Il
arrive que le ciel nous tombe sur la tête. Cela peut prendre différentes
formes : une perte d’emploi, un accident, un diagnostic difficile, une
rupture amoureuse, etc. Dans tous les cas, il arrive quelque chose que nous n’aurions
jamais voulu vivre et qui bouscule tous nos plans conscients. Comme le dit
magnifiquement Jorge Luis Borges : « le futur a une façon de tomber
au milieu du vol »[1]
sans lequel il ne serait pas le futur, imprévisible, parfois déroutant.
Euripide le disait autrement :
« Les dieux nous créent bien des surprises : l'attendu ne s'accomplit pas, et à l'inattendu, un dieu ouvre la voie. »
Quoiqu’il en soit, nous recevons alors un avis d’expulsion de notre zone de confort qui nous jette dans une crise majeure, avec tout ce que le terme « crise » signifie de danger et d’opportunité conjoints. Symboliquement, on peut y voir souvent un rappel de la Chute originelle, c’est-à-dire une expulsion de l’état d’inconscience que nous prenions pour le paradis : nous avions l’impression que quelque chose – que ce soit un amour, la vie ou une position sociale par exemple – durerait toujours et voilà soudain que nous éprouvons son impermanence. Dans les rêves, ces épisodes se présentent justement volontiers dans des métaphores de chutes : on tombe plus ou moins de haut et l’on revient à une certaine réalité symbolisée par le sol qui nous reçoit. Le mythe de la Chute, dans lequel Adam et Ève ont perdu accès au jardin d’Éden, est un des mythes les plus explicites du processus de croissance de la conscience sous l’impulsion de l’agent de transformation subtile que symbolise le serpent, qui dans sa mue nous rappelle que rien n’est éternel. Mais cette croissance, à partir d’un certain point que l’on peut caractériser comme le point d’entrée du processus d’individuation, requiert non seulement notre acquiescement mais aussi notre participation consciente.
Dans la crise, nous passons beaucoup de temps et nous gaspillons beaucoup d’énergie à résister à ce qui est, à le refuser et à vouloir que les choses soient autrement, ou tournent de la façon que nous voudrions. Il suffit d’observer nos pensées dans ces moments pour voir que nous tenons d’incessants dialogues avec nous-mêmes, avec les personnes concernées ou avec Dieu pour faire valoir notre point de vue. Ces pensées, au travers desquelles nous luttons désespérément avec la réalité, induisent une véritable cacophonie dans notre mental sous laquelle il est bien difficile d’entendre le silence profond qui s’est fait à l’annonce de l’événement bouleversant. Nous sommes rarement en contact avec le réel dans ces moments : nous titubons maladroitement dans un rêve qui voudrait que les choses soient autrement que comme elles sont. Car nous croyons savoir comment les choses devraient aller, et nous souffrons qu’il n’en aille pas ainsi. Or la plus grande partie de notre souffrance vient justement de notre refus du réel. Refus qui crée une tension insupportable au sein de ce réel.
À chaque fois que survient une de ces crises, nous avons l’opportunité d’examiner de plus près la nature de la souffrance et son rôle dans notre économie psychique. Il s’avère, comme le soulignent les quatre nobles vérités du Bouddha, que nous pouvons en prendre la responsabilité dans une grande mesure, et qu’il y a une voie qui mène sinon hors de la souffrance, du moins à une relation consciente à celle-ci. Il y a en effet deux ordres de souffrance à considérer dans ces temps de bouleversement : d’une part, nous rencontrons la douleur, qui tient de la réaction organique à un événement ou une situation, qui est utile en terme d’information. Par exemple, les nerfs de la main posée sur une plaque brûlante causent cette douleur qui nous incite à la retirer immédiatement. C’est une pathologie grave que de ne ressentir aucune douleur. Et puis il y la souffrance mentale, qui est la douleur inutile que crée le mental en refusant la réalité. Quand on examine celle-ci, on peut constater qu’elle est faite de nos attachements à des choses qui sont nécessairement transitoires, en changement…
Ce serait le moment, nous dit-on volontiers, de lâcher-prise. Oui, certainement, mais il est très rare que ce conseil bien intentionné puisse aider qui que ce soit car le lâcher-prise n’est en fait pas volontaire. Il n’y a aucun moyen de forcer le détachement. Demandez à un naufragé de lâcher ce qui lui semble être sa planche de salut, fut-ce un espoir avarié... et il aura l’impression de se noyer. C’est en effet peut-être, vu de l’extérieur, la voie la plus courte vers le salut mais à moins qu’il n’accepte de mourir à tout espoir, même celui d’aller mieux, nul ne se noiera volontairement. Au pire, nous confondrons détachement et refoulement en nous faisant violence et nous en paierons tôt ou tard un prix décuplé. C’est le danger que véhiculent certaines formes de spiritualité qui prônent le détachement à tous prix. Eckhart Tollë propose une belle formule en ce qui concerne le lâcher-prise :
« Avec le lâcher-prise, vous avez toujours deux chances. Soit vous arrivez à lâcher prise, soit vous pouvez toujours lâcher prise sur le fait que vous n’arrivez pas à lâcher prise. »
En effet, les choses ne sont pas tout à fait aussi simples que le laisse supposer la distinction entre douleur organique et souffrance mentale car nous n’avons aucune maîtrise des mécanismes de la souffrance affective et des pensées qui génèrent de la souffrance. En fait, on peut voir dans cette dichotomie entre douleur et souffrance un autre avatar du dualisme cartésien qui veut séparer à toute force corps et esprit, comme s’il s’agissait de deux monde distincts. Or la neurologie rejoint la compréhension bien plus fine de ce que le bouddhisme appelle le corps-esprit (body-mind) en mettant en évidence l’unité qui prévaut dans la psyché tout à la fois organique, mentale et même spirituelle en même temps que corporelle. À un certain niveau, nous pouvons vérifier que nous sommes Conscience entièrement libre et illimitée dans l’Éternité. Mais, faisant partie de cette Éternité, nous nous inscrivons aussi dans l’espace-temps au travers d’un corps, et celui-ci est câblé avec un cerveau ancestral qui ne peut éviter de ressentir de l’insécurité quand nous sommes expulsés de notre zone de confort, ou par exemple, de la jalousie, un sentiment d’abandon ou quelque autre détresse affective quand nous sommes coupés de notre source d’amour.
