mardi 3 août 2021

Le recours aux forêts

 


Temps de lecture : environ 20 mn.

Peu avant que notre Président bien-aimé nous annonce, en France, un nouveau tour de vis sanitaire, j’ai entendu le rêve suivant :

Je suis dans mon milieu de travail. Les contraintes se resserrent. Mes collègues m’observent et c’est comme s’ils espéraient que ‘’je craque’’, que je me plie aux nouvelles contraintes. On nous parle d’obligation vaccinale. Je résiste comme je peux à la pression. Je fais mon travail avec vigilance et je garde mon positionnent de départ. Mais quelqu’un me pousse dans la piscine. Je n’ai rien pu faire. Je me rends compte alors qu’ils contaminent tout, le poison vaccinal est directement injecté avec des seringues dans l’eau que l’on boit, l’eau même du robinet. Tout est désormais susceptible d’être contaminé. Je m’en vais alors, je quitte ce lieu de travail avec le sentiment que de toute façon, j’aurai bien du mal à échapper à la contamination si je reste plus longtemps. Et même ailleurs car toute l’eau est contaminée...

Nous y voilà donc, me suis-je dit en entendant ce rêve. Où cela ? A l’heure, bientôt, des choix décisifs. Au temps d’une prise de position dont les conséquences pourraient être lourdes. Pour nombre de mes ami.e.s, il s’agit de savoir s’ielles se feront vacciner, ou non, contre le COVID1. Résisteront-ielles à la pression sociale et à l’obligation vaccinale qui se dessine ? Ce sont les mêmes qui se sont insurgé.e.s, non sans quelques solides raisons, contre l’obligation de porter un masque, en soulignant ce qu’elle avait de l’absurde incantation autoritaire. Ce sont sur le fond des sujets délicats sur lesquels je n’ai pas la compétence qui me permettrait d’émettre un avis définitif, non sans être cependant particulièrement sensible à ce qu’ont subi les enfants et les jeunes avec cette obligation de se masquer et de se distancier. Mais je me demande surtout si au fond, de même que le COVID est le symptôme d’un mal plus profond qu’ont éclairé différentes réflexions2, le masque et le vaccin ne porteraient pas eux aussi un enjeu symbolique qu’il nous faut éclairer. C’est ce à quoi nous invite ce rêve, me semble-t-il, qui a clairement une portée collective et, au-delà des préoccupations personnelles de la rêveuse qui ressortent là, nous concerne tou.te.s. Au vu des dernières évolutions de la situation, il a clairement un caractère annonciateur et met en lumière, du point de vue de l’inconscient, la dimension dramatique de ce qui est en jeu. Il convient cependant de ne pas sauter trop vite aux conclusions et d’interroger sa dimension symbolique, et en particulier la nature du « poison vaccinal » qui y est évoqué...

Remarquons d’emblée la violence qui est au cœur de ce rêve, violence sociale dont nous avons désormais l’étalage dans les médias et qui est en train de partout se généraliser, par exemple à l’entrée des musées, des salles de cinéma, des bars et restaurants, des trains, etc. « Les contraintes se resserrent », nous dit le rêve – et encore une fois, il me faut rappeler que l’on semblait loin, au moment où il est survenu, de l’imposition systématique du passe sanitaire. Et qu’attendent nos dirigeants avec ces mesures sinon que celles et ceux qui refusent de se faire vacciner sinon qu’ielles « craquent » sous la pression sociale ? Ils préservent ainsi les apparences de la démocratie et évitent d’imposer l’obligation vaccinale tout en faisant de tous ceux qui croient fermement que le vaccin est la solution à la crise, et de ceux qui devront vérifier les passes sanitaires, les vecteurs de la pression sociale, les agents de la violence collective faite à la liberté individuelle. Cette violence gangrène les esprits, au point que certains ténors politiques appellent à conduire les récalcitrants aux centres de vaccination « les menottes aux poignets ». Récemment, j’ai été estomaqué d’entendre un de mes "amis" Facebook, au demeurant une personne intelligente et démontrant une certaine conscience politique, expliquer qu’il en viendrait volontiers aux poings pour faire entendre raison aux personnes qui refusent de se vacciner, à défaut d’autres arguments. C’est dire l’indigence de la pensée qui entoure ces questions. Nous devons imputer directement ce climat délétère à ceux qui divisent la population en instrumentalisant la peur, et en désignant à la vindicte populaire les antivax et autres « complotistes », accusés de propager l’épidémie.

