Je ne vous raconterai pas le voyage par le menu. Cela prendrait un roman que je n’ai pas envie d’écrire car je préfère garder les souvenir vivants plutôt que de les fixer en mots. Je vous parlerai plutôt ici de la dimension intérieure du chemin, où je suis parti à la rencontre de questions qui vous concernent peut-être aussi. Ou pas.
Au fond, j’étais pour ma part en quête de vision sur les chemins d’Assise. Ou plutôt, donc, en marche de vision. La quête de vision (hamblechya en langage Lakota) est un rite de passage que l’on retrouve sous différentes formes à peu près chez tous les peuples premiers et qui consiste en s’isoler en nature pendant plusieurs jours pour « pleurer pour un rêve ». J’en ai parlé dans un article de 2014 : En quête d’une vision. Mon enseignante Paule Lebrun, auteure d’un très beau livre sur ce sujet, guidait des quêtes de vision au Québec et en Arizona. C’est là qu’en 2003, j’ai goûté pour la dernière fois à ce formidable rituel de ressourcement au contact de l’âme. Dans la tradition lakota, on part en quête tous les sept ans. Il était temps que j’y retourne. Mais cette fois, à ma façon, c’est-à-dire en marchant sur un chemin pavé de rêves. Car finalement, nous disait le compagnon de Paule peu avant qu’elle ne décède, quand on connaît la façon de procéder, on pourrait faire une quête de vision dans une salle de bain. Pour ma part, je crois donc qu’il n’y a pas mieux pour s’ouvrir à la vision du dedans que de mettre un pied devant l’autre en avançant dans la beauté du monde, époustouflante.
Je marchais avec plusieurs ordres de questions qui se recoupaient.
Au premier chef, je cherchais comment je pourrais répondre au désespoir ambiant tandis que les nuages noirs s’accumulent sur notre horizon collectif. Tout mon travail avec les rêves est orienté dans ce sens : de même que la fréquentation des images intérieures tisse un filet de protection autour d’une psyché en crise, je crois qu’il est essentiel à ce point de notre histoire de puiser aux sources de l’âme pour affronter, les yeux et le cœur ouverts, la formidable crise que traverse notre monde. Mais je ressentais aussi les limites de cette démarche au fond très individuelle et confidentielle, et la nécessité d’aller plus loin. J’étais particulièrement préoccupé par le spectre de la guerre qui plane sur nous depuis que la Russie a choisi de renouer en Ukraine avec la politique de conquête impériale qui prévalait au XXème siècle. Plus que jamais depuis 1945, les conditions sont réunies pour une conflagration générale qui pourrait embraser simultanément l’Europe, la mer de Chine, le Proche-Orient. Et pendant ce temps, la crise environnementale ne cesse de s’aggraver : notre maison brûle ! Mais ce qui me préoccupait surtout en marchant, c’est comment les esprits sont de plus en plus polarisés et comment moi-même peut me surprendre à être parfois contaminé par le poison qui alimente les guerres. Je me trouvais donc réduit à appeler le bon François au secours : comment ne pas céder à cette fièvre qui échauffe l’inconscient collectif ? Comment éviter de contribuer, ne serait-ce qu’en pensée, à cette psychose générale que l’on appelle la guerre ?
Plus profondément, j’étais aux prises avec un questionnement auquel aucun jungien, du moins en Occident – car il y a des jungiens aussi ailleurs, par exemple en Iran, qui s’inscrivent dans un autre contexte spirituel – ne peut selon moi échapper. Il faut en effet avoir à l’esprit que l’œuvre de Jung, au-delà de l’effort scientifique accompagnant l’essor de la psychologie naissante, s’enracine dans une profonde interrogation concernant le devenir du christianisme. C’est ainsi qu’à un moment crucial qu’il rapporte dans Ma vie, il a entendu une voix intérieure lui demander :
- Es-tu encore chrétien ?
Et Jung d’avouer, à son corps défendant :
- Non…
« Alors, en quoi crois-tu ? Quel est ton mythe ? » a encore demandé la voix, et Jung de garder le silence, embarrassé. Toute son œuvre subséquente peut être comprise comme une tentative pour répondre à cette question et jeter les bases de ce qu’Edward Edinger, poursuivant sa réflexion, a appelé le « nouveau mythe ».
