jeudi 9 décembre 2021

Ce qui sauve


Temps de lecture : environ 30 minutes.

L’écriture de mon précédent article, qui tournait autour d’un rêve apocalyptique dont on peut craindre qu’il parle de l’arrière-plan psychique de ce que nous vivons collectivement, m’a laissé avec la citation de Hölderlin que rappelait souvent Jung :

« Plus grand est le péril, plus grand est aussi ce qui sauve »

Depuis lors, j’ai cheminé avec la question, qui revêtait pour moi un caractère d’urgence : mais qu’est-ce qui sauve donc ? D’où espérer sinon un salut, du moins une aide ? Je vous partage ci-dessous mes réflexions à ce sujet, ainsi qu’un autre rêve remarquable, qui me semble mettre en évidence ce qui sauve, sans commentaire. 

Mais auparavant, je veux vous donner quelques nouvelles de la communauté de recherche des "chemins de mystère" dont je vous ai parlée dans un article en janvier dernier. 

Pour mémoire, les chemins de mystère sont une démarche à la croisée de l’investigation existentielle et de l’analyse jungienne classique, dans laquelle on prête une attention soutenue aux manifestations de l’inconscient, en particulier les rêves mais non seulement.  J’oserai comparer ce travail à l’approche dite des lyings qu’a développé Swamiji Prajnanpad, le maître d’Arnaud Desjardins, dont je ne cacherai pas qu’il m’a fortement inspiré même si je n’ai vraiment pas la prétention d’arriver à la cheville d’un tel enseignant. Les lyings sont cependant issus de la rencontre dans l’expérience de Swamiji entre le Vedanta et la psychanalyse freudienne. Dans les chemins de mystère, d’une façon qui coulera de source pour celles et ceux qui connaissent en profondeur les travaux de Jung, la rencontre féconde est entre la psychologie analytique de ce dernier et le travail Zen du koân. Au lieu cependant de cheminer avec des questions pré-établies par la tradition comme « quelle est le son que fait une seule main qui applaudit ? », ou le fameux « qui suis-je ? » de ce qu’il est convenu d’appeler « l’investigation fondamentale », chacun.e chemine avec sa propre question existentielle, l’interrogation toute personnelle qui le ou la travaille dans ses profondeurs...

J’ai donc le plaisir de vous informer que le projet va son chemin. Une quinzaine de personnes m’ont rejoint dans cette aventure et nous nous réunissons régulièrement de façon virtuelle. Nous vérifions ensemble la profondeur que peut apporter le collectif à une démarche d’investigation individuelle, ne serait-ce que parce que l’on constate que nous ne sommes pas seul.e à risquer la recherche. Je vois ainsi prendre forme un des rêves de ma chère enseignante Paule Lebrun, décédée il y a un peu plus de 4 ans, qui appelait de ses vœux la formation de communautés de chercheurs. J’insiste sur ce terme : recherche. Nul ne connaît à notre place la réponse à notre propre koân. A la différence encore de Swamiji Prajnanpad, la démarche que je propose là n’est pas le lieu d’un enseignement mais celui d’une recherche commune, et d’un partage où tou.te.s apportent du leur. Je ne cacherai pas l’inspiration profondément libertaire, anti-autoritaire, de la démarche. Je crois qu’il est temps de dynamiter proprement toutes les figures de « maître », et surtout l’infantilisme qui entoure celles-ci : nul n’aura de réponse à nous donner aux questions les plus fondamentales qui sont les nôtres. Nous n’échapperons pas à l’obligation d’aller y voir par nous-mêmes, dans une solitude qui nous ramène à notre irréductible unicité, ce en quoi nous sommes des êtres uniques. 

Il est à noter qu’aucun des véritables enseignants, des maîtres du passé, n’a jamais prétendu donner de telles réponses générales aux chercheurs, et leur faire faire l’économie de la recherche. Au contraire, ils nous ont toujours encouragé, par leur exemple et leur enseignement, à aller au fond de nos questions. C’est là, certainement, que nous avons le meilleur moyen de discerner ce qui différencie ces maîtres des faussaires qui veulent nous revendre des vérités qu’ils ont eux-mêmes mal digéré. Mais j’ai la conviction, bien enracinée dans mon expérience, de ce que nous vivons une époque fort intéressante sur le plan de l’évolution spirituelle : là où le modèle traditionnel invitait les étudiants à se regrouper autour d’un enseignant dans une communauté spirituelle qui faisait la promotion d’une certaine uniformité de pensée, nous sommes désormais invité.e.s à l’aventure de l’intelligence collective qui se manifeste quand un groupe de personnes mues par un même objectif se réunissent et s’accordent. Alors – on le voit souvent à l’œuvre dans les cercles de paroles et les loges de rêves – quelque chose de plus grand que la somme des participant.e.s se manifeste. Ce « quelque chose », on peut l’appeler l’Esprit, ou encore – et cela explicitera le nom donné aux chemins que je cherche à ouvrir – le Mystère. Et au fond, comme nous l’a rappelé une des personnes qui marche sur ces chemins, notre koân commun est :

Qu’est-ce que  le Mystère ?