Il n’y a pas de véritable dichotomie là car Conscience accueille dans sa paix toutes les émotions, un peu comme l’océan contient toutes les vagues. C’est l’espace où se déploie la Compassion, qui signifie « souffrir avec », ce qui inclut « aimer avec », « avoir peur avec », etc. Il y a une indication très importante dans la mise en évidence de ce « avec » : la conscience peut se différentier de toutes les pensées, toutes les émotions qui la traversent. Elle n’est pas ces pensées, ces émotions. Elle peut s’en dés-identifier, mais non les supprimer.
Une erreur commune en matière de spiritualité, en particulier quand il est question de non-dualité, est l’idée qu’à force de méditer, nous pourrions parvenir à un état transcendant où il n’y aurait plus aucune douleur, plus aucune peur. En réalité, il y a un dualisme et une négativité subtile qui s’insinuent dans une telle ambition de transcendance dès lors qu’elle veut nier l’existence de la douleur, le fait qu’elle fait partie intégrante de la vie au même titre que la joie. En fait, il y a bien une façon de parvenir à une telle transcendance qui consiste en ne plus manger ni boire pendant suffisamment longtemps pour atteindre la paix du cimetière, mais tant que nous serons vivants, nous éprouverons toutes les couleurs de la vie. Les textes sont clairs : le nirvana n’est pas hors du monde mais bien au contraire au cœur de celui-ci. Le samsara est le nirvana, et réciproquement. Ce que nous pouvons changer, c’est la nature de notre relation consciente à la douleur et aux émotions. Ainsi la démarche spirituelle est-elle souvent supposée nous permettre de triompher de l’animal en nous, d’en finir avec ses désirs, ses attachements et ses besoins, ses souffrances. Mais comme me l’a rappelé une amie alors que nous discutions de ces sujets, « éprouver pleinement sa nature, c’est spiritualiser l’animal ». C’est le rendre conscient, le conjoindre avec l’ange en nous et dépasser la dualité. C’est réaliser le miracle de l’Incarnation et éprouver la réalité de notre humanité. Jung l’expliquait ainsi :
« Si l’on peut rester au milieu, reconnaître que l’on est humain, communiquer aussi bien avec dieu et l’animal de dieu, alors on ira bien. »
On a procédé à une expérience avec des moines entourant le Dalaï-Lama et justifiant tous d’au moins 10000 heures de méditation. On les a mis dans des conditions suscitant des réactions de colère ou de peur et on a observé leur électroencéphalogramme. On a pu alors observer que, comme nous, ils éprouvent de fortes réactions émotionnelles de l’ordre du réflexe quand survient une situation. Mais la différence majeure avec la plupart d’entre nous, c’est qu’au lieu d’être pris dans l’émotion pendant de longues minutes sinon des heures, les moines revenaient très rapidement à eux-mêmes, c’est-à-dire qu’au lieu d’être submergés par l’émotion, ils étaient capables de s’en distancier immédiatement et de l’observer. Plutôt que de réagir emportés par l’émotion, dont il convient de rappeler qu’il s’agit d’un mouvement d’énergie psychique, ils étaient capables de contenir ce mouvement, et dès lors d’agir consciemment en réponse à la situation. Les méditants avancés nous montrent ainsi quelle est la nature du détachement que nous pouvons rechercher en toutes circonstances, et démontrent ainsi qu’il est possible de passer de la réaction émotionnelle à la création de conscience.