Cependant, Jung pointe qu’aucun occidental ne saurait faire l’économie d’une confrontation avec le symbole majeur du Soi dans notre culture, à savoir le Christ. Pour ma part, je me suis longtemps débattu avec cette proposition. J’ai fait un tour du monde des spiritualités et j’en ai gardé une affinité certaine avec le bouddhisme zen et avec le soufisme. J’étais parvenu à un certain confort philosophique en m’inscrivant dans la lignée des existentialistes et en me définissant comme un agnostique spirituel, c’est-à-dire en m’en tenant à un « je-ne-sais-pas » ouvert sur le mystère de l’existence. Plus avant, j’élaborais un anarchisme mystique qui devait beaucoup aux réflexions de Tolstoï, lui-même reconnu comme un anarchiste chrétien. Cependant, j’avoue une certaine aversion pour le christianisme dans sa façon de parler à tout bout de champ de Dieu sans se laver la bouche – comme si l’on pouvait en savoir quelque chose ! Mais j’étais attiré de longue date par l’évangile selon Thomas que j’ai commencé à étudier à fond voilà quelques années. Et j’ai dû me rendre à l’évidence pointée par Jung : au-delà d’un certain point allant avec un éclairage et une pacification relative de l’inconscient personnel, il est nécessaire de se confronter au symbole central de notre inconscient culturel, à savoir la haute figure de Yeshua Ha-Nozri, Jésus le Nazoréen. Et c’est justement parce que cela m’était difficile, que je ressentais une profonde répulsion devant certaines professions de foi chrétienne, qu’il m’était nécessaire d’aller y voir. Pour me donner un peu de courage dans cette entreprise, je songeais aux répugnances de Jung se confrontant au galimatias de l’Alchimie : c’était justement parce qu’il pataugeait là dans des images qui lui semblaient incompréhensibles qu’il lui fallait s’y plonger...
Mais c’est là, bien sûr, que le bat blesse dans le dialogue entre jungiens et chrétiens. Quand Jung par exemple écrit dans Aïon que Jésus-Christ – c’est-à-dire l’image collective que nous en avons – est un symbole du Soi, ces derniers se mettent à hurler à la mort et rétorquent avec hargne que c’est le Soi qui est un symbole du Christ. Je suis désolé de devoir dire que c’est idiot et que cela témoigne de l’incompréhension de la nature du symbole en tant qu’image vivante qui permet d’approcher une dimension incommensurable, incompréhensible, inconnaissable directement. La notion de Soi est elle-même un concept limite pour parler de la réalité éternelle dont notre existence et notre conscience jaillissent. En désignant le Christ comme un symbole du Soi, Jung ne lui retire rien. Il le met seulement – et c’est ce qui est insupportable à nombre de chrétiens, mais heureusement pas tous1 – sur le même plan que d’autres représentations du mystère transcendant que l’on rencontre au cœur de l’existence, et par exemple de ce représente Krishna pour un hindou, Shiva pour un shivaïte. Cela n’empêche pas, bien au contraire, un dialogue et une relation vivante avec cette image, ou plus précisément, avec le mystère qui transparaît au cœur de l’image. Cependant, il faut bien comprendre que si l’on s’arrête à une représentation du Réel en la déclarant seule équivalente au Réel, on arrête tout processus d’évolution de cette image. C’est une forme d’idolâtrie qui fait confondre le doigt et la lune qui montre le doigt. A un certain point de ma méditation autour de ces interrogations, une voix intérieure a énoncé ce qui a pris force pour moi d’une évidence :
« Le Christ, soit il rassemble toutes les couleurs de l’arc-en-ciel spirituel, toutes les religions… soit il n’est rien. »
Et répondant à ce que je ressens bien souvent comme l’insupportable arrogance de nombre de chrétiens à l’égard des autres religions :
« Il se tient tout en bas. C’est ainsi, et ainsi seulement, qu’il les embrasse tous. »
Je pouvais commencer à m’inquiéter pour ma santé mentale si je commençais à entendre des voix commenter ces sujets. Heureusement, cela n’a pas duré (lol).