J’ai donné au printemps, dans ce cadre, un cours d’interprétation des rêves, ouvert aussi au public hors communauté de recherche, et je proposerai bientôt d’autres ateliers de travail approfondi avec les rêves. On me sollicite pour proposer une série de cours qui introduiront aux aspects avancés de ce travail, en particulier dans le champ de ce que j’appelle l’écoute intérieure des rêves, et dans celui, immense et encore à explorer dans une grande mesure, des constellations de rêves. J’y réfléchis mais je dois dire que pour moi, c’est la démarche des chemins de mystère qui est à la fine pointe du travail intérieur. En effet, au lieu d’instrumentaliser le rêve et l’approche de l’inconscient au service d’une simple visée thérapeutique, comme si ceux-ci devaient apporter une solution à nos problèmes conscients, la recherche existentielle touche inévitablement à la question de notre relation à notre nature essentielle. On sort de tout utilitarisme, même si la question existentielle peut concerner notre évolution professionnelle par exemple, ou ce que l’on va faire des jours qui nous restent à vivre, et l’on rejoint ainsi ce qu’indiquait Mme Von Franz à propos de l’approfondissement du travail :

« Jung disait toujours que plus longtemps quelqu’un avait été en analyse, pendant de nombreuses années, plus, s’il persévérait, les rêves devenaient difficiles et compliqués. […] Le rêve peut prendre alors un caractère d'énigme cryptique. Mais si vous parvenez à pénétrer le sens de ces rêves apparemment inutiles, vous découvrez qu'ils ne sont pas en relation avec un éclairage intérieur, mais avec le simple fait d'être; ils n'enseignent ni une connaissance intérieure ni à réaliser quelque chose, mais à exister : ils se contentent d'enseigner à vivre. »

J’ai développé ce thème dans un article intitulé « tout ça pour ça », où vous trouverez l’intégralité de la citation de Mme Von Franz. Il se trouve qu’elle évoque là aussi le lien entre cette démarche et le Zen. Bien sûr, c’est une démarche qui réclame une certaine maturité. Si elle vous intéresse, contactez-moi et nous en parlerons...

J’ai pu sembler m’éloigner de mon sujet et cependant, je ne fais que tourner autour de celui-ci car s’il y a bien quelque chose qui sauve, nous dirait Jung, c’est le contact avec le Soi. Or c’est ce qui nous préoccupe sur les chemins de mystère : le contact avec le Soi, c’est-à-dire avec le Mystère vivant… mais encore ? 

Et d’abord, de quoi s’agirait-il d’être sauvé ? Où est le péril ? 

Si vous me lisez régulièrement, vous connaissez ma propension à donner de longs développements (LOL) à de telles questions. Dans une première version de cet article, j’ai écrit pas moins de 6 pages pour exposer combien notre situation peut sembler désespérée si l’on considère l’accumulation des dangers auxquels nous faisons collectivement face. Je citerai pêle-mêle la psychose collective qui semble submerger le monde ces temps-ci, le désastre écologique et les dérèglements climatiques auxquels nous n’apportons aucune réponse sensée, la déshumanisation qui va avec l’envahissement de tous les aspects de nos existences par la technologie jusqu’à ce qu’on peut désigner comme la « dictature numérique », la montée en puissance des régimes dictatoriaux et de ce qu’il faut bien appeler le libéralisme autoritaire – si ce n’est même l’émergence d’un nouveau totalitarisme insidieux –, l’aggravation sensible des tensions internationales qui pourraient déboucher sur de nouvelles guerres dévastatrices, la raréfaction de ressources clés et l’atteinte de seuils sociotechniques qui préfigurent le risque d’un effondrement général de l’organisation techno-industrielle du monde…

N’en jetez plus, la cour est pleine.

Je suis pour ma part, en tant qu’ancien informaticien, particulièrement concerné par la menace que la technologie fait peser sur le futur de l’humanité. Nous croyons généralement que la technologie est neutre, et que c’est l’usage que nous en ferons qui détermine si elle sera bénéfique ou maléfique. Je crains que ce point de vue ne soit naïf car il semble qu’à partir d’un certain point d’envahissement de nos existences, la technologie ne nous coupe de notre nature humaine. Ainsi, il apparaît qu’en arrière-plan de la crise générale que nous vivons, il y a le projet fou d’une toute petite minorité richissime qui compte sur la technologie pour lui donner une forme d’immortalité, et qui, au nom de l’amélioration de l’espèce humaine, envisage purement et simplement sa disparition au profit d’un cyberanthrope, hybride de biologie et de robotique, dans laquelle ces inhumains se projettent. On peut reconnaître là l’antique projet d’égaler les dieux, de devenir Dieu soi-même. Si vous êtes intéressés à creuser ces questions sur le rôle de la technologie, je peux vous suggérer quelques lectures édifiantes :

- L’homme nu, de Marc Dugain.

- Le manifeste des chimpanzés du futur, par le collectif Pièces et main d’œuvre.

- L’obsolescence de l’homme, de Günther Anders.



J’attire aussi votre attention sur les travaux de Paul Lévy qui font ressortir que la plupart des maux évoqués ci-dessus, et la pandémie que nous vivons, sont les symptômes apparents d’un mal bien plus profond. C’est ce que Paul Levy met en évidence en nous parlant, dans un livre remarquable intitulé « Dispelling Wetiko » du virus psychique qu’il nomme, d’après une légende algonquine, comme étant le Wetiko, un esprit malfaisant qui dévore ses victimes. La traduction du terme Wetiko ou Wendigo est « cannibale maudit », et la légende veut que les hommes dominés par la cupidité se transforment en Wendigo. A ce compte, c’est toute la civilisation occidentale qui est depuis longtemps un Wetiko à l’appétit sans limite. La référence que Paul Levy fait aux amérindiens en leur empruntant ce terme ne doit rien au hasard car ceux-ci ont été, il y a plus de 500 ans déjà, victimes de cet esprit prédateur qui anime notre civilisation. Rappelons-nous, pour mémoire qui saigne encore et comme en toile de fond karmique pour la pandémie qui nous frappe, de la façon dont des couvertures infectées par la variole ont été offertes sciemment aux amérindiens… avec la volonté affichée de les exterminer. La crise sanitaire et les crispations autoritaires qu’elle suscite ont au moins une vertu. Elle amène un certains nombre de gens à prendre conscience du monde dans lequel nous vivons. Encore faut-il, pour que cette prise de conscience soit féconde, dépasser le sujet des restrictions qui nous sont imposées pour les situer dans un contexte bien plus large, qui est d’abord celui de l’Histoire et de la géographie.