En écho à cette violence, une forte angoisse ressort du rêve. Je suis convaincu pour ma part que cette angoisse est saine car elle apparaît ici comme un signal d’alarme devant la situation. Elle n’est pas sans rappeler l’angoisse qui s’exhale des rêves présentés dans l’excellent documentaire « rêver sous le capitalisme », ou encore dans les rêves rapportés dans l’étude remarquable de Charlotte Béradt « rêver sous le IIIème Reich » qui a inspiré la démarche de ce documentaire. A chaque fois, on peut voir comment l’âme est malmenée autant, sinon plus encore, que les corps par un système dont ressort la nature intrusive, qui vise à contrôler les esprits, et il faut bien le dire, totalitaire. Ici, celle-ci est clairement évoqué par le rêve quand il dit :

« Je me rends compte alors qu’ils contaminent tout (...). Tout est désormais susceptible d’être contaminé (...) toute l’eau est contaminée... »

La répétition de ce « tout(e) » dans le matériau objectif du rêve n’est pas fortuite. Elle pointe précisément le sentiment de la rêveuse, partagé plus ou moins consciemment par de nombreuses personnes, de faire face à un nouveau totalitarisme fondé sur une pensée unique qui ne tolère pas la contradiction, une novlangue qui prétend que « la vaccination rend libre » (paradoxe sémantique qui n’est pas sans rappeler le tristement célèbre « Arbeit mach frei »), une société du contrôle3 qui écrase ses opposants en les excluant et en tentant de les accabler de honte4. Cette société, nous la voyons déjà à l’œuvre en Chine, où un citoyen, scruté de tous côtés par les caméras et les systèmes de contrôle, peut voir son portrait apparaître sur un abri bus parce qu’il n’a pas payé ses impôts. Elle ne relève pas du fantasme, et il semble bien que ce modèle chinois – le seul, nous serine-t-on insidieusement, qui ait réussi à endiguer la pandémie – fascine nos dirigeants. Dans ce contexte qui agite l’inconscient collectif, il est bien naturel de ressentir de l’angoisse. C’est plutôt de n’en pas ressentir, de ne pas être conscient.e de la peur instillée autour du virus et de la manipulation de masse qu’elle permet, et de n’attendre que le retour au « business as usual », qui sont des symptômes inquiétants d’inconscience…

Il est certainement exagéré de crier à ce point en France à la dictature – c’est faire fi de ce que subissent ceux qui subissent justement une telle dictature, à Hong Kong et au Xinjiang, à Moscou et en Biélorussie, etc. L’évocation de l’étoile jaune ne semble guère judicieuse non plus, tant elle attente à la mémoire des victimes de la Shoah, qui n’étaient pas persécutés du fait d’un choix de conscience. Mais ces excès de langage – dont le principal défaut est de prêter le flan à une ridiculisation par les médias des idées qu’ils veulent illustrer – cherchent à mettre en évidence quelque chose que nous avons du mal à cerner, que la philosophe Barbara Stiegler désigne dans son remarquable essai « Démocratie en Pandémie » comme un nouveau continent politique, la Pandémie. Il s’agit d’une sorte d’état d’urgence permanent, comme nous le connaissons en France depuis 2015, qui de crise en crise permet d’euthanasier silencieusement la démocratie. Une des vertus de la situation est d’avoir suscité chez beaucoup de gens une nouvelle conscience politique, parfois empreinte de naïveté – mais qui dit « naïveté » dit aussi fraîcheur bienvenue. A l’inverse de cette fraîcheur, il faut bien s’avouer que le projet libéral autoritaire qui se dessine sous nos yeux n’a rien de nouveau. Au contraire, il est clair que la pandémie n’aura été qu’une aubaine pour l’accélération de tendances lourdes du capitalisme, en particulier dans la numérisation de l’économie et la généralisation du contrôle de masse. Quant à qui profite le crime, il suffit pour s’en rendre compte de se pencher sur l’énormité des profits engendrés par la crise pour les GAFA5, l’indécence des bénéfices réalisés par les entreprises pharmaceutiques avec les vaccins (dont on aurait pu penser, s’ils devaient « sauver » l’humanité, qu’ils seraient des biens publics), mais aussi sur les 300 milliards6 d’euros de profits supplémentaires réalisés par les ultra-riches en France en 2020 pendant qu’un million de personnes s’appauvrissaient...

L’inconscient ne fait pas de politique. Mais il sent que quelque chose ne va pas, et il explicite l’angoisse ambiante. Dans le rêve, il y a plusieurs évocations symboliques de l’inconscient. Il est ainsi frappant que quelqu’un pousse la rêveuse dans la piscine, ce à quoi elle ne peut rien malgré le fait qu’elle maintient son positionnement et fait son travail avec vigilance. La piscine symbolise volontiers l’inconscient collectif dans une dimension groupale et artificielle – à la différence par exemple de la mer qui évoque l’inconscient collectif dans sa dimension universelle et naturelle. On pourrait dire que la rêveuse ne peut éviter de se retrouver « dans le bain » des émotions engendrées par la situation et que le rêve la prévient qu’elle risque, avec cette pression collective, de vivre une grande crise personnelle, de se trouver aux prises avec cet inconscient groupal. Mais l’information la plus significative du rêve nous parvient au travers de l’image de l’eau contaminée par le poison vaccinal. C’est jusqu’à l’eau que nous buvons, c’est-à-dire que nous amenons à l’intérieur de nous, qui est contaminée. L’eau symbolise très généralement l’inconscient, en particulier dans sa dimension émotionnelle. Le rêve nous dit clairement : « toute l’eau est contaminée ». Cela ne peut se comprendre que d’une seule façon : le rêve nous prévient que nous sommes face à une psychose collective – l’inconscient lui-même est empoisonné. Il est pour ainsi dire impossible d’y échapper.