On ne peut pas forcer le détachement d’un objet qui suscite un mouvement émotionnel dans la psyché. Au pire, on parviendra à refouler le mouvement émotionnel, c’est-à-dire à le renvoyer dans l’inconscient au risque qu’il ressurgisse de façon inopinée et encore plus violente à la première occasion. On rate alors une magnifique occasion de travail en conscience. Car si on ne peut pas forcer le détachement, on peut faire du degré de détachement qui s’installe en nous un indicateur des progrès du travail intérieur. En effet, on peut partir de l’hypothèse pratique qui veut que dans tout attachement émotionnel, il y a une projection, c’est-à-dire un élément échappant à notre conscience qui trouve le moyen de se manifester à celle-ci. L’émotion est d’autant plus intense que cet élément est chargé d’énergie psychique, et le refouler ne fait que renforcer cette charge énergétique. En outre, on sait que si cet élément nous apparaît comme « négatif », il y a de fortes chances qu’il nous reflète par-là notre propre négativité à son endroit. Alors, que pouvons-nous faire pour faciliter le retrait de la projection et le détachement ? Il n’y aucune autre voie que de scruter l’objet de l’attachement et de ressentir pleinement les émotions liées sans nous y identifier, en les contenant de façon que le mouvement émotionnel nous amène naturellement où il veut nous amener. En laissant l’énergie psychique couler en conscience sans nous emporter, nous laissons la psyché surmonter elle-même la difficulté…
Revenons à cette résistance que nous rencontrons inévitablement dans la crise, sans laquelle ce ne serait justement pas une crise : c’est parce que nous refusons le réel que nous souffrons, et nous ne pouvons pas faire autrement que de refuser, et de souffrir. Avec un peu de lucidité, qui consiste simplement en introduire un peu de lumière de la conscience dans la mêlée, nous constatons bien vite que nous nous accrochons à ce qui fait le plus mal avec des pensées du genre « ce n’est pas possible », « il ne peut pas me faire ça », « c’est un malentendu. », etc. Nous nous torturons avec l’espoir, cette « peur qui a mal tourné » selon les mots de Daniel Odier. Mais dès lors où nous voyons la résistance et l’attachement, nous n’y sommes plus entièrement identifiés – la conscience commence à prendre une distance avec les émotions. Nous pouvons commencer à observer les pensées, à faire l’inventaire de celles qui nous causent de la souffrance. Nous pouvons les rendre de plus en plus conscientes, c’est-à-dire nous y identifier de moins en moins : ce ne sont pas « nos » pensées, ce sont les sous-produits de mécanismes affectifs et mentaux qui ont été mis en place par les circonstances. En en devenant simplement conscients, nous permettons à Conscience de sortir de la vision rétrécie de la réalité que ces pensées génèrent.
Il ne sert à rien de résister à la résistance, de vouloir s’en débarrasser en forçant encore une fois le détachement. Au contraire, nous pouvons envisager que la résistance est d’abord un mouvement de protection, et qu’il nous faut voir ce qui a besoin d’être protégé consciemment pour ne plus être obligé de résister inconsciemment. Il s’agit de pratiquer une sorte d’aïkido émotionnel, c’est-à-dire d’aller avec l’énergie de l’émotion pour rendre conscientes les images qu’elles contient. Jung nous a donné dans ce sens une indication très précieuse tirée de ses années de confrontation avec l’inconscient quand il dit :
« Dans la mesure où je parvenais à traduire les émotions qui m’agitaient, c’est-à-dire à trouver les images qui se cachaient dans les émotions, la paix intérieure s’installait. »
Le point surprenant pour beaucoup d’entre nous, c’est qu’au-delà des émotions et des pensées, il y ait des images psychiques. « La psyché est images », disait Jung, et c’est le fondement de tout un travail avec les images intérieures dont j’ai déjà parlé ailleurs[2]. Neurologiquement parlant, ces images sont le produit de notre cerveau droit et elles sont antérieures à toutes les formulation du langage caractérisant la pensée du cerveau gauche. Et ce sont au travers des images que nous appréhendons le réel. Quand ces images sont erronées, c’est-à-dire inadéquates à la réalité, on peut parler d’un rêve qui commence dans la crise à se dissiper. C’est à partir de ce point de dissociation entre l’image et le réel qu’on peut parler vraiment de projection, et que celle-ci commence à se retirer, ce qui est toujours un processus douloureux : les rêves meurent dans la souffrance. Ainsi, ce n’est pas la perte de l’emploi qui nous fait souffrir mais celle de l’image que nous avions de nous-mêmes dans cet emploi, ou de la sécurité qu’il était censé nous apporter. Ce n’est pas le départ d’une amoureuse qui nous torture mais le fait que nous découvrons qu’elle n’est pas à l’image que nous nous en étions faite, et qu’elle n’alimente plus le rêve commun de la relation et nous invite à tuer notre rêve.