Et me voici donc marchant sur les chemins d’Assise, avec pour signe de reconnaissance du chemin un Tau qui n’était pas sans me rappeler dans un clin d’œil appuyé la présence de mon cher Thomas, en araméen Tauma, le Jumeau… avec une question incandescente entre les mains : que pouvons-nous sauver, en terme de valeur spirituelle, du christianisme ? Ou pour le formuler autrement : en admettant qu’il y a quelque chose d’infiniment précieux dans l’enseignement et la voie ouverte par Yeshua Ha-Nozri, mais que ce joyau spirituel a été enfoui et peut-être même caché… comment jeter l’eau du bain et récupérer le bébé, le sécher et en prendre soin ? C’est un enfant… numineux, divin.
Pendant un certain temps, j’ai marché en me demandant si, en bout de ligne, je n’allais pas devoir m’avouer que j’étais devenu chrétien. Je pouvais en particulier voir en Yeshua un anarchiste mystique selon mon cœur et endosser complètement son refus de toute volonté de puissance, sa non-violence et sa façon de subvertir l’ordre établi dans son hypocrisie pour ramener ses interlocuteurs à l’essentiel. Mais cette simple idée de me rallier en esprit au christianisme déclenchait un tumulte à l’intérieur qui n’était pas sans me rappeler les mots de Jung à l’ouverture des Sept sermons aux morts :
« Les morts s’en revenaient de Jérusalem où ils n’avaient pas trouvé ce qu’ils cherchaient... »
La seule issue pour moi était d’admettre qu’il pouvait bien y avoir un chrétien en moi – et plutôt d’ailleurs un de ces disciples de Yeshua des premiers temps qui ne voyaient pas en lui un dieu, un Messie... mais un homme par qui parlait l’Esprit. Cependant, j’étais bien obligé d’admettre qu’il y avait aussi un soufi, un bouddhiste zen, et aussi un agnostique qui comprend très bien les athées, et encore beaucoup d’autres points de vue. Dès lors que je suis revenu à cette perception d’une diversité intérieure à embrasser en conscience, le tumulte s’est apaisé et bientôt, une autre idée s’est imposée à mon esprit : la question n’est en réalité pas tellement de savoir si l’on est chrétien, musulman, agnostique ou anarchiste, ou quoi que ce soit… mais comment on l’est. Quoi que nous soyons, quoi que nous croyons ou pensions, nous pouvons le faire d’une façon ouverte à l’altérité, à la différence et au fait que nous sommes beaucoup plus que cela, ou d’une façon fermée. Et si nous le faisons de façon fermée, alors nous desservons même l’idée que nous croyons servir en alimentant les conflits qui déchirent l’humanité. Au fond, ces identités sont collectives, et dans une certaine mesure, nous ne les choisissons pas vraiment consciemment – on naît dans telle ou telle culture, telle ou telle famille, et on se retrouve à suivre ce fil collectif. Tout comme on est français, israélien ou bantou. De là à s’en péter les bretelles en se croyant dépositaire d’une vérité universelle… Il y a donc une façon complètement inconsciente de s’identifier à un de ces courants collectifs, en se constituant par-là une identité, un égo… mais il y aussi une possibilité de mettre de la conscience dans cette situation. Alors, on prend soin de ce que les musulmans appellent « al-amâna », le dépôt divin qui se trouve en chaque être humain – la vérité vivante, qui ne se laisse emprisonner dans aucune forme...
Notre tâche, du point de vue jungien, est la conscience. L’effort de la conscience.
A mon secours, j’invoquerai la poésie de Rûmi qui chantait :
(…)
J’appartiens à l’Aimé.
Premier et dernier, interne et externe.
Rien qu’un souffle !
Le souffle d’un être humain qui respire ! »
(Traduction Coleman Barks)
A partir de là, que vous dire ?
Dans un rêve qui a ponctué ces réflexions, j’adoptais un petit chat rose que je nommais Skywalker - c’était le compagnon de ma petite chatte nommée d’après la princesse Leïa de la Guerre des Étoiles. Bien sûr, il y avait une grande satisfaction à les voir réunis, mais surtout, il ressortait que ce petit chat était capable donc de « marcher dans le ciel »…
Avec ce rêve, une autre évidence s’est imposée à mon esprit. J’interrogeais ce qui sauve devant la noirceur des nuages qui s’accumulent sur notre horizon, et comme souvent en quête de vision, la simplicité de la réponse m’a laissé pantois. Ce qui sauve, m’a dit un autre rêve qui parlait anglais – souvent pour moi, depuis que j’ai vécu au Canada, le langage de l’inconscient – ce n’est rien d’autre que « Love and kindness » :
L’amour et la gentillesse.