Mais quelle est donc la nature de ce poison partout répandu ? De quoi le rêve veut-il nous parler quand il évoque le « poison vaccinal » ? Je ne crois pas que l’inconscient cherche à nous prévenir de ce que les vaccins contre le COVID vont tuer tous ceux qui se les font injecter. Ici, il s’agit à l’évidence d’un symbole. Il est relativement facile de comprendre de quoi il s’agit quand on remarque que le vaccin cristallise aujourd’hui toutes les peurs associées au virus...

D’une part, il concentre les fantasmes de tous ceux qui espèrent être immunisés par la petite piqûre, comme une espèce de remède miracle contre la mort – car finalement, notre société pourrait bien avec le COVID simplement être en proie à l’angoisse de notre mortalité, dans la poursuite d’un rêve fou d’échapper à la mort. C’est là, précisément, que ressort la dimension psychotique – c’est-à-dire niant la réalité – de la crise actuelle. Rappelons-nous, comme le souligne l’excellent essai (quand la psychose fait dérailler le monde) de Renaud Girard et Jean-Loup Bonnamy, que la grippe espagnole a tué en son temps plus de personnes que la 1ère guerre mondiale, et que la grippe de Hong-Kong en 1968 a tué un million de personnes sans affoler plus que cela le landerneau. Aurions-nous oublié que les épidémies ont toujours fait partie de la réalité humaine ? Serions-nous en proie à une ambition démente, une hubris, qui nous fait fantasmer une immortalité technologique, obtenue grâce à une savante combinaison de biotechnologies et de cybernétique, comme celle que poursuivent les transhumanistes ? On peut penser aussi que le vaccin symbolise l’espoir que nourrissent beaucoup de gens d’un retour à la normale du monde d’avant, c’est-à-dire à la consommation de masse et au business comme toujours – un fantasme de l’immortalité du capitalisme, qui aura toujours des solutions techniques à offrir devant la crise écologique prévisible...

D‘autre part, le vaccin concentre les peurs de ceux qui y voient un projet démoniaque de contrôle de l’humanité par des nano-puces, une expérimentation génétique visant à modifier l’ADN des receveurs ou une arme biologique conçue pour éradiquer la plus grande partie de l’humanité. De telles affirmations prêtent à sourire et sont facilement rangées sous l’étiquette de « théorie du complot » sans chercher à comprendre ce qu’elles recouvrent. Il faut dire qu’elles sont souvent décrédibilisées par des gens qui les professent mais ne s’embarrassent pas trop de respect de la vérité, comme cette pharmacienne qui est allée dire publiquement que les tests de vaccins ARN sur les animaux avaient été arrêtés car tous les animaux soumis à l’expérimentation étaient morts. Cette thèse farfelue a été lancée sans aucune preuve par Bob Hall, un sénateur américain proche de Trump, et ce qui est intéressant, c’est qu’elle soit reprise alors qu’il existe des preuves du contraire, accessibles à toute personne s’intéressant vraiment au sujet. Cela fait ressortir la dimension mythique des théories du complot, comme le souligne merveilleusement Charles Eisenstein7, c’est-à-dire que ces théories sont porteuses d’une vérité qui n’est pas scientifique ou factuelle, mais symbolique. Elles expriment des peurs, des angoisses qui agitent l’inconscient collectif, qui nous renvoient précisément à la conscience diffuse de la mise en place d’un nouveau totalitarisme dont je parlais plus haut. Dès lors, les extrémistes comme ce sénateur qui pratique allègrement la post-vérité et ceux qui répercutent ces thèses jouent le rôle d’idiots utiles qui empêchent toute réflexion critique en vous mettant, dès lors où vous contestez les thèses officielles, dans le camp des trumpistes. C’est ainsi que la démocratie est régulièrement prise en otage, selon une stratégie désormais éprouvée, par exemple quand une élection ne laisse d’autre choix qu’entre un représentant du néo-libéralisme débridé et une pseudo-égérie fascisante. C’est le principe même de la mécanique de la peur qui annihile toute réflexion en l’enfermant entre deux fausses alternatives aussi inacceptables l’une que l’autre.

Le vaccin symbolise donc merveilleusement ce nœud coulant de la peur qui enserre l’âme et fait le lit d’une vision totalitaire de l’existence. De ce point de vue, la question n’est pas tant « se faire vacciner ou ne pas se faire vacciner ? », ce qui relève du choix individuel, que dans quel état d’esprit poser ou non cet acte, prendre position. Si la vaccination est une injection de peur, elle relève du poison psychique. Mais il en va de même pour ceux qui projettent leur angoisse sur le vaccin, comme si une injection de ce dernier devait les transformer en zombies – leur peur fait d’eux, sans même une piqûre, de tels zombis. A ce point où nous devons tou.te.s, même les plus savant.e.s d’entre nous, avouer l’impossibilité de savoir de quoi il en retourne vraiment sur le fond de nombreuses questions, il faut examiner les émotions attachées aux affirmations que nous lançons, souvent avec véhémence, dans le monde. Avec tout ce que nous faisons, tout ce que nous disons, il convient de nous demander si nous alimentons la peur, la colère et la division, le ressentiment et la suspicion, ou si nous sommes capables de faire preuve d’humanité, de compassion et de compréhension même envers les personnes qui ne pensent pas comme nous. Car tout ce qui nous dresse les uns contre les autres, nous sépare de nos frères humains, relève du poison...