Nous avons là, dans cette omniprésence des images psychiques, la meilleure justification qui soit au travail des rêves et une indication sur comment, au-delà de la dimension thérapeutique, ce travail a une dimension méditative qui vise à éveiller Conscience. Le bon usage du rêve, en effet, consiste en le rendre conscient. Tant que nous entretenons un rêve, une illusion tissée de projections, nous nous exposons à la possibilité de voir la bulle illusoire éclater et nous laisser tout déconfits. Quand les éveillés comme Osho déclarent qu’ils ne rêvent pas, ils font allusion au fait qu’ils n’entretiennent plus aucune projection, et que dès lors, il n’y a pas d’image intérieure pour les travailler. À chaque crise que nous rencontrons, nous sommes conviés à nous éveiller, c’est-à-dire au moins à nous réveiller d’un rêve, à le rendre entièrement conscient pur accéder à la réalité qu’il nous voilait et nous révélait tout à la fois. Et il faut bien dire que, si ce travail de conscience est mené à son terme, il y a un précieux cadeau dans toutes les crises que nous rencontrons. Tout se passe comme si ce cadeau était livré par des dragons et les émotions difficiles que nous rencontrons en était l’emballage…
Il ne s’agit pas de glorifier la souffrance. L’idéal est de s’en passer mais la vie n’est pas idéale. Jung pose que la conscience grandit dans le feu des émotions : « sans émotions, il est impossible de transformer les ténèbres en lumière et l’apathie en mouvement ». Il semble, en repartant de la première noble vérité du Bouddha sur l’inévitabilité de la souffrance, que nous ayons le choix entre celle-ci et la conscience, que toute souffrance mentale traduisent un défaut de conscience. Comme dit Eckhart Tollë :
« La souffrance est utile jusqu’à ce qu’on se rende compte qu’elle est inutile ».
Cependant, une enquête minutieuse montre qu’au
cœur des circonstances les plus difficiles que nous puissions rencontrer se
cache un secret. C’est que nous pourrions appeler « le secret de la
Joie » qui ne connait pas de contraire car elle est libre des
circonstances, de l’extérieur. C’est aussi le secret de la Liberté car rien ne
saurait nous l’enlever. Mais alors, comment dégager ce diamant de sa gangue de
boue noire ?
Au travers de mon expérience, tant personnelle que dans l’accompagnement de toutes sortes de crises, et de mes études approfondies du sujet tant sous l’angle de la psychologie des profondeurs que celui de ce qu’on peut appeler la psychologie sacrée, j’en suis venu à distinguer quatre étapes qui permettent de traverser toutes les crises.
La première consiste en nous accepter exactement tels que nous sommes dans notre souffrance et nos réactions émotionnelles sans chercher de consolation. Il s’agit de rester en contact avec le réel, de l’empoigner et de le regarder en face, dans le blanc des yeux. Ce ne sont pas tant les circonstances extérieures ou le comportement d’autrui qu’il s’agit alors de scruter que nos mouvements intérieures, nos pensées, nos émotions et nos rêves. Il s’agit de ne pas fuir. Nous avons mis, disent volontiers les Orientaux, la tête dans la gueule du tigre : il n’est plus possible de la retirer. Il s’agit dans ces moments de s’abstenir de tous les intoxicants qui pourraient modifier artificiellement notre humeur, d’éviter les distractions, les dérivatif et les amis bien intentionnés qui veulent nous empêcher de vivre notre deuil. Nous devons rester centrés sur ce qui est là, entièrement et aussi consciemment que possible, et en observer tous les mouvements en nous. Le mot d’ordre dans cette phase est : rester en prise avec le réel.
L’ingrédient clé à cette étape, et en fait dans toutes les étapes du processus, est la compassion envers nous-mêmes. Nous pouvons bénéficier de l’accompagnement d’un thérapeute, de la présence d’amis compatissants, mais il s’agit d’abord de nous donner de la compassion, de nous recevoir dans la souffrance que nous vivons. La compassion des autres, si elle a quelque valeur, nous reconduit à notre propre compassion envers nous-mêmes, dans laquelle nous devons être la bonne mère et le bon père qui peuvent nous bercer et nous écouter. Cette compassion implique d’être capable de faire des exceptions conscientes à la règle qui consiste en rester en prise avec la réalité. On peut s’octroyer une bonne nuit de sommeil grâce à une pilule, se changer les idées en regardant un bon film ou en buvant un verre avec des amis, ou même accepter de prendre des antidépresseurs pendant quelques temps si on se rend compte qu’on est enlisé dans la souffrance. C’est la qualité de conscience de ce qu’on est alors en train de faire, et en particulier l’amour qu’on se donne dans ces moments, qui sont déterminants et non la rigidité héroïque dans laquelle on se ferait encore violence.
Il s’agit simplement de rester aussi conscient que possible, même dans ces pas de côté, de ce qui se passe en nous. Et autant que possible, il s’agit d’ancrer cette conscience dans le corps, c’est-à-dire d’être conscients non seulement des pensées et des émotions, mais des sensations dans notre corps. Dans ces moments de crise, nous avons généralement une surcharge d’énergie dans la tête et dans le cœur, et la pratique d’exercices physiques, du yoga ou du Chi-Kung, et surtout donc la simple attention au corps, offrent une prise de terre à cette énergie en surplus qui peut dès lors s’écouler et circuler.