Du point de vue de cette dernière, on ne peut dissocier ce qui nous arrive de ce qui se passe à Hong Kong, en Biélorussie, en Russie et au Xinjiang ainsi qu’au Tibet en Chine, pour ne nommer que les exemples les plus flagrants. Du point de vue de l’Histoire, il faut nous rappeler qu’il n’y a pas bien longtemps qu’on tirait à balles réelles sur des manifestations d’ouvriers qui réclamaient simplement la journée de 8 heures et une paie décente. Encore tout récemment, dans une démocratie pour le moins avancée – au sens je le crains que l’on donne à ce mot quand on parle d’une viande faisandée –, on gazait au lacrymogène des foules pacifiques et on éborgnait sans vergogne des manifestants. Mais l’exemple historique le plus édifiant que je connaisse à ce point est sans doute ce qu’on appelle la croisade albigeoise, où comment le pape Alexandre III a donné des ordres qui ont débouché sur l’extermination d’un million de personnes, des hérétiques qui avaient le malheur de contester le pouvoir spirituel de Rome. Quand on sait qu’à l’époque, le seigneur de guerre à qui les prélats ont confié l’Occitanie avait ordonné que les juifs soient distingués des chrétiens en portant la rouelle jaune, ancêtre de la fameuse étoile jaune, on voit d’où s’origine le totalitarisme endémique à notre civilisation. Pour ma part, je ne peux que rejoindre les cathares dans leur conviction de ce que ce n’était le Christ qui guidait l’Église mais bien celui qu’on appelle le Prince de ce monde, le Diable...

De quoi avons-nous donc besoin d’être sauvés, si tant est qu’il y ait quelque chose qui puisse voler à notre secours, sinon de ce qu’il faut bien appeler le Mal ? Or ce n’est pas un hasard de langage qui fait que nous disions de ce qui nous fait souffrir que cela nous fait mal – il s’agit toujours, dans le fond du problème moral que nous pose le Mal, de trouver une issue au problème de la souffrance, incontournable, inévitable.

Pour beaucoup, ces exemples de la violence impitoyable des maîtres du monde que je donne, en parlant des amérindiens et des cathares, des biélorusses et des ouïghours… paraîtront lointains. Ils ne nous concernent pas vraiment, et ne nous empêcheront pas de continuer à consommer tout ce que nous pouvons dans « le meilleur des mondes ». L’allusion au livre prophétique d’Aldous Huxley qui porte ce titre ne doit rien au hasard. Le Mal, à moins qu’il ne nous frappe dans notre chair, n’est jamais à notre porte. On sait que la plus grande ruse du diable est de nous faire croire qu’il n’existe pas. Cela va avec le fait que nous cultivons généralement, plus ou moins consciemment, le désir infantile de nous abandonner à une autorité bienveillante. C’est une des marques même de la présence dans notre psyché du fameux « enfant intérieur » que la psychologie populaire magnifie en oubliant qu’il s’agit bien souvent d’un petit tyran qui nous ramène à des états de dépendance affective et autres. Cela va avec le fait qu’il n’est pas facile d’être libre, c’est-à-dire pleinement adulte, et de prendre l’entière responsabilité de son existence sans jouer à la victime. Les mots terribles d’Étienne de la Boétie, dans "le discours de la servitude volontaire", n’ont pas fini d’être encore et toujours vérifiés :

« Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. »


C’est donc surtout de nous-mêmes que nous avons besoin d’être sauvé.e.s. De notre inconscience et de notre démesure, de notre hubris, de notre folie. Ces choses ne sont pas faciles à entendre et à rendre conscientes, ce qui explique d’ailleurs un certain aveuglement généralisé : notre système neurologique ne serait pas capable, sauf exceptions, de composer avec des problèmes tellement énormes qu’ils apparaissent comme clairement insolubles, sinon dans l’alcool ou autres anesthésiants. Notre cerveau est ainsi fait qu’il ne réagit qu’à des problèmes tangibles, immédiats, et qu’il entre dans une espèce de sidération quand il s’agit de questions qui dépassent ses capacités d’entendement. Il n’a pas, bien souvent, la capacité de se représenter la complexité de la situation. C’est ce qui explique fort bien pourquoi nous ne réagissons pas en masse à l’urgence environnementale et climatique malgré les alertes qui laissent entrevoir une catastrophe en regard de laquelle la pandémie de COVID-19 apparaîtra comme une plaisanterie. C’est cette impossibilité de penser le problème qui peut nous conduire à espérer en l’intervention d’un sauveur extérieur, qu’il s’agisse de l’armée des Anges menée par le généralissime archange Michaël ou des extraterrestres, qui vont bien sûr venir nous tirer de ce mauvais pas. Or ce faisant, nous passons à côté d’une fantastique opportunité spirituelle, c’est-à-dire d’une possibilité de conscience.