Mais alors, quelle solution s’offre-t-elle à nous devant la chape de plomb totalitaire qui s’abat sur notre monde ? Le rêve semble bien pessimiste quand la rêveuse quitte son milieu de travail. Elle aura bien du mal à échapper à la contamination...

Je ne prétends pas avoir de pistes à offrir pour une solution collective au problème qui se pose à nous. Tout au plus puis-je proposer des éléments pour une solution individuelle que je mûris pour moi-même, et qui pourra en inspirer d’autres. Celle-ci repose essentiellement sur ce que Ernst Jünger a appelé « le recours aux forêts », faisant allusion par là au droit ancestral de faire sécession avec la folie collective. Dans « le traité du rebelle », il évoque ainsi la figure légendaire du Waldgänger : il s’agit d’avoir la possibilité de se dégager mais sans fuir, de se retirer du jeu social tout en l’observant, de ne plus jouer, de ne plus y croire tout en s’efforçant d’être aussi lucide que possible, de rester sur place mais en démissionnant intérieurement, de se replier. Le « recours aux forêts » emprunte à la tradition nordique qui permettait à un homme de faire sécession du clan pour aller s‘établir seul dans la forêt. Il pouvait vivre libre, à condition d’accepter de devenir une cible légitime pour les membres de la tribu. Il assumait pleinement sa liberté, sans rien demander à personne. Pour bien comprendre de quoi il pourrait s’agir en terme d’attitude intérieure dans le contexte contemporain, à l’heure où les forêts encore vouées à la vie sauvage se font trop rares pour que nous puissions nous y réfugier, il nous faut nous arrêter sur la nature de cette psychose collective à laquelle nous sommes confrontés. Et pour cela, il n’y a rien de mieux que de la mettre en perspective élargie.

Jung a mis en évidence dans son livre « Aspects du drame contemporain » (en particulier l’essai « après la catastrophe ») comment l’Allemagne avait basculé entre 1933 et 1945 dans une psychose collective. Au-delà des éléments historiques couramment avancés pour expliquer la folie nazie, comme l’injustice du Traité de Versailles qui a écrasé l’Allemagne et la violence de la crise économique de 1929, Jung a souligné comment l’éloignement de la nature instinctuelle au profit d’un rationalisme débridé accroît « le danger d’une infection psychique et d’une psychose des masses». Au XXème siècle, la psychose a ainsi frappé une des nations les plus cultivée du monde occidental, comptant par exemple le plus grand nombre de philosophes, de scientifiques, de musiciens… et elle a mis l’Europe à feu et à sang. Déjà, on pouvait observer une mise entre parenthèses de la démocratie avec la montée de régimes autoritaires. Ce n’est pas un hasard mais bien plutôt le signe de l’approche des limites intrinsèques à notre mode civilisationnel de relation à la nature – notre propre nature autant que la nature qui nous environne – et au mythe de la croissance indéfinie, qui ne peut conduire qu’à l’effondrement sur lui-même d’un édifice déraciné, hors de la Vie. On peut craindre aujourd’hui que la psychose ne se généralise désormais au monde entier, contaminé par le matérialisme et la pseudo-rationalité économique qui caractérisent notre monde. Ainsi la pandémie peut elle être envisagée, selon Richard Horton, le rédacteur en chef d’une des plus prestigieuse revues internationale de médecine, comme une syndémie, c’est-à-dire moins le fait d’un virus qu’une maladie causée par l’état du monde. LAmerican Way Of Life, dont l’universalisation est symbolisée par la présence d’un Mac Donald sur la place Tien Anmen à Beijing – réalisant ainsi l’hybridation redoutable du capitalisme dans sa logique de profit immédiat avec le projet totalitaire de l’État tout contrôlant du Parti Communiste Chinois – pourrait bien avoir été le vecteur d’un virus autrement plus mortel que le COVID, qui n’en serait finalement qu’un épiphénomène pour ainsi dire anecdotique.