La seconde de ces étapes consiste en prendre la responsabilité de ce qui arrive. Cela ne sert à rien d’entretenir le conflit en reprochant à autrui de nous donner à vivre cette réalité. Au contraire, le reproche et la colère ne font que cristalliser la résistance au réel dans une attitude de refus. En outre, nous remettons par-là le pouvoir sur nos vies à autrui. Le premier pas pour nous réapproprier ce pouvoir consiste en examiner comment nous avons contribué à créer cette situation qui nous fait tant souffrir, quelle inconscience nous avons entretenue pour en arriver là. Dans tous nos reproches et nos « il ou elle n’aurait pas dû faire / dire cela…», et dans toutes les explications que nous nous donnons du comportement d’autrui, nous avons l’opportunité de rapatrier notre ombre projetée sur l’autre. Car dans le fond, tant que la personne concernée n’a pas procédé à un examen de conscience approfondi et ne nous a pas fait part du résultat de son investigation, nous ne savons pas de quoi il retourne. Nous supposons et dans ces suppositions, nous projetons. La Communication Non Violente met en évidence que nous, êtres humains, avons tous les mêmes besoins de base, et que si nous prenons le temps d’examiner suffisamment longtemps et consciemment une situation, il en ressortira que les autres agissent à partir de besoins que nous pouvons comprendre et qui pourraient être les nôtres dans les mêmes circonstances que celles qu’ils ont rencontré.
Un indicateur important dans cette étape est la continuité de l’amour dans notre vie : si nous continuons à aimer les personnes concernées comme avant les événements, c’est que nous sommes dégagés des projections et que nous faisons notre travail de responsabilisation. Il est souvent utile de procéder à une démarche de pardon à ce point mais le point clé est l’amour : le pardon est quelque chose que l’on peut essayer de donner volontairement, mais c’est la réalité de l’amour qui dit si ce pardon est effectif. Dans le contexte d’une rupture amoureuse, par exemple : si l’on maudit celui ou celle qu’on a aimé, c’est nous-mêmes que nous maudissons finalement en tuant l’amour qu’il y avait entre nous. La violence des affects que nous ressentons dans cette rupture est à la hauteur de ce que la relation nous a donné, et nous pouvons l’honorer en le reconnaissant. Quand c’est la santé qui est en jeu, notre amour de la vie ressort. Dans le cas d’une perte d’emploi, nous pouvons encore nous demander ce que nous aimions tant dans ce travail. Le sentiment de perte est l’occasion de la prise de conscience de la valeur de quelque chose, et par-là de la projection de quelque chose qui suscite notre amour. Le retrait de la projection n’implique pas d’en finir avec l’amour, au contraire : celui-ci devient plus conscient et indépendant de son objet. Les illusions se dissipent et les projections se retirent mais ce qui demeure, si le travail de conscience a été accompli, c'est l'amour et la gratitude pour ce qui a été vécu.
Prendre la responsabilité de ce qui arrive, c’est aussi accepter l’idée que l’inconscient n’est pas seulement intérieur mais qu’il a une réalité extérieure aussi. « Ce que nous n’assumons pas nous revient comme destin » dit Jung, c’est-à-dire que ce que nous évitons de rencontrer à l’intérieur de nous-mêmes a la fâcheuse tendance à se matérialiser dans nos vies. Au fond, c’est notre conception de l’existence et finalement de Dieu que nous sommes mis au défi d’examiner par les circonstances car, en tant que réalité psychologique, « Dieu est dans ce à quoi nous ne pouvons rien » (Jung). Il n’est aucune question de théologie dans un tel énoncé car « Dieu » est alors simplement un nom de code pour ce qui nous dépasse et qui cependant a une influence directe sur notre vie, sans que rien ne soit présupposé quant à la nature de ce Dieu, ce qu’il mange en hiver, etc. Mais dans une perspective non-dualiste, nous pouvons dire aussi que Dieu est un terme désignant cet inconscient extérieur qui est à la fois tout Autre que notre conscient, et dont celui-ci ne peut cependant pas se séparer. Prendre la responsabilité de ce qui arrive, c’est alors accepter simplement ce qui est comme nous échappant, relevant de plus grand que nous, et chercher quelle réponse créative nous pouvons lui donner.
La troisième étape dans ce processus, c’est Yvan Amar qui me l’a enseigné au travers de son livre L’effort et la grâce[3] dont j’ai déjà parlé. Il s’agit de devenir disciple de ce qui arrive. Nous avons toujours le choix de nous considérer comme victimes des circonstances ou d’en devenir les disciples, c’est-à-dire de chercher ce qu’elles peuvent nous apprendre. Nous ouvrons ainsi la voie à la croissance en conscience au travers des circonstances. Les anciens alchimistes figuraient cette étape par l’évaporation de l’eau des émotions permettant de cristalliser le sel, symbole de ce qui demeurera au-delà des circonstances momentanées. Le sel est relié à l’amertume qui va avec la perte de nos illusions, mais si nous savons ne pas nous enfermer dans cette amertume, le sel symbolise la sagesse qui ressort de toutes nos expériences, fussent-elles les plus difficiles. Christian Bobin, dont la poésie a été alimentée par un drame terrible, nous parle fort bien de la sagesse :
« La sagesse, contrairement à ce qu'on raconte, ne vient pas avec l'âge. Sage, ce n'est pas une question de temps, c'est une question de cœur et le cœur n'est pas dans le temps. »
Dans la crise, cette sagesse consiste en ne pas perdre confiance et en évitant de fermer nos cœurs. La clé de cette étape est de garder la foi et le cœur ouvert en allant avec l’idée que tout ce qui arrive porte un sens qui deviendra clair en temps voulu.