C’est à ce prix qui consiste en au moins tenter de regarder la réalité en face sans échappatoire que nous pourrons chercher ce qui sauve du gouffre qui se dessine devant nous. Nous sommes dans la même situation qu’un malade aux prises avec un diagnostic fatal. Tant qu’il place encore ses espoirs dans un médicament ou un nouveau protocole pour lui sauver la vie, il ne regarde pas la mort dans le blanc des yeux. Il n’est pas acculé à l’essentiel. Or il s’agit, à partir d’un certain point, de prendre conscience que « l’espoir est de la peur qui a mal tourné », pour reprendre les mots de Daniel Odier, car l’espoir nous amène à toujours différer vers le futur et l’extérieur la « solution » à notre problème, au lieu d’aller où la situation nous conduit. Tout comme un malade qui sait qu’il va mourir, nous sommes clairement invités à abandonner tout espoir pour aller « au-delà du désespoir », comme nous le propose le philosophe André Comte-Sponville dans un livre remarquable. J’ai parlé longuement de ce point, et de ce livre, dans un autre article intitulé « du bon usage du désespoir ». Car il y a un bon usage du désespoir. C’est le chemin le plus court vers la conscience de l’essentiel, de « ce qui sauve ».

Mais alors, qu’est-ce donc qui sauve ?

Je m'efforcerai d'être bref pour en parler, même si cela ne saurait tenir en 140 caractères... et je laisserai la place à un rêve qui nous emmènera plus loin que tout ce que je saurai dire.

D’abord, soyons clairs. Je crois qu’il faut commencer par admettre que rien ne nous sauvera de la réalité du Mal, de la souffrance et de la mort. Rien ne nous évitera ces expériences qui font intrinsèquement partie de la vie. Nous mourrons tou.te.s un jour.  Nous souffrirons nécessairement, et rien ne pourra ne nous l’épargner. Jung sur ce point était très clair :

« L’être humain doit gérer le problème de la souffrance. L’oriental cherche à supprimer la souffrance en s’en débarrassant. L’homme occidental essaie de supprimer la souffrance par la drogue. Mais la souffrance doit être surmontée et la seule façon de la surmonter est de l’endurer. »

Si nous admettons enfin que rien ne nous sauvera de l’expérience de la souffrance, du Mal et la mort, alors nous pouvons commencer à envisager une autre perspective. Puisque ceux-ci sont inévitables, se pourrait-il que cette expérience nous conduise à découvrir quelque chose qui vaille « la peine » de les rencontrer, qui les relativise car cela les dépasse absolument ?

Rappelons-nous le logion de l’Évangile de Thomas qui dit :

« Si vous donnez forme à ce qui est en vous
ce à quoi vous donnerez forme vous sauvera.

Si vous ne donnez pas forme à ce qui est en vous,
ce à quoi vous n’aurez pas donné forme vous détruira. »


Il y a là une Bonne Nouvelle, au sens premier du mot Évangile : ce qui sauve est en nous, et la seule chose que nous ayons à faire est de lui donner forme, de lui permettre d’accéder à l’existence. C’est au fond ce autour de quoi tourne tous les enseignements spirituels et que l’on pourrait formuler ainsi :

Il y a en chacun.e de nous quelque chose d’absolument inaltérable, de toujours intact quoi qu’il arrive. On pourrait dire que c’est notre part divine, la Présence de Dieu, notre dimension d’éternité qui réaffirme sans cesse les mots d’introduction au Cours en Miracles, à savoir que « rien de réel ne peut être menacé ».

Les thérapeutes le savent bien : dans l’accompagnement d’une personne vers la guérison, on ne peut compter que sur le fait que, quoi que cette personne ait subi, il y a quelque chose d’intact en elle. C’est ce noyau inaltérable qui enclenche le processus d’auto-guérison dont le thérapeute n’est que l’assistant. C’est de ce lieu que viennent les rêves, les intuitions, les prises de conscience qui changent tout, tout à coup. 

Nous sommes trop, et moi le premier, focalisés sur le Mal. Ce qui nous permet de toujours rejeter la responsabilité de ce qui arrive, car bien sûr, ce sont toujours les autres – les dirigeants, les actionnaires, Big Pharma, les électeurs de …, les nazis, etc – qui font le mal, qui amènent le Mal dans ce monde. Nous évitons toujours de nous regarder dans le miroir, de voir comment nous participons à ce que nous appelons le Mal. C’est dommage, car si nous osions vraiment nous regarder en face, nous pourrions faire une étonnante découverte. En contemplant le Mal en nous, nous pourrions découvrir le Bien à l’œuvre, en nous et tout autour de nous, toujours là, silencieusement. J’ai pour ma part été longtemps obsédé par ce que Hannah Arendt a appelé « la banalité du mal », avant de réaliser que celle-ci était comme un écrin qui fait ressortir l’omniprésence du Bien, de ce qui est bon, que ce soit l’air qu’on respire, la lumière qui nous éclaire, l'amour qui nous entoure, les jeux des enfants ou le fait qu’il y a toujours eu des justes. Et que même au plus profond du désespoir, il y a une Présence aimante pour nous murmurer à l’oreille intérieure :

« Traverse, noble fils ! Traverse, noble fille ! »

Christiane Singer

Traverse, car il y a quelque chose au-delà du passage obscur. Quelque chose qui vaut la peine de s’engager dans l’obscurité du passage. C’est peut-être bien cela que nous sommes venus expérimenter en nous incarnant sur cette terre. Encore faut-il que nous disions « oui » au passage, « oui » à l’aventure, « oui » à l’incarnation… et que nous donnions forme à ce qui sauve. Mais de quoi s’agit-il, encore une fois ?