Ce virus, c’est selon moi l’analyste jungien Paul Levy qui en parle le mieux, entre autre dans son livre « dispelling Wetiko ». Il le désigne sous le nom algonquin de Wetiko, qui fait référence à un esprit cannibale animé par l'avidité, l'excès et la consommation égoïste. Plus généralement, ce virus mental, qui est la source d’une maladie psycho-spirituelle généralisée dans notre culture, cultive la peur et se nourrit du sentiment erroné de séparation. C’est une maladie de l’esprit, une psychose au sens profond du terme, qui nous invite à considérer tout ce qui nous entoure avec le regard du prédateur qui cherche à exploiter la nature, les autres… comme si nous en étions séparés. Notre monde est en proie au Wetiko depuis longtemps, et il semble que le coronavirus mette simplement ce fait en évidence, rendant plus clairement visible que jamais le virus psychique qui pourrait bien nous détruire à terme. Car au-delà de la crise du COVID, c’est la perspective de l’effondrement de notre civilisation techno-industrielle qui se profile à l’horizon avec des désordres climatiques grandissants, et un ensemble d’indicateurs8 qui signalent que notre planète est à bout de souffle. On peut même se demander si la pandémie ne servirait pas à détourner notre regard de problèmes bien plus létaux à moyen terme, qui requièrent un changement radical de structure économique et sociale. On pourrait rire, si ce n’était si triste, de ce que le principe de précaution soit invoqué pour justifier la vaccination de masse quand il est clairement balayé sous la table dès qu’il s’agit du réchauffement climatique. Déjà, les Allemands ont vécu dans les années 1930 quelque chose qui tenait de l’effondrement sociétal avec l’inflation engendrée par le krach boursier de 1929. Il se pourrait que ce qu’ils ont alors vécu ait tenu de la répétition locale de ce que nous pourrions vivre de façon mondiale si le système financier international s’effondrait. Or la psychose collective semble aller dans des manifestations aiguës avec l’effondrement psychique qui accompagne de tels bouleversements sociaux. Dès lors, il me semble qu’il convient pour commencer de nous mettre à l’écart afin de tenter de préserver notre raison et notre santé dans ces conditions de tempête collective.

Un rêve m’en avait prévenu voilà quelques années, dans lequel je voyais le Dalaï-Lama interrogé à la télé. On lui demandait ce qu’il convenait de faire pour changer le monde, et il souriait en disant :

- Il faut surtout éviter d’être pris sous les décombres quand le système s’effondrera.

Ensuite, il me semble qu’il nous faut rechercher d’autres façons de vivre ensemble et de penser le monde que celles qui sont inspirées par le Wetiko, et ainsi préparer l’avenir au-delà de l’effondrement. J’ai déjà parlé d’un de mes rêves9 qui faisait ressortir que, pour survivre à la grande vague qui engloutit le monde, il faut prendre bien soin de nos relations – au-delà du fait de veiller à ne pas nous isoler, il s’agit aussi de cultiver l’état d’esprit symbolisé par la formule Lakota « mitakuye oyasin » (à toutes mes relations), qui souligne l’interdépendance entre tous les êtres. J’aimerais, avec beaucoup d’autres, croire qu’il serait encore possible qu’un sursaut collectif fasse reculer la machine totalitaire qui nous broie. Il faudrait une immense remise à plat de tout notre système socio-économique, que même les tenants de la terre plate n’osent espérer. Mais je crains que nous ayons à nouveau surtout l’occasion de réfléchir sur le désir de servitude volontaire10 du plus grand nombre, sans lequel aucune tyrannie ne tiendrait. Dès lors, le seul rempart contre le désespoir et la peur est donc de s‘ancrer dans l’amour et la foi, c’est-à-dire dans la certitude intérieure que tout ira bien et finira par servir un plus grand bien que nous ne saurions imaginer aujourd’hui. Il ne s’agit pas là de se complaire là dans un optimisme béat mais d’apposer à la nuit la force intérieure qui nous fait voir que l’essentiel est inaltérable, même par un poison vaccinal ou une psychose collective, et que « rien de ce qui est réel ne peut être menacé ». Il me semble évident à partir de là que l’enjeu est désormais surtout personnel et spirituel, et que chacun de nous peut voir en lui-même se dessiner la frontière entre la clarté et l’obscurité qui pourrait l’engloutir. La résistance est d’abord intérieure, et la nature, mieux que nous, saura abattre ce système infernal. Je songe en disant tout cela à un rêve que rapportait11 il y a quelques années Pierre Trigano :

Je suis au bord de l’océan et je vois arriver sur la côte à grande vitesse une immense vague de tsunami. Il n’y a aucun moyen de lui échapper. Je réalise qu’au milieu de la vague tourne sur elle-même une immense roue en acier que l’on ne remarque pas en premier. Je me dis qu’elle va tout broyer sur son passage. J’en suis terrifié et j’ai l’impression qu’il ne sert à rien de fuir : nous allons tous être rattrapés, noyés et broyés. Mais subitement, la vague et la roue se transforment en un esprit maléfique invisible qui efface et fait disparaître impitoyablement à l’échelle du monde tous les livres, toutes les cultures, toutes les traditions, j’en suis terrifié.

Il y a un seul recours : pratiquer le nom divin Adonaï.