Han Ryner, un philosophe anarchiste du début du XXème siècle auquel on doit un Cinquième évangile, disait que le Christ n’est pas un homme mais une parole. On peut penser qu’il s’agit d’une parole empreinte d’amour et de gentillesse, hors de tout dogme. Quoi d’autre ? On peut chercher plus loin… mais c’est la porte d’entrée, et ce qu’il ne faut surtout pas perdre en route. Que serait un monde où régnerait l’amour et la gentillesse ?
Jusqu’à ce qu’après une étude sémiotique du texte, je parvienne à le reformuler en termes psychologiques accessibles à tout le monde sans passer par un credo :
« Tout être humain est, dans sa nature, humain et divin en potentiel, et cette nature, il doit la rendre consciente. »
La sémiotique m’a éclairé en me montrant que l’énoncé « par l’incarnation du Fils de Dieu » est ce que l’on appelle une figure d’espace. On pourrait aussi bien dire « au travers de... » et dès lors, ce texte obscur s’est éclairé ainsi :
« Ce qui rend cette nature consciente en nous, c’est l’archétype du Fils/Fille incarné(e), c’est-à-dire vécu, rendu conscient. C’est notre relation consciente au Mystère créateur de l’existence et de la conscience en tant que Ses enfants. »
Pour moi, c’est conscience – la petite conscience relative – prenant conscience d’être fille de Conscience – la grande Conscience absolue, le seul Réel. On peut penser que c’est précisément ce qu’enseignait Yeshua, ou encore ce que dit le mythe chrétien si on l’écoute hors de tout credo – je dis « on peut penser » car au fond, chacun a le Yeshua / Jésus qu’il crée dans son esprit. C’est à chacun(e) de prendre la responsabilité des images mentales qu’il ou elle entretient et au travers desquelles ielles est en relation avec la réalité…
J’ai retrouvé mon centre et ma paix intérieure avec deux idées qui se sont imposées encore une fois à mon esprit comme des évidences. Ce n’était pas tout à fait des idées d’ailleurs mais plutôt des ressentis profonds. Le premier, c’était que la nature relativement sauvage qui nous environnait n’avait rien à faire de ces conflits qui agitent le mental humain, et qu’il est toujours possible de nous y relier, nous y ressourcer. Nous oublions trop facilement, trop rapidement, que nous faisons partie de cette nature et que, quelle que soit la haute opinion que nous avons de nous-mêmes et de l’humanité, au fond nous revenons toujours à cette nature, ne serait-ce que par les fonctions naturelles de notre corps. Les rêves, du point de vue de Jung, sont aussi une expression de cette nature vivante en nous. Or cette nature, quand on contemple par exemple les étoiles dans le ciel loin de la pollution lumineuse des villes, est tellement plus vaste que notre petit mental. On peut facilement se perdre, s’abandonner, dans cette immensité vivante. Et quand la folie humaine nous submerge momentanément, il est toujours possible de revenir à cette nature en nous en respirant. Par notre respiration consciente, nous rejoignons un grand souffle qui traverse l’Univers...
Ce même souffle qu’évoque Rûmi !
C’est avec cette vision que je suis revenu d’Assise.
Je me suis rendu compte qu’en fait, c’est aussi avec elle que j’étais parti mais qu’il m’avait fallu marcher patiemment pour la tirer au jour. Cela venait confirmer ma conviction qu’il faut toujours aller au bout des questions qui nous travaillent car au fond, elles sont enceintes de leurs réponses. Il faut simplement un travail patient de conscience pour donner naissance à ces réponses. En ce qui me concerne, il y avait une interrogation subsidiaire : tout cela étant clair, qu’allais-je faire avec ça ?
La réponse intérieure a fusé : certainement pas un machin collectif.
Je vais faire ce que j’ai toujours fait et que je continuerai à faire : je vais simplement écrire, en espérant que ce que je communique par-là puisse en inspirer quelques autres. Ne serait-ce qu’un seul individu, qui osera aller à la rencontre de sa propre vision, ce sera bien suffisant. Alors, nous nous rencontrerons, comme dit Rûmi, dans ce champ qui est « au-delà du bien et du mal »...