Pour bien le comprendre, il faut revenir à la racine grecque du mot soteria, qui est traduit par « salut » et dont découle le mot soter, le sauveur. Or soteria se traduit aussi, et avant la notion de salut qui est une christianisation tardive, comme référant à la « santé », au sens de la grande santé, de la plénitude et de l’intégrité retrouvées. Il s’agit là de libérer le mouvement de vie de tout ce qui l’entrave, et de passer dès maintenant de l’existence étriquée dans les rets du mental à la grande Vie, éternelle car elle nous dépasse. Dès lors, le Sauveur n’est pas un dieu qui descendrait du ciel pour nous sauver mais cela même qui, en nous, est toujours intact, virginal, inaltérable – en santé. 

Bien sûr, on peut dire que ce Sauveur est le Christ car celui-ci évoque, dans notre culture, une incarnation de l’Amour, dont on peut comprendre aussi qu’on le dise exempt du « péché originel », c’est-à-dire complet, en santé depuis toujours, sans que rien ne l’ait altéré. Mais ce faisant, on ne parle que de l’image que l’on porte en soi de cette étincelle de divinité qui toujours nous reconduit à notre plénitude. Mais rien ne nous permet de dire que cette image est supérieure à une autre, et que quelqu’un qui verrait cette lumière dans le sourire de Gautama le Bouddha, du Prophète Muhammad, du Bab, d'Osiris et d'Isis, de Shiva, de Krishna… serait dans l’erreur. Car l’erreur, c’est de croire que cette étincelle divine pourrait être enfermé dans une image, une théorie, un concept. Et une autre erreur – au sens de ce qui nous éloigne de la Vérité qui nous rend libre, et donc nous sauve – est certainement de croire que ce qui sauve pourrait nous être extérieur alors que nous avons d’abord à nous découvrir, nous aussi, comme un lieu de l’incarnation de cette Lumière. 

Et dès lors, comment lui donner forme ?

Et bien d’abord en ayant foi, c’est-à-dire en faisant confiance en la Bonté de la Vie, qui au-delà des passages obscurs que nous avons à traverser individuellement et collectivement nous amène toujours à un point d’émerveillement. Cette foi, cette confiance, sont ce qui nous permettent d’entretenir une relation permanente avec la Présence lumineuse qui est en nous, qui nous parle nuit et jour pour peu que nous lui prêtions l’oreille. Avoir confiance, ce n’est pas « ne pas perdre espoir » car alors, comment pourrions-nous recevoir le désespoir, que ce soit le notre ou ceux de nos amis, de nos jeunes… sans perdre aussi la confiance, la foi ? Il s’agit bien au contraire de préserver la lumière même au sein de la nuit noire, et donc simplement de réaffirmer que quoi qu’il arrive, la vie est bonne, l’existence vaut la peine (ou plutôt la joie) d’être vécue et d’être aimée, et que la Source de toute chose étant Amour, il ressortira un Bien encore inimaginable du Mal auquel nous faisons face…

Je rappelle à l’appui de ce je dis là les mots de Jacques Lusseyran : 

« Tout ce qui fait accepter la vie est bon. Tout ce qui nous la fait refuser est médiocre et provisoire. »

Ensuite, pour donner forme à ce qui sauve, nous devons incarner dans nos existences, dans de petits gestes plus que de grandes choses, cet Amour et cette Paix dont nous savons bien que, si elles régnaient sur notre planète, celle-ci serait sauvée. Il s’agit au premier chef de nous garder de toute haine, d’alimenter quelque conflit que ce soit même avec ceux que nous considérons comme des suppôts du Mal. Nous sommes invité à trouver en nous-mêmes l’espace de paix inaltérable à partir duquel nous pouvons retourner le regard et nourrir l’amour en nous et dans le monde. C’est là que se trouve l’opportunité spirituelle de conscience, et le « combat spirituel » s’il en est. Rappelons-nous les mots d’Etty Hillesum, aux prises avec une situation bien plus désespérée que la notre :

« C'est la seule solution, vraiment la seule, Klaas, je ne vois pas d'autre issue : que chacun de nous fasse un retour sur lui-même et extirpe et anéantisse en lui tout ce qu'il croit devoir anéantir chez les autres. Et soyons bien convaincus que le moindre atome de haine que nous ajoutons à ce monde nous le rend plus inhospitalier qu'il n'est déjà. »

Pour mesurer la profondeur de l’enjeu, de la « bataille » qui se joue en chacun.e de nous, il faut avoir à l’esprit que chaque être humain donne vie d’une certaine façon la plus haute conception qu’il a du sens de l’existence et de ce qui lui donne une valeur. On pourrait dire que chacun.e permet au Dieu qu’il ou elle imagine de marcher sur terre et de l’embellir, ou de l’incendier. C’est là que s’inscrit notre responsabilité créatrice d’enfants de la divinité, et c’est ainsi que Dieu, la source de sens et de valeur, la Lumière inextinguible, se re-crée à travers nous, en permanence. Et si nous n’incarnons donc pas dès maintenant dans nos vies ces valeurs que nous voudrions voir triompher dans le futur, si nous ne leur permettons pas de marcher dès aujourd’hui sur terre et d’agir dans notre quotidien, comment pourraient-elles féconder le futur et l’emporter ? 

Bien sûr, ce n’est pas facile. C’est un sacré défi… ou mieux, c’est un défi sacré. Mais qui dit que nous ne sommes pas capables de le relever ? Ne serait-ce pas cela, la maladie qui nous ronge parce qu’elle nous diminue, ce que le mal a dit... ? Il s’agit donc, tout simplement, de nous guérir, et par là de gai rire. De permettre à la Joie, à l’Amour et la Paix de triompher dès maintenant dans nos existences. Rien d’autre ! 