Adonaï est le nom qui est donné à Dieu après qu’il se soit manifesté à Moïse au Sinaï. On le traduit généralement par « Seigneur ». Une subtilité implicite à ce nom de Dieu est qu’il s’agit d’un pluriel, ce que je comprends pour ma part comme une explicitation de la non-dualité de l’Un. On en revient là à la non-séparation essentielle. Quant à « pratiquer Adonaï », il faut relever d’abord qu’il s’agit d’une pratique, comme on pratique la méditation. On peut l’entendre comme une invitation à se relier à plus grand que soi dans une attention constante à la non-dualité du réel, comme la seule façon d’éviter d’être submergé par la peur, emporté par la psychose collective. Il s’agit de de s’enraciner dans une vision spirituelle de l’existence qui seule permet de regarder la réalité de la mort en face sans « perdre les pédales ». Alors, même la vague, la roue destructrice et l’esprit maléfique apparaissent comme des éléments du processus archétypal de mort/renaissance dans lequel la Vie ne cesse de se transformer. La psychose elle-même s’avère dans cette perspective être un processus initiatique qui tourne mal, au moins apparemment, mais il est possible à cielles qui feront le travail intérieur requis d’intégrer l’Inconscient au lieu d’être noyé par celui-ci. Le signe le plus certain de cette intégration est la capacité de concilier les opposés au lieu de s’identifier à l’un d’entre eux, et découlant de cette conciliation, l’ancrage au centre du cyclone où l’on trouve une certaine paix qui va avec le détachement. Cela n’empêche pas de ressentir la peur, l’angoisse, la colère, et toute la gamme des émotions mais au lieu d’être emportées par celles-ci, la conscience les intègre comme des mouvements intérieurs passagers, des nuages qui traversent le ciel et se dissolvent dans l’espace grand ouvert. Dès lors l’effondrement inéluctable se révèle être une opportunité d’éveil, tout comme un diagnostic fatal peut l’être pour un individu, éveil à la réalité de ce qui demeure au-delà de la forme, à ce qui ne meure pas. Pour réaliser cet ancrage dans l’essentiel, pour faire ce travail intérieur salvateur, il semble, comme le souligne aussi Pierre Levy, que l’écoute des rêves s’impose comme un des antidotes au Wetiko. Et justement, comme je m’interrogeais profondément sur toutes les questions que je brasse dans cet article, et sur l’attitude intérieure qui s’impose devant cette situation collective, un ancien rêve m’est revenu. C’est un rêve qui m’a parlé, en le revisitant, du recours aux forêts et qui prend tout son sens désormais.

Dans celui-ci :

Je suis devant un sous-bois. A mes pieds, il y a un petit ruisseau qui serpente. J’ai, en le contemplant, le sentiment qu’il se produira quelque chose d’irrémédiable si je le franchis et m’enfonce dans la forêt, qui me semble accueillante. Soudain, j’entends tout un tumulte derrière moi et je me retourne. A une centaine de mètres, il y a un tronçon d’autoroute qui débouche dans le vide et sur celui-ci, des gens en train de vociférer. Il y a des banderoles, des drapeaux de différentes couleurs, et je comprends que ces gens sont en train de manifester. Face à eux, je distingue des véhicules jaunes que je ne reconnais pas tout d’abord, puis dont je comprends que ce sont des bulldozers. Derrière ceux-ci, il y a des forces anti-émeutes en rangs serrés. J’entends des explosions sourdes, je vois du gaz s‘élever au milieu de la foule des manifestants, qui suffoquent. J’aperçois un groupe de jeunes gens tout en noir courir le long du tronçon pour tenter d’approcher des forces de l’ordre en lançant des projectiles – je me dis « ah, les copains sont là ! » et je suis tenté de rejoindre la manifestation. Et puis il y a une détonation et un des jeunes se prend la tête entre les mains avant de tomber. Les autres refluent en emmenant son corps inerte. Les bulldozers avancent irrémédiablement. Mon cœur se serre. Je vois une jeune femme mettre un genou en terre au premier rang des manifestants et brandir devant elle une plume d’aigle. Un instant, cela semble arrêter les bulldozers mais ils reprennent bientôt leur avancée. Déjà, des gens à l’autre extrémité du tronçon tombent en hurlant dans le vide…

Je regarde à nouveau devant moi, cette fois avec un frisson dans le dos. La forêt me paraît sombre désormais, presque menaçante. Mais je n’ai pas le choix, me dis-je. Je ne survivrai sans doute pas longtemps car je suis trop urbain pour vivre dans la nature sauvage, mais alors je vais mourir là, au contact de la grande Vie naturelle, en homme libre. Et puis même si je suis seul, s’il me faut franchir ce seuil tout seul, j’ai l’intuition qu’il y en aura d’autres qui choisiront la forêt. Alors, je franchis d’un pas décidé le ruisseau.

Bien sûr, la forêt est intérieure. Et elle est habitée de silence. J’y retourne immédiatement, avec l’espoir de peut-être vous y rencontrer. Nous y cultiverons des îlots de lumière et nous y rêverons d’un autre monde, dans lequel notre humanité sera réconciliée avec la nature. Un monde plus beau, qui est déjà présent pour qui a les yeux et le cœur ouverts…


PS: A peine ai-je posté cet article que je reçois une notification à propos d'un texte de Carl Jung, tiré de Présent et Avenir, qui vient d'être posté sur le blogue "grands rêves", qui me semble étayer les réflexions que je propose ici : L'individu et l'Etat. Je reçois aussi un grand rêve qui parle d'empoisonnement... et bien sûr, je ne peux éviter de penser à de fortes synchronicités !

Je parle de ce rêve dans un nouvel article, qui fait donc suite à celui-ci : la voie étroite.