C’est peut-être bien par-là qu’il y a un chemin pour répondre au désespoir qui étreint notre monde. Une voie de liberté radicale.
Quand j’ai examiné ce rêve, j’ai vu que Pierre symbolise à l’évidence pour moi la religion chrétienne, en tant que l’apôtre et le premier pape de l’église de Rome. Elle est moribonde, ce que constatait déjà Jung en son temps. On peut le constater au nombre de lieux de la chrétienté que la vie a déserté, qui rappellent un passé qui ne ressuscitera pas. J’ai souri. Il est bien possible que mes élucubrations n’intéressent personne mais l’inconscient, au moins, est intéressé et me demande de partager l’eau que je suis allée chercher en descendant "en bas" dans mes profondeurs. Et c’est bien ce à quoi nous enjoignait Jung : il nous faut aller au bout de nos questions car nos questions ne sont pas nôtres, elles nous traversent. Il ne s’agit pas d’élaborer de nouvelles certitudes auxquelles nous accrocher mais simplement de nous mettre au service du processus créatif de l’inconscient en nous. Et ainsi allumer une petite lumière de conscience dans la nuit.
1 Je songe en particulier à Robert Vachon, un prêtre qui a exploré la dimension inter-culturelle de la spiritualité. Il faut lire son remarquable texte: une spiritualité pour le XXe siècle.
Merci pour le partage de ces belles réflexions. En reliance...
RépondreEffacerMerci Jean , peu encline au rêve , à l'insu de moi même , mon rêve ultime serait d'être capable d'imaginer précisément ce monde d'amour et de gentillesse ....Car le visualiser clairement aiderait grandement à sa réalisation . Yeshua en a toujours été mon inspirateur ...
RépondreEffacerJe vois le christianisme comme un virus mental envoyé sur les Celtes ou les indiens qui avaient déjà tout avant : l'aspect guerrier, la sagesse, la foi et le respect en la nature et leurs dieux. Quant à Jesus, s'il a existé, était juste un juif illuminé qui devait régler ses propres problèmes psychologiques avec ce qu'il appelait son Père, une dimension extraterrestre, étrangère ou transcendantale de sa propre personnalité. Zéro Mind
RépondreEffacerMerci Jean de partager les compréhensions reçues sur le chemin, j'y adhère totalement. Totalement.
RépondreEffacerAnne
Merci Jean pour ce très intéressant partage de ton cheminement. (J’aime aussi beaucoup le titre de l’article : M’en revenant d’Assise).
RépondreEffacerMême si bien d’autres choses ont retenu mon attention à la lecture de ce texte, je me tourne pour l’instant vers le dernier rêve cité qui m’inspire quelques réflexions, qui ne valent que ce qu’elles valent… :
Ce Pierre moribond par manque d’eau, et qui ne peut descendre lui-même pour y remédier, me fait penser à la Pierre philosophale, à la pierre non-pierre et au symbole du Soi. Le Soi éternel présent en chacun de nous qui demande à être vivifié par l’eau de la vie vécue au niveau humain, en bas, tandis que Lui est en haut, au niveau divin. Cela me fait aussi penser à la Croix dont le bras horizontal peut évoquer la vie vécue au niveau très humain tandis que le bras vertical qui s’élance vers le ciel et supporte l’ensemble planté en terre peut évoquer le divin présent en toute vie humaine, vie qui ne saurait être si ce (principe) divin n’en était à l’origine. Le point de croisement et d’assemblage de l’horizontal et du vertical serait alors le point où naît la conscience, à travers une certaine inévitable souffrance.
Amezeg
Le chapitre V de ‘Psychologie et alchimie’ a pour titre ‘Le parallèle Lapis-Christus’, le parallèle symbolique entre la Pierre et le Christ. On y apprend que cette association remonte à fort loin dans le temps et a longtemps perduré.
RépondreEffacerSi l’homme nommé Pierre dans le rêve peut évoquer l’Apôtre Pierre, premier Pape de Rome, et souligner peut-être par son état "d’assoiffé" que l’Église a aujourd’hui grand besoin de se ressourcer dans la profondeur, il peut, je crois, tout aussi bien représenter le Lapis-Christus, la Pierre-Christ, le Soi présent en l’être du rêveur.