La dernière étape de ce processus est ce que j’appelle le secret de la Joie en tant que tel. Il est connu de tous temps et il a été formulé d’innombrables façons dans les différentes traditions spirituelles. Pour ma part, il m’a sauté aux yeux au moment opportun, d’une façon tout à fait synchronistique alors que je traversais une violente crise émotionnelle et que j’acceptais de me faire disciple des circonstances : je suis alors tombé sur une citation de Douglas Harding qui m’a alors éclairé de façon surprenante, me donnant enfin une prise intérieure sur les événements. Voilà la citation :
« Si nous avons la grâce de pouvoir dire OUI aux circonstances et de vouloir activement (plutôt qu’accepter passivement) tout ce qui arrive, alors jaillit cette Joie subtile et durable que la tradition orientale nomme Ananda. Totale perte-de-soi est totale accomplissement de soi. »
La clé ici est de vouloir activement ce qui arrive plutôt que de subir les circonstances et de s’y résigner, de les accepter bien malgré soi. Ce « soi » qui s’oppose à ce qui est disparait et dans cette perte de soi, il y a un accomplissement qui tient à l’unité retrouvée avec le réel. Dans la tradition religieuse, on parlait de « faire la volonté de Dieu ». À nouveau, il ne s’agit pas d’entrer dans un débat théologique mais de simplement considérer « Dieu » comme un nom de code pour la totalité de ce qui nous échappe, dont les circonstances contraires à notre vouloir font partie. Psychologiquement parlant, il s’agit simplement de s’accorder entièrement et volontairement à ce qui est, ce qui est encore le mieux que nous puissions faire puisque même si nous voulons autre chose, cela ne change pas ce qui est. C’est une amplification à l’échelle de toute l’existence de l’exercice bien connu de renforcement psychologique qui consiste en vouloir qu’il pleuve quand il pleut, qu’il neige quand il neige. Taper du pied en exigeant qu’il pleuve au milieu d’un orage procure un profond sentiment d’unité avec les choses et libère une énergie qui a tendance à se perdre dans la discussion permanente du réel. Cette étape résume et conclut les étapes précédentes en un seul mouvement qui tient du OUI entier à ce qui est.
Vouloir ce qui arrive nous reconduit à la joie subtile de l’unité intérieure, et c’est une joie durable car rien d’extérieur ne saurait l’entamer. À condition toutefois de trouver la grâce de dire « oui » aux circonstances de notre vie, c’est-à-dire finalement de nous réconcilier avec elles. C’est pour parvenir à ce « oui » qu’il nous faut passer par les étapes précédentes, mais quand il survient, il y a là comme un éclair de reconnaissance. Il réclame en effet d’être entièrement en prise avec le réel et nous accepter intégralement dans tout ce que nous ressentons, incluant la souffrance et la résistance aux circonstances, de prendre activement la responsabilité de ce qui arrive en le voulant, d’avoir une foi entière dans le fait que cela est bon pour nous et pour toutes les personnes concernées, et finalement d’accepter entièrement l’enseignement que nous portent les événements. Comme l’écrit encore magnifiquement Bobin :
« Il n'y a rien à trouver dans cette vie que le "oui" qui définitivement l'enflamme. »
Bien sûr, ce n’est pas un processus linéaire
accompli une fois pour toute mais plutôt un deuil à vivre qui s’approfondit
jour après jour en repassant régulièrement par chacune des étapes, c’est-à-dire
en rencontrant régulièrement la résistance au réel. Le « oui », quand
il survient, est une grâce qu’on ne peut pas forcer : il signale le
détachement. Qui dit « deuil » dit « perte », et c’est en
examinant ce qui semble avoir été perdu qu’on peut au mieux déceler les
projections, car finalement la réalité est parfaite : il n’y a ni manque,
ni perte, réels dans la perspective de la totalité, du Soi. On peut voir dans
ce processus les contractions d’un accouchement, car avec toute crise, il y a
une opportunité pour l’apparition de quelque chose de nouveau. C’est le chemin
des flammes[4],
qui nous passe au feu transformant et dont ressort l’or de la conscience. Pour
ma part, cela m’a amené à aller dans ma propre vie avec un petit mantra que je
vous offre, et qu’il est donc bon de répéter en toutes circonstances en faisant
le travail de conscience auquel elles nous invitent :
Oui.
Je le veux.
C’est ainsi,
Merci.
Bq de mots, impossible pour moi d'arriver à synthétiser ce texte dans ma tête. D'ailleurs ça me fait penser que tous mes rêves actuels partent dans tous les sens mais je ne veux pas dire que ce texte part dans tous les sens, je suis bien incapable d'en comprendre dans quel sens il va en fait.