NOTES

1 Avec la philosophe Barbara Stiegler et pour les mêmes raisons, je refuse de parler de « la » COVID-19 : https://www.youtube.com/watch?v=DKee-NveOFw&t=701s (4:48)

2 Parmi ces réflexions, je recommande tout particulièrement l’article de Charles Eisenstein intitulé « le couronnement » ainsi que l’analyse proposée par Paul Lévy, « Covid-19 is a a Symbol of a Much Deeper Infection - The Wetiko Mind-Virus » sur laquelle je reviendrai...

3 Voir à ce sujet les réflexions de la philosophe Barbara Stiegler, par exemple dans cet article : Les autorités détournent les questions sanitaires pour instaurer une société de contrôle

4 Voir l’excellente tribune du socio-anthropologue Pascal Ducourneau : Le passe sanitaire n'oblige pas à la vaccination mais en vient à gêner...

9 Voyez l’article « la jeunesse du monde » que j’ai publié en mai 2015, et la vidéo « demain la paix » que j’ai postée en novembre 2020.

10 Plus que jamais, il convient de méditer « le discours de la servitude volontaire » d’Étienne de la Boétie, qui demeure d’une actualité brûlante et devrait selon moi être étudié à l’école.

11 Source : « La domestication de l’humanité est-elle définitive », un article de Pierre Trigano dans « À l’écoute du symbole », septembre 2006. J'ai parlé déjà de ce rêve dans un autre article : Paix dans le coeur.

14 commentaires:

  1. Quelles belles réflexions et qu’est-ce que ces rêves sont révélateurs! Merci pour cette belle plume inspiratrice - un baume pour un coeur inquiet en ces temps de grandes transformations….vers un monde meilleur. J’y crois et j’y aspire au quotidien. Gratitude et grand respect, mon cher Jean, je t’embrasse fort, Leonieke

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    1. Merci chère Leonieke pour ce commentaire qui m'encourage à poursuivre la réflexion, à écrire. C'est parce que nous sommes nombreux à aspirer à ce "monde plus beau" qu'il prendra réalité. Je t'embrasse.

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  2. Travaillant dans un hôpital et en voie de métamorphose, je reçois votre texte comme une nourriture, une inspiration, une force et un accompagnement pour l’avancée sur la voie étroite, Merci Merci. Céliane

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    1. Merci Céliane pour ce commentaire. La "voie étroite", c'est exactement ce sur quoi, me semble-t-il, nous sommes tou.te.s invité.e.s à avancer. Votre message m'encourage.

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  3. J'aime bien ton article, Jean...

    à un détail près : je ne partage pas forcément ton optimisme quant à la portée purement symbolique de certains mots...
    Mais la plus grande partie me parle.

    J'aime tout particulièrement le dernier rêve, qui donne un peu d'espoir...

    Quitter les combats perdus d'avance, pour se tourner vers la "forêt", vers l'intérieur de soi...
    Une forêt est à la fois un refuge et un endroit où la végétation croît...et se développe.
    Aller chercher cet endroit en soi, où quelque chose de neuf peut grandir...

    Ce qui n'est pas forcément antinomique avec le fait de manifester...quand il le faut ! :-)





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    1. Merci chère Licorne pour ce commentaire.

      Ce n'est pas vraiment "optimiste" de ma part d'envisager la portée symbolique de certaines images, mais cela tient de l'attention scrupuleuse à laquelle, je crois que tu le sais, nous sommes contraints dans l'approche des rêves. Je n'exclue pas que certains éléments soient à comprendre littéralement mais cela n'ôte rien de les considérer d'abord dans leur profondeur symbolique. Pour ma part, je m'en tiens fondamentalement au "je ne sais pas" en faisant attention à ce que je pourrais projeter, car si je commence à alimenter l'idée d'une intention diabolique derrière ce qui arrive, j'alimente aussi la peur, la division, l'angoisse et la violence. Nous avons donc une responsabilité, en tant qu'oreilles tendues aux rêves, à ne pas répercuter sans prévention les fantasmes qui courent le monde et nourrissent la psychose...

      En outre, il faut considérer que le rêve vient toujours nous révéler quelque chose qui est inconnu à notre conscience. Si l'on envisage seulement le rêve sur un plan littéral, comme confirmant nos pires craintes, alors nous risquons fort de passer à côté du véritable enseignement du rêve, de l'inconnu qu'il cherche à amener à notre conscience. La plus grande prudence est de rigueur.

      Tu verras, à ce sujet de la difficulté à distinguer le symbolique du littéral, le rêve que j'ai synchronistiquement reçu le jour même de la publication de cet article. Il fait froid dans le dos.

      Je ne crois pas, en tous cas, céder à un optimisme qui m'aveuglerait en pointant l'avancée d'un totalitarisme qui enserre nos existences...

      Je suis d'accord avec toi que rejoindre cet espace intérieur où quelque chose de neuf peut grandir n'est pas antinomique ni incompatible, en effet, avec le fait de manifester. Il s'agit cependant de savoir encore dans quel esprit on manifeste. Si c'est pour sombrer dans l'invective et agresser par exemple des pharmaciens au nom de la liberté, non merci. Je préfère "manifester" à la façon du faiseur de pluie, et considérant comment le monde est en désordre, commencer par rétablir l'ordre en moi.