Amezeg
« Il est bien possible que mes élucubrations n’intéressent personne mais l’inconscient, au moins, est intéressé et me demande de partager l’eau que je suis allée chercher en descendant "en bas" dans mes profondeurs. Et c’est bien ce à quoi nous enjoignait Jung : il nous faut aller au bout de nos questions car nos questions ne sont pas nôtres, elles nous traversent. Il ne s’agit pas d’élaborer de nouvelles certitudes auxquelles nous accrocher mais simplement de nous mettre au service du processus créatif de l’inconscient en nous. Et ainsi allumer une petite lumière de conscience dans la nuit. » dis-tu, Jean.
RépondreEffacerEn abreuvant "l’homme Pierre" qui vit en haut de la colline sans pouvoir en descendre comme tu peux, toi, le faire, peut-être participes-tu à la reviviscence et au renouvellement de la pratique du message chrétien en cultivant la relation d’échange, en toi, entre l’humain vivant la vie d’ici-bas et la divine présence en toi. Ne serait-ce pas une réponse forte et sensée aux questions que tu t’es posées à propos de ta façon d’être chrétien et à propos de l’état moribond de l’Église ?
Et un témoignage de la façon dont le processus créatif de l’inconscient nous invite à l’individuation ?
Amezeg
« Mais l’autre rêve était encore plus interpellant. Il m’était simplement annoncé que Yeshua serait présent autour de la table à ma fête d’anniversaire. J’étais impressionné et me demandais bien comment je pourrais me sentir en une telle Présence… » - Jean
RépondreEffacerJe me demande si l’homme Pierre qu’il faut abreuver et Yeshua présent à la table de ta fête d’anniversaire ne sont pas à rapprocher, s’ils ne sont pas Le Même. Le rêve de l’homme Pierre est-il survenu proche de la date de ton anniversaire au calendrier ou l’anniversaire représente-t-il symboliquement la renaissance, la fête marquant le renouvellement d’une alliance entre le moi et le Soi peut-être ?
Amezeg
Un grand merci, Amezeg, pour ces commentaires qui viennent enrichir la réflexion. Je suis bien d'accord pour commencer qu'il y a sans doute une parallèle à tirer entre le Pierre qui est censé être le roc sur lequel l'Eglise est bâtie et la Pierre philosophale. Comme tu le dis fort bien : « Si l’homme nommé Pierre dans le rêve peut évoquer l’Apôtre Pierre, premier Pape de Rome, et souligner peut-être par son état "d’assoiffé" que l’Église a aujourd’hui grand besoin de se ressourcer dans la profondeur, il peut, je crois, tout aussi bien représenter le Lapis-Christus, la Pierre-Christ, le Soi présent en l’être du rêveur. » C'est ce "tout aussi bien" qui me parait essentiel : il n'y a pas contradiction entre ces deux niveaux, bien au contraire. Je crois que toute l'oeuvre de Jung va dans ce sens justement, et précisément, que l'on considère le Christ, l'Eglise en tant que son corps social ou la Pierre Philosophale, il s'agit toujours de symboles du Soi - et c'est le Soi, et la relation consciente au Soi qui m'intéressent. Je pense que l'eau dans le rêve symbolise précisément cette relation au travers de l'attention aux images intérieures, aux rêves, au symboles...
EffacerJe ne sais pas par ailleurs si je participe en partageant cet itinéraire intérieur "à la reviviscence et au renouvellement de la pratique du message chrétien" mais si cela peut alimenter la réflexion de quelques personnes, chrétiennes ou non, tant mieux ! Il s'agit bien dans le fond de cultiver la relation d'échange, et peut-être même pourrait-on dire d'amour, entre l'humain vivant la vie d’ici-bas et la divine présence en moi. Oui, je trouve pour ma part par là une "réponse forte" aux questions avec lesquelles j'ai marché, et je veux ainsi en effet témoigner "de la façon dont le processus créatif de l’inconscient nous invite à l’individuation".
