver le chemin
vers l’ouverture entière de notre être à ce qui est, dans la
vulnérabilité. C’est la seule chose qu’exige de nous la
situation en fait : ce « oui » entier à ce qui est.
Quitte à ce que ce soit un « oui » à ma tristesse, mon
désespoir, ma colère... mais alors je la prends en charge cette
colère au lieu de la déverser sur le monde. Il s’agit simplement
de nous laisser traverser en toute confiance par quelque chose qui
est plus grand que nous, qui est infiniment bienveillant et en paix.
A défaut d’un autre mot, je l’appelle avec bien d’autres
l’Amour.
La question de notre responsabilité essentielle – encore une fois
: response ability, capacité à répondre – se pose donc
ainsi désormais à chacun.e d’entre nous :
- Qu’amènes-tu dans ce monde troublé ? Y déverses-tu ta peur,
ton angoisse, ton agressivité, tes ombres irrésolues, tes émotions
incendiaires… ou peux-tu te faire passage pour un sourire qui
éclaire tout, une Lumière qui fait ressortir la Beauté de la Vie,
cet Amour qui embrasse tout, une paix contagieuse... ?
Et si nous n’en sommes pas là, si nous ne sommes pas capables de
cet amour ? Car l’amour, la paix, le pardon, et la liberté qui en
découlent… sont le fruit d’un processus, d’un travail sur soi,
avec Soi. Et bien il faut avoir d'abord l’honnêteté de le reconnaître et
se mettre en chemin, en commençant par ne pas se juger, par s’aimer. Il ne faut rien forcer et de toute façon, il n'est pas possible d'être dans la paix et dans l'amour tout le temps. La paix absolue est une illusion elle aussi. Jung nous dit que l'individuation n'est pas une absence de conflit, mais « au contraire, implique une conscience intense du conflit ». Chaque boulette d'obscurité est l'occasion d'un travail de conscience dans lequel il s'agit simplement de trouver notre place dans la tourmente (voyez à ce sujet ma discussion avec AdRien dans les commentaires).
Mais si l'on est submergé par l'angoisse ou la rage, il faut peut-être aller chercher de l’aide. Il faut surtout avoir
confiance dans la Vie qui n’abandonne personne, simplement s’ouvrir
à la possibilité d’une transformation radicale. Car la voie
étroite, finalement, c’est la voie du
milieu qui réunifie les contraires, la
Voie de l’Amour qui appose ce qu’il y a d’éternellement bon,
beau et vrai dans l’existence, en face de ce qui toujours s’oppose…
C’est en cheminant, individuellement et ensemble, sur cette voie
étroite que nous transformerons le feu destructeur qui menace
d’embraser notre monde en ce feu d’amour dont parlait le père
Teilhard de Chardin. C’est ce à quoi nous appelle ce grand rêve !
Une lumière inextinguible
Je terminerai en évoquant les mots de Albert Chambon dans son livre
« oui je crois... », cité par Arnaud Desjardins dans
« En relisant les Évangiles »11.
Ce monsieur nous parle de la grâce qu’il a reçu en allant à
Buchenwald. Si celles et ceux qui nous ont précédé et qui ont
traversé l’horreur nazie ont su trouver une telle lumière au fin
fond des ténèbres, de quoi avons-nous donc peur ? Qu’est-ce qui
pourrait nous effrayer ?
Mais écoutons donc plutôt le témoignage de ce monsieur :
« Six ans au-delà [d’une retraite à la Grande Trappe], je
recevais la grâce de Buchenwald qu’il "valait la peine
d’obtenir, même si l’on obtenait pas celle de la sortie",
suivant le mot du père Leloir ; et il est vrai que dans le monde
déshumanisé des camps de concentration, un extraordinaire privilège
nous était offert à tous : celui d’atteindre sans efforts les
sommets de la spiritualité. Littéralement dépouillés de tous les
bien terrestres, loin de toute amitié, de toute affection, de toute
tendresse et de tout amour, libérés des obligations auxquelles les
hommes qui vivent en société sont astreints, privés du secours que
la religion peut apporter, la foi pouvait ruisseler en nous. Tout
apparaissait si clair, l’échelle des valeurs humaines si évidente,
qu’il semblait ne plus y avoir choix pour d’autre chemin. Plus
aucun brouillard ne nous empêchait de distinguer ce qui est
essentiel ici bas de ce qui ne l’est pas. Nous ne pouvions que nous
affliger d’avoir été si longtemps aveugles. La voie de Dieu était
éclatante de lumière. Les yeux de nombre de déportés se sont
fermé, ainsi, à la vie terrestre, dans une vision aveuglante de ce
que doit être l’existence humaine pour être conforme aux desseins
de la Providence divine. Quant à ceux qui, comme moi, ont eu le
privilège de revenir de ces lieux maudits, il leur demeure comme une
étrange nostalgie de cette vérité qui, alors, nous embrasait et
nous a déserté peu à peu après notre retour parmi les vivants. »
* * *
Un projet a pris forme en marchant avec ce rêve dans la montagne. En
continuité sensible avec les mots qui précèdent, parce qu’il
faut amener tout cela dans le concret,
je vous informe que ma compagne et moi-même envisageons de créer à
l’automne un cercle de méditation qui se rencontrera
virtuellement, et d’offrir des ateliers sur le thème
Rêver la terre de demain
Il s’agira :
- D’ouvrir un espace pour entendre et accueillir les peurs, les
angoisses, et les images intérieures qui nous agitent quant à notre
devenir collectif.
- De nous ancrer en terre par une attention amoureuse au corps, par
le chant, la danse, et tout ce qui nous aidera à nourrir la reliance
et à transformer les démons.
- De méditer et regarder en nous-mêmes pour y déceler et éclairer
nos propres ombres.
- De nourrir la paix, la confiance, la joie et l’amour en se
reliant dans le Cercle.
- D’aller enfin chercher des images intérieures pour la terre de
demain, au-delà du voile noir qui nous empêche de voir le futur
d’après la crise de transformation que nous vivons.
Pour celles et ceux qui s’en sentiront capables, il s’agira de
contacter en esprit nos descendants et de bâtir avec eux un pont de
lumière pour que nos époques se rejoignent…
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J’écris ces mots en ce jour (9 août 2021) qui voit la publication du dernier
rapport du GIEC, où l’avertissement est très clair : « c’est
maintenant ou jamais ».