RépondreEffacerLe mental n'est qu'une machine, peut être que l'univers me demande trop ...
J'irai donc me servir un grand verre d'eau bien froid puisque j'ai soif, en attendant que la raison me revienne peut être prochainement...Insha Allah !
X
Je ne sais pas si on peut "vouloir" la crise...ou la douleur.
RépondreEffacerOn peut l'accepter, oui, et éviter de "passer par-dessus" aussi...en se disant un peu trop vite que tout ce qui nous arrive est "au mieux", en intellectualisant les émotions...ou en en faisant tout de suite une leçon spirituelle.
Dans un premier temps, pleurer est encore ce qui fait le plus de bien...
On est humain après tout !
Merci chère Licorne pour ce commentaire. Oui, on est humain et pleurer est, au moins dans un premier temps, ce qui fait le plus de bien. En effet, il faut éviter de minimiser ou de "passer par-dessus". Mais avec le temps, l'acceptation active de ce qui est n'est-elle pas la seule solution pour se réconcilier avec le réel ? Ce n'est pas nécessairement facile. C'est pourquoi Douglas Harding parle d'une grâce. Terme qui nous ramène à une vision "religieuse" des choses : il s'agit de s'accorder à la volonté divine en voulant ce qu'elle veut, qui est précisément ce à quoi nous ne pouvons rien...
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RépondreEffacerJe t'ai lu avec beaucoup d'attention.Je venais de ton FB et je crois y avoir résumé en une toute petite phrase ce que je pensais; Je n'aime pas ajouter des mots aux mots, surtout quand beaucoup a été dit et bien dit. Amitiés.
RépondreEffacerBonjour Jean,
RépondreEffacerFace à l'indicible, vaut mieux garder le silence.C'est ce que je retiens de la sagesse orientale.
Un problème se pose cependant, si je tiens à communiquer cette valeur du silence aux autres, comment je vais faire en me taisant?
Car la difficulté principale est qu'on ne peut se passer des mots, la langue est le véhicule principal de notre pensée, mais en même temps est à la source de plein de clivages idéologiques, religieux, politiques, philosophiques; on en est témoin quotidiennement. Il y a une logique de camp qui prédomine malheureusement dans nos discussions : soit tu es avec moi, soit tu es contre moi, on est piègé par cet espèce de pensée binaire simpliste.
Je l'ai vécu amplement dans le monde de l'enseignement jadis: soit tu es syndicaliste, soit tu es un suppôt du capitalisme triomphant. Pas moyen d'en sortir, on est étiqueté d'emblée, et ça bloque les discussions. Il y a mille exemples autour de nous dans le monde actuel désenchanté qui a tendance à se polariser de plus en plus, pro-immigrants, anti-immigrants, gauche, droite, et ainsi de suite ad nauseam.
J'ai toujours fait un mauvais militant, je suis vite lassé par les certitudes et les dogmes.
J'ai souvent pensé, la solution c'est de se taire, et là on est pas loin de la sagesse orientale, vulgarisée en Occident par des gens comme Watts ou Krishnamurti.
En train de relire Krishnamurti (La révolution du silence) : la contemplation de la Nature nous donne le meilleur exemple possible d'une conscience libre, détachée des attentes, des désirs, des émotions, du mental : une contemplation sans autre but précis que d'être présent à ce qui est, simplement;la difficulté principale, en méditation, c'est que le mental cherche à reprendre ses droits, nous ramène constamment aux préoccupations du Moi et de l'Ego, et nous projette constamment dans le passé ou le futur, sans possibilité d'être attentif à l'instant présent, d'où l'angoisse permanente qui nous ronge, doublée d'un sentiment de culpabilité : aveu d'impuissance face à la marche du monde qui continue de s'auto-détruire.
Alors, soit garder le silence, ou s'exprimer, on nage en plein paradoxe, le débat est ouvert. Apporter de l'eau au moulin du Logos, ou se taire? Les universités sont pleines de chercheurs d'Absolu, qui noircissent des centaines de pages pour démontrer l'impuissance du langage à cerner l'absolu et l'indiscible. C'est à la limite de l'absurde.
C'est la raison pour laquelle j'ai un faible pour les arts, le théâtre, la poésie, la musique : on a là une avenue possible de libération. Dans une pièce de Shakespeare, il y le monde au grand complet, le bruit et la fureur, l'amour ou la haine, davantage que dans cent thèses philosophiques.
Les artistes je crois ont le mieux cerné l'essence du monde et de la fragilité de notre condition.
Ils nous donnent à voir ou à entendre l'indiscible; on a toute la beauté du monde dans un tableau de Riopelle, toute la tragédie du genre humain dans une symphonie de Bruckner, toute la transcendance possible dans une Passion de Bach.(Dieu d'ailleurs doit une fière chandelle à Bach, où ailleurs peut-on être en présence d'un sentiment de transcendance aussi fort : réécouter l'introduction de la Passion St-Mathieu, un chef d'oeuvre absolu):
https://www.youtube.com/watch?v=ImPB3T1X3LM
Bref, c'est surtout dans la contemplation de la Nature et dans la fréquentation des oeuvres d'art de qualité que me semble-t-il on est le plus en possibilité de connaître la Joie ultime d'être au monde.