Ce qui sauve, finalement, c’est un petit cyclamen rose indien, dans les mots encore d’Etty Hillesum, à Amsterdam occupée par les nazis, en septembre 1942 : 

« C'est toujours comme une petite vague qui remonte en moi et me réchauffe, même dans les moments les plus difficiles : "comme la vie est belle, pourtant !" C'est un sentiment inexplicable. Il ne trouve aucun appui dans la réalité que nous vivons. Mais n'existe-t-il pas d'autre réalité que celle qui s'offre à nous dans le journal et dans les conversations irréfléchies et exaltées des gens affolés ? Il y a aussi la réalité de ce petit cyclamen rose indien et celle du vaste horizon que l'on finit toujours par découvrir au-delà des tumultes et du chaos de l'époque. »


Et voici donc, sans commentaires, un rêve extraordinaire, qui a été offert à la communauté de recherche des Chemins de Mystère, et qui vous mettra directement en contact avec ce qui sauve :



Jouer

Gros plan sur un bâton d’encens, ligne plus ou moins verticale, et la fumée qui monte…Prends le temps de l'imaginer. L’arrière-plan, n'est pas encore défini. On est à l’intérieur mais pour le moment, l'endroit où on est ne se distingue pas encore…. 

Si : il y a de grands murs. La peinture est ancienne, s’écaille par endroits…  d’un vert assez sombre et un peu de rouge. Là-bas sur la droite, la lumière entre : il doit y avoir une ouverture. C’est un endroit frais, probablement un temple…. Oui : on  dirait un temple oublié. 

Retour à l'image centrale du bâton d’encens et de la fumée qui s’élève.

Entre un lion. 

Un très gros lion entre tranquillement dans ce temple et vient s'asseoir paisiblement devant l’endroit ou est posé l’encens. C’est comme quelqu’un qui viendrait prier.

Densité. Intégrité. Dignité. 

Ils sont plusieurs lions maintenant qui arrivent. C’est drôle d’imaginer qu’on est dans un temple de lions ! On dirait qu'ils ont rendez-vous là… chacun vient se poser et ils finissent par former un cercle… les pattes avant à l'intérieur du cercle,  autour de cet endroit où brûle l’encens. 9 lions, peut-être, en méditation.

Et voila une petite fille qui joue à sauter dans les espaces entre les lions. Ce n’est pas un événement. Elle fait ça souvent. Il n’y a pas un bruit.

Prenons de la hauteur… de haut, on s’aperçoit qu’autour, c’est la forêt. 

Voilà. 

C’est un sanctuaire dans la forêt. Peut être il  n’y a plus que les lions qui connaissent ce lieu ? 

Enfin… quelqu’un à bien allumé l’encens… et ce n’est pas la petite fille….ou bien c’est un « encens perpétuel » ? 

Ah, il y a un vieux. Près de l’endroit ou entre la lumière, un vieil homme passe le balai. C’est lui qui fait ça : chaque jour mettre l’encens et balayer le sol, enlever les feuilles… .

Maintenant, si tu prêtes attention tu peux percevoir comme un ronronnement.
 
Je ne sais pas si ça provient de la gorge de ces lions ou bien simplement du fait qu'il sont comme ça posés en cercle.. en tout cas, ils produisent un son….  comment dire,  inaudible… mais tangible… en tous cas,, il se produit qq chose qui fait comme une colonne qui montre au dessus du toit du temple, monte dans cette trouée dans la foret, continue à monter au-dessus de la canopée et  semble se répandre ensuite comme une fumée. Sauf que ce serait une fumée invisible…c'est quelque chose… à défaut d'un autre mot alors disons une « énergie ».. 

Les lions produisent ca…. je ne sais pas s'il y a une intention quelconque,  une volonté de le faire, une conscience même,  mais ils le font c'est indéniable. Et ce qu’ils produisent,  on peut se baigner dedans et c’est très très bon, très bénéfique, comme régénérant. 

Au dessus de la canopée, cette énergie se répand loin… 

Alors tout là-haut dans cette fumée invisible, arrivent comme des corps emmaillotés, flottants. 
Tu sais, des sarcophages de tissus, des momies peut-être… ou encore de grandes chrysalides… enfin ça fait des formes allongées qui flottent et qui se rapprochent pour se baigner dans l énergie produite. Il y en a beaucoup, allongés en cercle, tête vers le centre et ils roulent  comme pour que toutes les parties de leurs enveloppes soient complètement baignées dans cette énergie.

C’est comme une correspondance avec le cercle des lions dessous.

Tout ça se fait très silencieusement et de la même manière que le jeu de la petite fille qui saute d'espace en espace entre les lions n'a rien d'un événement, là aussi ça semble quelque chose de très commun, qui se reproduit régulièrement et qui semble n'avoir rien à voir avec une volonté, une décision : ça se fait, c'est comme ça…

Le vieux est toujours près de l’ouverture. Je crois qu’il est le seul à avoir une intention :  il perçoit cet équilibre fragile... ce phénomène qui a la délicatesse d’un mobile.

Toutes ces dimensions rassemblées, comme superposées, il le sait, que c'est très délicat.