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  4. Tu fais preuve de prudence et cette prudence t'honore...

    Pour ma part, j'ai eu suffisamment d'éléments probants pour laisser cette "prudence" derrière moi...

    Je ne défends pas forcément les "manifestations", car je crois qu'elles peuvent facilement devenir un piège, en effet...et dégénérer.
    Elles servent surtout, quand elles sont pacifiques, à "compter les troupes" et à se sentir "moins seul".

    Je serais très intéressée de lire le rêve que tu as fait le jour de la publication de cet article.
    Tu l'as publié ?

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    1. Ce n'est pas moi qui ait fait ce rêve. Je l'ai reçu d'une personne qui l'a fait dans la nuit précédant la publication de mon article, et qui a éprouvé le besoin de me le communiquer d'urgence. Je l'ai exposé dans le groupe Facebook "à l'écoute des rêves" pour recueillir des résonances et je vais publier un nouvel article à son sujet dans les prochains jours...

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  5. Jean, dans ton échange ci-dessus avec La Licorne, tu dis :« Pour ma part, je m'en tiens fondamentalement au "je ne sais pas" en faisant attention à ce que je pourrais projeter, car si je commence à alimenter l'idée d'une intention diabolique derrière ce qui arrive, j'alimente aussi la peur, la division, l'angoisse et la violence. »

    Ton point de vue prudent à l’égard d’une possible projection relève sûrement d’une très bonne pratique psychologique et "onirologique".

    Cependant, faisant comme d’autres le constat de la division (ou même des divisions) créées dans le corps social, entre les gens, au sein des familles, etc., du dénigrement et de la calomnie des personnalités dissidentes, etc., induites par les mesures autoritaires imposées par nos gouvernants, je ne peux que me souvenir du sens étymologique du mot "diable" : du grec diaballein, « jeter à travers », « désunir », « calomnier » ; d’où diabolos « celui qui désunit », « dénigre », « calomnie » *  ; et me dire que, s’il n’y a pas d’intention diabolique derrière ce qui arrive, ça y ressemble tout de même...diablement !  :-)

    Amezeg

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  6. * Étymologie du mot diable trouvée dans : "Jacqueline Picoche, Dictionnaire étymologique du français, éd. Le Robert"

    Amezeg

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    1. Merci Amezeg car tu m'aides par ton commentaire à préciser ma pensée. Je me tiens en effet à une réserve méthodologique devant le rêve, prudence qui ne dit pas ce que je pense en privé de la situation générale. Je connais le sens du mot diabolos, auquel s'oppose justement le symbolein, ce qui réunit. Et je m'intéresse surtout ici au niveau archétypal mis en lumière par le rêve. Mais il faut pour que l'archétype agisse qu'il s'incarne, que certains lui donnent forme. Cependant je me garde d'alimenter moi aussi la division par des accusation (étymologiquement, le Shaitan ou Satan est "l'accusateur".
      .), ce qui m'amenerait à être moi-même possédé par ce diabolos, comme beaucoup je le crains...

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  7. Je ne doutais pas que tu connaisses le sens du mot diable, Jean. Mais tout lecteur-visiteur ne le connaît pas à coup sûr.

    Je crois qu’il est bon de voir et de dire ce que l’on voit, sans tomber dans le jugement de celui qui se sentirait entièrement au dessus ou en dehors de ce qu’il dit voir. Nous sommes tous impliqués par une part de responsabilité individuelle dans ce qui arrive. Si une intention diabolique mène le monde c’est que cette intention est à un degré variable, plus ou moins présente en chacun-e de nous, et qu’il est bon que chacun-e en prenne conscience pour ne plus se laisser mener par elle, individuellement et, par suite, collectivement. Peut-être faut-il reconnaître et montrer cette intention diabolique visible au dehors sans oublier de dire qu’elle n’existe "au dehors" que parce qu’elle est plus ou moins présente en chacun-e et que s’il faut, dans l’urgence, tout faire pour tenter de lui ôter de sa puissance destructrice "au dehors", tenter d’arrêter le cataclysme sociétal et sanitaire qu’elle est en train de créer, il faut à plus long terme que chacun-e « mette de l’ordre en lui-elle même », travaille à mieux se connaître, à reconnaître les parts "diaboliques" dont il-elle est porteur-euse et progresse vers l’unification intérieure/psychique par la réconciliation des contraires présents en lui-elle même : symbolein, réunir…

    Amezeg

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    1. Merci Amezeg. C'est à cela que je travaille, précisément, de mettre en lumière cette intention diabolique. Tu seras dans ce sens sans doute très intéressé par le nouvel article que je vais publier très prochainement. Et puis tu sais ce qu'en dit Von Franz : pointer le Mal du doigt, c'est déjà être possédé par celui-ci. Je fais donc ce que je peux, avec mes modestes moyens, en me gardant et en me contentant de travailler la matière des rêves...

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    2. Merci Jean pour ces échos à mes commentaires.
      Je te lirai avec plaisir et intérêt lorsque sera publié ce nouvel article.

      Amezeg

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