Enfin, c'est une question bien intéressante que tu poses là quand tu interroges si le Pierre et le Yeshua de mes rêves ne seraient pas la même personne. Le rêve avec Pierre est survenu à environ 3 semaines de mon anniversaire, trop loin pour que j'établisse un lien direct. Il venait directement répondre à mes interrogations sur la pertinence de publier ces "élucubrations". Mais je comprends bien l'anniversaire du rêve comme symbolisant une étape de croissance intérieure, et j'aime beaucoup ta suggestion de le considérer comme une fête "marquant le renouvellement d’une alliance entre le moi et le Soi".
« …….et c'est le Soi, et la relation consciente au Soi qui m'intéressent. Je pense que l'eau dans le rêve symbolise précisément cette relation au travers de l'attention aux images intérieures, aux rêves, au symboles... »
EffacerOn peut en effet comprendre que la relation entre le moi et le Soi pour ne pas se dessécher, se racornir, doit être entretenue par le travail d’attention et d’intégration relatif « aux images intérieures, aux rêves, au symboles... »
Cette façon de vivre la relation avec l’Éternel, possible sans passer par le truchement de l’institution religieuse et de ses formes particulières, me rappelle la parole attribuée à Jean dans l’Évangile :
Jean 4, 23-24
« 23 Mais l'heure vient, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité; car ce sont là les adorateurs que le Père demande. 24 Dieu est Esprit, et il faut que ceux qui l'adorent l'adorent en esprit et en vérité. »
Amezeg
Plus exactement : la parole de Jésus rapportée par Jean dans l’Évangile.
EffacerAmezeg
D'Assise, j'ai aussi ramené quelques histoires à écrire. Celle-ci m'est venue en marchant près de la frontière italienne, et vient de prendre forme. Il me fait plaisir de vous la partager, comme une façon de souligner le solstice d'hiver, le retour de la lumière : https://jeangagliardi.com/docs/Incendies.pdf
RépondreEffacerOn y trouvera sous une autre forme certaines des idées qui ont nourri cet article. Elle est dédiée au jeune enragé que j'ai été. J'aurais pu (dû ?) lui donner pour exergue la fameuse citation de Pierre Teilhard de Chardin :
« Un jour, quand nous aurons maîtrisé les vents, les vagues, les marées, la pesanteur, nous exploiterons l'énergie de l'amour. Alors, pour la seconde fois dans l'histoire du monde, l'homme aura découvert le feu. »
« LES NOUVEAUX FILS DU CIEL »
RépondreEffacerIl me semble intéressant de citer ici Étienne Perrot qui nous parle de la découverte possible par chacun de la « pierre cachée » des alchimistes et du rapport individuel à la religion :
« Nous vérifions la parole de Jung inspirée de celle d’un Père de l'Église : « L'âme est naturellement religieuse ». Mais nous constatons que cette religion de l’homme se moque des formes religieuses conventionnelles et que chacun de nous doit apprendre à la constituer pour lui et à être le père et la mère de son Église. Si bien que nous pouvons déclarer en toute candeur que nous n’avons pas de religion.
À force d'entraînement fait d’attention aimante, nous apprenons à découvrir la « pierre cachée » des alchimistes qui est notre nature essentielle et nous pouvons faire nôtre ce que le Yi King dit de
l'innocence. Celle-ci à pour synonyme, dans le Livre, l’inattendu, car la vie profonde, quand elle jaillit de nous, déroute les vues superficielles de la raison, libérant la source de la spontanéité, qui est la vie inconditionnée. Écoutons parler le Livre des Transformations : « L'homme à reçu du ciel la nature originelle bonne pour le diriger dans tous ses mouvements. En adhérant à ce principe divin en lui, l’homme atteint une pure innocence qui, sans s’arrêter à des pensées de récompense et d'intérêt, fait ce qui est juste, simplement, avec une sûreté instinctive. Cette sûreté instinctive opère une sublime réussite et, favorise (l'individu) moyennant la persévérance. » Toutefois, pour interdire toute présomption et toute paresse, le Yi King ajoute : « Cependant, tout ce qui est instinctif n’est pas nature dans ce sens supérieur du terme, mais seulement ce qui est juste et en accord avec la volonté du ciel, » - Étienne Perrot, ‘Quand le rêve dessine un chemin’ (chapitre XI : Les nouveaux Fils du ciel), Éditions La Fontaine de Pierre
Amezeg