Pour la petite fille ce n’est pas du tout délicat : c’est naturel. Par exemple elle semble n’avoir aucune idée du fait que ce sont des grosses bêtes, des bêtes sauvages, entre lesquelles elle joue et que,  dans un autre genre d'équilibre, les lions pourraient bien la dévorer. Mais pour elle c'est très simple. Ces grands lions sont comme en méditation, en recueillement, immobiles et elle  saute par-dessus, quelques fois se retient à une oreille où à un morceau de crinière,  en confiance, et c'est normal.

Je ne sais pas ce que tu en penses, toi, mais moi….tandis que je suis témoin de ça,  je me dit que j’ai beaucoup à apprendre de cette légèreté, de cette confiance, et de ce jeu. Cette enfant joue ! Simplement. 

Dans cet endroit qui est comme un échafaudage subtil, un équilibre délicat, elle, son travail c’est de jouer…C’est simple, facile, miraculeux. 

En un quart de seconde pourtant, tout pourrait se transformer en son contraire. 

Pour commencer,  ce temple,  très facilement pourrait être une ruine : il suffirait d'arrêter d’y venir et de balayer…et puis les lions pourraient venir là pour rapporter leurs proies et les dévorer…Cet endroit pourrait être un charnier infâme.. De même là-haut ces momies, ces très grandes chrysalides c'est quand même un peu dégeu.. Sous un autre angle, dans un autre genre d’équilibre,  donc tout ça pourrait être son contraire et ne parler que de violence, d’oubli, et de mort…

Mais cet équilibre impossible se fait.

Sans raison apparente,  sans but évident… ça a l'air de ne servir à rien…

Mais ça existe. 

Et le vieux,  qui semble seul conscient de cette fragilité…semble de fait le seul point faible de cet équilibre : dès qu'il commence à s'inquiéter,  à se soucier,  c'est comme si son inquiétude  dégradait quelque chose, physiquement, dans  cet équilibre,  dans ce champ de force on pourrait dire.  Sa préoccupation abîme quelque chose et  rend les choses plus difficiles.

Dans ce rêve, j’ai voulu m’approcher du premier lion. Et même…entrer dedans.

Alors il y  eu comme un précipité chimique : en un mouvement très rapide,  les lions se sont  transformés. En pierre. Très vite tout se fige, ce ne sont plus des lions mais des statues de lion. C’est un temple sculpté.

Tout est pierre.

Quelqu’un aurait reproduit assez fidèlement le phénomène vivant et  cet équilibre… C’est pas mal fait mais ça n’est pas vivant… C’est à la fois beau et triste.

Cette forme apporte quelque chose d'éternel mais… ça va être plus difficile maintenant. 

Et  maintenant c’est  moi   (ou toi,, imagine) qui marche entre les lions, en cercle.

Ce qui est délicat, vraiment délicat, c’est de continuer à  jouer avec les lions, et de garder présent que ces statues se référent à du vivant.

Importance de faire comme si.

Jouer en réalisant de quoi ces formes parlent. À quoi elles sont reliées. 

Et dans les pierres jouer tout autant,, de manière tt autant vivante, avec la même notion  d’équilibre entre confiance et perception du danger vivant… C’est pas simple… Parce que entre le leurre et  le geste sacré, il y a l’épaisseur d’un cheveu…

Faire, et pas se la jouer. 

Parce que forcement, comme ils sont en pierre, ces lions, on ne risque rien..

Mais il y a quelque chose de vital à trouver l’équilibre. 

Et jouer  avec les éléments de pierre semble important.

Les sarcophages là-haut, les grandes chrysalides continuent d’attendre, suspendues.

Comment faire ? C’est expérimental. 

Peut être… s’assoir prés du premier lion. Poser la main sur sa nuque, son encolure et chanter.
 
Essaie une voix très grave, presque inaudible, comme le ronronnement. ca  fonctionne… un peu. C’est un équilibre en mouvement…quelques fois les lions deviennent transparents. C’est pas de la  chair, encore, mais plus de la pierre...

Et je sens que je suis aidée !!! 

Tous ces lions ont envie. Ils désirent la vie.

Et le sol lui-même. Les grandes dalles de pierre, et la terre dessous aident. Elles désirent. Un désir de s’élever. C’est aidant. Fraternel. Oh ! Que C’est bon de n’être pas seule ! 

Il y a là un mouvement, une transition entre deux mondes…ce qui veut s’élever…et les très grandes chrysalides qui attendent…qui sont des graines. Des graines de géants. 

Des graines de quoi ?  D’être géants.

Naissance et Mort. Transition entre deux mondes…

Le rêve se termine avec l’image de Vishnou, enfant a la peau bleue, assis en tailleur sur l’océan primordial, et qui conserve en lui tout ce qu’il est important de conserver entre  un monde et le suivant.

Je n’avais jamais réalisé que cet être porté en lui vie et mort en ajustement constant. Il EST très exactement la destruction et l’éternité. la vie et la mort. Immobilité et mouvement.
 
Confiance.




Je vous souhaite, avec un peu d'avance, un très beau solstice d’hiver, une superbe descente dans l’obscurité... et surtout une merveilleuse remontée vers la Lumière !

6 commentaires:

  1. De pierre et/ou de chair ....Incarner l'incarnation ;) Soucis d'aller planter ses graines ailleurs en dansant c'est mieux , même si un goût de fuite se fait sentir jusqu'à la transparence ! Tendresse parfumée même ds nos obscurités .Merci Jean pour ce voyage

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  2. L'obscurité est nécessaire pour que la lumière se manifeste et devienne perceptible... Peut-être devons-nous apprendre aussi à vivre avec l'incertitude, avec la notion que trop de certitudes pétrifient l'élan de vie...