Merci Sylvain pour ce commentaire qui touche à l'essentiel. "Ce dont on ne peut parler, il faut le taire" disait Wittgenstein, faisant écho à la sagesse orientale. "Le Tao dont on peut parler n'est pas le Tao", n'est-ce pas ?
EffacerJe te réponds en écoutant la Passion selon St-Mathieu, dont je suis bien d'accord qu'il s'agit d'un chef-d’œuvre absolu. Merci pour le lien.
En effet, ce n'est que dans le silence qu'on peut toucher à la vérité vivante dont Krishnamurti et Alan Watts se sont fait l'écho. Non sans beaucoup en parler d'ailleurs. Cela renvoie à la blague chinoise à propos de Lao-Tseu : le Tao est indicible, c'est ce que le vieux de la montagne nous a expliqué en cinq mille mots. Mais c'est qu'il y a une nécessité à tenter justement d'amener cette vérité vivante dans le monde des formes et des mots, du mental - en bref de l'incarner. Alors oui, elle est nécessairement déformée, amputée et travestie de toutes les façons, mêlée à des combats qui ne sont pas les siens et asservie, mais elle est présente.
Les mots qu'on peut écrire à partir de ce silence ne peuvent être que des pointeurs vers quelque chose qui est au-delà des mots. S'arrêter aux mots, c'est un peu comme regarder la fenêtre au lieu de contempler le ciel au travers de celle-ci. C'est la vieille histoire de la lune et du doigt qui la montre. L'idiot regarde le doigt. Le maître zen, dans certaines histoires, te tranche. Bref, je comprends bien le dilemme qui confine en effet à l'absurde. Pour ma part, même si j'écris beaucoup de mots, j'ai une nette préférence pour la poésie...
Ceci étant dit, je crois que l'on n'échappe pas à la nécessité de rencontrer ce paradoxe. La réalité est toujours paradoxale dans le fond car elle conjoint les opposés. Je comprends bien qu'on puisse s'en tenir à la contemplation et au silence. Je ne suis pas convaincu que parler apporte quelque chose, sinon par le plus grand des hasards qui fait que les mots mettent sur une piste sensible. Mais pour moi, s'en tenir au silence est l'équivalent de s'abstraire du monde en partant dans le Nirvana. Quand on touche à ce silence, on sait qu'on peut y établir sa demeure et que plus rien ne viendra nous troubler. Mais Joseph Campbell le place bien : pour que le cycle soit complet, il y a nécessité d'un retour dans le monde à partir de ce silence. Beaucoup s'y refusent, découragés par l'idée de redire encore et encore ce qui a déjà été dit mille fois et si mal compris. Mais ce silence gagne aussi à être mis en relation, à être partagé sous le couvert des mots. C'est la position du bodhisattva qui, bien qu'il puisse disparaître dans le Nirvana, choisit de rester dans le monde pour contribuer à la délivrance des "dix mille êtres".
Alors, je suis complètement d'accord que c'est en particulier dans la contemplation de la Nature et la fréquentation des œuvres d'art de qualité qu'on approche au plus près de la Joie dans le monde. Dans la crise que j'évoque dans mon article, ce sont de merveilleux alliés. Rien de tel en effet dans un deuil profond que d'aller se promener en nature - il y a là dans le silence qu'elle nous offre un baume apaisant. Et l'on peut constater que ce baume a fait effet quand justement on touche à la grâce de pouvoir enfin dire "oui" à ce qui arrive, et accepter ainsi que cela entre dans l'ordre (naturel) des choses. On retrouve alors la joie non seulement dans la nature et l'art, mais tout simplement en soi.
La valeur du silence c'est le silence lui même, ça ne peut pas être le bruit, dès que je ne parle pas je communique la valeur du silence ; ) les choses sont bien faites en général.
RépondreEffacerMais à vrai dire le silence n'est pas supérieur au bruit, quand j'ai envie de parler je parle , quand je n'ai rien a dire je ne parle pas même si je suis hors sujet, je ne suis plus a une contraction près de plus ou une formule grammaticale erronée, je m'en fou et tout devrait être comme ça , en étant soi même on s'accorde avec la Perfection, avec la volonté divine car la volonté divine à fait le bavard bavard et le silencieux silencieux et moi entre les 2. C'est pourquoi je me préoccupe très peu, je suis tel que la volonté divine la voulu et le monde est tel que la volonté divine la voulu et je n'ai pas la prétention de vouloir dire à la volonté divine ce qui est bien ou pas c'est pourquoi je laisse le monde aller par lui même sans regarder le journal télévisé ou à de rares occasion seulement. On doit arriver à comprendre qu'on ne fait jamais d'erreur et que ce qui nous arrive est voulu soit par nous soit par la volonté divine pour nous aider a nous pefectionner.
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