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  3. On en revient toujours à la même chose : se transformer soi-même pour transformer le monde. J'écoutais JY Leloup il y a quelques jours, qui répondait à une question qui portait sur la lutte politique ou comment mener de façon juste les combats auxquels nous sommes confrontés. Voici ce qu'il disait: "L’action vraiment insurrectionnelle et révolutionnaire, c’est l’action qui naît du calme et qui peut transformer le monde. Une action qui naît de l’angoisse, de la colère, de la fureur et de la violence ne fait que rajouter de la colère à la colère, de la souffrance à la souffrance, de la violence à la violence. D’où l’importance de ne pas opposer la méditation à l’action mais d’enraciner notre action, qu’elle soit politique ou autre dans cet espace de calme et de paix en nous qui rendra cette action non seulement juste mais féconde (...) Puis il y a, et là c’est peut-être un peu trop pour nous, la politique des saints. Il s’agit pour eux de prendre la violence du monde, prendre en soi la violence du monde pour la transformer. C’est un processus alchimique. Il ne s’agit surtout pas de prendre la souffrance du monde si on n’a pas en soi cet athanor, ce lieu de transformation. Il existe dans notre humanité des hommes et des femmes dont c’est la pratique, dont c’est la politique. C’est sûr que ces gens là on ne les voit pas à la télévision. Ils sont peut-être dans leur chambre d’hôpital, dans des lieux inconnus, dans le silence et des fois dans une douceur étrange, mystérieuse, un peu comme des hypersensibles, comme des enfants (...)Ils sont connectés à ce qu’on appelle dans le livre de l’Apocalypse, l’Agneau, c’est-à-dire cette force invincible mais vulnérable de l’humble amour. Cette force là est aussi une façon de faire de la politique. Et l’humble amour nous invite quelque fois à nous retirer dans le silence parce qu’il n’y a plus rien à faire, tout ce qu’on fait ne fait que rajouter à la violence, à l’incompréhension. Mais cette force invincible et vulnérable peut aussi quelque fois nous demander de sortir et d’entrer dans le combat, dans les combats du siècle auxquels nous avons à nous affronter». J'ai été très touchée par ces paroles car aux prises avec ma propre façon, rarement juste, de faire face au "Mal", à la violence. Alors la réflexion, profonde, sans concession, à laquelle tu nous invite à travers ce texte vient clairement enfoncer le clou. Merci.

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  4. Soyez vous-mêmes en toutes circonstances, c'est le salut, vous ne regretterez rien et ne ferez jamais d'erreur.

    X

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  5. Bonsoir Jean, le lion nait !

    On n'est pas toujours obligé d'agir.
    Regarder, absorber, se remplir, même, pourquoi toujours vouloir, vouloir entrer, vouloir toucher, vouloir jouer ? Parfois, oui, parfois, non.Ça dépend !

    Juste regarder, apprécier ne pas intervenir comme quand on observe un enfant qui joue, si on le dérange, il joue par rapport à nous, modifie ses mimiques, ou peut même s’arrêter de jouer car nous sommes entrés dans son monde.
    Chut, ne dérangeons pas le beau, la plénitude de l'instant, cessons d'agir partout, d'en faire un devoir parfois !
    Au risque de pétrifier ce qui se débrouille si bien sans nous, laissons vivre et vivons ce que nous avons à vivre personnellement !
    Cela peut être juste respirer, regarder, être là, ce n'est pas interdit de ne rien faire de plus !
    Je t'embrasse Jean
    Danielle S, du Tarn.

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  6. ah comme c'est bon et beau tout ça! Oui on est tous dans un bien beau bateau héhé! et savez-vous quoi?! Je suis vraiment contente "finalement" de m'y être embarquée ! De m'y être engagée pour traverser ce magnifique océan sacré.

    Merci Jean pour ces mots, ces chemins de travers que tu m'offres à voir et ce très beau rêve, quel temple ! Laissez jouer l'enfant en soi ! Ne jamais oublier de jouer, comme ma petite chatte qui ne regarde pas les vieilleries de nouvelles.

    Je viens de découvrir, (un peu trop sur le tard, mais il n'est jamais trop tard) cette activiste, bouddhiste, auteure etcetera: Johanna Macy. Elle disait dans une conférence à «Bioneers»: qu'il n'est pas question, ni temps de demander au jeune David se préparant à affronter Goliath, «As-tu espoir ou te sens-tu désespéré?» (Are you hopeful or hopeless?) Il répondrait : «Will you just shut up ! Who cares ! I have work to do!» traduction libre: «Ta gueule! Mais qu'est-ce qu'on s'en fou ! Moi j'ai du boulot qui m'attend!»
    Et j'ai reçu ce slingshot! Cela m'a donné une autre alternative que j'avais fini par oublié, tristement...
    Il me reste à être PRÉSENTE !
    Présente à ce qui est. Et présente pour cette humanité que j'avais failli abandonnée à son sort...
    Il me reste l'action, après la réaction, ou pas que.
    Il me reste encore d'AGIR en visant ce coeur de pierre pour atteindre: mon coeur de chair.
    Les plaies, mêmes souffrantes, sont des brèches ouvertes atteignant ma vulnérabilité sacrée. Alléluia!
    Si mon action présente est encore de prier, alors c'est que je suis du bon côté de la Lumière !? Et si ma Lumière peut éclairer quand même un peu ces ténèbres, c'est que les ténèbres n'ont toujours pas voiler le tout !
    Comme quoi Rien peut TOUT ! Re-Alléluia !

    Et Bon Solstice à tutti quanti ! xoxoxo

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